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I. 𝖙𝖍𝖊 𝖗𝖔𝖌𝖚𝖊 𝖕𝖗𝖎𝖓𝖈𝖊


______________________________________ L'an 117.

 Qu'est-ce qui t'as pris bon sang ?

Pour la première fois de sa vie, Daemon Targaryen ne savait quoi répondre à son frère aîné; Viserys Targaryen -premier du nom- Roi des Andals et des Premiers Hommes, Seigneur des Sept Couronnes et Protecteur du Royaume.

Qu'est-ce qui lui avait pris ? Rien, rien du tout. Car le crime dont il était accusé - incendie volontaire et destructions de biens- n'était pas sien. Néanmoins, personne ne le croirait.

Non seulement, le prince avait un lourd passé de stupre, de turpitude et de trahison envers la Couronne, mais surtout, si il ne l'avait pas vécu, jamais il ne se serait cru.

Comment implanter l'idée qu'il n'était pas responsable, alors que c'était son dragon, Caraxès, qui avait détruit les biens de la Capitale ? De surcroît, il montait le dit dragon, au moment des faits. Des centaines de personnes avaient été témoins de cela.

Pourtant, ce n'était pas lui. Il s'amusait à exciter ces crétins du bas peuple, lorsqu'il avait entendu une voix d'enfant, hurlant à Caraxès de cracher son feu, le tout en haut-valyrien.

Ça n'avait pas marché, bien entendu. Il avait longuement ricané du manque de matière grise des péquenauds du Royaume, s'octroyant même un tour de plus, afin de les narguer.

Mais ensuite, il y avait eu cette autre voix. Ce cri du cœur. Le souvenir de ce hurlement, tremblant de rage, le couvrait encore de sueurs froides.

C'était cette voix là, qui avait déclencher le cataclysme. Et le prince rêvait de retrouver sa propriétaire, afin de lui tordre le cou.

Les enfants étaient une plaies, il l'avait toujours pensé -même après être devenu père de jumelles. À cause de ce mouflet, il se retrouvait dans la salle du trône de fer, à se faire houspiller par son aîné comme un gamin de six ans, et il détestait cela.

— Je n'y crois pas, grommela le roi. Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Ce n'est vraiment, vraiment pas croyable.

Le prince décroisa les jambes, et déplia son corps immense. Il dépassait son frère d'une bonne tête.

— Dois-je répondre ? Demanda t-il en baillant. Ou peut-on passer ce bavardage inutile et en venir a la sentence.

Visery soupira, massant les plis de son front, éreinté.

Son cadet n'était pas la seule cause de sa fatigue -bien que le prince y jouait régulièrement le rôle principal. Le roi n'était plus dans sa première jeunesse, bien que toujours en forme, il s'était empâté, et même si il le cachait au mieux, sa santé dépérissait.

Il n'avait guère le temps pour les excentricités de son jeune frère. Sa fille et héritière, Rhaenyra avait annoncé la veille, être enceinte de son troisième enfant. Viserys avait accueilli la nouvelle avec la joie la plus sincère. L'idée d'un nouveau petit-enfant le réjouissait. Pas la reine.

Alicent Hightower, seconde épouse et mère de cinq enfants du roi, avait passé la soirée à bassiner son mari avec ses théories absurdes. La femme —de dix-neuf ans sa cadette— n'avait eu de cesse de répéter que si le nouveau-né ne ressemblait pas à Laenor Velaryon —le prince consort de Rhaenyra—le roi serait forcé d'admettre qu'il n'était tout simplement pas de lui.

De fait, après cette nuit terrible, Viserys n'était pas d'humeur à gérer une crise tel que celle que Daemon avait provoqué dans Port-Réal.

—Tout cela t'amuses ? S'exclama le roi.

Le prince haussa les épaules, lorgnant sur l'un des calices que les servantes avaient apportés. Il aurait tué pour un peu de vin.

— Alors très cher frère, souffla t-il en détournant les yeux du breuvage à contrecœur. Suis-je exilé ? Banni de la capitale ? Dois-je renoncer à ma-

Il fit une pause, compta sur ses doigts et grimaça.

— Dixième place dans l'ordre de succession ?

C'était de notoriété commune. Le prince Daemon n'avait jamais accepté d'être évincé du trône par les progénitures de Viserys. Si la princesse héritière gardait dans son cœur une place de choix, ses frères et sa sœur ne savaient trouver grâce aux yeux de l'ancien Commandant du Guet.

—Ne prends-tu donc jamais rien au sérieux ? Soupira le roi, en secouant la tête. Il y a eu des morts Daemon.

— Deux, corrigea son frère en levant l'index et le majeur. Deux morts.

Le plus âgé, fit claquer sa canne d'acier sur le sol.

— Et une trentaine de blessés !

Daemon roula des yeux, ravalant un grognement de frustration, nullement impressionné par la démonstration d'autorité de Viserys. Il s'empara d'un calice, cédant à la tentation.

— Trente quatre, précisa t-il en avalant une gorgée. Onze prostitués, treize commerçant travaillant dans l'illégalité et six voleurs.

Pivotant sur ses talons, il fit la moue.

— Les cachots du Donjon Rouge sont remplis, Caraxès t'as débarrassé d'un certains nombres d'indésirables.

Viserys se dirigea vers l'une des fenêtres de la grande salle, les mains dans le dos.

— C'était des êtres humains Daemon, pas de vulgaires objets. Ils avaient très certainement des familles, des amis, une vie.

Baignant dans la lumière déclinante du petit soir, Viserys poussa un long soupir. Son cadet, plongé dans la pénombre, faisait tourner le calice, observant avec fascination le balancement du vin.

Ce tableau décrivait parfaitement les différences entre les frères.

Viserys, Le Jeune Roi, n'était que bonté. Il faisait preuve d'une grande empathie envers son peuple et ses proches, ce que ses détracteurs —dont son propre frère faisait partie— considérait comme de la faiblesse, à tort.

Daemon, Le Prince Vaurien, ne possédait pas la miséricorde de son aîné. Il réglait les problèmes par la force, ou la ruse. Les sentiments étaient pour lui une arme, dont il fallait se servir avec précaution. De sa vie —malgré le fait d'avoir tué plus d'hommes qu'il ne pouvait le compter— il n'avait ressentie la culpabilité et le regret, qu'une poignée de fois.

—Tu iras présenter tes excuses aux victimes, décrétait Viserys, le regard rivé sur les jardins en contrebas. En personne.

Le prince s'étrangla, et reposa le calice en toussotant. Il ouvrit la bouche, indigné, mais Viserys —qui s'y attendait— le coupa avant même qu'il n'ai pu prononcer le moindre mot.

— Tu iras présenter tes excuses, répéta t-il en appuyant sur chaque mots. En personne. Ou, tu rentreras à Pentos, banni de Port-Réal.

— Ce ne serait pas la première fois.

Par dessus son épaule, Viserys jeta un coup d'œil sévère à son cadet.

— Ai-je oublié de préciser ? Ta femme et tes filles, également.

Sa menace fit mouche, le prince se rembrunit.

Si Viserys n'impressionnait guère son frère, Laena, sa femme, pouvait être terrifiante.

La fille du Lord Corly Velaryon —aussi nommé le Serpent de Mer— était une jeune femme au tempérament ardent. C'était après tout ce que l'on pouvait attendre d'une enfant élevée par l'intrépide Rhaenys Velaryon -anciennement Targaryen- cousine de Daemon et Viserys.

La Reine qui ne fut jamais était en effet connue pour ne pas se laisser marcher sur les pieds. Sa fille était pareille. Le cœur de la belle Laena était tout de même plus doux que celui de sa mère, mais Daemon ne doutait pas de sa fureur, si l'on touchait aux droits de leurs enfants.

Hors, il n'avait aucune envie de se disputer avec sa femme.

— Très bien, siffla t-il entre ses dents. J'irais.

Sur ces mots, il s'éclipsa de la Salle du Trône, ses pas rageurs firent remuer le corridor, et ses jurons emplirent le château.

________________

À l'autre bout de Port-Réal, dans un des rares taudis épargné du Culpucier, quelqu'un d'autre faisait ressortir sa colère dans sa démarche, écrasant le plancher de ses bottes.

— Tu peux arrêter ? S'agaça Alenis. Tu m'donnes envie de dégoupiller.

Kai se figea, les poings serrés les long de son corps.

— Non. Je ne peux pas arrêter. Tu as vu ce que j'ai fais ?

Son amie soupira, lâchant le peigne dur avec lequel elle s'évertuait à démêler ses boucles rousses, sans franc succès. Cerlina prétendait que sa tignasse était indomptable, et avait abandonné depuis longtemps l'idée d'arriver un jour à en tirer quelque chose.

— Oui, j'étais là. Mais tourner en rond reconstruira pas le Culpucier.

Kai leva les bras en l'air.

— Je me fiches de ce trou à rats ! Hurla t-elle.

— Mae ! Gronda la rousse, paniquée.

En percevant des éclats de voix masculines à travers la porte, elle se rappela d'où elle se trouvait, et pinça les lèvres, maudissant son élan de colère.

Elle et Alenis, tout comme le reste des rescapés de Chambre Pourpre avaient trouvés refuge dans une taverne —grâce aux relations de Cerlina— qui avait miraculeusement rechapé au drame que l'on surnommait déjà "Le Bûcher des Putains".

La petite brune fixa la porte avec angoisse. Rien. Le chant des ivrognes avait couvert son cri.

— Ce qui m'intéresse, reprit-elle, un octave plus bas. C'est ceux que j'ai-

Elle ne put finir sa phrase, le mot se coinça dans sa gorge et refusa d'en sortir.

Tué. Ce terme était monstrueux. Pourtant c'était les faits, elle avait commandé à ce dragon, il avait, pour une raison inconnue, choisi de lui obéir, et des gens étaient morts. Cela faisait d'elle une meurtrière.

Elle sentit les larmes lui piquer les yeux. Prise d'un vertige, elle s'assit sur le lit en bois qu'elle et Alenis partageaient avec deux autres filles.

Son amie se détourna de son reflet, renvoyé par le miroir brisé qui trônait sur l'un des murs en pierre crème de la pièce. Ses yeux verts lançaient des éclairs alors qu'elle s'avançait.

—Je m'fous de la mort de Salomon, il a eu ce qu'il méritait.

En effet, le tenancier de Chambre Pourpre avait périt avec son établissement. C'était une mort plus que digne pour un être mauvais comme lui. C'était bien l'une des seules choses qui apaisait le cœur de Maelakai.

Alenis reprit d'un ton radouci;

— Puis, on sait pas si c'était ta faute.

Kai lui jeta un regard dubitatif.

— Moi j'le sais, affirma t-elle. Je l'ai senti.

Et elle le sentait encore. Cette étreinte brûlante qui bouillonnait dans ses veines, chauffant ses muscles. La sensation sournoise d'être puissante, invincible.

— Très bien, c'était toi. Et alors ? Ça changera rien qu'tu le dise.

Comme à son habitude, la rouquine se montrait d'un étonnant pragmatisme.

— Au mieux, on t'croira pas. Au pire, tu seras exécutée.

Kai déglutit péniblement, baissant la tête, scrutant sur ses bottes pleines de terres. Elle avait raison. Personne ne croirait une fillette comme elle, et si par malheur on l'a croyait, il ne faudrait pas attendre plus d'une demi-lune pour que les citadins de Port-Réal ne demande sa tête.

Une petite main se posa sur la sienne.

— Ça va aller, suffit de se faire discrètes. D'accord ?

Alenis faisait de son mieux pour la rassurer, comme elle l'avait toujours fais. Cette fois, ça ne fonctionna pas, mais Kai n'en montra rien. Ça ne servirait à rien, à part inquiéter d'avantage son amie.

Elle se composa un sourire de façade, et releva la tête.

— D'accord.

Cela eu l'air de convaincre Alenis, qui lui rendit son sourire. Les coins de ses yeux mouchetés de jaune se ridèrent, et son nez, couverts de tâches de rousseurs, se plissa.

Si elle pouvait tromper Alenis, alors peut-être, avec le temps, arriverait-elle à se persuader que tout ceci n'était qu'un rêve. Un souvenir estompé, qui ne représentait rien.

Clac. Tout aussi vite qu'il était apparu, le sourire de la rouquine retomba.

Entendre la lourde porte de la taverne claquer, n'avait rien de particulièrement surprenant. Les allées, et venues, étaient tout à fait commune dans ce genre d'établissement.

En revanche, ce qui l'était moins, c'était le calme plat, qui sembla s'abattre comme un marteau sur l'assemblée d'ivrognes qui, quelques instants plutôt, braillaient des chansons aux paroles graveleuses avec entrain.

Généralement, le silence dans ce genre d'endroit, était signe de problèmes. De gros problèmes. La chose qui avait passé les portes était assez impressionnante —ou dangereuse— pour avoir stoppé les beuglements, les danses, et les discussions bruyantes des clients de la taverne. Stoppé, net.

C'était aussi intriguant, que terrifiant.

Kai penchait plutôt pour la seconde option. Dotant qu'à l'instant même où cette chose —peut-importe sa nature— avait franchit le seuil de la taverne, un léger pincement s'était étendu derrière ses côtes. Un peu comme si un oiseau -ou un autre volatile-battait des ailes contre son cœur.

Elle se raidit, et d'instinct porta la main à sa botte. C'était dans cette cachette saugrenue, qu'elle avait rangé son seul héritage familiale. Si Alenis avait reçu un médaillon de sa mère, Kai, elle, s'était vu octroyer une dague.

D'environ quinze centimètres, l'arme à double tranchant avait appartenu à sa mère. Du moins c'est ce que Mirianna —la mère d'Alenis et plus proche amie de Nyrah—lui avait raconté. Kai ne s'en séparait jamais.

— Oh, chuchota Alenis en clignant des yeux. Tu crois qu'on devrait-

— Oui, résonna une voix mielleuse et familière dans le couloir. Tout de suite mon seigneur.

Seigneur ? Pourquoi diable un seigneur poserait les pieds dans un taudis pareil ? Dans un bordel, s'était courant mais ici ? Kai n'eut pas le temps de s'interroger d'avantage.

La porte s'ouvrit en grand fracas, sur une Cerlina à la bouche tordu dans un étrange sourire. C'était le genre de rictus vicieux qu'elle pouvait aborder au Marché, en comptant l'or qu'elle avait obtenu, pièce par pièce.

Elle claqua ses doigts, en mâchouillant un noyau d'olive. Le son de sa langue raclant son palet, crispa les deux fillettes.

— L'avorton, La Corniaud, quelqu'un veux vous voir.

L'angoisse épaissit l'atmosphère. Les amies échangèrent un regard intimidé.

— Secouez-vous, grogna la vieille femme.

Impatiente, elle n'attendit pas qu'elles réagissent. De ses mains rugueuses et fripées, elle se saisit des filles, empoignant leurs bras, les traînants hors de la chambrée.

Devinant le danger, Kai planta les talons dans le sol, tentant de ralentir la cadence effrénée de la mégère, en vain. D'un geste agacé, la femme la souleva de terre pour la pousser en avant.

— Mae ! S'écria Alenis, en tirant sur son bras emprisonné.

Kai ne vola qu'une seconde. Elle s'écrasa contre la pierre, mains en a plat, au centre de la taverne, devant une vingtaine de personnes.

En poussant une plainte, elle releva le buste. Ses doigts étaient poissés de vin, et d'un autre liquide dont elle ne voulait même pas connaitre la constitution. Avec une grimace écœurée, elle contempla sa peau tachée de rouge brun—ce qui indiquait que la flaque était là depuis un moment.

— Lâche moi, l'ogresse. Mae !

Si elle continuait, Alenis allait rejoindre la brune. Mais elle s'en fichait bien. Sur un coup de sang, elle tourna le visage vers le bras à la peau pendante de Cerlina et mordit dans la graisse, à pleines dents.

La femme gémit de douleur, s'empara de la tignasse de la rouquine, et la jeta au loin. Son poids la désavantagea, et la fillette attérit brutalement contre l'un des nombreux piliers de la battisse.

— Petite garce, jura Cerlina en constatant que la marque de la denture de l'enfant était imprimée dans sa chair.

Toujours au sol, Kai enragea. Elle n'avait pas vu la scène, dans son dos, mais le bruit de l'impact des membres fragiles de son amie avait cheminé à ses oreilles. Cerlina allait payer.

Frottant ses genoux contre la pierre, elle s'apprêtait à se redresser quand une paire de bottes — en cuir noir opaque— piétina la flaque de vin, tout près de sa main droite.

— Hmmm.

Ce son, ce râle rauque, percuta ses os, et hérissa ses poils. Elle se pétrifia, alors que la silhouette approchait d'avantage.

— Mon Seigneur ! S'exclama Cerlina qui avait reprit une voix douce. Voici les filles.

— Hmm.

Son interlocuteur ne semblait pas particulièrement loquace, et Kai n'osait pas lever les yeux, de peur de ce qu'elle pourrait découvrir.

Heureusement, elle n'eut pas à le faire. Cerlina se rua sur elle, et la remit sur ses pieds avec la force de trente hommes, avant de l'obliger à se plier, broyant sa nuque vers l'avant.

— Incline toi ! Ordonna t-elle. Excusez cette sotte, votre seigneurie, elle est née sans mère et sans manières.

— Et toi sans cœur et portant les rides de tout tes aïeuls, grosse morue.

À l'instant où les mots franchirent ses lèvres, elle les regretta. Pas parce qu'elle ne les pensaient pas, mais parce qu'elle avait agit avec impulsivité, et que dans sa position, ce n'était pas particulièrement judicieux.

Elle clos les paupières, sachant déjà que Cerlina lui ferait payer ses dires. Et c'était très certainement l'intention de la vieille marchande, du moins jusqu'à ce qu'un ricanement ne s'élève dans la grande salle. Un rire aigüe, et rauque en même temps. Qui sonna étrangement pour Kai, comme le sifflement d'un serpent.

Plusieurs autres vinrent le rejoindre, avec une certaine anxiété. Même Cerlina n'eut d'autre choix que d'émettre un petit gloussement, dénué de sincérité cependant.

Après cela, l'animation reprit peu à peu dans la taverne - tout de même moins enjoué qu'auparavant. Et la crainte se dissipa.

— Relève toi, exigea la voix.

Kai obéit, se redressa, et rouvrit avec une lenteur infinie, les paupières.

Oh. Son ventre remua.

Un homme —ce qu'elle avait déjà identifié au son de sa voix, et à la forme de ses chaussures, sans compter que Cerlina le nommait "mon seigneur"— se tenait face à elle, les épaules en arrières et le menton haut.

Il remplissait son champ de vision; ce n'était pas seulement un homme, c'était la personne la plus exceptionnelle sur laquelle il lui avait été permit de poser le regard.

C'était un géant —de son point de vue d'enfant— une montagne, mieux, un volcan. Vêtu complétement de noir, sa chevelure blonde n'en paraissait que plus claire. Il était beau, en tout cas en comparaison aux bandits balafrés qu'elle côtoyait depuis sa naissance. Son charisme ombrageux allait de paire avec sa posture droite et impérial. Il était mince mais la largeur de ses épaules indiquait également qu'il était robuste.

Fascinée, Kai le détaillait sans scrupule. Ses bottes, taillé dans un cuir brute. Sa longue tunique -d'un noir plus clair que ses autres habits-qui couvrait entièrement son corps. Sa ceinture aux boucles argents de laquelle pendait négligemment une épée dans son fourreau, sa poignée fine étincelait à la lumière des bougies. Son cou épais duquel pendant un médaillon, à moitié rentré dans sa tunique. Son menton saillant, son nez brusqué et ses...

Kai hoqueta de surprise, reculant d'un pas.

Ses yeux. Deux billes mauves, luisant dans la pénombre.

La bouche de Kai s'entrouvrit, les questions se bousculaient dans son esprit, sans qu'elle ne réussisse à en prononcer une seule. L'homme haussa brièvement les sourcils, avant de retrouver une expression impassible. Il laissa son regard mauve trainer sur la fillette. Une fois. Deux fois.

Puis, il obliqua légèrement vers Cerlina, dont la présence avait totalement était effacé l'esprit de Maelakai, focalisée sur le chevalier noir et ses iris, si similaires aux siennes.

D'un mouvement nonchalant, il tira une poche en tissu, nouée d'une ficelle et la balança à la femme, qui se jeta dessus. Quand elle l'a rattrapa, des deux mains, elle tinta bruyamment. Des pièces. Beaucoup de pièces.

L'homme pivota sur ses talons, et entreprit de rejoindre la porte. Kai, restée pantoise, se fit brusquement attraper par la taille. Pour la deuxième fois, ses pieds ne touchèrent plus terre.

— Hé ! Lâchez moi. Non !

L'homme qui la tenait était immense, et fort. Ses efforts pour se libérer de son emprise furent tous soldés par un échec. Mais elle n'était pas seule.

Un cri de rage fit trembler les chandelles, juste avant qu'un petit corps ne s'accroche au dos du mastodonte, avec l'agilité d'un singe. Enroulée autour de l'homme, Alenis lui griffait les joues.

— Enlève tes sale pattes !

Il vacilla, mais ne relâcha pas Kai pour autant.

Lassée d'être impuissante, la brune remonta les jambes et se pencha, ses doigts tâtonnèrent sa cheville, puis l'intérieur de sa botte. Trouvé. Sa main se referma sur le manche de son poignard, et aussi vive que la foudre, l'arme fendit l'air pour se planter dans le flanc de son agresseur. De surprise, il se défit de l'enfant pour porter la main à sa blessure.

Kai tomba de tout son poids sur le sol, et roula sur elle-même, sa dague ensanglantée dans la paume.

— Ça va ?

Alenis tomba à son tour du dos de l'homme, qui s'empressa de s'assoir, visiblement étourdi, bien que la flamme ne soit rentrée qu'à un quart. La rouquine se précipita sur son amie qui fixait les gouttes écarlates, rouler le long de sa lame, pour venir s'écraser contre la pierre.

— Mae ?

— Oui, répondit-elle machinalement. Ça va.

Alors que Kai réprimait sa nausée, les narines assaillit par une odeur métallique, un clappement régulier lui parvenu. Les sourcils froncés, elle se retourna. Accoudé au chambranle de la porte entrouverte sur la rue, le chevalier blond applaudissait avec ravissement. Un rictus narquois étirant ses lèvres fines.

— Vous t'rouvez ça drôle ? S'emporta Alenis.

L'homme se décolla doucement du chambranle, ses yeux pétillaient de malice.

— Pas mauvais, commenta t-il à l'adresse de Kai, ignorant son amie. Tu es féroce, mais tu manques de technique.

Il s'avança, lentement, d'une démarche assurée, jusqu'à surplomber la brune de toute sa hauteur. Il baissa les yeux sur son poignard —qu'elle serrait assez fort pour se couper— et délicatement, il attrapa sa main dans la sienne. Elle était chaude, presque brûlante et faisait cinq fois celle de l'enfant.

— Première leçon; ne jamais planter, toujours trancher.

D'un mouliné du poignet, il lui fit déchirer l'air avec fluidité et rapidité. Il libéra sa main, alors qu'elle gardait les yeux sur son arme, stupéfaite et admirative.

— Mais vous êtes qui ? S'enquit Alenis, les yeux arrondis.

Bonne question. Le bras de Kai retomba le long de son corps, et elle glissa son poignard dans son fourreau, à l'intérieur de sa botte. Près d'elle, Alenis, bras croisés, dardait sur le mystérieux chevalier un regard de défi.

— Un ami, se contenta t-il de répondre, les yeux rétrécis. Hmm.

Il acquiesça, et reprit le chemin de la porte, s'arrêta, la main sur le battant. Par dessus son épaule, il envoya aux fillettes un coup d'œil, aucune des deux ne bougea. Il arqua un sourcil.

— Je vais vous offrir un choix, dit-il d'une voix calme. Soit vous me suivez maintenant, de plein grès. Soit dans vingts secondes, après que je vous ait assommés.

Le sérieux de sa menace ne faisait aucun doute. Kai coula un regard hésitant à son amie, elle secoua la tête, l'air désapprobateur. Elle le reposa sur l'homme, qui observait ses cuticules, dos à elle.

Elle prit une grande inspiration, sentant que le choix qu'elle allait prendre aurait de lourdes conséquences. Au fond d'elle, elle savait pourtant déjà, où était sa place.

Kai fit un pas en avant, le bruit attira l'attention de l'homme, qui se retourna. Il inclina la tête, un rictus satisfait plissant légèrement sa bouche.

— On vous suis.

- Gigi

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