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❝ 𝐋𝐞 𝐑𝐨𝐮𝐠𝐞 - 𝐋𝐮𝐢𝐝𝐣𝐢 ❞
⍟
"Putain il fait chaud"
Si Jisung se plaint de la chaleur, pour Minho, c'est encore pire.
Ils sont dans la voiture, depuis peut-être deux heures maintenant. A fond sur la A7, ils prennent la direction de leurs souvenirs, de leur premier moment passé à deux, quand ils paraissaient si loin de tout. Minho, il se souvient de tout. Et il veut que Jisung partage les mêmes mémoires, qu'ils se souviennent d'eux.
Il lui a demandé. Il n'aurait jamais pensé avoir le courage de le faire, mais il y est allé, la tête la première, sans se douter du stress qu'il aurait à cet instant précis. Jisung, il reste fidèle à lui-même, pensant, déconnecté, les yeux rivés vers la fenêtre. Mais au moins il a accepté. Il a accepté de passer près de dix heures de route en sa compagnie, et Minho se sent des plus privilégiés. Le Jisung qui ne reste jamais en place, qu'on voyait une fois ici et l'autre fois la bas. Comme une créature marine qui se meut au gré des vagues, comme un grain de sable qui suit le vent, comme un oiseau qui migre lorsque la température ne lui plait pas. Frivole, léger. C'était tout lui.
Il est encore tôt, midi pointe le bout de son nez. Ils n'ont pas beaucoup parlé, non, Minho est trop timide, et Jisung... Il n'a souvent rien à dire. Lui il se contente de suivre le mouvement, là où on veut bien l'emmener, là où le plaisir règne sur l'amour, ou l'extase prend le dessus sur les blessures. Minho est concentré sur la route, tandis que Jisung décide de s'allumer une cigarette. Il ouvre la fenêtre, peu enclin à embaumer l'habitacle de fumé et de l'odeur du tabac qu'il s'apprête à griller.
"T'en veux une ? Jisung demande, prêt à sacrifier un de ses bâtons de nicotine pour son chauffeur."
Minho acquiesce, sans vraiment détourner ses iris de la route. Il ouvre la bouche, tandis que Jisung dépose la cigarette entre ses deux lèvres.
"Tu me l'allumes ?"
Le feu valse un moment devant ses yeux, puis disparaît en un battement de cil. On aurait dit Jisung.
Comme la fumée qui s'échappe maintenant de la bouche des deux garçons, le plus jeune, on ne s'attend pas à le garder à ses côtés toute sa vie. On a souvent l'impression que rien ne le retient, qu'une simple occasion pouvait servir à l'emmener loin de tout.
Alors que la nicotine s'infiltre dans leurs poumons, Jisung se met soudainement à rire, déstabilisant son vis-à-vis.
" Elle t'es monté rapidement au cerveau ou quoi ?
ㅡ Mec, dit le brun, presque hilare. Tu te rappelles de la première fois qu'on a fumé un joint ensemble ?
ㅡ Quand ça ? Il demanda, les sourcils froncés. Minho, il a une mémoire de poisson rouge, et c'est son plus grand défaut. Tellement qu'il est fort probable qu'il n'ait aucun souvenir de la couleur actuelle de son caleçon.
ㅡ Mais Minho, se plaint l'artiste. Quand on était tellement défoncés qu'on s'est baignés à poil dans l'eau salée ! J'suis blessé si tu t'en rappelle pas... Jisung fait la moue. Il aime bien ce souvenir, l'un des rares moments passés avec Minho sans l'étroitesse des draps et la chaleur des matelas. Un souvenir qui lui rappelait ce que l'on pouvait ressentir dans un moment d'allégresse pur.
ㅡ Attends... Tu parles de quand on s'est rencontré ? Le lendemain ? Parce que si c'est ça, sache que j'ai pas oublié le moment où j'ai littéralement failli me noyer à cause de monsieur, rétorque Minho. Tout ça pour baiser dans l'eau, non mais sérieux, il ronchonne.
ㅡ J'étais pas au courant que tu savais pas nager, s'écrit Jisung, il se défend en levant les bras. Au moins t'as pris ton pied hein, il finit en haussant les épaules, un sourire moqueur aux lèvres.
ㅡ Gnagnagna. Minho rigole. Ça fait du bien de rire avec Jisung."
On aurait dit un couple d'un point de vue extérieur. Ils passaient des moments intimes, ou alors plus cocasses, pour ensuite en rigoler. Jisung et Minho, ils vont de paire pour les personnages secondaires, pour les passants, les inconnus, les lecteurs. Mais seulement, voilà. Parfois les principaux concernés ne se rendent pas compte que l'intrigue doit avancer.
Le brun, il ne comprend pas. Il ne fait pas vraiment attention à ce qui l'entoure, aux signaux qu'on lui envoie, non. Sa tête est empli d'envies passagères, comme si la stabilité effrayait chacun de ses vaisseaux sanguins.
Que si le sérieux prenait possession de lui, son corps ne répondrait plus, que Jisung ne serait plus Jisung.
Son ventre gargouille, il a faim. Faim de quoi ? De nourriture, d'amour, de sexe, de tout. De liberté, du soleil sur sa peau, qui brûle tous les problèmes et mal être qui marque son corps. De l'eau salée qui viendra nettoyer ses plaies, tandis que Minho se contentera de le regarder, sans piper mot, comme d'habitude.
" Tu veux qu'on s'arrête pour manger ?"
Une part de pizza dans les mains plus tard, les voilà sur une aire d'autoroute, mangeant tranquillement sur le capot brûlant de la voiture de Minho.
" En quoi mettre de l'ananas sur une pizza te rend fou, c'est délicieux !
ㅡ Le problème c'est qu'on ne met pas un fruit sur une pizza, Minho. Le sucre et la viande hachés sur un même plat, c'est bizarre.
ㅡ Jisung. T'es en train de manger une chèvre miel là.
ㅡ C'est différent ! S'exclama le brun, outré que l'on fasse des remarques sur l'un de ses plats favoris. Le chèvre miel c'est fait pour aller ensemble, alors que l'ananas, c'est fait pour les salades de fruit et rien d'autre.
ㅡ Excuse-nous Gordon Ramsay.
ㅡ Uncle Roger plutôt.".
C'est léger. Que c'est doux pour Minho de rire avec le garçon de ses rêves. Il sent son cœur palpiter, comme si à chaque fois que Jisung pose ses yeux sur lui, sa myocarde s'emballe, comme si ces iris étaient faites d'un sortilège qui l'attirait inexorablement.
Il voit Jisung déguster son plat, assis en tailleur sur le capot de sa vieille voiture. Il pourrait passer des heures et des heures à l'admirer, à détailler chaque parcelle de son beau visage, analyser chacun de ses mouvements, noter chaque battement des long cils de son amant.
Ils finissent rapidement de manger et reprennent la route. Ils ne perdent pas de temps, les souvenirs s'échappent, les grains de sable s'écoulent, retournez vite le sablier.
Ils doivent être à encore quelques heures de leur destination. Jisung a fait une sieste, tandis que Minho a préféré conduire, occuper ses pensées sans jamais faire de pause. Il est presque vingt heures, mais le Soleil estival a encore du temps avant de disparaître. Étrangement (ou peut-être pas) les embouteillages les rattrapent.
C'est dur, il fait chaud, Minho a peur de dire quelque chose. C'est son côté lâche qui ressort, celui qui lui hurle que, quoiqu'il dise, ce ne sera pas parfait, alors autant ne pas l'ouvrir. Il se contente donc de regarder le miraculé à ses côtés, cette œuvre d'art qui fume une simple cigarette, pour la seconde fois maintenant, la fenêtre ouverte. "Clope du réveil", avait-il murmuré de sa voix rauque, après avoir émergé de sa sieste. Ses lèvres qui se posent sur le bâton, la fumée qui s'échappe de sa bouche, rien que ça, et pour Minho c'est quelque chose d'incroyable. Comme s'il n'y avait que Jisung pour réussir à faire des prouesses pareilles, comme si il n'y avait que lui pour le rendre extatique au moindre de ses mouvements.
Le silence l'angoisse, donc Minho allume la radio. Skyrock, c'est souvent la valeur sûre, alors il augmente le son. " Le Rouge", de Luidji résonne dans l'habitacle, et Minho, il a ce réflexe de vieux, celui de son père, de tapoter sur le volant au rythme de la musique. C'est lent, mais n'empêche, ça apaise un peu son angoisse. Et puis, Jisung, il s'intéresse aussi à la douce musique qu'il entend, alors il écrase son mégot sous sa chaussure, et le fourre dans sa poche. Il n'aime pas le jeter par la fenêtre, c'est pas très écolo.
" Je vais le voir en concert bientôt."
Le lâche remercie le brave de daigner lui adresser la parole.
" Je connais pas, c'est qui ?"
Jisung le dévisage, et Minho se sent mal à l'aise. Il aime beaucoup la musique, le bleuté, mais ses goûts restent mainstream, il ne connaît pas beaucoup d'artistes. C'est tout le contraire de son cadet qui, lui, vit littéralement pour la musique.
" Luidji, un génie incontesté ! Si tu savais comme il est incroyable, Minho je te jure, il faut absolument que tu écoutes ses albums. Il dégaine son cellulaire, et se connecte à l'enceinte de la voiture."
Pendant qu'il cherche la musique parfaite pour commencer, Minho l'admire un peu plus. Il adore comment les yeux de Jisung s'illuminent lorsqu'il parle de choses qu'il aime, comment son corps se détend, comment sa voix devient un peu plus aiguë. Il tombe follement pour cet attrait du brun, celui honnête, celui qui aime vivre, celui qui ne se cache pas derrière des simagrées, le vrai Jisung.
La route reprend, et la musique commence à résonner dans l'habitacle.
" Eh mais il parle du Boscolo ! s'exclame Minho, ahuri.
Jisung rit. Légèrement, il pouffe devant la tête surprise de son aîné.
ㅡ Hm, quelle coïncidence, il murmure d'un ton entendu."
À Minho ça lui échappe, il n'entend pas ces mots dit comme un secret.
Ils roulent, encore et encore, les chansons défilent comme le temps qui leur reste avant de faire face à leur passé. La nuit tombe, encore une fois, il faut se nourrir. Alors Jisung à la merveilleuse idée de s'arrêter sur une aire d'autoroute et de prendre des sandwichs industriels.
Ils défilent dans les rayons, cherchant de quoi subvenir à leur faim nocturne. Minho a toujours adoré les markets des aires d'autoroutes. C'est cher pour rien, c'est souvent vide, et pourtant, il aimait cet air de vacances, celui où il dépense peut-être des euros pour la dernière fois, ou alors qu'il troque son accent parisien pour un du sud, un chtis ou alors de l'ouest. La caissière aigrie ne fait pas attention aux deux jeunes garçons qui font leurs emplettes, seuls dans le magasin. Elle sort, sans doute pour se griller une cigarette avant que son remplaçant de nuit n'arrive.
" Tu penses que y'a des caméras dans les toilettes ?
Minho se détourne du rayon pour regarder Jisung, confus.
ㅡ Bah j'espère pas, ce serait super glauque quand même, il répond, dérouté"
Jisung lui prend la main, et prend la direction des toilettes,passant devant la porte ou la femme d'âge mur brûlait ses poumons surement déjà noircit par la nicotine depuis des années.
Ils entrent, et Minho se retrouve très rapidement plaqué sur la porte, ses lèvres rencontrant précipitamment celles de Jisung. Il est pris au dépourvu, mais son corps agit tout seul, et ses mains attrapent les hanches de son cadet pour le rapprocher encore plus de lui. C'est automatique. Mémoire musculaire, sans doute.
Ils s'embrassent fougueusement, sans penser au lieu, sans penser à la caissière, vidant leur tête de toute pensée pour ne laisser qu'eux.
Jisung, il s'était sans doute retenue toute la journée de poser ses lèvres sur celles de Minho. Encore une fois, Jisung, il a toujours faim de plaisir, de liberté, de sexe. Il est insatiable, Minho le sentait, surtout quand le brun dirige ses baisers sur son cou, qu'il passe sa main sur le tissu de son jogging, le caressant par-dessus le polyester.
" Jisung, chuchote Minho, pas très certain de ce que le brun a en tête.
ㅡ S'il te plaît..."
Jisung, c'était un peu comme le tonneau des Danaïdes. Il ne sera jamais plein de plaisir, jamais rassasié du bonheur et de la chaleur d'un corps contre le sien. Il est condamné à rechercher le plaisir partout où il va, partout où il se présente. Et Minho, il ne peut résister, et il est conscient qu'il ne pourra jamais. Il souhaite combler Jisung, de tout ce qu'il désire. Il veut le rendre heureux, lui offrir le monde et tous ses désirs. Il est prêt à faire tout ce qui était à sa portée pour satisfaire Jisung, ne serait-ce qu'un minimum.
Il l'embrasse précipitamment, les rôles s'inversent, il prend le contrôle. Jisung, il est content, même fier, il a fait craquer Minho, encore une fois. Il ne compte même plus le nombre de fois où le bleuté à céder à ses caprices, et pourtant, ça ne fait que booster sa confiance et son arrogance.
Il aime que son aînée retrace les courbes de son corps sans relâche, qu'il examine le grain de sa peau sous la lumière de la lune, qu'il embrasse ses cicatrices avec passion sans jamais poser de questions. C'est apaisant et fort à la fois, c'est comme une drogue douce dont on pense avoir le contrôle mais dont on devient de plus en plus dépendant, même si on déteste l'admettre.
Peut-être que tout tourne autour du sexe pendant quelques chapitres. Ça peut être lassant, redondant, mais tout ça, c'est seulement la faute de Jisung. Jisung et son amour pour les choses nocives, lui et sa prétention, son orgueil qui lui chuchote qu'il contrôle tout.
Alors qu'il sent les doigts de son aîné se faufiler en lui, soufflant de plaisir, il ne se doute pas un instant qu'il est complètement addict à cette drogue. Et il ne contrôle rien, non.
C'est cet opium aux allures bleutées et mélancoliques qui est aux commandes.
⍟
WAR IS OVER, J'ai enfin mon téléphone
retour sur insta, enfin @ely0nnah du coup !!
donnez moi vos avis sur les chaps ça m'intéresse!!
double update juste après mes stars 🥳🫶🏽
(jsp si je l'ai dit mais cette playlist a une histoire au cas où hein, c'est dans ma bio si jamais vous voulez jeter un coup d'œil)
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