LXV
De douces caresses parcouraient leur corps, longeant leurs bras, leurs doigts, descendant leurs flancs jusqu'aux hanches dont les ongles s'incrustaient souvent dans les chairs chaudes, des chuchotements rassurants lui permettaient d'oublier la douleur pour se concentrer seulement sur le plaisir. La lueur de la Lune tapait contre les volets, se frayant un passage curieux pour créer une ambiance magique, comme un monde parallèle. L'astre céleste ne semblait briller que pour eux deux, les encourageants à continuer ce pas en avant. La température de la pièce augmentait au fil des secondes, des minutes, du temps qu'ils passaient ensemble dans ce moment personnel. La porte avait été bloquée par le canapé, leur permettant ainsi de continuer cet instant remplit de luxure. Rien ne ressemblait à tout ce qu'il avait subit pendant sept ans, multiplié par ses deux ans de prostitution. Absolument rien, ses coups semblaient à peine l'effleurer tellement il était doux et protecteur. Des murmures traversaient quelques fois la barrière de leurs lèvres lorsqu'elles ne se sellaient pas, soit rarement. Ce monde où les deux amoureux voyageaient semblaient être quelque part où justice ne triomphait pas, où personne ne pouvaient les déranger, dans un monde où seul eux existaient ; Leur propre monde qu'ils se forgeaient depuis leur rencontre, et qui se forgera jusqu'à ce que mort s'en suive, peut-être même jusque dans l'au-delà.
Namjoon et Haytham venaient d'arriver, vêtu d'un costard noir à chemise blanche, le serveur une cravate en plus, et attendaient le retour de Jungkook pendant que Taehyung se rongeait la peau des doigts du haut de son lit d'hôpital. Aujourd'hui était le jour J, le jour de son procès. Personne ne laissait paraître hormis le jeune, mais tous étaient stressés à un point impensable. Le fait que lui, qui devait rester dans cette pièce sans oxygène, le rendait malade, il en avait déjà vomis une heure auparavant. Il avait peur, son cœur battait à la chamade mais comme lui avait dit l'adulte, il devait tenter de penser à autre chose. Alors c'est ce qu'il faisait, et comme sujet pour occuper ses pensées, il avait choisi la nuit dernière. Cela s'était fait comme ça, le couple discutait, se chamaillait, rigolait à plein poumon jusqu'à ce qu'ils se regardent sans un mot, sans rien. Jamais Taehyung n'avait pensé qu'avec un seul baiser de sa part, la tension entre eux allait devenir plus forte jusqu'à ce qu'il s'aventure dans un monde de douceur et de plaisir. N'ayant connu seulement la brutalité, il ne s'était jamais aussi dit qu'unir deux corps pouvait être aussi calme et magique. Il avait honte de se le dire, mais il avait aimé. Et les paroles de son petit-ami l'avaient aidé à se détendre et à apprécier.
— Allô Tae ? Ici la Terre, fit Haytham en secouant sa main devant son visage fatigué.
— H-Hein... ?
— Tu m'as écouté ?
— Euh non... Désolé... Tu disais ?
— Hm rien de bien intéressant, et ça va être l'heure qu'on y aille.
— Mais... Jungkook est pas re-
— C'est bon on peut y aller, fit la personne en question qui venait d'entrer dans la chambre.
Si la mâchoire de l'adolescent n'était pas liée par des ligaments, elle serait tombée raide dès que l'adulte avait posé un pied dans la pièce. Son corps se cachait lui aussi dans un costard noir s'accordant en parfaite harmonie avec ses cheveux ébènes relevés par du gel et le léger maquillage à ses yeux, il n'avait plus de mot, son cerveau venait de s'arrêter devant toute cette beauté. Namjoon siffla avec un sourire en coin pour signaler la classe que Jungkook avait adopté. Celui-ci se contenta de lever les yeux au ciel et de trouver une excuse bidon, comme quoi il fallait quand même être présentable pour participer à un combat juridique. Voyant l'inactivité du plus jeune, dont les regards amoureux le faisaient fondre, il claqua des doigts devant ses yeux bicolores le faisant sursauter. Ses paupières papillonnèrent quelques instants et ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire adorable. Comment avoir l'idée de torturer cette bouille d'ange, franchement ? D'une main, il fit signe à ses deux amis de partir, qu'il les rejoindra dans une minute dans la voiture. A son plus grand soulagement, ils comprirent et sortirent sans broncher, lui disant quand même de ne pas trop trainer. La porte fermée, Jungkook s'agenouilla devant Taehyung dont ses pieds pendaient dans le vide, et prit délicatement ses petites mains dans les siennes. Les deux se fixaient, l'un la tête baissée aux yeux maintenant larmoyants, l'autre levée au regard tendre.
— Tu as peur ? Le petit hocha la tête en retenant ses pleurs, alors l'adulte resserra la pression entre leurs mains. Moi aussi. Je suis terrorisé à l'idée que tu ailles en prison alors que tu n'as rien fait, mais je t'attendrais Tae, je te le promets. Il vint essuyer de son pouce les quelques larmes qui roulaient le long des joues de son petit-ami. Pleure pas t'es moche ! Taehyung étouffa un rire.
— O-Oui oui... Jungkook sourit. D-Dis...
— Hm ?
— Tu m'attendras vraiment h-hein ?
— Oui, et je viendrais te voir au maximum avec Khundas. J'essaierais de me trouver un vrai travail pour occuper mes journées et mon esprit.
— Ton esprit... ?
— Oui hm... Je vais continuellement être inquiet pour toi... Il dévia un peu le regard, gêné.
— Pourquoi... ?
— J'y ai passé quatre ans de ma vie là-bas, je sais comment tout fonctionne et les gens qui y sont encore dont certains qui pourraient très bien te faire du mal. Mais ne t'en fais pas, je ferais en sorte que tout se passe bien en engueulant un peu les gardes. Taehyung ria une nouvelle fois.
— Tu aimes bien engueuler les forces de l'ordre toi...
— Non, j'aime seulement pas qu'on touche à ce qui m'appartient et ce qui est de plus cher à mes yeux.
Le jeune eut à peine le temps de répondre que ses lèvres furent scellées par celles de Jungkook, lui donnant un baiser remplit de passion et d'amour. Ses fins bras entourèrent sa nuque et ses yeux se fermèrent sous toute cette dose de bonheur jusqu'à ce que leurs poumons demandent de l'oxygène. Leurs bouches se mouvaient doucement l'une contre l'autre, et rien qu'avec ce contacte, Taehyung se sentait mieux, rassuré, protégé. Il pouvait comprendre ce que ce baiser disait : ne t'en fais pas, tout vas bien se passer, on va y arriver, après ça, notre vie ne sera plus que paix et sérénité. Ils se séparèrent à contrecœur et l'adulte se redressa sur toute sa hauteur afin de faire disparaître l'une de ses mains dans la chevelure grise de son copain. Il va falloir changer cette couleur à sa sortie, même si elle lui va très bien. Son regard sombre se posa sur sa montre, affichant neuf heures deux. Le procès commençait à dix heures et ils devaient y être en avance pour revoir l'avocate avant le début. Il soupira en caressant ensuite la joue de Taehyung, qui lui, l'observait attentivement.
— Je t'appelle dès que c'est fini, garde ton téléphone prêt de toi.
— Il me quittera pas de toute façon... L'adulte sourit puis déposa ses lèvres sur son front.
— Je dois y aller, surtout écoute bien ce que les infirmières te disent et repose toi.
— Oui maman, fit-il sur un ton moqueur en plissant le nez.
Jungkook lâcha un rire bête et le contempla comme s'il était la huitième merveille du monde, et ce pendant quelques longues secondes. Un dernier sourire, une dernière caresse sur la joue et il partit pour la sortie. Le temps lui était compté. Mais alors qu'il allait ouvrir la porte, deux bras enlacèrent son torse et un corps chaud se colla à son dos. Leur étreinte se serra un peu plus, comme si celui de derrière rassemblait tout son courage pour ôter trois mots de sa gorge qui mourraient d'envie de sortir.
— Je... Je t'aime Jungkook... fini-t-il par murmurer.
La porte arrière de la voiture s'ouvrit, l'adulte s'assit sur les sièges de cuir avec un sourire complètement niait et s'attacha sous les regards curieux de ses deux amis. Haytham au volant, il ignora finalement et démarra le moteur avec pour destination le tribunal. Pendant la route, alors que les deux aux sièges avant parlaient de tout et de rien de sorte à détendre l'atmosphère, passant par les origines du conducteur à la forme de la bicyclette venant de les dépasser à un feu rouge, Jungkook feuilletait les papiers qu'ils devaient apporter pour le procès. Il tomba sur l'analyse sanguine de Taehyung faite par Lindsay, prouvant qu'il était bien de la famille d'Hoseok. Une mine triste se fixa sur son visage. La pauvre, on n'a même pas retrouvé son corps. Cette feuille pouvait être très importante si le procureur venait à nier les liens familiaux, alors, dans un presque chuchotement dans sa barbe inexistante, il parla comme si son amie était là, tout proche en disant :
— Tu vas pouvoir sauver quelqu'un même en ayant disparue... Tu m'impressionneras toujours.
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