❝ Tout a commencé avec mon arrivée au lycée.

Ma famille à dû déménager en Corée du Sud à cause du travail de ma mère. Mais ça ne me gênait pas tant que ça. Changer de pays à la même fréquence à laquelle je changeais de chaussettes s'était introduit à ma routine depuis l'école primaire.

J'étais donc habituée à ce que la même chanson se répète depuis une dizaine d'années:

Nouveau pays.

Nouvelle culture.

Nouvelles habitudes.

Nouvelle école.

Nouvelles rencontres.

Puis, devoir partir au moment où je commence à m'affectionner à mon entourage.

À force, j'ai appris à éviter de trop m'attacher à mes camarades de classe, car à chaque fois je n'étais pas prête à leur dire adieu si non au revoir.

Telle est la raison pour laquelle je ne faisais que rester dans mon coin lorsque je suis arrivée à Séoul. Le pire c'est que je me suis faite remarquer dès mon arrivée à cause de mon aspect, de mes origines et de ma grande stature. Initialement, tout le monde tentait des approches, mais en voyant que je n'y accordais pas grande attention, les gens ont subitement changé de comportement envers ma personne.

J'ai vite été cible des harceleuses de ma classe d'après lesquelles je n'étais rien d'autre qu'une "petite bourgeoise qui se croit au-dessus de tout le monde". De là, les moqueries et les blagues de mauvais goût ne faisaient que s'accumuler et venir s'incruster dans mes journées que je voulais juste passer sereinement.

Puis, un jour, quelqu'un déposa une lettre à l'intérieur de mon casier.

"Je te trouve extrêmement mignonne <3". Oui, je me rappelle encore parfaitement de ce qu'il y avait écrit à l'encre bleu sur cette petite feuille déchirée d'un carnet de notes.

Je me mis à sourire initialement. Puis, en me rappelant que personne ne m'appréciait dans le lycée - encore moins dans ma classe -, je pensai qu'il s'agissait d'une blague, alors la lettre finit à la poubelle.

Mais ce ne fût pas la dernière fois que je reçus ce genre de petits mots:

Tous les jours, dès mon arrivée au lycée dans les alentours de sept heures cinquante, je trouvais une lettre à l'intérieur de mon casier, chaque jour toujours plus niaise.

Au fur et à mesure des jours qui passaient, je constatai que l'auteur était toujours le même.

Et il m'en fallut du temps pour me convaincre qu'il ne s'agissait pas d'une blague.

Étant donné que je ne pouvais demander de l'aide à personne pour te retrouver, je dus me débrouiller toute seule.

Alors je décidai de venir un peu plus tôt au lycée. Mais contrairement à mes attentes, personne ne s'était présenté devant mon casier.

Lorsque je suis allée y chercher quelque chose pendant la récréation de la même journée, la lettre y était présente.

"Je te faisais plus maligne que ça :))"

De là, je compris que tu me défiais, et mon côté compétitif ne pouvait que me pousser à accepter.

Des jours et des semaines passés en vain à la recherche de celui qui venait déposer ces foutues lettres dans mon casier...Je ne saisis toujours pas comment tu faisais pour réussir à trouver ces petit instants où j'étais déconcentrée pour venir les déposer sans être vu, et tes petites piques du genre "t'es adorable quand t'es perdue" ou "héhé, retente ta chance demain", n'étaient pas d'aide. Mais au moins, elles me donnaient le sourire.

Mes journées étaient toujours sombres étant donné que je n'avais personne avec qui les passer et que j'étais gratuitement méprisée par quasi tout le monde. Je m'étais donc attachée à toi, malgré le fait que je ne connaissais pas ton identité.

Je t'appréciais au point d'avoir supplié ma mère de rester en Corée du Sud - au prix de rester seule s'il le fallait - lorsqu'elle m'annonça qu'on devait à nouveau déménager.

Elle accepta. À l'époque j'avais dix-sept ans, alors vivre seule et me débrouiller avec l'argent que je recevais chaque mois n'était en fait pas si compliqué.

De toute façon, rien n'était plus difficile que te trouver.

Et tu m'as mise encore plus en difficulté en arrêtant de m'écrire.

J'étais perdue, triste...ta soudaine disparition m'avait particulièrement troublée, plus que je ne l'aurai cru.

Peut-être que t'avais entendu les fausses rumeurs sur moi...

Peut-être que tu ne m'appréciais plus pour une autre raison...

Ou peut-être que t'en avais simplement marre de moi...

L'année scolaire touche à sa fin, et la rentrée des classes de Terminale arriva aussitôt.

Mes vacances furent assez habituelles, je les passai en compagnie de ma famille que je n'avais pas vu depuis un moment, mais un grand sentiment de solitude m'envahissait tout de même. Comme s'il me manquait quelque chose, ou plutôt quelqu'un.

En me dirigeant vers le lycée, je croisai un jeune homme avec le visage caché par une casquette qui fit tomber un bout de papier. Comme l'aurait fait n'importe une personne normale, je ramassai la feuille et l'appelai pour le lui signaler, mais il m'ignora et continua son chemin.

C'est en lisant le "Alors ? Je t'avais manqué? :)", que je compris de qui se cachait derrière cette casquette, je me mis alors à courir pour te rattraper, mais pour mon malheur, tes jambes sont plus longues que les miennes, alors je me retrouvai dans une petite ruelle bien évidemment vide.

Sur le point de m'en aller, je remarquai un énième bout de papier au sol.

Dedans il y avait écrit un numéro de téléphone, le tien.

Je crois n'avoir jamais autant désiré qu'une journée touche à sa fin que ce jour-là. Les heures me paraissaient interminables, je crus rêver quand la dernière sonnerie de la journée retentit.

À peine arrivée chez moi, je ne perdis même pas de temps à me mettre en pyjama, en m'éjectant directement sur mon canapé en laissant carrément mon sac traîner à l'entrée pour pouvoir te parler.

J'allais enfin connaître l'identité du garçon qui hantait mon cœur et mon esprit depuis des mois. En fin de compte, tu as été le seul à te soucier de moi, et tes petits mots que je recevais quotidiennement suffisaient à rendre mes journées vachement meilleures.

J'aurais bien aimé découvrir ton aspect à l'instant, mais tu voulais forcément attendre que l'on se voit face à face. Et quand ce jour arriva, je dois t'avouer que ton visage m'avait énormément surprise. Je te croyais beau, mais pas autant. Et je ne te faisais pas si timide. Une autre chose qui m'avait surprise était que tu sois plus âgé que moi. Lorsque je ne connaissais pas ton identité, je suspectais uniquement les élèves en première

La seule chose dont j'étais sûre après notre première rencontre était que tu ne me laisses pas indifférente. Une bonne connexion s'est installée entre nous dès nos premiers rendez-vous. Et tu ne peux même pas imaginer le trac que j'ai eu quand je t'ai proposé à ce qu'on forme un couple. Il était assez évident que je te plaisais, mais j'étais tout de même très nerveuse.

Et maintenant qu'on est ensemble, la seule chose que je veux, c'est que mon année de terminale finisse pour qu'on puisse se voir plus souvent, Kay.

Je pense ne jamais pouvoir te remercier assez pour tout ce que tu m'as apporté.

À force d'entendre quotidiennement des mauvaises remarques à mon égard, elles ont fini par entrer dans ma tête, et je perdais petit à petit toute confiance en moi, en commençant à croire que j'étais un être insignifiant qui n'avait pas sa place dans le monde.

Mais savoir que j'étais attirante aux yeux de quelqu'un et qu'on ne me détestait pas, m'a énormément aidée à sortir du trou.

Grâce à toi je suis passée de me sentir rien à me sentir tout.

Grâce à toi je sais ce que ça fait de se 𝓼𝓮𝓷𝓽𝓲𝓻 𝓼𝓹𝓮́𝓬𝓲𝓪𝓵𝓮 ❞