
𝐑𝐞𝐧𝐝𝐮 #𝟖 : @𝐜𝐨𝐧𝐜𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞_𝐟𝐚𝐫𝐜𝐞𝐮𝐫
Bonjour / Bonsoir !!
Voici le texte de concombre_farceur ! Merci de ton rendu !!
Daphné
Ce que l'on déteste le plus chez les autres, c'est nos défauts que l'on reconnaît en eux.
Ceci, personne ne me l'a jamais dit. Je l'ai appris seule. Aux dépends de Daphné.
Je l'ai détestée presque dès notre première rencontre.
Nous étions dans la même classe en troisième. Je l'avais vaguement aperçue avant, en tant que fille de la même promotion que moi. Cependant, elle ne m'avait jamais importée, je n'avais jamais rien entendu à son sujet.
Tout aurait dû rester comme cela. A une année près, on partait dans différents établissements, et on ne se serait jamais connues, cela aurait été parfait.
Mais le fait est que l'on a fini dans la même classe.
J'avais passé un mauvais été. Vagues remises en questions mentales, complexes physiques. J'avais réalisé à moitié que j'étais une personne se plaignant continuellement pour rien. Que j'avais ennuyé mes camarades toute l'année à essayer d'attirer l'attention sur moi, en râlant donc mais aussi en racontant des bobards qui avaient fini par exploser vers mars. Rien de vraiment important, mais assez pour ruiner ma vie sociale pour le reste de l'année.
« Réalisé à moitié », car ces prises de conscience m'avaient effleurées l'esprit, mais au lieu de les accepter en face, je les ai enfouies au fond de moi, pour éviter la souffrance. Il me semble, avec le recul, que ce fut en grande partie ce qui m'a torturé tout l'été, sans que je sache réellement la raison de mon mal-être à ce moment-là. J'étais trop fière, avec cette foutue image de Bad Girl que je souhaitais plus que tout me construire, pour voir ces défauts qui étaient un véritable obstacle sur mon chemin pour atteindre cet objectif.
Complexes physique, oui, également. Je me disais, « tu vas entrer en troisième, tu ne vas pas finir le collège aussi insignifiante que tu ne l'es actuellement ! Reprends-toi ! Deviens quelqu'un ! » Je me voyais reine de l'établissement, populaire, tous les garçons à mes pieds, toutes les filles m'admirant et voulant être comme moi. Et pour cela, il n'y avait pas d'autre option, dans ma petite tête idiote de l'époque, que d'être une beauté fatale.
C'est un peu ce qu'il s'est passé, en fait. Mon rêve est devenu à moitié vrai. Une partie de mes camarades se sont mis à m'admirer. Et les autres à me mépriser. Et honnêtement, je considère ces derniers comme bien plus intelligents que les autres.
En début troisième, donc, j'ai rencontré Daphné. Elle n'était pas très sociable, et n'avait pas vraiment d'amis. Comme moi, elle avait un peu trop de ventre, et des cheveux ayant tendance à graisser rapidement.
Mais au lieu de rester dans son coin et se mettre en marge de la société, comme ce que faisaient tous les autres gens sans amis, elle essayait de gratter des miettes d'attention de la part des autres, essayant sûrement de se construire une vie sociale.
Et pour cela, elle se plaignait. Elle avait dû comprendre que râler soudait les gens entre eux. C'est le cas. Mais malheureusement, pas avec elle. Elle critiquait les bonne choses, mais de la mauvaise façon. Par exemple, personne n'aimait la professeure de SVT, qui prenait tout le monde de haut et semblait mépriser les élèves. L'insulter dans son dos est rapidement devenu l'un de nos passe-temps favoris entre camarades. Daphné essayait, elle aussi, de la critiquer. Mais elle manquait d'éloquence, toujours un mot de travers, ou la formulation de ses phrases ne marchait pas. Ou on n'avait pas la même complicité avec elle qu'avec nos amis. Ou peut-être était-ce le fait que l'on avait l'impression qu'elle cherchait à s'incruster.
Toujours est-il qu'on la méprisait presque plus que la prof, quand elle parlait d'elle. Et on se détournait, et on partait parler ailleurs.
Pourquoi est-ce moi qui suis devenue la chef du groupe ? Je ne sais pas vraiment. Peut-être que je reconnaissais en elle mes défauts de la quatrième, ceux que je ne m'était pas totalement avoués mais qui continuaient à me ronger. Et peut-être que les autres n'avaient pas ces défauts-là.
Je la trouvait pathétique à essayer de s'incruster comme cela. Alors, avec les quelques nouvelles amies que je m'étais faites depuis le début de l'année, on se moquait d'elle dans son dos. On riait de ses piètres tentatives et lui montrait notre mépris, de manière de plus en plus évidente. Elle semblait gênée par cela, mais revenait toujours, inlassablement, comme un moucheron que l'on chasse mais qui doit nous montrer son existance.
Alors, un jour, j'ai pris mon courage à deux mains. Et je sais que c'est pathétique, mais je me voyais comme une sorte de porte-parole disant tout haut ce que les autres pensaient tout bas. Je lui ait dit qu'elle était insupportable, que ce n'était pas comme cela qu'elle allait remplir sa vie sociale désastreuse, que personne ne pouvait la blairer dans cette classe. Qu'elle pouvait aller crever, que cela soulagerait tout le monde plus qu'autre chose.
Ses yeux ses sont remplis de larmes. Elle a essayé de partir dignement, mais elle chancelait. J'ai trouvé cela particulièrement jouissif. Et je me rends compte maintenant d'à quel point j'étais horrible. Le pire est que j'ai été fière ensuite que mon groupe d'amies me regarde avec admiration pour avoir osé dire tout haut ce qu'elles pensaient tout bas.
C'est à partir de ce moment-là que tout a véritablement commencé. Elle n'est plus revenue vers nous, c'est nous qui allions vers elle. Et j'étais devant. Je lui faisais des réflexions désagréables, sur tout et sur rien ; sa tenue, sa coiffure, sa solitude surtout. En classe aussi, elle était devenue le boulet officiel. Les piques acérées dégoulinantes de venin fusaient. Pas seulement de moi, mais j'essayais toujours d'être la principale, montrant que c'était moi qui avait installé le terrain de chasse. Être la première m'avait donné de l'importance, j'étais celle qui avait osé, les gens me voyais téméraire et assez courageuse pour dire ce que je pensais de ceux que je n'aimais pas, sans gêne. Mais le soutient des autres m'avait aussi aidé à normalisé la chose. Le problème était forcément elle, je me disais, si tout le monde était d'accord sur ce sujet et s'en prenait à elle.
Et plus je la faisais souffrir, plus je me sentais puissante. Je sentais l'approbation des autres, je me sentais finalement devenir « that girl », cette Bad Bitch populaire. C'était un grand changement depuis la quatrième. De critiquée, j'étais devenue celle qui critique ; de celle qui cherchait désespérément des amis, j'étais celle qui n'avait pas peur d'enfoncer et me mettre à dos quelqu'un que je n'appréciait pas. De plus, j'étais en couple avec un garçon beau et populaire également, et tout une bande gravitait autour de moi.
Je pense qu'une grande partie de ma haine envers elle était aussi nos défauts en commun. J'avais l'impression, quelque part, qu'en la détruisant, je détruirais cette partie faible de moi-même qui m'était insupportable. Mais à ce moment-là, bien sûr, je n'en était pas consciente. Pour me justifier mes actes, je me disais que je ne donnais que mon avis sur elle. Que j'exprimais simplement mon opinion. Et le soir, en ruminant mes pensées avant de m'endormir,je ne pensais même pas à elle.
Et voilà pour ce texte !
Comme d'habitude, n'hésitez pas à laissez vos commentaires constructifs, négatifs tout comme positifs !!
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