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Chapitre 5 : Raid






Un brouhaha décontracté emplissait la salle commune du squat Alphecas, ponctué par les secousses du babyfoot. Affalée sur l'un des canapés, Kaya enchaînait les vidéos de chorégraphie en savourant sa chance de ne pas travailler au Baroudeur ce soir-là. Derrière elle, une pluie torrentielle battait les verrières, assombrissant prématurément le quartier. Un bordereau affichant le contact de Raphaëlle descendit sur son écran. Elle mit sa vidéo en pause, le temps de consulter la pièce jointe. La Vessarias lui avait envoyé une place pour la représentation que sa troupe donnait à l'opéra de Bryvas.

Kaya allait la remercier, quand l'esprit d'Isaac atteignit le sien depuis l'étage supérieur, et lui communiqua une vrille d'urgence. Brusquement en alerte, elle s'arracha au canapé, et se faufila parmi les Régulus occupés à faire circuler les premières bières. Le dirigeant de la Constellation l'attendait dans le couloir. D'un geste confidentiel, il posa une main sur son épaule dès qu'elle parvint à sa hauteur.

— Je viens d'avoir l'info. Il va y avoir une descente, annonça-t-il de but en blanc.

— Maintenant ?

— D'une minute à l'autre. L'URIAA est en route.

Jamais à l'abri des enquêtes, les Régulus faisaient régulièrement l'objet d'interventions de ce type. Dès que suffisamment d'éléments incriminants étaient rassemblés, un raid était lancé sur une propriété de la Constellation afin d'arrêter une poignée de ses membres et de saisir autant de marchandise illicite que possible. Rompu à la manœuvre, Isaac chargeait d'ordinaire ses gradés de faire disparaître les produits inscrits sur liste noire avant leur arrivée, et laissait les forces de l'ordre passer les locaux au peigne fin sans opposer de résistance.

— D'accord, j'y vais, le rassura-t-elle. Bon courage, tu me tiens au courant !

Après une tape affectueuse sur son omoplate, Isaac la laissa filer. D'ordinaire, Kaya s'arrangeait pour ne pas se trouver dans les parages à ce moment-là. Or Cineád n'occupait pas encore les lieux lors de la dernière descente. S'il voyait débarquer une armada de police sans savoir qu'ils n'étaient pas là pour lui, il irait certainement à l'affrontement, nonobstant les dommages collatéraux.

Kaya dévala les escaliers. Quand bien-même Cineád se trouvait disposé à faire profil bas, l'URIAA disposait sans doute de davantage d'informations sur le pyrocien de Rigel que les Régulus. Impossible de savoir ce qu'Adamer leur avait communiqué. Il y avait donc peu de chance qu'ils outrepassent la présence d'un Aster non-affilié et porteur de marques suspectes. Comme ils fouilleraient l'intégralité de l'édifice et boucleraient toutes les issues, Kaya ne voyait qu'un moyen d'évacuer Cineád. Le dédale de tunnels tapis sous le bâtiment.

Celui-ci s'avérait cependant encore plus indébrouillables que les couloirs du bastion, en plus de se détériorer au fil des années, faute d'entretien, et Kaya n'y était jamais descendue. Elle ne pouvait qu'espérer qu'ils parviendraient à s'y retrouver. Le sang bouillant dans ses veines, elle fit irruption à l'étage du pyrocien.

En route pour la rampe, encore détrempés par les trombes qui s'abattaient au-dehors, Basile et Gale se pétrifièrent. Les victuailles qu'ils venaient d'apporter au squatteur attendaient au pied de la porte.

— Euh, il a pas ouvert, bredouilla Gale comme si cela pouvait justifier cette nouvelle tentative de lui rendre visite.

Même après Polarós, constata-t-elle avec un pincement au cœur. Ou bien, justement, à cause de l'attaque du Palais Polarós, suite à laquelle les jumeaux avaient découvert que leur idole appartenait à Rigel. Contrairement à Kaya, eux n'avaient pas pu le confronter depuis. Elle n'avait pas imaginé qu'ils puissent y tenir à ce point. Trop pressée par le temps pour en perdre à les sermonner, elle appesantit sur eux un regard intraitable.

— Venez, leur enjoignit-elle en marchant droit vers le loft.


✧ ✧ ✧


Assis au bord de son matelas, Cineád aspirait à même la boîte ses nouilles instantanées, lorsque des tambourinements martelèrent derechef sa porte. Peu disposé à se coltiner les monozygotes, il avait peu glorieusement fait le mort lorsqu'il avait entendu leurs voix dans le couloir, et pensait qu'ils avaient fini par lâcher l'affaire. Sa bouffée d'irritation se mua en agacement interpellé quand il entendit la Terebros le héler en usant de son second pseudonyme :

Fahrenheit ! T'es là ?

Il déposa son plat au trois-quarts entamé, fit coulisser la porte d'acier et, la main toujours sur l'encoche de la poignée, prêt à la refermer, accueillit le trio d'un haussement de sourcils. Derrière l'esthésive, les jumeaux le fixaient de leurs yeux noirs, diastème visible au milieu de leur expression enthousiaste.

— Je suppose que c'est pas pour mes quatre-vingt balles, lâcha-t-il d'un ton à peine teinté de sarcasme.

Les sirènes éclatèrent à cet instant sous la rumeur torrentielle de l'intempérie. Cineád se tendit sur le coup, les doigts déployés, son essence affluant le long de ses bras, alors que les garçons tressaillaient. Le regard incandescent dont il interrogea la jeune femme ne lui laissa qu'une seule chance.

— Ils sont pas là pour toi ! s'exclama-t-elle, mains levées en signe pacificateur. Ils sont là pour Régulus. Mais en général, ils fouillent tout le squat.

Cineád laissa la chaleur s'accumuler au creux de ses paumes, sans pour autant la libérer. Alors que les deux tons se rapprochaient, un remue-ménage sans précédent anima l'édifice.

— Et le fait que tu te sois pointée va changer quoi, au juste ? renifla-t-il.

La Terebros laissa retomber ses bras, une lueur ulcérée traversant ses yeux acajou.

— Mais tu peux pas arrêter d'être antipathique deux minutes ? C'est pas possible ! siffla-t-elle. Les sous-sols sont connectés à un tas de passages. L'URIAA peut pas tous les quadriller, alors c'est le seul moyen de filer. Basile peut nous guider en bas.

Face à l'urgence de la situation, Cineád résolut de se satisfaire de ce plan. Il fit volte-face pour aller ramasser son sac, le zippa, puis le balança sur son épaule. Dans le même temps, Macaque s'était dessapé, confiant ses fringues à son aînée, et se glissa dans sa peau de canidé.

Dès qu'elle les vit prêts, l'esthésive s'empressa vers la cage d'escalier la plus proche. Plus habitué à raser les murs d'Alphecas et à esquiver les rencontres, Cineád connaissait mieux les passages dérobés qu'elle. Il la rattrapa et, lui saisissant le bras au passage pour l'empêcher de s'engager sur le palier il prit les devants.

— Par là.

Il leur fit suivre un couloir, puis traverser une passerelle, avant de dévaler une série de marches raides. Partout, les résidents du squat qui n'avaient rien à se reprocher se préparaient à essuyer la perquisition de l'URIAA, tandis que les Régulus s'activaient, organisant leur nettoyage des lieux. Les freins crissaient sur le parking lorsqu'ils parvinrent au rez-de-chaussée. Les éclats des gyrophares distordus par les traînés de pluie sur les vitres peignaient les murs.

— Nugget, l'interpella Cineád alors qu'ils s'engouffraient en file dans un passage. Tu peux te changer en un truc imposant ?

— Euuh... j'ai la loutre, le caneton et le panda roux, lui répondit la voix haletante de l'adolescent dans son dos. Et l'éléphanteau.

Le pyrocien lui jeta un coup d'œil chargé de critique sidérée derrière son épaule. Son regard se leva brièvement vers la Terebros, qui fermait la marche.

— Mais à quel moment... ? pesta-t-il. Tu voulais pas commencer par les trucs utiles ?

Près de ses jambes, le shiba émit un aboiement désapprobateur.

— Qu'est-ce que t'appelle « utile » ? lança leur aînée d'un ton circonspect.

— N'importe quoi qui peut représenter une menace mortelle.

Il s'arrêta devant une issue de secours le temps de peser sur le levier du mécanisme, et la poussa de l'épaule.

— Et pourquoi tu voudrais qu'il se change en animal mortel, exactement ?

— Pour gagner du temps. Au cas où.

— Au cas où quoi ? insista la Terebros tout en lui passant devant pour le guider.

Elle obtint sa réponse après qu'ils eurent esquivé les sous-sols, où les Régulus tâchaient d'évacuer leurs stocks, et eurent gagné un accès aux tunnels délaissé par la Constellation. Au bout d'un étroit couloir poussiéreux, la grille devait principalement servir de point d'accès aux Maraudeurs, car une demi-douzaine d'entre eux, furtifs comme des rats, étaient déjà en train de la franchir. Un mouvement de panique les parcourut quand ils virent les Asters s'avancer dans la lumière des néons.

Pressentant leur réaction, Cineád doubla la Terebros. Dès que le dernier gamin des rues eut passé la grille, ils se dépêchèrent de la refermer. Le tintement de la chaîne d'antivol qu'ils enroulaient autour des barreaux fit pousser une exclamation indignée à l'esthésive.

Ils n'eurent pas le temps d'enclencher le verrou. Cineád était déjà sur eux. Il passa le bras à travers la grille, et visa la face de l'imbécile qui essayait de les enfermer. Le Maraudeur bondit en arrière, l'expression paniquée, abandonnant le cadenas. Pourtant, sans doute confiants en leur nombre, les membres de la bande ne décampèrent pas. Les lames de canif et les renforts de poings hérissés d'épines métalliques fleurirent entre leurs doigts. Ils considérèrent d'un œil hargneux les deux Asters du squat.

L'alliée d'Isaac, qui réprimait durement leurs tentatives de se faire du profit sur le dos de la Constellation, et le squatteur qui avait blessé plusieurs d'entre eux. Au milieu de la confusion provoquée par la descente, ils tenaient une occasion en or de régler leurs comptes. Cineád écarta les bras du corps, les paumes fumantes, et claqua de la langue avec exaspération. Tant qu'il n'était connu que sous le nom de Fahrenheit à Alphecas, user de ses flammes bleues restait exclu.

Il laissa choir son sac au sol, et fondit sur le type le plus proche. Le Maraudeur préféra fuir sa main incandescente plutôt que de tenter de lui porter un coup. Un réflexe de protection qui livra son coude nu à son assaillant. Cineád écrasa sa paume en fusion contre ses tatouages. À peine audible par-dessus le hurlement d'agonie que poussa sa victime, la peau et la chair grésillèrent dans une puanteur de viande brûlée.

Alors que le Maraudeur s'effondrait sur les genoux, secoués de spasmes de douleur, la Terebros enfonça son coude l'abdomen d'un de ses compagnons, qui avait tenté de la saisir. Celui-ci poussa un hoquet étouffé sous l'impact, mais répliqua d'une droite brutale qui la cueillit en pleine pommette. Kaya chancela d'un pas en arrière, la tête déjetée par la force du coup.

Les veines frémissantes, Cineád s'avança droit sur le Maraudeur. Macaque fut néanmoins le premier à l'atteindre. Un grondement vibrant sous sa fourrure hérissée, il referma les crocs sur la cheville du non-Aster. L'abruti n'eut que le temps de pousser un juron avant que la main du pyrocien ne se plaque contre sa bouche, écrasant ses joues. Comprenant ce qui allait suivre, il roula des yeux révulsés. Cineád étira un sourire de pur sadisme.

Et fit rôtir sa langue. Fumée et graisse en ébullition se dégagèrent du gouffre calciné qu'était devenue la bouche du Maraudeur. La démonstration découragea toute autre tentative à leur encontre. Le reste de la bande s'écarta avec lenteur, avant de déguerpir dans les souterrains. Cineád ramassa son sac et consulta la Terebros d'un regard, s'assurant qu'elle n'était pas trop sonnée pour poursuivre. Une main appliquée contre sa joue déjà marbrée d'un hématome, elle hocha la tête.

Ils descendirent un escalier plongé dans une pénombre humide et débouchèrent dans les galeries techniques. Originellement construites pour approvisionner l'ancienne cité industrielle en services publics, les conduites bétonnées connectaient aux égouts, ainsi qu'à certaines travas. Truffe au sol, le shiba trotta devant eux afin de déterminer la direction à prendre. Ils n'avaient cependant pas parcouru une centaine de mètres que des échos de pas bottés, caractéristiques d'une procession policière, leur parvinrent. Les flics devaient avoir résolu d'avorter la tactique d'évasion privilégiée des Régulus.

Les fugitifs se figèrent, les yeux rivés sur Macaque, au cas où ils parviendraient à leur trouver une échappatoire, mais le chien se mit à reculer nerveusement. S'humectant les lèvres avec appréhension, la Terebros tourna vers Cineád une mine désemparée. Loin d'être aussi décontenancé, il rajusta les anses de son sac sur son épaule, et saisit son portable de sa main libre. La fratrie le regarda pianoter en hâte sur l'écran, alors que le halo des lampes torches du groupe d'assaut courrait déjà à l'angle du tunnel.

Son message envoyé, Cineád sortit une fiole d'une poche de son sac. À l'intérieur, une phalène noir s'accrochait au verre. La figure de la Terebros se décomposa. Elle secoua la tête en signe de dénégation, exécutant déjà un pas en arrière.

— Oh, non. Pas question, regimba-t-elle.

Cineád plaça une main entre ses omoplates pour l'empêcher de battre en retraite.

— Oh, si, rétorqua-t-il avant de déboucher la fiole avec les dents.

Dès qu'il se retrouva à l'air libre, le papillon nocturne se démultiplia. Un maelstrom fuligineux les enveloppa en quelques secondes. À leur contact, les ailes délicates fondaient, les enduisant d'une substance gluante. La sommation que beugla l'unité de l'URIAA en surgissant au coin de la galerie fut engloutie par la matière qui les avala.

Cineád eut la brève impression que la gravité perdait prise sur lui, qu'il s'enfonçait à travers une nappe vaseuse. Il retint instinctivement son souffle tandis qu'une poussée le propulsait en avant. L'instant suivant, sa vue revenait, l'air afflua dans ses bronches. Près de lui, Nugget et l'étudiante inspirèrent comme s'ils sortaient d'apnée, lui tirant un rictus moqueur. Une puanteur d'urine les assaillit.

Ils venaient d'émerger dans des toilettes publiques couvertes de graffitis. Dans leur dos, le pan de fange sombre qui constituait le portail se désintégra. Pas un résidu n'avait adhéré à leurs vêtements. Devant les lavabos, le diagovien qui les avait arrachés à Alphecas les étudiait, bras croisés. Cineád put sentir la façon dont les muscles de la Terebros se contractèrent sous sa veste, si bien qu'elle pesait avec raideur contre sa paume.

Aroon Darrant, dernière recrue de Rigel, leur avait été adressé par Cestes. Derrière le verre de ses lunettes, il leur adressait un regard tranchant, qu'accentuaient ses paupières plissées à l'angle de ses yeux. Le teint sésame, les cheveux ébène, il avait des traits lisses, marqués par autant de placidité méprisante que de finesse critique. Un seul coup d'œil de sa part suffisait à agacer le pyrocien.

La main de Cineád remonta jusqu'au trapèze de l'esthésive. Afin de prévenir toute réaction intempestive – ou peut-être parce qu'il éprouvait dans ses tripes l'impératif de ne pas la lâcher en cet instant – il la maintint en place d'une pression.

— Chouette accueil, railla-t-il.

— Je m'attendais à ce que tu sois seul, Cineád, lui reprocha Darrant.

— J'ai pas eu le temps de te briefer.

Fourrure hérissée et yeux dilatés, Macaque grondait sans paraître s'en apercevoir, posté devant son frère, qui se tenait aussi roidi que la Terebros. Elle eut un tressaillement quand Darrant décroisa les bras, mais la prise de Cineád se raffermit. Le diagovien se contenta de soupirer.

— On m'avait pas prévenu que je serai d'astreinte pour vos magouilles personnelles.

— Demande une augmentation, ironisa son acolyte avant d'entraîner la fratrie vers la sortie.

Ils écartèrent le chariot d'entretien que Darrant avait tiré devant les toilettes pour en barrer l'accès, et traversèrent le fast-food dans lequel le diagovien avait vraisemblablement été interrompu en plein repas. Dehors, les trombes pluvieuses s'abattirent sur eux. Ils se coulèrent dans une ruelle pavée, traversée d'un ruisselet qui débordait de la rigole. Les gouttières fuitaient en filets d'eau réguliers.

— Refait plus jamais ça ! s'exclama la Terebros d'une voix encore éraillée par l'angoisse.

— De quoi ? Suivre ton plan très bancal ? Ou éviter de vous laisser entre l'URIAA qui aurait quelques questions à vous poser et des Maraudeurs qui t'ont déjà pas loupé ?

Ce disant, il pointa sa propre pommette pour lui rappeler l'hématome qui noircissait sa peau. Elle resta momentanément interdite, forcé de reconnaître la nécessité de sa décision. Puis, elle tendit les affaires de Macaque au jumeau demeuré sous forme humaine, et les deux garçons allèrent s'abriter sous un porche le temps qu'il quitte sa peau de canidé et se rhabille.

La Terebros croisa les bras et adressa un regard inquisiteur à Cineád. Il sut qu'elle usait de son arété avant même qu'elle ouvrit la bouche.

— On va pas avoir de problèmes avec le reste de Rigel à cause de ça ?

Il voulut glisser les mains dans ses poches, et le regretta aussitôt qu'elles furent désagréablement enveloppées par la toile trempée de son pantalon.

— Non. Darrant va sûrement penser que ça a aucune importance. Il le rapportera même pas aux deux albinos.

La physionomie de l'esthésive se détendit. À présent que le stress retombait, elle devait bien se rendre compte que l'incident se concluait sans conséquences fâcheuses. Elle jeta un regard au bout de la ruelle, et fronça les sourcils.

— On est où ?

— À Hamalex.

Cineád n'avait jamais eu besoin de tunnels. Pas quand, à l'instar de chaque fondateur de Rigel, il disposait du moyen d'être extradé de n'importe où en cas d'urgence. Cela dit, sans l'intervention de la fratrie, la nuit aurait certainement fini en feu de joie.

Plus loin, les monozygotes prouvaient une fois de plus que leurs capacités d'attention n'excédaient pas celles d'un nouveau-né, et se coursaient dans les mares sous formes de loutre et de shiba. Ignorant leur chahut, Cineád inclina la tête de côté pour guigner leur aînée, un sourire sarcastique aux lèvres. Son ton prit des inflexions scélérates. Ces mêmes inflexions qui avaient le don de la faire s'échauffer d'une manière qui lui montait instantanément à la tête.

— Alors ? Je croyais que t'étais pas censée m'avertir dans ce genre de cas ?

La Terebros saisit sur le champ son manège, et ramena sur lui un regard courroucé. L'espace d'une seconde, Cineád crut qu'elle ne saisirait pas la passe. Puis, les yeux acajou de la jeune femme le ratissèrent, suivant le trajet de gouttes qui dévalaient son front et son arête nasale. Son fameux sourire hardi ourla ses lèvres pulpeuses. La chaleur inaltérable qui circulait dans les veines du pyrocien se remit à frémir plaisamment.

— J'avais pas envie que tu réduises le squat en cendre. Et puis, ça règle la question des quatre-vingt balles.

— Pour le moment, concéda-t-il.

Telles qu'allaient les choses depuis que la fratrie avait croisé sa route, il ne doutait pas que leur éternel endettement surviendrait à nouveau. L'esthésive se frotta les bras en expirant un souffle grelottant. Son regard était cependant chargé de connivence lorsqu'elle plaisanta :

— Entre ça et sortir en pleine nuit sous la flotte, j'aurais peut-être préféré le payement en nature, finalement.

La référence sans équivoque à leurs joutes de séduction tira un rire nasal à Cineád. Réduisant la distance entre eux pour mieux la toiser, il la détailla sans vergogne. Pâle de froid sous cette fraiche pluie de septembre, la bouche assombrie, les cheveux collés à ses joues et sa mâchoire, mais les prunelles étincelantes de fougue, elle attisait la braise appétitive dans ses entrailles.

— Si t'as juste un souci avec la température, on peut s'arranger, suggéra-t-il sur le même ton narquois. C'est mon rayon, après tout.

Ce fut au tour de la Terebros de s'esclaffer. Quoiqu'il surprît distinctement dans son regard la part d'elle qui envisageait l'idée. Et l'envie ardente qui s'y répandit.

— Ah bon ? Même saucé comme ça ?

Il haussa les épaules.

— Je me souviens même pas ce que ça fait d'avoir froid.

Bien qu'il ne s'agît en aucun cas d'auto-apitoiement, Cineád réalisa avec un temps de retard qu'il aurait été préférable de garder cet élément pour lui. Les manières frivoles de la Terebros s'évanouirent. Elle le dévisagea d'un air songeur, une pointe de commisération affleurant sur ses traits. Puis, sans que Cineád eut conscience qu'elle avait bougé, elle glissa la main sur son poignet, refermant les doigts sur sa peau nue.

Il inhala brusquement, avant de suspendre sa respiration sous la coulée glacée qui le recouvrit. Les frissons serpentèrent sur son épiderme. Ses cheveux se hérissèrent. La fraîcheur des précipitations cascadant sur son corps s'insinuait à travers ses pores, traversant sa chair pour dissoudre tout soupçon de chaleur. Il frémissait au contact des gouttes.

Ce fut comme prendre une goulée d'air après avoir oublié comme respirer. Son organisme en perpétuelle surchauffe soupira de soulagement. Il ferma les yeux sans le vouloir, relevant le visage vers le ciel.

Le ressenti ne lui appartenait pas, comprit-il. Kaya lui avait transmis ses perceptions, et son être s'était calqué sur celles-ci pour pallier les défaillances de sa régulation thermique. Pour la première fois depuis les cryptes des Vessarias, sa température chuta.

Son souffle s'amplifia, gonflant sa poitrine à chaque respiration, alors qu'il restait pétrifié par l'expérience. Au bout d'un moment, ses paupières aux cils emperlés se soulevèrent. Il abaissa la figure vers l'esthésive, avide de froidure, de gel, de délivrance et d'un toucher bien plus marqué que celui actuellement appliqué autour de son poignet.

— Vous faites quoi ? leur parvint tout à coup la voix perplexe de Macaque à côté d'eux.

Cineád jeta une œillade agacée au garçon, alors que Kaya le relâchait. Aussitôt, la caloricité se mit à reprendre l'ascendant sur la fraîcheur de l'eau.

— Tu le sondes ? renchérit Nugget.

— Vous occupez pas de ça, leur enjoignit leur aînée en vérifiant qu'ils étaient avaient bien ramassé toutes leurs affaires. On peut y aller, c'est bon ?

Trempés, les garçons hochèrent la tête. En passant à la hauteur du pyrocien, Nugget pivota vers lui et lança :

— À plus ! C'était trop cool comment t'as battu les Maraudeurs ! On dirait Azula !

— Mais en moche, glissa Macaque, moins disposé à le complimenter.

Le rire de l'esthésive s'étrangla. Elle poussa ses frères devant elle en grinçant :

— Oui, bon, aller. On rentre et on va refaire un peu votre éducation parce que ça va plus du tout, là.

Cineád ricana. Entre les jumeaux qui persistaient à l'admirer, et l'aînée qui se gênait de moins en moins pour exprimer son attirance, la fratrie semblait sans espoir.

— Vous êtes tarés ! leur lança-t-il en guise de salutation.

Sans se retourner, Kaya leva le même majeur qu'elle lui avait adressé quelques semaines auparavant, à la supérette.







Encore des périphéties au squat ~

J'introduis le nouveau membre de Rigel : Aroon ! Qu'est-ce que vous en pensez ?

Puis petit moment de rapprochement entre Cinead et Kaya ~

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