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𝟎𝟏. paradise my ass

LE paradis sur Terre. Ce concept idéologique qu'un abruti -qui n'avait sûrement jamais mis les pieds là-bas- avait attribué à ce chapelet d'îles, les Outer Banks. Seulement, en vérité, cet endroit tenait plus de l'enfer, que du Jardin d'Éden.

C'était d'ailleurs pour ça qu'ils l'avaient quittés, ça et deux trois bricoles. Un trésor perdu, trouvé, puis à nouveau perdu. Une bande de malfrats à la gâchette facile, qui avait plus d'une fois, faillit avoir leur peau. Oh ! Et évidemment, le meurtre d'une policière, et d'un des hommes les plus influents de l'île, qu'on leur avait collé sur le dos. La routine quoi.

C'est pourquoi lui, et ses amis, avaient pris le large. Mais bien sûr, comme si tout cela ne suffisait pas, il avait perdu le contrôle du bateau, et ils avaient chaviré dans l'eau glacée. Ils auraient pu mourir, ils auraient dû mourir. Seulement, comme le disait si souvent Oliver "les mauvaises herbes, on ne s'en débarrasse pas comme ça".

De fait, lorsque John B ouvrit les yeux, écrasé par la chaleur étouffante de l'habitacle, il sourit largement. Non, il n'était pas mort. En vérité, il ne s'était jamais senti aussi vivant. Transpirant dans ses habits, collé au corps de sa petite amie endormie.

Il l'observa longuement, dégageant une mèche de son visage, un bras sous sa tête. Il lui servait d'oreiller, et c'était la meilleure place du monde. Il n'y avait que eux, contre tous. Et à cet instant, caressant doucement les épaules dénudés de la blonde, une idée folle lui traversa l'esprit.

- Sarah ? Murmura-t-il dans son cou.

Elle émit un gazouillement ensommeillé, qui lui tira à nouveau un sourire. Il hésita, pinça les lèvres, et lâcha;

- Tu veux te marier ?

Sans ouvrir les yeux, ses lèvres s'étirèrent, creusant ses fossettes. Elle remua un peu, coincée sous le bras du garçon.

- Non.

Il fronça les sourcils;

- Non ?

- Non.

Il releva un peu la tête, la surplombant. Elle s'obstinait à garder les paupières closes.

- Comment ça ? S'inquiéta t-il.

- T'as pas de patrimoine.

- Toi non plus, répliqua t-il piqué à vif. Plus maintenant.

- Aie.

Battant des cils, elle finit par ouvrir les yeux.

- Donc tu voulais pas m'épouser pour mon argent ?

Une main soutenant sa tête, il réfléchit quelques longues secondes.

- Non, finit-il par conclure. C'est plus parce que t'es canon.

Sifflant du nez, pinçant les lèvres pour contenir son rire, elle lui flanqua un coup de coude;

- Arrête !

Emprisonnant son coude sans sa paume, il la fit se retourner, face à lui. Son souffle balaya son visage, alors qu'elle le détaillait. Il avait cet air idiot, qui l'avait fait craquer.

- Tu veux être une pogue pour la vie ?

Sarah ouvrit la bouche, mais ce n'était pas elle qui s'exprima. Un bruit répondit à la question du jeune homme. Un raclement de gorge, suivit du son distinct de quelqu'un qui régurgite.

- Si vous continuez, je vous suicide, avant de m'homicider. Vous me filez la gerbe, bande de crados.

Dans le coin de la pièce, sur un divan presque confortable, une ombre roula, avant de se mettre debout. En sueur -elle n'aurait su déterminer si c'était à cause de la chaleur des tropiques ou de son dégoût- Blake mit deux doigts dans sa bouche, réitérant ses bruits de répulsion.

Cette fois, John B chopa le coussin derrière son crâne, et lui jeta en pleine figure. Elle esquiva, de justesse, laissant l'édredon s'échouer au sol, sans prendre la peine de le ramasser. Elle pointa John B, avec une grimace;

- Toi, tu m'angoisses. On demande pas ça à une meuf de seize piges. Tu t'es pris pour Aladin ? J'ai vécu avec toi, t'es plus proche de Shrek. Quant à toi-

Son doigt accusateur glissa jusqu'au corps de son amie;

- T'es sûre que tu veux t'engager avec ce truc là ? Tu peux trouver mieux.

- Hé !

Nouveau coussin. Nouvelle esquive.

Relevant sa chevelure blonde, trempée, en un chignon, elle écarta le coussin du pieds, s'approchant de la porte;

- Magnez-vous le train, on est pas en croisière. Et si vous essayez de vous reproduire dans cette chambre, je vous préviens, je fais un remake du Titanic.

- Dégage Bex ! Hurla John B.

- Ta gueule, le chaud lapin.

Ouvrant la porte, elle s'extirpa, juste avant qu'il n'est eu le temps de lui renvoyer une réplique bien sentie. La chaleur était insoutenable, ses pieds nus, brûlaient sur le sol. Elle voulait voir l'extérieur. Enfin, c'était plus pour s'éloigner du couple de dépravés que pour réellement prendre l'air, mais le vent frais ne lui ferait pas de mal.

Ces derniers jours avaient été tendus. Trois jours. Sans nouvelles de l'île, livrés à eux-mêmes. Ils avaient eu de la chance, énormément de chance, qu'un bateau les trouve, juste après la tempête, autrement ils y seraient sûrement restés.

Elle se voyait encore, sous l'eau, suffocante. Elle sentait toujours la morsure du sel sur ses poumons, incapable de trouver la surface, prise dans des vagues, de plus en plus grosses. Elle s'était sentie partir, et puis la dernière tentative, puissant dans ses maigres forces, avait réussi.

Son corps était remonté, elle s'était accrochée à la glacière, tombée du bateau en même temps qu'eux. Il lui avait fallu un moment pour retrouver John B, et encore plus longtemps pour Sarah. Mais, ils s'en étaient sortis, tous, et entier.

Avec un gros soupir, elle atteint la lumière du jour -qui lui flamba la rétine- mais du reculer de deux pas, quand une silhouette immense se découpa, juste devant elle.

- Salut gamine.

Dressant une main entre elle et le soleil, elle plissa les yeux. Ce type, grand, empâté, à l'allure de pêcheur sympathique, était celui qui les avait retrouvés et aidé; le capitaine.

Mais, malgré sa reconnaissance, Blake n'était pas du matin;

- Jour'.

Elle amorça un mouvement, pour le contourner, mais il se replaça face à elle;

- On arrive au port, expliqua-t-il, serein. C'est mieux si tes amis et toi, vous vous planquez.

Oh. A contrecœur, simplement car l'idée d'être envoyée en taule, ou pire dans les Outer Banks, après tous leurs efforts, l'insupportait, elle fit demi-tour. Dans son dos, le capitaine l'a suivait, alors elle pressa le pas.

- Hé les moches, annonça-t-elle en pénétrant dans la chambre. Faut qu'on se planque, ordre de...Et bah, de lui.

Pointant le type du pouce, elle récupéra son sac, étalé sur son lit de fortune.

Il était devenu bien léger, son contenu n'était plus aussi garni qu'avant, et pour cause, le malheureux avait eu la brillante idée de s'ouvrir, lors du naufrage, déversant ses affaires dans l'océan. Son téléphone avait périt -paix à cette relique-, tout comme ses fringues. Mais, pour leur bien à tous, il restait le plus important; son flingue.

Près de la porte, restait entrouverte, le capitaine donnait ses consignes;

- Bon les amoureux, on approche. Mieux vaut ne pas être à bord sans passeport, okay ?

- Ouais, acquiesça John B. Bien reçu.

- Allez vous planquez sur le pont.

Se levant d'un même élan, ils s'approchèrent de la direction indiquée, un trou dans le plafond, qui donnait sur le "pont". Blake les suivit en traînant des pieds, guettant d'un œil perçant la face de leur "sauveur", elle avait une sale impression le concernant. Ce n'était peut-être rien, mais depuis le début de ses péripéties dans les Outer Banks, elle avait apprit -à ses dépens- qu'il valait mieux pour elle, écouter son instinct.

- C'est là ?

John B, comme toujours, se montrait d'une incroyable naïveté. Son sourire de crétin témoignait de la confiance qu'il accordait déjà à cet homme. Idiot.

Grimpant un petit escalier droit, plus proche d'une échelle, Blake faillit se faire une cheville en loupant une marche. Ses converses avaient pris un sacré coup, durant leurs longues heures baignées dans le sel marin.

- Allez vite, l'encouragea le capitaine. Faut se dépêcher.

- Hé papi, riposta Blake, en s'accrochant à la rampe. Y'a pas marqué "Speedy Gonzalez" sur mon front, je fais ce que je peux.

- Blake, pesta John B.

Atteignant la pièce d'une poussée, elle lui jeta un regard mauvais;

- Quoi ?

- Sois sympa.

Les bras croisés, elle lui offrit une grimace, semblable à un sourire, qui arracha un gloussement à Sarah. La main sur la poignée, le nez levé vers eux, le capitaine les dévisagea..

- Ne bougez pas, ordonna t-il. Restez là.

- D'accord, approuva John B. Merci.

- Ouais c'est ça, râla Blake en se détournant. Merci.

Il claqua la porte grinçante, les laissant seuls.

La pièce était plutôt spacieuse, sauf qu'elle était encombrée -entre autres- d'un nombre de bouteilles incalculables, de la bière, au whisky, en passant par le rhum, tout semblait s'y entasser.

Et si John B s'acclimata à cet environnement avec un sourire, approchant des larges vitres qui faisaient le tour de l'endroit, pour contempler les environs. Blake eut un relent, fichant son nez dans son t-shirt large, pour échapper à l'odeur d'alcool, et de tabac froid, qui imprégnait les murs. Foutu bateau. Foutu ivrognes.

- Wouah, s'exclama le brun, penché sur un comptoir rempli de détritus. Je suis jamais sortie des Outer Banks avant.

- Bienvenue à Nassau, sourit Sarah.

- C'est magnifique.

Il avait raison. L'eau était claire, presque transparente. L'île était empli de végétation, dense et verte, c'était un paysage à couper le souffle. Mais, si Blake partageait l'avis de son ami -elle qui, tout comme lui, n'avait jamais quitté les États-Unis- elle se garda bien de piper mot.

Premièrement, car elle avait peur d'ouvrir la bouche dans ce dépotoir, et secondement, parce que depuis les grands vitrages, elle ne voyait que des maisons luxueuses. Villas, hôtels, ce coin était fait pour les riches. Et elle savait, pour l'avoir vu à Miami, qu'un coté trop claquant en cachait souvent un, bien moins cossu.

- Ça c'est la maison de ma famille.

Le doigt sur le verre, Sarah pointa une grande baraque. Trois étages, bordé de palmiers, et une piscine gigantesque. Blake plissa les yeux. Qui pouvait bien avoir besoin d'une piscine pareille, en vivant, littéralement, sur la plage. Décidément, elle ne comprendrait jamais les gens avec de l'argent.

- Putain, gloussa John B. Une vraie maison de Kook. On pourrait y passer quelques nuits ?

- Chouette idée, se moqua Sarah. Hé papa, j'suis en vie, au fait. Je pense aussi à me marier, on peut s'installer ?

Blake ricana, shootant dans une bouteille en plastique;

- Je suis sûre qu'il va adorer.

- Ou, insista John B. On peut fouiller la maison, voir s'il a pas laissé des trucs. Genre, l'or qu'il nous as volé.

- Ça c'est encore plus stupide que la première idée.

Il pivota sur ses talons, pour faire face à Blake, qui reluquait salement une canette, à moitié renversée.

- Pourquoi ?

- T'es sérieux là ? Gémit-elle. On est en cavales, crétin.

- Oui, et ?

- Donc, conclut Sarah en secouant la tête. On doit vraiment faire attention.

Soupirant de tout son être, il passa une main dans sa tignasse, jeta un coup d'œil à sa copine, puis à son amie, et haussa une épaule;

- Okay, j'ai compris. On va faire gaffe.

Blake rejeta les bras en l'air;

- A la bonne heure !

La cloche se mit à sonner au-dessus de leurs têtes. Signe qu'ils allaient bientôt amarrer. Le soleil, par delà l'horizon, se couchait, laissant des trainés ocre sur l'eau en mouvement. Blake s'étira, lorgnant sur l'extérieur.

Une flopée de touristes se tenaient sur le port, ils vivaient la belle vie. En les observant, rire, manger, danser, son esprit s'égara vers un endroit qu'elle avait gardé verrouillé depuis leur départ. Comme un coup de massue au cœur, les visages de ses proches s'imposèrent. Sienna, Pope, Oliver, et...JJ. Ils lui manquaient tellement qu'elle sentit sa gorge se nouer.

Elle aurait souhaité qu'ils soient là, tous, même Kiara. Elle espérait, désespérément, qu'ils aillent bien. C'était une idée stupide. Comment pourraient-ils aller bien ? Ils les pensaient très certainement morts, emportés dans cette tempête.

Ravalant ses pensées obscures, elle voulut tripoter ses bagues, pour se calmer, mais ses doigts tremblants rencontrèrent sa peau, nue.

- Argh, bordel !

- Quoi ? S'enquit John B, un bras autour de Sarah.

- J'ai oublié mes bagues dans la chambre, éclaircit-elle, en les frôlant. Je reviens.

- Fais gaffe.

Tout en descendant les marches, prudemment cette fois, un rictus narquois fendit son visage;

- Oui papa.

Cependant, sa mine guillerette la quitta rapidement, lorsque, tournant la poignée de la porte, une fois, deux fois, celle-ci ne bougea pas. Elle réitéra une dernière fois, les sourcils froncés, tentant de ne pas céder à la panique. A nouveau, ce fut un échec. La porte était verrouillée.

- Euh, John B ?

- Ouais ?

- C'est fermé.

- Quoi ? S'écria t-il, en se détachant de Sarah.

En trois pas, sautant pratiquement l'échelle, il l'avait rejoint. Il essaya à son tour, en vain. C'est alors qu'ils entendirent les sirènes, très distinctes, de la douane. Ils échangèrent un regard entendu, et un brin affolé.

Ce salopard de capitaine les avait dénoncés.

- Faut se barrer, grogna John B.

Remontant, aussi vite qu'il était descendu, il entreprit de trouver une sortie, tandis que Sarah tournait comme un lion en cage. Blake, elle, poussa un faible râle;

- Et c'est reparti.

Sans tarder, elle aida son ami. Aucune porte. Aucune fenêtre. Et si la solution n'illuminait pas le cerveau de John B, qui ouvrait tout les placard à la hâte, Blake elle, l'eut vite trouvée. D'un geste empressé, elle récupéra l'une des carcasses d'ordinateurs qui traînait parmi le reste de la poubelle qu'était cette pièce.

- Qu'est-ce que tu fiches Bex ? S'inquiéta Sarah.

- Je m'entraine pour le marathon de New York ! A ton avis ? Je nous sors de ce merdier.

D'en bas, plusieurs voix d'hommes se firent entendre. La douane. Merde.

Prise de panique, Blake balança l'ordinateur sur la vitre à sa gauche, avant de reculer dans un soubresaut. Le verre éclata sous l'impact, dans un bruit tonitruant, qui, dieu merci, fut couvert par les bramements des touristes.

- Oh bah merde, souffla t-elle.

Elle restait comme deux ronds de flanc, abasourdie par son geste. Non pas qu'agir avec impulsivité, particulièrement dans les moments de stress, soit étonnant de sa part. Ce qui l'était, c'était la force dont elle avait fait preuve, pour soulever l'objet, et l'envoyer. Elle aurait été excellente au lancé de javelot.

Bien heureusement, au contraire de son amie, John B s'activa immédiatement. Tendant sa main à Sarah, il l'aida à traverser le gigantesque trou, qu'avait créé la blonde. Une fois de l'autre côté, il se tourna vers elle;

- Bex !

Battant des cils, Blake se rendit compte, avec une certaine anxiété, que la porte était en train d'être déverrouillée.

Poussée, comme si un géant lui avait mit son pied au derrière, elle s'élança vers le trou, passant sur le pont, non sans s'être ouvert le dessous de la cuisse avec le verre éméché.

- Sa mère !

Jurant, et grommelant, elle rejoignit Sarah, sautant jusqu'à la berge. John B lui, l'imita avec quelques difficultés, s'écorcha le bras. Au moins, Blake n'était pas la seule blessée.

- Hé ! Hurla une voix grave. Arrêtez !

- Vite ! Aboya John B, en attrapant la main de sa copine. Courez !

Escaladant la clôture, d'un habile mouvement de jambes, ils se retrouvèrent sur la jetée, noire de monde. Ce n'était pas une bonne nouvelle pour Blake, l'agoraphobe, qui sentait dévaler sur sa peau, des sueurs froides, mais ça avait le mérite de rendre beaucoup plus hardi leurs captures.

Les muscles en feu, les trois amis sprintaient à travers le marché, bousculant les gens autour d'eux. John B lançait des coups d'œil affolés par-dessus son épaule. La douane les poursuivait, tout comme les matelots.

- Bex, active !

Juste derrière lui, Blake suivait péniblement le rythme. D'une, elle n'aimait toujours pas courir. De deux, ses chaussures, trouées au niveau des chevilles, rendait la tâche encore plus contraignante.

- Hé, arrête de gueuler ! C'est pas toi qui va te taper des ampoules de la taille du Vatican !

- A gauche ! Avertit Sarah.

Elle effectua un virage si rapide, que les deux autres manquèrent de rentrer dans une charrette, en voulant la copier. Putain de sportive. Forcément, avec son corps d'athlète, pratiquant l'équitation depuis ses trois ans, c'était facile pour elle.

Mais, les cousins, eux, avaient déjà du mal à tenir debout sans tomber, et ne savaient pas faire un pas sans manquer de casser quelque chose. Ils n'avaient peut-être pas le même sang, mais partagaient une maladresse hors du commun.

Se prenant le nez dans une étole, suspendu au-dessus d'un stand, John B faillit basculer en arrière. Blake le retint d'une main sur le dos;

- Bouge espèce d'andouille, on a pas le temps pour le shopping !

Le repoussant de ses deux mains, elle le remit sur pieds. Appréhendant un type, aperçu sur le bateau du Capitaine, John B attrapa le bras de la blonde, la tirant à sa suite.

Il courait vite, et ses grandes jambes étaient un avantage considérable. Après un second virage, bien plus serré, ils trouvèrent Sarah, dos contre une bâtisse, qui leur fit signe de se planquer.

Ahane, Blake manqua de s'écrouler à ses côtés. Sa poitrine montait et descendait, avec la rapidité d'une attraction de parc. Parmi l'agitation du marché, elle reconnut la voix du Capitaine;

- Ils sont où ?

- Chut, intima John B, doigt devant la bouche.

- Droit devant !

Courant à en perdre haleine, lui, suivit des hommes de la douane, foncèrent dans la direction opposée. Ça y est. Ils les avaient semés.

- Oh la vache, exhala Blake.

Accroupis, une main sur son front en sueur, elle décolla ses mèches, inspirant une bouffée d'air.

- Okay, se reprit-elle après un instant. Et maintenant ?

Les fesses sur le bitume brûlant, elle leva le nez vers ses amis, qui se fixaient intensément.

- Je connais un endroit, affirma Sarah, l'air encore hagarde. Suivez-moi.

❃❃❃❃

"L'endroit" de Sarah, n'était autre qu'un hôtel cinq étoiles. Blake ne comprenait pas bien son plan, mais elle s'en fichait. La rue qui remontait jusqu'au bâtiment rose, était jonché d'immenses palmiers, qui offrait à la jeune femme, leur ombres rafraichissantes.

La chaleur était étouffante dans les parages. Blake ne pensait pas cela possible, mais c'était bien pire que les Outer Banks. Son haut lui collait à la poitrine, et ses cuisses se frottaient, sèches. Elle allait avoir de belles irritations.

- Sarah, demanda une énième fois John B, en ajustant son sac. T'es bien sûre de toi ?

- C'est l'endroit le plus sûr.

Blake, reluquant les voitures de luxes, qui s'agglutinaient sur le parking, renifla;

- Ouais, pour les sœurs Kardashian, peut-être. Mais nous ?

- Fais-moi confiance.

Elle aurait bien aimé. Seulement, dans leur état; cheveux sales, vêtement taché, et chaussures jaunies, rien ne prouvait qu'ils pourraient entrer dans un établissement aussi huppé.

Pénétrant dans le bâtiment, non sans avoir essuyé quelques regards désobligeant de la part de clients, rolex au poignet, habillé en vuitton, ils s'arrêtèrent une seconde pour admirer l'endroit. C'était joli, ni trop chic, ni trop modeste. Ce n'était pas assez onéreux pour filer la nausée à Blake, c'était un bon début.

- C'est la classe, souffla John B.

Il regardait chaque centimètre carré, tordant sa nuque dans un sens, puis l'autre, les yeux pétillants. Sarah carra les épaules;

- Faites comme si vous étiez clients.

- Avec cette dégaine ? S'insurgea Blake.

Son ongle pointa leurs mines déplorables, y'en avait pas un pour rattraper l'autre. John B se fit le même constat en lorgnant sur ses baskets noires de crasse. Sarah, elle, plissa les yeux;

- Bex, t'as quoi sous ton t-shirt ?

- Un maillot, pourquoi ?

Un grand sourire illumina la face barbouillée de la blonde;

- Pour rien.

Avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, de s'échapper, ou de la gifler, Sarah s'était collée à elle, et d'un geste brusque, lui avait retiré son haut.

Désormais en maillot rouge, Blake hoqueta de surprise. Sarah, fière, fourra le t-shirt délavé des Gun's N' Roses -qu'elle avait chipé dans l'armoire de son paternel- directement dans le sac de son amie. John B, les yeux écarquillés, guettait de tous les côtés, pour s'assurer que personne n'ait vu la scène.

- Ça, Cameron, tu vas me le payer.

Amusée, Sarah passa son bras sous le sien;

- Ça roule, mais plus tard d'accord ? Oh, et n'oubliez pas de sourire, et de dire bonjour.

Sans desserrer les dents, Blake lui décocha un sourire factice, se laissant entraîner contre son gré, vers l'accueil de l'hôtel. John B, dans leurs dos, saluait frénétiquement toutes les personnes qu'il croisait. S'en aurait été plus comique, si Blake, elle, ne les disséquait pas d'un œil perçant.

Alors qu'ils avançaient d'un bon pas dans le hall, une voix chevrotante les interpella;

- Excusez-moi.

Lentement, avec un air aimable, loin du visage effaré de son copain, et du regard morbide de sa meilleure amie, Sarah fit volte-face.

Un homme brun, dans la trentaine, se tenait face à eux dans une tenue de groom. Et, au vu de son expression revêche, accompagnée la manière, plus que déplaisante, qu'il avait de détailler le trio, il ne semblait pas ravi de les voir dans son hôtel.

- Je peux vous aider ?

Oui, en passant ton chemin, pensa Blake. Fort heureusement, elle garda ses commentaires bien à l'abri dans sa bouche, mordant sa langue.

Sarah se chargea de répondre, parfaite dans son rôle de petite fille riche;

- Vous avez de l'eau en bouteille ? Voss, Fidgi, ou...

- Non.

Il n'était pas dupe, mais pas confiant non plus. A vrai dire, Sarah ne l'aidait pas, elle était aussi confiante que si elle s'était rendue là, quelques semaines auparavant, quand elle était une kook, et pas une fugitive.

- Tout ce que je veux c'est- Ah !

Une femme passa près d'eux, avec trois verres sur un plateau. La blonde les réceptionna avec un large sourire. Elle en ficha un dans les mains de John B, l'autre dans celles de Blake. Cette dernière en dévisagea méchamment le contenu. Qui, sur cette planète, avait eu l'idée de mettre du citron vert dans un cocktail ? Elle détestait le citron vert.

- Merci, fit Sarah en avalant une gorgée. Je suis assoiffée.

Et ils l'étaient vraiment. Entre la chaleur, la course, et le trajet jusqu'à l'hôtel, Blake s'était vu rejoindre l'autre côté, une bonne dizaine de fois. Aussi, malgré sa répulsion face à cet immonde agrume couleur weed qui flottait dans son verre, elle le vida en trois gorgées.

- J'ai hâte de me changer, poursuivit Sarah, se tournant vers elle. A quelle heure est notre réservation ?

Blake avait parfaitement compris pourquoi son amie s'adressait à elle, plutôt qu'a son petit-ami. C'était une menteuse née, lui, non.

Sûre d'elle, elle acquiesça;

- Seize-heures trente.

- Oui, affirma Sarah, en claquant des doigts. C'est ça.

- Une réservation ? Vous, vous avez une réservation ?

Tournant la paille dans le liquide sanguin de son verre, Blake arqua un sourcil vers le groom;

- Évidemment qu'on en a une-

Elle plissa les yeux vers le badge de l'employé, crachant, dédaigneuse;

- Elliott.

Sarah, plongée dans son rôle, balaya ses cheveux dorés d'un geste agacé;

- On a une suite au troisième étage, avec vue sur le port. Ça fait des années que nous sommes des habitués de cet hôtel. Je n'oublierai pas d'informer le directeur de la manière dont vous nous avez reçu, Elliott.

Claquant sa langue sur son palet, elle pivota, s'éloignant à grandes enjambées. Blake pinça sa joue entre ses gencives, pour contenir son éclat de rire, avant de lui emboîter le pas.

A mi-chemin, se rendant compte qu'il lui manquait quelque chose, elle s'arrêta, revint sur ses pas, récupéra John B, qui refusait de lâcher son verre, et le traîna par le t-shirt, jusqu'à la blonde, qui traçait déjà son chemin entre les gens.

- Je peux savoir ce que tu faisais, trouduc ?

- Bah, c'était super bon, je voulais pas gâcher.

Exaspérée, Blake clos les paupières, sentant déjà poindre une migraine fiévreuse.

- Sarah, reprends le, sinon je jure que je vais le frapper, violemment, au niveau du front.

Apeuré, il s'écarta d'un bon mètre, trottinant docilement jusqu'à sa copine. Les mecs...

Grimpant, quatre à quatre, les marches de l'escalier dans lequel les avaient conduits Sarah, Blake s'étonna d'avoir encore la force de faire un seul pas. Ses muscles la faisait souffrir, grâce à son idiot de cousin, sa tête aussi, et en plus, la morsure de la faim commençait à lui ronger l'estomac.

- Bonjour madame, la salua une femme de ménage.

- Euh, bonjour.

Marchant tout près de son charriot, Blake remarqua un petit bloc noir, dépassant d'une poche. Eurêka. Du coin de l'œil, elle vit la dame entrer dans une chambre. Vive comme l'éclair, elle chipa le téléphone, l'enfonça dans son short, et gravit en petite foulées les dernières marches qui lui restaient, rejoignant ses compagnons.

Le toit était un peu glissant, mais la vue en valait la peine. Des kilomètres de bleu, les vagues s'écrasant sur la plage, et le soleil rougeoyant, qui baignait l'endroit d'une aura apaisante. Blake sentit ses poils s'hérisser, et ses yeux s'embuer. Ce paysage était à l'image de JJ.

- Bex, t'as vu ça ?

Clignant des yeux, troublée, elle rendit son sourire à John B, qui donna un coup de coude à Sarah;

- Tu m'avais pas dit que tu vivais sur une plage avec des rouleaux de ouf.

Elle ricana, tirant sur son short, qui lui collait à la peau de ses cuisses;

- On venait souvent quand j'étais petite, avoua-t-elle, nostalgique. Quand on construisait notre maison de vacances, juste là.

Le bras tendu, elle désigna un bout de plage, sur lequel s'élevait, encore plus grande qu'avant, la même baraque qu'elle leur avait montrée, plus tôt, sur le bateau.

John B et Blake, contemplant le vaste porche de la maison, eurent la même pensée;

- C'est là qu'il a caché l'or, déclarèrent-ils, d'une seule voix.

Ils se jaugèrent, une discussion silencieuse s'effectua alors. Leur objectif était le même: récupérer leur butin, sauver le cul de John B, détruire Ward.

- Promettez moi de rien faire de débile, intervint Sarah.

Surpris, ils se figèrent. Blake fixa son attention sur un surfeur, au loin, qui embraser les rouleaux avec sa planche. Quant à John B, il se tourna complètement vers la blonde, tentant d'apaiser ses craintes;

- Sarah Cameron, je fais des trucs stupides tout le temps, sans faire exprès.

Ça ne fonctionna pas.

- Non. Je sais que tu veux y aller, me mens pas. Mais y'a une grille, des patrouilles. C'est dangereux.

- Moins que de rester des fugitifs, rappela Blake, les bras croisés. Sans l'or, on est vulnérable.

- Elle a raison, approuva le brun. Avec cet argent je pourrais me payer un avocat.

- Et une meilleure coupe de cheveux.

- Blake !

Il lui fit les gros yeux, par-dessus son épaule. Elle leva les mains devant elle;

- Pardon.

Secouant la tête, il se retourna vers Sarah, déterminé;

- Je peux être innocenté. On pourrait rentrer à la maison.

La maison. Ce mot percuta le cœur de Blake avec la force d'un trente-huit tonnes. Oui, elle avait une maison, et pour la première fois, elle voulait vraiment y retourner.

- L'or ne sera pas là pour toujours, appuya John B. Si on ne le récupère pas maintenant, c'est foutu. Le monde croit qu'on est morts. C'est parfait. On y va, on saute la grille, on vole l'or.

- Quel plan de génie, marmonna Blake, s'allongeant, la nuque contre son sac. Je le répéterais jamais assez, t'es à chier comme stratège Routledge.

- Bah t'as qu'à le faire toi, le plan, si t'es si maligne.

- Y'a pas de soucis, c'est quand tu v-

- Stop !

Le cri de Sarah, les arrêta net. Les poings sur les hanches, elle ne décolérait pas.

- Aucun de vous n'ira nulle part, menaça-t-elle. John B, t'es recherché. C'est de la folie.

Elle marquait un point, et ils le savaient. Les épaules basses, résigné, John B poussa un soupir;

- Okay.

- Promets que t'iras pas. Promets le moi.

Cette fois, elle était implorante, l'inquiétude la rongeait.

- Je te le promets, sourit le brun.

Claquant sa paume contre la sienne, il scella son pacte. Sarah, visiblement rassurée, émit un petit rire;

- Okay, profitons de notre planque de luxe.

Ils s'installèrent sur des transats, près de Blake, qui bronzait à vue d'œil sous les rayons du soleil. Tandis que les amoureux discutaient doucement, et qu'elle se laissait bercer par le son des vagues, des oiseaux, et du vent, elle se rappela de sa trouvaille.

Tâtant la poche avant de son short en jean, elle en sortit l'appareil. L'écran s'illumina sur les visages souriants de deux enfants, certainement ceux de la femme de ménage, une pointe de culpabilité s'infiltra dans le cœur de la blonde. Elle la rejeta, c'était pour la bonne cause.

Blake fit glisser son pouce dessus. Magie. Pas de code. Swipant entre les applications, elle tomba sur la bonne.

- Et toi Bex, t'en penses qu-

Sarah ne finit pas sa phrase, louchant sur le cellulaire, dans la paume de son amie;

- Où t'as trouvé ça ?

- Dans le cul d'une chèvre, répondit-elle, tapant sur le clavier. Je l'ai volé pardi !

- Emprunté, rectifia John B en se penchant vers elle. Tu vas le rendre.

- Si ça peut te donner bonne conscience Mère Theresa, oui, disons que je l'ai emprunté.

Enfin connectée, elle ouvrit l'appareil photo, tournant la caméra dans le bon angle.

- Qu'est-ce que tu fiches ? S'étonna Sarah.

- Je réveille les morts. Dites "cheese".

Clic. Un geste, et le message parti, de ce téléphone, emprunté à une femme à Nassau, jusqu'à quatres autres appareils, rangés dans des sacs, dans une salle classe des Outer Banks...

- Gigi

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