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Grâce au curry de Jeongin, Jisung n'avait pas eu besoin de faire les courses de toute la semaine. Il en avait même mixé une petite partie qu'il avait donné à Sunghan, histoire de l'aider à terminer toutes ces boîtes avant qu'elles ne s'abîment. Ça semblait lui avoir plu. Ça lui changeait des légumes cuits à l'eau.

Mais bien que le curry lui ait tenu une semaine, il n'était pas non plus éternel. C'est donc avec une certaine appréhension que Jisung avait décidé d'enfin tester son vélo pour aller faire les courses lors de son jour de congé. Il s'était levé et habillé comme tous les matins, et après avoir donné son déjeuner à Sunghan, il était sorti.

Ce matin-là, l'air était doux, presque chaud. La fraîcheur du printemps s'estompait peu à peu. C'est son fils solidement attaché dans son dos que Jisung avait saisi son vieux vélo jaune qu'il avait descendu jusqu'à la route principale sous sa maison. Il prit une grande inspiration en enjambant l'engin du siècle dernier, avant de finalement poser ses fesses sur la scelle dure.

- Allez Jisung. Courage... Souffla-t-il pour lui-même, le regard plein de détermination.

Après un dernier regard vers son fils qui gazouillait dans son dos, il s'était élancé sur la petite route déserte. Le vélo émit un affreux grincement alors qu'il appuyait de toutes ses forces sur les pédales rouillées, réussissant par magie à faire avancer ce tas de ferraille. Le mécanisme était cependant un peu dure, et comme il était sur la vitesse du milieu, Jisung se dit que mettre la plus basse serait peut-être une bonne idée.

Tout en restant concentré sur sa trajectoire, le jeune père se pencha en avant, atteignant le petit levier à vitesse. Il le poussa maladroitement vers le bas, mais il n'aurait peut-être pas dû... Aussitôt, la vielle bicyclette grinça affreusement en manquant de dérailler, faisant faire un grand écart à Jisung qui failli débouler dans le fossé.

Le jeune père se dépêcha de remettre le levier de vitesse à sa position initiale sous les rires de son fils, le cœur battant la chamade. Il se résolut donc raisonnablement à appuyer un peu plus fort sur les dures pédales qui grinçaient avec régularité. C'est avec plus ou moins d'aisance que Jisung traversa le petit village, avant de s'engager dans la descente qui menait à la grand' route.

Lorsqu'il freina, un bruit aiguë s'éleva dans les air, faisant s'envoler les oiseaux autour de lui. Heureusement, les freins marchaient plutôt bien, retenant sa descente pour le moins bruyamment. Au moins, il arrivait à se déplacer sans trop de mal. C'était un progrès.

En dix minutes, Jisung arriva finalement à la petite supérette de Shiraono. Transpirant et essoufflé, mais il y était arrivé. Après avoir déposé son vieux vélo jaune près d'un réverbère, il avait réajusté son fils sur ses épaules et était entré dans le petit commerce. Par habitude, il fila entre les rayons sans même se poser de questions.

Chaque semaine, il faisait le même tour, toujours dans le même sens. Il prenait souvent la même chose, pas vraiment motivé par les nouveautés. C'est son petit panier bleu rempli de ses articles qu'il arriva en caisse, saluant toujours la vieille femme qui avait appris à le reconnaître. Ils ne parlaient pas vraiment. Mais savoir qu'ils se voyaient régulièrement, qu'ils se reconnaissaient, les rassurait d'une certaine manière. Ils n'avaient pas besoin de plus.

Après avoir équitablement réparti ses courses dans deux sacs en plastique bien remplis, Jisung avait regagné sa bicyclette. Il avait accroché plus ou moins stablement ses achats à son guidon, avant de remonter en scelle. Dans son dos, Sunghan tentait avec entrain de faire des phrases complexes constitués de syllabes sans queues ni têtes. Il commençait à se débrouiller pas trop mal.

Jisung longea la grand' route pendant de longues minutes en faisant attention à ne pas perdre ses couses. Au-dessus de sa tête, le soleil diffusait ses chauds rayons, faisant couler la sueur sur son front. Mais il n'était pas au bout de ses peines. Le pire fut lorsqu'il arriva sur la petite route qui montait à Manzaka.

D'un coup, le chemin s'inclina de trente pourcent, durcissant les pédales sous ses pieds. Le jeune père grogna en se levant pour appuyer tout son poids sur le mécanisme, montant en slalomant affreusement sur la petite route. Son vélo grinçait tellement qu'il n'entendit même pas la fine bicyclette qui arrivait derrière lui.

- Han !

Le nommé sursauta en manquant de finir dans le talus alors que Hyunjin arrivait à ses côtés sur son vélo blanc, à peine essoufflé. Il lui lança un grand sourire, son cou fin souligné par ses habituels colliers de perles colorés.

- T'es allé faire les courses ?

Jisung hocha la tête, concentré sur sa trajectoire bancale.

- Mais c'est quoi cet antiquité que tu nous as trouvé là ? Il est bon pour la casse, ton machin !

- C'était... dans mon jardin... Articula difficilement le noiraud alors que dans son dos, son fils se mettait à remuer en poussant des cris de mécontentement.

- ... Tu veux que je te prenne tes sacs ? Ça sera plus facile de monter la côte...

- Non... ç-ça va... merci...

- T'es sûr ? Insista le jeune homme à la peau si blanche et aux gestes si gracieux. Ça me dérange pas, tu sais ?

- C'est bon... M-merci. Refusa Jisung en soufflant bruyamment, les grincements de son vieux vélo rendant sa réponse à peine audible.

Hyunjin lui lança un regard concerné en s'appuyant sur son guidon, tendant les bretelles de sa joli salopette bleue. Jamais Jisung ne l'aurait imaginé sur un vélo, mais c'était à croire qu'ici, c'était le moyen de transport de base. Tout le monde savait en faire, même les plus jeunes et les plus distingués. Le coréen, lui, il n'avait fait que quelques trajets en vélo de ville. Son inexpérience combiné à l'état de son deux-roue ne lui facilitait pas vraiment la tâche.

Le jeune japonais sembla le remarquer puisqu'il afficha une petite moue pensive, avant de se redresser. Il attendit qu'ils soient entrés dans le village pour passer souplement devant le jeune père, maniant sa bicyclette blanche avec une aisance déconcertante.

- Suis-moi ! Lança-t-il à l'intention de Jisung en lui faisant un signe de la main.

Ce dernier fronça les sourcils, pas vraiment certain d'en avoir envie. Mais comme de toute manière, il habitait dans la même direction que celle que prenait Hyunjin, il se contenta de le suivre sans un mot.

Après quelques virages, le japonais tourna finalement sur la gauche, s'arrêtant dans la cour d'une vieille ferme. Jisung hésita grandement, mais ne voulant pas vexer ce garçon plein de bonnes intentions, il se résolut finalement à le suivre entre les murs de la vieille bâtisse. Le souffle court, le jeune père descendit de la scelle de son vélo en regardant autour de lui.

- On est chez-

- Chez Seungmin, exactement. Sourit Hyunjin, fier de lui. Viens par là.

Tout en poussant son vélo, il le guida jusqu'à la petite grange bleue qui faisait face au bâtiment principale. Comme s'il était chez lui, Hyunjin poussa les lourds battants de tôle, ouvrant l'accès à la vieille structure.

À l'intérieur, tout un tas de véhicules en tous genres étaient entreposés, même si c'était majoritairement des deux-roues. Il régnait dans la pénombre ambiante une odeur d'huile de vidange mêlé à celle du métal rouillé. En y réfléchissant, Seungmin sentait toujours un peu comme ça. Ici, cette odeur qui ne le quittait jamais était décuplée par dix.

Les deux jeunes hommes entrèrent dans la vieille grange en poussant leurs vélos, et Hyunjin fit signe à Jisung de poser sa bicyclette contre l'un des seul mur inoccupé. Le jeune père le regarda d'un air dubitatif, mais sous l'insistance de son vis-à-vis, il se décida à l'écouter.

- Je vais envoyer un message à Seungmin, il te réparera ton vélo ce soir. Déclara le japonais en sortant son téléphone, éclairant son visage d'une douce lumière bleutée.

- Quoi ? Fit Jisung en fronçant les sourcils, avant de reprendre son vélo. Non, c'est bon. Il va bien.

- Han... Soupira Hyunjin d'un air exaspéré. T'as vu le bruit qu'il fait ? Tu veux vraiment avoir un accident ? Avec Songhan en plus ?

Le jeune père pinça distraitement ses lèvres entre elles, ne sachant pas vraiment quoi répondre. À vrai dire, le japonais avait plutôt raison sur ce coup-là. Il devait se rendre à l'évidence. C'est donc légèrement à contrecœur que Jisung reposa son vélo contre le mur, acceptant silencieusement l'offre du jeune homme.

- T'inquiète pas, Seungmin est super rapide. Le rassura Hyunjin en pianotant rapidement sur son mobile. Ce soir il sera comme neuf.

Le noiraud hocha lentement la tête en récupérant ses sacs de course, et tous deux sortirent de la vieille installation. Après avoir refermé la porte comme si de rien n'était, Hyunjin était remonté sur son beau vélo blanc.

- J'imagine que tu voudras pas que je te raccompagne chez toi ? Sourit-il légèrement tristement.

Jisung secoua négativement la tête, et le japonais soupira.

- Bon, et bah je vais rentrer alors. N'hésite pas à passer me voir si t'en as envie. Ça me ferait plaisir de discuter un peu avec toi.

- Merci, Hayashi. Sourit poliment le jeune père en s'inclinant rapidement.

- À bientôt !

Et sur ces mots, Hyunjin s'était élancé, disparaissant au coin de la route sur sa bicyclette. Jisung avait soupiré lourdement, le regard dans le vague. Derrière lui, Sunghan semblait s'être endormi. Il respirait lentement, confortablement blotti contre son dos. Après une dernière inspiration, le coréen s'était finalement remis en route.

Il avait marché lentement jusqu'à chez lui, ses lourds sacs de course coupant le sang de ses doigts. Mais lorsqu'il était finalement arrivé devant son petit portillon, un détail avait attiré son attention. Là, par la fente de sa boite aux lettre penchée, il apercevait la pointe d'une petite boite en carton. Intrigué, Jisung avait ouvert le contenant de métal pour en sortir le fin colis qui lui était destiné.

C'est les sourcils froncés qu'il était rentré chez lui. Il avait abandonné la petite boîte le temps de ranger ses courses et de déposer délicatement son fils endormi sur sa petite couverture. Après s'être rempli un grand verre d'eau, Jisung s'était assis par terre, son colis en main. Il posa sa boisson sur le parquet pour décoller le carton épais, sortant précautionneusement une petite boîte de l'emballage.

Tout était écris en japonais, mais il reconnut sans mal la petite puce qu'était sa nouvelle carte sim. Ses yeux s'ouvrirent et il se releva pour aller silencieusement chercher son téléphone qui était resté dans la chambre. Il l'éteignit pour pouvoir en sortir sa carte précédente, la remplaçant par celle qu'il venait tout juste de recevoir. Il ne savait pas vraiment si il allait en avoir l'utilité, mais comme il ne comptait pas vraiment rentrer en Corée, il s'était dit que ça serait ça de fait.

Lorsqu'il ralluma son mobile, il tapa son nouveau code pin et l'écran d'accueil s'afficha. En voyant la jeune femme aux cheveux si sombres derrière les quelques applications, son regard se voila. Il mordit distraitement ses lèvres en l'observant de longues secondes, comme figé dans le temps. Plusieurs minutes passèrent, mais il ne s'en rendit même pas compte. Il ne pensait pas. Il ne bougeait pas. Il regardait simplement, l'esprit figé.

Puis, comme si de rien n'était, il avait relevé la tête. Après avoir vaguement abandonné son téléphone sur le planché, il s'était levé pour faire un brin de ménage en profitant du sommeil de son fils. Comme ils étaient tous les deux sans arrêt sur le sol, il devait le nettoyer presque tous les jours pour être sûr que Sunghan ne tombe pas malade. C'était devenu une habitude. À présent, il le faisait presque sans y penser. Il s'habituait petit à petit à sa nouvelle vie.

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Ce soir-là, un vent du nord soufflait désagréablement. Jisung avait fermé sa double-porte d'entrée qui claquait légèrement sous les bourrasques fréquentes. À cause des nuages qui peuplaient le ciel, l'obscurité était tombée beaucoup plus vite, obligeant le jeune père à allumer la lumière. Comme l'ampoule de la cuisine était cassée, il avait allumé celle de la salle de bain et du salon, réussissant à capter un peu de luminosité entre les deux.

Mais même si le vent sifflait à l'extérieur, il régnait dans la vieille maison un calme reposant. Sunghan gazouillait tranquillement en observant les lignes du parquet tandis que son père pliait le linge qu'il avait étendu la veille. L'odeur des légumes entrain de bouillir embaumait la pièce, lui donnant un aspect chaleureux. C'était un peu comme dans un autre monde, isolé de la réalité.

Alors que Jisung se relevait pour aller ranger ses vêtements dans son placard, trois coups retentirent soudainement contre la porte. Le noiraud afficha une mine surprise. Il n'attendait personne. Qui pouvait bien venir le voir à cet heure-ci ? Tout en dégageant distraitement ses cheveux de devant ses yeux, il s'avança à petit pas vers les pans de bois. Précautionneusement, il entrebâilla juste assez le battant pour pouvoir passer sa tête dehors.

- Oh, Shoda. Lâcha le jeune père en se détendant légèrement.

- Salut Han ! Sourit Seungmin alors que ses cheveux bruns dansaient rapidement autour de son visage aux traits droits. Je t'ai réparé ton vélo.

- Oh. Souffla Jisung, plutôt surpris, en remarquant son vieux vélo entre les mains du jeune japonais. Déjà... Merci.

- J'espère que t'es pas monté dessus, quand même. Comment t'as fait pour trouver un vélo aussi pété ? J'ai dû presque tout reprendre. Il est comme neuf maintenant.

En voyant l'éclat de fierté modeste qui dansait dans le regard de Seungmin, Jisung afficha un petit sourire.

- Je te le met où du coup ?

- Oh, contre le mur. Fit le noiraud en sortant de ses pensées. Juste-là.

Le brun cala minutieusement le deux-roues contre la façade pour éviter qu'il ne tombe, avant de revenir vers le propriétaire des lieux. Ce n'est qu'à ce moment que Jisung remarqua le golden retriever qui le suivait, l'air pas vraiment enchanté du vent qui emmêlait ses beaux poils crème.

- Ça fera 2 500yens*. Annonça Seungmin en enfonçant ses mains dans les poches de son bermuda sombre.

- Hein ?

- Quoi, Hyunjin te l'as pas dit ? Oh cet imbécile... Il sait que je fais de prix à personne en plus...

- C'est pas grave ! S'exclama Jisung en remarquant le léger malaise du japonais. Je... j'ai de l'argent.

Il s'apprêtait à aller chercher son porte-monnaie, mais en voyant le brun frissonner dans le vent, il pinça distraitement ses lèvres.

- Tu... tu veux entrer ? Proposa-t-il doucement.

- Si ça te dérange pas...

Jisung secoua rapidement la tête en se décalant, laissant entrer Seungmin et sa chienne en refermant la porte derrière eux. Aussitôt, le calme retomba dans la vieille maison, troublé par le bouillonnement de l'eau qui commençait à déborder de la casserole.

- Merde... Souffla le noiraud, légèrement paniqué. A-attend...

Il se précipita vers la cuisine pour écarter la casserole du feu, faisant immédiatement retomber les bulles bouillantes. Derrière lui, Seungmin enleva ses chaussures en faisant asseoir son chien dans un coin pour pas qu'il n'aille embêter Sunghan. Ce dernier ne semblait d'ailleurs même pas avoir remarqué les nouveaux arrivants, beaucoup trop concentré sur le téléphone qu'il venait de trouver.

- Je reviens. Lâcha Jisung en disparaissant dans la chambre, l'air un peu dépassé par cet enchaînement d'évènements un peu trop soudains pour lui.

Seungmin sourit. La douce panique du jeune père lui paraissait adorable. Tout en soupirant de soulagement, le japonais se laissa tomber sur le parquet en appuyant le poids de son corps sur ses mains. Il observa distraitement le petit bébé découvrir le tout nouvel objet qu'il avait entre les mains. À chaque fois que l'écran de veille du téléphone de son père s'allumait lorsqu'il le touchait par inadvertance, un petit cris de joie franchissait ses lèvres humides de salive.

Amusé, le jeune homme aux yeux ambrés tendit doucement son bras vers le bébé qui leva immédiatement la tête vers lui. En le voyant, Sunghan afficha un grand sourire. Il délaissa le téléphone pour s'approcher approximativement du japonais en rampant sur ses genoux. Lorsqu'il arriva à son niveau, Sunghan poussa sur ses mains pour se rasoir sur les fesses. Les yeux grands ouverts, il saisit une des phalanges de Seungmin entre ses petits doigts en gloussant pour la serrer un peu plus fort que nécessaire.

- Oua, cette poigne. Sourit le brun en bougeant doucement son doigt auquel restait bien accrochée la petite main du bébé. T'as prévu de devenir boxer ?

Sunghan gloussa en secouant gaiement son bras -et celui de Seungmin avec. Dans son sourire, il découvrit ses première petites dents qui dépassaient derrière ses fines lèvres. Le japonais pouffa en s'approchant légèrement pour observer la dentition du jeune garçon.

- Eeeh, les canines carrément ? Lâcha-t-il en haussant les sourcils. Tu nous fait quoi là ? Dracula ?

Il était vrai qu'avec seulement ses canines de sorties, Sunghan avait un peu des aires de vampire. Ça avait fait pouffer Seungmin. Il fallait dire que c'était vraiment mignon. Mais alors que le brun s'amusait avec le bébé, sa chienne arriva soudainement derrière lui. S'il n'avait pas eu le reflex de la retenir, elle aurait donné une grosse léchouille à Sunghan qui n'aurait pas vraiment apprécié.

- Odo ! Assis-toi, assis-toi. Tu restes-là, hein ? Regarde, c'est un bébé. Sourit Seungmin en désignant du menton le petit garçon qui s'avançait avec de grands yeux vers le chien. Pas de léchouille, hein ? Tu attends.

Sunghan tendit le bras pour caresser le pelage ocre d'Odo en gloussant doucement. Le japonais gardait une main sur le collier de son chien au cas-où, mais ce dernier ne bougeait pas, se contentant d'observer le bébé avec attention.

- C'est bien Odo. Tu restes comme ça. Gentille.

Mais lorsque Sunghan raffermit soudainement sa poigne sur le pelage de l'animal pour lui tirer les poils, Seungmin se précipita vers lui pour lui faire lâcher sa prise.

- Ah non, il faut pas faire ça ! S'exclama-t-il vers le petit bébé en caressant doucement les poils de sa chienne. Il faut pas tirer, ça fait mal ! Si tu fais ça elle va te mordre ! Heureusement qu'elle est gentille, hein... Pas vrai Odo ?

La chienne jappa gaiement, et Seungmin lui donna une petite caresse sur la tête, plutôt fier d'elle. Derrière eux, Jisung n'avait rien manqué de la petite scène. Il était appuyé contre le chambranle de la porte, une ombre de sourire sur le visage. Lorsqu'il le vit, Sunghan tendit les mains dans sa direction, attirant l'attention du brun qui se retourna vers lui. Le jeune père se rembruni en s'avançant vers Seungmin pour lui tendre les quelques billets qu'il lui devait.

- Ah, merci ! Sourit le japonais en rangeant précautionneusement son argent dans la poche arrière de son bermuda. Les bons comptes font les bons amis.

Comme Jisung ne comprit pas, il se contenta de hocher la tête. Seungmin sourit. Il caressa une dernière fois la joues du bébé devant lui, avant de se relever en s'étirant.

- Bon, je crois que je vais y aller.

Le noiraud hocha la tête, les lèvres légèrement pincés.

- Désolé, j'ai pas... beaucoup de choses à boire.

- Oh, t'inquiète pas, c'est pas grave.

- Merci. Pour le vélo...

- C'est moi qui devrait te remercier ! Sourit le brun en se baissant pour remettre ses chaussures. Tu verras, ça roulera beaucoup mieux maintenant.

Jisung hocha la tête après avoir récupéré son fils qui commençait à pleurnicher de faim et de fatigue.

- Appelle-moi si jamais y'a encore un problème. T'as mon numéro, non ?

Le jeune père secoua la tête à la négative, et le japonais afficha une mine embêtée.

- T'as pas un stylo ?

Après avoir acquiescé, Jisung se précipita vers la petite table basse au bout de la pièce sur laquelle trônait sa trousse maigrement garnie et quelques feuilles éparpillés. Il saisit un stylo au hasard et déchira d'une main un coin de page, avant de revenir vers Seungmin. Ce dernier récupéra le tout avec un petit sourire, avant d'écrire tant bien que mal son numéro sur le bout de feuille.

- Voilà. Sourit-il en le donnant un noiraud qui le remercia du regard en berçant distraitement son fils. N'hésite surtout pas à m'appeler, hein. Je suis jamais très loin.

- Merci Shoda.

- À bientôt. Le salua-t-il en s'inclinant rapidement, avant de tourner la tête vers sa chienne qui s'était couchée dans un coin. Odo, on y va !

L'animal se leva aussitôt, trottinant jusqu'aux pieds de son maître en remuant la queue. Les deux jeunes hommes échangèrent un dernier sourire, avant que Seungmin ne se retourne pour ouvrir la porte. Une bourrasque de vent s'engouffra immédiatement dans la demeure auparavant si calme, faisant frissonner Jisung qui serra un peu plus fort son fils contre lui.

En quelques secondes, Seungmin disparu dans la nuit, suivi par sa chienne. Le jeune père se dépêcha de refermer la porte derrière eux. Lorsque le calme retomba dans la pièce mal éclairée, il soupira de soulagement. Jisung resta de longues secondes ainsi, le regard vide. Ce n'est que lorsque son fils s'impatienta dans ses bras qu'il sortit de ses pensées. Il se dépêcha de se diriger vers la cuisine où ses bouts de légumes flottaient toujours dans l'eau maintenant tiède. Il n'était pas encore couché...

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