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𝟎𝟐. high without school

ET l'esclave devint le nouveau chef, récita le professeur, craie à la main. Dioclétien divise l'Empire romain en quatre royaume distincts.

Ding. Quatre sonneries retentirent dans la salle. Oliver, assis près de la fenêtre, plongé dans sa contemplation du drapeau de la nation, qui flottait dans la cour, sursauta quand sa poche vibra.

Interrompant sa leçon, Monsieur Sunn, pivota pour faire face à ses élèves;

— C'est le téléphone de qui ?

Le silence lui répondit. Tous se regardaient, se jaugeant comme des rapaces, pour savoir qui était le fautif, mais, les quatre responsables ne flanchèrent pas.

— Un peu de sérieux, exigea le professeur. Pour résumer, qui était Dioclétien ?

Oliver aurait levé la main, après tout il connaissait la réponse, mais il n'en avait aucune envie. A dire vrai, plus rien ne lui faisait envie. La seule raison pour laquelle il se retrouvait dans cette salle morose, c'était Kiara, qui, au petit matin, était venu le sortir de son lit —ou plutôt de celui de Blake.

D'après elle, ils devaient rester soudés, Pope, JJ, elle et lui, dans cette dure épreuve, dont ils ressortiraient grandis.

Foutaises, putain de foutaises et de conneries bouddhiste. Il aurait pu lui tordre le cou.

Mais, Sienna avait prit la peine d'inscrire le garçon au lycée de Kildare, et ce n'était certainement pas pour le voir sécher dès le premier jour. C'est cet argument en particulier qui avait eut raison d'Oliver.

Il s'était levé, n'avait pas prit la peine de se doucher, et s'était trainé jusqu'au bahut, en espérant, tout le long du trajet, qu'une voiture le percute. Il n'aurait rien senti si c'était arrivé, il le savait. Depuis des jours, il n'était qu'une coquille vide, et l'envie de vivre qui, habituellement, bouillonait ardemment dans ses veines, s'était gelé.

Tandis que Monsieur Sunn poursuivait son cours avec entrain, tâchant de réveiller les adolescents, qui avait encore la tête dans les vacances d'été, Oliver sortie mollement son téléphone, le cachant dans sa trousse; une grande poche de tissu bleu, tâché d'encres, avec un ballon de football sur le devant, qu'il se trimballait depuis le CE2.

Il avait une notification, d'un numéro inconnu. Le brun plissa les yeux, intrigué, jeta un coup d'œil rapide au professeur, et posa le pouce sur le verre. 

— Tu l'as reçu aussi ? Chuchota une voix près de son oreille.

Oliver tressaillit, verrouilla son écran et bascula sur sa chaise, en arrière, jusqu'à ce que le dossier rencontre le bureau de son camarade. JJ, assis juste derrière lui, lui mit son téléphone sous le nez, en le remuant. Il avait un message, similaire au sien.

— Ouais.

D'un regard en biais, qui engloba toute la salle, ils se rendirent compte, à leurs mines éberlués, que Kie et Pope aussi.

Étrange.

Sans demander son reste, le blond s'extirpa lentement de sa chaise, pour avancer, ramassé sur ses talons, jusqu'à leurs amis. Le professeur ne leur accordait aucune attention, les yeux rivés à son tableau, il continuait à vomir des informations sur l'Empire Romain, sans qu'Oliver n'arrive à capter un seul mot. Il avait la sensation sinueuse d'avoir la tête sous l'eau. De se noyer...

Non. Pas ça.

Le souffle court, Oliver secoua la tête, puis imita JJ, se soustrayant à la panique qui lui dévorait les entrailles. Il ne prit pas la peine de se baisser, et marcha nonchalamment vers ses amis, les mains dans les poches de son short vert, sous les regards incrédules de ses camardes.

Coincé entre les tables de Kiara et Pope, JJ, accroupis, lui fit signe de le rejoindre au sol. Il ignora le sourire compatissant que lui servit Kie, et s'affaissa sur lui-même, jusqu'à être à la hauteur du blond. Après une brève concertation muette sur la marche à suivre, ils sortirent leurs cellulaires, et d'un même mouvement, firent défiler le message.

Baboum.

Oliver manqua de s'effondrer contre le carrelage. Pris d'un haut le cœur terrible, il se rattrapa du plat de la main, lâcha le téléphone, et posa l'autre devant ses lèvres pour étouffer un cri. Ce n'était pas possible. Ça ne pouvait pas être réel. Comment ? Pourquoi ? Où ? Les questions se bousculaient dans son esprit, et ses oreilles bourdonnaient.

Il échangea un regard affligé avec Pope, puis revint rapidement sur son téléphone —qui, heureusement, n'était pas tombé de haut.

L'écran, toujours ouvert sur le message, affichait une photo. Pas n'importe laquelle, une image simple, qui regonfla le cœur d'Oliver —éteint et meurtrit depuis des jours— d'espoir. Trois visages, souriant, toutes dents dehors, le fixait.

John B, Sarah, et...Blake.

— Oh mon dieu, souffla Kie.

Le feu aux trousses, JJ se releva, et détala de la pièce, son cellulaire fermement agrippé dans sa main, moite et tremblante, sans faire preuve de la moindre once de discrétion. Là, tout de suite, il se fichait pas mal des cours, de se faire virer, ou de quoi que ce soit d'autre que ce qui se trouvait sur ce téléphone. La preuve qu'ils vivaient vivait encore, qu'elle vivait encore.

Et Oliver se trouvait dans le même état. Tout aussi prompte que son ami, le métisse se précipita derrière lui, sans prendre la peine de de s'excuser auprès du professeur —tant pis pour Sienna, et les heures de colles qu'il récolterait sûrement après cela— qui le regarda dépasser la porte, estomaqué.

Les deux autres trouvèrent un prétexte bidon, qui leur éviterai peut-être une retenue, mais finirent par, à leur tour, quitter la classe d'histoire. Les quatres amis se bousculaient presque dans le couloir vide;

— Allons dans la cour, suggéra Kie, livide.

JJ, trop empressé, trébucha sur le seau d'un agent d'entretien. Oliver, saisissant son biceps, le remit sur pieds. Aussitôt, les pogues galopèrent jusqu'à l'extérieur, sous les exclamations rageuse du vieux bonhomme, qui se pencha pour ramasser ses effets.

— C'est pas possible, affirma Kie en poussant les portes du plat de la main. Shoupe a dit qu'ils s'en sont pas sortis. Il l'a dit.

Ils ne savaient pas si elle essayait de les convaincre, eux, ou elle-même. Pope, nerveux au possible, agita ses bras dans tout les sens;

— Je pense qu'on s'emballe. On ne peut pas exclure le risque que ce soit un canular cruel et bizarre.

Se posant sur une des tables en plastique bleus de la cour, Kiara acquiesça durement. JJ, une main sur le cœur, tentait d'apaiser l'élancement qu'il ressentait à travers son organe. La crise de panique le guettait, et la seule personne capable de l'apaiser, dans ces moments où tout son corps l'abandonnait, se trouvait soit dans les profondeurs de l'océan, soit à des milliers de kilomètres.

— Non, c'est pas un canular.

Les trois pogues se tournèrent vers Oliver, qui faisait les cents pas, piétinant le sol sous ses semelles. Il s'expliqua, sans les regarder, le regard hanté;

— Bex prends pas de photo, jamais. La dernière que j'ai d'elle date de y'a trois ans , alors soit ce type est un pro de photoshop, soit...

— Soit ils sont en vie, compléta JJ.

Il hocha la tête, inspira une grande goulée d'air, rejoignit le blond, qui, sur le point de s'évanouir, écrasait ses phalanges entre ses doigts, dans une vaine tentative de se calmer.

JJ était le seul qui comprenait véritablement, l'ampleur de ce que ce simple message avait provoqué en Oliver. Espoir, doute, appréhension, souffrance. Tout ça se mélangeait à l'intérieur des deux jeunes hommes, de façon similaire, créant un cocktail explosif.

— Vous savez quoi, bredouilla Kiara, en claquant l'élastique de son bracelet, pinçant la peau de son poignet. Je vais demander.

Avant qu'ils n'aient pu réagir, elle envoya son texto, son pieds tapant frénétiquement le banc de la table dans un tempo endiablé.

Oliver se rongeait l'ongle du pouce, arrachant la peau d'un coup de dent, JJ grattait son crâne, sous sa casquette, quant à Pope, les rouages de son cerveau travaillait à une telle vitesse, qu'il était presque étonnant de ne pas voir de fumée sortir de ses oreilles, ou du sang couler de son nez.

— Il a répondu ? S'enquit-il, impatient.

— Il écrit.

Son timbre était vibrant d'émotion. Le temps semblait suspendu, tout était silencieux, comme si la terre elle-même retenait sa respiration.

Le bip qui suivit, fut un tel soulagement, et une telle angoisse, qu'il fit sauter tous les pogues sur leur téléphones.

JJ est là ?

Adossé à la fresque de l'établissement, le blond mordit férocement dans sa lèvre, jusqu'à s'en faire saigner. Il sentait son cœur palpiter dans son crâne, affolé, en proie à une terreur sans nom. Ça devait être eux. Il le fallait...

Il clos les paupières, inspira, avant de taper à son tour;

Je suis là.

Ding. Les pulsations accélérèrent. Ses yeux s'embuèrent.

Devine qui est de retour, Point Break ?

Son pouls se stoppa. En même temps que le reste de l'univers.

Oh. Putain.

L'éclat de rire que le blond lâcha, frémissant, et tous les muscles tremblant, à la vue du surnom, contenait plus que de la joie. Cette émotion qui étreignit les pogues, en lisant ces quelques mots, allait bien au delà.

Soulagement, bonheur, exaltation.

D'un coup, comme si il n'était jamais venu, le poids qu'ils portaient tous sur leurs épaules depuis des jours, s'envola, se perdant dans les airs, les laissant de nouveau respirer, sans avoir la sensation constante d'avoir quelqu'un assis sur la poitrine. 

— C'est eux...susurra JJ, en battant frénétiquement des paupières, pour s'assurer que ses yeux ne lui faisait pas défaut, qu'il ne rêvait pas. C'est vraiment eux.

L'euphorie gagna la bande, tout comme les larmes salés, qui se mirent très vite à rouler en abondance sur leurs joues. Oliver, qui se remettait à peine du choc, se mit à bondir partout —tentant d'évacuer toutes les émotions qui l'assaillait a travers ses sauts— sous les rires de ses amis;

— Putain, putain, putain ! Ouais !

JJ eut a peine le temps de se redresser,  qu'il lui sauta dans les bras. Le blond chancela, et rit a gorge déployé, rejetant la tête en arrière, une larme ruisselant sur sa joue.

Ils étaient vivants.

Les quelques nuits, et journées, que ces deux-là avait passés, déambulant comme des zombies, la mort dans l'âme, dans la grande maison de Sienna, était enfin terminé. Le supplice prenait fin, et il n'y avait certainement pas de mots assez fort pour décrire la félicité incomparable dans lequel ils étaient plongés, là, dans cette cour d'école.

— Il est indestructible ! Assura Pope, en reniflant.

Oliver ouvrit un bras dans sa direction, et il se joignit volontiers à leur étreinte. Les garçons riaient en sautillant, sous le regard empreint de chaleur de Kiara.

Se détachant de ses amis, après un bon moment, JJ ferma le poing, le balança en l'air, s'époumonant dans un cri de joie;

— Ouais !

Il ne pouvait pas s'arrêter de sourire, ni de pleurer, il était bien trop heureux. Elle allait bien. Blake respirait, quelque part, loin de lui, bien trop loin de lui, mais elle n'était pas morte, englouti par les fonds marins comme une ancre jeté à l'océan.

Il avait eu l'image, tous les soirs dans le silence sinistre de la nuit, de son corps pâle, sans vie, sous l'eau.

Il ne l'entendait plus rire, elle ne levait plus les yeux au ciel comme il aimait tant, et elle ne l'assassinait plus non plus, malgré ses appels désespérés, couvert par les fracas des vagues, de son regard blasé, où brillait toujours une touche de moquerie, et qu'elle ne réservait qu'à lui. Elle n'était plus...

Cette chose merveilleuse que la vie —par il ne savait qu'elle hasard, car il était sûre de ne pas la mériter— lui avait donné, cette fille qui lui avait sorti la tête de l'eau alors que personne autour de lui ne remarquait qu'il se noyait, n'était plus.

Il s'était réveillé, tous les matins, à l'aube, en sueur, hurlant et pleurant dans ses draps qui portait encore son odeur, avant de courir au toilette pour rejeter tout ce qui le révulsait dans ce cauchemar, jusqu'à vidé son estomac, et son esprit. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait fini par s'assoupir, un bras sur la cuvette.

Jamais il n'avait connu pareille douleur, et si la présence d'Oliver et Sienna —qui accourait à chaque fois pour le serrer dans ses bras— apaisait maigrement sa détresse, cette photo d'elle, avec son nez retroussé, tâché de sable, souriante sous le coucher de soleil, était sa délivrance.

— "On se fait discret à Nassau", lut Kie lorsqu'un autre bip tinta. Qu'est-ce qu'ils foutent dans les Bahamas ?

Du revers de la main, elle essuya son nez rouge. JJ, passant une main dans ses cheveux en bataille, avant de renfoncer sa casquette, haussa une épaule;

— Un pogue c'est increvable, déclara-t-il.

— Surtout John B, confirma Pope, le visage défait par les larmes.

Sa gorge était serrée, et sa voix avait dû mal à rester stable. S'il il l'avait moins montré que les autres, Pope avait été tout aussi affecté qu'eux, par la disparition de leurs amis.

Oliver, son cellulaire dans une main, passa son bras autour de sa nuque, un large sourire éclairant sa face;

— Ces tocards sont en vie bordel.

L'appareil vibra, et cette fois, le texto ne provenait pas de Blake:

Hé les gars, vous pouvez m'innocenter ? J'veux rentrer à la maison.

— Tu parles qu'on va t'innocenter mon pote, ricana JJ, séchant ses joues avec son t-shirt.

— "Je vous tiens au courant", transmit Oliver. "P4L"

— Pogue pour la vie, scanda le blond, faisant se retourner quelques têtes. Ouais ! C'est le plus important.

Se dressant debout sur la table, sous les rires de ses amis, son cri, et celui d'Oliver, qui le rejoignit d'un bond agile, se fit entendre depuis l'autre bout du lycée;

— Pogue pour la vie, bébé ! Waouuh !


❃❃❃❃

L'eau sombre qui se ruait sur elle, en immenses vagues déferlantes, était tiède. Elle aurait préféré que ce soit froid, glacé, elle aurait cessé de lutter, elle aurait accueillit le gel, et en définitive, la mort.

Mais cette tiédeur, oppressante, étouffante...Elle ne la supportait plus. Tous son corps luttait contre elle. Elle s'épuisait à se mouvoir ainsi, elle le savait, mais elle voulait pas succomber, pas maintenant, pas comme cela, pas après tout ça.

Le véritable enfer se trouvait dans le tréfonds de l'océan. Plus elle s'agitait, plus elle gaspillait l'oxygène qu'elle avait emmagasiné avant de plonger. Seulement, si elle arrêtait, elle coulerait vers le fond, et alors ce serait terminé. 

Son cœur s'emballait sous la pression, sa gorge nouée lui hurlait de respirer, mais il n'y avait pas d'air, seulement de l'eau. Elle remonta une nouvelle fois, et inspira une demi-seconde, avant qu'une nouvelle vague, plus puissante, ne la ramène dans les abysses. Au moins, ce léger supplément d'oxygène la ferait tenir un peu plus.

Elle ne pouvait même pas ouvrir les yeux, il faisait nuit, elle n'y aurait rien vu, dotant que le sel marin lui brûlait déjà les narines et les poumons, pas besoin d'ajouter sa rétine.

Personne ne viendrait à son secours, hurler serait contre productif, et ses muscles s'épuisaient a force de battre des bras et des jambes, en vain. Elle allait perdre ce combat. Que pouvait-elle faire contre le tout puissant océan ? Rien, rien du tout.

C'était injuste, tellement injuste...

Elle était enfin arrivé à être heureuse, ou du moins, à s'en rapprocher, et voilà que l'univers lui imposait cette épreuve insurmontable. Elle n'était qu'un frêle être humain, elle serait ballottée par les flots pendant des jours, peut-être même des semaines, et si un animal venait à trouver sa carcasse à son goût, alors personne ne la retrouverait jamais.

JJ, Oliver, Sienna, ils ne pourraient jamais faire le deuil, se recueillir. Et John B ? Est-ce que lui aussi, traversait la même chose qu'elle ? Peut-être était-il déjà mort...

À quoi bon se battre ? Ils n'étaient plus là, Billy, Adam...il était sûrement temps de les rejoindre.

Cette idée l'apaisa, et son corps cessa de se mouvoir. Leurs visages étaient gravés dans son esprit, illuminés d'un halo blanc, ils lui tendaient la main, ils l'invitaient.

J'arrive.

— Blake !

Elle ouvrit les yeux, se redressa, et prit une grande goulée d'air par la bouche. Son cœur battait à tout rompre, fracassant ses côtes. Elle porta une main délicate à sa gorge, et la sentit palpiter sous ses doigts. Elle vivait...

— C'était un rêve, murmura t-elle du bout des lèvres.

— Hé, ça va ?

L'œil vitreux, Blake pivota doucement sur le transat, dans lequel elle s'était visiblement endormie, pour rencontrer le regard brun, si doux, de Sarah.

Alors tout lui revint en flashs; elle avait survécu, elle se trouvait sur le toit d'un hôtel, ils étaient au Bahamas.

— Ouais, grommela-t-elle, la voix enrouée. Ça va.

Son champs de vision s'élargit et devint plus net. Il faisait nuit noir, seules les quelques restes de lumières de la piscine, et du jardin de l'hôtel, illuminait l'endroit. Sur la plage en contrebas, certains lampadaires étaient également allumés, mais les touristes et les surfeurs avaient désertés l'endroit.

Ils avaient mangés au buffet quelques heures avant, Blake s'était empiffrée de petits-fours, avant de détaler sur le toit —précisément quand son couple d'amis s'était mis à danser un slow— et de s'endormir aussitôt couchée, le ventre si distendu par la nourriture, qu'on aurait facilement pu la croire enceinte de trois mois.

Sarah se tenait face à elle, la tête inclinée, les sourcils froncés. Elle n'avait pas l'air convaincue par les mots de son amie. Préférant ignorer son inquiétude, car elle la hérissait, Blake pivota le crâne, à droite, puis à gauche, à la recherche d'une masse capillaire brune.

— Où est John B ? S'enquit-elle quand constata qu'il était introuvable.

Sarah cilla, comme si elle se réveillait d'une transe. Son visage se durcit, ses poings se serrèrent et ce fut à Blake de froncer les sourcils.

— Me dis pas qu'il a fait ce que je pense qu'il a fait ? Gronda t-elle.

La blonde se remit droite, les narines dilatées, et le bout des oreilles, rougies par la colère.

— Si, confirma t-elle. Cet enfoiré s'est barré chercher l'or.

— Mais quel con.

Ce fut tout ce qu'elle trouva à dire, surtout quand elle constata qu'il avait laissé son sac sur son transat. Massant la barre sur son front entre son pouce et son majeur, Blake se releva.

— J'imagine qu'on va le chercher, dit-elle à Sarah en empoignant son propre sac. Histoire au moins de lui botter le cul.

— C'est un menteur, cracha Sarah.

L'expression de la jeune femme, froide, et si sombre, qu'on aurait pu voir volter une aura noire autour de ses épaules, laissait sous-entendre les pires sévices. Blake n'aurait même pas besoin de lever le petit doigt, elle était presque certaine qu'un seul regard de son amie, transformerait le garçon en pierre, et qu'il suffirait ensuite d'un effleurement, pour qu'il s'effrite en amas de caillasse.

— Je vais le tuer, continua la blonde.

Sur le trajet, du haut du toit, jusqu'à l'arche de l'hôtel, Sarah vomit un tel chapelet d'injures qu'une nonne aurait sûrement renié sa foi, juste en l'entendant.

John B n'était nulle part dans l'hôtel, et elles avaient fouillés —au cas où— ouvrant même la porte de ce que Blake pensait être un placard, mais qui, au final, s'était révélé être une chambre, pas verrouillé, dans laquelle un couple de vieux prenait du bon temps. Blake avait vite fait refermé la porte en grimaçant, puis elle et Sarah s'étaient esclaffées, avant de sprinter hors de portée de ces clients, très actif pour leurs âges avancées.

Elles avaient finit par quitter l'établissement, force de constater que le brun ne s'y trouvait plus, et elles s'enfonçaient actuellement, dans les rues peu éclairées de la ville.

Même si Sarah semblait parfaitement connaitre le chemin, Blake n'était pas rassurée. Elle tressaillait au moindre bruit suspect, guettant chaque ruelles sombres, évitant le regard des quelques hommes qui fumaient, dos contre le lambris d'un bar fermé. 

Être une femme, ou deux, dans la rue n'était déjà pas bien sécurisé, mais alors, de nuit, dans un endroit inconnu, sans téléphone, c'était carrément stupide. Blake serrait les lanières de son sac pour s'apaiser.

Même trempé, le flingue devrait fonctionner, et si ce n'était pas le cas, peut-être suffirait-il à décourager de potentiels hommes mal intentionnés.

Sarah n'était pas plus sereine qu'elle, mais l'aigreur qu'elle ressentait pour John B la distrayait de tout autre pensée. Elle marchait devant Blake, d'un pas rageur, les phalanges blanchis contre ses cuisses.

— C'est encore loin ? S'enquit Blake, des ampoules aux pieds.

Son amie ne s'arrêta pas, lui lançant derrière son épaule;

— Non, pas vraiment.

Pas très précis.

— Super.

Blake s'occupa en admirant l'eau qui scintillait sous le pont qu'elles traversaient. L'aube se profilait à l'horizon, et avec elle, l'angoisse de Blake partirait.

Alors qu'elle se penchait pour admirer la clarté de l'océan, une main sur le métal du pont, une voiture passa près d'elle. Elle les dépassa, s'arrêta, et fit demi-tour.

Sarah se stoppa dans sa marche, et Blake sentit l'odeur familière de la peur lui assaillirent le nez. Elle recula d'un pas, le regard fixé au quatre-quatre crème, faisant glissé la lanière de son sac à dos. Mais, avant qu'elle n'ai pu tiré sur la fermeture éclair, un bras la ceintura de derrière, et une main calleuse frotta son visage, l'empêchant de crier.

Prise de panique elle se débattit férocement, griffant, mordant, jusqu'à ce qu'elle ressente une vive douleur à la tempe, puis plus rien, mise à part l'effroi dans le regard de Sarah, tandis qu'elle se faisait bâillonner.


❃❃❃❃




— Débout, jolie cœur.

Les cils de Blake papillonnèrent un instant, elle était assise, ses membres étaient gourds, et son visage, de l'arrête de son nez jusqu'en haut de son front, l'élançait.

Elle était affalée dans un fauteuil en osier, sur un coussin blanc, pas tout neuf au vu des fils qui dépassait de sa housse.

Quand elle réussit à relever la nuque, le crâne aussi lourd que du plomb, elle constata qu'elle n'avait aucune idée d'où elle se trouvait, pire, elle n'avait aucune foutue idée de qui était la personne devant elle.

C'était une fille, à peu près de son âge, ou peut-être un plus âgée. Grande, brune, le teint foncé, elle lui souriait. Ce n'était pas ce que Blake aurait appelé un sourire amical, c'était plus un rictus narquois, qui lui donna immédiatement envie de lui lacérer la bouche.

— Hé, siffla t-elle vers la droite. Ta copine est réveillée Candy.

Péniblement, car son dos et sa nuque était aussi raide que du bois, Blake tourna la tête vers sa droite. Sarah était là, assise sur un canapé, les mains jointes sur ses jambes, la mort dans l'âme. Quand elle vit que son amie était réveillée, ses traits se détendirent;

— Bex ça va ?

— Non, grogna t-elle en faisant rouler sa nuque. Qui est le connard qui m'a frappé ?

— Ça doit être moi.

La fille, la brune, tira une chaise, la plaça devant Blake, et s'installa à califourchon dessus. Blake la foudroya du regard. Si l'univers avait écouté ses douces prières en cet instant —ça aurait bien était la première fois— une baignoire en fonte se serait écrasé sur le crâne de cette pétasse.

— À charge de revanche blondie, sourit-elle, puis elle désigna son bras. Si ça peut te rassurer, tu t'es bien défendu.

En effet, la peau fine du poignet de la jeune femme était striée et écorchée, les ongles de Blake l'avait salement amoché. Et puis, sur le dos de sa main était gravé une empreinte de dents. La blonde ne put s'empêcher d'être gagnée par la satisfaction.

— Oh désolée, persifla t-elle. Si j'avais su que t'étais une fille, j'y serais allé plus doucement.

À sa grande surprise, la fille ricana, balançant la tête en avant. Ses longues boucles, qui prenait un éclat doré avec le soleil, suivirent son mouvement. Quand elle finit par arrêter, après un certain temps, Blake s'était ratatinée dans le fauteuil, les bras croisés sur sa poitrine, l'œil brillant d'animosité.

Un bruit de verre, puis des voix se firent entendre dans son dos, la fille grimaça, se releva nonchalamment, et passa tout près de Blake;

— Moi c'est Ronnie.

Elle lorgna vers la blonde, qui lui renvoya un regard plus qu'hostile, un sourcil arqué.

— Et moi, j'en ai rien à foutre.

Sarah s'étouffa avec sa salive, mais le sourire de Ronnie s'élargit, montant jusqu'à ses yeux miels, alors qu'elle allait se poster, les fesses sur la balustrade. C'est à peu près là que Blake se rendit compte qu'elle était en fait sur une terrasse.

Il y avait des plantes vertes partout, ainsi que des fleurs grosses et colorés, typiques des îles. Bien sûr il y avait plusieurs autres chaises, fauteuils, et ameublements. C'était assez cossu, pas luxueux, mais très chaleureux. La densité des arbres autour et des plantes en tout genre permettait d'une part, de ne pas être vu de l'extérieur —ce qui n'arrangeait pas ses affaires— et d'une autre, de se protéger des rayons du soleil.

En revanche, il faisait affreusement humide, et quand deux hommes pénétrèrent sur la terrasse, Blake suait comme un bœuf dans son t-shirt noir.

— Mesdames, salua une voix.

Même de dos, elle la reconnut. Merde.

Le capitaine avança dans l'espace, tout aussi transpirant que Blake, à la différence que son t-shirt clair ne laissait pas grand mystère sur l'étendu de ses auréoles.

— Monsieur Propre, s'exclama t-elle avec une moue. Comme on se retrouve !

Il s'étala sur le fauteuil à sa gauche, et elle aperçut ses lèvres frémirent.

— Je vois qu'on ne perds pas son sens de l'humour.

— De l'humour ? Fit-elle, consternée. Vous voulez dire que vous n'êtes pas Monsieur Propre ?

Elle recula, son dos s'enfonçant dans l'osier, avant de se fendre d'un rictus;

— Quel dommage, moi qui rêvait de rencontrer mon idole.

Deux personnes pouffèrent. Sarah, qui scella rapidement ses lèvres face au regard noir du capitaine, et Ronnie, qui elle aussi se fit assassiner des yeux, mais qui répondit par un haussement d'épaule amusé.

— Patron, cria une nouvelle voix depuis l'intérieur de la maison. Il est là.

Blake pivota sur son fauteuil. Même si elle n'était aucunement entravée, la présence d'un nouvel ennemi la dissuada de courir. Ils étaient quatre —puisqu'en se tournant elle remarqua un mastodonte dans le coin de la terrasse— et elle était seule, puisque Sarah était quasiment pétrifiée.

C'est alors qu'apparut à la porte, l'objet de tout ses malheurs.

John B, les épaules basses, entra, suivit de près par une nouvelle fille, qui faisait tourner un couteau entre ses doigts. Blake trouva ça très cool, mais n'en dit rien. Jamais elle n'aurait l'adresse de faire de telles gestes avec un couteau, elle se couperait sûrement un doigt. Déjà qu'elle n'était que moyennement doué avec les pistole-

Ses yeux s'écarquillèrent. Son flingue ! Elle chercha son sac noir une seconde, avant d'abandonner, car il était introuvable. Putain.

— J'ai trouvé ton mec.

L'attention de Blake se reconcentra sur John B. Il était tout penaud, mais elle s'en carrait bien, cette mêlasse c'était à cause de lui. Quand il croisa son regard, elle l'examina de son œil noir, claqua la langue, et se détourna.

En soupirant, il vrilla vers Sarah, qui n'était pas beaucoup plus heureuse;

— Ecoute, je voulais-

Elle bondit du canapé, et le repoussa des deux mains.

— Menteur !

Il chancela et atterrit contre le torse du mastodonte. Ce dernier le saisit par la gorge, et usa de toute sa force de gorille pour le faire reculer, écrasant sa pomme d'Adam sous sa poigne. John B vira rapidement au mauve.

— Je ne le provoquerais pas, s'amusa le colonel en se servant un verre de rhum. Ça se finit jamais bien.

Les dents de Blake s'écrasèrent les unes contre les autres, ses ongles s'enfoncèrent dans ses paumes. Si elle avait eu son flingue, l'effectif de cette pièce aurait été drastiquement réduit. Le calme dont ils faisaient tous preuves lui tapait furieusement sur le système.

Heureusement, la brute relâcha le brun une minute plus tard.

— Tu peux courir mais pas te cacher, John B.

— Très poétique Capitaine, se moqua Blake. J'aime beaucoup. C'est de vous ou vous l'avez trouvé sur un blog skyro-

Elle n'eut pas le temps d'achever sa tirade. Le capitaine fit un signe à la seconde fille, et immédiatement, comme un pantin télécommander, celle-ci posa la lame de son couteau contre la gorge de Blake.

— Hé ! S'écria John B en avançant.

Mais, à son tour, il fut écarté. L'énorme garçon l'attrapa par le col, et le projeta sur le canapé. Ignorant complétement ses otages, le capitaine sirota son verre, en s'adressant à la persécutrice de Blake.

 — Tu as mis le temps.

— Si t'es pas content, tu t'en charges.

— Lâche la demoiselle Cléo, je pense qu'elle a compris.

Aussitôt la lame quitta la peau de la blonde. Cléo, puisque c'était son nom, s'éloigna, s'empara d'un fruit, et se cala au coté de Ronnie.

— Trop aimable, pesta Blake en tâtant sa gorge.

Aucune blessure à déplorer.

— Malgré notre hospitalité, souffla le capitaine. Vous êtes partis sans dire au revoir.

La blonde, les nerfs à vifs, lui offrit un large sourire;

— Excusez-nous, on ne savez pas que vous étiez sentimentale. La prochaine fois on vous enverra une carte, promis.

— Blake, implora John B.

Aussi véloce que la foudre, elle se tourna vers lui, retroussant les lèvres sur ses dents;

— Je te conseille de la fermer Routledge.

— Oh oh, railla le capitaine. Elle a dû tempérament celle-ci.

— Celle-ci elle a un prénom, ça commence par va te, et ça finit par, faire foutre. C'est un prénom composé, mes parents sont du genre vieille école.

Un nouvel éclat de rire dans son dos lui confirma que les deux filles, Ronnie et Cléo, se bidonnaient. Au moins, elles avaient un bon sens de l'humour.

— Laissez-nous partir !

Sarah, qui s'était retenu d'intervenir jusqu'à lors, se mit sur ses pieds. Le capitaine la considéra, un coude appuyé sur le bras du fauteuil.

— J'ai cinquante-mille raisons que ça n'arrive pas.

— Il n'a rien fait, plaida Sarah.

— Peut-être, peut-être pas. Je m'en fiche. Le tribunal décidera.

Il pointa un doigt vers son homme de main;

— Emmène le aux flics.

Le mastodonte saisit John B par le col, le dressa debout, et entreprit de l'emmener. C'était sans compter sur Blake, qui se releva promptement, et en trois pas, lui barra le chemin vers la porte.

— Tu vas nulle part Brutus.

Son regard glissa vers le capitaine;

— Rappelle ton chien, avant que je me charge de le dresser.

L'homme serra le poing, mais John B se débattit, et d'un coup d'épaule se dégagea, manquant de rentrer dans Blake.

— Écoutez, je peux payer !

— Tu as cinquante-mille dans ton sac ? Gouailla le capitaine. Sinon, au revoir.

Blake ne savait pas à quel moment, car elle ne l'avait pas vu, mais il avait récupéré un flingue, qui pendait négligemment dans sa paume. Elle plissa les yeux, et émit un grondement guttural. C'était son flingue que ce sale type tenait, avec lequel il les menaçait.

Lentement, tout en gardant les yeux rivés à Sarah, John B se défit de son sac à dos. La grande brute l'attrapa, mais quand il toucha à la fermeture, Sarah s'en empara d'un geste brusque. Elle était passablement énervée, et tout comme Blake, n'avait plus la patience de composer avec ces malfrats.

— Lentement, exigea le capitaine alors que Sarah ouvrait la poche de devant.

Tous le monde attendaient,  et quand Sarah sortit l'or fondu, seul vestige de la fortune qu'ils auraient pu avoir, les regards de l'équipage devinrent avides. Particulièrement celui noisette de Ronnie, qui brillaient intensément. C'était un rapace, ou une pie.

— C'est quoi ça ? Demanda le capitaine.

— Une médaille en chocolat, s'entendit répondre Blake. Non mais sérieux.

Éreintée, elle se laissa choir contre le bois de la porte, en fermant les yeux.

— Donne-le-moi.

Sarah tendit le morceau vers lui, contenant avec peine le tremblement de sa main. De fait, il avait toujours un foutu flingue. Il mordit dans l'or, les traits tirés.

— C'est cent-quarante-trois mille raisons de nous laisser partir.

— C'est plus du double de la récompense, concéda Ronnie.

Blake se détacha de la porte, en nouant ses cheveux blonds, trempés;

— Merci pour les maths Einstein.

— Vous savez quoi, déclara le capitaine. C'est vos frais de sauvetage. Mais je veux aussi ma récompense.

Blake partit d'un rire jaune, épuisée;

— Bah bien sûr ! Et le cul de la crémière aussi ?

— Si c'est en option...sourit Ronnie.

— Débarrasse moi de lui, ordonna le capitaine.

— Non, Terrance ! Hurla John B, alors que Brutus s'approchait à nouveau de lui. C'est juste un, il y'en a d'autres !

Ça suffit à arrêter le monstre. Il maintint le brun entre ses bras, mais s'immobilisa. Sans le savoir il venait d'échapper à une commotion, car Blake, qui s'était approché d'une étagère, se préparait à lui envoyer une bouteille de whisky au visage.

— Je suis allé sur Paradise Island, s'expliqua John B. Dans sa maison de famille.

Sarah tressaillit, et cette vision serra le cœur de Blake. Il l'avait trahi...

— Il y a des centaines de millions de dollars de cet or. La maison est vide, et sans surveillance. Et-

Il se tourna vers Sarah, flancha devant son regard haineux, hésita, puis finit par lâcher entre ses dents;

— Elle a les codes d'entrée.

— C'est vrai ?

— Oui, approuva Sarah, dans un filet de voix. C'est la maison de ma famille. Il y a de l'or.

Terrance sembla considérer la proposition, et loucha vers les filles.

— Vous pouvez nous aider à le trouver ? S'intéressa Ronnie.

— Bien sûr, renfila Blake en s'étirant. Parce qu'on est des putains de bon samaritains, c'est connu.

Son regard, braqué sur John B, était si noir, qu'il s'étonna de ne pas être désintégré par un faisceau de laser rouge. Il le savait, elle lui ferait payer.

— Dans ce cas, opina le capitaine, posant son arme sur une table proche, pour récupérer son verre. Je suppose qu'on a un deal.


- Gigi

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