Il avait tout planifié à la perfection. Chaque sourire, chaque mot d'encouragement, chaque soirée que Jimin passait à pleurer sur son épaule. Les fleurs, les bougies, les repas romantiques, tout se déroulait sans accroc.

Sauf à la fin.

Jungkook n'avait pas pensé à la fin.

Il se laissa donc aller à faire semblant. Il se laissa croire pendant une semaine que la fin n'était pas inévitable. Il se laissa vivre dans un monde imaginaire en sachant très bien que c'était temporaire. Les jours où il rentrait à la maison et trouvait Jimin dansant dans la cuisine en chantant dans une cuillère en bois ou les nuits où il se réveillait en sueur froide en quête d'air pour ensuite trouver Jimin recroquevillé sur le côté, souriant dans son sommeil, il se demandait à quoi il pensait.

Mais il y a bien longtemps qu'il avait abandonné l'espoir d'une fin heureuse.

Jungkook passa beaucoup de temps cette semaine à penser à l'inertie. L'idée qu'un objet en mouvement resterai en mouvement – c'était ce qu'il ressentait. Il était allé trop loin pour changer de cap maintenant.

Parfois, la nuit, en fixant le plafond pendant que Jimin ronflait doucement à côté de lui, il entendait la voix de Namjoon dans sa tête lui rappeler que ce n'était pas exactement vrai - un objet en mouvement resterai en mouvement à moins qu'une force extérieure n'intervienne.

Il pensait qu'il n'y avait pas de force extérieure assez forte pour arrêter cela.

C'était presque choquant de voir à quel point il était simple de détruire la vie de quelqu'un. Il suffisait d'un simple coup de fil à un ancien camarade de classe pour que tout se mette en place.

« D'accord, j'admets que le café ici est meilleur »

« Je te l'avais dit », dit Jungkook avec un sourire, en caressant la jambe de Jimin sous la table.

« Je ne sais pas comment tu peux boire ça », dit Jimin, en hochant la tête vers la tasse de chocolat chaud que Jungkook sirotait, nappé de crème fouettée et de guimauves.

« Je n'aime pas le café, qu'est-ce que tu me veux ? En plus, c'est délicieux »

« J'ai encore mal aux dents à cause de cette seule gorgée »

« Mensonges », dit Jungkook en riant, en prenant une grande bouchée de crème fouettée sur le dessus. « Que des mensonges, c'est la perfection. C'est toi qui bois de l'acide »

« C'est du café. Étonnamment, certaines personnes boivent du café dans les cafés »

« Mais sans lait ni sucre ? Ça ressemble à de l'eau sale »

« Ce n'est pas parce que mes papilles sont plus raffinées que – »

« Raffinées ? », rigola Jungkook, en embrassant la légèreté du moment, en sachant que cela ne durerait pas longtemps. « Comment ta boisson peut-elle être raffinée et pas la mienne ? »

« Je ne fais pas les règles », dit Jimin avec un sourire et un petit haussement d'épaule.

Malgré la belle après-midi dehors, le café était bondé. Chaque minute, la cloche au-dessus de la porte sonnait lorsque de nouveaux clients entraient, faisant la queue devant le caissier pour commander la boisson de leur choix. Jimin et Jungkook étaient assis à la fenêtre de devant, dans une alcôve qui leur offrait un peu plus d'intimité que les tables éparpillées un peu partout. Mais la vue de l'avant du magasin leur était également obstruée, si bien que Jungkook fut surpris d'entendre une voix familière appeler son nom.

« Jungkook, qu'est-ce que tu fous ici ? », c'était Yoongi. Il se dirigeait avec un sourire, en s'arrêtant brièvement pour regarder derrière lui et saluer quelqu'un d'autre, probablement Taehyung. « Hé Jimin, ce type t'a finalement laissé quitter l'appartement ? »

« Hé – », marmonna Jungkook. Mais son cerveau fonctionnait mal. Yoongi n'était pas censé être là. Personne n'était censé être là.

« En fait, je suis presque sûr qu'il a dû me traîner dehors », dit Jimin avec un sourire. « Prends des chaises, assieds-toi avec nous »

« Tu es sûr ? Je ne voudrais pas interrompre un rencard », Yoongi les taquinait tous les deux, il s'avança même et donna un coup de coude suggestif à l'épaule de Jungkook.

« Ne t'inquiètes pas pour ça », répondit Jimin avant que Jungkook ne puisse répondre.

« Tu sembles bien silencieux, Jungkook », dit Yoongi après avoir apporté deux chaises et les avoir installées à la petite table circulaire.

« Je ne fais que penser », il pensait juste à la façon dont il était foutu.

« À quelque chose en particulier ? »

« Non », Jimin lui lança un drôle de regard, avec ses sourcils froncés et son front plissé. « Je pense juste »

Yoongi n'eut pas l'occasion de répondre, l'arrivée de Taehyung avec son verre l'avait suffisamment distrait pour que la conversation puisse tourner sur un autre sujet. Jungkook n'écoutait qu'à moitié, ne prêtant attention qu'à chaque fois que Jimin riait ou que Yoongi le poussait. Au lieu de cela, il se concentrait sur la fenêtre, étudiant les piétons qui passaient. Il était 15h, il allait arriver d'une minute à l'autre.

« Jungkook – Oh, Jungkook. Qu'est-ce que tu fais ? », la tête de Jungkook se leva pour regarder Yoongi qui agitait une main devant son visage. « Pourquoi tu es si distrait aujourd'hui ? Tu veux qu'on parte ou quoi ? »

Jungkook n'eut pas l'occasion de répondre par l'affirmative. Il n'eut même pas l'occasion de regarder Jimin une dernière fois avant de sentir une main sur son épaule et une voix familière le saluer.

« Jungkook, mon pote, ça fait une éternité »

Jiwon - il avait été diplômé du programme Archidémon un an avant Jungkook et bien qu'ils n'aient jamais eu de cours ensemble, ils s'étaient liés par une aversion commune pour les essais d'histoire un soir à la bibliothèque et Jungkook le considérait comme un ami depuis. Lorsqu'il avait appelé Jiwon pour lui demander de l'aide pour son examen final, l'Archidémon n'avait même pas hésité avant d'accepter.

En secouant la tête, Jungkook essaya de se sortir de la transe dans laquelle il était enfermé. Il n'allait pas y avoir de seconde chance, il n'avait pas d'autre plan. Il fallait que cela fonctionne.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? », répondit-il en souriant avant de se lever et d'enlacer l'autre Démon. En se retournant vers la table, il fit un geste vers ses amis, « Tu te souviens de Yoongi. C'est Taehyung et c'est Jimin »

Jiwon fit un sourire à Yoongi mais ne fit qu'un signe de tête vers les Anges, son sourire vacillant. Sans même demander, il prit une chaise derrière eux et la fit pivoter, de sorte que sa poitrine soit pressée contre le dossier. « Tu ne croiras pas qui je viens de croiser il y a quelques semaines, Jinhwan. J'ai entendu dire que cet idiot avait réussi à finir son examen avant toi », il fit un sourire à Jungkook et haussa ses sourcils. « Une pilule amère à avaler, j'imagine. Mais j'ai entendu dire par quelques personnes que tu as concocté quelque chose d'assez épique »

« Je suppose – », dit Jungkook en haussant les épaules, en s'asseyant à nouveau sur son siège. Il pouvait sentir les yeux de Jimin sur lui, mais il les ignora volontairement, en regardant plutôt son chocolat chaud maintenant tiède, la crème fouettée fondue dans le néant.

« Examen ? », souffla Yoongi.

« Je croyais que tu n'avais plus à finir l'examen ? », demanda doucement Jimin. Quand Jungkook leva les yeux, Jimin avait l'air presque attentif, ses sourcils haussés et ses lèvres légèrement entrouvertes, roses et gonflées. Il avait l'air magnifique. Et plein d'espoir, attendant clairement que Jungkook se tourne vers ce nouveau venu et le renvoie.

À ce moment-là, il ne souhaitait que recevoir un dernier baiser. Juste une fois de plus pour sentir la douceur de ses lèvres, pour appuyer son visage contre le creux de l'épaule de Jimin et écouter son cœur battre.

Inertie, Jungkook pensa à lui-même. Inertie.

« Bien sûr que je dois finir mon examen », dit Jungkook, ses yeux s'éloignant alors du visage de Jimin et revenant vers Jiwon. « Jinhwan est un idiot. Il devrait apprendre à se taire. Je suppose qu'il s'en rendra compte à l'annonce des résultats »

« Putain, de quoi tu parles, Jungkook ? », c'était Yoongi, cette fois, qui se pencha en avant et attrapa le col de la chemise de Jungkook, le forçant ainsi à le regarder.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« De quel putain d'examen tu parles ? »

Il regarda Yoongi et put voir le moment où son ami comprit. En lâchant le col de la chemise de Jungkook, Yoongi se pencha en arrière sur sa chaise et écarta la main de Taehyung qui essayait de saisir son bras. Yoongi se dégonflait comme un ballon qui s'échappait lentement, ses épaules se penchant vers l'avant jusqu'à ce qu'il puisse presque poser sa tête sur la table. Taehyung lui parlait, mais il y avait un bruit de bourdonnement dans l'oreille de Jungkook et il ne pouvait pas distinguer un seul mot.

« Tu n'allais jamais abandonner, n'est-ce pas ? », c'est la voix de Jimin qui coupa le bourdonnement et Jungkook le regarda automatiquement. Il avait l'air presque stoïque, la courbe de son dos était droite, ses bras étaient soigneusement repliés sur ses genoux. Même ses yeux, caractérisés par leur chaleur et leur rire, étaient froids et ne clignaient pas.

L'inertie.

« Non, en effet »

« Espèce de connard – », c'était Taehyung et avant que Jungkook ne puisse bouger, l'Ange éleva son poing, pour lui claquer directement dans le nez. Jungkook entendit le craquement, mais ne sentit rien. « Espèce de putain de connard », les bras de Yoongi s'enroulèrent autour de la taille de Taehyung qui l'éloigna physiquement de la table. Taehyung se battait cependant, griffant les bras de son petit ami pour revenir vers Jungkook, qui le regardait simplement, ignorant le sang chaud qui coulait de son nez.

« Qu'est-ce que tu as fait ? », chuchota Jimin, avec ses yeux rivés sur le sol avant de les lever pour regarder directement Jungkook. Il pleurait, les larmes coulaient le long de ses joues. « Qu'est-ce que tu as fait, Jungkook ? »

« Je t'ai dit de ne pas coucher avec un Démon, Jimin. Je t'avais prévenu. C'est trop tard maintenant »

« Tu ne comprends pas », hoqueta Jimin, il pouvait à peine parler. « Je ne peux plus rentrer chez moi maintenant. Ils vont me couper les ailes »

« Précisément »

Jungkook s'attendait à ce que Jimin crie, supplie, rampe pour avoir une seconde chance. Mais il était silencieux, fixait ses mains alors que les larmes coulaient sur ses joues et s'infiltraient sur son haut. Aucun d'eux ne parla, le silence s'allongeant maladroitement, jusqu'à ce que Jimin se retourne enfin vers lui, l'expression presque résignée.

« Pourquoi moi ? Pourquoi m'as-tu fait ça à moi ? », il entendit la question sans même que Jimin ne la dise – je croyais que tu m'aimais ?

« Tes ailes »

« Quoi ? »

« Tes ailes. Ces putains de plumes », il fit un geste vers elles, et ses lèvres se plissèrent. « Je n'arrête pas de penser à ces putains de plumes »

« Mes plumes ? », bégaya Jimin, son expression stoïque vacillant un instant, il les regarda rapidement avant de rencontrer les yeux de Jungkook.

« Oui, tes plumes. Tu sais que j'en ai une ? Une plume, je veux dire. Je l'ai depuis des siècles, depuis notre première rencontre dans la classe du Musée d'Histoire Céleste. Elle est tombée quand tu es parti et je l'ai gardée depuis. Tu sais que je me masturbe avec ? », il vomissait des mots, les écoutant se répandre sans aucune volonté d'arrêter. Pourtant, alors qu'il parlait, la pression dans sa poitrine se relâchait pour la première fois depuis des mois et il se sentait presque soulagé. « Je ne peux pas jouir sans ça. Putain, Jimin. Je suis accro à tes plumes. Je suis accro à toi. Je pense à toi toute la journée, je rêve de toi chaque nuit. Tu m'as détruit à toi tout seul. Tu es ma plus grande faiblesse et je ne peux pas avoir de faiblesse. Je ne peux pas être faible – Je ne suis pas faible, je suis un putain d'Archidémon », il était essoufflé et transpirant quand il s'arrêta de parler, comme s'il venait de courir dans la rue, avec chaque muscle tendu tandis que sa tête palpitait.

Jimin resta silencieux, ses mains saisissant légèrement le bord de la table, ses yeux fixés sur la tasse de café vide devant lui. Son visage était rouge, ses yeux injectés de sang et gonflés, et il semblait trembler. Jungkook le regardait, en retenant ses propres larmes alors qu'il voulait que l'Ange lève les yeux, le regarde. Peu importe qu'il ne reçoive pas le même regard chaleureux et affectueux auquel il s'était tellement habitué, il voulait juste voir ses yeux une fois de plus.

Quand Jimin leva finalement les yeux, lui et Jungkook étaient dans leur propre monde. Tout autour d'eux fondit - Taehyung et Yoongi, Jiwon, les autres clients du café - jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'eux. Jungkook s'attendait à de la haine, à un minimum de colère, mais Jimin le regardait avec empathie.

« Je t'aime, Jungkook », dit finalement Jimin, d'une voix douce, mais ferme. « Je t'aime depuis plus longtemps et plus férocement que tu ne l'as jamais réalisé »

« Jimin – »

« Non. Tu as déjà parler, maintenant c'est mon tour », il prit une longue respiration hésitante quand Jungkook se tut, puis il continua, « J'ai toujours su que t'aimer me briserait. Ou comme tu l'as si bien dit, je savais que je ne devrais pas baiser avec un Démon. Je le savais avant même que tu ne le dises. Je me serais arrêté si j'avais pu, mais tu as enveloppé mon cœur et c'était fini, c'était la fin pour moi », il riait et pleurait en même temps. « Qu'est-ce que tu veux, Jungkook ? Qu'est-ce que tu veux vraiment ? »

Il cracha la réponse qu'il disait depuis des années, les mots étaient automatiques et robotiques. « Je veux être un Archidémon. Je veux être le meilleur Archidémon », sa bouche était sèche, comme s'il avait mangé du sable, et il avait du mal à respirer.

Jimin inclina la tête un moment avant de hocher la tête fermement.

« Je ne comprends pas », commença Jungkook, en ne s'arrêtant que lorsque Jimin se leva de table.

« Il n'y a rien à comprendre », en faisant le tour de la table, Jimin s'arrêta à côté de Jungkook et utilisa ses deux mains pour lui caresser les cheveux, avant de les enrouler autour de son cou. « Je veux que tu sois heureux, Jungkook. Je veux vraiment ça pour toi », en se mettant sur la pointe des pieds, Jimin se pencha en avant et embrassa un coin de sa bouche, puis l'autre, avant de presser complètement ses lèvres contre celles de Jungkook. C'était un baiser chaste, comparé à tous ceux qui l'avaient précédé, mais Jungkook tremblait lorsque Jimin se retira finalement.

En retirant ses mains du cou de Jungkook, Jimin fit un pas en arrière et s'arrêta, avant de se retourner et de sortir du café à un rythme effréné. Taehyung était tout près derrière lui, criant le nom de l'Ange. Yoongi, de son côté, se détourna vers la table et pendant une seconde, Jungkook pensa qu'il lui pardonnerait peut-être, que ce n'était pas la fin de leur amitié.

Puis le poing de Yoongi le frappa au visage. Non préparé et déséquilibré, Jungkook se renversa en arrière, emportant la table avec lui, les tasses et les assiettes se brisant en tombant par terre. Lorsqu'il revint à lui-même un moment plus tard, avec la tête qui tournait et le visage douloureux, Yoongi était déjà dehors, à la poursuite de Taehyung. Il ne jeta pas un seul regard en arrière.

« Putain, mec », dit Jiwon, en rompant le silence. « C'était génial. Tu vas avoir de sacrés notes, putain », il attrapa le poignet de Jungkook et le mit en position debout. « Je suis impressionné »

« Je ne comprends pas », dit Jungkook, surtout à lui-même, bien qu'il ait supposé que c'était aussi à Jiwon.

« Comprendre quoi ? Tu l'as fait, tu as passé l'examen. Tu veux prendre un verre pour fêter ça ? »

« Il n'était même pas en colère. J'ai pensé qu'il me crierait dessus. Hurlerait. Jetterait quelque chose. Il m'a juste, il m'a regardé comme si c'était moi qui souffrait »,  Jiwon haussa seulement les épaules. « Je ne comprends pas », en poussant Jiwon, Jungkook se précipita vers la porte et sortit dans la rue, en regardant frénétiquement autour de lui pour trouver Jimin, Taehyung ou Yoongi.

Mais ils étaient partis.

La vie se déroula tranquillement, le courant de banalité tirant lentement Jungkook vers la mer.

Il n'avait jamais vraiment compris ce que signifiait être seul jusqu'à ce qu'il retourne à son appartement et trouve des petits morceaux de Jimin partout. Une chaussette sous le canapé, une chemise qu'il avait mise dans le lavabo, une boîte de biscuits qu'il avait placée dans l'armoire - partout où il se tournait étaient des rappels silencieux de ce qu'il avait eu. De ce qu'il avait perdu.

Aucun de ses amis ne l'avait contacté - d'anciens amis, supposait-il - pas de visites de Namjoon, pas d'invitations à dîner de Seokjin, pas même un mot de colère de Yoongi. Il avait su que cela allait arrivé, il avait pensé qu'il était préparé. Il s'était trompé.

Sa vie devint un jeu d'attente. Chaque jour, il quittait son appartement tôt le matin et vérifiait dans la boîte aux lettres les résultats de ses examens finaux. Lorsque la boîte était inévitablement dépourvue de lettres, il prenait le premier train pour Aequus où il passait la journée en marchant simplement. Il ne s'était jamais soucié de sa destination finale - le but n'était pas un point de repère d'aucune sorte - c'était un visage, un visage qu'il espérait apercevoir dans la foule, et une paire d'ailes dont il continuait de rêver chaque nuit.

Mais il ne retrouva jamais Jimin.

Un jour, il repéra Namjoon, le nez enfouit dans un livre à la gare. Il s'approcha de lui lorsque le Démon leva les yeux et le repéra. Avec un soudain regard de panique, il s'était enfui, dévalant un des tunnels puis un autre jusqu'à ce que Jungkook soit perdu dans un labyrinthe de pierre et de béton. Il décida de rentrer chez lui à pied ce soir-là.

Jungkook se rendit compte qu'il était resté près de trois semaines sans dire un mot à une autre âme vivante lorsqu'il arriva au bureau de son mentor et trébucha sur le mot « Bonjour ». Son mentor ne sembla pas s'en apercevoir, mais il fit un geste pour qu'il s'assoie sur une haute chaise en cuir près de la cheminée.

« J'ai tes notes d'examen »

« Vraiment ? », Jungkook s'étouffa pratiquement avec ses mots, en se tenant droit. « Je pensais qu'ils allaient m'être envoyés par courrier »

« C'est le cas, normalement », l'esprit de Jungkook allait dans tous les sens, mais au premier plan, il y avait l'échec. Il avait accompli la tâche, l'Ange était tombé. Il n'avait plus rien à faire, il avait lu les règlements, les sous-règlements. « Mais je voulais être celui qui te le dirait, te féliciter en premier, pour avoir reçu la meilleure note de ta classe »

Jungkook ne respira pas pendant un instant, le poids des mots se pressant dans sa poitrine jusqu'à ce qu'il ait du mal à respirer. « J'ai obtenu la meilleure note ? », son mentor hocha la tête. « C'est – je – »

« Tu devrais être très fier de toi. En fait, ton score est l'un des plus élevés que le Conseil ait jamais vu au cours du siècle dernier. Tu devrais avoir le choix de n'importe quel service »

« Quelle est ma note ? », demanda Jungkook, l'estomac caillant.

« Un 920 »

Il s'attendait à un 750, peut-être un 800. 920, ça n'avait pas de sens.

« Monsieur, il n'y a pas moyen que j'aie gagné un 920, il doit y avoir une erreur »

« Je sais qu'avec ton retard, tu t'attendais probablement à quelque chose de plus bas, mais je pense que le Conseil a apprécié ton flair pour le dramatique. Ça fait un moment qu'on n'a pas vu un ange perdre ses ailes »

Pendant un instant, tout s'arrêta.

« Comment ça, perdre ses ailes ? »

Son mentor se tenait debout, en s'avançant vers un chariot de bar qu'il gardait sur le côté. Après s'être servi un grand verre de scotch, il se retourna vers Jungkook, visiblement confus par sa question.

« Jimin n'a pas perdu ses ailes. Il est à Aequus. Je ne lui ai pas fait perdre ses ailes. Il a toujours ses ailes »

Lorsque son mentor secoua la tête et fronça les sourcils, Jungkook essaya de se lever, même s'il sentait le monde tourner autour de lui. « Je dois partir », il fit quelques pas en avant, en gémissant tandis qu'il cognait son tibia contre la table basse, puis son genou contre la lampe. Il pouvait entendre son mentor dire quelque chose, mais ceci était noyé dans un bruit aigu qui lui grondait aux oreilles.

Une fois dehors, Jungkook sprinta, la nausée et la panique ne faisant que l'inciter à poursuivre sa course en se basant uniquement sur ses souvenirs. À gauche, à droite, à travers le parc, et dans la rue avec les chênes. Ses poumons et ses jambes le brûlèrent lorsqu'il tourna au coin de la rue et s'engagea sur un chemin de gravier qui ne s'arrêtait que lorsqu'il entrait en collision avec la porte d'entrée. En levant le poing, il frappa contre le bois.

« Bordel de merde, qui diable – », entendit-il à travers la porte et un instant plus tard, il fixait Seokjin. « Jungkook ? »

« J'ai besoin de parler à Namjoon », il pouvait à peine respirer et fut forcé de se pencher en avant, en plaçant ses deux mains sur ses genoux. Seokjin ne répondit rien, il posa seulement une main sur son épaule, doucement.

« Prends une grande respiration. Oui, comme ça. Une autre. Oui, parfait », les mots de Seokjin étaient apaisants, sa voix était amicale et familière après des semaines de silence. Il avait envie de pleurer. « Viens, Namjoon est dans son bureau », en enroulant un bras autour de la taille de Jungkook, il le fit entrer et le conduit dans le couloir. « Hé bébé », il entendit Seokjin parler.

« Qui était – », commença Namjoon, en s'arrêtant à la minute où ses yeux se posèrent sur Jungkook.

« Nam-nam-joon », tenta de dire Jungkook. Il se sentait étourdi, ses doigts étaient engourdis alors qu'il essayait d'essuyer la sueur de son visage. Le bras de Seokjin était toujours autour de sa taille, frottant doucement sa côte par petits mouvements circulaires. « Où est Jimin ? », tout ce qu'il voulait faire, c'était fermer les yeux et s'effondrer sur le canapé dans le coin, mais il se força à se concentrer sur Namjoon, qui posa le stylo plume qu'il tenait et tourna sa chaise pour lui faire face.

« Il est sur Terre »

« Pourquoi – Pourquoi est-il sur Terre ? Il n'est pas censé être sur Terre. Il est censé être ici », Jungkook sanglotait, son visage s'effondrait tandis qu'il se penchait à nouveau vers l'avant, en enroulant ses bras autour de sa taille alors que son ventre se serrait douloureusement.

« Viens, asseyons-nous », dit Seokjin.

« Non, non, je ne veux pas m'asseoir. Je veux juste comprendre. Je veux comprendre pourquoi il est en bas et moi en haut. Ce n'était pas censé être comme ça. Ce n'est pas censé se terminer comme ça »

Avant qu'il ne puisse cligner des yeux, Namjoon était devant lui, ses mains prenant en coupe ses joues, sa prise solide et chaude. « Respire avec moi. Inspire et expire. Encore une fois »

« Je suis désolé, Namjoon », dit Jungkook avec un petit hoquet. « Je suis tellement désolé »

« Je sais, je sais », ses mains tombèrent du visage de Jungkook et il faillit grogner à cette perte, jusqu'à ce qu'il sente les bras de Namjoon s'enrouler autour de son corps, le tenant alors contre sa poitrine.

Seokjin était toujours à côté d'eux et Jungkook sentit sa main tendre, caresser les cheveux de Jungkook, avant de placer un petit baiser sur sa tempe. « Je vais faire du thé »

« Pourquoi irait-il sur Terre ? Je ne comprends pas »

« Tu ne devrais vraiment pas avoir cette conversation avec moi. Je n'étais pas là »

« Dis-moi juste. Dis-moi la vérité »

« Je sais seulement ce que Yoongi m'a dit – »

« S'il te plaît »

« Jimin est retourné au Paradis. Il est retourné au Paradis et ils ont pris ses ailes »

Jungkook se sentit tomber et il était reconnaissant que Namjoon soit là pour le rattraper. Il le transporta à moitié sur le canapé et l'allongea sur le côté, où Jungkook se recroquevilla rapidement en boule. Namjoon s'assit à côté de lui, en passant doucement sa main dans ses cheveux, en laissant le silence s'installer. « Qu'est-ce que j'ai fait ? », demanda Jungkook, d'une voix crue et étouffée. Namjoon ne répondit pas, il n'en avait pas besoin.

Jungkook s'endormit avant que Seokjin ne revienne avec le thé.

Lorsqu'il se réveilla, la pièce était sombre et il était enveloppé dans une épaisse couverture qui sentait la vanille et la cannelle. Il était désorienté au début, mais il ne lui fallut qu'un instant pour se souvenir de tout : Seokjin, Namjoon, sa note d'examen. Jimin. En se roulant sur le dos, il prit une longue respiration et s'étira, en gémissant en sentant ses muscles commencer à se contracter. En s'effondrant sur les coussins, il attrapa un des coussins décoratifs et le serra contre sa poitrine tout en fixant le plafond.

Jimin était sur Terre.

Il pensait avoir pris en compte tous les résultats de son examen final, toutes les fins, les bonnes comme les mauvaises. Pas une seule fois il n'avait pensé que c'était possible.

Les ailes de Jimin.

Pendant un instant, il se demanda ce que le Gouvernement Céleste avait fait des ailes qu'il avait prises aux anges. Y avait-il une unité de stockage quelque part, empilée en hauteur avec des ailes ? Les plumes tombaient-elles une fois détachées de l'Ange ? Rien que l'idée de voir les belles plumes de Jimin se décomposer lentement au néant fit verser plus de larmes à Jungkook. Il était censé se sentir accompli, fier, fort - comme un Archidémon. Pourtant, tout ce qu'il voulait vraiment, c'était que Namjoon revienne et l'enlace à nouveau.

Tout était silencieux, à l'exception d'un éclat de lumière traversant la porte fendue, et l'horloge à côté de lui indiquait minuit et demi passé. Jungkook supposa que Namjoon et Seokjin étaient endormis jusqu'à ce qu'il entende un bruit sourd venant de l'extérieur de la pièce, puis le léger battement de pieds tandis qu'ils passaient dans le couloir, se dirigeant vraisemblablement vers la cuisine.

« Tu le laisses rester ici ? », siffla une voix.

« Bien sûr que oui, il s'est évanoui. Je ne vais pas le jeter sur la route inconscient »

« Je l'aurais fait »

« Ai un peu de – »

« Vous avez oublié ce qu'il a fait tous les deux ? Ou vous vous en fichez ? »

« Bien sûr qu'on s'en soucie, ne sois pas un putain d'idiot », c'était Seokjin, réalisa Jungkook, les voix devenaient un peu plus fortes en continuant à parler.

« Vous avez une drôle de façon de le montrer. Je n'ai même pas pu dire à Taehyung où j'étais »

Yoongi, c'était Yoongi.

Jungkook s'assit, en jetant la couverture avec l'intention de faire irruption dans la cuisine. Mais il s'arrêta à la porte, sa tête tombant en avant en entendant son ami - son ancien ami - continuer à parler.

« C'est un putain de connard. Je l'ai su à la minute où il est revenu du Programme, il était différent mais vous deux, vous m'avez convaincu qu'il avait juste besoin de - quel était le mot Namjoon ? Se réacclimater ? »

« Yoongi – je pense que tu devrais lui parler. Il ne savait même pas que Jimin était sur Terre »

« Putain, qu'est-ce qu'il pensait qu'il allait arriver ? C'est tellement typique. Tu le défends toujours, à chaque fois. Mais je ne suis pas comme toi. Si tu penses que je vais lui pardonner, tu te trompes lourdement »

En posant une main sur le mur, Jungkook appuya son front contre celui-ci et ferma les yeux, en ne prenant pas la peine d'arrêter ses larmes.

« Yoongi – », soupira presque Seokjin.

« Vous savez quoi », Yoongi riait et Jungkook sentait son corps trembler. « Ce n'est même pas le truc de l'Archidémon pour moi. On est des putains de Démons, j'ai compris. Je comprends que je suis l'homme bizarre qui sort avec Taehyung. J'ai compris. Mais c'est aller trop loin. Il aurait pu choisir n'importe qui, faire n'importe quoi, mais il a convaincu un Ange qui était amoureux de lui pour qu'il puisse quoi ? Passer un examen et obtenir une bonne note ? Vous voyez comme c'est tordu ? Retirez Teahyung une seconde, oubliez qui est Jimin, même si c'était un ange au hasard, c'est vraiment horriblement mal »

« Il s'est entraîné pour être un Archidémon, il va être un Archidémon, avec tout ce que cela implique. Ce n'est pas un Démon quelconque. Qu'attendais-tu d'autre de lui ? », c'était Namjoon maintenant, sa voix était plus calme que les deux autres.

« Mais ça ne rend pas ça excusable, pas pour moi. Il a choisi d'être un Archidémon, même quand nous l'avons tous mis en garde contre ça et il va devoir vivre avec les conséquences maintenant »

« Nous ne sommes pas en désaccord avec toi. Nous ne l'avons pas cherché, nous ne l'avons pas vu depuis que tu nous as tout dit. Il est arrivé cet après-midi »

« Vous auriez dû lui claquer la porte au nez »

« Tu sais quoi, si tu veux rester assis ici et nous faire la morale, tu peux dégager », cria presque Seokjin, mais il sembla réaliser que Jungkook était à quelques portes d'ici et se calma, sa voix étant à peine audible maintenant. « Ce n'est pas de sa faute si Jimin a décidé de descendre sur Terre »

« C'est la partie la plus tordue de tout ça, n'est-ce pas ? », répondit Yoongi. « Jungkook a si bien mentit, il était si convaincant, que Jimin a en fait sacrifié ses ailes pour rendre ce connard heureux »

« Il ne lui a pas demandé de le faire. Tu ne peux pas mettre ça sur le dos de Jungkook »

« Vraiment ? »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Ne pouvait-il pas simplement le séduire ? Le droguer ? Fait quelque chose de tordu comme ça ? », il y eut un silence pendant une seconde. « Mais non, il a décidé de convaincre Jimin qu'ils étaient en couple, de convaincre Jimin de l'aimer si inconditionnellement qu'il donnerait toute sa vie pour lui »

« Je comprends ce que tu dis, Yoongi, mais Jimin est un adulte. Il prend ses propres décisions. Il aurait pu rester à Aequus, il aurait pu garder ses ailes. Est-ce que les actions de Jungkook étaient merdiques ? Bien sûr. Mais c'est un Archidémon. Tu dois comprendre ça »

« Crois ce que tu veux. Tu n'étais pas là, Namjoon. Tu ne les as pas vu lui couper les ailes, tu ne l'as pas entendu pleurer. Tu sais ce qu'ils font en premier ? Ils lui arrachent les plumes, une par une, jusqu'à ce que les ailes soient nues, juste du muscle et de la peau. Mais ce n'est même pas le pire. Tu savais qu'un Ange ne saigne pas ? Tu les coupe, ça guérit. Mais une fois que leurs ailes ont disparu, ils ne sont plus des Anges. Merde, il y avait tellement de sang Namjoon. Ils cautérisent la blessure – mais pas assez vite. Jimin était assis là dans une mare de son propre sang pendant des minutes, les mains couvertes de sang, il les regardait »

Namjoon répondit, mais Jungkook n'écoutait plus. Namjoon avait raison, ils avaient tous raison. Il aurait pu faire n'importe quoi, utiliser n'importe quel Ange, mais il avait été si fier, si incapable d'accepter ses propres faiblesses qu'il avait pensé que les éteindre était sa seule option. Il se souvenait encore de la joie qu'il avait ressentie en parlant de son plan à son mentor.

Jimin lui avait demandé ce qu'il voulait et il avait répondu comme il l'avait toujours fait, sans se soucier des autres. Égoïste.

Mais il avait menti, il avait menti à Jimin.

Le monde bascula à nouveau, emportant Jungkook avec lui. Il était à genoux, ses ongles creusant les murs peints, sa respiration erratique et douloureuse, lui brûlant les poumons. Il rampa vers la porte, la poussant pour qu'elle heurte le mur derrière lui. Il se releva, glissa sur le plancher de bois et utilisa les murs pour se rattraper.

Ils le regardaient, leurs expressions étaient un mélange de choc et d'horreur. Yoongi était assis, Seokjin appuyé contre le comptoir, les bras croisés, et Namjoon avait les deux mains fermement posées sur la table, son corps était penché vers Yoongi. Aucun d'entre eux ne bougea, même lorsque Jungkook couru vers eux, frôlant la collision avec la table alors qu'il tournait à droite et saisissait le comptoir. En trouvant la première poignée du tiroir, il l'ouvrit, jeta un coup d'œil et la referma, avant de passer à la suivante.

Namjoon disait quelque chose, il pouvait entendre le doux bourdonnement de sa voix, mais les mots le traversaient. La main de Seokjin était sur son dos, il attrapait sa chemise. La chaise de Yoongi bascula sur le sol tandis qu'il se levait.

Tout était flou et le bourdonnement était de retour.

Namjoon était maintenant derrière lui, les bras autour de sa taille, le tirant en arrière, loin des tiroirs. Mais peu importe, il avait trouvé ce dont il avait besoin.

« Jungkook, pose ça – », dit Seokjin, et Jungkook cligna des yeux vers lui, sa main s'ajustant autour du manche d'un grand couteau, en savourant la fraîcheur de se toucher. Il était plus lourd que ce qu'il avait imaginé et il le fit pivoter vers l'avant plusieurs fois, coupant l'air sans réfléchir.

« Jungkook – », c'était Yoongi maintenant, sa voix était vacillante. « S'il te plaît, il faut que tu poses ce couteau »

Pensaient-ils qu'il allait leur faire du mal ? Une partie de lui, un écho au fond de sa poitrine, avait mal à cette pensée. Ses amis pensaient qu'il pouvait leur faire du mal.

Ils se dirigeaient vers lui, en l'encerclant. Il se sentait acculé, nerveux, en colère. Tout son corps vibrait et il se sentait comme un fil de fer tendu entre deux poteaux, usé et déchiqueté.

Quand Yoongi toucha son bras, le fil vacilla. « Ne me touche pas », s'écria Jungkook, en agitant le couteau dans la direction de son ami, en regardant avec horreur Yoongi se reculer, le visage cendré. « Ne me touche pas », est-ce qu'il pleurait ? Son visage était humide, mais il avait froid, très froid.

En regardant le couteau, il fit courir son doigt le long du bord, en regardant à quel point il se tranchait si facilement le doigt. Il ne pensait qu'à Jimin, Jimin, Jimin. Le sang sur ses mains, le sang, le sang, les ailes.

Il n'y avait aucune hésitation, pas même une lueur de doute, lorsqu'il souleva le couteau au-dessus de sa tête. Tout le monde criait, bougeait d'un seul coup - Namjoon attrapa son bras, Seokjin sa taille, Yoongi son visage.

C'était trop tard, tout était trop tard.

Il balança le couteau vers le bas, tranchant directement sa corne gauche. Il l'entendit claquer au sol, mais ne sentit presque rien. Yoongi criait quand il souleva de nouveau le couteau et le passa ensuite dans sa corne droite. Lorsqu'elle tomba au sol, le fil se rompit et Jungkook eut l'impression de voler, l'esprit et le corps en apesanteur, détaché du monde qui l'entourait.

Il sourit.

Tout bougeait au ralenti lorsqu'il tomba finalement au sol, son front claquant contre le carrelage avec un grand fracas. La dernière chose qu'il entendit fut la voix de Namjoon avant que le monde ne s'assombrisse.

Un homme marchait dans la rue, un bouquet de marguerites fraîchement coupées dans une main, un sac de sport dans l'autre. Des ondulations brunes et hirsutes lui tombaient devant les yeux à chaque pas, bien qu'une grande entaille sur son front soit encore visible, fraîchement cousue et encore crue. Il avait l'air perdu pendant un moment, avant de tourner dans une longue et étroite allée bordée de plantes vivaces, qu'il suivit jusqu'à ce qu'il atteigne un porche en bois fraîchement peint. En montant l'escalier, il s'arrêta à la porte, laissa tomber son sac sur le sol et déplaça les fleurs dans son autre main. Il frappa une, deux ou trois fois, avant de reculer et de saisir les fleurs à deux mains.

La porte s'ouvrit, révélant un bel homme blond avec un sourire chaleureux et accueillant.