
𝟏𝟐. family tree
ÇA FAISAIT DÉJÀ TROIS HEURES. Trois heures depuis qu'ils avaient quitté le phare. Blake était assise sur le porche de la maison de John B. Ils avaient poiroté une heure chez JJ -un taudis dépérissant, au bout de laquelle -sans nouvelles des autres, Pope avait déclaré qu'il valait mieux rentrer chez soi.
Blake s'était porté volontaire pour ramener le van au Château. Depuis elle était restée là. Oliver lui avait envoyé un message peu de temps après son arrivée, expliquant qu'il mangeait chez Kiara. La blonde avait grincé des dents, mais il était libre de faire ce qu'il voulait.
Seulement, toujours aucun signal de John B. Elle lui avait envoyé une tonne de message -récupérant son numéro par Pope, sans réponses. Alors elle l'attendait, sur le canapé du porche. Elle aurait préférée rester à l'intérieur, mais le mobilier était sans dessus-dessous -saccagé par les deux brutes. Son père n'avait pas tenté de la joindre -seule bonne nouvelle de la journée. Probablement trop occupée a s'envoyer en l'air avec sa femme.
Un bruit de branche qui se brise alertait Blake. Elle relevait la tête, au aguets. John B était là, avançant lentement jusqu'à sa maison. Son pas était trainant, son visage bas, il n'allait visiblement pas bien.
— T'es super moche quand t'es déprimé, constatait-elle froidement. On te l'a déjà dis ?
Surpris, il levait les yeux vers elle. Après la journée qu'il venait de passer, il ne s'attendait pas à la trouver ici. Son commentaire -déplacé, eu le mérite de lui arracher un sourire.
— La ferme Blake.
Elle lui rendit son sourire, alors qu'il montait les marches, prêt à rentrer chez lui.
— Si j'étais toi je me préparerais cowboy. Y'a un sacré bordel là-dedans.
Haussant les épaules, il pénétrait dans la maison. Elle n'avait pas exagérée. Certains meubles étaient brisés en deux, tout était renversé ou éventré. John B poussait un long soupir, Blake derrière son épaule fit la moue.
— Je t'avais prévenue.
— Tu peux m'aider à sortir des trucs ? Suppliait-il. S'il te plait.
Faire le ménage, c'était pas son truc, mais pour une fois -devant l'air paumé du garçon, elle se fit violence. Attrapant des cartons de pizzas, ils entreprirent tout deux de nettoyer un minimum l'endroit. Balançant un nombres incalculable de déchet à l'extérieur.
Sortant une poubelle de canettes, Blake essuyait la sueur de son front, d'un geste rapide. Ils avaient fait du bon boulot. John B s'approchait d'elle, tendant un verre d'eau.
— Merci.
Baissant les yeux, elle s'aperçut qu'il avait plusieurs objets dans les bras. Dont son arbre généalogique. Elle fronçait les sourcils.
— C'est pourquoi faire ça ?
— Oh, soufflait-il. Je me suis dis que ça me ferait pas de mal de jeter tout ça.
Elle acquiesçait, comprenant ses véritables intentions.
— Alors t'abandonnes ? Tu tournes la page ?
Le silence lui répondit. En fait, il ne savait pas, mais il voulait du changement. Après un instant de latence, il attrapait une allumette, la balançant sur le tas de cartons -qui s'enflammait immédiatement. Puis il ajoutait de l'essence. Une flamme immense jaillit du dépôt de déchets. Blake s'en éloignait d'un pas, bras croisés. La fumée lui piquait les yeux.
Les adolescents observèrent les objets du garçon partirent en cendre, le regard vide. Le feu avait quelque chose d'hypnotisant. Les yeux de John B s'accrochèrent à son vieux panneau de bois, le papier "Arbre généalogique de la famille Routledge" commençait à peine à brûler.
Il clignait des yeux -plusieurs fois, reprenant ses esprits. Son héritage partait littéralement en fumée. Il se jetait dessus, tapant sur le cadran avec ses pieds, éteignant les flammes. Le panneau était calciné, mais les photos étaient intacts.
— T'as changé d'avis ? Sourit Blake derrière lui.
— Ouais, faut qu'on rejoignent les autres.
Pris dans son élan d'excitation, il s'élançait vers le van. Blake soufflait mais le rejoignit tout de même -faute d'avoir autre chose à faire. A l'instant où ses fesses se posèrent sur le siège, il démarrait en trombe. Fouillant rapidement ses poches, il jetait son téléphone sur les cuisses de la blonde.
— Tu peux envoyé un texto à Pope, demandait-il visiblement mue d'une énergie nouvelle. Dis lui de nous attendre au port avec JJ.
Sans un mot, elle s'exécutait. John B n'avait pas de mot de passe. Soit il était très confiant, soit stupide. elle penchait pour la seconde option.
— C'était dur ?
Blake tournait son visage vers lui, confuse. Il avait blêmit, et semblait tout d'un coup très sérieux.
— De quoi ?
— Lâcher prise.
Oh. Ils n'en avaient jamais parlé, mais elle savait à quoi il faisait référence. D'ordinaire elle n'aimait pas parler de ça -avec personne, mais il était perdu -traversant une perte, et elle se reconnaissait en lui. Elle réfléchit quelque instants, puis inspirait.
— Pas aussi dur que de s'accrocher à quelque chose qui n'est plus là.
C'était la triste vérité, elle avait été honnête -pour une fois, oubliant quand même d'ajouter qu'elle n'avait jamais réellement réussi à lâcher prise. John B hochait la tête, laissant un silence apaisant s'installer entre eux.
❃❃❃❃
Les garçons -JJ, et John B, plus elle était garés devant le restaurant des Carrera. Blake se souvenait y avoir mangé quelques années plus tôt, le propriétaire était sympa -mot qu'elle n'emploierait pas pour qualifier sa fille. Pope était d'ailleurs partit la chercher, elle et Oliver.
— Ils en mettent du temps, râlait Blake.
La patience s'était pas son truc.
— Si ça te saoule t'avais qu'a pas venir, ripostait JJ. D'ailleurs pourquoi t'es là ?
— J'ai sentie que je te manquais. Et comme j'aime bien faire la charité pour les cas désespérés, je suis venue.
— Espèce de-
— Ils sont là.
Sauvée par le gong -ou plutôt John B. Les silhouettes de Pope et Oliver, sortirent du bâtiment.
— Elle dit qu'elle vient pas, informait Pope devant le regard insistant du chauffeur.
— Pourquoi ? S'enquit JJ. Tu lui a fais quoi JB ?
— Merde. Je m'en occupe.
Le brun sortit de son tacot à la hâte. JJ et Blake échangèrent un regard curieux, ils avaient loupé un épisode. Les autres montèrent dans le véhicule. Oliver s'étalait à l'arrière, envoyant un clin d'œil à son amie.
— On va où ? Murmurait-il.
— J'en sais rien du tout.
— Hé mec, le hélait JJ. Tu sais ce qu'il leur arrive à Kie et John B ?
La grimace d'Oliver, répondit pour lui. Trois paires d'yeux inquisiteurs lui tombèrent dessus.
— Okay, abdiquait-il. Il l'a embrassé, et elle l'a jeté.
— Ouch, commentait JJ. La friendzone.
Blake s'en fichait pas mal, mais elle remarquait tout de même le petit rictus -discret, de Pope. Quel cliché. Une bande composé de trois mecs et d'une nana, tous veulent l'a choper. C'était ridicule, tout bonnement aberrant.
— Hé, ils arrivent.
Effectivement, ils étaient de retour, au grand damne de Blake. Visiblement Kiara n'était pas franchement ravie de la revoir non plus. Faisant profil bas, la miaméenne mit ses écouteurs, en passant un à Oliver. Ça allait être long.
Sur le trajet -environ à mi-chemin, JJ sortit un sachet de son short.
— Je peux m'en griller une ? La journée à était compliqué, il s'est passé plein de trucs bizarres.
Un joint voilà ce qu'il retirait du sachet. Cela fit retrouver un semblant de sourire -en coin, à Blake. Le surfeur blond le captait -jetant furtivement des regards dans sa direction depuis le début du trajet.
— Tu veux une taff princesse ?
Blake faillit s'étouffer avec sa salive -faisant ricaner John B et Oliver. Ce surnom était insupportable. Prenant sur elle -péniblement, elle tendit la main.
— Passe moi ce truc et tais toi.
— Avec plaisir.
Plaçant le joint entre ses lèvres, elle se dit que ça ne pouvait que lui faire du bien. JJ récupérait un briquet dans sa poche, il s'approchait de la bouche de Blake, et allumait le joint d'un roulement du pouce, d'un geste lascif. Leurs regards se croisèrent -un bref instant, JJ arquait un sourcil et pour la première fois-à la lueur orangée de la flamme, Blake trouvait ce foutu surfeur attirant. Troublée par cette idée, elle détournait les yeux, ravalant une quinte de toux.
Heureusement le van s'arrêtait pile à cet instant, et elle sortit -s'enfuit, à l'extérieur. La nuit était tombée, seul le flash son téléphone éclairait son environnement.
— C'est flippant, lançait Oliver. Six ados, en pleine nuit, dans un endroit paumé. Bordel, on dirait le début d'un film d'horreur.
— Chut, ordonnait Kiara tout aussi flippée.
Ils avancèrent à la lumière de leur cellulaires. John B et Blake en tête du groupe.
— Tu me rappelles ce qu'on fichent ici ?
— Tu sais ces fois où tu te souviens d'une musique, tentait-il d'expliquer. Mais pas du chanteur ?
— Ouais.
— Je croyais que Redfield était un lieu. Mais ce n'est pas ça.
Levant sa lampe torche vers un mur -recouvert de plantes grimpantes, il éclairait un nom gravé dans la pierre "Redfield".
— C'est une personne.
— C'est trop cool bordel, soulignait Oliver.
— Carrément, ajoutait JJ.
— C'est mon arrière-arrière-grand-mère, Olivia Redfield.
C'était tout à fait logique. Blake se demandait comment John B n'avait pas pu y penser avant. Les autres aussi, au vu des regards stupéfait qu'ils s'échangeaient.
— Aide-moi avec la porte.
Pope et John B se placèrent devant la grande porte de pierre.
— Allez, un, deux, trois.
Poussant de toute leur force, ils ne l'a firent pas bouger d'un pouce.
— Tu pousses là ? Grommelait Pope.
— Mais oui !
Soufflant, JJ et Oliver allèrent les rejoindre.
— Elle fait au moins trois-cents kilos, pestait Oliver. Elle bougera pas.
A ce moment-là, un serpent sortit du mur, lançant un sifflement hostile. Les garçons poussèrent un cri -surtout Oliver qui reculait en vitesse derrière les filles. Kiara et lui s'éloignèrent de la bande, alors que Blake s'avançait vers le reptile. Pope essayait de la rattraper, vaguement soucieux.
— Qu'est-ce que tu fiches ?
— J'ai eu un caméléon, justifiait-elle. C'est presque pareil.
Son objectif était simple, écarter le serpent de la porte. Trébuchant sur son lacet, elle effleurait l'animal, celui-ci fit volte face, manquant dangereusement de lui mordre le mollet. Une chance pour elle, JJ l'avait attrapé par le t-shirt, la ramenant brutalement contre lui.
— Okay ça c'est pas un caméléon, grognait-il d'une voix ferme, inquiet. Alors tu te calmes Crocodile Dundy.
Se dégageant de son emprise -vexée qu'il lui ai sauvé la peau, elle le toisait, bras croisés.
— T'as une meilleure idée peut-être ?
Lançant un sourire narquois -n'annonçant rien de bon, il se retournait vers la bête -désormais énervée. Sans que personne ne s'y attende, il se mit à lui aboyer dessus.
— JJ, ordonnèrent les autres en chœur. La ferme.
— Tu vas réveiller les morts, l'engueulait John B.
Le garçon reculait vers son meilleur ami, outré.
— Sérieux ? C'est un mocassin, ils ont peur des chiens.
Effectivement, le reptile avait rampé loin d'eux, effrayé. Oliver lâchait un soupir de soulagement, se souvenant de leur objectif premier.
— Cool, on s'y remet ?
Blessée dans sa fierté -mal placé, Blake s'avançait vers la porte.
— Hé, l'arrêtait JJ. Fais gaffe, si y'en a un, y'en aura d'autres.
Elle stoppait immédiatement tout mouvement.
— Arrête, tremblait Kiara. Tu me fais flipper.
— Ça suffit, décrétait Pope. John B, on rentrera jamais là-dedans. On ferait mieux d'y aller.
Toujours devant la porte, quelque chose intriguait Blake. Levant son téléphone vers l'entrée, elle haussait les sourcils. Ils avaient crées une brèche dans le mur, petite, mais suffisante.
— Les gars. Je peux entrer.
John B plantait ses yeux dans les siens, retrouvant un peu d'espoir. Puis il vit le trou, son expression se ternit.
— Non, c'est trop petit. T'es même pas sûre de pouvoir sortir.
— Tu veux savoir ce que ton père t'envoie comme message non ? Y'a pas trente façons.
— Mais-
Déjà elle enlevait les branchages qui couvrait le trou. Après un instant d'hésitation, les garçons se précipitèrent pour l'aider, dégageant l'entrée.
— Viens, l'incitait JJ. Je te fais la courte échelle.
Calant son dos contre le mur, il fléchit les jambes. Blake posait son pied dans ses mains jointes.
— T'as déjà fais ça ?
— Je l'ai vu dans plein de films.
— Super, maugréait-elle. Kiara tu peux me tenir mon tel ?
— Euh oui, acceptait celle-ci en se mâchouillant la lèvre. Blake, fais gaffe là-dedans okay ?
C'était inattendu, mais elle avait sincèrement l'air de s'en faire, alors elle lui envoyait un bref signe de tête -plus ou moins rassurant. Posant ses mains sur les épaules de JJ, elle sentit tout les muscles du corps du garçon se tendre à son contact.
— Prête ?
— Ouais.
Poussant sur ses bras, il l'a tractait à la hauteur du trou. Les mains -rugueuses, du blond remontèrent le long de ses jambes. Sa poigne était ferme -lui arrachant un frisson, ça lui permit d'atteindre facilement la brèche. Blake s'y infiltrait -gesticulant comme un ver, sa corpulence menue l'aidant. C'était sombre, et la poussière lui picoter les narines.
— Ma lampe ?
Kiera lui rendit. Aussitôt la lumière entrait dans la petite pièce, révélant un endroit vieux et délabré. Les autres lui parlaient de l'autre côté mais elle ne répondait pas. Ses yeux fouillaient chaque centimètre carré, à la recherche d'un indice. Une fissure dans le mur piquait sa curiosité. Quelque chose était coincé à l'intérieur, l'éclairant de son téléphone, elle tombait sur de l'inespéré.
— Oh putain.
— Quoi ? S'affolait John B. Tu vas bien ? T'as trouvé quelque chose ?
Enfonçant sa main dans la cavité, elle empoignait le paquet. Priant pour que ce ne soit pas de la drogue -sur laquelle elle aurait mit ses empreintes, elle le sortit. "Pour canard" était grossièrement écrit au feutre. Sa bouche s'étirait d'un rictus -tordu, à la vue du surnom. Tant pis -malgré la niaiserie dégoûtante, elle allait le sortir quand même. Elle fit passer le paquet vers l'extérieur, John B le réceptionnait.
— Ça, dit Oliver déçu. C'est pas de l'or.
— Non, ça vient de mon père.
Gigotant dans le passage, la blonde s'en échappait -avec empressement. Mission réussie. JJ -joint à la bouche, lui lançait un sourire complice, son regard se posait derrière son épaule, aussitôt son visage se déformait.
— Alerte rouge. Voilà les dealers.
Une lumière avançait vers eux, alarmante. La bande d'ados se mit rapidement en mouvement, se cachant derrière le mur.
— Éteignez vos lampes, sommait Oliver la gorge noué. De suite !
Tous le firent, sauf JJ, occupé à écraser son mégot contre la pierre. Blake se ruait sur lui, éteignant -d'un geste brusque, sa lampe frontale. Il se collait au mur, l'emportant avec lui. Plaqué dos contre son torse, elle sentait l'agitation de son cœur -battant sous sa colonne vertébrale.
— Calme toi tu veux, soufflait-elle d'un ton feutré. A ce rythme là, tu vas nous faire une attaque cardiaque.
Une voiture de golf s'arrêtait pas loin d'eux. C'était pas les dealers, mais Blake sentait qu'il n'allait -malheureusement, pas leur proposer un thé pour autant.
— Il a un flingue, aperçu Pope.
— Et merde.
Kiara se détachait du mur -rallumant sa lampe, sprintant vers la sortie. Blake n'hésitait pas avant de suivre son exemple. Les garçons -n'ayant pas envie de se faire arrêter, se précipitèrent derrière elles, poursuivit par les gardes.
— Hé vous !
Avisant le portail -de trois mètres, devant elle, Blake accélérait. Grimpant sur le métal, elle se griffait la cuisse -jurant, elle l'enjambait, sautant de l'autre côté. Kiara était déjà là. Les autres les rejoignirent avec plus de difficulté.
— Les gars, alertait Pope paniqué. Je suis coincé.
Prenant vite une décision -stupide, JJ sortit son flingue -le même qu'a la soirée, le pointant vers son ami. La blonde -à sa droite, écarquillés les yeux.
— Ne bouge pas.
Horrifiée -et un peu désespérée, Blake -par réflexe, lui assénait une gifle. Le bruit sourd de la claque résonnait dans le silence de la nuit. Le corps du blond vacillait vers la droite. Scandalisé, JJ se tournait vers elle, alors qu'elle le jaugeait -sa main encore suspendu dans les airs.
— Tu m'as frappé.
— Oui, confirmait-elle nonchalamment. T'as qu'a être moins con.
Pendant ce temps, le reste de la bande avait décroché Pope, celui-ci était en caleçon mais en vie. Blake couru vers le van, tout comme les autres. John B se mit en route, tout juste installé. Sur le chemin jusqu'au Château, l'adrénaline redescendit, et ils explosèrent tous de rire. Le cœur de Blake se réchauffait un moment, le ventre contracté par l'amusement. Depuis un an c'était la première fois qu'elle était se sentait simplement heureuse.
❃❃❃❃
Les fesses profondément enfoncée dans l'un des fauteuils de John B, Blake attendait, la jambe s'agitant nerveusement. En fait, ils attendaient tous, que le propriétaire des lieux se décide à ouvrir le fameux paquet. Oliver se rongeait la peau des doigts -vieille habitude, Kiera faisait les cents-pas, JJ lui, se faisait un sandwich.
Blake lui jetait un regard courroucé. Comment pouvait-il manger dans une situation aussi stressante ? Ça l'agaçait autant que ça forçait son admiration. Pope -entrant dans la cuisine, fixait le repas du blond avec dégoût.
— Ce pain est moisi depuis des mois.
— Non, je l'ai enlevé. Puis la moisissure c'est bon, c'est un organisme naturel.
— Tout à fait charmant, critiquait Blake d'un œil écœurée. Tu veux bien t'amener, qu'on ouvre ce truc ?
— Ouais.
Attrapant son assiette -remplis d'infamie culinaire, il trottinait jusqu'à eux. John B tenait le paquet dans ses mains, l'inspectant sous chaque couture. Alors que JJ croquait dans son sandwich moisi, recrachant instantanément, John B déchirait l'ouverture. A l'intérieur se trouvait un papier, qu'il finit par déplier.
Se penchant vers lui, Blake comprit qu'il s'agissait d'une carte. Une carte de l'océan plus exactement. Les visages des six adolescents s'illuminait à cette découverte, ils n'avaient pas fait tous ça pour rien.
— Bah merde, soufflait Pope.
De tous, il avait toujours était le plus septique, mais force était de reconnaitre que le père Routledge, avait vraiment laissé un message. Examinant le papier, Blake reconnu bel et bien les plans d'une carte au trésor. Tout était inscrit, l'emplacement, la longitude, la latitude.
— Y'a autre chose, parvint enfin à articuler John B.
Au fond du paquet, se trouvait un vieux magnétophone, encore bien conservé. JJ fronçait les sourcils.
— C'est quoi ?
— Un magnétophone Einstein, rétorquait Blake impatiente. Aller, allume le.
Frémissant, John B actionnait l'appareil.
— Cher Canard-
— Canard ? Relevait Oliver.
— C'est comme ça que mon père m'appelait.
— Je n'aime pas me vanter, continuait la voix grave . Mais j'avais raison. Dire que tu doutais de ton père. En ce moment, tu dois être rempli de culpabilité et de remord après notre dernière dispute, mais ne te suicide pas de suite.
Croisant le regard de Blake, John B -les larmes aux yeux, échangeait un sourire amusé avec elle. Son père était marrant -le même humour qu'elle, elle aurait aimé le rencontrer.
— Je ne m'attendais pas non plus à trouver le Royal Merchant. Tu avais raison de m'en vouloir. Je ne suis pas le père du siècle. J'étais si près du but. J'espère qu'on écoute cette cassette dans notre villa au Costa Rica et qu'on vit de nos investissements.
La main de John B -qui tenait toujours le magnétophone, se mit à trembler nerveusement. Sa tête se baissait, il ne voulait pas pleurer.
— Si tu l'as trouvé pour de funestes raisons, tu vas avoir besoin de cette carte. L'épave est là. Si il m'arrive quelque chose, finit ce que j'ai commencé. Va chercher l'or. Je t'aime canard, même si je le montre mal. Rendez-vous de l'autre côté.
L'appareil grésillait un instant avant de cesser tout bruit. Personne ne savait comment réagir. Tous étaient immobiles, presque paralysés. D'un coup de nerfs, John B se redressait -les larmes coulant abondement sur ses joues.
— Putain il l'a fait, s'éveillait JJ extatique. Il a trouvé le Merchant.
— Ça suffit, exigeait Kiara, fatiguée de son manque de tact. Tais toi.
Blake -un peu perturbé, s'avançait vers John B. A défaut se savoir quoi dire -réconforter autrui ça avait jamais été son fort, elle posait une main bienveillante sur son épaule. Il sursautait à son contact. Cette vision lui était insupportable, sa mâchoire se serrait. Avant qu'elle ne réalise le poids de ses mots, elle s'entendit dire:
— On va finir ce qu'il a commencé. Je t'en fais la promesse, je vais t'aider à retrouver cet or et achevé l'œuvre de ton père John B.
Son destin et celui de ce garçon était désormais scellé.
- Gigi
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