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Chapitre 12

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Jisung poussa la porte de bois qui coulissa sur ses gonds, avant de pénétrer à l'intérieur de sa maison. Il retira ses chaussures dans l'entrée et suspendit sa veste en jean sur le crochet qu'il avait installé contre le mur blanc. Voyant qu'ils étaient à la maison, Sunghan agita vivement ses bras et ses jambes en poussant de petits cris, pressé de pouvoir aller où bon lui semblait.

- Oui Sunghan-ah, on est à la maison. Souffla le noiraud en détachant son fils qu'il déposa délicatement sur sa couverture colorée. Voilà, c'est mieux comme ça, hein ?

Le petit garçon lui fit un grand sourire en tapant dans ses mains, assis sur ses fesses. Plusieurs syllabes sans sens apparent s'échappèrent d'entre ses lèvres fines alors que ses grands yeux brillants étaient braqués dans ceux de son père.

Ce dernier sourit en lui chipant un rapide bisou sur la joue, avant de se relever. Il se défit complètement de son porte bébé qu'il abandonna sur la table de bois. Tout en baillant, il étira ses muscles fourbus par la dure journée qu'il venait de passer.

En voyant que son fils était occupé à essayer de marcher à quatre patte sur le planché ciré, Jisung s'était rapidement rendu à la salle de bain, juste à droite de la porte de sa chambre. Là, il avait retiré son sweat tâché de vomi de bébé qu'il avait fourré dans le tambour de la machine à laver avec la grande majorité de ses vêtements. Il fallait dire qu'il n'en avait pas beaucoup, et avec le travail qu'il faisait et le fils qu'il avait, ça se salissait vite.

Le jeune père se dépêcha de mettre la lessive à tourner avant de retourner dans la pièce principale où Sunghan n'avait pas encore remarqué son absence. Tous ses autres vêtements étant au lavage, Jisung ne portait plus que son large jean bleu, découvrant son torse nu à la taille si fine qu'il aurait presque pu en faire le tour avec ses mains. Ce n'était pas comme si il attendait quelqu'un, alors être ainsi découvert ne le dérangeait pas vraiment.

Lorsque le brun se laissa tomber sur le parquet frais à côté de son fils, ses poils se hérissèrent légèrement de froid, mais c'était plus que supportable. En le voyant, Sunghan se dirigea immédiatement vers lui en babillant, ses mouvements mal assurés ne le rendant que plus adorable.

- C'est bien Sunghan-ah ! L'encouragea Jisung avec un petit sourire en lui tendant ses mains.

Le petit garçon saisit immédiatement ses phalanges pour tenter de se mettre sur ses pieds, même si cela n'aboutit qu'à une vaine tentative. Le noiraud l'avait regardé essayer encore quelques minutes, avant de finalement placer ses mains au niveau de ses côtes pour l'aider à tenir debout.

Sunghan afficha immédiatement un immense sourire en poussant un petit cris, son regard brillant de fierté braqué dans celui de son père. Ce dernier sourit en l'aidant à faire quelques pas bancales jusqu'à lui, avant de finalement l'installer entre ses jambes croisés, faisant reposer le dos de son fils contre son torse nu.

Tout en portant ses doigts à sa bouche, Sunghan releva la tête pour regarder son père par en bas, amusé de ce nouveau point de vue. Jisung se pencha vers lui en l'entendant rigoler et piqua un rapide bisou sur le bout de son nez, ce qui ne fit qu'amplifier les gloussements de son fils. Le petit bébé secoua ses bras dans les air avec entrain, et puis son attention se dirigea ailleurs.

En voyant que Sunghan essayait tant bien que mal de descendre de ses jambes pour se déplacer par lui-même, Jisung souleva son fils et le déposa sur le parquet à côté. Le petit garçon se mit immédiatement à ramper sur le ventre, à moitié à quatre pattes, pour explorer les recoins de la maison qu'il aurait oublié. Il n'était pas très précis, mais la détermination qui habitait ses cris concentrés était juste adorable.

Le jeune père regarda son fils d'un air attendri, avant de se laisser tomber sur le dos. Là, son regard dériva vers le plafond clair, au dessus de sa tête. Il observa distraitement les quelques tâches d'humidité, une main calée derrière sa nuque. Une fois qu'il en eut fait le tour, il se tourna mollement sur le côté.

À travers l'embrasure de sa porte d'entrée qui restait ouverte la plupart du temps apparaissait son jardin aux couleurs si vives. L'air rafraîchit par le soir qui tombait à petit feu le faisait frissonner. Une journée de plus était sur le point de s'achever. Silencieusement.

Lorsque l'obscurité commença lentement à s'installer, Jisung rassembla tout son courage pour se relever. En constatant que son fils s'était endormi contre le meuble de l'évier, il avait souri doucement. Le plus délicatement du monde, il avait récupéré Sunghan pour le déposer sur sa couverture colorée afin qu'il soit un peu plus au chaud. Il avait rapidement embrassé son front, avant de se diriger vers la salle de bain en dénouant déjà la ceinture de son pantalon trop grand.

Il savait qu'il n'avait pas beaucoup de temps, alors Jisung se doucha sans traîner, ne cessant d'éteindre régulièrement l'eau pour s'assurer que son fils ne s'était pas réveillé. C'est les cheveux dégoulinants que le jeune père s'était rhabillé -enfin que le bas-, avant de récupérer son linge humide qu'il étendit à l'intérieur par crainte des pluies nocturnes.

Lorsque Jisung sortit une casserole de derrière le rideau à carreau qui cachait les placards de la cuisine, Sunghan se mit soudainement à pleurer. Le jeune homme aux cheveux si sombres se pencha vers son fils pour le prendre dans ses bras, le berçant lentement tout en en remplissant tant bien que mal sa casserole d'eau. Il se dépêcha d'allumer le feu pour pouvoir se concentrer sur Sunghan.

Ce dernier s'était un peu calmé mais continuait de sangloter d'un air mécontent. Jisung fronça les sourcils et lui ouvrit la bouche avec délicatesse. En constatant ses gencives rouges autour des deux pointes de canines qui commençaient à sortir, il ne mit pas plus longtemps à comprendre.

- Encore tes dents, hein ? Soupira-t-il en sortant le concombre à moitié entamé que lui avait donné Minho il y avait de cela quelques jours. Elles sont méchantes celles-là, hein ? Ouuu, les méchantes...

Jisung parla à son fils pour détourner son attention tandis qu'il se dépêchait de lui couper un bout de concombre, avant de lui donner la large lamelle verte et humide. Les yeux brillants, Sunghan s'empressa de la prendre entre ses petites mains avant de les porter à la bouche pour soulager sa douleur.

- Il est bon le concombre, hein Sunghan-ah ? Sourit le noiraud en berçant son fils qu'il avait calé sur sa hanche.

Le petit bébé se contenta de pousser un long soupir en mâchouillant son concombre, et Jisung le reposa délicatement sur sa couverture. Il s'assura une dernière fois qu'il allait bien avant de se redresser. L'air légèrement ailleurs, le jeune père commença à couper un quart de courgette en tout petit dés. Lorsque l'eau fut troublée par des dizaines de grosses bulles, il les fit glisser dans la casserole de métal légèrement tordue.

En attendant que les légumes cuisent, Jisung prépara le biberon de lait machinalement. Il fit tiédir une deuxième casserole d'eau, déposa quelques cuillères de lait en poudre dans le cylindre de plastique rose avant d'y verser le liquide légèrement chaud. Après avoir remué énergiquement le tout, il le posa sur la table le temps qu'il égoutte et écrase les petits bouts de courgettes ébouillantés pour en faire une purée verte.

Le repas de son fils entre les mains, Jisung s'assit sur le parquet propre. Il attrapa Sunghan à bout de bras pour l'asseoir contre ses jambes qu'il avait repliés vers lui. Ainsi, le bébé était face à lui et ne craignait pas de tomber. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé. Le noiraud appuya son dos contre l'un des pied de la petite table en approchant le biberon tiède des lèvres de son fils.

Ce dernier s'empressa de mordre dans la tétine avec de grands yeux. Il bût goulûment sous le regard attendri de son père. C'est qu'il commençait à avoir faim, quand même. Il avait beau avoir sept petits mois, il mangeait déjà pour quatre. C'était plutôt étonnant.

- On mange les courgettes maintenant ? Sourit légèrement Jisung en posant le biberon à moitié vide à côté de lui. Aaaaah...

Il apporta la petite cuillère de purée tiède jusqu'aux lèvres de Sunghan qui se fit un plaisir de l'écraser contre son palais, mangeant son repas du soir en agitant gaiement les bras. Le jeune père récupéra les quelques restes autour de la bouche du bébé du bout de sa cuillère en plastique avant de replonger cette dernière dans son bol pour la remplir à nouveau.

Lorsque plus une seule trace de purée de courgette ne colora le récipient blanc, Jisung donna à nouveau du lait à son fils qui avait toujours faim. Il pria pour ne pas avoir à en refaire, et heureusement pour lui, Sunghan sembla rassasié après une dizaine de gorgées supplémentaires. Tout en abandonnant son biberon au sol, le jeune père se releva pour bercer lentement son fils.

Comme il avait beaucoup mangé, Sunghan ne tarda pas à sombrer dans le sommeil, la tête posée contre le torse nu du noiraud. Ce dernier le berça encore quelques minutes en tournant en rond dans la pièce, histoire d'être sûr qu'il soit profondément endormi. Dehors, la nuit tombait silencieusement, la fraîcheur s'installant avec elle.

Jisung déposa délicatement son fils sur le futon fleuri en le couvrant de l'épaisse couette, avant de retourner dans la pièce principale en prenant bien soin de fermer la porte derrière lui. Il rangea distraitement la cuisine et lava la vaisselle qu'il laissa sécher sur l'égouttoir. C'est avec dépit que le jeune père constata que son linge n'était toujours pas sec, le condamnant à dormir sans t-shirt.

Mais alors qu'il allait fermer la double porte d'entrée pour aller se coucher, Jisung sursauta bruyamment. Devant lui se tenait Jeongin, un petit balluchon safran entre les mains et un grand sourire sur le visage.

- Bonsoir Han ! S'exclama-t-il, tout fier.

Son regard glissa sur le torse nu du noiraud, et il détailla sans grande gêne sa taille si fine et ses côtes légèrement apparentes derrière sa peau pâle. Jisung rougit en attrapant rapidement sa veste en jean qu'il se dépêcha d'enfiler en prenant soin de fermer les quelques boutons.

- T'inquiète pas hein, moi aussi je me balade à poil dans ma chambre. Le rassura le lycéen en grattant ses cheveux bruns. Y'a pas de honte à avoir.

Le jeune père se contenta de lui lancer un rapide sourire, plus par politesse qu'autre chose.

- Et pourquoi tu...

- Ah oui, j'allais oublier ! S'exclama Jeongin avec un grand sourire qui dévoilait son appareil dentaire. Ma mère a fait beaucoup trop à manger, il en reste pour au moins dix personnes, jamais on pourra manger tout ça. Alors elle m'a dit d'aller en donner un peu aux voisins. Comme on habite pas loin, je me suis dit que ça te ferait plaisir ! T'as déjà mangé ?

- Euuh... non...

- Ah bah c'est parfait alors ! Tu verras, le curry de ma mère est vraiment délicieux.

Déclara le lycéen en s'avançant dans la pièce pour poser son balluchon sur la table. Comme si il était chez lui, il dénoua le tissu pour découvrir une pile de trois boites de bois sombre. Sous le regard médusé de Jisung, il en laissa une sur la table pour placer les deux autres au frigo et revint en piquant une paire de baguettes dans le placard qu'il posa à côté de la dernière boite.

- Han, qu'est ce que tu fais ? Viens !

- Mais... C'est pas... Bafouilla le coréen, légèrement mal à l'aise. Il fallait pas...

- Quoi ?! S'exclama Jeongin en soulevant le couvercle, faisant s'échapper une délicieuse odeur dans la pièce à mesure que la vapeur fumante s'élevait dans l'air. J'entends rien, dépêche-toi de venir manger avant que ça soit froid !

Jisung soupira mais finit par hocher la tête. Il prit place sur la chaise en face de celle du lycéen, juste devant la petite boite de bois où trônait une bonne quantité de riz nappé de poulet mariné dans une sauce au curry à l'odeur épicée. Sous le regard insistant de son vis-à-vis, le noiraud ne se fit pas désirer plus longtemps et prit une petite bouchée du plat bien chaud entre ses lèvres fines.

- Alors ?? Sourit Jeongin en ouvrant de grands yeux brillants. C'est bon hein ?!

Jisung hocha doucement la tête en mâchant lentement le riz imbibé de sauce. Après de longues secondes, il prit une deuxième bouchée tout aussi mince. Jeongin avait raison, c'était vraisemblablement la meilleure chose qu'il avait mangé depuis quelques semaines. Mais après-tout, ça n'était pas comme si il avait mangé grand-chose...

- T'en veut ? Proposa-t-il en constatant que c'était vraiment beaucoup trop pour lui.

- Oh non c'est bon, j'ai déjà mangé. T'aurais vu l'assiette que je me suis servi ! C'était hyper bon mais là j'ai vraiment plus faim !

Le jeune père hocha lentement la tête et porta une troisième bouchée à ses lèvres. Devant lui, Jeongin le regardait avec attention, le menton appuyé dans la paume de sa main. C'était plutôt... étrange.

- J'ai vu que t'avais planté des légumes dans le jardin. Lança le lycéen d'un air sincèrement intéressé. Ça fait super bien, on dirait vraiment que le jardin est rangé maintenant ! En plus si ça te fait des légumes pour cet été, c'est chouette ! T'auras même pas besoin d'aller super loin pour faire les courses. Ça sera tout direct dans ton jardin !

Jisung hocha la tête en reposant ses baguettes, sentant déjà son ventre s'alourdir après les quelques bouchées qu'il avait prises.

- T'as déjà plus faim ? S'étonna Jeongin avec des yeux ronds.

- Non je fais... une pause.

- Déjà ? Mais t'as presque rien mangé !

- Y'en a beaucoup, quand même... Sourit platement Jisung, les joues légèrement rougies.

- Ah ouais ?! Tu trouves que ça c'est vraiment beaucoup ? C'est drôle, j'ai toujours pensé que les coréens mangeaient plus que nous. Et bah on dirait bien que je me suis trompé !

Le jeune père pinça distraitement ses lèvres entre elles, avant de se motiver pour reprendre ses baguettes entre ses doigts fins. Jeongin venait de lui offrir à manger, ça aurait été vraiment impoli d'à peine y toucher. Il se devait de manger au moins la moitié, tout de même... C'était une question de respect.

Après avoir pris une grande inspiration, Jisung porta un bout de poulet à ses lèvres. Il le mâcha pendant de longues secondes de manière à être certain qu'il passe sa trachée, avant de finalement l'avaler. Devant lui, le lycéen avait recommencé à parler d'un sujet au hasard. Il lui racontait ce qui lui passait par la tête.

Jeongin, c'était un garçon plein de vie. Il était légèrement maladroit et manquait un peu de jugeote, mais il n'était pas méchant. Ça se voyait dès le premier regard. Alors Jisung l'avait laissé faire. Il se contentait de mâcher bouchée par bouchée le plat devant lui en tenant discrètement son ventre beaucoup trop rempli à son goût.

Au bout d'une grosse demi-heure, le noiraud avait difficilement réussi à manger la moitié de ce que contenait la petite boite en bois. Il reposa ses baguettes en soufflant de soulagement. Il ne pouvait pas prendre une seule bouchée de plus.

- T'as plus faim ? S'étonna Jeongin en se redressant légèrement pour regarder ce qu'avait mangé son aîné.

- Non, je suis désolé... Mais... mais c'était très bon. Tu pourras... le dire à ta maman. Merci.

À ces mots, le lycéen afficha un immense sourire.

- Oh mais c'est rien ! Je t'en ai mis deux autres boites au frigo, t'as vu hein ? Comme ça t'auras à manger pour quelques jours !

Jisung hocha la tête, un petit sourire sur les lèvres. Au vu de la taille de chaque boite, il allait sûrement en avoir pour une bonne semaine, voir plus... Mais ça, il se garda bien de le dire.

- Bon, je vais peut-être y aller, du coup ! Déclara Jeongin en sautant de sa chaise, les mains enfouies dans la poche bleue de son sweat vert aux manches jaunes et violettes dépareillés. Désolé pour le dérangement.

- Oh c'est... c'est rien. Bonne nuit.

- Mmh bonne nuit ! À bientôt Han !

Et sur ces mots, le lycéen sauta dans le jardin, disparaissant immédiatement dans la nuit. Le jeune père resta immobile de longues minutes, les yeux dans le vague. Il fit l'effort ultime de refermer la boite à moitié entamée pour la ranger dans le frigo. Après tout ce qu'il avait mangé, son corps entier était aussi lourd que du plomb.

Après avoir retiré sa veste et son jean large, Jisung s'était hâtivement glissé sous sa couette, aux côtés de son fils qui dormait déjà depuis longtemps. Il prit soin de recouvrir délicatement Sunghan en déposant un petit bisou sur sa joue, avant de se laisser tomber contre le vieux futon. Ce soir-là, il s'était endormi tellement rapidement qu'il ne s'en était même pas rendu compte. Sa journée avait été bien remplie.

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