Chapitre n°10 : Retrouvailles et consolation
+:。.。 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒏°10 : 。.。:+
+:。.。 𝑹𝒆𝒕𝒓𝒐𝒖𝒗𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒆𝒕 𝒄𝒐𝒏𝒔𝒐𝒍𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 。.。:+
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Je n'aurais jamais pensé pouvoir être rassurée aussi rapidement après de tels événements.
J'avais gardé un aspect grandement pessimiste pour ce qui allait advenir de Tanjiro. En réalité, je comptais même faire de chez lui ma première destination une fois qu'on aurait quitté la maison, mais apparemment, il avait eu la même idée que moi au moment où il était apparu sur le seuil de ma porte.
Cette situation avait apporté un changement assez important dans mes plans, sans que cela me gêne pour autant, mais il fallait à présent de nouveau réfléchir à ce qu'on allait faire ensuite et comment.
Mais ce qui m'importait le plus à présent restait Tanjiro et Nezuko. Ils avaient beaucoup changé, en l'espace de seulement deux jours. Ça m'inquiètait grandement, et visiblement bien plus qu'Eichi.
Tant de questions taraudaient mes esprits mais après une courte réflexion, je m'étais dit qu'il serait mieux de les poser bien plus tard. Rien qu'au changement fulgurant de leur attitude et de leur aura, je pouvais déjà comprendre que quelque chose de grave, très grave leur était arrivé.
Je me soupçonnais déjà d'en être la cause, si bien que je n'osais même pas les regarder dans les yeux durant le moment où Tanjiro m'avait étreinte.
Tout était arrivé si vite, bien trop rapidement pour que je ne puisse y donner une part de compréhension. Tanjiro avait l'air si triste et Nezuko si... différente. Était-ce parce que j'avais encore une fois agi trop tard ? Ou à cause de ce que je lui avais dit ? J'étais sûre pour que ce soit l'une des deux raisons auxquelles j'avais pensé mais... rien que le fait d'imaginer d'être la cause d'une si grande douleur que ressentaient deux âmes si pures, deux personnes à qui je tenais, cela me fendait le coeur et amplifiait les remords que je ressentais déjà.
Alors tandis qu'il me serrait plus fort que jamais, je baissai la tête et me mis à pleurer. Les larmes, bien que j'essayais de les retenir de toutes mes forces me désobéirent, une fois encore, me laissant dans un état bien plus pitoyable que je ne l'étais déjà.
Je m'en voulais. Je m'en voulais de ne pas avoir été là, de ne pas être forte comme il le faut, de leur avoir causé tant de malheurs et de finir par verser ces larmes dont je n'étais pas digne. C'était si frustrant de ne pas être maitresse de ses émotions et je ne le réalisais que maintenant.
Je n'avais jamais pleuré autant depuis la mort de notre père. C'était une ancienne et en même temps si nouvelle sensation que je revivais en ce moment précis, une sensation que j'aurais voulu enterrer si je m'en étais donné les moyens.
Je me souvenais aussi comment mon père était, la façon dont il camouflait ses sentiments, nous offrait toujours ce même regard neutre indépendamment de la situation. On le voyait plutôt comme un homme froid et insensible mais il savait toujours nous sourire pour nous rassurer. Mais maintenant qu'il n'était plus là, je réalisai que je n'avais rien appris de lui.
Ma mère me disait souvent que je lui ressemblais mais moi, je n'y croyais plus un seul mot. Comment avait-il pu donner naissance à une fille aussi sensible et fragile ? J'essayais toujours de suivre ses pas, de me montrer mature, peu importe la situation mais rien n'y faisait.
J'étais trop faible.
Je me décevais tellement, mais je me disais aussi que je n'avais pas le droit de me plaindre ainsi. Si Tanjiro et Nezuko avaient tenu jusque-là, alors je me devais de les aider de tout mon possible, tout en protégeant Eichi, coûte que coûte.
Peu importe ce que ça allait me coûter.
Ça n'avait plus d'importance à présent.
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J'avais donc décidé, sans discuter, de les accueillir tous les deux à la maison. Je m'en voulais un peu de ne pas avoir pris en compte la décision d'Eichi mais je pouvais voir, d'après le regard qu'il m'avait lancé lorsque je l'avais annoncé, qu'il en était reconnaissant.
Je m'attendais un peu à ce qu'il soit plus dur mais apparemment, un peu de compagnie après tout ce qui s'était passé était ce qu'il y avait de plus rassurant.
Le jeune Kamado avait l'air d'autant plus reconnaissant, disant qu'il comptait me poser la question plus tard.
J'étais plutôt soulagée de pouvoir l'aider d'une quelconque manière même si c'était le peu que je puisse faire pour calmer l'immense douleur qui se faisait sentir autour de lui.
Il ne pensait probablement pas que je pouvais la sentir aussi, mais elle était de ce qui y avait de plus attristante pour mon coeur si sensible. L'aura que je pouvais voir se diffuser autour de lui était bien trop ténébreuse et contrastait énormément avec celle bien plus lumineuse et enjouée qu'il avait l'habitude d'émaner.
Celle que je voyais de mes yeux (c/y) en était des plus rares : elle ne pouvait appartenir qu'à une personne qui était en plein deuil et je ne le savais que trop bien.
Ça devait sûrement être la même chose pour lui ; grâce à son odorat, il avait pu, lui aussi, sentir la désolation que je dégageais. L'odeur était encore plus forte lorsque il m'avait vu pleurer. Au début, il pensait que j'étais juste inquiète pour lui mais avec un peu plus de réflexion, il avait très vite compris que c'était bien plus que ça.
Ça le penait plus que tout. C'était la deuxième fois qu'il m'avait vu pleurer en l'espace de ces trois jours et c'est ce qui était le plus alarmant. Peut-être que j'en savais plus que je n'en laissais paraître ? Il ne doutait pas une seconde de ma fiabilité mais si jamais je possédais des informations qui pouvait l'aider, alors il fallait qu'il les ait, maintenant.
Il prenait bien-sûr en compte mes sentiments mais dans la situation actuelle, il n'avait plus le temps. Il s'en voulait déjà énormément de ne pas m'avoir fait confiance plus tôt et de ne pas avoir cru à cette histoire de démons. Je ne voulais que son bien et il ne s'en rendait compte que maintenant, alors il ne voulait plus jamais commettre l'erreur de remettre mes paroles en question. Elles étaient trop précieuses pour lui.
Ce fût à la tombée de la nuit, lorsque je préparais le dîner qu'il décida de me poser les questions dont les réponses étaient tant attendues.
Il n'avait pas pu le faire durant l'après-midi tant je ne lui en laissais pas le temps. J'étais trop occupée à soigner ses blessures malgré ses protestations, lui faire couler un bain, nettoyer ses vêtements ainsi que ceux de Nezuko pour leur en donner de nouveaux - bizarrement, ichi avait bien voulu prêter les siens à Tanjiro puisqu'ils faisaient à peu près la même taille - et enfin, leur préparer le dîner.
Je trouvais l'attitude de Nezuko plutôt étrange, sans parler de son mutisme additionnel. Toutefois, elle ne protestait pas autant comme son frère et se laissait guider par mes demandes par un simple hochement de tête. Elle était comme un bébé dont on s'occupait, inconscient et curieux à la fois. Ça me faisait poser beaucoup de questions mais, comme je me l'étais promis, j'avais choisi de les garder pour moi pour le moment dans le but de ne pas attrister davantage Tanjiro, il avait déjà beaucoup souffert.
De son côté, mon manque de curiosité l'inquiétait mais il savait très bien qu'elle pouvait provenir de tout sauf de l'indifférence. Je n'étais pas comme ça.
Et le fait que je sois aussi insistante pour l'aider à se sentir mieux le confirmait, en plus de le soulager. C'était assez frustrant au début mais il s'y était rapidement habitué, pensant qu'il avait probablement besoin d'être un peu plus à l'aise avant de demander quoique ce soit, mais étant de nature têtue, il s'en voulait toujours de m'avoir laissé faire tout ça sans même m'aider.
Ce qui était fait était fait et il ne pouvait rien y changer, mais ça ne l'empêchait de vouloir des réponses à ses questions.
Assis à table et me regardant cuisiner, il se disait que le silence avait duré depuis un peu trop longtemps à son goût, alors il se décida à parler.
-"(T/p)-san..."
-"Oui ?" Répondis-je neutrement, sans pour autant me retourner.
-"Est-ce que je peux te poser quelques questions ?"
-"Je t'écoute."
Il soupira de soulagement mais déglutit ensuite, ne sachant pas par quoi commencer.
-"Est-ce que tu sais... quoique ce soit à propos de ce démon dont tu m'as parlé la dernière fois ?"
Je poussai un triste soupir.
-"Oui... Ce démon s'appelle Kibutsuji Muzan et il s'agit du procréateur même des démons. C'est aussi cet homme qui a tué mon père, puis ma mère et mon petit-frère."
Les yeux de Tanjiro s'écarquillèrent. Il avait remarqué ces deux absences un peu plus tôt mais ne s'était pas vraiment douté qu'ils soient... morts. En y repensant, avant d'arriver ici, il avait pu sentir l'odeur du sang émaner de la résidence. À ce même moment, son coeur s'était serré à l'idée que je puisse avoir connu le même sort mais en me voyant, saine et sauve, il oublia toutes ses suspicions.
Ce qui l'attristait encore plus était le fait qu'il n'avait pas eu la chance de rencontrer ma mère. Il se souvenait toutefois de Kaori et de sa joie toujours aussi débordante comme il avait pu le constater avant. La manie qu'il avait de s'extasier sur tour ce qu'il voyait, de parler trop et trop vite, et surtout son sourire qu'il affichait constamment. Se dire qu'il ne le reverra plus lui faisait mal, surtout pour moi. Il n'aurait jamais pensé que je subisse le même supplice que lui en si peu de temps. Ça ne pouvait que le rendre encore plus attaché.
-"(T/p), je... Je ne savais pas, je suis déso-"
-"Tout ce que je sais," l'interrompis-je "c'est qu'il est à la recherche de ce qui pourrait le permettre de conquérir le soleil."
-"...Je vois, merci."
Après un silence, je me tournai finalement vers lui, avec un regard désolé.
-"Il est possible que cet homme en ait eu après tes descendants. Je suis désolée, tu as dû énormément souffrir..."
Il me regarda d'un air surpris pendant un instant avant de baisser la tête, cachant une expression attristée.
-"Oui... Maintenant que tu le dis, je ne t'en ai pas parlé jusqu'à maintenant."
Il leva la tête et me regarda avec un air horrifié.
"Il y a deux jours, je... J'ai dû rentrer tard et je suis resté chez un ami de ma famille pour y passer la nuit. Puis, lorsque je suis revenu chez moi le lendemain matin, j'ai vu... toute ma famille... tous morts... dans un bain de sang.
Nezuko était la seule survivante alors je l'ai porté et j'ai couru pour chercher de l'aide mais j'ai vite compris qu'il était trop tard, elle...
Elle s'est transformée en démon..." Avoua-t-il, détournant tristement le regard en attendant ma réaction.
Cependant, ce ne fût pas du tout celle qu'il imaginait. En fait, je n'avais même pas réagi. J'avais continué à cuisiner comme si de rien n'était, bien que très attristée par la nouvelle, sans même dire quoique ce soit.
Cela alarma Tanjiro qui ne comprenait pas comment je pouvais rester aussi calme en sachant à présent qu'un démon vivait sous mon toit, le même genre de créature qui avait décimé ma famille.
En effet, ce qu'il ne savait pas, c'était qu'en réalité, je m'en étais déjà rendue compte, le moment-même où mes yeux s'etaient posés sur sa soeur lorsque je leur avais ouvert la porte. Cela m'avait fendu le coeur de voir Nezuko transformée en ce genre de monstre, et en voyant Tanjiro avec autant de désespoir marqué sur son visage, je me disais qu'il devait sûrement avoir ses raisons, depuis qu'il avait appris l'existence et le danger que représente les démons. J'avais donc fait le choix de ne pas me poser de questions et de lui laisser le temps de trouver le bon moment pour m'éclaircir à ce sujet.
-"Je l'ai remarqué." Avouai-je à mon tour.
-"A-Ah bon ? Mais alors-"
Je soupirai.
-"Tu devais sans doute avoir tes raisons, alors je n'ai pas voulu t'embêter avec ça, surtout après tout ce que tu as dû enduré avant d'arriver ici."
Tanjiro écarquilla les yeux, accablé par mes mots. Étonné était un bien simple mot pour décrire ce qu'il ressentait, il était ému, de ma gentillesse et de ma compréhension, si bien qu'il ne savait que dire pour le montrer. Il se contenta de baisser la tête, laissant se dessiner sur son visage un timide sourire reconnaissant. S'il avait besoin d'une chose, c'était bien de l'empathie venant de son amie qu'il ne faisait qu'aimer de plus en plus.
-"Merci beaucoup, (T/p)-san."
-"Je t'en prie, et tu peux m'appeler "chan" à présent, on est amis." Répondis-je, me tournant vers lui en lui souriant.
Il hocha la tête et me regarda ensuite d'un air décidé, l'air de vouloir ajouter quelque chose.
-"Au fait, je ne te l'ai pas dit plus tôt mais... avant d'arriver ici, j'ai fait la rencontre de Tomioka-san, un pourfendeur de démons. Il m'a dit d'aller au Mont Sagiri pour trouver un certain Urokodaki-san."
-"Tomioka-san, Urokodaki-san..." Marmonnai-je, pensant avoir déjà entendu ou plutôt lu ces noms quelque part. Ce fût après quelques secondes que je me souvins enfin de l'origine de ce souvenir.
C'étaient des connaissances de mon père, il l'avait dit sur sa lettre. C'était d'ailleurs chez l'un d'eux qu'allait être ma prochaine destination.
-"Tu...les connais ?" Me demanda Tanjiro en m'écoutant marmonner dans mon coin.
Sa voix me fit revenir à moi.
-"Euh... Pas exactement, mais c'était des connaissances de mon père."
La bouche de ce dernier s'élargit en un grand "O", ne s'attendant pas à une telle coïncidence.
"Tanjiro-kun," commençai-je d'un ton sérieux tout en essayant de m'habituer au nouveau suffixe que j'utilisais pour m'adresser à lui qui sonnait bizarrement une fois sortie de ma bouche, "comme nous partons dans la même direction, accepterais-tu de nous y accompagner ?"
Ces mots dits, il m'adressa une expression encore plus étrange que tout à l'heure, comme si il était sur le point de pleurer en me hurlant ceci, frappant ses mains sur la table.
-"Évidemment que oui ! À vrai dire, j'allais justement te poser la question parce que... j'ai vraiment besoin que tu restes à mes côtés. Cela doit sûrement te paraître égoïste, mais après que Nezuko se soit transformée en démon, je lui en avais fait la promesse :
Jamais plus nous ne nous séparerons de ceux qui nous sont chers."
Il me fallut peu de temps, après avoir compris le sens de ces mots pour que ceux-ci me frappèrent en plein coeur, là où j'étais, malgré moi, la plus sensible.
Sous le coup de l'émotion nouvelle, je lâchai les ustensiles que je tenais dans mes mains et les laissai tomber sur le comptoir où je préparais toujours le dîner.
Ma respiration s'accélérait sans que je ne puisse me contrôler ni comprendre ce qui m'arrivait. Mais après quelques instants passés à réfléchir, je pus en avoir ma petite idée.
J'étais simplement heureuse.
Mon sourire n'était là que pour le prouver. Être considérée comme quelqu'un d'aussi important ne faisait qu'emplir mon coeur de joie et de réconfort. Ces sentiments me poussaient à aller de l'avant et à me donner l'envie incontrôlable de le rendre encore plus heureux, de lui retourner la sensation si apaisante d'être aimé en retour.
Mes pensées restèrent figées pendant un moment. Puis, alors que je m'apprêtai à continuer ce que je faisais, des bruits de pas se firent entendre.
Tanjiro fût toutefois le plus réactif lorsque je l'entendis crier "Nezuko", le nom de sa soeur bien-aimée qui était entrée dans la pièce.
-"Tu ne vas pas dormir ?" Demanda son grand-frère.
Elle répondit par un bref secouement de la tête pour dire "non" et se tourna presque immédiatement vers moi avant d'accourir dans ma direction.
Je n'avais pas eu le temps de me retourner à mon tour lorsque je fus prise de plein fouet par une étreinte briseuse d'os auquel je répondis, quoique avec un peu d'hésitation, par une douce tape sur le dos.
Ce geste suffisait à me faire fondre, aussi bien intérieurement qu'extérieurement, pour que doucement, je m'y plaise, me laissant ainsi vulnérable face à tant de tendresse.
Je me laissai attendrir par la chaleur réconfortante qu'apportait nos deux corps l'un contre l'autre et laissai échapper un soupir de soulagement.
Nezuko avait beau ne plus être humaine, du peu que je la connaissais, je compris rapidement que sa nature n'avait pas changé. Elle restait toujours aussi affective et empathique envers ceux qu'elle aime et n'hésitait pas une seconde à le montrer. C'était un de ses atouts que je chérissais le plus, car je ne le possédais pas. Peut-être que ça pouvair changer, mais pour l'instant, ce n'était pas près d'arriver, je n'avais pas la tête à y penser en ce moment.
J'avais voulu que cette étreinte dure plus longtemps mais, comme une bourrasque, la chaleur dont j'étais devenue dépandante m'avait quitté. Je ne vis qu'une chevelure ébène s'éloigner de moi avant que je ne relève la tête. Nezuko était parti câliner son grand-frère, m'offrant une vue des plus adorables qui me faisait longuement penser à ce qu'il adviendrait d'eux si le malheur venait à nouveau les frapper.
J'eus cette idée pessimiste pendant un moment mais rapidement, je l'oubliai.
Ça n'allait plus arriver,
Plus si j'étais là.
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Le matin qui suivit, je dus me lever plus tôt que prévu. Il était encore à peine cinq heures du matin lorsque j'étais allée m'occuper des corvées habituelles telles que ma toilette, le ménage et surtout le petit-déjeuner, pensant que les autres se lèveraient à six heures et demi, comme je les avais demandés.
La veille, j'avais laissé à Eichi la très lourde tâche de leur attribuer une chambre. Ce fût une mauvaise décision ; celui-ci leur avait choisi la chambre de notre mère, au rez-de chaussée, soit la chambre la plus éloignée de la nôtre, et ce, sans raison valable. Peut-être qu'il pensait trouver plus de confort en dormant loin d'eux, ou peut-être pas, mais encore, je sentais qu'il n'allait jamais me répondre si je lui posais la question alors je décidai de laisser couler.
N'empêche que cela m'avait apporté pas mal de contraintes lorsque j'éxecutais ma patrouille nocturne pour vérifier si ils dormaient sans problèmes ; j'avais failli tomber des escaliers deux fois. J'avais beau avoir une meilleure vision nocturne, je ne pouvais pas toujours savoir où je mettais les pieds, surtout si je glissais sur le tissu de ma robe de chambre qui traînait sans cesse.
Heureusement, je ne les avais pas réveillés durant la nuit, j'avais été prudente là-dessus.
Et maintenant que j'étais la première à être réveillée, j'allais m'assurer de les laisser dormir encore un peu dans le meilleur des sommeils car aujourd'hui allait être une journée très rude.
J'avais également remarqué, en préparant le petit-déjeûner, qu'il ne restait presque plus rien à manger dû aux jours que j'ai passé à m'occuper d'Eichi et à faire le deuil. Ça allait poser problème sachant que nous avions deux nouveaux invités, même si je n'étais pas sûre que Nezuko mangerait quoique ce soit vu la situation dans laquelle elle était. Je me demandais aussi si Eichi s'était douté de quelque chose puisque je ne lui avais rien dit.
En bref, j'avais décidé d'aller faire des courses rapides en ville pour ne pas les alerter de mon absence mais étonnement, en me dirigeant vers la porte, je compris très vite que je n'étais plus la seule à être réveillée en entendant des pas se presser derrière moi.
-"(T/p), où est-ce que tu comptes aller comme ça ?" Me questionna une voix, l'air un poil agacée.
Reconnaissant la voix, je me retournai pour faire face au regard irrité et incompréhensif de mon petit-frère. Ses sourcils froncés et ses poings serrés m'intimaient de m'expliquer sans broncher car hélas, je savais déjà ce qui allait arriver si je partais sans rien dire à cette tête de mûle.
Je soupirai avant de répondre.
-"Je vais acheter à manger, on ne sait pas pendant combien de temps on va voyager alors autant essayer de ne pas mourrir de faim sur le chemin."
Il ne dit rien pendant un moment, m'analysant pour essayer de savoir si je mentais ou pas, mais en vu des sacs vides que je portais que j'allais sûrement utiliser pour y mettre les marchandises, il finit par éteindre ses doutes.
-"...Très bien. Et tu comptais y aller seule ?" Me demanda-t-il une nouvelle fois, ne voulant pas me quitter des yeux.
-"Oui." Répondis-je doucement.
-"Sans me prévenir ?"
-"..."
-"Encore ? Après tout ce qui s'est passé ?"
Son expression avait drastiquement changé. Au lieu de m'adresser un regard noir, il me regardait avec des yeux réellement contrariés. Ses cernes dénonçaient tout. Le pauvre garçon devait avoir souffert de beaucoup de stress ces derniers temps, beaucoup depuis le décès de Kaori et maman. Ce qu'il voulait à tout prix éviter maintenant, c'était de se détacher des êtres auxquels il tenait, ou plutôt de celle qui lui restait ; moi.
Il n'osait pas le montrer mais il avait très peur. On ne sait jamais ce qui nous attend dehors, et maintenant que le mal était fait, il valait mieux prendre des précautions maintenant plutôt que de prendre des risques inutiles.
Et je ne m'en étais jamais rendu compte mais il s'en voulait beaucoup de ne pas m'avoir montré qu'il tenait à moi plus tôt, surtout à toute la famille en général. Ils étaient partis avant même qu'il ne puisse les dire au revoir ou un simple "je t'aime" pour leur montrer à quel point il tenait à eux, à nous. Mais hélas, il était à présent trop tard, on se rend compte de la valeur des choses seulement qu'à leur perte et il n'échappait pas à la règle.
Je ne le comprenais que trop bien, mais je ne pouvais pas céder à ses problèmes, ce n'était pas le moment.
-"Oui, désolée mais je préfère y aller seule. Tu devrais plutôt aller voir si ils ont besoin de quoique ce soit durant mon absence." Dis-je en pointant du pouce la chambre à l'étage dans laquelle Tanjiro et Nezuko dormaient.
Il grinça des dents pendant un moment mais termina aussitôt par un "tch", comprenant bien assez tôt que j'avais raison et que si il disait qu'il n'en avait pas envie, ça le rendrait égoiste.
-"Bon, très bien... Mais reviens vite !"
J'hochai la tête en lui adressant un léger sourire pour tenter de le rassurer mais cela ne sembla pas marcher, il grognait toujours autant.
Je n'allais sûrement pas gagner sa confiance aussi facilement, alors tant pis. En quelques secondes, j'enfilai gants, écharpe, chaussures et sac puis ouvris la porte, me préparant à partir. Toutefois, avant que je ne puisse effectuer un seul pas, je sentis une main se poser sur mon épaule. Je me retournai et vis, avec étonnement, le visage de mon petit frère orné d'une expression inquiète, voire même mélancolique. Au début, je pensais qu'il voulait encore tenter de me retenir, mais ce fût jusqu'à ce qu'il m'adressa ces mots suivants :
"Fais attention à toi, d'accord ?"
Je le fixai un instant avant d'à nouveau lui sourire, espérant le rassurer davantage.
-"Je sais prendre soin de moi, ne t'inquiète pas pour ça."
Et en quelques pas, je franchis la porte d'entrée et fus accueillie par une tempête de neige qui glaçait déjà le peu de mon visage qui restait à découvert.
Mais au lieu d'essayer de me réchauffer, je ne perdis pas de temps et me mis en route. Aujourd'hui, j'étais pressée.
Beaucoup trop pressée.
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【。。】 3991 𝒎𝒐𝒕𝒔 【。。】
Hey ! J'espère que je vous ai manqué ! XD Désolée du retard et ce chapitre plutôt court. La rentrée c'est pas toujours facile x) Enfin, je vous promets de me rattraper avec le prochain chapitre qui marquera (sûrement) le début de la série.
Sur ce, gros bisous et bonne période scolaire à tous ! (N'hésitez pas à me dire comment s'est passé votre rentrée en commentaires !)
(๑'ᴗ')ゞ🌺
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