XLII
— Tchou tchou ! Attention le train arrive en gare, les passagers montent et c'est reparti ! Tchou tchou ! On va passer sur un pont, tchou tchou accrochez votre ceinture ! Joua-t-il de sa petite voix, accroupit sur le parquet gelé de sa chambre.
Petite touffe brune, petits yeux noirs brillants de mille feux, petites mains avec un petit jouet, petites larmes s'écrasant sur le sol. Chambre neutre, sans vie, un lit, une étagère, un placard. Un sourire camouflant une grande peine, mais la peur ressortant sous forme d'eau. La peur d'être puni, mais il savait qu'il allait l'être, à un moment où à un autre. Cet instant était l'un des rares fois où il pouvait être seul, tranquille, sauf que son corps se crispait à chaque bruit extérieur à sa chambre. Pourquoi est-il venu au monde si c'est pour recevoir autant de haine ? De souffrance ? Il aurait mieux fait de partir en même temps que son grand-frère, dans cette voiture il y a un an. De ce fait, il n'aurait pas eu à subir toute cette douleur. Depuis tout petit, jamais il n'a connu le bonheur, la vraie tranquillité et la paix. Qu'est-ce que ça faisait d'être heureux ? D'être aimé ? Il voulait savoir. Bien qu'il avait seulement dix ans à cette époque, son envie de suicide était déjà présente. Mais toujours il se répétait qu'un jour ou l'autre, tout se terminera et il pourra vivre normalement. Oui un jour, forcément, obligatoirement. Tout à une fin. Ses petites mains vinrent prendre son visage humide, lâchant le train qui tomba du pont de capela, un peu comme ses larmes. Il était triste, très triste et effrayé. Cette peur accrue lorsqu'il entendit des pas rapide dans le couloir, sa porte claquer contre le mur voisin, et son col de sweat prit par l'arrière. Battant des jambes dans le vide, les doigts enfoncés à sa gorge pour tenter de trouver de l'air, il commença à trembler tel une petite feuille morte se faisant prendre par une énorme tempête. Il n'osait pas regarder la personne en face de lui, elle devait sans doute être rouge de rage. Une atroce douleur lui atteint le ventre et il fut pitoyablement lâcher dans le vide, dégringolant d'un bon un mètre quatre-vingt-quinze à bras lever. Plusieurs coups de pieds et l'assaillant stoppa pour le reprendre en l'air.
— Je pars deux heures et qu'est-ce que j'entends ?? QUE TU T'ES ENCORE ENFUIT D'ICI ? J'ai pas engagé Marie pour qu'elle te suive partout dehors !!!
— J... Je suis désolé, bredouilla l'enfant en pleure.
— Y'a pas de désolé !! Il le jeta sur son lit, cognant violemment sa tête contre le mur. Yoongi !!!
Un adolescent près de la majorité apparut au seuil de la porte, ses lèvres pincées sur une paille de jus de fruit. Il remit en place ses cheveux ébène et regarda l'homme, attendant un quelconque ordre.
— Amène ma mallette, j'en ai plus que marre de ses caprices et ses fugues. Et appelle Hoseok, vous allez m'aider à le tenir.
Un soupire et il partit, toisant Taehyung de tout son être, qui lui, papillonna des yeux, sa vue étant devenue trouble par le choc. Mais à peine eut-elle le temps de se mettre à jour qu'un énorme poids écrasa son bassin, le faisant pousser des petits cris. Il essaya de le repousser avec ses frêles bras mais ce fut toujours un échec, il était trop faible. Il ouvrit ses pauvres yeux mais les referma automatiquement suite à qui il venait de voir entrer. Ses trois pires craintes se trouvaient dans la même pièce, et quand le plus jeune d'eux était présent aussi, c'était qu'il allait avoir mal, très mal.
— Hoseok, à droite, Yoongi, à gauche. Tenez lui les bras, ordonna l'homme de sa grosse voix, alors qu'il ouvrit sa mallette sur le ventre de Taehyung.
Les deux enfants plus âgés s'activèrent, l'un avec un grand sourire malsain et l'autre un air blasé. Le petit pleurait en silence, les paupières tellement fermées que les larmes avaient souvent du mal à passer. Alors qu'il gigotait de la tête, deux paires de mains l'agrippèrent et ses bras furent écrasés par des genoux. Il ne pouvait plus bouger, il n'avait plus aucune force, il était beaucoup trop faible. Des bruits d'outils, son visage tourné sur la gauche, et il sentit une nouvelle douleur lui trancher la droite de son cou, le faisant hurler à plein poumon. Il n'avait jamais eu aussi mal, son oncle était un boucher, un homme sans pitié, une putain d'erreur de Mère Nature, rien de plus. Mais il savait bien qu'hurler ne servait à rien, tout simplement parce que personne n'allait lui venir en aide. Les murs insonorisés empêchaient tout contact avec l'extérieur, il voulait mourir. Un doigt, puis deux pénétrèrent dans sa plaie, cherchant quelque chose à l'intérieur, cherchant ses nerfs. Il touchait son œsophage, lui privant encore plus d'air, tripotait ses muscles et enfin trouva ce qu'il voulait, et les sortit d'un coup sec à l'extrémité de l'ouverture. Le petit en pouvait plus, il se défendait comme il pouvait, hurlait à en devenir muet, pleurait à en être déshydraté, c'était au dessus de ses limites. L'homme sourit en voyant son cher et tendre neveux souffrir le martyr, au bord d'une presque mort et retira sa main ensanglantée pour venir attraper quelque chose dans sa mallette avec une pince. Une minie puce. L'enfant voyait flou, ses larmes en étaient pour quelque chose mais qu'une partie. Le pire était la douleur, et il se sentait partir de plus en plus; ses débattements devenaient lents et son souffle vraiment irrégulier lui faisant extrêmement peur. Peut-être allait-il enfin partir ? Non, au fond de lui mourir l'effrayait, mais vivre n'était pas mieux.
— Oh ! Fit celui à sa droite, qui voyait toute l'horreur avec un immense sourire. T'es vraiment pas con, P'pa.
— Avec ce GPS t'oseras plus t'enfuir, sale enflure.
Ce fut la dernière chose qu'il entendit avant de perdre connaissance, la dernière chose avant de commencer à être tracé à toute heure, la dernière chose avant que le vrai enfer ne commence.
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