Chapitre 92
Jungkook était un lâche. Oui, c'était ainsi qu'il se sentait depuis la veille lorsqu'il n'avait pas eu le courage de répondre à Jimin, le laissant simplement avec un accusé de lecture qui avait réveillé une certaine tristesse.
La première chose qu'il fit en se réveillant, fut d'envoyer un message à son cadet, s'excusant de son silence et jetant la faute sur le sommeil qui l'avait emporté. Balivernes, il avait eu peur. S'ils décidaient de repartir sur de bonnes bases, le brun ne désirait pas lui mentir, alors il préférait esquiver la question.
Son message était resté sans réponse pendant plus de trois jours. En réalité, Jimin ne l'avait même pas ouvert et le commandant savait que c'était de bonne guerre, alors il décida de patienter jusqu'à ce que son ancien amant revienne vers lui – s'il le faisait.
L'enquête sur laquelle Jungkook et Taehyung travaillaient était un réel casse-tête, toutefois, le point positif était qu'elle lui laissait peu de temps à la réflexion. Son esprit était obnubilé par ce tueur qui avait déjà fait trois victimes.
Tous les policiers de la ville étaient sur le qui vive. L'unité criminelle s'était lancée dans une réelle chasse à l'homme qui avait durée quatre-vingt-seize heures.
Les nerfs à vif, les deux frères et leurs collègues n'attendaient qu'une chose, que le meurtrier se manifeste d'une quelconque façon. Après quatre jours, avec uniquement deux ou trois heures de sommeil par nuit, l'un de leurs suspects avait enfin fait une erreur. Jungkook fut celui qui lui mit la main dessus après une course poursuite en plein centre de Haeundae au beau milieu de la nuit. L'homme tout juste âgé de trente ans avait été abattu de la main du commandant après qu'il ait pris une jeune femme en otage, se servant d'elle comme bouclier humain.
La journée s'était terminée sur une bonne note pour toute l'équipe qui fut soulagée de savoir qu'un autre criminel avait été éradiqué de leur ville.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Il était vingt-trois heures lorsque Jungkook put enfin retrouver son lit. Épuisé, il se laissa tomber sur celui-ci et sortit son téléphone. Le silence de Jimin l'angoissait quelque peu, alors sans trop réfléchir, il ouvrit leur conversation et rédigea un message.
💬 À Jimin – 23:26
Tu dors ?
En attendant une réponse de la part du destinataire, le brun ouvrit une autre conversation, celle de Jung Hoseok. Cela faisait quatre jours qu'il n'avait plus de ses nouvelles et il commençait sérieusement à douter de ses capacités à faire parler Yeosang.
💬 À H. – 23:27
Salut, tu avances avec ton invité ? Il a parlé ?
Contrairement à ce qu'il pensait, la réponse du mafieux fut immédiate, presque trop rapide, et comme toujours, sa nonchalance était présente, même par écrit.
💬 De H. – 23:28
Penses-tu être ma priorité dans la vie, Jungkook ? Je te rappelle que je suis un homme d'affaires et que je suis père aussi. Non, il n'a pas parlé, mais patience, il va craquer. Tu sauras même le prénom de son premier cochon d'Inde.
Un rire sans réel amusement quitta la gorge de Jungkook qui fut encore une fois reçu avec une froideur qui définissait bien cet homme.
💬 À H. – 23:30
Ok. Appelle-moi dès qu'il a parlé. Na-bi va bien ? Embrasse la pour moi.
💬 De H. – 23:32
Elle va toujours bien. Je n'y manquerai pas. Bonne soirée.
La conversation se termina ainsi. Exténué, le commandant reposa son téléphone sur la table de chevet avant de s'allonger sur le ventre, son visage enfoui dans le t-shirt de Jimin qui n'avait jamais quitté son lit depuis son départ.
Sur le point de sombrer dans les abysses les plus profondes, Jungkook fut extirpé de son repos par une vibration, accompagnée d'un halo de lumière qui envahit sa chambre. Gardant un œil fermé, il tâtonna la surface en bois et saisit son portable pour aviser la réception d'un message.
💬 De Jimin – 23:46
Je dors pas encore, mais je vais me coucher. Que puis-je faire pour toi ?
— Merde, il m'en veut vraiment, marmonna le policier en se tournant sur le dos.
À présent totalement réveillé, le brun s'adossa contre la tête de lit et soupira longuement. Qu'allait-il répondre à cela ? Comment pourrait-il se faire pardonner sa lâcheté ?
💬 À Jimin – 23:48
Ça va ? J'ai l'impression qu'il y a un froid entre nous.
💬 De Jimin – 23:50
Oh non, pourquoi tu penses ça ?
Rien qu'en lisant ces mots, Jungkook pouvait sentir tout le sarcasme qui s'en échappait. Il connaissait assez bien Park Jimin pour savoir qu'il était blessé par son silence soudain et que l'excuse du sommeil n'avait pas été acceptée.
💬 De Jimin – 23:50
Oh attends, si, ça me revient ! C'est peut-être parce que tu m'as lâché un vu sans raison ?
💬 De Jimin – 23:50
Je te crois quand tu me dis que tu étais fatigué, mais si tu ne m'as pas répondu, c'était volontaire, sinon tu n'aurais pas ouvert, ni même lu le message... Si tu ne voulais pas qu'on discute, tu aurais juste pu me le dire, tu sais... Je t'aurais laissé tranquille.
Le cœur de Jungkook tambourinait fort dans sa poitrine. Il se sentait mal d'avoir provoqué ce genre d'état d'âme chez l'homme qu'il aimait, mais il ne pouvait pas lui dire la vérité, pas pour le moment.
💬 À Jimin – 23:52
Je suis désolé de t'avoir fait de la peine, mais je ne voulais pas gâcher la soirée avec mon mood pourri. Je t'ai dit, la journée avait été compliquée à cause du boulot.
Ce simple message suffirait-il à calmer son cadet ? Il n'en était pas sûr, et cela le peinait encore plus. L'ambiance entre eux était si bonne, si douce et il avait encore tout gâché. À vouloir le préserver, il creusait un fossé entre eux.
💬 De Jimin – 23:53
Si tu le dis... Pas de souci, j'espère que tu vas mieux. Je te souhaite une bonne nuit.
Comprenant qu'il n'obtiendrait rien de plus ce soir, Jungkook décida de ne pas insister. Il rédigea un court texte de bonne nuit, mais s'immobilisa quand son attention se porta sur un nouveau message qui comprima davantage sa poitrine.
💬 De Jimin – 23:57
Bon, je n'arriverai pas à dormir sans avoir dit ce que j'ai sur le cœur, alors contrairement à toi, je vais le faire. Je ne suis pas blessé parce que tu n'as pas répondu, je suis surtout déçu que tu aies préféré le silence plutôt que de te confier à moi. C'était ça notre problème... et visiblement c'est encore le cas.
💬 De Jimin – 23:58
Bref... tu es libre de faire tes choix, je ne vais plus insister. Je te souhaite une bonne nuit et pour ce que ça vaut, sache que malgré tout ce qui s'est passé, tu me manques.
💬 À Jimin – 23:59
Je te promets de tout t'expliquer quand tu rentreras, mais pour le moment, les horreurs de Busan ne doivent pas venir entacher ta vie. Je suis réellement et profondément désolé pour mon comportement. Tu me manques aussi. Bonne nuit microbe.
Comme il le pensait, Jungkook n'eut aucune réponse à son message. Ce n'était ni bon ni mauvais signe. Ils s'étaient dit ce qui n'allait pas, ils avaient communiqué et c'était tout ce qui comptait.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le dernier mois de l'année était enfin là et avait ramené avec lui les rares flocons de neige qui recouvraient graduellement, mais sûrement, les rues de Busan. L'atmosphère entre les anciens amants était redevenue plus calme, plus amicale et douce. Les deux hommes discutaient tous les jours par message, mais aussi en appel.
Ce vendredi, Hee-sun n'avait pas de cours à donner, elle était donc restée chez elle en compagnie de son fils qui avait posé sa journée. Depuis quelques jours, une décision importante mûrissait dans son esprit et il était temps que Jimin en discute avec sa mère.
— Maman ? appela le médium en arrivant au rez-de-chaussée.
— Je suis dans la cuisine ! répondit celle-ci d'une voix plus forte.
En traînant des pieds, le blond alla rejoindre sa génitrice qui s'attelait à la préparation d'une pâtisserie quelconque.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il en s'approchant d'elle.
— Ta tarte préférée, annonça Hee-sun avec douceur.
— Merci, fit le médium, les joues rougies.
En se servant un café, Jimin tentait de trouver un moyen d'engager la conversation, puis sans trouver les bons mots, il décida de s'exprimer sans détours.
— Je voulais te parler de quelque chose, commença le blond en sautant sur le plan de travail, balançant ses jambes dans le vide.
— Je t'écoute, l'encouragea sa mère en versant le chocolat dans la pâte qu'elle venait de sortir du four.
— J'ai beaucoup réfléchi et je me sens prêt à retourner à Busan.
En entendant cela, Hee-sun s'immobilisa quelques secondes avant de poser ce qu'elle tenait dans ses mains et de se tourner vers son fils. Jimin était incapable de déchiffrer les émotions qu'il voyait dans ces yeux semblables aux siens
— Tu es sûr ?
— Oui. J'y réfléchis depuis plusieurs jours, je pense que c'est le moment.
— Et ces hommes qui t'ont enlevé, tu y penses ? La police ne les a toujours pas arrêtés, répliqua-t-elle, la voix tremblante d'inquiétude.
— Tu sais, s'ils décident de me tuer, ils le feront, que je sois ici ou à Busan.
— Je sais, mais ici, je peux avoir un œil sur toi et m'assurer que tu vas bien.
— Je te remercie de t'inquiéter pour moi maman, mais j'irai encore mieux quand je serai rentré à la maison et que j'aurai repris ma vie, argumenta le médium.
— C'est à cause de Jungkook ? demanda Hee-sun d'un air plus sérieux. Je sais que vous vous reparlez, je t'ai entendu hier.
— Ce n'est pas à cause de Jungkook, mais il est l'une des raisons, oui, affirma Jimin d'une voix calme. Écoute, grâce à toi et à Minkyun, j'ai pu récupérer après mon enlèvement et pour ça, je vous en serai éternellement reconnaissant, mais j'ai envie de retrouver ma vie. Mes amis me manquent énormément. J'aime bien Jeju, j'aime cette maison et je vous adore, oui, même Hyun-su, ricana le blond, entraînant sa génitrice avec lui. En revanche, tout ça ce n'est pas moi. Ça te convient à toi, et je suis heureux que tu sois enfin épanouie avec un homme qui t'aime réellement, mais j'ai besoin de reprendre le cours de ma vie. Je ne vais pas laisser ceux qui m'ont pris mon meilleur ami, prendre aussi ma liberté. Mon travail me plaisait énormément, j'étais utile là-bas et puis, même si rien n'est encore sûr, je veux aussi tenter de récupérer mon petit ami.
Hee-sun resta muette quelques instants, son regard rivé sur les lamelles de poires qu'elle disposait délicatement sur le chocolat fondu. Même si elle ne regardait pas son fils, ce dernier pouvait voir les larmes qui floutaient sa vue avant que l'une d'elle ne s'écrase sur le revers de sa main.
— Maman, regarde-moi, murmura-t-il en descendant de son perchoir.
Avec prudence, il s'approcha de la brune qui l'avait mise au monde et posa sa paume contre le haut son dos. Cette dernière cessa tout mouvement et pivota vers lui, levant la tête pour croiser ses iris aussi sombres que les siens. En voyant la peine qu'il provoquait, Jimin sentit sa poitrine se serrer brusquement. Son intention n'était pas de la faire souffrir, d'aucune façon, il souhaitait simplement rentrer chez lui. Pourtant, une part de lui était heureuse de voir l'amour qu'elle lui portait.
Sans un mot, il l'attira dans ses bras, l'enlaçant tendrement. Hee-sun, qui était plus petite que lui, entoura sa taille fine de ses bras et inspira son odeur sucrée qui n'avait pas changé depuis sa venue au monde. Elle se rappelait le nombre de fois où elle avait remarqué à quel point son petit garçon sentait bon. Ce même petit garçon qu'elle n'avait pas vu grandir par sa propre faute et qui maintenant partait de nouveau loin d'elle.
— Ce n'est pas parce que je retourne à Busan qu'on va arrêter de se parler, tu sais. Je suis désolé de me comporter comme un petit con parfois, mais je t'aime maman et ce n'est pas quelques kilomètres qui vont changer ça.
— Je n'avais jamais de tes nouvelles quand tu étais là-bas, sanglota madame Park.
— Je sais, je suis désolé. Je te promets de t'appeler plus souvent et d'être prudent. Je ne veux pas que tu passes tes journées à t'inquiéter pour moi.
— J'ai conscience que j'ai encore beaucoup d'années à rattraper et beaucoup à me faire pardonner, mais je suis ta mère, je m'inquiéterai toujours pour toi.
Jimin se recula pour ancrer ses prunelles dans celles de sa génitrice et lui offrit un sourire rassurant en venant sécher ses joues avec ses pouces.
— Arrête de ressasser le passé, fit-il en venant déposer un baiser sur son front avant de l'enlacer à nouveau. Il n'y a plus rien à pardonner.
Hee-sun resserra sa prise autour de la taille de son enfant et laissa échapper un souffle tremblant. La culpabilité qui pesait sur elle ne disparaîtrait pas du jour au lendemain. Les paroles pleines de colère et de souffrances que son fils avait hurlées lors de leur retrouvaille au poste de police continuaient de hanter ses nuits, et ce serait probablement le cas jusqu'à la fin de ses jours. Cependant, elle s'était promis de devenir une bonne mère pour lui, de le protéger au péril de sa vie s'il le fallait, mais à présent, elle devait encore le laisser partir.
— Quand est-ce que tu t'en vas ? demanda-t-elle en relevant la tête vers son fils.
— J'ai un vol demain en début d'après-midi.
— Et pour ton travail avec Kyun ?
— Je lui en ai parlé, il a dit que cela ne lui posait pas de problème, expliqua Jimin.
— D'accord, répondit simplement Hee-sun avant de se reculer. Bon, cette tarte ne va pas se préparer toute seule.
Le médium se mit à sourire face à cette tentative subtile de changer de sujet, cependant, il acquiesça. Désireux de rester à ses côtés, le blond lui proposa son aide pour le reste de la préparation et la mère de famille accepta, profitant des derniers instants avec son garçon.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le soleil s'était couché sur Jeju, emportant avec lui le dernier jour de la semaine. Après le dîner, Jimin avait acheté son billet d'avion en ligne, puis il avait décidé d'appeler Taehyung pour l'informer de cette nouvelle.
— Allô, répondit le policier.
— Salut Tae, c'est moi, Jimin.
— Je sais que c'est toi, petite tête ! Comment tu vas ? demanda Taehyung.
— Je vais bien, merci, et toi ?
— Ça va aussi.
— Je... je t'appelle pour te parler d'un truc.
— Vas-y, je t'écoute, l'encouragea son aîné.
— Je rentre à la maison, annonça le médium avec une pointe d'anxiété.
— C'est vrai ?! Quand ? s'enthousiasma Taehyung.
— Demain, mon avion décolle à quatorze heures.
— Ah.
Cette réponse était tout sauf ce que Jimin espérait. Elle n'était pas annonciatrice de bonnes nouvelles, ce qui ne fit qu'accroître l'angoisse qu'il ressentait déjà et qui avait totalement pris le dessus sur l'excitation de son retour.
— Ce n'est pas la réaction que j'attendais, plaisanta le médium, tentant de cacher la peine qui comprimait sa poitrine.
— Excuse-moi Min, je réfléchissais, expliqua Taehyung.
— À quoi ?
— Ce week-end c'est l'anniversaire de mon père, alors on part chez mes parents demain matin.
— Oh, je vois.
Déçu, voilà ce que Jimin était. En rentrant, il espérait voir ses amis, mais surtout le voir lui. Cependant, si Nam-kyun fêtait son anniversaire, il était persuadé que Jungkook aussi serait absent.
— Tu pourrais venir nous rejoindre ? Je suis sûr que mes parents seront heureux de te voir, proposa le policier.
— Oh non Tae, je ne veux pas m'imposer chez tes parents sans y être invité. En plus, vous serez en famille.
— Tu fais partie de la famille Min, répondit immédiatement Taehyung d'une voix douce. Je vais appeler ma mère et je te tiens au courant. Ok ?
Assis en tailleur, Jimin tirait nerveusement sur les franges du coussin qu'il avait posé sur ses jambes. Il désirait revoir Jungkook, il le voulait vraiment, mais l'idée de se retrouver entouré des éventuels membres de la famille de Taehyung l'angoissait quelque peu.
— Je ne veux vraiment pas imposer ma présence.
— Arrête, je te dis qu'ils seront super heureux de te voir !
— Ok, souffla le médium. Tu me tiens au courant.
— Bien-sûr. J'ai hâte de te voir.
— Moi aussi, assura le plus jeune.
Le blond mit ensuite fin à la conversation et se laissa retomber sur le dos, soupirant longuement, son regard perdu sur le plafond. L'impatience qui le dévorait était lentement évincée par l'anxiété. Que se passerait-il à son retour ? Pourrait-il discuter avec Jungkook ? Ce dernier serait-il enclin à une éventuelle réconciliation ? Il n'aurait aucune réponse avant d'y être, alors il ferma les yeux, attendant un message qui ne lui parvint que bien des heures plus tard.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Jimin fut réveillé aux aurores par des pensées qui parasitaient son sommeil. Avant qu'il ne s'endorme, Taehyung avait donné de ses nouvelles, changeant ainsi ses plans. La journée allait être longue pour lui. Ce matin, il devait se rendre à l'aéroport, trouver un cadeau en urgence, monter à bord de l'avion, puis une fois arrivé, il allait traverser Busan et prendre le train jusqu'à la campagne. Il avait refusé que son aîné vienne le chercher à la gare alors, après tout ce périple, il prendra un taxi jusqu'à l'adresse que son ami lui avait donnée.
Après avoir fini sa valise, le blond s'était attelé à débarrasser sa chambre afin de la laisser tel qu'il l'avait trouvée, puis le moment des adieux était arrivé. Seul Minkyun et sa mère l'accompagneraient à l'aéroport, il devait donc dire au revoir à Su-hyung et Hyun-su.
La jeune femme n'avait cessé de pleurer depuis qu'il lui avait annoncé son départ. Ces semaines passées ensemble avaient vraisemblablement créé des liens bien plus forts qu'il ne le pensait. Son sac et sa valise en main, Jimin descendit au rez-de-chaussée et y trouva son demi-frère, affalé sur le canapé aux côtés de la jolie brune.
— Tu as toutes tes affaires ? questionna Minkyun.
Su-hyun se redressa brusquement avant de se mettre debout et de parcourir la distance qui la séparait de son aîné pour se jeter à son cou.
— Pourquoi tu t'en vas ? sanglota cette dernière.
— Tu sais bien que ma présence ici était temporaire, répondit Jimin en l'enlaçant à son tour. Je dois rentrer chez moi, mais tu pourras venir me rendre visite quand tu veux. On ira faire les boutiques ensemble.
— Fais gaffe à ce que tu dis, je vais te prendre au mot et je vais venir toquer à ta porte.
— Je suis sérieux, assura le médium.
Su-hyun resserra sa prise autour de ses épaules et hocha la tête en reniflant. Il était difficile aussi pour l'ancien consultant de s'en aller. En quelques semaines, il avait pris ses marques au sein de cette famille recomposée et contre toutes attentes, il avait appris à aimer chaque personne présente sous ce toit.
— Arrête de pleurer, tu vas lui mettre de la morve sur son haut, la taquina Hyun-su qui venait enfin de les rejoindre.
Un rire triste quitta la gorge de la brune tandis qu'elle se reculait enfin pour libérer ce garçon qu'elle appelait désormais son grand frère.
— À plus minipousse, fais gaffe à toi quand tu seras à Busan, fit le grand brun en tendant sa dextre vers son cadet.
Jimin lui offrit un sourire et la serra, respectant la barrière que ce dernier mettait entre eux. Si avec Su-hyun, le lien affectif avait été presque immédiat, celui que les deux hommes entretenaient était plus pudique. Toutefois, cela lui convenait.
— Ne t'en fais pas pour moi, assura le blond avec assurance. Passe me rendre visite à l'occasion.
— Ouais, on verra, répliqua Hyun-su, un sourire taquin sur les lèvres.
Le médium pouffa en hochant la tête, puis Minkyun vint mettre fin à leur échange, avisant son beau-fils que l'heure du départ était imminente. Ce fut alors avec nostalgie que Jimin quitta cette maison qui l'avait accueilli deux mois plus tôt, et monta à bord du véhicule de son beau-père, se préparant mentalement pour le trajet qui l'attendait. Dans quatre heures, il sera à Busan, et bientôt face à cet homme qui lui manquait tant.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
L'aéroport était définitivement l'endroit que Jimin détestait le plus au monde. Son humeur était mitigée, il était heureux d'être enfin de retour dans la ville qui l'avait vu naître, mais une part de lui ressentait déjà le manque de sa mère.
Son bonnet noir sur la tête et son masque chirurgical qui recouvrait la partie inférieure de son visage, le médium prenait soin d'éviter la foule oppressante, qui se dirigeait, elle aussi, vers la sortie. Alors qu'il s'apprêtait à quitter le bâtiment, une petite boutique attira son attention, plus précisément les objets exposés en vitrine. Il recherchait un cadeau pour Nam-kyun, et le journal en cuir ainsi que le porte plume qui étaient exposés sous ses yeux semblait parfait pour un romancier.
Le tour dans la boutique fut rapide. Son présent en main, Jimin sortit enfin de l'aéroport et fit signe au chauffeur de taxi qui accepta la course.
— Amenez-moi à la gare, s'il vous plaît, demanda le blond en attachant sa ceinture.
Le quarantenaire acquiesça et mit la première vitesse avant de prendre la direction de l'autoroute. Son téléphone en main, le médium ouvrit la conversation avec Taehyung et rédigea un message.
💬 À Taehyung– 15:36
Je suis dans le taxi, je quitte l'aéroport. J'ai trouvé un cadeau pour ton père, j'espère qu'il lui plaira.
💬 De Taehyung – 15:37
Merci pour lui Min, tu n'étais pas obligé. J'ai hâte que tu arrives. Sois prudent et aux moindres soucis, tu m'appelles ! À tout à l'heure.
Lui aussi avait hâte, une impatience qui lui arracha un large sourire tandis qu'il glissait ses écouteurs dans ses oreilles et se laissait bercer par Still Loving You de Scorpions.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Il était vingt heures quinze et l'ambiance dans la maison de campagne familiale était festive. Nam-kyun fêtait son cinquante-deuxième anniversaire et ce qui rendait ce jour encore plus spécial, c'était que pour la première fois depuis plusieurs années, l'écrivain avait ses deux fils à ses côtés.
Pendant que tout le monde discutait joyeusement dans le salon, Min-ji et ses deux garçons s'étaient retrouvés dans la cuisine. Muré dans un silence et cherchant surtout à échapper aux enfants de la cousine de Taehyung, Jungkook avait supplié sa mère de lui donner quelque chose à faire. Il avait donc la mission de séparer le kimchi dans plusieurs récipients et cela lui convenait parfaitement.
— Il est au courant ? questionna madame Kim dans un murmure, à l'attention de son fils aîné.
— Non, répondit Taehyung sur le même timbre de voix, ne voulant pas que son frère l'entende.
Le lieutenant n'avait pas informé Jungkook de l'arrivée de son ex petit-ami. Ce n'était pas un secret, cependant il tenait à ce que son frère ait la surprise. Il était persuadé que ce dernier serait heureux de le voir, leur relation s'était bien améliorée et il était ravi de cela.
— Tu penses que ça va lui faire plaisir ? demanda Min-ji.
— Oui, assura le châtain. Crois-moi, ils n'ont qu'une hâte, se r-
Le policier s'interrompit lorsque la sonnette retentit, résonnant entre les murs de la maison. Ce bruit soudain attira l'attention du roi de la fête qui venait d'entrer dans la cuisine.
— Chérie, nous attendons encore des invités ? demanda-t-il.
— Oui, sourit cette dernière avant de porter son regard sur son fils adoptif qui déposait délicatement les derniers morceaux de chou fermenté sur un plat en verre. Jungkook, mon ange, tu peux aller ouvrir ?
Le concerné tourna la tête vers sa mère, les sourcils froncés.
— Je suis un peu occupé là, fit-il avec un sourire forcé. Tae n'a qu'à y aller.
— Oh tiens, on m'appelle là-bas ! lança le concerné, un sourire amusé sur les lèvres.
Sans attendre une quelconque répartie de la part de son frère, le châtain quitta la pièce en sifflotant, récoltant un roulement d'yeux de la part du commandant.
— C'est bon, j'y vais, soupira Jungkook en se rinçant rapidement les mains avant de les essuyer sur le tablier qui protégeait sa chemise blanche et de le retirer.
D'un pas pressé, il sortit à son tour de la cuisine, traversa le salon en prenant soin d'éviter les garnements qui courraient partout avant d'enfin atteindre la porte d'entrée. Sans aucune attente particulière, le policier abaissa la poignée et tira le grand battant en bois sombre accueillant enfin leur dernier invité.
Stupéfait, sonné, abasourdi, voilà ce qu'était Jungkook lorsqu'il découvrit le visage de la personne qui se trouvait face à lui. Vêtu d'une chemise en velours noir ample dissimulée sous un trench de la même couleur ainsi qu'un pantalon en cuir droit, Park Jimin se tenait devant lui, un sac de sport dans une main et un petit sachet-cadeau noir scintillant dans l'autre. Un sourire timide sur les lèvres, il observait le visage de l'homme qui le recevait et le fixait incrédule.
— Salut, fit-il d'une voix prudente.
Cette voix si douce et légère qu'il n'avait pas entendue depuis des mois caressa ses tympans, réveilla un délicieux frisson le long de l'échine du brun. Il voulait lui répondre, cependant, aucun son ne quitta ses lèvres. Son cœur battait si fort dans sa poitrine, ses mains étaient si moites et tremblantes qu'il avait l'impression d'être un adolescent qui venait de perdre ses moyens. Pourquoi ne parlait-il pas ? Pourquoi était-il paralysé ?
Sur le pas de la porte, le médium supportait le vent froid qui fouettait son visage, son regard ancré dans ceux de son aîné qui restait muet. Était-il déçu de le voir ? Une chose était sûre, la surprise était notable sur son visage, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Durant ce moment de silence entre eux, le blond détailla les traits de son aîné. Ce dernier semblait en bonne santé, ses joues étaient bien remplies, son teint lisse et clair, mais ce qui attira son attention, ce fut le manque d'un petit anneau sur sa lèvre inférieure.
Jungkook était figé devant lui, contemplant ce visage rougi par la brise fraîche et sans défaut. Il lui avait tellement manqué et à présent, il était à quelques centimètres de lui. Depuis quand avait-il quitté Jeju ? Pourquoi était-il revenu à Busan ? Pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Et surtout que faisait-il ici ?
Le tatoué fut sorti de sa stupeur par la voix de son ancien petit ami.
— Je peux entrer ? questionna Jimin avec un petit rire nerveux.
— O-oui, pardon, bafouilla le plus vieux en se décalant pour le laisser entrer.
Le blond le remercia d'un sourire et pénétra enfin dans le sas d'entrée qui était à l'écart du salon où se trouvait le reste des convives. Derrière lui, Jungkook referma la porte et expira longuement pour tenter de calmer le tremblement de ses mains.
— Je... Je peux te débarrasser de tes affaires ? demanda le policier, les oreilles légèrement teintées.
— Merci, répondit le médium en posant son sac sur le sol avant de retirer son trench.
S'appliquant à éviter le regard sombre de son cadet, le tatoué suspendit le vêtement de la penderie et y rangea également le sac, réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Sa présence imprévue le laissait pantois et l'embarras qu'il ressentait était nouveau pour lui.
— Je suis content de te voir, fit Jimin avec un sourire.
— Moi aussi. Je ne m'y attendais pas, avoua Jungkook. Tu... es rentré depuis longtemps ?
— Je suis arrivé en début d'après-midi et je suis venu directement ici, expliqua le plus jeune.
Le policier hocha la tête et plus ils échangeaient, plus le brun se posait des questions. Comment avait-il su qu'ils étaient ici ? Ses parents étaient-ils au courant de leur venue ? Si cela avait été le cas, sa mère lui en aurait parlé.
— Comment tu as su qu'on était ici ? demanda-t-il, les mains dans les poches avant de son jean.
— C'est Tae qui me l'a dit. Je l'ai appelé pour lui dire que je rentrais et il m'a parlé de l'anniversaire de ton père.
— Oh, souffla le plus vieux en baissant les yeux.
Ils avaient échangé par message toute la semaine, ils s'étaient même appelés, pourtant, à aucun moment, il ne lui avait parlé d'un éventuel retour. Pourquoi ? S'était-il trompé ? Leur relation n'était-elle pas aussi bonne qu'il le pensait ?
— Tu aurais pu m'appeler, je serais venu te chercher à l'aéroport, fit le commandant, un sourire triste sur les lèvres.
— En fait, c'est... c'est un peu embarrassant, mais je voulais te faire la surprise, confessa le médium, les joues teintées d'un joli rose. Du coup... surprise.
Même s'il était heurté de ne pas avoir été mis au courant de son retour, le tatoué sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Gêné, il hocha simplement la tête, tentant de cacher les tics nerveux qui gagnaient du terrain.
— Viens, les autres invités sont dans le salon, fit-il pour mettre fin à ce moment embarrassant pour lui.
Jimin acquiesça et suivit son aîné à travers le hall pour arriver enfin dans la grande pièce de vie. Les convives qui discutaient joyeusement se turent lorsque leur attention se porta sur le jeune homme à la chevelure dorée qui venait d'arriver.
La première personne qui vint les rejoindre fut Taehyung qui arborait un large sourire. Sans un mot, il attira le médium jusqu'à lui en l'enlaçant, faisant rire son cadet qui était plus qu'heureux de le retrouver.
— Salut petite tête, fit le châtain en se reculant. Je suis heureux de te voir.
Le blond s'apprêtait à répondre lorsqu'une tornade brune se jeta à son cou.
— Mais qu'est-ce que tu fais là ? s'exclama Lilith après avoir mis fin à leur étreinte.
— Je viens de rentrer et je voulais vous voir, répondit Jimin avec le sourire.
La jolie brune souriait de toutes ses dents, ravie de revoir son ami qui lui avait tant manqué. Ce fut ensuite Min-ji qui vint le saluer et le jeune médium en profita pour la remercier de l'accueillir pour le week-end. Il put enfin s'adresser à Nam-kyun qui l'enlaça rapidement avant de s'écarter, l'air joyeux.
— Bonsoir monsieur Kim, je vous souhaite un très bon anniversaire.
— Oh, merci mon garçon, je suis ravi de te voir ! C'est une très belle surprise !
— Remerciez votre épouse et Taehyung, ce sont eux qui m'ont invité, lui sourit Jimin avant de lui tendre le petit paquet. Tenez, c'est pour vous, j'espère que cela vous plaira.
— Merci beaucoup, tu n'étais pas obligé.
— J'y tenais, ce n'est pas grand-chose, mais je voulais tout de même marquer le coup.
Nam-kyun hocha la tête sans perdre son sourire puis secoua le paquet, tentant de deviner sa contenance. Ce geste fit rire son épouse et ses fils qui n'avaient pas l'habitude de le voir si enjoué.
— Papa, arrête de secouer ce pauvre cadeau. Tu l'ouvriras plus tard, gloussa Taehyung avant de se tourner vers son cadet. Viens Jimin, je vais te présenter au reste de la famille.
Ce dernier hocha la tête, puis s'inclina profondément devant ses hôtes avant de suivre son aîné vers le salon. En retrait, Jungkook l'observait, le cœur battant à vive allure et les mains moites.
— Tu savais qu'il viendrait ? demanda-t-il à l'attention de sa mère.
— Évidemment, ton frère ne l'aurait pas invité sans ma permission, répondit-elle. Pourquoi, mon ange ? Ça ne te fait pas plaisir de le voir ?
— Si ! Bien-sûr que si, mais j'aurais préféré le savoir, histoire de me préparer.
— Te préparer à quoi ?
— Je sais pas moi, souffla le commandant embarrassé. Ça fait deux mois qu'on s'est pas vu. J'aurais voulu le savoir pour avoir le temps de réfléchir à ce que je vais lui dire.
Min-ji afficha un sourire fier et attendri, tout en comblant le peu d'espace qui les séparait. Avec douceur, elle arrangea le col de sa chemise et tapota son pectoral droit avant de poser sa paume juste au-dessus de son cœur.
— Et si tu le laissais parler ? proposa-t-elle en faisant référence à son organe vital. Crois-moi, si Jimin a fait autant de chemin pour te voir, ce n'est pas pour te demander d'être seulement son ami. Tu dois juste respirer profondément et laisser parler ton amour pour lui. D'accord ?
Peu sûr de lui, Jungkook hocha tout de même la tête, ce qui ravit sa mère. Cette dernière prit son visage en coupe et se hissa sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue droite en signe de réconfort.
— Je te l'ai déjà dit, mais je te le répète encore. Je suis fier de toi mon ange, et de tout ce que tu as accompli jusqu'à aujourd'hui, mais surtout, je suis fier d'être ta maman. Je vois bien que tu es différent ces dernières semaines et si un jour, tu souhaites me parler de ce qui a déclenché ça, je serai ravi de l'entendre. En attendant, je veux que tu fasse tout ce qui te rend heureux, et tu vas commencer par récupérer l'homme que tu aimes. Ce soir, c'est le moment parfait, alors haut les cœurs et fonce.
Le brun écoutait les paroles de la femme qui l'avait élevé et malgré lui, il sentit ses yeux s'inonder de larmes et sa gorge se nouer. Il se savait si chanceux d'être aimé et choyé par ces parents adoptifs, qu'il avait du mal à contenir ses émotions.
— Merci maman, murmura-t-il en chassant du revers de sa main l'unique larme qu'il s'était autorisé à verser.
En voyant ses joues rougies et ses yeux larmoyants, Min-ji l'enlaça tendrement en caressant son dos. Ils restèrent ainsi quelques secondes jusqu'à ce que Jungkook ne rompe le contact en reniflant légèrement.
— Allez, va fumer une cigarette, et quand tu te sentiras mieux, rejoins-nous.
— D'accord, acquiesça le tatoué. Si jamais il...
— Ne t'en fais pas, je lui dirai que tu es sorti faire une course, le rassura madame Kim, comprenant facilement ce que son garçon tentait de lui dire.
Le commandant Jeon hocha la tête avec un sourire gratifiant, puis il prit sa veste et son bonnet et quitta la maison dans l'intention de se rafraîchir et surtout, penser à ce qu'il allait bien pouvoir dire à Jimin. Ce soir, il comptait jouer sa dernière carte et tenter de recoller les morceaux avec l'homme qu'il n'avait jamais cessé d'aimer.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le dîner se déroulait dans la bonne humeur. Jimin avait fait la connaissance d'une bonne partie de la famille de Min-ji et Nam-kyun, et celle-ci l'avait accueilli avec gentillesse et bienveillance. Tous sauf une, madame Beak Eun-bi, la grande tante de Taehyung, une femme des plus aigries et détestables.
Lors de son retour, Jungkook avait fini d'aider sa mère avec les derniers détails, puis toutes les personnes présentes s'étaient installées autour des deux tables qui avaient été alignées pour n'en faire qu'une. S'étant absenté pour aller se soulager, Jimin n'eut pas réellement le choix pour sa place. Taehyung ayant décidé de jouer les cupidons, avait troqué sa place à droite de son frère contre celle de sa tante, se retrouvant ainsi aux côtés de son père.
Ce fut donc grâce à ce petit stratagème que le médium se trouva assis entre Lilith et Jungkook à qui il n'avait pas réellement adressé la parole depuis son arrivée.
Au cours du repas, les discussions allaient bon train jusqu'à ce que la doyenne ne prenne la parole, attirant l'attention sur les futurs jeunes parents.
— Alors, avez-vous posé une date pour le mariage ?
— Pas encore, répondit Taehyung avant que sa fiancée ne prenne la parole à son tour.
— Nous allons très certainement attendre la naissance des jumeaux pour célébrer nos vœux.
— Pourquoi attendre ? demanda Eun-bi avec mépris.
— Je ne souhaite pas me marier en étant enceinte, expliqua Lilith sans perdre son sourire malgré la condescendance présente dans le ton de sa voix.
— Et pourtant, ce serait la suite logique, enfin, si logique il y a, pouffa amèrement la doyenne.
Jungkook, ainsi que le reste des invités, assistaient à cet échange. Même si les autres restaient silencieux et indifférents au ton de l'aînée de la famille, le commandant, lui, n'appréciait guère la manière dont elle s'adressait à son frère et à son amie. La relation qu'il entretenait avec sa grande tante adoptive était des plus mauvaises, rendant leurs échanges le plus souvent électriques, et ce soir, cela n'allait pas faire exception.
— Nous souhaitons que nos enfants assistent au mariage, ajouta le lieutenant en posant une main rassurante sur la cuisse de sa bien-aimée.
— De mon temps, on se mariait d'abord et on copulait après, s'indigna la vieille femme. Les valeurs se perdent de nos jours, les jeunes font n'importe quoi.
— De votre temps ? Donc il y a plus d'un siècle, c'est ça ? lança Jungkook en prenant une gorgée de sa bière.
Sa voix interpella ses parents ainsi que son frère, mais surtout, pour la première fois depuis le début du repas, Jimin posa son regard sur lui, incapable de retenir un léger sourire. Lui non plus n'était pas un grand fan de cette femme aux cheveux blancs qui semblait si étriquée d'esprit.
— Jungkook, s'il te plaît, le réprimanda doucement sa mère.
— Quoi, je n'ai rien dit de mal, se défendit le concerné, une moue enfantine sur les lèvres.
— Laisse, mon enfant, fit Eun-bi, un sourire dédaigneux sur le visage, tandis que ses yeux sombres ne quittaient pas le garçon à la chevelure d'ébène. Je ne vois pas en quoi cette conversation te regarde.
— Ça me regarde à partir du moment où vous vous en prenez à mon frère et ses choix, répliqua le tatoué, son regard ancré dans celui de son aînée.
Le silence autour d'eux se fit plus assourdissant, plus lourd. Les invités assis autour de la table avaient cessé de respirer, attendant que cet échange ne prenne fin.
— Ton frère ? ricana amèrement la doyenne. Excuse-moi mon garçon, mais ici, tu n'as aucun frère. Ma nièce t'a peut-être recueillie, mais tu n'as pas son sang. Tu devrais garder tes leçons de morale pour toi. Tu n'es pas un exemple de vertu à suivre quand on sait que tu forniques avec n'importe qui, homme ou femme.
Eh voilà, il était là, l'argument que cette vieille femme aigrie par la vie crachait à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Par le passé, ces paroles avaient heurté Jungkook, mais dorénavant, ce n'était plus le cas. Taehyung était son frère, Min-ji et Nam-kyun étaient ses parents, rien ni personne ne pourrait changer cela.
— Allez mamie, changez de refrain, vous me l'avez déjà dite des centaines de fois celle-là. Je commence à m'en lasser, vous savez, répliqua Jungkook, un sourire provocateur sur les lèvres.
Min-ji était sur le point d'intervenir pour mettre fin à cette dispute qu'elle jugeait ridicule, mais sa tante leva sa main, lui signifiant de se taire et de ne pas intervenir. Le commandant offrit un sourire rassurant et rempli de douceur à sa mère, lui faisant comprendre qu'elle n'avait pas à s'en faire, puis reporta son attention sur son adversaire, qui sans le savoir, pimentait cette soirée bien trop calme.
— Tu es une honte pour la famille Kim, Jeon Jungkook, sache-le. Je me demande bien ce que penserait ta pauvre mère du comportement dépravé de son unique fils.
Assis près de son ex petit ami, Jimin put sentir les muscles de celui-ci se crisper lorsque la doyenne cracha ces paroles débordantes de mépris et de méchancetés. Lorsqu'il leva les yeux vers son profil, il vit sa mâchoire se contracter et comprit que cette fois, ces mots l'avaient atteint. Connaissant le caractère explosif et la répartie de maître qu'il détenait, son instinct prit le dessus. Alors que Jungkook s'arrêtait à répliquer de la plus virulente des façons, le médium posa, sans réfléchir, sa main sur sa cuisse, lui coupant l'herbe sous le pied.
Surpris, Jungkook baissa les yeux sur sa jambe, observant ce toucher, cette paume et ce pouce caressait tendrement sa peau à travers son jean. Ce contact était si doux, si rassurant et si inattendu qu'un frisson traversa son échine alors qu'une délicieuse chaleur se rependit dans sa poitrine.
— Ça suffit, intervint finalement Min-ji d'une voix calme, mais autoritaire, ne supportant plus les attaques gratuites de la doyenne à l'encontre son enfant. Ma tante, je vous demande de ne plus jamais dire ce genre de choses. Jungkook est mon fils que vous le vouliez ou non et il n'est pas une honte, bien au contraire. Son père et moi sommes très fiers de lui, tout comme nous le sommes de Taehyung.
— C'est bon maman, ne te fatigue pas, fit Jungkook, un sourire arrogant sur les lèvres, tandis que sa main vint saisir celle de Jimin et entrelacer leurs doigts. Vu comment elle est coincée, ça doit faire un moment qu'elle n'a pas vu le petit oiseau.
La concernée par cette réplique ouvrit la bouche, indignée par les sous-entendus de son cadet, tandis qu'autour de la grande table, tous les convives tentaient de retenir un rire sans y parvenir. Fier d'avoir eu le dernier mot, Jungkook afficha un large sourire insolent et s'adossa contre le dossier de sa chaise, les doigts de son ancien amant toujours entrelacés aux siens.
Au cours de la soirée, leurs échanges n'avaient pas été nombreux, cependant, leur corps se comprenait toujours et ce contact était si naturel qu'ils ne voulaient pas y renoncer. Les caresses n'avaient pas besoin de mots, le toucher d'explication et à cet instant, c'était tout ce qu'ils nécessitaient avant de devoir enfin décider de leur avenir.
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