Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𝟔.

・゚: *・゚:*    *:・゚*:・゚

Une semaine s'est écoulée depuis l'altercation entre Taehyung et Hoseok et la découverte de sa lettre de licenciement. C'est largement suffisant pour fomenter son projet machiavélique qu'il trépigne de mettre en œuvre. Suffisant pour s'octroyer un petit relooking qui correspond mieux avec son état d'esprit actuel.

Il avait raccourci ses cheveux lui-même ce soir-là puis le lendemain, avait troqué sa couleur châtain contre une teinture noire comme de l'encre reposant au fond d'un encrier. Il avait pris soin de se débarrasser de ses bouclettes en les lissant longuement et en veillant à ne pas se cramer avec le lisseur, outil dont il ne se sert qu'en de rares occasions. Puis sur un coup de folie, il s'est ramené chez un tatoueur le surlendemain. Un salon de tatouages de quartier qui n'attire pas foule à l'étendard daté, répondant au nom de The Skin Canvas. Une partie de son salaire est partie dans deux tatouages de serpent noir, un de chaque sur ses avants-bras. Souvenir du meilleur photoshoot auquel il avait participé, rappel gravé dans sa chair de ce qu'il est devenu et de sa renaissance. Le contact entre les aiguilles et sa peau douillette fut douloureux, Taehyung ne regrette pas du tout de se les être fait tatouer.

Tout comme il ne regrette pas en ce moment même le scénario qu'il s'apprête à réaliser.

Nous sommes la veille du départ d'Hoseok pour l'Italie. Quelques heures à peine avant son décollage pour Milan. Comme il n'avait plus de véhicule, Tae avait pris soin d'en louer un pour deux jours. On est loin du confort de son ancien carrosse, mais ce n'est pas très grave. Au moins, elle roule et peut l'amener jusqu'à sa destination tant convoitée. Reprendre le volant lui a demandé un effort surhumain, tant le souvenir de son crash routier est encore tout frais. Toucher le cuir de ce dernier lui avait ravivé des flashbacks éprouvants, lui avait provoqué un début de crise d'angoisse avant d'appliquer durant plusieurs minutes ses techniques respiratoires avec le psychiatre qu'on lui avait attitré à Severance qui le soulagèrent. C'est avec cette même voiture que Taehyung se gare aux abords de la villa de son aîné aux cheveux décolorés qui se dresse majestueusement dans la pénombre.

Elle se trouve dans un coin reculé de Séoul, en périphérie de la ville. Comme il l'avait constaté en menant son enquête sur un ordinateur mis à disposition par un PC Bang de la ville, incognito. En trifouillant un peu sur le web, en s'enfonçant dans des sites de plus en plus douteux, il avait fini par trouver son adresse postale laissée par des utilisatrices sur un forum. Sans doute des sasaengs, avait songé Tae devant l'écran. En temps normal, l'ex-mannequin déteste de tout son être leur intrusivité et le manque de respect qu'elle témoigne envers leurs idoles et toute cette obsession dont elles peuvent faire preuve. Il n'y avait pas échappé non plus, entre les filatures et les photos prises à son insu dans les rues de la capitale qui l'avaient partagé entre peur et énervement. Pourtant, dans ce contexte-ci, il ressentait presque l'envie de se créer un compte exprès pour remercier cette anonyme d'avoir mis en ligne ces précieuses informations.

Les rumeurs à propos de la baraque dont le platiné est l'heureux propriétaire n'étaient pas une légende finalement. Cette maison ressemble à un palace, au logement typique que tous les riches rêveraient d'avoir tant elle semble gigantesque. Rien à voir avec son appartement. Lentement, Taehyung coupe le contact du véhicule et sort. Pour passer le plus inaperçu possible, il s'était habillé de vêtements noirs de la tête au pied. Bottines en cuir à talons plats, pantalon de costume, col roulé qu'il remonte jusque sous son nez tel un masque, gants en cuir. Spectre déambulant dans les ténèbres, sous un éther sans étoiles.

Il inspire un grand coup. Une dernière bouffée d'oxygène avant de plonger en eaux profondes, avant de laisser cette rage reprendre le dessus sur sa raison. C'est parti, pense-t-il alors.

Il traverse alors la route en vitesse pour aller jusqu'au trottoir d'en face. Puis il remonte le talus recouvert d'herbes et en se cachant discrètement derrière les arbres plantés sur le terrain. Tout a l'air calme. Petit à petit, en se rapprochant de la maison – qui est bien plus impressionnante de près – un clapotement parvient jusqu'à ses oreilles. Puis c'est avec ébahissement qu'il découvre une piscine illuminée, qui rend l'eau presque aussi bleue qu'un ciel d'été. Trois transats aux couleurs secondaires sont disposés autour de cette dernière, avec une petite table basse à côté de chacun d'entre eux. Un robot s'y trouve tout au fond, sans doute pour préserver la propreté du bassin. Sa pupille observatrice quitte cette étendue azurée pour se poser sur la demeure qui se tend droit comme un pic devant lui et qu'il analyse attentivement.

Taehyung note alors que la baie vitrée donnant accès à la pièce principale est mal fermée, une fois rapproché de celle-ci. Ce qui laisse un infime espace pour passer ses doigts et pousser cette large fenêtre en verre. Chose que Tae fait puis entre sans faire de bruit avant de refermer derrière lui, repositionnant la baie vitrée de la même façon qu'il l'avait trouvé quelques secondes plus tôt.

Une odeur désagréable voire infecte monte dans la pièce à vivre subitement. Un étrange mélange entre la senteur typique de la nicotine et... de la majijuana ? Taehyung n'en est pas sûr à cent pour cent, mais il ne veut plus qu'une seule particule de ce relent immonde n'entre dans ses narines. Lui qui pensait abaisser le col de pull histoire de respirer un peu, ce n'est même pas la peine d'essayer. Il le remet illico sur son nez et se lance dans l'exploration du platiné, tâte le terrain pour mieux connaître ce nouvel environnement, mini-lampe torche à la main.

Un certain désordre y règne. Des sacs plastiques contenant des flacons de comprimés aux noms imprononçables et des seringues jonchent le comptoir de la cuisine, des cadavres de bouteilles d'alcool – de vodka, pour être plus précis – sont entassés. Neuf au total. L'évier croule sous une montagne de vaisselle encore sale. Dans le salon, ce n'est guère mieux. Des tas de papiers s'accumulent sur la table basse face au canapé en cuir. Parmi ces documents, on retrouve des ordonnances pour des médicaments en tout genre, des factures d'électricité et d'eau en plus du loyer... Et encore des carcasses de bouteilles en tout genre : du vin – à en croire l'étiquette, ce n'est pas le vin bon marché qu'on retrouve à la supérette du coin – et des bières dont Taehyung ne reconnaît aucune marque, l'alcool ne faisant pas partie de ses péchés-mignons.

Puis un dossier agrafé attire son attention parmi toute cette paperasse, qu'il saisit et lit en diagonale. Un document de plusieurs pages avec ce cachet apposé qu'il peut reconnaître d'entre mille. Cette institution qui a fait de lui l'un des mannequins les plus adulés le temps que quelques années à peine avant sa déchéance, celle qui a modelé l'insecte inoffensif qu'il était en prédateur aux crocs acérés. Taehyung avait pensé que sa colère aurait disparu, qu'il serait passé outre les récents événements qui l'ont conduits jusqu'ici, à la périphérie séoulite. Que nenni.

Sa rage n'avait fait que grandir et s'imposer sur sa raison, grignoter les quelques restes de discernement dont il était encore capable durant cette période. Maintenant, il n'en est rien. Quelque chose de terriblement mauvais a pris éveil au plus profond de son âme meurtrie et trahie, quelque chose qui prend aux tripes, qui vous dévore, vous galvanise au point de vous rendre fou. Sa furie est devenue une cage dans laquelle il tourne inlassablement, dans l'attente d'être libérée. Et la vue de ce contrat qui a lui échappé rédigé par la matriarche de Némésis Corporation, de ce tampon de l'agence et de la signature de ce dépravé d'Hoseok...

Taehyung le déchire encore, encore, encore et encore jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Non, cette rage qui le ronge ne s'est aucunement apaisée. Au contraire, elle s'est aiguisée tel un couteau et il n'a qu'une hâte : l'abattre sauvagement sur Hoseok et récidiver jusqu'à ce qu'il voit son étincelle de vie s'éteindre ses yeux et que sa dépouille baigne dans une marre vineuse. C'est avec ce nouvel élan de colère qu'il reprend son exploration.

Peu importe la pièce où se rend l'ancien mannequin, le désordre se ressent partout. De l'extérieur, la villa ressemble à ces maisons idéales qui ont l'air presque truquées sur les annonces immobilières tant elles semblent irréelles. À l'intérieur... Le lieu a plus l'allure d'un squat et cela en dit long sur la personnalité méprisable de son aîné.

Taehyung redouble de concentration et de discrétion tandis qu'il monte les escaliers à pas de loup. Son cœur palpite fort et vite, son objectif est tout proche. De là où il se trouve, il commence peu à peu à avoir une vue sur une chambre... Qui semble vide.

Une fois arrivé à l'étage, Taehyung constate avec frustration qu'il n'y a personne dans cette chambre où des pantalons, des chemises et autres parsèment le parquet. Il peut même apercevoir en dessous du lit simple aux draps défaits encore des bouteilles vides de liquides alcoolisés en tout genre, des sacs plastiques contenant des seringues usagées, des flacons à moitié vides de cachetons et – Qu'est-ce donc cette poudre blanche dans ce sachet transparent ?

Le châtain n'a pas le temps de se poser davantage de questions sur cette trouvaille cocasse car un bruit aussi inattendu que soudain le pousse à se redresser aussi vite que l'éclair, ses sens en alerte. Une mélodie saturée parvient jusqu'à ses oreilles et le volume monte, monte, monte jusqu'à devenir inaudible. Cette musique ne vient pas de cette pièce. Elle provient d'une pièce voisine. Il n'est pas seul dans cette baraque et ce simple constat ravive cette excitation morbide chez l'ex-mannequin, le fait sourire à s'en faire mal aux muscles de ses mâchoires. Bientôt, ce seront les cris de détresse de son bourreau qui empliront l'air ambiant, en plus de ces notes de guitare électrique déstructurées. Ce mélange insolite étanchera sa vengeance à la perfection.

Taehyung abandonne cette chambre pour progresser jusqu'à cette porte d'où il peut lire une pancarte en bois où est inscrit dessus d'une écriture élégante « Chambre » ; cette dernière barrière qui le sépare du fantasme au passage à l'acte, ce mur qui l'isole de la vésanie. Ses palpitations cardiaques déraillent, ses pensées chimériques remuent son crâne, ses entrailles se tordent sur elles-mêmes à force de s'impatienter. Tandis que Tae croit reconnaître les paroles de cette chanson aux sonorités Nu-métal ainsi que la voix du chanteur, il s'aperçoit que la porte, tout comme la baie vitrée plus bas, est entrouverte. Un faible faisceau de lumière traverse cette ouverture et se dessine sur le sol obscur, comme une ombre au soleil.

Taehyung longe le mur sur sa gauche, évitant ce rayon étincelant et se cache derrière la porte. Son cœur cogne tellement fort qu'il se demande s'il ne sortira pas de sa poitrine dans les prochaines minutes. Son plan initial se résume à faire la peau d'Hoseok. Le reste, le déroulement en détails de ce projet n'est que pure improvisation et adaptation en fonction de la situation dans laquelle il se retrouve. Puis il attend quelques secondes, réfléchit et–

Il ouïe un gémissement strident qui manque de le faire sursauter. Puis un autre, suivi d'halètements qu'il réussit malgré le volume maximal de la musique à entendre. Taehyung ne comprend pas ce qui est en train de se passer.

I don't know your fuckin' name,

So what ? Let's fuck !

Non seulement, Tae reconnaît enfin la chanson dont la basse émet une tintamarre infernale. Mais en plus de cela, lorsqu'il daigne jeter un coup d'œil à travers l'embrasure de la porte, il tombe sur une scène auquelle il n'aurait jamais dû assister. Une scène qui lui refile juste l'envie de se crever l'orbite qui lui reste et les tympans avec.

Juste face à lui dans cette chambre désordonnée où encore une fois l'alcool et la drogue sont disséminés un peu partout par terre, Hoseok est de dos, s'abandonnant à la luxure, les mains cramponnées sur les barreaux du lit double comme si à tout moment son corps pouvait lâcher, son corps montant et descendant inlassablement, en quête de la saccade finale qui l'amènerait au Septième ciel. Taehyung, avec horreur, identifie sans problèmes les tatouages sur les mains et les bras de cet homme qui empoigne les hanches du platiné avec avidité. Jungkook est là aussi, en train de succomber au péché de la chair; le tout sur le tube entraînant et obscène A.D.I.D.A.S de Korn. C'est quoi ce bordel ? pense Taehyung à cette vue impure.

Leur chorégraphie horizontale semble décousue et désespérée et les lattes grincent, craquent sous leurs poids et leurs mouvements frénétiques. Tae n'aurait jamais cru ces deux-là partager le même lit, surtout au vu du malaise apparent du tatoué en présence de la Mégère. Quelle info a-t-il pu louper ? Pourquoi, en y songeant de plus en plus, tout cela lui paraît extrêmement malsain ? Quelle putain de lien unit ces deux-là ?

Perturbé par la vue de ce spectacle pour le moins singulier, la réincarnation de Tisiphone galère à s'emparer de l'arme de point cachée dans la poche interne de sa veste. Une fois celle-ci attrapée, il pointe son revolver sur Hoseok et essaie de viser sa tête avant d'actionner le chien. Un léger mouvement sur la droite puis un peu plus haut, la cible est verrouillée. L'angle est idéal pour l'achever. Une fois la balle logée dans son crâne, tout sera terminé. C'est le moment de profiter de cette aubaine tendue sur un plateau doré, tant que personne ne le remarque.

Cependant, Tae n'y arrive pas. Quelque chose, une force invisible, l'empêche d'appuyer sur la détente de ce revolver dégotée dans une boutique d'armes au bord de la fermeture définitive. Sa poigne tremble autour du Smith & Wesson, sa poitrine brûle et son cerveau, lui, n'en parlons même pas. Il peut le faire. Il peut le tuer sans éprouver une once de remords, en puisant sa force dans le puits de sa souffrance. Un seul geste peut mener à la libération de l'un, à une perdition dans la Fournaise pour l'autre... De cet homme répugnant, ivre de jouissance et s'ébattant comme un animal sauvage, à la plastique et à personnalité factices ; qui n'a aucun scrupule, ni regret pour actes innommables commis. Un seul coup coup de feu et le calvaire de Tae prendra fin.

Pourtant, rien ne se déroule comme il l'avait prévu. Son doigt reste figé sur cette fichue détente, dans l'incapacité de bouger d'un millimètre. Pourquoi doute-t-il maintenant, face au point de non retour ? Pourquoi a-t-il si peur de ce qu'il s'apprête à commettre ? Pourquoi n'est-il pas fichu de tuer sans en avoir gros sur la conscience ?

Taehyung se mord les lèvres à sang, se bâillonne aussi fort que possible, se retenant d'exploser et de bramer. Dans cet instant d'irritation dirigée vers lui-même, Tae relâche sa concentration et oublie qu'il doit rester à couvert. Il est malheureusement trop tard lorsqu'il s'en rend compte et entrecroise le regard ahuri de Jungkook qui est rivé sur lui et qui hurle à Hoseok de se pousser. Par réflexe et peur d'avoir été surpris, l'ancien châtain braque à nouveau son arme et tire, sauf qu'il manque son coup ; les deux énergumènes ayant réagi plus vite que lui et qui se ruent sur sa personne.

Taehyung se rétracte et court en sens inverse aussi vite qu'il peut. Au moment de descendre les escaliers, il sent une force le tirer vers l'arrière et le plaquer contre le mur, ce qui lui coupe le souffle.

Hoseok le toise, en sueur, quelques mèches décolorées plaquées sur le front, le regard fou décortiquant son visage masqué.

— Mais regardez qui voilà... On entre par effraction chez moi et on essaie de me buter ?

Tae ne dit rien, tentant de retrouver un rythme cardiaque correct.

— Tu m'épates, j'aurais jamais cru que tu franchirais ce cap, remarque Hoseok. Mais t'as l'air d'avoir la mémoire courte alors laisse-moi te la rafraîchir deux petites secondes.

Ce dernier agrippe violemment la trachée du plus jeune, qui se débat comme un beau diable alors qu'il sent l'étau se resserrer, l'emprise de cette poigne puant la sueur et la cigarette se refermer sur sa pauvre gorge. L'oxygène s'amenuise, la panique coule dans ses veines et il observe avec épouvante son aîné approcher la pointe d'une paire de ciseaux près de sa pomme d'adam.

— La différence entre toi et moi, c'est que je ne recule devant rien pour atteindre mes objectifs. Je peux te trancher le cou dans la minute qui suit si l'envie me prend. Je peux également faire de tes prochaines minutes un calvaire. J'ai cette adrénaline, cette fougue qui me permet de concrétiser mes désirs. Tu ne m'arrives pas à la cheville, petit Adonis... Tu as encore beaucoup à apprendre. Regarde-toi, mon pauvre. Tu es à deux doigts de t'évanouir... Tu es insignifiant.

Douloureusement, Taehyung sent la pointe aiguisée de l'objet tranchant s'enfoncer dans sa chair qui le fait grogner. Derrière eux, Jungkook est là, les bras ballants et ses cheveux noirs en bataille, l'air inquiet.

— Jung, lâche-le, tente-t-il d'abord.

— Est-ce que je t'ai causé, mon grand ? demande d'une voix apathique le décoloré, sans détourner son regard vitreux de sa victime.

— Tes conneries ont assez duré. Tu as obtenu ce que tu voulais, non ? Alors relâche-le avant d'envenimer les problèmes.

Dans une lenteur effrayante, Hoseok pose ses yeux sur le tatoué, le visage déformé par une irritation latente.

— Je te rappelle que mes conneries sont aussi les tiennes, que tu le veuilles ou non. Je crois que tu t'es mal regardé dans la glace ces derniers temps, petit conseil : tu ferais mieux d'ouvrir bien grand tes quinquets de camé et garder en tête que t'es loin, très loin d'être blanc comme neige. On peut peut-être te donner le bon dieu sans confession avec ta belle gueule, mais j'ai vu ton vrai visage et il est aussi ignoble que le mien. N'essaie pas de jouer aux rebelles, Apollon. Tu risques de perdre ce petit jeu. Tu m'appartiens, ne l'oublie pas.

— En te dénonçant aux flics, je me libérerai de tes chaînes. Et tu seras là où est ta place : derrière les barreaux, pour tout le mal que tu nous as fait subir. J'en ai assez de tout ça !

Un rire hystérique traverse les lippes du platiné qui manque de s'étrangler avec sa salive. Pendant ce temps, Taehyung étudie leur « différend » calmement. Sa petite voix intérieure lui murmure que cette discorde pourrait jouer en sa faveur, s'il reste vigilant. Hoseok éloigne la paire de ciseaux pour la pointer en direction de Jungkook.

— Alors tu vois aucun inconvénient de te dénoncer pour le sabotage des freins de la bagnole de notre cher Adonis ici présent, si je suis convoqué chez les flics n'est-ce pas ?

Le tatoué se renfrogne. Hoseok rit à gorge déployée. Taehyung, quant à lui, dévisage Jungkook, la pupille tressautante. Pour une surprise, celle-ci en est une et une belle.

— Tu m'as fait pression ! se défend tant bien que mal l'ébène.

— C'est donnant-donnant avec moi et tu le sais depuis le jour où t'as donné ton accord, Jeon ! Mon ascension dans le mannequinat, ta dose de dope en échange !

— Je suis pas un objet, Hoseok ! tonne Jungkook. Ça suffit !

— Tu joues les rebelles mais tu reviens toujours la queue entre les jambes comme un toutou avec son maître. Vois les choses en face. Tu as besoin de moi, Jungkook.

Tandis que les deux acolytes semblent partis pour une longue querelle pleine de semonces, Tae n'a toujours pas quitté du regard Jungkook, regard qui se métamorphose de seconde en seconde en dague affûtée. Ce mec qui l'a harcelé à ses débuts avant de pleurnicher et de s'excuser lamentablement est donc le véritable auteur de son accident ? Qu'est-ce qui ne va pas chez eux ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez ces monstres matrixés par cette industrie inhumaine ? Pourquoi s'être excusé s'il avait la sordide intention de lui ôter la vie en toute âme et conscience ?

Les voix d'Hoseok et Jungkook ne sont plus que des échos lointains, de même pour la musique de fond qui les accompagne. Plus rien n'existe autour de Taehyung. Rien à part ce bourdonnement assourdissant qui retentit dans son crâne, des violons et violoncelles imaginaires qui entonnent une symphonie macabre ; une ode hurlant de leurs cordes « malheur à tous ». Misère à ce monde qui l'a brisé, qui l'a fait renaître et mourir, à ces deux hommes malveillants qui méritent d'être six pieds sous terre.

Alors Taehyung ne réfléchit pas et obéit à cette véhémence, à cet appel de violence déchaînée qui pulse dans son âme et se répand dans ses muscles. Parce qu'il est désormais cette haine colossale, chaque cellule constituant son enveloppe corporelle en est imprégnée et cette fois-ci, il ira jusqu'au bout de son plan. Taehyung ne ressent plus rien à part ce néant cafardeux qu'est sa furie.

À tire-d'aile, il s'extrait de la poigne d'Hoseok et le projette contre le mur d'en face. Son dos et sa tête claquent contre la surface dure, ce qui le tord en deux de douleur et l'ex-mannequin, devenu l'allégorie même de la rage, pointe son canon sur Jungkook. Celui-ci panique, lève les mains en signe de résignation et recule, sous l'effet de cette peur grandissante que Taehyung lit son visage.

— Par pitié, Taehyung, je suis déso–

Une première balle se loge dans le bras, ne laissant pas Jungkook terminer son excuse. Un cri de douleur sort des lippes de ce dernier. Ce n'est pas assez. Il faut que cet homme souffre le martyr, qu'il agonise pour son comportement. Peu importe si Hoseok lui avait fait du chantage ou non, Jungkook n'avait pas contesté et s'était plié à ses exigences. Il n'avait rien fait pour protéger Taehyung, absolument rien. Il n'avait que tenté de précipiter sa date de péremption. Pathétique. Ce mal-aimé est juste pathétique et cette absurdité ne fait qu'accroître les sentiments acidulés de Tae à son égard.

Taehyung s'approche avec rapidité de lui et lui assène un coup de crosse dans le nez. Un crac affreux retentit, Jungkook tente d'attraper le revolver de Taehyung malgré l'hémoglobine qui commence à s'écouler. Leurs bras respectifs en l'air, le plus jeune administre un coup de pied dans le ventre de son aîné, ce qui l'étourdit quelques secondes. Il saisit cette occasion en or pour lui donner un autre coup de flingue dans le visage avant de tirer, tirer encore, tirer, tirer jusqu'à ce que son flingue soit vide, que Jungkook tombe par terre et ne se relève plus. Quand Tae reprend ses esprits, le souffle irrégulier, il remarque cette carcasse en charpie, couverte de trous vineux, au regard noyé et éteint, à moitié nu. Son revolver n'a plus de munitions et Jungkook vient de trépasser de ses mains.

Il lui jette un dernier regard et pivote de quelques degrés en direction du platiné qui s'est statufié, le regard perdu sur le cadavre de son partenaire de crime, le souffle court. Il se tient au mur derrière lui et semble au bord de l'évanouissement. Une senteur âcre commence à envahir l'air et ne fait que rendre l'atmosphère plus lourde encore. Taehyung jette son flingue par terre, objet devenu complètement inutile, avant de se tourner complètement vers Hoseok qui se fond un peu plus contre le mur, tétanisé. Celui-ci s'abaisse à la hâte pour récupérer sa paire de ciseaux et la pointe d'une main tremblante en direction du noir de jais. Tel un prédateur, Tae marche à pas lents vers lui, prend tout son temps pour se délecter de cette terreur qui distord ses traits faciaux. Hoseok ne peut pas le voir mais sous son col roulé, Tae est ravi, un vilain rictus aux lèvres.

— Jungkook se salissait donc les mains à ta place... Tu es plein de courage, dis-moi.

— Recule, recule ! Si t'approches, j'te plante !

— Où est donc passé le mec bourré d'adrénaline qui ne recule devant rien pour assouvir ses envies ? Parce que, là...

L'ancien mannequin marque une courte pause avant de reprendre d'une intonation sévère et pleine de mépris :

— Je ne vois qu'un putain de lâche qui s'attribue un faux rôle. Tu t'es laissé aveugler par cet amour-propre que tu te voues, par cette folie des grandeurs qui t'habite et cette jalousie mal-placée qui te ronge. Tu te penses supérieur aux autres, mais tu es le plus faible de nous tous. Au lieu de faire tes preuves, tu te rabaisses à manipuler à ta guise, à abuser de la confiance des autres pour qu'ils fassent le sale boulot à ta place et dans l'espoir de rester parmi les meilleurs. La bassesse de l'humanité stockée en une seule et même personne : toi, Mégère.

— Foutaise ! Arrête d'avancer, je vais te tuer ! Je vais tuer, t'entends ?!

— Beaucoup de menaces en l'air, mais très peu d'actes... Comme c'est drôle.

Taehyung finit par encercler son aîné de ses deux bras, toujours sans rater une seule miette de cet affolement maculant les lèvres et les yeux du plus vieux. Sous lui, Hoseok paraît presque aussi inoffensif qu'une mouche. Il tremblote, tente piteusement de faire preuve d'intimidation envers lui mais cette tentative échoue. Comment le prendre au sérieux alors qu'il ne réussit même pas à aligner deux mots sans bafouiller, à tenir correctement son arme improvisée sans qu'elle manque de glisser de sa main, le tout en caleçon ?

Dans cette étincelle de peur lanternant dans son regard dilaté, Taehyung se régale. Parce qu'il peut lire au fond de ses rétines qu'Hoseok comprend qu'il est fait comme un rat et qu'il n'aurait jamais dû sous-estimer son jeune camarade.

Quelques malheureux centimètres séparent leurs faciès respectifs. Taehyung fait une action qu'il n'aurait jamais osé faire il y a encore quelque temps.

Doucement, il abaisse d'une de ses mains gantées le col de son pull et rabat ses cheveux vers l'arrière, révélant alors les cicatrices qui zèbrent la partie gauche de son faciès. Hoseok ne bronche pas, contemplant avec effroi le résultat de sa mégalomanie.

— C'est... C'est... bredouille le platiné.

Avec soudaineté, Taehyung frappe de sa main droite le mur, à proximité du visage botoxé du blond platine qui ferme instinctivement les yeux et s'égosille, paralysé par le coup imprévisible de son cadet. Taehyung approche sa bouche d'une des oreilles d'Hoseok et murmure de sa voix grave :

— Te souviens-tu de ce que tu m'as dit ce jour-là ? Qu'avec ma nouvelle apparence, je devrai me reconvertir dans le cinéma d'horreur ?

Hoseok donne pour seule réponse un geignement, ce qui ne plaît pas du tout au plus jeune des deux qui lui écrase l'un de ses pieds de sa bottine. Un énième hurlement de sa part et il se met à pleurnicher, suivi par le bruit de l'impact des ciseaux par terre. Taehyung commence à prendre goût à martyriser son ancien bourreau et se délecte de ses pleurs, de la douleur qu'il lui inflige.

— Réponds-moi quand je te pose une question, c'est très mal poli de m'ignorer.

Il prononce cet ordre tout en comprimant davantage avec sa chaussure le pied non-protégé de son aîné qu'il sent se tendre.

— Oui, oui, je m'en souviens ! finit par répondre Hoseok, tout en peinant à respirer.

— Tu vois, tu sais obéir toi aussi. Ça tombe bien que tu t'en souviens...

Taehyung recule, contemple avec insensibilité son ancien tourmenteur et dit, la menace enguirlandant ses cordes vocales :

— J'espère que tu aimes frissonner parce que mon visage sera la dernière chose que tu verras et je compte bien tourmenter tes rêves, même dans l'au-delà...

Hoseok, pris de soubresauts, secoue de gauche à droite la tête et va jusqu'à proposer à Taehyung de faire tout ce qu'il voudra, en énumérant une liste non-exhaustive de propositions qui ne font ni chaud ni froid chez le nouveau tortionnaire. Ce changement radical de comportement chez son aîné fait rire intimement Taehyung.

On est prêt à faire beaucoup de choses pour que l'on soit épargné, même à se retrouver humilié, par instinct de survie. C'est dans la nature même de l'être humain et c'est exactement ce que fait Hoseok : marchander sa vie contre des trucs insignifiants, dont Tae n'a que faire. Tout ce qu'il désire est que ses mains soient colorées de la sève vermillon du faux blond. Ses baragouinages insensés l'emmerdent plus qu'ils ne le passionnent alors, juste parce qu'il en a assez et qu'il ressent cette pulsion folle de mettre à feu et à sang son aîné, Taehyung le balaye de sa jambe.

Hoseok chute brutalement, Taehyung l'empoigne par ses cheveux, tout en n'omettant pas la précieuse paire de ciseaux qui repose non-loin d'eux, et le traîne au sol sous ses cris paniqués. Ils passent alors devant le corps inerte de Jungkook, dans lequel Tae shoote dedans pour se frayer un chemin dans la plus grande indifférence sous les mirettes horrifiées de son aîné face à son geste cruel, face à ce « crac » dégoûtant suite au coup donné. Jungkook ne mérite ni son pardon, ni son empathie. Juste d'être bouffé par les vers jusqu'à la moelle osseuse. Taehyung aurait pu offrir une mort rapide au commanditaire de sa mort, comme c'est le cas pour le tatoué. Cependant, Tae a un tout autre programme en tête. Un dessein plus fun, plus jouissif, plus... Sanguinolent.

Combien de temps peut tenir un corps sous la torture ? C'est avec cette question tournoyant dans son crâne désaxé que Taehyung jette comme un malpropre Hoseok dans cette chambre où il l'avait découvert quelques minutes plus tôt avant de fermer à clé derrière lui. Hoseok n'a plus aucun moyen de s'enfuir. Le seul moyen pour y parvenir est d'emprunter la porte que Taehyung vient de refermer, étant donné qu'il n'y pas de fenêtre donnant vue sur l'extérieur. Tae frissonne d'avance de bonheur.

Tandis que le platiné essaie sans succès de se relever, se cognant au passage dans une bouteille de whisky vide, Tae retire son manteau et le laisse tomber par terre.

— Au départ, j'ai détesté ces marques et ce renfoncement béant quand on m'a enlevé les bandages à l'hôpital, conte-t-il. J'étais déprimé et je ne voyais pas comment je pourrais supporter ça, ni comment les autres pourraient tolérer une difformité aussi effrayante. Mon quotidien chez Némésis Corp', c'était la plus belle chose qui me soit arrivée. Parce que j'avais toute cette attention, tous ces encouragements dont j'ai été privé quand je vivais encore chez mes parents. Ils ont essayé de me retenir pour aller à ce casting organisé, ce jour-là... Je n'ai pas eu le choix.

Avec lenteur, Taehyung s'accroupit tout en relevant avec délicatesse les manches de son pull, dévoilant alors les reptiles noirs serpentant ses avant-bras. De la partie tranchante de la paire de ciseaux, Tae relève le visage d'Hoseok et plonge son œil gris-bleu dans ses yeux marron, toujours illuminés par cette crainte qu'il lui voue.

— Qu'est-ce que tu as fait ? ose interroger le platiné, d'une voix incertaine.

Taehyung lui offre un sourire énigmatique avant de doucement pencher la tête sur le côté.

— Tu sais ce que m'ont dit ma mère et mon père ce jour-là ? C'était un reproche bien différent de tout ce qu'ils ont pu me cracher à la figure.

Il fait semblant de cacher sa bouche et dit à voix basse, comme s'il s'agissait d'une info que personne n'avait le droit d'entendre à part son interlocuteur :

— Ils ont dit que je suis dangereux. Finalement, cette qualification n'est pas si fausse que ça... Et ces marques, que je trouvais hideuses, sont ma fierté. Ma renaissance. Ma revanche sur ta scélératesse.

— T'es complètement malade, Adon–

Ni une ni deux, la pointe du ciseaux s'enfonce dans sa chair et par automatisme, Hoseok recule la paume faisant pression sur sa gorge et se met à hyperventiler quand il remarque la quantité astronomique de sang tâchant ses doigts.

— Je ne veux plus entendre ce surnom sortir de ta satané bouche. Est-ce que je suis bien clair ?

Le platiné a l'air de ne pas l'avoir écouté, obsédé par toute cette quantité de vermillon teintant sa peau hâlée. Ses yeux sont à deux doigts de quitter leurs orbites tant il est sous le choc.

— J'ai été clair ou pas, espèce d'abruti ?! tonitrue Taehyung, l'air menaçant.

Son hurlement est tel qu'il fait bondir le platiné. En arrière-fond, la petite chaîne-hifi continue de diffuser de la musique dans cette atmosphère pesante. Un autre morceau démarre. Des tapotements contre un objet métallique. Les accords saturés de guitare qui débarquent peu à peu, puis les notes lourdes d'une basse. Le rythme d'une batterie. Une voix masculine instable et chevrotante, un narrateur qui témoigne d'un déséquilibre notable dès les premières paroles.

Play doctor for five minutes flat,

Before I cut my heart open... And let the air out.

Pas de doute, c'est bel et bien Scissors de Slipknot.

Une chanson inquiétante, perturbante, glauque à souhait, qu'il a découvert grâce à Jimin qui est un habitué des genres musicaux dits extrêmes avant de le télécharger sur son ordinateur et de le transférer sur son baladeur mp3 et qui est devenue l'une de ses chansons préférées. Cela met du baume au cœur disloqué de l'ex-mannequin. Ce moment va être génial. Persécuter son ennemi numéro un sur sa chanson favorite, quoi de mieux ?

Toutes les ombres les plus viles dansent en rond dans le crâne de Taehyung. La ligne entre stabilité et folie est complètement franchie et il n'y a plus de retour en arrière possible. Bientôt, ce sont les supplications affolées et la profusion de cruor du platiné qui ponctuent cette soirée lugubre, qui font la joie de Taehyung – qui embrasse de tout son souffle cette partie longtemps réfréné de lui-même, ce remous dévastateur à la hauteur de la déesse Tisiphone.

Parce qu'à force de fréquenter des monstres, on finit par en devenir un nous-mêmes et les dégâts causés sont irréversibles.

Plus de lumière au bout du tunnel, ni d'échappatoire envisageable. Juste ces ténèbres affriolantes que Taehyung absorbe et savoure avec appétit.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro