Chapitre 48
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- Merci et bonne journée. Sourit Jisung en descendant de l'autobus, son fils bien accroché dans son dos.
Le chauffeur lui répondit d'un mouvement de tête et les portes se refermèrent, laissant le véhicule repartir à vitesse modérée. Jisung poussa un petit soupir qui s'envola en fumée de glace devant son visage, avant de commencer à marcher lentement dans la neige qui bordait la petite route.
En ce lundi de décembre, Félix n'avait pas pu garder Sunghan. Il s'était excusé à mainte reprises mais le jeune père lui avait assuré que ça n'était pas grave, qu'il allait se débrouiller. Il y avait réfléchi longuement, mais personne n'était disponible. Il n'avait pas envie de déranger. Alors, il avait simplement pris son fils avec lui. Ce n'était que pour quelques heures. Il devrait pourvoir se débrouiller.
- Bonjour. Sourit Jisung en entrant dans le petit restaurant en prenant bien soin de secouer ses bottes pour se débarrasser de la neige qui y était resté collée.
- Bonjour Jisung ! Le salua la vieille patronne en s'approchant de lui, un grand saladier de patates douces entre les mains. Oh, mais tu n'es pas seul, dis-moi !
- Non, c'est mon fils. Acquiesça-t-il, légèrement mal à l'aise. Je n'ai personne pour le garder aujourd'hui... Ça dérange pas si je... le garde avec moi ?
- Moi peu m'importe, mais il faudrait pas qu'il te dérange... Fit la vieille femme en se penchant un peu pour apercevoir le petit garçon bien silencieux dans le dos de son père.
- Non, ça n'arrivera pas ! Merci, je vais faire de mon mieux. Assura Jisung en s'inclinant rapidement, arrachant un petit sourire à son interlocutrice.
- Allez, prépare-toi on a du boulot !
Le noiraud hocha vivement la tête, déterminé à faire du bon travail. Il décrocha son fils pour pouvoir enlever sa parka qu'il suspendit au porte-manteau, avant d'offrir le même traitement aux vêtements de Sunghan. Puis, il accrocha à nouveau son fils dans le porte-bébé. Il s'était dirigé à la cuisine d'un pas rapide pour attraper un tablier coloré dans le placard, avant de se dépêcher de se mettre au travail. C'est qu'il n'était pas en avance, avec tout ça.
Comme tous les jours depuis maintenant presque trois mois, il commença par préparer les légumes en compagnie des deux patrons. Il avait épluché les patates, coupé les oignons, haché les ails, lavé la ciboule, et préparé le chou. À côté de lui, le couple discutait, l'incluant parfois dans leurs débats toujours animés. Ils étaient toujours de bonne humeur. C'était agréable d'être avec eux.
Et puis, aux alentours de onze heures, Jisung était allé préparer la salle. Il avait installé les nappes et les couverts en berçant son fils qui semblait calme pour l'instant. Il espérait que ça durerait, mais avec l'agitation et le bruit à venir, il avait du mal à y croire... Et il ne s'était pas trompé.
Quelques couples arrivèrent en premier, et même si Sunghan était un peu plus agité, ça allait. Mais lorsque plusieurs groupes un peu bruyants s'installèrent avec force d'agitation et de rires, le petit garçon commença à pleurnicher, au plus grand damne de son père.
- Excusez-moi... Sourit platement Jisung en s'inclinant rapidement alors que les pleurs de son fils s'élevaient dans la salle déjà un peu bruyante.
Les clients qu'il était entrain de servir lui assurèrent que ce n'était rien, mais il s'excusa encore, désolé de perturber leur repas. Après s'être incliné une énième fois, il était parti en direction de la cuisine pour transmettre encore des commandes. Il tentait de rassurer Sunghan mais le petit garçon continuait de pleurer, réclamant son repas et un peu de silence. Jisung soupira de dépit. Il les clients affluaient, il n'avait pas le temps de s'occuper de son fils.
- Jisung, la table cinq est prête ! Brailla le vieux cuisinier en déposant trois assiettes sur le plan de travail.
- Il faut deux petits menus et un assortiment de friture avec supplément nouilles pour la huit.
- Ça marche ! Répondit le patron alors que Jisung repartait déjà, ses trois assiettes sur les bras.
Le noiraud trottina vers la table du fond pour déposer leur repas en prenant une expression souriante, faisant de son mieux pour ignorer les pleurs de son fils. Il avait déjà une dizaine de tables, mais les clients continuaient d'affluer, faisant tinter la petite clochette de l'entrée. Jisung était débordé. Il prenait les commandes, servait, débarrassait, accueillait les nouveaux venus, s'excusait et s'excusait encore. Les deux partons non plus n'avaient pas une seconde. Même en s'occupant de la vaisselle et d'une partie de la cuisine, la vieille femme faisait de son mieux pour aider Jisung en salle. Ça lui faisait de la peine de voir le jeune père aussi débordé.
- Tout va bien Sunghan-ah. Chuuuuut, calme-toi s'il te plaîît... Geignit le noiraud en se dirigeant vers la cuisine, une pile de vaisselle salle entre les bras.
Mais au lieu de diminuer, les pleurs du petit garçon redoublèrent d'intensité. Jisung pinça ses lèvres entre elles, de plus en plus mal à l'aise. Il s'en voulait de délaisser son fils. Il s'en voulait de déranger les clients. Il s'en voulait de déconcentrer ses patrons. Il s'en voulait. Énormément. Son ventre en était noué.
- Jisung, le bœuf pour la onze !
- J'arrive ! S'exclama le coréen en se dépêchant d'essuyer la table du groupe qui venait juste de partir avant de trottiner jusqu'à la cuisine.
- Et y'a la friture pour la dix qui suit, traîne pas !
- Ça marche.
Jisung sortit presque en courant, un plat chaud dans chaque main. Dans son dos, les pleurs de Sunghan résonnaient toujours, lui brisant le cœur. Il s'empressa de déposer les plats à la bonne table en s'inclinant pour souhaiter un bon appétit, avant de se retourner vivement. Mais alors qu'il allait récupérer la friture à la cuisine, la clochette de la porte d'entrée raisonna encore une fois. Il maudit intérieurement ce client qui interrompait encore une fois ses tâches mais afficha tout de même un grand sourire en se tournant vers l'entrée.
- Bonjour et bienvenu, ce-
Ses yeux s'agrandirent alors qu'il se retrouvait face à un Seungmin tout souriant, Odo assise sagement à ses pieds.
- Seungmin ? S'étonna-t-il en berçant son fils comme il pouvait. Qu'est ce que tu fais là ?
- Quoi, j'ai pas le droit de venir manger là ? Fit le brun en haussant les sourcils, une petite moue déformant ses lèvres.
- Si, mais-
- Jisung, la friture va refroidir ! Raisonna la voix du cuisinier, faisant presque sursauter le coréen qui s'empressa de se retourner vers Seungmin.
- Installe-toi où tu veux, j'arrive tout de suite.
Il allait se retourner, mais avant qu'il n'ait pu faire un pas, le jeune fermier lui attrapa le poignet, l'obligeant à le retourner vers lui.
- Donne-moi Sunghan. Lâcha-t-il d'un ton sérieux.
- Quoi ?!
- Dépêche-toi !
Jisung pinça ses lèvres avec hésitation, mais sous l'urgence de la situation, il s'empressa de détacher son porte bébé pour permettre à Seungmin de prendre son fils dans ses bras. Le petit garçon sembla se calmer légèrement, et le noiraud lança un dernier regard brillant de reconnaissance au brun avant de se dépêcher de filer à la cuisine.
Seungmin le regarda en souriant doucement. Il essuya une fois de plus ses chaussures pleines de neige sur le tapis de l'entrée avant de s'avancer à travers le petit restaurant, sa chienne sur le talon et le bébé dans les bras. Il s'installa à sa table habituelle, tout au fond, juste à côté de la fenêtre. Odo s'était couchée sous sa chaise en lâchant un soupir bruyant, profitant de la chaleur du commence pour faire une petite sieste.
Lorsque Jisung était revenu vers Seungmin pour prendre sa commande, Sunghan ne pleurait plus. Il riait, amusé par les grimaces que lui faisait le japonais qui l'avait pris sur ses genoux. Un immense soulagement s'était emparé du jeune père qui ne put s'empêcher de sourire, son regard débordant de gratitude.
- Qu'est ce que tu veux manger ? Demanda-t-il à Seungmin qui releva vivement la tête vers lui.
- Met-moi une soupe de nouilles, des patates douces caramélisées et du poisson grillé. Bien cuit le poisson, hein.
Jisung hocha la tête et s'inclina par réflexe, avant de s'éloigner en trottinant. Il avait continué son service comme si de rien n'était tout en jetant de rapides regards à Seungmin qui s'occupait de Sunghan avec un grand sourire. Il l'avait nourri, lui donnant des petits bouts de poisson et de la patate douce moelleuse en soufflant dessus au préalable pour s'assurer que ça n'était pas trop chaud. On aurait presque pu croire qu'il avait fait ça toute sa vie.
Même lorsque son repas fut terminé, Seungmin n'était pas parti. Il avait pris le petit garçon contre lui et l'avait bercé, le laissant s'endormir entre ses bras après tout ce qu'il avait mangé. Et puis, il avait attendu. Petit à petit, les tables s'étaient vidées. Les gens partaient. Et Jisung les remerciait en s'inclinant, les mains jointes devant son tablier. Il débarrassait les tables, s'absentait pour aider à la vaisselle, servait quelques thés et sucreries. Seungmin ne l'avait pas quitté des yeux.
Le coréen n'était arrivé au Japon qu'une petite année auparavant, pourtant il se débrouillait déjà presque comme s'il y avait toujours vécu. Il avait déjà retenu toutes les coutumes et les règles de savoir vivre qu'il appliquait avec un soin irréprochable. Il souriait. Il aimait ce qu'il faisait. Ça se voyait. Son travail lui plaisait. Et il le faisait très bien.
Même lorsque le service s'était terminé, Seungmin n'avait pas bougé. Il était resté assis à sa table, caressant distraitement le dos de Sunghan qui dormait contre lui. Jisung s'était dépêché de nettoyer toute la salle et de faire la vaisselle. Il se sentait un peu coupable de prendre ainsi du temps au jeune fermier qui avait tant de travail. En le voyant se dépêcher d'essuyer la vaisselle, la vieille patronne sourit, attendrie.
- Heureusement que Seungmin s'est occupé du petit. Lâcha-t-elle en prenant un torchon pour aider le noiraud dans sa tâche. Mais quand même, il s'en sort bien, hein. J'aurais jamais cru que ce gamin soit aussi doué avec les gosses...
Jisung sourit doucement.
- Mmh, c'est vrai. Mais... je crois qu'il aime bien Sunghan.
- C'est ton fils Sunghan ?
- Oui, c'est ça.
- Il est grand déjà, il a quel âge ?
- Un peu plus d'un an.
- Oh, il a passé son premier anniversaire ? Tu dois être fier !
Jisung hocha vivement la tête, les yeux brillants. Le vieille femme lui lança un regard bienveillant, avant de poser doucement sa main sur son épaule.
- Laisse-ça, on va finir. Sourit-elle en lui prenant son torchon des mains.
- Vous êtes sûr ? Ça me dérange pas, je peux finir-
- Vas-y, je te dis. Pouffa la patronne en lui donnant une petite tape sur l'épaule.
- Merci. Fit Jisung avec un grand sourire en s'inclinant vivement. À demain alors !
- Et enlève ton tablier avant ! S'exclama la vieille femme alors que le coréen s'enfuyait déjà.
Jisung revint sur ses pas avec un sourire désolé, mi-gêné mi-amusé par ses propres bêtises. Il s'empressa de se débarrasser de son tablier à carreaux et salua une dernière fois les deux patrons avant de sortir de la cuisine pour rejoindre le brun qui l'attendait silencieusement.
- Seungmin ! S'exclama-t-il, attirant l'attention du nommé vers lui.
- T'as fini ?
- Mmh, on peut y aller.
Seungmin hocha la tête en se redressant doucement. Jisung récupéra son fils toujours endormi avec un certain soulagement. Il le berça contre lui en traversant le restaurant vide pour atteindre le petit porte-manteau à l'entrée. Tous trois s'habillèrent rapidement, et une fois prêts à affronter les températures hivernales de l'extérieur, ils étaient finalement sorti.
Ils avaient marché dans la neige sans un mot pour contourner le petit restaurant, avant d'emprunter le petit escalier de bois pour descendre du haut talus enneigé. Partout autour d'eux, tout semblait figé. La nature ne faisait plus un bruit. Le froid avait gelé le paysage, faisant régner un calme serein sur la campagne immaculée. C'était beau.
- Merci... Souffla Jisung alors qu'ils traversaient la route pour rejoindre le petit pick-up de Seungmin garé au bord d'un champ.
- Pour quoi ? Demanda le brun en ouvrant la portière, laissant Odo sauter sur la banquette avant de faire le tour pour atteindre le côté conducteur.
- Pour Sunghan. Fit le jeune père en claquant la portière, faisant attention à ne pas réveiller son fils endormi.
Seungmin poussa un petit soupir avant de tourner la tête vers son aîné, les mains posées sur le volant sans pour autant démarrer le moteur.
- Pourquoi tu m'as rien dit ? Soupira-t-il, les yeux brillants de déception.
Jisung détourna le regard en pinçant distraitement ses lèvres entre elles.
- T'as du travail et puis... je veux pas te déranger...
- Tu me déranges pas, Jisung. T'as le droit de demander de l'aide. En plus j'avais presque rien à faire aujourd'hui...
Le plus âgé tourna doucement la tête vers son cadet, un petit sourire sur les lèvres.
- Merci de m'avoir aidé.
- Appelle-moi la prochaine fois, d'accord ? Sourit doucement Seungmin. Si je suis occupé je te le dirai, et on trouvera une autre solution.
Jisung hocha la tête, un sourire reconnaissant sur les lèvres.
- Merci Seungmin.
- Arrête de me remercier ! S'exclama le brun en se redressant. Je fais ça parce que j'en ai envie, d'accord ?
- Mais oui. Pouffa le plus âgé, amusé.
Seungmin afficha une petite moue et ils échangèrent un regard entendu, avant que finalement le japonais n'allume le moteur. Lentement, le petit pick-up avait démarré, se remettant correctement sur la route étroite. Il s'était éloigné en ronronnant doucement, seul point bleu dans ce paysage immaculé. Jisung avait fini son travail pour la journée. À présent, il était avec son fils et Seungmin. Ils rentraient à la maison. Rien que tous les trois. Et cette idée lui avait plu. Réellement.
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