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𝐚𝐧𝐨𝐭𝐡𝐞𝐫 𝐥𝐨𝐯𝐞 - 𝐭𝐨𝐦 𝐨𝐝𝐞𝐥𝐥
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Minho court à s'en couper le souffle. Il avale sa salive difficilement, posant une main sur sa poitrine. Il dévale la rue d'un pas rapide, sentant le vent s'écraser sur ses joues rougies par l'adrénaline. Il n'a même pas pris le temps d'enfiler un gilet, et les poils de ses bras se hérissent.
Il ne s'est pas rendu compte qu'il s'agit du jour j. Le ciel est parsemé d'étoiles brillantes, et la lune éclaire correctement la vie. Il fait horriblement chaud, et ses pieds emprisonnés dans ses baskets suent détestablement. Il a horreur de la sensation de moiteur dans ses chaussettes, mais rien ne l'arrête dans sa course.
Il a le cœur qui bat la chamade lorsqu'il sonne à la maison des Bang. Il reprend son souffle, triturant ses mains, et en se balançant en avant et en arrière comme un enfant puni. Malheureusement, c'est une chevelure blonde qui ouvre la porte. Il a le sourire aux lèvres, et il porte un drôle de costume d'astronaute.
- Minho ? Qu'est-ce que tu fais là ?
D'abord, il pense que tous ses amis se sont donnés rendez-vous sans lui, et qu'ils participent tous à une soirée déguisée. Minho lance un regard interrogateur, tout en essayant de donner un coup d'œil dans le salon.
- Je suis avec Wooyoung. On essaie des costumes pour une soirée demain soir, précise t-il. Je peux faire quelque chose pour toi ?
Le brun papillonne des paupières. Il a l'air soulagé. Puis il regarde les brouillons dans sa main, et il demande si Chan est là. Felix fait une petite moue triste en lui annonçant que l'intéressé est parti avec des amis à la fête foraine. Minho le remercie gentiment, lui souhaite une bonne soirée, et se dirige immédiatement vers le bus qui l'emmène en centre ville.
Il arrive rapidement à l'arrêt, montant dans le premier qui passe. Il ne s'assoit pas, trop nerveux pour rester immobile. Ses jambes le picotent, et il n'arrête pas de passer sa langue sur ses lèvres. Les documents qu'il tient deviennent un peu humides à cause de ses foutues mains qui ne cessent de s'humidifier. La chaleur, ou la nervosité.
Il n'arrive pas à croire qu'il est à la recherche de Bang Chan, celui qu'il considère comme son meilleur ami depuis des années, simplement pour lui montrer une photo. Un message aurait suffit. Ou même un appel, si c'était tellement important. Mais personne ne peut comprendre à quel point c'est beaucoup plus qu'important. Ça a l'air débile, puéril, surtout parce qu'il ne s'agit que d'une date. Ce n'est pas comme s'ils sortaient ensemble. Ils ne se sont pas vus depuis des jours, maintenant, parce qu'ils veulent faire les choses bien, sans précipitation. Il n'y a pas eu de baiser depuis un siècle, et encore moins de relations sous les draps. Ils se regardent, se cherchent. Chan caresse la cuisse de Minho, et Minho passe sa main dans les cheveux de Chan. Rien de bien sérieux, rien de bien profond.
Ce n'est rien de tout ça, et Minho se prend à courir à l'autre bout de la ville rien que pour ses beaux yeux. Il prévient le conducteur qu'il descend au prochain arrêt, et il se remet à courir. L'écran de son téléphone lui prévient de l'heure tardive. Il se dépêche, se donnant le courage en laissant quelques larmes s'échapper de ses joues. Il arrive à la fête foraine, bondée de gens. Il regarde tout autour de lui : les manèges à sensations, la maison hantée, la pêche aux canards, les jeux de tirs et les stands de nourriture. Rien, pas de cheveux chatains, rien que des rires d'enfants et le bruit des flèches qui s'abattent sur les cibles. Minho perd espoir, il cherche encore, les gens le prennent pour un fou. Les voix se font de plus en plus fortes, il a l'impression qu'il va s'effondrer. Il va crier de colère, parce qu'il n'est pas foutu de retrouver Bang Chan.
La photo dans sa main se froisse alors qu'il serre le poing. Il essuie rageusement ses joues humides, jusqu'à ce qu'on lui attrape l'avant-bras. Il les croise enfin, ces yeux enivrants et ces cheveux bouclés qu'il adore tellement.
Chan a l'air désespéré, le regard inquiet et le souffle saccadé. Il ne dit rien, et il sert simplement le brun dans ses bras.
- Salut, chuchote Minho dans son oreille.
- Salut, répond Chan le nez dans ses cheveux.
Ils se séparent, complètement.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- La photo, déclare Minho, en lui montrant l'image froissée.
C'est eux. Ils ont quelques années de moins, les cheveux dans leur couleur naturelle, et le sourire aux lèvres. Chan a le bras sur les épaules du plus jeune, et Minho regarde son aîné avec admiration - ou amour. C'était l'été de leur rencontre, leur première vraie photo. Après un match de football organisé par le collège pendant les vacances. ils avaient gagné, et ils étaient heureux et fiers. La preuve de leur amitié.
- Qu'est-ce qu'elle a la photo ? S'inquiète Chan, les sourcils froncés.
- C'est aujourd'hui. La date.
- Je croyais que tu pouvais pas sortir, aujourd'hui ?
Minho ne trouve pas les mots. Il essaie, mais rien n'arrive à se former correctement dans son cerveau. Si seulement Chan pouvait réfléchir à sa place, tout serait beaucoup plus facile. À la place, Minho sort son téléphone.
- Onze heure cinquante huit, il reste deux minutes, annonce t-il.
- Je comprends rien, Min. Il te reste deux minutes pour quoi ?
- Pour te dire que je t'aime.
C'est peut-être le destin, ou alors tout est prévu depuis le début. Une première explosion de couleur apparait dans le ciel. Une rouge, puis une verte, et une dorée. Tous les yeux sont rivés sur le beau ciel dégagé. Tous les regards, sauf ceux des deux amis.
Leur relation n'a jamais été définie. Ça ne fait que quelques semaines qu'ils se sont mis d'accord pour aller doucement, ne pas précipiter leurs sentiments. Tout est ambigu : ils s'effleurent en secret, ils s'appellent par des surnoms niais, et ils sont jaloux lorsque l'autre est trop proche d'un autre. Et les mots "je t'aime", ils ne sont jamais sortis tout haut, jamais dans la vraie vie. C'est quelque chose de privé, de très important. Ils s'amusent à l'utiliser sur leurs téléphones, en le pensant sûrement. Mais ils sont bien trop pudiques pour l'avouer dans la réalité.
Et Chan est le premier étonné par le tournant de sa soirée. La bouche entre-ouverte et les yeux ouverts en grand, il ne dit pas un mot pendant quelques instants.
- J'ai deux minutes avant que la journée ne se termine. Parce qu'il y a sept ans jour pour jour, on s'est vus pour la première fois.
Il y a l'univers dans ses yeux. Le genre de chose qu'on ne ressent qu'une seule fois dans sa vie. Le profond sentiment qui ne cessera jamais de grandir, encore et encore. Celui qui prendra le cœur à chaque fois qu'on voit l'autre. Compter le nombre de jours passés sans la présence de l'autre, sentir sa peau frissonner rien qu'avec un regard, éprouver le besoin de combler tous ses désirs.
- Parce que je ne pouvais pas attendre un autre jour pour te dire que c'est toi que j'ai choisi pour la vie entière.
Le bruit extérieur n'existe pas. Il n'y a que eux, plongés dans le regard de l'autre. Chan est trop émerveillé pour briser le contact avec une parole maladroite.
- Parce que moi aussi je préférerais t'écouter parler pendant l'éternité sur le bord d'un pont.
Les mains de Chan rejoignent les joues du brun. Il caresse sa peau, sentant les gouttes perler le long de ses doigts. Plus rien n'existe, et plus rien n'a d'importance. Il ne s'agit que de eux, et de l'invention d'un pont imaginaire.
- Minho tu pleures, répète Chan, le sourire aux lèvres.
- Non, répond Minho en ricanant.
- C'était pas une question.
Et leurs lèvres se trouvent finalement. Il n'y a pas que les feux d'artifices qui explosent, mais leurs estomacs qui ne cessent de se retourner dans tous les sens.
Ce n'est pas leur premier baiser. Ils en ont échangé des centaines avant celui-là. Mais aujourd'hui, c'est différent. Il s'agit de leurs vrais sentiments, quelque chose de réel. Ce n'est pas pour essayer, ni parce que l'un n'est pas certain de ce qu'il ressent.
Ils se séparent pour mieux se retrouver, sous quelques regards indiscrets. Il n'y a rien de plus agréable que eux, leur bulle, et leur chaleur. Un baiser alors qu'ils partagent les mêmes sentiments.
- Je t'aime.
- Je t'aime.
C'est différent d'un "moi aussi" tout mou. C'est pour ne pas perdre les racines, pour ne pas déformer le sens du terme. Ils ont beau éprouver de l'amour, "moi aussi" c'est quelque chose qui est facilement prononçable. Tout le monde s'exprime comme ça de nos jours, même si on ne le pense pas vraiment en retour. C'est pour ne pas blesser l'autre, comme un automatisme. C'est pour éviter un conflit, accepter de retourner le compliment. Mais la réponse d'un "je t'aime" c'est soit blanc soit noir. Il n'y a pas d'entre-deux.
- Depuis quand ? Interroge Minho, curieux, et le sourire aux lèvres.
- Depuis sept ans jour pour jour.
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