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-"Après avoir découvert le corps sans vie du jeune jardinier, les Kim demeuraient encore plus à l'affut et fous qu'à l'accoutumée. Des patrouilles partaient aux quatre coins du domaine et de la région entière pour récolter des témoignages d'un potentiel criminel, mais revenaient bredouille à chaque fois. Puis, caché dans sa pauvre maisonnette, Yoongi s'enfermait avec ses démons." conta le vieillard.

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-"Tu ne comptes pas me laisser, hein ?" murmura Yoongi face à un miroir vieilli et sali par le temps. Il saisit, d'une poigne tremblante et incertaine, une aiguille rouillée qui trainait sur le rebord de l'évier, tout en maintenant le regard entre lui et son reflet fatigué. De grands cernes bleutées ternissaient son visage, et ses joues se creusaient peu à peu, traduisant une maigreur inhabituelle. "T'es fière de toi ?" continua-t-il, la hargne présente dans sa voix. "D'abord tu me forces à regarder crever Jimin sous mes yeux, puis Jeongguk, et maintenant tu me fais tuer Hoseok !" hurla-t-il à présent, son index appuyé sur son reflet, devenant blanc sous la pression qu'il exerçait.

Mais seul un silence lourd lui répondait, le faisant se sentir encore plus seul qu'il ne l'était déjà. Pourtant, il savait qu'elle l'entendait.

-"Tout ce que je veux..." reprit-il, des larmes glacées glissant sur ses joues pâles. "T-Tout ce que je veux, c'est que tu me laisses, Agma. Laisse-moi partir bordel, t-tue-moi s'il le faut..."

Le même silence frappant et mortuaire lui répondit, où seul le son de ses larmes froide et silencieuses atterrissant dans le lavabo et ses reniflements imperturbables créaient une mélodie mélancolique.

Même son reflet le regardait avec pitié.

-"Je t'en s-supplie..." sanglotait-il.

Était-il fou, ou bien complètement parano, pour sortir de telles âneries face à son miroir ? Pensait-il pouvoir arranger les choses en parlant avec le démon qui le possédait ? D'ailleurs, était-il réellement possédé, ou n'était-ce le fruit que de la folie pure ?

Yoongi ne savait plus faire la part des choses, il ne savait plus discerner le vrai du faux. Et c'était ça, le plus douloureux. Ne pas savoir ce qu'il vivait depuis quelques semaines le rongeait de l'intérieur.

Se reprenant, il renifla un bon coup avant de saisir violemment une aiguille rouillée qui traînait sur le bord de l'évier.

-"On dit que les yeux sont le reflet de l'âme, n'est-ce pas ?" continua-t-il, essuyant d'un brusque revers de main ses joues mouillées, encrant un regard déterminé dans son reflet. "Dans ce cas, je vais supprimer cette âme." Il approcha le bout pointu et métallique de son œil gauche, près à commettre une deuxième fois l'irréparable, son pouls augmentant considérablement. "Je vais supprimer l'intrue qui prend possession de mon corps." Il vint forcer ses paupières à rester ouvertes de son index et son pouce, serrant les dents. "Je vais te supprimer, Agma."

Inspirer, expirer, c'est ce que le jeune noiraud répéta un nombre incalculable de fois, avant d'y aller d'un bon coup franc.

Un hurlement de douleur résonna dans la salle de bain vide, et ce soir là, le sang éclaboussa la vitre du miroir.

Yoongi s'était crevé l'œil gauche.

-"Ce n'est pas ainsi que tu te débarrasseras de moi, Yoongi." ricanait la petite, sa voix fusant aux quatre coins du crâne du jeune homme.

Et un deuxième hurlement résonna dans la pièce, mais cette fois-ci, de rage.

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-"Après cet incident particulier, le jeune Yoongi avait décidé de fuir sa ville à vélo, et on ne l'avait plus jamais revu. Et plus tard, quelques heures après la fuite du jeune homme, Taehyung était sorti de sa prison, une idée bien précise en tête."

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Mes pieds nus foulant lentement le gravier, je me dirigeais vers cette grande et sombre forêt, dénué d'énergie. L'air avait un goût fade, mais au loin retentissait cette mélodie annonçant la fin.

La fin du calvaire.

Tenant d'une main la plaquette de bois, ce fameux jeu de Ouija responsable de tous nos problèmes, je marchais vers un coin reculé des bois, vide.

Ma mère ne m'avait pas vu sortir, bien trop enfermée dans ses prières pour remarquer que son dernier des fils partait, et pour de bon. Mon père, lui, ne parlait plus, ne bougeait plus, comme mort. Seul son corps tenait debout.

Arrivé près du tas de brindilles sèches que j'avais tenté de créer ce matin, à l'aube, quand tout le monde dormait, je jetais mollement la planche de bois, qui s'affaissa sous son propre poids. Me saisissant d'un bidon d'essence que j'avais dégoté dans un vieux bâtiment de mon père, j'en versais une quantité non négligeable sur le tas.

Mais ce n'est qu'une fois sorti de mes pensées que je me rendis compte que j'avais vidé le bidon entier.

Peu importe.

Après avoir fouillé d'un air las mes poches de pyjama rapiécées, je trouvais la boîte d'allumette que j'eus réussi à emmener. J'en jetais une allumée sur le tas, et le bois s'enflamma, créant de hautes et dangereuses flammes qui me brûlèrent presque les orteils et le visage rougi de pleurs.

Mais je n'en avais que faire.

Je restais immobile devant ce feu qui crépitait, mes yeux se perdant dans la danse que faisaient ces flammes pécheresses. Quelques larmes coulèrent pour venir tomber et disparaitre dans le tas enflammé, tandis que je transpirais à grosses gouttes, bien trop proche de cet embrasement de brindilles et de bois.

Au travers de ces langues de feu, je crus apercevoir une silhouette enfantine qui m'observait, derrière ce tas, face à moi.

Était-ce le fameux criminel qui était venu me tuer ? M'avait-il enfin trouvé ?

Tant mieux, de toute manière, j'avais signé mon arrêt de mort depuis belle lurette. Que ce soit lui ou moi, ce soir, j'en finirais avec tout ça.

Alors je me retournais, puis marchais sur le sentier au milieu de cette forêt destructrice, qui m'en avait fait voir de toutes les couleurs.

Au loin se dessinaient six emplacements distincts, dont cinq sur lesquels je pus reconnaitre mes amis. Le dernier m'attendait si gentiment.

Alors, pas après pas, je me dirigeais vers mon piédestal qui annoncerait ma prochaine mort, inévitable.

Un pas, et je voyais Namjoon et son corps gonflé et bleuté de la noyade, ses lèvres craquelées, son regard sans vie et sa plaie au crâne qui saignait abondamment.

Et puis au loin, Agma se tenait immobile.

Deux pas, et je voyais Seokjin et sa peau livide, ses membres désarticulés, ses pupilles vides et la trace violette sur son cou.

Et puis loin, Agma relevait la tête.

Trois pas, et je voyais Jimin et son teint verdâtre, ses doigts frigorifiés, ses yeux révulsés et la mousse qui avait coulée au coin de sa bouche jusque sous son menton.

Et puis au loin, Agma écartait ses mèches rebelles.

Quatre pas, et je voyais Jeongguk et ses veines qui ressortaient violettes, sa jambe qui ne tenait qu'à un fil, ses sourcils froncés de douleur et la terre qui traînait sous ses ongles.

Et puis au loin, Agma dévoilait son visage effrayant.

Cinq pas, et je voyais Hoseok et la cisaille plantée à même son cœur, son expression encore frigorifiée, ses deux mains pleines de sang séché, tentant encore de l'enlever et son regard tout aussi terrifié.

Et puis au loin, Agma esquissait un sourire malsain, attendant bien sagement que mon tour vienne.

Je les voyais tous, mais je n'avais plus peur. Non, c'était fini.

Six pas, et je tendais un peu plus les bras vers la mort, passant volontiers la corde qui m'attendait autour de mon maigre cou, envoyant valser le tabouret sous mes jambes d'un faible coup de pied.

Et puis,

au loin,

Agma s'avança, les mains dans le dos.

Sept pas, et je me voyais à présent pendu au bout de cette vieille corde, ma propre bouche ouverte, ma tête bleue coupée d'oxygène qui tombait sur le côté et le cœur enfin allégé.

Et près de moi, elle chuchota :

-"Bienvenue parmi nous, Taehyungie."

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-"Taehyung s'était suicidé, ce soir-là."

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