Chapitre 97
Jimin avait passé la soirée dans les bras de son amant qui l'avait câliner sans dire un mot, ni même évoquer ce qui s'était passé plus tôt.
Le reste de la semaine se déroula tranquillement, la routine suivant son cours pour les deux hommes. Samedi matin, Jungkook dormait à poings fermés lorsque la sonnerie de son téléphone retentit dans la chambre. Voulant lui accorder encore un peu de repos, Jimin saisit son téléphone et prit la liberté de prendre l'appel tout en sortant de la chambre à pas de loup.
— Allô ? fit le médium en prenant la direction de la cuisine.
— Je suppose que ce n'est pas Jungkook, répondit son interlocuteur dont il n'arrivait pas à reconnaître la voix.
— Non, c'est son petit ami. Je peux faire quelque chose pour vous ?
— Bonjour Jimin, c'est Hoseok, se présenta enfin l'homme.
— Ho, bonjour.
— Est-ce que je peux parler à Jungkook ?
En temps normal, peut-être qu'il aurait obéi, mais son amant avait travaillé toute la nuit, il avait donc besoin de repos et il n'y dérogerait pas.
— Je suis désolé, mais il est rentré il y a quelques heures seulement. Il dort encore. Je peux lui transmettre un message ?
— Microbe ? retentit une voix enrouée derrière lui.
Le blond pivota brusquement pour faire face à son petit-ami qui avançait d'un pas nonchalant vers lui, un œil encore fermé et les cheveux en bataille.
— Tu devrais être en train de dormir toi, répondit Jimin quand il arriva à sa hauteur.
— Hm, le lit était trop vide, marmonna Jungkook en l'enlaçant, plongeant son visage dans son cou.
Attendri par ce besoin d'attention, le médium gratta tendrement l'arrière de sa tête de sa main libre avant que la voix étouffée de Hoseok ne le ramène à la réalité.
— Ton téléphone a sonné et comme je ne voulais pas te réveiller, j'ai répondu.
— Hm, raccroche, il est trop tôt pour répondre au téléphone, grommela le commandant.
— C'est Hoseok.
Jimin sentit son amant se raidir dans ses bras avant qu'il ne soupire et se redresse, une moue contrariée sur le visage.
— Fait chier, pesta ce dernier en prenant le téléphone que son cadet lui tendait et mit le haut-parleur. Allô.
— Eh bien, le superflic n'est pas du matin.
— Pas vraiment non. Bon, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
— Il est temps de payer ta dette.
En entendant cela, les yeux de Jimin s'écarquillèrent et il ancra son regard dans celui de son aîné. L'inquiétude se lisait sur son visage, mais il était prisonnier de son engagement.
— Je t'écoute, fit-il d'une voix basse.
— Je dois partir de toute urgence à Séoul jusqu'à demain soir. Tu vas donc me remplacer ce soir à un bal.
— Un bal ?
— Oui, un gala organisé par l'école de Na-bi. Tous les parents sont conviés, c'est une sorte de soirée parents/enfant, expliqua le mafieux comme s'il s'agissait d'une évidence.
— Hoseok, je suis pas le père de Na-bi, c'est pas à moi de me rendre à cette soirée.
— Ça, je le sais, mais Na-bi tient vraiment à y aller et comme tu le sais, ce que princesse veut, princesse obtient. J'aurais pu confier cette tâche à un de mes hommes, mais c'est toi que ma fille réclame, donc tu t'y colles. Crois-moi, je préfèrerais me rendre à ce bal plutôt qu'affronter ce qui m'attend à Séoul.
Jungkook soupira longuement et traîna des pieds jusqu'au canapé où il se laissa tomber comme une masse. Jimin qui l'observait, se retenait de sourire. S'il y avait bien une chose qu'il accordait à Hoseok, c'était son imagination. Les deux hommes s'attendaient à beaucoup de choses, mais sûrement pas à une telle demande.
— Très bien. C'est à quelle heure ?
— Je la dépose chez toi à dix-huit heures juste avant de prendre l'avion pour Séoul. La soirée commence à dix-neuf heures trente.
— Ok, souffla le commandant.
— Souris Jungkook, j'aurais aussi pu te demander d'aller tuer quelqu'un. Tu t'en sors plutôt bien, je trouve. Allez, j'ai à faire, bonne journée.
Sans attendre une quelconque réponse, Hoseok mit fin à l'appel, laissant Jungkook pantois et agacé au plus haut point.
— Je rêve de lui foutre mon poing dans la gueule quand il agit comme ça, bougonna-t-il en laissant sa tête tomber en arrière.
— Allez grincheux, vois le côté positif. Il vaut mieux ça plutôt qu'il te demande de faire un truc illégal. C'est juste le temps d'une soirée, en plus Na-bi t'adore. Je suis persuadé que tu vas t'amuser, lança Jimin en venant s'asseoir à califourchon sur ses genoux.
— Je ? Nous, tu veux dire, parce que tu viens avec moi.
— Na-bi veut y aller avec toi. Je ne vais pas imposer ma présence.
— Tu dois venir avec moi, c'est limite un devoir. Ne me laisse pas affronter ça tout seul, tu sais que je déteste les galas et les bals. Rien que l'idée de devoir mettre un costume me donne de l'urticaire.
Le médium se mit à rire face au comportement dramatique de son amant. Oui, il connaissait son manque d'amour pour les smokings et pourtant, Dieu seul savait à quel point il était séduisant lorsqu'il en portait un.
— D'accord, je me sacrifie pour la cause, gloussa le plus jeune en caressant la base de la nuque de son compagnon. Il va te falloir un costume.
— Tu plaisantes ? Tu m'en as acheté un pour le gala d'anniversaire de Rin. Ça fera l'affaire.
— Tu n'es vraiment pas drôle, tu le sais ça. Moi qui voulais trouver une excuse pour aller faire les boutiques, ronchonna Jimin, une moue boudeuse sur les lèvres.
— Je sais beauté, mais tu me connais, moins de temps je passe dans les centres commerciaux, mieux, je me porte. Et puis où est-ce qu'on trouverait le temps d'y aller ? C'est ce soir le bal, et on a promis à mon frère et à Lilith d'aller les aider pour finir la peinture de la chambre des jumeaux.
Face à ces arguments en béton, le médium abdiqua et se leva.
— Ok, soupira-t-il de façon théâtrale. Je vais préparer le petit déjeuner. Va prendre une douche pour émerger, tu as l'air d'un zombie.
— Eh ! Serais-tu en train de critiquer mes yeux gonflés et mes cheveux en pétard ? répliqua Jungkook faussement contrarié. Je suis sûr que je suis ultra-sexy !
— Je n'oserais jamais, commandant, ricana le plus jeune en partant vers la cuisine, mettant ainsi une distance de sécurité entre lui et son amant.
— Sale gosse, ronchonna Jungkook depuis le sofa.
— Moi aussi, je t'aime ! répliqua Jimin depuis la cuisine.
Tout en marmonnant dans sa barbe, Jungkook se mit sur pied et partit vers la salle de bain afin de se préparer. La journée allait être longue et la soirée encore plus. Comment allait-il tenir après avoir dormi seulement trois heures ? Aujourd'hui, le café serait son plus fidèle allié.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Dix-sept heures cinquante six, la sonnette résonna entre les murs de l'appartement. Étant le seul présentable après leur douche commune, Jimin quitta l'appartement en troisième vitesse pour aller accueillir Hoseok qu'il avait vu grâce à la caméra de l'interphone.
En arrivant dans le hall de la résidence, il fit donc face à Na-bi qui était engouffrée dans un blouson de fourrure blanche, tel un petit ange tombé du ciel. Derrière elle, dégageant cette éternelle assurance et ce charisme, se tenait son père, vêtu de noir, le visage fermé.
— Bonsoir, fit Jimin en ouvrant la porte. Entrez, venez vous mettre au chaud.
— Bonsoir Jimin, lui sourit Na-bi en entrant, suivie de son géniteur. Tonton Kook est là ?
— Oui, il se prépare.
— Bonsoir Jimin, parla enfin Hoseok.
— Venez, c'est par ici.
Les deux convives hochèrent la tête et suivirent leur hôte jusqu'à l'appartement. Dans le hall, ils se déchaussèrent, puis une boule de poils noirs se rua sur eux, surprenant la petite fille qui se cacha derrière son père.
— Doucement Zeus, lança le médium en caressant le haut de la tête de l'animal. Ne t'en fais pas, il est gentil, ajouta ce dernier à l'attention de l'enfant.
— Il est très grand, constata Na-bi, montrant seulement sa tête.
— C'est vrai, mais il n'est pas méchant. Tu veux le caresser ? proposa le blond en s'accroupissant près de l'animal.
La petite brune jeta un coup d'œil à son père qui restait silencieux, observant le comportement du berger allemand. Ce dernier hocha la tête, donnant son accord à sa fille qui sortit enfin de sa cachette et s'approcha du chien noir. Celui-ci renifla la fillette quelques secondes avant de s'immobiliser, laissant le loisir à l'enfant de le caresser.
— Vas-y, juste ici, il adore qu'on lui caresse les flancs, l'encouragea Jimin.
Timidement et surtout prudemment, Na-bi amena sa petite paume contre le pelage sombre de l'animal et l'effleura avant de s'approcher davantage et d'approfondir ces caresses. Zeus ne pouvait être plus heureux qu'à cet instant et cela se voyait à sa queue qui cessait de bouger de gauche à droite.
— Il est trop rigolo ! gloussa la brunette lorsque le berger allemand lécha sa joue. Papa, je peux en avoir un s'il te plaît ?
— Ma puce, tu as déjà trois chats, des poissons, une tortue, un cochon d'Inde et une demi-douzaine de chevaux. Ou est-ce que tu vas trouver le temps pour t'occuper d'un chien ?
— Ton papa a raison, tu sais, un chien, ça demande beaucoup de temps et d'affection. C'est une grande responsabilité aussi, argumenta Jimin.
Sa lèvre inférieure ressortie, Na-bi ne semblait pas convaincue par les arguments de son aîné, cependant, elle n'insista pas.
— Est-ce que je pourrai venir jouer avec Zeus des fois ? demanda-t-elle.
— Ça, il faudra demander à Jungkook. C'est son chien, donc c'est lui qui décide.
— D'accord, acquiesça la brunette.
Jimin se redressa enfin pour faire face à Hoseok qui lui tendit un sac de sport en cuir noir.
— Voilà ses affaires pour la soirée. Le bal devrait se terminer aux alentours de vingt-deux heures. Les domestiques seront réveillés lorsque vous la ramènerez, je vous demande simplement de la raccompagner jusqu'à la porte.
— Bien-sûr, acquiesça le médium.
— Tonton Kook ! s'exclama une voix cristalline à côté des deux hommes.
En voyant le commandant apparaître dans son champ de vision, la petite se redressa et, comme à chaque fois, courut à sa rencontre. Habitué à ce genre d'accueil, Jungkook la réceptionna et se vit offrir un baiser sur la joue ainsi qu'une étreinte bien trop désespérée. Na-bi était toujours enthousiaste à l'idée de le voir, elle était très tactile et affectueuse, cependant, le brun eut la sensation que ce soir, quelque chose était différent.
— Bonsoir petit papillon, ça va ?
— Oui, répondit la fillette d'une voix basse avant d'afficher une moue. Tonton, est-ce que je pourrais venir jouer avec Zeus un jour ? J'ai demandé un chien à papa, mais il a dit non.
— Ton père a dit non ? s'étonna le brun. Wouah, il va pleuvoir de la m-
Le tatoué fut interrompu par le toussotement de Hoseok qui le stoppa avant qu'il ne soit grossier. Se raclant la gorge d'embarras, Jungkook alla rejoindre son invité et le salua. Ce dernier lui donna quelques instructions puis fit ses adieux à sa fille avant de quitter l'appartement.
L'ambiance était étrange pour les deux hommes. Eux qui avaient l'habitude d'agir comme bon leur semblait, sans retenue, voilà qu'ils devaient surveiller leurs moindres paroles. Jimin profita de la présence de son amant pour s'éclipser afin de finir de se préparer.
Jungkook passa trente minutes à répondre aux questions plus aléatoires les unes que les autres que Na-bi lui posait, puis la petite fille fit une demande qui le prit au dépourvu.
— Tonton ? appela-t-elle.
— Oui.
— Tu peux me faire une tresse ?
Le commandant se figea et leva la tête vers la brunette qui était assise sur l'un tabouret de l'îlot. Une tresse ? Comment était-il censé savoir faire ça, alors que la seule chose que ses cheveux lui avaient un jour permis de faire, c'était un vulgaire chignon.
— Une tresse ?
— Oui, comme celle de la princesse Elsa !
— C'est qui Elsa ? questionna le tatoué, les sourcils froncés.
Na-bi rit face à la mine confuse de son oncle d'adoption. Jungkook, lui, était totalement désarmé. C'était dans ce genre de moment qu'il se rendait compte qu'il ne connaissait rien aux enfants, encore moins lorsqu'il s'agissait de filles.
— C'est la reine des neiges !
— C'est qui ça encore. Désolé papillon, mais je suis un peu perdu.
— Roh, tonton ! ricana la petite brune. Tu me prêtes ton téléphone ?
Le brun acquiesça et déverrouilla l'appareil avant de s'approcher de l'enfant et de la prendre à ses côtés.
— Tu peux mettre Youtube ?
Jungkook s'exécuta et lança l'application. Il donna ensuite le portable à la brunette sans pour autant quitter l'écran des yeux. De ses petits doigts, la fillette pianota lentement sur le clavier, puis lança une des vidéos. Comme il le pensait, il s'agissait d'un film Disney qu'il n'avait jamais vu. À mesure que les secondes passaient, la musique s'écoulait et Na-bi se mit à chanter le refrain avant de tourner son visage poupon vers son aîné qui l'observait avec tendresse.
— Chante avec moi ! demanda-t-elle en prenant son poignet. Libérée, délivrée !
— Oh non, désolé papillon, mais je ne sais pas chanter.
— Il ment, lança une voix depuis le salon.
La petite fille et Jungkook pivotèrent leur tête vers l'homme qui venait de les rejoindre.
— Tiens, tu tombes à pic. Na-bi veut des tresses, tu sais faire ça toi ? demanda le commandant, ignorant l'intervention de son amant.
— Évidemment, répondit Jimin, un sourire fier sur les lèvres.
— Tu peux m'en faire ? quémanda la petite brune, une moue suppliante sur les lèvres.
— Bien-sûr, acquiesça le médium. Je ne suis pas un expert, mais je vais faire de mon mieux.
— Cool ! s'enthousiasma la brunette en descendant de son tabouret. Papa a mis des chouchous dans mon sac.
Les deux hommes suivirent l'enfant du regard pendant que celle-ci partait vers le salon où se trouvait son sac. Elle fouilla à l'intérieur, puis exhiba fièrement deux élastiques noirs et une brosse à cheveux. Jimin lui sourit tendrement et alla la rejoindre, l'invitant à prendre place sur l'accoudoir du canapé, dos à lui.
— Tu en veux une ou deux ?
— Tu peux faire deux ? demanda-t-elle, d'une voix fluette, bougeant ses petits pieds nus de gauche à droite sur l'assise.
— Je vais essayer.
Dans la cuisine, Jungkook observait la scène avec contemplation et douceur. Il observait la délicatesse et la tendresse avec laquelle son amant s'occupait de cette petite fille qu'il connaissait à peine et sentit son cœur se remplir d'une émotion indescriptible. Contrairement à ce qu'il craignait, Na-bi était à l'aise au contact de Jimin, son rire en était la preuve et il était plus que ravi de constater cela.
Voulant se joindre à leur échange, le brun prit place sur le canapé face à la fillette qui ne bougeait pas, profitant des caresses de Jimin.
— Tonton, pourquoi Jimin sait faire des tresses et pas toi ? demanda Na-bi.
— Hm, je pense que ça vient du fait qu'il n'a pas de cheveux, gloussa le blond.
— Eh ! Tes cheveux sont pas beaucoup plus longs que les miens, bougonna Jungkook, une moue enfantine sur les lèvres.
— C'est vrai, mais moi, j'ai eu le temps de m'exercer avec Su-hyun, expliqua Jimin.
— C'est qui Su-hyun ? questionna la brunette.
— C'est ma sœur, répondit le médium, concentré sur la coiffure qu'il tentait de réaliser.
— Elle vit ici ?
— Non, elle habite à Jeju.
— Oh, d'accord, fit la petite fille. Mon papa sait faire plein de coiffures, reprit-elle en posant ses pieds sur la cuisse de Jungkook.
— Les gentils papas savent tout faire, lui sourit le commandant.
— Pas toi, le taquina Na-bi, un sourire moqueur sur les lèvres.
— C'est normal, je ne suis pas un papa.
— Pourquoi ? demanda-t-elle.
Jungkook ne sut quoi répondre à cette question. Son regard observa la brunette quelques secondes avant de les poser sur Jimin qui avait, lui aussi, ralentit ses mouvements. La joie présente dans ses traits s'était quelque peu estompée et cela ne passa pas inaperçu aux yeux du policier.
Quelques mois plus tôt, après l'annonce de la grossesse de Lilith, le couple avait eu une discussion sur le toit du commissariat. Ils avaient échangé leur point de vue sur la paternité et bien qu'à l'époque, ils n'étaient pas en couple, leurs opinions s'alignaient à la perfection. Était-ce toujours le cas aujourd'hui ?
— Eh bien, je euh... je...
— Tu ne veux pas être papa ? continua la fillette sans se douter une seule seconde de l'impact que ses mots avaient sur Jimin.
Ce dernier terminait silencieusement la deuxième tresse sans accorder son attention à son petit ami. Il ne voulait pas le regarder, car s'il le faisait, il craignait que celui-ci ne voit la peine dans ses yeux ou encore ce désir qui l'animait depuis quelques jours. C'était un souhait qu'il tentait d'enfouir en lui et entendre Na-bi évoquer le sujet ne fit qu'accroitre la douleur d'une plaie à vif.
— Peut-être un jour, répondit enfin Jungkook.
— Et toi Jimin ? demanda la brunette.
— Voilà, mademoiselle, tes tresses sont faites, répondit-il, tentant de changer de sujet.
Na-bi sauta immédiatement du canapé et courut jusqu'au grand miroir de l'entrée. Vêtue d'une jolie robe de princesse bleu ciel, la jeune Jung se mit à tourner sur elle-même, admirant sa coiffure. Son attention fut ensuite happée par Zeus qui vint la rejoindre, une balle de tennis dans la bouche.
— Tonton, je peux jouer avec Zeus ?
— Oui, mais attention à ne rien casser, répondit le concerné.
Dans le salon, Jungkook observait son amant ranger la brosse à cheveux dans le sac de l'enfant. Le léger sourire sur ses lèvres cachait quelque chose de plus profond et le brun le savait.
— Eh microbe, murmura-t-il.
— Hm ? répondit ce dernier, faisant mine de rien.
— Viens par là.
Sans attendre sa réponse, le commandant saisit son poignet et le tira jusqu'à lui, l'invitant à prendre place sur ses genoux.
— Qu'est-ce qui se passe dans ta petite tête ?
— Rien, pourquoi ? mentit le médium, le regard rivé sur le col de sa chemise qu'il s'appliquait à remettre correctement.
— C'est vrai ce mensonge ? le taquina Jungkook avec douceur. Tu peux me répondre la même chose en me regardant droit dans les yeux ?
Jimin se figea, continuant d'éviter tout contact physique avec son aîné, toutefois, ce dernier ne comptait pas abandonner aussi vite. Cela ne servait à rien de mentir et surtout, ils s'étaient promis de toujours communiquer. Il prit alors une grande inspiration et se jeta à l'eau, priant pour que son amant comprenne ce qui tiraillait son cœur.
— Tu te souviens quand Lilith nous a annoncé sa grossesse ?
— Oui, pourquoi ?
— Quelques jours après, on a eu une conversation sur le toit du commissariat.
— Oui, je m'en souviens aussi.
— Tu... tu étais ferme sur le fait que tu ne voudrais jamais avoir d'enfant, parce que tu ne te voyais pas père et que c'était trop de responsabilité.
— C'est vrai, confirma le policier tout en caressant tendrement le dos de son amant. Toi, tu as dit que tu n'en voulais pas parce que tu ne voulais pas prendre le risque qu'il ait le même don que toi.
— C'est ça, mais c'est aussi parce que je suis gay. Je ne me vois pas du tout avoir un enfant avec une femme et puis, je sais très bien que pour les gens comme moi, l'adoption est impensable. Avec le temps, je pense que c'est par dépit que j'ai pris cette décision, expliqua le plus jeune, d'une voix tremblante. Je... je sais que c'est stupide et que je ferais mieux d'évincer cette pensée de mon esprit, mais... laisse tomber, souffla-t-il, la gorge nouée.
— Eh non, parle-moi. Rien de ce que tu peux ressentir n'est stupide, l'encouragea Jungkook en cherchant son regard.
— Je t'ai dit que je voulais qu'on reste ensemble pour le restant de nos jours et je le pensais vraiment. J'ai envie de passer ma vie à tes côtés et quand je t'ai vu avec Na-bi, je... je me suis surpris à imaginer comment ce serait si on avait un enfant à nous, confessa enfin Jimin.
Face à lui, son aîné restait silencieux, ses orbes sombres ancrés au sien. Le médium avait beau essayer de deviner ce qu'il pensait à travers ses yeux, il n'y parvenait pas. Son expression était indéchiffrable et plus les secondes passaient, plus il regrettait d'avoir dit ce qu'il ressentait réellement. Si un jour Jungkook désirait avoir un enfant, ce ne serait pas avec lui qu'il pourrait exaucer ce souhait, il lui faudrait trouver une femme et cela signifierait aussi la fin de leur relation. Rien qu'à cette idée, il sentit ses yeux s'embuer de larmes.
— O-oublie ce que j'ai dit, bafouilla-t-il, sentant la panique l'envahir. Je te l'ai dit, c'est totalement idiot.
— Tais-toi donc, lui sourit son amant en caressant sa joue. Ce n'est pas idiot, bien au contraire.
— Mais tu as dit que-
— Je sais ce que j'ai dit, le coupa Jungkook en reprenant son sérieux. Mais tu sais ce qu'on dit, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Avant de te connaître, j'avais dit que je tomberai plus jamais amoureux et regarde-nous aujourd'hui. J'ai aussi dit à Tae de me jeter dans un bidon d'acide si je devenais aussi niais que lui et Lilith, et regarde-moi. Je suis prêt à t'offrir des fleurs tous les jours si ça me permet de te voir sourire, si c'est pas niais ça, alors qu'est-ce que c'est.
— Je ne dis pas non à des fleurs tous les jours, plaisanta Jimin, pour cacher ses émotions.
Le tatoué laissa échapper un petit rire et vint prendre sa main dans la sienne pour entrelacer leurs doigts.
— Je ne dis pas que j'ai envie qu'on ait un enfant dans un mois ou dans un an. On vient à peine de trouver un équilibre dans notre relation et en plus, tu es encore si jeune. Avant qu'on décide de mener une vraie vie d'adulte et d'avoir à notre charge un petit humain dont on sera entièrement responsable, je veux que tu voies le monde. Je veux qu'on vive notre vie de couple à fond. Je veux qu'on puisse continuer de faire l'amour où et quand on en a envie. Je veux qu'on continue de grandir ensemble et surtout, le plus important, je suis pas prêt à te partager.
En entendant cela, Jimin ne put retenir un rire qu'il cacha derrière la paume de sa main.
— Eh, rigole pas, bougonna le plus vieux, feignant une moue contrariée. C'est vrai. Tu crois vraiment qu'avec un minipousse chez nous, je serais toujours ton préféré ? Déjà que je dois me battre avec Zeus pour rester à la première place. J'aurai aucune chance contre un bébé qui braille et qui bave partout.
Le médium voyait bien que son compagnon utilisait l'humour pour lui faire passer un message et il le comprit. Ce qu'il retint essentiellement, c'était que Jungkook n'avait pas totalement fermé la porte à cette idée et qu'un jour, s'ils le désiraient réellement, ils pourraient fonder une famille.
— Alors, tu n'es pas complètement fermé sur l'idée ?
— Bien-sûr que non. S'il y a bien une chose que j'ai apprise depuis que je te connais, c'est que tu as le don de remettre en doute toutes mes convictions, gloussa le tatoué.
— En tout cas, ce ne sera sûrement pas ici qu'on pourra le faire. Si on le voulait, on n'aurait même pas le droit de nous marier, soupira-t-il en baissant les yeux sur les doigts entrelacés.
— On les emmerde. Le moment venu, on avisera. Pour l'instant, concentrons-nous sur notre vie de couple et tout ce qu'elle a à offrir.
— D'accord, acquiesça le blond en venant déposer un baiser chaste sur ses lèvres.
— Tu es plus rassuré ?
— Oui, merci.
— De rien microbe, lui sourit son bien-aimé. La prochaine fois qu'une telle chose te travaille, viens m'en parler, surtout si ça nous concerne tous les deux. Je te l'ai déjà dit, tout ce que tu ressens est légitime et je suis là pour tout partager avec toi.
Les yeux larmoyants, Jimin entoura le cou de son amant de ses bras et l'enlaça. Attendri, Jungkook lui rendit son étreinte et le serra contre lui tout en déposant un baiser sur sa tempe.
— Je t'aime beauté, murmura le commandant.
— Pas plus que moi.
— Je ne savais pas qu'on faisait une course, ricana le plus vieux.
Leur moment de tendresse fut interrompu par Na-bi qui vint les rejoindre. Cette dernière était rouge comme une tomate à force de courir de gauche à droite avec Zeus. Essoufflée, elle se laissa tomber sur le fauteuil, un sourire espiègle sur les lèvres.
— C'est quoi ce regard ? demanda Jungkook avec un léger rire.
— Est-ce que vous faites des bisous sur la bouche comme les autres adultes ?
Pris de court, les deux hommes écarquillèrent les yeux avant de rire nerveusement. Voilà qui était la preuve qu'ils n'étaient pas encore faits pour être parents. Ils étaient incapables de répondre à ce genre de question. Qu'étaient-ils censés répondre à une enfant de sept ans ? Sûrement oui et bien plus encore. Pourtant, si Jungkook écoutait la petite voix dans sa tête, c'était exactement ce qu'elle lui dictait de dire.
— Bon, je... je crois qu'il est l'heure d'y aller, bredouilla le médium pour mettre fin à leur embarras.
— Je suis sûr que vous vous faites des bisous, lança Na-bi en se laissant glisser du fauteuil.
Avec toute son innocence, la brunette sautilla jusqu'à l'entrée pour mettre ses chaussures, suivie par le couple qui avait rassemblé ses affaires. Si la petite fille continuait de les taquiner ainsi, la soirée risquait d'être longue, toutefois, Jimin avait le pressentiment qu'ils allaient bien s'amuser.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le bal s'était terminé aux alentours de vingt-et-une heures trente pour le plus grand plaisir de Jungkook qui ne rêvait que d'une seule chose, s'écrouler sur son lit. Après plus d'une quarantaine de minutes de trajet durant lesquelles Na-bi n'avait cessé de répéter à quel point cette soirée avait été digne d'un Disney, l'Audi rouge entra enfin sur la propriété Jung.
Une fois le moteur coupé, Jungkook pivota vers l'arrière et comprit pourquoi tout était devenu si silencieux, la petite brune s'était endormie quelques minutes avant qu'ils n'arrivent à destination.
— Fait chier, elle dort, murmura-t-il.
— Elle doit être épuisée, il est plus de vingt-deux heures, gloussa tendrement Jimin en caressant la cuisse de son amant.
Dans un soupir, le brun sortit du véhicule et ouvrit la portière arrière passager. Avec douceur, il détacha la ceinture de Na-bi et vint la recouvrir avec sa veste avant de la prendre dans ses bras.
— Microbe, tu peux prendre son sac ?
— Oui, bien-sûr.
Jimin quitta à son tour la voiture et prit le sac qui était dans le coffre ainsi que le blouson de l'enfant. Côte à côte, les deux hommes amenèrent l'enfant jusqu'à la villa où la gouvernante les attendait déjà sur l'encadrement de la porte d'entrée.
— Bonsoir messieurs, les salua cette dernière.
— Bonsoir madame Cho, lui répondit Jungkook.
— Est-ce que ça vous dérange de la déposer dans son lit ? demanda-t-elle.
— Bien-sûr, accepta le brun.
La gouvernante les laissa entrer et Jungkook prit directement la direction de l'étage, suivi par son amant. Une fois dans la pièce, il déposa la fillette sur le lit. Malgré toute la délicatesse du commandant, Na-bi cligna plusieurs fois des paupières avant de totalement ouvrir les yeux et de regarder autour d'elle.
— On est arrivé ? marmonna la brunette d'une voix enrouée.
— Oui papillon, répondit Jungkook avec un sourire, agenouillé près du lit. Madame Cho va s'occuper de toi maintenant.
— Tu t'en vas ?
— Oui, je dois rentrer chez moi.
Une moue peinée prit vie sur ses lèvres alors qu'elle se retournait sur le flanc droit pour faire face à son oncle adoptif.
— Merci d'avoir dansé avec moi tonton Kook. J'étais triste que papa ne soit pas là, mais avec toi et Jimin, je me suis bien amusée.
— Merci à toi d'avoir accepté. Je suis un piètre danseur, lui sourit Jungkook en dégageant une mèche brune qui s'échappait de ses tresses.
La petite brune se mit à rire tout en peinant à garder les yeux ouverts. Derrière eux, sur le pas de la porte, madame Cho attendait que les deux hommes ne s'en aillent pour s'occuper de l'enfant.
— Allez, c'est l'heure de dormir.
— Tu reviendras bientôt ? demanda-t-elle.
— Je vais essayer, promit le commandant en se penchant au-dessus d'elle. Bonne nuit petit papillon, murmura-t-elle en déposant un baiser sur sa tempe.
— Bonne nuit tonton Kook, je t'aime.
Le brun sentit son cœur louper un battement sous cette déclaration. Même s'il avait conscience de son lien avec la fillette, c'était la première fois qu'elle exprimait son amour pour lui.
— Moi aussi, je t'aime papillon, répondit-il d'une voix basse. Fais de beaux rêves.
Jungkook lui offrit un sourire débordant de douceur et se mit sur pied avant de poser son regard sur Jimin qui assistait à la scène, attendri par ce qu'il voyait. Lorsque son amant s'éloigna, le blond s'approcha et salua à son tour Na-bi avant qu'ils ne quittent ensemble la grande demeure.
— J'ai hâte de m'écrouler dans notre lit, soupira le commandant en ouvrant la voiture.
— Ça va aller pour la route ?
— Oui, t'en fais pas. Allez monte.
Inquiet de son état de fatigue, le médium acquiesça tout de même et obéit. Le moteur de l'Audi se fit rapidement entendre avant de démarrer en direction de Haeundae.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Comme convenu, Jungkook envoya un message à Namjoon avec le nom de l'homme qu'il recherchait. Le hacker confirma la réception des informations, mais n'ajouta rien de plus, laissant les deux hommes perplexes. Le dimanche se déroula le plus simplement possible. Coincé à l'appartement à cause des intempéries, le couple avait improvisé une journée relaxante en amoureux avant de reprendre la semaine sur les chapeaux de roues.
Ce ne fut que mardi matin que le commandant eut enfin des nouvelles de Namjoon. Il n'était que sept heures lorsque le téléphone du brun se mit à vibrer sur la table de chevet, réveillant Jimin qui prit l'appel sans même regarder le nom de son interlocuteur.
— Téléphone du commandant Jeon, répondit-il d'une voix endormie.
— Salut, c'est Namjoon.
Ce prénom à lui seul suffit à totalement réveiller Jimin qui se redressa brusquement.
— Bonjour Namjoon, c'est Jimin. Comment vas-tu ?
— Je vais bien, merci. Et toi alors ?
— Pareil. Est-ce que tu as du nouveau ?
— Oui, c'est pour ça que je t'appelle.
— Oh, attends, je te mets en haut-parleur.
Éloignant le téléphone de son oreille, le blond appuya sur l'icône et se tourna vers son amant qui n'avait pas bougé.
— Eh grincheux, réveille-toi, c'est Namjoon, lança le médium en le secouant légèrement.
— Hm, ça pourrait être la reine d'Angleterre, je m'en fous. Laisse-moi dormir, bougonna-t-il en lui tournant le dos.
La mine boudeuse, Jimin se pencha au-dessus de lui, l'écrasant de tout son poids et colla sa bouche à son oreille.
— Il a du nouveau concernant Osborn ! Allez, réveille-toi ! ordonna le plus jeune.
— Jimin pitié, laisse-moi dormir, je reviens d'une garde là. Il est... putain, mais quelle heure il est d'abord ?
— Sept heures et huit minutes ! répondit Namjoon depuis le téléphone.
— Voilà, il est bien trop tôt !
Comprenant que son amant refusait de coopérer, le médium afficha un sourire espiègle et glissa sa main sous la couverture. Ses doigts parcoururent l'os de la hanche de son aîné, descendant sur sa cuisse puis ils se dirigèrent vers l'intérieur de celle-ci avant de remonter vers ses testicules qu'il effleura du bout des ongles. En sentant sa peau froide contre lui, Jungkook sursauta et ouvrit les yeux.
— Ok ! Ok, je suis réveillé ! Éloigne tes doigts gelés de mes bijoux de famille ! pesta ce dernier en se tournant sur le dos.
Satisfait, Jimin afficha un large sourire et déposa un baiser chaste sur les lèvres de son petit ami.
— Tu vas me payer ça, grommela ce dernier.
— Quand tu veux, mais en attendant, Namjoon a des informations pour nous, murmura le blond contre sa bouche avant de s'éloigner. On t'écoute Nam.
— Ce serait plus simple de vous montrer. Vous pouvez venir ici avant d'aller au poste ?
— Oui, pas de soucis, on arrive, décida Jimin sans demander son avis à Jungkook.
— Eh, commandant Jeon, je reviens de superbes vacances en France, alors t'as intérêt à rapporter du bon café et des croissants. Ce sera ma récompense pour avoir bossé toute la nuit pour vous.
Sans attendre une réponse quelconque, Namjoon mit fin à l'appel. En voyant la mine renfrognée de son amant, le jeune consultant se mit à rire, mais n'en tint pas compte. Impatient, il sauta hors du lit et prit la direction de la sortie avant d'attraper le boxer de son amant et de lui jeter au visage.
— Allez, grincheux, lève-toi ! ordonna-t-il en quittant la pièce. Je t'attends sous la douche !
Grommelant dans sa barbe, Jungkook jeta son sous-vêtement à l'autre bout de la chambre puis tira la couette sur son visage. Épuisé, voila ce qu'il était. Son service au poste avait duré jusqu'à cinq heures et voilà qu'à peine deux heures plus tard, on l'avait réveillé, et de la plus brutale des façons.
— Tu comptes venir me rejoindre ou je dois m'amuser tout seul ? s'exclama Jimin depuis la salle de bain.
Pleurnichant comme un enfant, le policier réunit toutes ses forces pour s'extirper enfin de son lit et traîner les pieds jusqu'à la salle de bain. Cette journée allait être longue, il le savait. Tout ce qu'il espérait, c'était que la bonne humeur de son amant allait s'éterniser, même après leur visite chez Namjoon.
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