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-Le même soir, en pleine nuit, Namjoon était resté éveillé. Suite à leur dispute commune, il s'était enfermé dans sa chambre, les nerfs à vifs. Tout ce qui s'était passé pendant la soirée l'énervait, mais le rendait aussi confus.
☾
Je n'arrivais pas à dormir.
Cessant de me tourner et me retourner dans mon lit, je cherchais depuis des heures le sommeil, mais je n'y parvenais pas.
Je ne savais même plus quelle heure il était, et peu m'importait.
J'étais juste fatigué, de cette histoire. Je me demandais bien qui aurait eu l'audace de nous piéger, si l'hypothèse que l'un d'entre nous s'étant fait passé pour Agma pendant la partie était vraie.
Je ne sais plus qui croire, finalement, et tout ce cinéma me donnait un mal de crâne atroce.
Soudain, alors que je regardais toujours le plafond de ma chambre, allongé sur mon lit, avec pour seule source de lumière les faisceaux de la lune traversant la vitre, des petits cliquetis répétitifs se firent entendre contre ma fenêtre.
Quelqu'un semblait vouloir attirer mon attention en jetant des cailloux sur ma vitre.
Je soupirais en me levant, me dirigeant en même temps vers ma fenêtre. Pensant que c'était l'un des six qui venait s'excuser ou tout simplement venait me parler au beau milieu de la nuit, je ne me posais pas trop de questions.
Hors, arrivé devant ma fenêtre, je ne vis personne dehors. Et les bruits contre ma vitre s'étaient arrêtés.
Je fronçai alors les sourcils, sentant la colère remonter peu à peu en moi. Si quelqu'un venait à me faire une énième mauvaise blague après ce qui venait de se passer autour de la table de Ouija, je sentais que je n'allais pas être clément envers lui, et peu importe qui il était.
J'ouvris donc d'un coup sec ma fenêtre, laissant le frais de la nuit s'engouffrer dans ma chambre, puis je me penchais, pour ne finalement voir personne sous ma fenêtre.
Non, la vue m'offrait simplement la cour de gravier devant notre demeure, ainsi que tout autour l'immense forêt, qui me berçait depuis ma tendre enfance. Le manoir était silencieux, tout le monde semblait dormir.
Et en ce soir, je ne saurais l'expliquer, la forêt m'attirait étrangement, elle m'appelait. Je ressentais ce besoin imminent d'y entrer.
J'avais juste besoin de m'évader et de m'aérer l'esprit quelques minutes, alors une petite promenade nocturne dans notre domaine ne pouvait pas me faire de mal.
J'étais donc décidé à sortir un peu, plutôt que de chercher un sommeil inexistant, moi qui étais jusque là accoudé sur le rebord en pierre de ma fenêtre, admirant le paysage nocturne, et écoutant les chouettes hululer au loin.
☾
-On sait juste qu'il était sorti, Namjoon étant quelqu'un de très rêveur et nostalgique. Peut-être qu'il lui était venue l'idée d'aller se balader dans les bois à une heure aussi tardive, et malheureusement, on ne sait comment, ceci causa sa perte.
☾
Les branches et feuilles mortes craquaient sous mes pieds. Mains dans les poches, je regardais les grands arbres sombres m'entourant jusqu'à perte de vue.
J'étais bien, là.
Seul au milieu de cet immensité de verdure. Mes problèmes semblaient se dissiper, laissant mon crâne un peu moins lourd et un peu plus supportable qu'à l'origine.
De loin, je pouvais voir que je me rapprochais de l'arbre à papillon récemment planté en l'honneur d'Agma.
Qu'est-ce qu'elle me manquait.
Elle et son petit sourire à en faire craquer plus d'un. Elle et ses petites mimiques adorables, ses petites joues rosies et son petit nez à croquer. Elle et sa manière de retrousser ses lèvres quand elle était timide. Elle et ses cheveux ondulés et clairs, tout droits sortis d'un compte de fées.
Ce n'était que ma cadette et pourtant je l'aimais à en mourir.
Un ange parti trop tôt.
Perdu dans mes pensées, je n'avais pas remarqué que je m'étais arrêté devant son lieu de deuil.
Combien de temps cela faisait que j'étais planté là ?Je ne savais même plus, mais la lune haute dans le ciel dégagé m'indiquait qu'il était tard.
La brise fraîche de la nuit me berçait, tandis que je regardais les feuilles des arbres bouger au gré du vent.
J'étais bien, là.
-Joonie Oppa ? résonna une toute petite voix dans le silence nocturne.
Je relevai alors subitement la tête, croyant rêver à l'entente de cette voix si familière.
Non...non. C'était impossible...
Là, entre deux grands chêne se trouvait la mince figure de ma sœur.
-Agma ?! m'écriai-je, les larmes me montant aux yeux.
Je ne pouvais pas y croire.
Elle semblait si irréelle, si bien que je pensais halluciner sous mes pensées devenues trop présentes depuis peu.
Je me mis alors à la détailler longuement, comme si c'était la première fois que je la voyais.
Et en fait, c'était la première fois que je la voyais ainsi, je ne la reconnaissais presque plus.
Sa robe était complètement tâchée et dégoulinante, tout comme ses cheveux trempés qui lui collait atrocement à la peau. Celle-ci, devenue étrangement blafarde et verdâtre, scintillait presque sous la lumière de la lune. De loin, je pouvais même apercevoir de grandes cernes noires logeant ses paupières, ainsi que des lèvres complétements bleues et gercées.
Et même si cette scène paraissait sortie d'un livre, elle était bel et bien devant moi, me transperçant l'âme d'un regard d'outre-tombe.
-Je...C-C'est toi Agma ?! pleurais-je, mes membres bloqués sous le choc, des frissons abominables parcourant mon échine.
Mais Agma s'était retournée dans une vitesse affolante, et se mettait à courir à travers les bois, me laissant la poursuivre sans perdre de temps.
-Non, non Agma revient ! criai-je, me prenant parfois des ronces dans les jambes, d'autres fois des branches dans les yeux, alors que mes précédentes larmes séchait avec le vent de ma course poursuite.
Je courais à en perdre haleine, n'ayant plus conscience du temps, et du paysage qui m'entourait.
Mon seul et unique but à présent était de la rattraper, de la retrouver. Car je ne pouvais pas me contenter de cette simple entrevue, non, j'avais tellement de choses à lui dire, et si c'était le seul moyen pour me soulager, alors je le ferais, coûte que coûte.
-Namjoon... m'appelait-elle, sa voix semblant si lointaine mais à la fois si proche, me rendant encore plus confus qu'auparavant.
Alors je continuais de courir comme si ma vie en dépendait, tournant en rond, revenant sur mes pas, criant le nom de ma cadette à bout de souffle, m'arrêtant.
Parfois, je l'entendais courir rapidement derrière moi, alors je me retournais, mais il n'y avait plus personne. D'autres fois aussi, je l'entendais m'appeler, me murmurer des choses, ricaner même, mais plus aucunes traces d'elle quand je la cherchais à travers la noirceur de la forêt.
Elle me faisait clairement tourner en bourrique et pourtant, je ne lui en voulais pas. Je ne me posais même plus la question si ce que je faisais était censé, car se lancer à la poursuite de ce qui semblerait être l'esprit d'Agma n'était pas une chose commune.
Et pourtant, je le faisais malgré tout.
Arrivé devant le deuxième étang de notre domaine, celui dans lequel Agma ne s'était pas noyée, je peinais à reprendre ma respiration, mes mains sur mes côtes, ma vue se troublant quelque peu.
Regardant autour de moi et essuyant du revers de ma main mon front qui perlait de sueur, je pouvais constater que j'avais perdu toute trace d'elle.
L'eau calme de l'étang m'entourait simplement, et le petit ponton de bois humide était posté non loin devant moi. Sur le reflet de l'eau, je pouvais voir le satellite naturel de la Terre briller de milles feux, éclairant cette nuit fraîche.
Et au bout de la rive, loin devant, je l'ai revu, après d'interminables minutes à reprendre mon souffle. Exactement comme avant, elle m'a parut si irréelle, tout droit sortie d'un cauchemar.
Elle était assise au bord de l'étang, caressant l'eau de ses mains bouffies et d'un blanc cadavérique. Cette fois-ci, elle ne me regardait pas, se contentant silencieusement de regarder l'eau.
Je me frottais les yeux, croyant rêver une seconde fois. Mais alors que je retirais mes mains de mon visage fatigué, elle avait disparu.
Non, ça n'allait pas se passer comme ça. J'en avais marre de jouer, je voulais des explications, quitte à passer pour un fou, si je ne l'étais pas déjà.
-Namjoon ? dit la même voix juste derrière moi, attirante comme effrayante.
Je me retournais alors brusquement pour la voir posée juste derrière moi, si près de ma personne.
Et mon dieu ce que j'aurais préféré la garder loin de moi, finalement.
Ses veines ressortaient bleutées sur l'entièreté de son corps gonflé par l'eau et la noyade. Elle avait l'air poisseuse et vaseuse au touché, tandis que ses yeux avaient perdu tout éclat de vie, laissant une couleur blanche terne dans ses pupilles.
De ses grands cernes noirs creusés à ses ongles mous et remplis de vase, absolument tout était immonde à constater, et pour n'importe qui.
Je sursautais alors, mettant une main sur mon cœur, mes yeux ne voulant se détacher de cette image horrifique, tandis que des larmes refaisaient surface.
-C'est moche n'est-ce pas ? s'adressa-t-elle à moi, ses lèvres se déformant en un rictus triste tandis qu'elle baissait le regard. Je ne ressemble plus à une petite princesse comme tu avais l'habitude de me dire, non ? demanda-t-elle dans une toute petite voix peinée, prête à pleurer.
J'était apeuré à la vue si proche de ma cadette, mais en entendant son ton prêt à craquer, je ne pus m'empêcher de la rassurer.
-S-Si...Bien sûr que si, tu resteras toujours une princesse...Ma petite princesse...
-Ce n'est pourtant pas ce que dis ton regard, Oppa. Je sais que je suis horrible... chouina-t-elle, s'arrêtant pour mettre ses mains devant son visage, cachant sa tristesse.
Je m'attendris à cette vision, et je voulus un court instant la réconforter en la prenant dans mes bras comme j'en avais l'habitude auparavant mais je me repris bien vite en me rappelant que ma sœur n'était pas censée être devant moi.
-Ne pleure pas Agma... fit-je simplement, des larmes chaudes dévalant mes joues.
-Ne pleure pas ? Ne pleure pas ?! Tout est de votre faute, à tous ! Pourquoi vous ne m'avez pas laissée tranquille ?! Pourquoi vous ne m'avez pas laissée mourir comme tout le monde ?! s'écria-t-elle, relevant son visage dans un expression énervée à en faire froid dans le dos. Une chose était sûre, je ne l'avais jamais vu comme ça. Non, il a fallu que vous jouiez à ce jeu stupide et sans intérêt, si ce n'est de me laisser seule à vie, dans ce monde qui n'est plus le mien ! grondait-elle de plus en plus, laissant une traînée de mauvaises ondes autour d'elle, tandis qu'elle s'avançait vers moi, me forçant à reculer. Je m'ennuie ici Oppa ! Je m'ennuie terriblement... continua-t-elle mais n'arrêtant pas sa marche lente et angoissante vers moi, pendant que sa voix montait toujours d'un octave plus haut, la rendant effrayante à souhait.
-Je suis désolée Agma... Mon dieu crois-moi, si je pouvais remonter le temps je le ferais... m'excusais-je, alors que je m'avançais à présent à reculons sur le ponton, ma sœur toujours devant moi.
-C'est trop tard, c'est beaucoup trop tard... ricana-t-elle dans un sourire démoniaque, changeant d'émotion radicalement. Mais maintenant que tu es là, je vais pouvoir te garder auprès de moi toute la vie. Plus elle parlait, et plus nous nous rapprochions du bord. Tu vas pouvoir rester à mes côtés indéfiniment. Je sentais qu'on arrivait au bout du ponton. On va tellement jouer et s'amuser, tu verras Joonie, ce sera génial ! Mon cœur bâtait de plus en plus vite, je peinais à prendre un souffle correct alors qu'elle se rapprochait beaucoup trop de moi, elle et son rictus malsain. On ne s'ennuiera jamais. Mon pied a glissé sur le rebord. Jamais.
Elle m'avait poussé dans l'eau froide, un grand sourire jusqu'aux oreilles décorant son visage cadavérique.
Mon crâne venait de frapper un rocher. Je crois que je saigne.
Je vois trouble.
J'ai froid.
Je pense que je perd connaissance.
J'ai peur.
Non, en fait, je suis mort de trouille.
Mon corps m'entraîne vers le fond.
La lune me regarde.
Agma aussi me regarde.
Agma ?
Que fais-tu là ?
Je ne me rappelle plus.
Comment tout ceci est arrivé ?
J'ai froid.
J'ai peur.
Je suis mort de trouille.
J'ai mal.
Je vois trouble.
Je crois que je saigne.
J'étais bien, là.
☾
-Tôt dans la matinée, Monsieur Kim était parti pêcher dans l'un de ses étangs, pour se changer les idées. Dehors, on pouvait entendre les oiseaux commencer à chanter pendant que le soleil se levait peu à peu, laissant le ciel dans des tons rosés. C'était vraiment apaisant et berçant. Mais quelque chose venait tâcher ce tableau d'une pureté et d'une féerie sans pareille : Le corps de Namjoon sans vie, flottant dans l'eau.
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