
Chapitre 3_Un visage de confiance
▃▃▃▃Chapitre 3▃▃▃▃
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Powel venait de franchir les grilles du manoir Reeses. Il avançait à pas rapides. Le soleil était couché depuis peu et il devait à tout prix parler à Rufus. Ce fut Bran qui l'accueillit à l'entrée du salon et il lui barra l'entrée.
- Laissez-moi passer, je dois absolument lui parler, dit-il avec urgence.
- Le docteur Reeses ne souhaite voir personne. Et surtout pas vous. Il a eu vent de l'échec du procès. Si j'étais vous, je ferais immédiatement demi-tour.
- J'ai une information très importante.
- Fais-le entrer, Bran, intervint la voix de Rufus depuis l'intérieur.
Bran se décala pour le laisser entrer. "Tant pis pour cet idiot... je l'aurai prévenu". Powel s'avança rapidement et il se laissa tomber à genoux au sol devant le fauteuil en cuir de Rufus. Celui-ci tapotait de ses longs doigts fins et froids l'accoudoir. En réalité, c'était devenu une manie. Sa main ne tenait jamais en place. Et cette habitude était d'autant plus visible lorsqu'il était en colère. Comme ce soir.
- Monsieur.
- Tu as échoué. Elle a été libérée.
- C'est vrai mais...
- Je voulais la voir envoyée en prison. Ou morte. Mais pas libre.
- Je sais mais...
- Cette fille s'est moqué de moi pendant des années. Elle a bousillé mes plans en exposant sa fille au danger il y a quatre ans. Je n'ai pas pu récupérer son don. Et il a disparu. Comme ils ont dû rire de mon échec. Ma seule consolation, c'est que cette fille a aussi dû souffrir suite à la mort de sa chère enfant. Mais aujourd'hui... alors que, pour la première fois depuis quatre ans... elle commet une erreur et qu'elle est prise sur le fait par l'un de mes serviteurs. Alors que je trouve enfin l'occasion de me venger et de me libérer de toute cette rancœur. Ce serviteur... la laisse partir.
- Je vous en prie, supplia Powel en voyant Rufus lever sa main vers lui. Écoutez-moi...
- J'en ai assez... de tous ces embrumeurs décevants. D'abord Sarah. Maintenant toi. Quand j'en ai l'occasion, je ne laisse jamais une erreur impunie.
- Pitié !
Et alors qu'il commença à faire apparaitre un cercle de magie pour exterminer Powel, celui ci s'exclama en se recroquevillant sur lui-même :
- L'enfant est vivante !
Sur le pas de la porte, Bran s'était figé. Tout comme Rufus dont la magie était toujours pointée sur Powel, attendant qu'il finisse l'incantation. Il observait Powel trembler au sol, le visage plaqué par terre et les bras autour de sa tête dans une tentative inutile de protection.
- Qu'as-tu dit ? demanda lentement Rufus.
Il avait cette lueur intense et indéchiffrable dans le regard.
Effrayé, Powel continuait de trembler au sol en gémissant. Il n'osait pas relever la tête.
- RÉPÈTE ! hurla Rufus.
- Elle... dit-il en sursautant. Elle est vivante.
- Vivante ? L'enfant ?
- Oui, monsieur. Luana Calice.
Les yeux de Rufus s'écarquillèrent et il baissa lentement sa main. Il semblait essayer d'assimiler cette information. Soudain, il bondit et attrapa Powel par le col pour le faire se redresser et cria :
- Essayerais-tu de me mentir pour sauver ta vie ?!
- N... non, maître. Je dis la vérité. Je l'ai vue...
- Moi aussi ! J'ai vu cette gamine mourir il y a quatres ans ! Sous mes yeux ! Touchée par un sortilège de mort ! On ne réchappe pas à un tel sortilège. Me prendrais-tu pour un idiot ?! Un idiot qui ne serait pas certain de ce qu'il a vu ?!
- Bien sûr que non... ils ont dû vous abuser... user d'artifices...
- Où as-tu vu l'enfant ?
- Elle était devant l'école avec sa mère. Nous l'avons emmenée au ministère... Je n'étais pas certain de son identité alors j'ai décidé de m'en assurer avant de vous prévenir.
- Et alors ?
- Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à Duncan Calice. Raffey l'a nié devant le tribunal et elle a fait croire qu'il s'agissait d'une enfant Newt mais... je suis sûr qu'elle mentait. C'était bien sa fille. Elle a hésité à me répondre lors du procès. Et Amon Mirovia est aussi intervenu pour que l'enfant soit laissée en dehors de l'interrogatoire.
- Ce n'est pas suffisant. Je ne peux pas me fier à tes soupçons !
- Attendez monsieur... nous... nous avons interrogé les non magiques présents devant l'école. Ils ont tous décrit un phénomène étrange. Une sorte de... de barrière.
-... barrière ?
- Oui. Une barrière magique. Raffey Reeses a nié et elle a inventé une histoire d'accident mais... il n'y a aucun doute. C'est bien une barrière magique qui est à l'origine de l'incident.
- Et tu dis que cette enfant... était présente ?
- Oui, monsieur.
Rufus le relâcha et Powel retomba au sol en toussant.
- La barrière magique... murmura Rufus en faisant les cent pas. Celle de l'enfant... Elle est vivante.
Comment ? C'était impossible. Il l'avait vue mourir ! Elle devait être morte ! Comment avait-il pu être abusé à ce point ? Quel stratagème avaient-ils bien pu trouver pour simuler sa mort ? Sarah l'avait tuée par erreur. Ils n'avaient aucun moyen de le prévoir. "Prévoir..." l'héritière Everett avait-elle eu une vision ? Savait-elle qu'il viendrait ? Voilà pourquoi Raffey s'était exposée. Mais comment bon sang ! Comment l'enfant avait pu échapper à la mort du sortilège qui l'avait touchée ? Il l'avait vu la toucher. Un élément lui manquait. Il ne savait pas tout ? Que cachaient-ils ? Soudain, il se figea. "Rupert..." La réponse était-elle cachée dans l'identité de Rupert ? Leurs parents leurs avaient toujours cachés des choses, ils disaient des choses à son jumeau qu'on ne disait pas à lui.
- Maître ? demanda Powel toujours à genoux.
- Toi. Retourne au ministère. Trouve un moyen de faire sortir la petite du manoir Mirovia.
- Comment ?
- Débrouille-toi ! Arrange-toi pour qu'elle en sorte ! J'aviserai. Maintenant va !
- Oui, monsieur, dit-il en se relevant précipitamment.
Il allait passer devant Bran quand Rufus s'exclama :
- Powel !
- Oui ? dit-il en repassant la tête dans le cadre de la porte.
- Tu occupes l'ancienne place de Finch. Alors sache que toi aussi... tu n'es pas irremplaçable. Déçois-moi encore une fois... et tu n'auras plus aucune excuse pour échapper à la mort. Suis-je bien clair ?
- Oui, monsieur.
- Disparais.
Bran regarda Powel partir en courant. "Comment cet idiot a pu nous démasquer ? Notre plan était parfait. Qu'est-ce qu'ils ont foutu là-bas ? Quatres ans que je suis ici à faire en sorte d'éloigner Rufus de leur piste. Et ils se sont débrouillés pour être découverts ! Ils devaient juste garder l'enfant à l'abri. Qu'est-ce Rupert Reeses a bien pu trafiquer ? Incapable de protéger sa famille seul celui-là... et c'est moi qui doit tout rattraper ? Et comment ? C'est trop tard, Rufus est au courant. Si j'avais su, je me serais occupé de Powel avant qu'il n'entre dans ce salon ! C'est vraiment la merde... et cette fois, il n'a qu'à se débrouiller seul. J'ai déjà assez à faire pour me soucier aussi des problèmes de sa fille". Dans le salon retentit un grand vacarme. Rufus, fou de rage d'avoir été berné pendant plus de quatres ans, avait reversé son fauteuil et hurlait de colère.
- Elle est vivante ! Vivante ! J'aurais leur peau à tous ! Newt ! Reeses ! TOUS !
Bran soupira et grommela à lui-même.
-... ils commencent tous à me saouler. Rupert le premier. Si je meurs à cause de lui, je le tue.
Il s'éloigna du salon, marchant dans les couloirs sombres et cherchant une solution au problème que venait de créer la famille de cet idiot de Rupert Reeses.
Sarah était allongée dans son lit. Son bras gauche la démangeait. Pourquoi ? Quelle en était la cause ? Et que signifiait ce don étrange qu'elle avait ? Sylvie détournait toujours la conversation chaque fois elle essayait de lui en parler. Mais ce soir... c'était plus fort que d'habitude. Ça la brûlait. Elle leva son bras devant ses yeux pour mieux observer la magie opérer. Elle tournait du vert au rouge puis devin toute noir. Comme si en effet sa main était brûlée. "Elle est noire ce soir... très noire".
-... j'aime le noir. J'aime...
Quoi ? Elle avait le mot sur le bout de la langue. Qu'est-ce que c'était ? Pourquoi elle n'arrivait pas à se souvenir de ce mot ? Ce n'était qu'un mot ! Un seul ! Et il était important. Mais elle ne savait pas pourquoi. Plus elle y réfléchissait, plus sa tête menaçait d'exploser. Et il n'y avait que le maudit thé de sa sœur pour la soulager. Mais cette magie... cette magie avait un rapport avec ce mot. Plus elle regardait sa main, plus elle la brûlait... et plus elle avait l'impression de s'en rapprocher. De presque réussir à se souvenir. Mais au moment où elle pensait l'avoir retrouvé, le mot disparaissait.
- J'aime... quoi....qui? marmonna-t-elle frustrée. Qu'est-ce que c'est ?!
Soudain on frappa à la porte.
- Sarah ? demanda Sylvie d'une voix inquiète. Tout va bien ?
- Oui... soupira-t-elle. Tu peux aller te coucher.
- Tu es sûre ? Je peux peut-être te préparer un peu de thé...
- Je ne veux pas de thé ! cria Sarah furieuse. Laisse-moi !
- D'accord... bonne nuit.
- Bonne nuit ? marmonna Sarah. Comment tu veux dormir avec un brasier à la place du bras ?
Elle soupira en laissant retomber son bras sur les draps. Elle ne savait pas pourquoi mais... ce soir, elle était furieuse.
Raffey était assise dans la bibliothèque du manoir Mirovia. À la recherche d'un moyen, n'importe lequel pour tuer Rufus. Elle laissa tomber son livre sur les talismans magiques et allait se coucher avant de presque trébucher sur un grand livre rouge. Ses yeux se posèrent sur le célèbre manuel d'hypnose, doucement elle le ramassa et se laissa tomber par terre de nouveau.
Rapidement elle fit tourner les pages, son regard émeraude traversant les différentes pages. Nimporte quoi...une technique quelque chose.
Elle arriva sur un chapitre sur le grand arbre.
𝐿𝑒 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑎𝑟𝑏𝑟𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑑𝑒𝑝𝑢𝑖𝑠 𝑙𝑎 𝑐𝑟𝑒́𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑢 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠, 𝑙𝑎 𝑠𝑜𝑢𝑟𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒 𝑚𝑎𝑔𝑖𝑒. 𝐿'𝑎𝑟𝑏𝑟𝑒 𝑝𝑜𝑠𝑠𝑒̀𝑑𝑒 𝑠𝑎 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑐𝑖𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒𝑟𝑎 𝑎̀ 𝑞𝑢𝑖 𝑙𝑒 𝑚𝑒́𝑟𝑖𝑡𝑒 𝑙'𝑢𝑛 𝑑𝑒 𝑠𝑒𝑠 𝑓𝑟𝑢𝑖𝑡𝑠, 𝑞𝑢𝑖 𝑝𝑒𝑟𝑚𝑒𝑡𝑡𝑟𝑎 𝑎̀ 𝑞𝑢𝑖𝑐𝑜𝑛𝑞𝑢𝑒 𝑒𝑛 𝑝𝑜𝑠𝑠𝑒̀𝑑𝑒 𝑑𝑒 𝑏𝑜𝑜𝑠𝑡𝑒𝑟 𝑠𝑒𝑠 𝑐𝑎𝑝𝑎𝑐𝑖𝑡𝑒́𝑠 𝑚𝑎𝑔𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠.
Raffey acquiesça toute seul et s'appuya contre la bibliothèque de son grand-père. C'était ce qu'avait fait Darius pour retrouver ses pouvoirs après avoir dormis pendant cent ans.
𝐿𝑒 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑎𝑟𝑏𝑟𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑒́𝑔𝑎𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑝ℎ𝑒́𝑐𝑖𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑞𝑢𝑒 𝑒̂𝑡𝑟𝑒 ℎ𝑢𝑚𝑎𝑖𝑛 𝑎𝑦𝑎𝑛𝑡 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑒𝑥𝑖𝑠𝑡𝑒́.
Mais oui ! Les prophéties ! Elle devrait aller les chercher demain, Raffey se souvenait avoir caché sa prophétie que Coll avait trouvé dans les affaires de son frère Tommy, celle de Rupert et de Rufus dans le même coffre fort où elle et Duncan cachaient la clé.
Tous les deux étaient remontés dans leurs chambre. La journée avait été horrible. Et elle avait besoin de se retrouver seule avec lui.
- Tu es fatiguée ? Lui demanda-t-il.
- Que cache cette question ? dit Raffey en lui lançant un regard soupçonneux.
- Rien.
- Ah oui ?
- J'avoue, j'aimerais savoir si tu es assez en forme pour un acte conjugal. Dit il en prenant une voix de professeur.
- Je le savais, rit Raffey alors qu'il la prenait dans ses bras. Toi alors...
- Je savais que tu étais courageuse, mais aujourd'hui tu m'as impressionné.
- Vraiment ?
Il lui prit délicatement mon poignet et déposa un baiser sur la marque rouge où les menottes l'avaient retenue prisonnière.
- Oui, dit-il en la fixant de ses yeux océans. Et j'ai eu très peur pour toi. Te voir enfermée dans cette cellule... plus jamais, d'accord ?
C'était ses yeux qu'elle aimait le plus. Ils étaient larges et observateurs. Comme si il voyait tout. Aussi chaleureux qu'ils étaient, ils étaient occupés, pas des yeux de merdes qui ne voyaient rien. Non, le genre d'orbites qui vous traversaient.
- Je ferai attention, souffla Raffey alors qu'il s'emparait de ses lèvres.
Il la fit reculer jusqu'au lit et elle tomba en arrière en butant légèrement contre le rebord. Puis Raffey passa ses bras autour de son cou, la pressant contre lui alors qu'il passait ses mains sous sa robe.
- Duncan... murmura t'elle en le débarrassant de sa chemise doucement.
Partout où ses doigts la touchaient, ils déclenchaient des frissons incontrôlables. Sentir son souffle sur sa peau... ses doigts qui s'entrelaçaient avec les siens... leurs deux corps pressés l'un contre l'autre.
- Raffey...
Au moment où il souffla son nom à son oreille, Raffey rouvris subitement les yeux. Puis elle le repoussa doucement mais fermement.
- Non Duncan... attends..., dit elle en se tortillant pour lui échapper.
- Quoi ? demanda-t-il dans un râle.
Mais il continuait sans l'écouter et elle devait absolument l'arrêter.
- Je t'en prie ! ARRÊTE ! cria Raffey en le poussant plus brutalement.
Elle l'avait poussé tellement fort qu'il en bascula du lit.
- Oh... mince, souffla t'elle en se rendant compte de ce que qu'elle avait fait. Duncan ? Duncan, tu vas bien ?
Il grogna et elle se traina jusqu'au bord du lit pour apercevoir son partenaire. Allongé au sol, il la regarda durement. Ses yeux beaux yeux bleus devenus noirs de colère.
- Je... je suis désolée.
- La dernière fois que je suis tombé d'un lit... c'était quand tu m'as poussé parce que j'avais fait un mauvais jeu de mot quand on était en cinquième année à l'académie.
- oui mais franchement il était un peu nul ton jeu de mot..."je lis sur mon lit"...
- J'en ai rien à faire ! s'énerva-t-il en se redressant. Ce qui compte, c'est qu'à cette époque on n'était pas ensemble. Mais aujourd'hui on est quasi mariés, on a une fille. Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ?
- Je... dit elle en détournant le regard. Je ne sais pas...
Il dut voir que ses yeux s'étaient posés sur sa commode, car il s'exclama :
- Ah, tu ne sais pas ? Eh bien moi, je vais te le dire !
Il se leva d'un bond pour aller ouvrir le tiroir de sa commode et il en sortit une petite plaquette qu'il brandit sous ses yeux.
- C'est ça que tu veux ?
-...
- Réponds-moi Raffey !
- Duncan ... dit Raffey effrayée, il n'avait jamais été aussi brusque avec elle, ni avec qui que ce soit d'ailleurs.
- Tu sais, je ne suis pas idiot, Raffey. Ça fait un long moment que j'ai des soupçons. Je t'ai vue plusieurs fois prendre cette chose, ces... pilules. Je me suis souvent demandé à quoi ça te servait. Et puis... comme le dit souvent mon père... j'ai aussi hâte de voir enfin mon fils. Seulement, après avoir vu ta réaction... je crois que je ne le verrai jamais. En tout cas, tant que tu prendras ces choses.
-...
- Tu pourrais dire quelque chose. Je ne sais pas... nier. Mais si tu ne t'en donnes pas la peine, ça signifie que j'ai raison et dans ce cas tu pourrais au moins m'expliquer pourquoi tu prends ce... ce truc !
- C'est une contraception, on le sait tous les deux. Dit Raffey soudainement en baissant la tête. Il faut la prendre tous les jours pour être sûre de ne pas tomber enceinte. Je n'ai pas pu la prendre aujourd'hui. Avec ce qui s'est passé...
- Où est ce que tu t'ai procuré ça ?
Elle croisa son regard et il poussa un soupire ironique en jetant la plaquette sur le lit.
- Évidemment... ton père. Alors il sait ? Il sait que tu fais tout pour ne pas porter mon enfant ? Que tu n'as pas envie d'agrandir notre famille ?
- Tu te trompes, Duncan, ce n'est pas ça...
- Alors quoi ?! cria-t-il hors de lui.
- Ce n'est pas que je n'ai pas envie de porter ton enfant. Je ne veux pas que ça arrive maintenant, c'est tout...
- Ça fait 4 ans depuis la naissance de Luana. À quoi ça correspond ton "maintenant" ? Je le trouve extrêmement long ! Dit il frustré.
- Je refuse simplement de faire vivre à un autre enfant ce qu'endure Luana !
-...
- Nous peinons déjà à la protéger. Nous l'avons enfermée pendant 4 ans au manoir Mirovia. Et maintenant... maintenant elle est en danger plus que jamais ! Tu imagines, Duncan ? Faire vivre ça à un autre enfant ?
- Un autre enfant n'aurait aucune valeur aux yeux de ton oncle ! C'est Luana qu'il veut.
Il appuya le ton sur le 'ton oncle' comme si Raffey était coupable de leurs situation.
- Et pour l'avoir il est prêt à tout ! Prêt à s'en prendre à nos proches. Et s'il s'en prenait à cet enfant ?
- On ne peut pas savoir...
- Et même s'il se fichait de cet enfant, le coupa Raffey. Comment est-ce que je pourrais expliquer à Luana que son frère ou sa sœur puisse vivre un vie normale alors qu'elle est condamnée à rester cachée ?
-...
- Ilona a perdu son don après avoir donné naissance à Line et Leon. Elle ne peut plus voir l'avenir. Si je ne peux pas m'assurer qu'un nouvel enfant puisse vivre heureux parmi nous... je refuse de lui imposer ça. Une telle vie. Luana souffre déjà beaucoup trop. Je ne veux pas que notre deuxième enfant naisse dans la peur et le doute. Essaye de comprendre.
- Ce que je ne comprends pas... et que je ne peux pas accepter. C'est que tu prennes ces pilules dans mon dos. Tu ne m'en as pas parlé. Dit Duncan raide de frustration.
- Tu aurais été contre...
- Oui ! Mais j'aurais peut-être pu changer d'avis. Seulement, tu n'as même pas essayé de me convaincre.
- Duncan...
- Qui est-ce que je suis, Raffey ? Un faible qui ne peut pas protéger sa famille ? Apparemment, c'est ce que tu penses.
- Non...!
- Si. Tu ne me fais pas confiance.
Raffey le regarda un instant, l'accusait il, elle, de ne pas lui faire confiance, ou ne se faisait il simplement pas confiance à lui-même ? Une frustration s'était il grandit en lui après la mort de Helena ? Il avait toujours été si protecteur...protecteur envers sa soeur, envers la clé et maintenant envers elle et leurs fille.
- C'est faux, Duncan. Dit elle en essayant de rester calme.
- Parce que si c'était le cas. Tu n'aurais même pas pensé à prendre ces pilules. Tu ne serais pas aussi inquiète. Si tu m'avais fait confiance... tu aurais déjà donné naissance à notre deuxième enfant. Et tu aurais compté sur moi pour vous protéger tous. Parce que je suis ton partenaire, le père de ta fille et parce que c'est mon rôle. Seulement ce rôle... tu ne me crois pas capable de l'assurer. Et c'est ça qui me fait le plus mal.
Il se retourna pour partir et Raffey sauta du lit pour le rattraper. Elle pu se saisir de son bras avant qu'il ne sorte.
- Attends ! supplia Raffey. Je te demande pardon Duncan...J'ai eu tors, j'aurais dû t'en parler...
Mais il se dégagea d'un coup sec et elle recula d'un pas en voyant son bras levé. Le regard de Duncan était dur, froid...frustré. Lentement, il rabaissa son bras pour se saisir de la poignée.
- Je reprends mon ancienne chambre. Celle de l'ami. Parce que je n'ai pas l'impression d'être ton petit ami.
Il sortit en claquant la porte et elle tomba à genoux au sol, les larmes aux yeux. C'était la première fois. Duncan l'avait rejetée. Elle avait tendu la main vers lui et il l'avait repoussée. Depuis qu'ils étaient ensemble, ça n'était jamais arrivé. Et maintenant... elle avait l'impression qu'ils etaient revenus 6 ans en arrière. Lorsque Duncan Calice et Raffey Holly n'étaient qu'amis. Dans leurs relation, elle avait toujours été celle qui le repoussait, mais aujourd'hui c'était Duncan qui était partis. Il lui avait lancé un regard froid. Un regard qu'elle n'avait jamais vu voiler ses yeux auparavant. Mais ce soir il était là. Et Duncan ne l'était plus. Il ne voulait même plus rester dans la même pièce qu'elle. Et le pire... c'était qu'elle savait que c'était de sa faute. Il avait raison. Raffey n'avait pas pu lui faire entièrement confiance. Et sa volonté de préserver un enfant d'une vie faite de malheurs et de tristesse... elle ne pouvait pas l'abandonner non plus. Mais Duncan... il était hors de question qu'elle renonce à lui. Alors elle se leva. Comme une automate. Elle se saisis de la plaquette qu'il avait jeté sur le lit. Puis regagna la salle de bain et y vida son contenu dans la cuvette des toilettes avant de tirer la chasse et de laisser tomber la plaquette au sol. Voilà. Disparues. De minuscules pilules. Avec lesquelles elle avait blessé celui qu'elle aimait. En retournant vers le lit, elle appercus sa chemise tombée au sol. Elle la ramassa lentement. Très lentement. Avant de s'asseoir sur le lit. "J'ai blessé Duncan. Et je ne sais pas s'il va me pardonner. Je ne sais pas... je ne sais rien. À part que mon coeur saigne de douleur". Elle s'effondra en larmes. Ici. Seule. Raffey pressa sa chemise sur son visage pour étouffer ses sanglots. Luana était dans la chambre d'à côté. Si leurs cris l'avaient réveillée... elle ne voulait pas qu'elle l'entende pleurer. Elle lui avait promis qu'elle ne pleurait plus. Mais ses larmes coulaient sans qu'elle ne puisse rien y faire. Sans que Raffey ne puisse les arrêter. Et d'autant plus en sentant la chaleur et l'odeur de Duncan encore imprégné sur le bout de tissu. Elle se laissa tomber sur le lit, allongée seule. Serrant contre elle cette chemise qui devenait de plus en plus froide au fil des secondes. D'ici, elle pouvait toujours voir la plaquette maintenant vide. Vide ? Elle etait vide.
Le lendemain matin, Liam, Georges et Amon étaient dans l'ascenseur du ministère, descendant travailler au même niveau. Ils ruminaient encore ce qu'il s'était passé au procès de la veille.
- On va devoir surveiller Powel de très près, dit Liam. Je ne le laisserai pas s'en prendre une deuxième fois à ma famille.
- C'est évident, dit Amon. Cet homme m'a toujours exaspéré. Peut-être même plus que le ministre lui-même ! Mais Rufus remplace ses embrumeurs comme des chaussettes. On aurait dû le voir venir.
- Le pire, c'est qu'il n'est sûrement pas le seul infiltré au ministère, dit Georges. Et depuis qu'il a perdu la presque totalité de ses embrumeurs il y a quatres ans, on peut compter sur Rufus pour avoir regarni ses troupes. Qui sait combien de gens travaillent pour lui en ce moment. Et ce qu'ils sont capables de faire. Powel le premier. Il a réussi à arrêter Raffey et à l'envoyer de peu en prison.
- Vous n'avez jamais remarqué si Powel était louche avant ? Demanda Liam.
- Non. Je dois dire que je ne cherche pas sa compagnie. Marmonna Amon. Je m'étais fait une opinion sur lui du fait qu'il arrête de plus en plus de gens pour des motifs plus extravagants les uns que les autres. Nous nous ignorions le plus souvent. Mais quand je l'ai vu traîner ma petite-fille ici, menottes aux poignets... j'ai vu rouge. Et plus que l'ignorer à présent... je le maudis. Mêler la petite Luana à l'affaire. Comment a-t-il osé ? C'est impardonnable.
- Je suis d'accord, approuva Liam. La prochaine fois que je le croise, je le tue.
- Doucement, dit Georges. Que dirait Raffey si son cousin et son grand-père étaient tous les deux envoyés en prison ?
Mais ils furent interrompu par les portes de l'ascenseur qui s'ouvrirent sur le département de la justice magique. Ils descendirent, puis Liam et Georges étaient sur le point de quitter Amon quand soudainement Daniel et Héloïse Marques arrivèrent du bureau des agents et s'exclamèrent en les voyant :
- Vous voilà !
- Oui... dit Liam en levant un sourcil étonné devant leurs mines visiblement très réjouies. On vous a manqué ?
- Héhé, ricana Daniel. Non, en fait vous venez de rater l'arrestation de l'année.
- Qui vous avez eu ? demanda Georges.
- Armin sr, le père de Coll Armin, répondit Héloïse fièrement. Et je n'ai pas fait de bourde.
- Bravo, Helo, rit Liam. Mais vous auriez pu nous attendre.
- Quand on arrête deux embrumeurs, difficile de leur dire d'attendre que les renforts arrivent pour qu'ils se laissent capturer, lui fit remarquer Daniel.
- C'est très bien joué, dit Amon. Et si vous vous concentriez sur Powel à présent ?
- On n'attend que ça... dit Georges. Qu'il fasse une erreur.
- En parlant du loup, dit Daniel en désignant le couloir derrière l'arcade du département de la justice.
Powel s'avançait vers eux. Il ne semblait pas les avoir remarqués. D'autant qu'il ne cessait de jeter des petits coups d'œil derrière lui comme s'il se sentait suivi.
- Il doit avoir la trouille qu'on l'attaque au détour d'un couloir, dit Liam amusé.
- Je vous laisse, soupira Amon en s'avançant vers Powel.
Lorsque Amon passa à côté de lui, Powel sembla enfin le remarquer. Puis il aperçut les agents qui l'observaient. Étonnamment... il pressa le pas. Il semblait vouloir atteindre l'ascenseur le plus vite possible mais sans toutefois se mettre à courir.
- On est pressé, Powel ? demanda Liam dangereusement.
- Pas... pas vraiment, répondit-il faiblement en passant à côté d'eux en coup de vent.
- Attention à ne pas mouiller vos sous-vêtement, le prévint Héloïse en ricanant.
Il ne répliqua pas, continuant d'avancer vers l'ascenseur d'un pas de plus en plus rapide.
- Qu'est-ce qu'il...? marmonna Liam perplexe.
Soudain, une grande explosion retentit, ébranlant le niveau et peut-être même le ministère tout entier. Ça venait du couloir du département de la justice. Un nuage de poussière leur cachait la vue mais... ils ne pouvaient que deviner avec horreur ce qui venait de se passer.
- Oh non... murmura Liam. AMON !
Il courut avec Héloïse et Georges voir s'il était arrivé malheur à Amon.
- Attrapez-le ! cria Daniel en se ruant vers Powel qui venait de s'engouffrer dans l'ascenseur.
Liam ne se fit pas prier et se retourna brusquement pour envoyer l'embrumeur valser contre le mur en un jet de lumière rouge.
Raffey s'était levée de bonne heure ce matin. En fait... elle n'avait presque pas dormi. Comment dormir ? Seule, dans ce lit froid ? Et le pire, c'était qu'en se levant elle s'était aperçu que Duncan était déjà parti travailler pour un tournage. "J'aurais voulu parler avec lui. Je ne veux pas laisser les choses comme elles sont. Je veux qu'il me pardonne" pensa t'elle en buvant son thé en compagnie de sa grand-mère et de Luana.
- Tout va bien Raffey ? s'inquiéta Milana. Tu as l'air épuisée.
- ... ça va. Où est papa ? demanda t'elle pour changer de sujet.
- Il a rejoint son cabinet.
- Il a dit qu'il avait besoin de moi aujourd'hui ?
Elle espérait pouvoir aller rejoindre son père pour discuter de ce qu'il s'était passé hier soir. Et pour qu'il la rassure et lui dise quoi faire. Et surtout, elle ne voulait pas rester enfermée à la maison. Elle sentait qu'elle allait tourner en rond toute la journée en essayant d'imaginer l'expression qu'aurait le visage de Duncan quand il la verrait en rentrant. Froid ? Indifférent ? Ou lui avait-il pardonnée ? "Sûrement pas..."
- Non, il n'a rien dit, répondit Milana.
- Je vois... dit Raffey déçue. J'irai quand même le voir.
- On va voir grand-père ? demanda Luana toute joyeuse.
- Non, répondit Raffey catégoriquement. Tu resteras ici avec mamie.
- Mais... je croyais que j'avais le droit de sortir, dit-elle sans comprendre.
Raffey faillis renverser sa tasse sur sa robe bleu. Ses mains tremblaient. Oui... elle avait dit à Luana qu'elle pouvait sortir hier matin. Elle l'avait encouragée à passer les grilles du manoir. Et maintenant... tout avait changé. Elle ne pouvait plus laisser sa fille sortir. Raffey devait la priver d'une liberté un jour à peine après la lui avoir donnée.
- Je suis désolée, ma chérie, dit elle en baissant la tête et reposant sa tasse. Ce n'est plus possible.
- Mais pourquoi ? dit-elle visiblement triste. C'est parce que j'ai été méchante devant l'école ? Parce que je voulais pas y aller ?
- Non ! lui assura Raffey. Ça n'a rien à voir. Tu es la plus gentille des petites filles.
- Ta mère veut seulement ton bien, Luana, lui expliqua Milana. Et il vaut mieux que tu restes ici. D'accord ?
-... oui mamie, répondit la petite à voix basse.
Raffey remercia Milana du regard et elle lui sourit. Elle devait avoir l'habitude. Sa grand-mère avait dû vivre la même expérience avec sa propre fille...nommée Luana elle aussi, sa mère. Quand Lua eut fini son petit déjeuner, elle partit s'amuser avec son lapin en peluche dans le salon. Mais Raffey resta avec Milana car elle avait besoin de parler avec elle. Et elle-même n'avait pas bougé car elle devait l'avoir senti.
- Grand-mère ? commença Raffey sans réussir à décider du sujet qu'elle voulait aborder.
- Je t'écoute, dit-elle avec douceur.
- Après avoir eu ma mère... est-ce que ça a été difficile pour toi d'envisager d'avoir un deuxième enfant ?
- Difficile... c'était délicat. Au début, je voulais me dédier à ma fille. Et j'avais peur de négliger le second si j'en avais un ou de le faire souffrir comme Luana.
"Comme moi..."
- J'ai attendu longtemps avant de décider d'avoir un deuxième enfant. Tiana est née pas mal de temps après Luana.
- Et Amon était d'accord avec le fait d'attendre ? Il ne voulait pas de deuxième enfant ?
- Oh si ! Mon dieu... lui en voulait une douzaine. Il n'a pas cessé de me harceler pendant tout ce temps pour que je cesse de boire des élixirs contraceptives.
- Alors il savait.
- Bien sûr. Ce n'est pas quelque chose à faire dans le dos de son mari. Il faut en discuter.
-...
- Tu es bien pâle. Tout va bien ?
- Difficile de répondre oui... marmonna Raffey.
- Pardon ?
- Ce n'est rien. J'ai une autre question.
- Vas-y.
- Est-ce que... ça a été difficile pour toi d'élever maman ?
-...
- Je veux dire... de la garder enfermée ici.
- Très difficile, dit-elle tristement. Jusqu'à ses 11 ans... ça a été un cauchemar. J'étais soulagée de la voir partir à l'académie. Et en même temps... tellement terrifiée.
- Terrifiée ?
- J'avais gardé ma fille près de moi pendant 11 ans. Sans jamais la laisser sortir. Je m'en voulais terriblement. C'était moi qui lui avait transmis ce don. C'était de ma faute. Ma faute et celle de ma famille. Ma fille était non seulement enchaînée à ce manoir, mais aussi à un inconnu. Ton père. Je ne savais rien de lui. Mais je savais que Luana le retrouverait sûrement à l'académie. Alors, quand elle est arrivée devant les grilles de l'école... j'étais déchirée entre la joie de la voir enfin libre de sortir et de vivre... et la peur qu'un jeune homme vienne me la prendre pour l'emmener loin de moi. Mais, finalement, il ne s'est pas présenté. Et alors, j'étais à la fois désolée pour ma fille qui semblait triste de ne pas pouvoir apprendre à connaître son fiancé avant de l'épouser, mais aussi soulagée car elle restait ma petite Luana. Mais plus ses 18 ans se rapprochaient, plus ma fille s'éloignait. Et le déclenchement de son don signifiait qu'elle devait bientôt partir. Très bientôt.
Elle prit un moment pour réfléchir à ses mots et Raffey attendit doucement. Ne voulant pas la presser.
- Et finalement, elle a disparu. Je n'ai plus eu aucune nouvelle d'elle en 2 ans. Et lorsqu'enfin j'eus vent de ma chère fille... c'était pour apprendre le pire. Elle était... morte...
La voix de Milana s'était brisée sur le dernier mot et elle voyait maintenant ses larmes couler sur ses joues.
- Je suis désolée, grand-mère. Je n'aurais pas dû te demander...
- Non... dit-elle en s'essuyant les yeux avec sa serviette de table. Non, il est bon que tu saches. Moi aussi, je voulais en parler avec toi depuis longtemps. Mais je n'en ai jamais trouvé le courage.
- À ton avis, qu'est-ce que je dois faire pour Lua ? Je sais que maintenant, nous n'avons pas vraiment le choix, car Rufus doit être au courant de son existence à l'heure qu'il est. Mais l'enfermer ici... est-ce le meilleur choix à faire ?
- Je ne sais pas si c'est le meilleur choix pour Luana. En tout cas, c'est le meilleur choix pour sa sécurité.
- Tu ne m'aides pas... est-ce que je dois choisir entre son bonheur et sa survie ?
- Il est difficile d'être mère. Et grand-mère. Parce que j'ai eu le même problème avec toi lorsque tu es venue ici pour la première fois.
- Tu voulais absolument me garder enfermée, se rappela Raffey.
- Et tu en as été malheureuse. J'en suis désolée, Raffey. J'ai répété la même erreur qu'avec Luana.
- Non, tu avais raison. C'est moi qui me suis montrée égoïste. Tu voulais seulement me protéger.
- Alors tu as peut-être ta réponse.
- Quoi ?
- Si toi tu peux me pardonner pour t'avoir gardée enfermée ici. Pourquoi Luana ne te pardonnerait pas d'en faire autant pour elle ? Pour la protéger. Pour son bien.
- Mais moi, ce n'était que quelques semaines. Ça fait déjà plus de quatres ans pour Luana ! Est-ce que je vais devoir la garder prisonnière ici pour toujours ?
- Dans ce cas. La solution, c'est de supprimer la raison qui te pousse à l'enfermer.
- Tu me demandes de supprimer Rufus ? Si tu savais comme j'en rêve. Mais comment ?
- La réponse se cache peut-être dans le don de Ilona ?
- Ilona a perdu son don, c'est Leon qui l'a maintenant et je ne veux pas le forcer à déclencher une nouvelle vision. Celles de sa mère étaient presque toutes horribles. Il n'y en a qu'une qui n'a pas annoncé de malheur. Celle où elle a vu Luana pour la première fois, tenant la main de son père et m'appelant "maman".
- Elle ne s'est pas encore réalisée ?
- Non. Pas encore... Tout comme le double serment inviolable que j'ai vu à mon accouchement et...
- Et ?
"Et la toute première vision. Je l'avais presque oubliée".
- Raffey ?
Mais elle ne put pas la questionner davantage, car Micky entra en courant dans la pièce et cria :
- RAFFEY, MILANA !
- Qu'est-ce qu'il y a, Micky ? demanda Raffey stupéfaite de le voir aussi agité et tôt chez eux, certes il passait quelques fois pour aider à entretenir le grand manoir mais jamais les lundis. Il venait les mardi et jeudi avec Candice tandis que celle-ci s'occupe des animaux de la forêt qui bordait le manoir.
Il avait les larmes aux yeux et tenait dans sa main un mot sans enveloppe.
- Un message ? demanda Milana. De qui ? Tu l'as lu ?
- Pardonnez moi, c'est malpoli mais..
- Ce n'est pas grave, Micky, le rassura Milana. Mais qu'y a-t-il ? Pourquoi es-tu dans cet état ?
- C'est... c'est votre maris...
- Amon ? Eh bien ? J'espère qu'il n'a pas encore fait une bêtise qui l'aura conduit directement en prison. Encore ce matin, il parlait de démembrer Powel.
- N... non... il n'est pas en prison...
- Alors dans une cave d'hydromel ?
- Il est... à l'hôpital.
En entendant cela, le visage de Milana pâlit brusquement.
- il a été gravement blessé... continua Micky les yeux pleins de larmes. On m'a demandé de vous prévenir...
Raffey lui pris le message des mains et y reconnus l'écriture de Liam.
- Il y a eu une explosion au département de la justice, lis t'elle d'une voix blanche. Amon est gravement blessé, on vous attend à l'hôpital.
Elle tourna les yeux vers Milana qui semblait s'être transformée en statue de sel.
- Grand-mère...?
- Amon... dit-elle dans un souffle. Amon ! Vite allons y !
- Oui ! La voiture est juste dehors. Dit Micky en courant déjà vers la porte
- Moi aussi ! intervint Raffey.
- Et Luana ? demanda Milana.
-...
Raffey jeta un œil à sa fille qu'elle pouvait apercevoir à travers la porte ouverte, en train de jouer avec son lapin. Seule dans cette pièce vide de cet immense manoir.
- Je l'emmène, décida t'elle. Luana ! Viens vite, chérie.
Elle la pris rapidement dans ses bras et alors qu'elle rejoignait Milana et Micky, sa fille demanda :
- On sort dehors ?
- Oui.
- Mais tu as dit...
- Je sais ce que j'ai dit. Tu vas rester avec moi et papa.
- D'accord.
Ils entrèrent dans la voiture noir de Micky et il roula le plus vite possible vers l'hôpital. Plus paniqué que jamais. Ils arrivèrent.
- AMON MIROVIA ! hurla Milana alors qu'elle était encore à bonne distance de l'accueil.
- Vous êtes dans un hôpital, madame, lui fit remarquer la secrétaire. Veuillez baisser d'un ton et faire la queue comme tout le monde.
Milana se jeta sur elle et l'attrapa par le col :
- Dites-moi immédiatement dans quelle chambre se trouve mon mari, dit-elle dangereusement en tremblant à la fois de peur et de rage.
- C... calmez-vous...
- TOUT DE SUITE !
- Il... balbutia-t-elle en jetant un œil à son registre. Il est dans la chambre 29. Au rez-de-chaussée.
Elle lâcha la dame en la jetant presque sur sa chaise et partit en courant vers la dite chambre. Cherchant le numéro d'un regard affolé sur toutes les portes du couloir, elle cria presque de soulagement en voyant Duncan, seul, debout devant l'une d'elles.
- Il est là ? demanda Milana en se jetant presque sur le blond.
- Oui.
Elle entra en claquant la porte derrière elle et Raffey pus entendre ses pleurs derrière la porte fermée en arrivant aux côtés de son petit ami. Quant à elle, elle déglutis en ne voyant pas une once de chaleur dans le regard de Duncan. Il avait l'air encore plus froid que la veille.
- C'est très grave ? demanda t'elle inquiète.
- Il devrait s'en sortir. Passe-moi la petite. Elle ne devrait pas voir...
- D'accord, accepta Raffey en lui donnant Luana avant d'actionner la poignée.
À l'intérieur, elle vis Milana pleurer sur le corps inanimé de son mari, Tiana étant assise en face et tenant la main de son père les larmes aux yeux. Amon était presque entièrement recouvert de bandages. En tout cas, pour ce qu'elle pouvait voir, le haut de son corps et la moitié gauche de son visage. Les autres étaient là, discutant à voix basse. Et malgré les pleurs de sa grand-mère, elle pus entendre Pistachio dire à Georges :
- C'était un métamorphe Je l'ai tout de suite senti, la même aura que moi. Tu te rends compte ? C'est la première fois que j'en croise un autre...à part maman bien sûr.
- Je suis content pour toi, mais essaye un peu de lire l'ambiance, la réprimanda son père. Amon est très mal en point.
Daniel Marques acquiesça dans un coin de la pièce.
- J'étais là. C'est Powel qui a piégé la porte de son bureau. Heureusement, Liam a pu l'arrêter.
- Il va enfin répondre de ses actes.
Raffey se figea en entendant cette phrase. Ou plutôt, cette voix. Elle la connaissait par cœur. Mais c'était impossible...
- Où est Luana ? Lui demanda Duncan en sortant de l'ombre d'un des coins de la pièce.
-...
- Tu l'as laissée seule au manoir ?
"Qu'est-ce qu'il me raconte ? Qu'est-ce qu'il fait ici ? Il était devant la porte il n'y a même pas deux secondes". Et pourtant... c'était bien son petit ami qui se tenait devant elle. Et Raffey fus d'autant plus certaine lorsqu'il dit :
- Je sais qu'on s'est embrouillés, mais tu pourrais au moins me répondre.
À qui avait elle donné Luana ? C'était pourtant lui ! Puis les paroles de Sylvie lui revinrent en mémoire.
- Métamorphe... souffla Raffey horrifiée. LUANA !
Elle sortis en courant de la chambre, le cœur battant. Plus personne dans le couloir. "Non... non !" Alors, elle s'élança en direction de la sortie tout en hurlant le nom de sa fille. Rien. Personne. Elle ne voyait pas sa fille. Elle sortis dans la rue comme une âme en peine, bousculant les passants, cherchant les cheveux blond et les faux yeux bleus de sa précieuse Luana. Mais elle ne voyait rien ! Tout était flou autour d'elle. Le seul son qu'elle entendait, c'est le sang battant à ses oreilles au rythme endiablé des battements de son cœur affolé. Et toujours rien. Toujours pas le moindre signe de Luana. De sa fille.
- Ils n'ont pas pu l'emmener... ils n'ont pas pu... je l'avais confiée à Duncan...
Puis ses yeux se posèrent sur une forme familière posée au sol. Le lapin. Helena. Son ruban bleu toujours noué autour de son oreille. Le même que sa fille portait dans ses beaux cheveux. Elle tomba à genoux devant la peluche, tendant une main tremblante vers elle. Au beau milieu de la rue. Entourée par des dizaines d'inconnus. Elle hurla un nom. Le plus précieux de tous.
- LUANA !
Voilà pourquoi Duncan lui avait paru encore plus froid que la veille. Parce que ce n'était pas lui. Ce n'était pas son mari. Un profond désespoir. Un froid indescriptible. Un vide. Pleurant toutes les larmes de son corps et serrant la peluche contre son cœur, elle continuait d'appeler sa fille, sans fin. ELLE avait fait le choix de la sortir du manoir. Elle l'avait mise dans bras de cet homme. Cet inconnu. Et qui pourtant lui avait paru si familier. Si digne de confiance. Elle avait cru en ce visage. Celui de son mari. Un visage de confiance. À qui elle avait confié son plus précieux trésor. Sa petite fille. Sa Luana.
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Heyy voilà c'est le troisième chapitre, j'espère sincèrement qu'il vous a plu :D
➤À votre avis que pensera Rufus de Luana ?
➤ La relation de Duncan et Raffey va t'elle s'empirer après ce chapitre ?
➤ Qui avait raison lors de leurs dispute ?
Voilà c'est tout pour moi, Ciao !
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