𝟐𝟎┃𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐜𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐜𝐫𝐮𝐜𝐢𝐚𝐥𝐞𝐬
▌ 𝗘𝗡𝗗𝗥𝗢𝗜𝗧 𝗜𝗡𝗖𝗢𝗡𝗡𝗨. 07/12. 08:00.▌
─ Qu'est-ce qu'il se passe réellement à Kanuki ?
Le rire sarcastique de son patron vibra à travers le fil. Quelques mèches sombres s'échappèrent même de l'élastique qu'il avait noué dans ses cheveux à la va-vite lorsqu'il baissa la tête, contrôlé par la colère.
─ Dis-moi ce qu'il se passe, bordel, grogna Dabi, qui commençait à être exaspéré par son comportement.
─ La déesse suprême a lancé son plan. La ville va être détruite pendant que l'Arcade sera retransmise à la télévision.
─ J'ai rien compris à ce que tu viens de dire, débile. (Il soupira pour appuyer ses propos.) Tu parles des zombies, n'est-ce pas ? Ils viennent d'elle ?
─ Depuis le début, siffla Shigaraki. Bien sûr qu'ils viennent d'elle. Qui aurait pu leur donner vie, à part Dieu en personne ?
Le soleil commençait à se lever et transperçait les volets abimés de la petite chambre miteuse. Certaines bourrasques pénibles parvenaient également à outrepasser la barrière des joints, venant caresser sans scrupule l'épiderme du vilain. C'était un moment d'alacrité dont il aurait normalement profité, mais l'appel inattendu l'avait brusqué.
Une migraine le prit d'un coup et le fit grogner son mécontentement. Le livre de poésie qu'il tenait avant d'être interrompu bascula alors sur le sol. Dabi ne fit néanmoins rien pour le rattraper et fixa, d'un regard torve, les nouveaux plis qui vinrent encrasser son bienaimé.
─ Les Chromatica ont été piégés. Depuis le début, tout était prévu. Ils étaient destinés à participer. (Son patron fit une pause avant de reprendre.) Je ne comprends juste pas pourquoi elle a enlevé ce gosse.
─ Quel gosse ?
Le mal grandissant dans son âme lui hurlait de s'endormir, de laisser les ténèbres l'envahir. Se laisser dominer par la vie avait été l'un de ses plus grands péchés, mais l'évidence avait fini par s'imposer à son esprit ; il était destiné à faire de grandes choses. Alors, être quelque temps sous les ordres d'un imposteur comme Shigaraki ne pouvait clairement pas lui faire de mal.
─ Euh, le fils de Red. Yoshiki, un truc du genre.
─ Mais Red n'a pas de fils, réalisa Dabi.
Le vrai Red n'avait pas d'enfant, mais ce n'était pas le cas de sa sœur. La femme à l'existence maudite, tout comme lui. Le quiproquo durait depuis bien trop longtemps pour qu'il ne se pose aucune question. Il ne comprenait tout simplement pas. La Ligue semblait persuadée qu'Hina Kamihara se cachait derrière le pseudonyme de Red, alors qu'il en était tout le contraire ; cette sotte n'avait commis aucun crime.
Et il se tuait à le répéter aux gens, sans que ces derniers comprennent cette vérité.
─ Toutes les informations données par la déesse sont certaines. Pourquoi est-ce qu'elle s'amuserait à nous mentir ? Elle aussi souhaite la chute d'All Might !
Dabi se souvint soudainement des caresses inoubliables provoquées par ses flammes au moment où il prit feu pour la première fois. Des sillons agréables, mais dévastateurs, qu'il avait fini par regretter peu à peu.
─ Ta déesse te ment, barjot. Elle te manipule.
Son innocence était déjà perdue à jamais. Et se laisser faire une seconde fois reviendrait à gâcher la chance qu'on lui avait donnée.
─ Bref, abandonne ta mission. Quitte Kanuki et reviens le plus vite possible. (La voix de Shigaraki se fit plus sérieuse.) Sinon, tu mourras aussi.
Et il raccrocha. Les paroles de son patron remplirent son cœur d'un sentiment particulier qu'il ne reconnut pas. Amertume, colère et désaccord semblaient se battre à l'intérieur de lui. Dabi devait toutefois reconnaitre qu'il n'avait plus à se mêler d'affaires qui ne le regardaient pas. Il n'avait jamais considéré cette mission comme importante, et puisqu'il était prêt à tout pour augmenter sa notoriété, c'était sans chercher à comprendre qu'il avait fini par l'accepter.
Se bruler les ailes encore une fois le tuerait, et il le savait.
Le fait qu'Endeavor soit, de près ou de loin, lié aux problèmes qui frappaient cette ville n'avait fait que l'attirer un peu plus vers elle. Mais une toile d'araignée géante s'était refermée sur lui sans même qu'il ne puisse le remarquer ; maintenant, abandonner cet amas de détritus et ses cas particuliers lui laissait un gout amer dans la gorge.
D'autant plus que la sotte devait à présent courir dans toute la ville pour retrouver son fils. Comment réagirait-elle, en apprenant que ce dernier était destiné à mourir ? A quoi ressemblerait son visage en découvrant son cadavre dépecé ? Serait-elle triste, ou alors se réjouirait-elle d'être enfin libérée des griffes du passé ?
Une douce agonie se répandit dans son ventre quand son visage s'imposa à lui. Le rouge à lèvres écaillé fut la première chose qui le frappa à nouveau. Ensuite vint le regard vide de tout sentiment, contrôlé par la peur et les fantômes d'antan. Les milliers de cicatrices qu'elle avait en vain essayé de cacher furent ce qui le poignarda finalement.
Luttant contre l'hésitation, faisant de son mieux pour arrêter les pensées parasites, Dabi ne put toutefois pas garder les yeux fermés. Sa lèvre inférieure se remit à trembler comme la dernière fois, et il lui fallut toute la retenue du monde pour retenir sa respiration lorsque la panique éclata.
Il aurait dû mourir ce jour-là, être réduit en cendres comme un vulgaire objet. Alors pourquoi était-il encore en vie ?
Avec Kanuki venait également le malheur. Et c'était par mégarde que le vilain l'avait compris, quelques semaines après son arrivée. Les symptômes s'étaient manifestés lentement, avaient peu à peu rongé son système immunitaire déjà fragilisé par l'inachevé. Les envies meurtrières avaient aussi suivi, et heureusement, rien ne l'empêchait de les assouvir. Bien que les sanglots de sa raison persistent, l'attrait de la chair demeurait surpuissant.
Outre les frissons désagréables qui le secouèrent, Dabi eut droit à la fièvre dantesque qui avait souvent l'habitude de le prendre au dépourvu. Un juron franchit alors la paroi de ses lèvres craquelées. En quelques secondes, sa décision fut prise. Ses longues et maigres jambes le portèrent jusqu'à la porte de sa planque, qu'il poussa sans délicatesse. Il ne lui fallut ensuite que quelques secondes pour franchir le couloir qui menait à la sortie.
─ Fais chier. On peut jamais être tranquille, ici.
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▌ 𝗘𝗡𝗗𝗥𝗢𝗜𝗧 𝗜𝗡𝗖𝗢𝗡𝗡𝗨. 07/12. 08:00.▌
Les ailes du héros numéro trois étendaient leur puissance depuis le plus haut bâtiment de la ville, illuminées par les doux rayons du soleil. Entourées d'innombrables gouttes translucides, ses divines plumes égayaient le paysage de leur agréable couleur chatoyante. La pluie, elle, venait seulement de s'arrêter. Formant un voile de mèches claires autour de son visage fermé, les cheveux humides d'Hawks semblaient sur le point de s'envoler. Seule l'interminable mélodie qui résonnait aux alentours troublait la plénitude qui s'était installée.
C'était le centième appel depuis qu'il l'avait abandonnée. Bien sûr, il n'aurait jamais osé lui répondre ; si la Commission apprenait ce qu'il s'était passé, elle mourrait. Elle disparaitrait de la surface du globe sans laisser la moindre trace, et son enfant suivrait très certainement. Il aurait dû s'éloigner d'elle dès le moindre signe de faiblesse, afin de lui éviter plus de maux.
Il était cependant trop tard pour faire marche arrière.
À cause de son statut, une vie normale ne lui était maintenant plus permise. L'enfer dans lequel il s'était empêtré depuis son plus jeune âge n'était toutefois rien par rapport aux abominations qu'il avait vécues. Les affres du désespoir l'avaient emporté depuis sa plus tendre enfance.
Voir cette femme porter tant d'importance à son fils l'avait séduit. Tant de courage dans un seul petit corps, ce n'était pas souvent que cela arrivait. Les pires tracas du monde l'avaient engloutie, et d'un côté, il ne pouvait s'empêcher de se voir à travers elle. Bien que différente, cette souffrance faisait leur point en commun le plus marquant.
La mélodie résonna une nouvelle fois dans l'air, et perça le silence qui s'était installé. Le bourdonnement dans ses oreilles se fit moins puissant lorsqu'il posa les yeux sur son téléphone. C'était la Commission. À nouveau submergé par des sentiments incontrôlables, le cœur battant follement dans sa poitrine, Hawks se décida à répondre, quoiqu'hésitant.
─ Hawks. Code rouge.
La peur retomba soudain pour laisser place à quelque chose de plus dévastateur.
─ Des centaines de personnes errent dans les rues de Kanuki et tuent quiconque croise leur route.
Il repoussa ses prétentions au moment même où l'information parvint jusqu'à lui. Son regard devint alors plus calculateur, et sa poigne se resserra sur l'appareil qu'il tenait.
─ Que se passe-t-il ? murmura-t-il.
─ Ils sont contrôlés par l'Alter d'un vilain. Mais nous voulons que tu restes loin de cette affaire. (Le silence qui suivit fut si troublant qu'Hawks ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux.) Ne te rends surtout pas là-bas.
─ Quoi ? Mais pourquoi ? Des milliers de gens sont en danger...
La voix froide de son supérieur le coupa sans ménagement.
─ Ces milliers de gens doivent mourir. (Sa main commença à trembler.) Hawks, surtout, ne fais rien. La ville doit disparaitre.
Quand fut passée la terreur que lui procurèrent ces paroles insensées, l'incompréhension vint lui tordre les entrailles. Son regard vif – et rempli de tristesse, par la même occasion – finit par vagabonder dans le vide pour détailler les bâtiments environnants comme s'ils ne se trouvaient pas réellement à leur place.
─ Obéis-nous sans discuter. De toute façon, c'est pour ça que tu as été formé.
Il lui fallut de longues et interminables secondes pour se rendre compte que son supérieur avait déjà raccroché. Moment de répit qui lui permit de comprendre à quel point cette mission était, en réalité, déjà écrite d'avance. Sa figure se durcit alors.
Cette ville était vouée à disparaitre, et il ne pourrait rien y faire.
Hina allait mourir.
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