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𝐈

CÉRÈS | CHAPITRE 4






































































Royaume de Chô-Seon,

ancienne Corée réunifiée,

Jeong-Guk.




















































I

Sa vue trahissait la mienne sous les brises hivernales de l'automne. Son timbre clair tintonnait dans ma boîte du crâne, à maintes, et ce rire ne me quittait plus. Il résonnait et similait un piano forte comme j'en lus les descriptions dans les encyclopédies érudits. La silhouette de Kim Tae-Hyung respirait la grâce. Elle émanait la joyeuse insouciance infantile comme une pousse de printemps. Siégeant au sommet de son trône, mon châtain ne lâchait plus mon regard incendiaire dont j'obtenais la coutume pour lui, unique. Mon palpitant détonnait dans mes tempes tandis que je demeurais installé à ses pieds, aux pans de sa royale robe, sans me départir de ma légéreté amoureuse. Mon amant tenait les correspondances de Confucius entre ses doigts délicats, ces mêmes phalanges qui, plutôt dans la nuit, palpèrent mes peaux incessamment. Des cris étouffés. Des chairs liquéfiées. Des réjouissances et des grands éclats de joie lorsque nous jouions. Et à présent, ma guimauve brune achevait sa leçon dernière sur les lettres et les chiffres. Or, je mourais tant de l'aimer que je ne l'écoutais que d'un lobe... Sa voix me restait indistincte alors qu'il me raillait sans le remord. Même après tout cela, je l'entendais s'exclamer sur mon nom d'un "Jeong-Guk" hilare et suivi d'un allègre "C'est presque fini donc concentre-toi". Des frissons. J'apposais les mains sur ses cuisses, et puis mon menton sur ces mêmes dextres, je zieutais les feuillets qui m'intéressaient bien moins. À cet instant, je ne songeais guère plus trop aux révoltes, uniquement à cette douceur de moment avec mon roi, le seul qui comptait.

Les bourgeons reprirent les devoirs et les droits sur ma rêverie incessable. Un étau grandiose enrôla chacun de mes organes à la douleur, l'atroce douleur d'un au-revoir de ce Kim-là. Dans mon tout-moi, la valse des coeurs en maux tournoyait à la cadence de ses battements de cils. Il me prit le désir vomitif ; comme à cette souvenance où j'ignorais, cette fois, qu'elle serait l'une des dernières avant sa mort subite. Mon souffle se vit secoué, médiocre et grimaçant. Ma dent, elle, suppliciait ma lèvre au devenir d'une couleur à l'hémoglobine. Tae-Hyung me scruta. Je ne dirais guère s'il montrait le mal à l'aise mais à sa mine, je devinais une envie furieuse de remettre à sa place ce bout de moi qui parlait trop. Sa dextre trouva son menton et d'un geste machinal, il le caressa tendrement comme je crevais encore de mes envies pour lui et son corps. Ma bouche s'entrouvrit, pâteuse et avide et je pensais, sincère, ne plus avoir à ressentir de tels tourments. Je contemplais l'évolution de ses traits faciaux, glissant d'un intérêt soudain à un vilain mépris pour mes mots derniers. "Je te l'interdis", clamai-je sans le souci de me réclamer légitime à le dire.

Il devait me charrier, certainement alors que je restais d'un ridicule.

— Ah oui donc je ne me leurrais pas quand je disais que tu voulais me séduire... il rit. 

— C'est ta réponse ? Aies un peu de compassion pour moi... 

— Tu oses me parler de compassion ? 

J'étudiai son élancement et ses talons contre la dureté du par-terre. Les marmotins revinrent à lui et plaignirent que les mères les attendaient au domicile, et soudain, j'eus un songe pour la sienne, la reine, qui reposait chez Il-Nam. Tae-Hyung acquiesça sinistrement, je le soupçonnais de connaître les motifs de mes pensées de maintenant. Il s'abaissa à ses genoux et posant la paume sur les petits crânes, il salua chacun de ces bambins avec une tendresse même que je les jalousais. À un âge si avancé que le mien, la honte ne me frappait pas de sentir un sentiment tel se raciner en moi. Ses pupilles trouvèrent mes assombries et imbriquées, elles s'y perdirent un instant qui sembla en durer mille. Je ne délaissai plus mes bras crispés et mon embarras au-devant de ce que je pouvais lui révéler à présent.

— Je ne devrais pas avoir à te le répéter mais je n'ai pas de comptes à te rendre. 

— Je te trouve bien cruel soudainement, fis-je à la réplique. 

— Et toi, tu es trop présomptueux, Jeong-Guk. Ce n'est pas compliqué, si ? Je quitterai le royaume comme je l'ai prévu et peu importe tes objections. Peu importe, je n'aurai pas dû t'en parler. 

— Ou même me montrer de la sympathie ? Tu dois me penser désespéré. 

L'à demi blond abaissa le chef. Je ne perçus qu'avec mal les termes crachés de son venin d'amertume mais je crus ouïr ceux où il s'indignait de moi qui claironnait ce qu'il ne claironna pas.

Je reniflai, sourire ténébreux à la bouche, et je pivotai la tête de côté afin de rompre ce contact invoulu de nos yeux. À nos entours, la capitale s'animait pour les grandes personnes, les artistes, et les artisans. Nous entendions, à l'ouest soleil, le son mélodieux d'une cithare sur un chant du folklore. Et puis, un timbre chantonnant sur nos coutumes et la vie. La lyricité authentique hypnotisait les voyageurs du coin, résonante, vibrante et identitaire. Nous n'en jouissions qu'entre les murs de la capitale aux horizons. Une émotion se dégageait du son devenu bruit à travers la foule manante, de moi qui luttait envers moi-même pour ne point céder aux aléas de mes sensations du coeur.

— Monsieur, une lettre vous est transmise, et alors interrompit un héraut qui me rappelait ces fois où l'on portait les courriers du Kim royal et mineur.

Un homme trentenaire la lui confia entre ses graciles dactyles. Le destinataire ne quémanda pas le destinateur, il offrit ainsi le sentiment et la sûreté de le connaître avant même qu'il fut prononcé par le messager s'en allant. Le calme recouvrit les environs au fil de ses habilités décachetant le cachet de l'enveloppe. À ce sceau à l'encre rouge, je devinais déjà la petite noblesse de son propriétaire, cela me rendait terriblement curieux. Et davantage alors que les lèvres de Tae-Hyung se retroussèrent aux mots de ce Li Hua qui ne m'apparaissait guère familier. Je n'y décelais pas une pointe de bonheur, plutôt quelque chose d'instable qui seuillait drôlement une docilité amère.

— Qu'est-ce que c'est ? je questionnai. 

— C'était un plaisir de vous envoyer paître, monseigneur ! il fit et se leva. Je dois partir. 

À ce propos, je saisis le sens double de ces trois derniers dires. Il partait indéfiniment, et il partit à ce présent d'un vague salut de la main.

Je demeurais à l'assise en tailleur, les jambes croisées, sur ce même muret de nos échanges les plus récents. Je disséquai l'étrange courbure de ses phalanges diaphanes, la bleutée de ses veines et ces veines saillantes sous son derme. Sa silhouette se détachait du reste, on y distinguait ses épaules tombantes et la musculature de son dos. À travers son habit ample, j'imaginais ses omoplates gonflées qui dansaient contre le tissu ainsi que ses trapèzes, ses rachis et ses nerfs qui se balançaient sur ses pas. Dans mon esprit, il m'offrit à voir son anatomie, simple, se croquir et se colorer de nuances de rouge et de cobalt. Je papillonnai, je réalisai peu à peu son départ empressé sans en savoir l'issue. Tae-Hyung disparut au coin du boulevard, et un pincement me tira de ma sourde léthargie. Fichu Li Hua.

Je quittai l'endroit de mes songes idylliques et j'arpentai les pavés sous les temps changeants du mois. Avril progressait sous l'espoir d'un renouveau criant qui m'appelait à continuer de croire en mes idées folles de réincarnation. Tout me portait à penser son contraire alors que le Kim persévérait à me traîner comme un boulet quand je ne désirais que son sourire. À la manière machinale, je suivis le chemin qu'il sillonna. Et je me demandais encore où il se rendit avec tellement de hâte que je ne pouvais que m'en rendre indiscret. Li Hua, l'appellation m'en donna l'affreuse nausée. Il pourrait être son ami, un nouveau frère, son patron, son amant et pire que tout, son protecteur. Je ne m'informai guère sur l'identité de ce Hua mais quand bien même, je ne trouvais rien de plus vrai que se faire compagnon d'armes de quelqu'un. Cela signifiait l'amour. L'authentique. Comme le nôtre, jadis.

Ou peut-être qu'il ne restait qu'un simple professionnel, un érudit certainement. Or, j'omettais volontiers que dans cette vie-là, Kim Tae-Hyung ne possédait pas assez de ses sous pour s'octroyer un précepteur.

Bon sang, comment faisions-nous pour se souvenir de nos anciennes existences ?

J'évoluai sur les trottoirs, entre le dédale de chemins et les étales du marché. J'aimais Hanyang, sa grandeur et ses mystères qui, même au-delà des ans, ne s'éclaircissaient pas. À la capitale, un nombre louait les talents de Shin Ga-Ram dans le donner-recevoir maritime et ses prouesses au-devant des contrées limitrophes et inquiétantes. On vantait ses mérites alors qu'il n'en détenait aucun. Ga-Ram, le lâche vaurien devenu souverain, se recroquevillait au-derrière de ses résistants nommés soldats. Il payait des tueurs qui parcourait les terres et inspirait une crainte sous-couvert de respect. Il rôdait près du village de Yangju, la nuit, et rentrait au matin avec pour unique accompagnant, sa perfidie au centuple. On l'acclamait, alors que même son père lui cracherait à la tête.

Je le haïssais sans concessions. Cela restait le motif pour lequel mon esprit retournait à lui sans la cesse en dépit de ses saloperies. Je lui offrais, certes, une importance exagérée mais agir autrement quand ce type s'imprimait dans chacune des cicatrices de mon derme relevait d'un miracle. Je le haïssais tout court. Ses malineries et ce qu'il fit de cet homme, jadis érudit de renom. Cha Young-Nam, je le reconnus aisément à l'assise sur ce trottoir. Le temps peignait son visage à la précision d'un artiste inexpérimenté. Insipide. Sans intérêt. Les paluches tendues vers le ciel, on croirait qu'il mendiait quelque grain pour subsister jusqu'à la saison nouvelle. Néanmoins, lorsqu'on s'intéressait de près à ses activités, nous pouvions ouïr les fabuleux poèmes qu'il récitait de son cahier ouvert sur ses jambes. L'ancien professeur occupait, à présent, ses journées à ça. J'en possédais la preuve alors que je l'y apercevais toujours. Seulement, je ne l'approchai jamais autant que désormais où je distinguais un peu mieux ses formes archaïques. Sa barbe d'autant plus longue, ses cheveux d'autant plus courts, son nez bec-d'aigle, et ses tout-petits orbes m'observant venir à lui.

Naguère, il dispensait des cours au Prince héritier : comment lire, comment chiffrer, comment chercher, comment creuser, comment boire et manger, et surtout, comment rester beau et se taire. Voici quelques-uns des enseignements forts inutiles à un futur roi et davantage lorsqu'un Jeon Jeong-Guk apparaissait comme un sauvage à la cour.

— Il s'agit de la première fois que vous daignez vous arrêter, mon garçon. 

Son timbre ne chevrota pas comme à l'habitude avec les âgés de sa trempe. Il paraissait plus clair, plus sage si je le comparais à mon père. L'un était alphabète et mobile ; l'autre, un illuminé. Pourtant, ils survécurent tous deux à leurs façons et je pensai, maintenant, que le sort me confiait la chance d'en connaître encore sur ce qui obsédait mes songes ces derniers temps.

— Les années vont ont rendu aveugle, maître Cha ? je le raillai. 

— Devrais-je dire de même pour vous qui passez chaque jour devant moi sans me voir ? Ne soyez pas comme ça, capitaine. 

Un vif étonnement fila dans mes pupilles dès lors que mon nom s'articula entre ses babines sèches. Young-Nam laissa un sourire se croquir à lui, et un peu de nostalgie vint enlacer mes sens complets. Mon aîné, à l'appui sur ses membres et sa canne, se remit à pieds et s'éleva de toute la longueur de son corps à ma hauteur. Ses iris croisèrent les miens et je poursuivis mon étude de sa silhouette noble. Je ne relevai guère son appellation pour moi puisqu'il s'agissait d'un instant fugace du passé qui n'avait pas lieu de mention ici. Capitaine, simplement celui de ma famille.

— Toujours cette petite mine à chaque fois que je vous croise, dois-je en conclure que je vous insupporte ? 

— Ça fait longtemps qu'on ne s'était pas adressé la parole, vous exagérez là. 

Son rire bon enfant transcenda la foule et m'émut quelque peu tandis que je recherchais mes mots avec passion, ceux que je désirais lui syllaber sans peur. J'inspirai, j'expirai, je soufflai et j'éructai dans le vain espoir d'obtenir des réponses en dépit de mes idéaux déjà défaits par l'urne funéraire et cendrée. Le silence nous retint tous deux lors de longues minutes et puis, il le brisa, ce rictus espiègle vissé à sa fossette.

— N'hésitez surtout pas à me dire le fond de votre pensée, Jeong-Guk. 

J'ignorais s'il usait d'ironie pour me céder la parole. Cela fonctionnait, toutefois, à tel point que je me révélais prêt à lui déballer tout ce qui habitait mon coeur dernièrement. Mes pupilles virent le sol, honteuses mais certaines alors que le sentiment de remettre cela au tapis me prit le corps ; j'embêtais le monde. Cha Young-Nam claqua sa langue au fond de sa gorge et ses doigts squelette trouvèrent vivement les miens. Ce toucher me tressaillit, il m'offrit la sensation de dix brindilles sèches et frêles sur lesquelles la ventée soufflerait à guise. Sa tête signa, et de son menton, je saisis qu'il me conduisit ailleurs.

Silencieusement, cela se fit ainsi.

Bientôt, nous parvînmes à un hanok coloré, au centre de la capitale, qui brillait de joyaux et ornements en chaque sorte. Un amusement naquit sur mon visage, je ne le réprimai pas et il s'en aperçut aussitôt. Drôlement sage, je n'osais seulement pas lui avouer que je ne l'imaginais pas si démesuré, si superficiel ce vieux savant. Et comme devinant mes songes, il frappa mon épaule pour punir mes irrespects. À l'entrée, la décoration semblait plus à son image, éclatante de savoir et de découvertes. On y trouvait posé ici et là des objets étrangers, des sculptures, de la porcelaine surmontée de jolies fleurs bleues, des cadrans et des aiguilles, des sextants comme j'en découvris dans les livres. Son cabinet de curiosité s'étendait à l'ensemble des pièces de l'habitation puisqu'à chaque pas que nous marchions, mon œil se retrouvait aussitôt pris par des étrangetés. Dans la salle d'étude, un jeune garçon releva mon intérêt alors que, lui, manifestait ses attentions pour les ouvrages sous son nez.

— C'est mon disciple, précisa mon hôte en m'amenant dans une chambre voisine. 

J'acquiesçai, et malgré moi, une pince me pinça de l'intérieur. Il restait de son travail d'élever l'intellect des plus jeunes comme, un temps, il le fit pour mon Prince héritier du palais.

— Vous n'en avez qu'un ? 

— Qui voudrait de quelqu'un comme moi ? Après tout, je suis sage et j'ai travaillé à la cour de feu Yeonsan-Gun... il riota un peu. Je m'essaie à l'humour mais j'admets que ce n'est pas vraiment en ma faveur d'avoir été sous le joug d'un tyran pareil. 

— Ça, je ne vous le fais pas dire.

Le pavillon des hommes nous reçut, le Cha au-derrière de son bureau et moi, à sa face. Je m'avachis sur mon fauteuil, bras aux accoudoirs et crâne vers le dos en constatant du confort de cette chaise. J'ignorais pourquoi il m'emmena là mais je concédais, volontiers, que sa machinale façon de se caresser la barbe me faisait croire à un guet-apens minutieusement préparé pour un gars comme moi. Il se passa des minutes durant lesquelles nous nous observions en chien de faïence, à la mi-inquiets et à la mi-amusés.

— J'avais un deuxième disciple, il lança, riant sous cape tandis que je me demandais pourquoi il racontait sa vie. 

Son chef s'inclina de côté, je l'imitai et je me disais aussi que, peut-être, il devenait aussi sénile que mon père.

— Enfin, c'est un grand mot ! Il passe son temps à m'insulter de noms d'oiseaux quand je lui propose de devenir le mien. 

— Vous devez vous sentir bien seul. 

— Oh que non. Vous savez, on ne se sent jamais seul avec quelqu'un comme Tae-Hyung. 

Cette fois-ci, je compris. Et lorsque je compris, je ne ravalai pas un éclat de rire nerveux à l'entente de ce nom qui ravivait des tourbillons de sentiments en mon tout-moi. Cha Young-Nam, lui, ne plaisantait guère en dépit de cette suffisance maline arborant ses airs.

— Je ne sais pas si vous vous foutez de moi, maître, mais ça n'a rien de marrant. 

— Si vous patientez quelques heures avec moi, vous verrez qu'il vit ici à temps partiel et qu'il est à l'origine de la décoration de ma maison. Avec ses voyages, il s'est mis dans l'idée que mon salon était un musée ou une salle de stockage pour ses babioles inutiles. 

Je déglutis difficilement. Au fin fond de ma tête, je me doutais qu'il discutait sur le Kim de cette vie-là et pourtant, je ne comprenais toujours pas les tenants et les aboutissants de cette mascarade où le passé hantait le maintenant, je n'y consentis jamais. L'âgé se déplaça, suivi de sa canne, envers le meuble surmonté d'un service à thé, derrière moi. Je perçus les tintements pénibles des coupes de métal, et le doux effluve des grains d'orge semblable à celui de biscuits au sortir de la cuisson. Une chaleur s'insuffla au bas de mon ventre et je le laissai me servir, revenir, alternant les allers et les retours et le siège sous ses fesses.

— Il est censé être mort et enterré alors... Comment est-ce possible ? Comment se fait-il que je parle aux morts ? Et vous ? Vous êtes nécromancien ?

— Ravi de voir que vous n'avez pas perdu votre sens de l'humour... Ça fait précisément quinze ans depuis que je l'ai revu sans comprendre, et j'étudie la probabilité qu'un autre homme lui ressemble trait pour trait en portant le même nom que l'ancien Prince héritier. 

— Et quelle est la probabilité ? 

— Zéro. 

Il me donna le désir de rire encore tant nous posions des interrogations idiotes. Un faisceau d'espoir plana au-dessus de nous alors que je réalisai que, finalement, je ne demeurerais pas si seul dans ma quête de vérité. Cela détenait quelque chose de foncièrement jouissif, d'atrocement bandant que de se rendre compte que l'on ne devenait pas un simple fou, un peu simplet. Kim Tae-Hyung était réel, de chair et d'os et de sang, d'un sang carmin qu'on observait bleu sous son derme. Je me persuadais de cela en dépit de sa fantaisie. Sans conteste, j'étais celui, définitivement, dont la folie ne trompait pas. Je bus une gorgée.

— J'ai épluché tous les livres possibles et inimaginables qui traitent et ont traité de la réincarnation. Il existe de nombreuses croyances qui la considèrent comme réelle, y compris le bouddhisme et le confucianisme selon les interprétations diverses. 

— A priori, je ne crois pas à ces conneries mais j'ai lu Confucius. Je n'y ai pas trop prêté intérêt mais je ne pense pas qu'il ait vraiment abordé ces questions-là.

— Si nous rassemblons toutes mes trouvailles, il s'agit d'un cycle éternel de la naissance, de la mort, de la renaissance, fit le Cha à une rétorque hébétée. 

Cela semblait de soi mais curieusement, il demeurait, pour moi, une impression d'irréel et de sorcellerie. Elle m'effrayait tout plein puisque je ne la contrôlais pas et que, même avec ces informations et mon nouvel allié, il me restait impossible de définir quoi faire, comment agir au désormais. Il ajouta, et conclut ainsi, que ce Tae-Hyung était un autre mais le même, il lui fallait simplement se rappeler de sa vie antérieure. Somme toute, cela approchait la logique ou la plus logique des conséquences. À l'antan, mon amour prêchait une revoyure dans notre prochaine vie, et la voici. Je lus, dans des papiers, que les forces de l'attraction menait les destins emmêlés et ici, dans ce cas, la voici cette vie où le positif attirait le positif. Bonté divine.

On frappa aux battants. Dès lors, les pas chaussés du jeune élève résonnèrent à travers les échos de la demeure. Les coups contre les portes s'intensifièrent sans patience et avec le maître, nous nous interrogeâmes réciproquement sur le lieu de cette visite inconnue. Des timbres tonnèrent dans le vestibule, ceux-là s'amplifiaient un peu plus et je n'y saisissais toujours rien. Le disciple accourut à nous, pieds à sa robe et bras vers le ciel. Il prit appui sur ses talons et à la reprise de son souffle, son patron le questionna simplement, purement, et sans fioritures. Qui était-ce à ces portes - et d'un ton presque à l'abasourde, il siffla des paroles qui me firent bondir de ma chaise au sens le plus propre.

— Deux soldats de l'armée centrale ont entendu qu'un dénommé Jeon Jeong-Guk, recherché par le souverain, se serait caché ici alors ils sont venus vérifier. 

Les trémulations reprirent sous ma chair, je me savais fini avec le doute conséquent de cette nouvelle d'un Shin Ga-Ram semblant à ma recherche et ayant su, je ne savais pas comment, ma présence à la capitale. Je me levai abruptement, mon assise bascula et cela alerta les vifs militaires en poste. Mes orbes s'arrondirent à la posée sur le maître navré de cette situation. Je le soupçonnais d'avoir vendu ma position, de l'avoir enjolivée, de l'avoir illuminée de diamants pour mieux la piétiner, la retourner, l'écraser, la broyer, la détruire, l'amener à l'état de rien. Je reculai de nombreux pas et furetant, chancelant, tremblant un peu, je me conduisis à la balustrade au dos de Young-Nam. J'y passai sans un au-revoir à ce même temps où les chiots royaux débarquèrent dans la salle. Je glissai dans les fourrées, m'arrachant par cette occasion un bout de ma peau, je grimaçai. Dans mon esprit, je ne songeais plus qu'à maudire mon ancien frère qui ne lâchait plus ma grappe malgré mes menaces. Ga-Ram, le Fourbe. Ga-Ram, le Faux. Ga-Ram, le Chafouin. Je dirais, à présent, que ces appellations rappelaient celles des princes antiques. Néron, le Sacré. Gwanggaeto, le Grand. Marc-Aurèle, le tyran. Ga-Ram, le Philosophe. Ironie.

Dans les herbes, je distinguai les timbres hauts des hommes qui discutaient mon identité. Je me fichais d'eux qui me trouveraient si je faisais du son sur un geste. C'était ainsi pour cela que je fuis comme un poltron. Voilà. Bon...

Je cheminai, au désormais, à chemin inverse avec une rapidité plus déconcertante et qui m'amena sur les routes les plus pittoresques de la capitale. Hanyang circulait à mes entours. Les horizons davantage lointains se profilaient jusqu'aux entrées de la cour qui ramenait le souvenir d'un jeune Jeong-Guk en colère. Hic et nunc, je rassemblais les éléments cruciaux à mon ouïe entre ceux qui me soufflait la potentielle dénonce de mes agissements au souverain, et ceux qui renvoyaient le caillou à cette résuscitation réincarnée. Je réitérai.

Kim Tae-Hyung demeurait un autre que celui que je connus mais à la fois le même qui perdit les mémoires de sa vie antérieure. Kim Tae-Hyung n'avait qu'une possibilité nulle d'à présent porter le visage et le nom d'un autre sans être lui. Kim Tae-Hyung connaissait Young-Nam et connaissait Ga-Ram sans même savoir que celui-ci était son bourreau plus qu'il ne l'imaginait. Et c'était infiniment plus effrayant que je ne le pensais. À l'immédiat, je réfléchissais à la vitesse d'une bête, joignant les bouts les uns aux autres lors de nombreux moments de doutes confus, de réponses évasives, de questions continuelles. Enfin, je parvins à l'étrange conclusion qu'il lui fallait, à mon ancien partenaire, raviver les cendres de son passé, je l'y aiderais et soudainement, mon objectif de reconquête se changeait en motif de l'amour. Pour Il-Nam, qui ne mourrait pas en paix sans l'avoir serré une fois dernière dans ses bras. Pour Young-Nam, qui désespérait aux tempêtes de son disciple indocile. Pour Ryong-Ho, qui méritait de voir son véritable père sans que je ne m'y interpose sans la cesse. Un peu pour moi, et même pour Ha-Neul qui espérait secrètement que son fils, Ga-Ram encore, abandonnerait son titre fallacieux pour sa famille détruite. Je contemplais ma mère adoptive qui, dans son arrière-cour, ramassait les gousses d'ail avec une lassitude attristante. Depuis le vieux décès de son époux, Seo-Jun, cette femme n'égara rien de sa bonté naturelle. Néanmoins, une chose pesait sur son coeur abîmé ; elle priait ainsi tous les jours pour la rédemption de son enfant biologique devenu trop grand pour elle. Je ne lui offris pas non plus de mes nouvelles depuis des années, préférant veiller à son bien-être au plus loin d'ici pendant que mon pair préférait jouer à la royauté.

Ses cheveux aux couleurs d'ébène s'assagissait en chignon migraineux, tirant de plus belle ses orbes et ses rides. Elle approchait la fin de vie, elle aussi, bien que j'ignorais son âge exact. Sa petitesse de taille égalait ses maux à s'abaisser pour accomplir sa cueillette. Un jour, j'entendis que ce légume lui fut donné par le Shin sans comprendre ses refus de ses excuses, et sans se douter que l'ail, d'après mes lectures, repoussait les mauvaises et aussi les bonnes énergies avec sa senteur piquante et forte.

Un idiot fini à la pisse.

Une amertume se croquit à mon faciès, bras contre poitrine et j'observais.

Mon désir se portait à celui de l'aider dans les préparations de sa soupe épicée et de tofu, le plat favori de ses deux bébés qu'elle ne partageait avec plus personne. Cela me tordit le coeur. Des picotis. Des pincements. Des douleurs terribles. La cuisine d'Ah-Reum n'était pas mauvaise mais encore trop princière pour qu'elle satisfasse mon palais. La mienne terminait brûlée alors le plus souvent, on m'interdisait d'y toucher encore. Surtout Ryong-Ho qui se faisait vomir pour ne pas avoir à y goûter.

— Jeong-Guk... 

J'élevai le chef, saisissant au vol le ton traînant de l'Ha-Neul dont les pupilles s'accrochaient à mes iris. Un haut-le-coeur me prit à mon tour, j'émis un hoquet, pointant ma baisse de garde soudaine. Ses yeux se plissèrent et se plièrent ses sourcils de piètre vue. Je restais un imbécile à ne pas croire qu'elle me reconnaîtrait au-delà de ma chevelure moins longue et de mes traits plus sérieux. Elle m'éduqua : quoi de plus sensé. Elle aborda un pied à ma rencontre et dès lors que je perçus une voix plus forte, je me crispai en secouant la tête par la négative. Il en était hors de question...

— Tu parles à quelqu'un, maman ? 

Une apparition fantomatique se dévoila. Si ce n'en était pas une, cela y ressemblait du moins alors que je devins plus pâle que le linge. Une intonation vibrante, rauque, ensommeillée, uniformée, colérique, frappante ; la rage me grimpa au courroux. Mes membres s'accélérèrent, souffrant au contact de la figure de Ga-Ram, vêtu d'un simple habit de visite. Ha-Neul, paralysée de stupeur, ne se mût pas et attira l'attention de mon aîné en ma direction. Il se tenait là, nonchalant, persévérant, si proche, si près, après deux années et même maintenant, je pensais encore à attaquer son âme d'une balle dans le front.




























































































CÉRÈS | CHAPITRE 4

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