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Chapitre 84

Le rejet, une rupture, la souffrance que cela provoquait, tout ça, Jungkook l'avait déjà vécu. Il avait déjà ressenti toutes ces choses une fois, et cette nuit-là, il avait cru mourir, mais ce n'était rien comparé à ce qu'il éprouvait à cet instant. Face à Jimin, il se sentait plus vulnérable que jamais. Les mots qui faisaient vibrer ses cordes vocales étaient semblables à des balles qui traversaient sa poitrine. Sans aucun gilet par-balle, il encaissait chaque tir qu'il avait mérité sans broncher, mais la douleur qu'ils provoquaient était visible sur son visage.

Rentre chez toi Jungkook, exigea de nouveau Jimin en essuyant les larmes sur ses joues.

Ok, souffla le brun.

Cela ne servait à rien d'insister. S'il refusait de lui parler, il ne pouvait pas le forcer, il ne le ferait jamais. Même si son âme était en morceaux, il devait accepter que son erreur lui avait coûté son amour.

Je vais m-

Sa phrase fût écourtée par un petit coup à la porte. Les deux hommes furent pris de court par cette visite inattendue, mais aucun d'eux ne réagit. Leurs prunelles aimantées, ils étaient incapables de se quitter, et ce, même si les lèvres du plus jeune disaient totalement l'opposé.

Sans attendre l'aval de l'occupant de la chambre, la porte s'ouvrit et une voix qu'ils reconnurent immédiatement résonna dans la pièce.

Jimin ?

En entendant son prénom, le blond sursauta et essuya rapidement ses joues tout en prenant de grandes inspirations pour calmer les sanglots qui lui prenaient la gorge.

Oui, entre, fit-il en tentant de garder un ton assuré.

La tête châtaigne du lieutenant apparut enfin, mais il se figea lorsqu'il remarqua la présence de son frère.

Désolé, je ne savais pas que tu avais de la visite, lança Taehyung, ses iris voyageant entre les deux hommes. Maman m'a dit que tu étais parti il y a plus d'une heure, ajouta ce dernier à l'attention de son meilleur ami.

Derrière lui, sur le pas de la porte, Lilith attendait avec un bouquet de fleurs à la main et encore derrière elle, Rose et Lian patientaient également dans le couloir. Même s'ils n'étaient pas encore entrés, ils pouvaient sentir l'ambiance pesante qui régnait dans la chambre.

On repassera plus tard, reprit le lieutenant en comprenant qu'ils avaient interrompu quelque chose.

Non, c'est bon, lança Jimin, ses yeux verrouillés dans ceux de son ex-petit ami. Jungkook était sur le point de partir.

Surpris par la froideur des paroles de son cadet, le châtain posa de nouveau son attention sur son frère et remarqua enfin ses yeux larmoyants qui ne quittaient pas le garçon qu'il aimait.

Kook ? murmura-t-il.

En silence, le brun baissa la tête tout en enfilant sa casquette et pivota vers la sortie. Sans dire un mot ni même accorder un seul regard à ses amis, Jungkook exauça enfin le souhait de Jimin et partit sans se retourner.

Dans le couloir, Rose observa son ami s'en aller. Elle ne comptait pas l'interpeller, mais lorsqu'elle remarqua la larme sur sa joue, elle ne put s'empêcher de le suivre.

Eh Kook, appela cette dernière en trottinant pour le rattraper.

Quand elle fut assez près pour le toucher, la rouquine tendit la main pour attraper son poignet, mais Jungkook leva ses deux bras en pivotant vers elle. Son regard embué par les perles salées, l'implorait de le laisser seul, de ne pas le toucher, alors Rose se résigna.

Parle-moi, fit-elle d'une voix douce.

Bougeant négativement la tête, le brun tourna les talons et reprit sa marche rapide jusqu'à l'ascenseur dans lequel il disparut.

Bébé, intervint une voix derrière elle.

Rose fit volte face vers son amant qui venait de la rejoindre, le visage barré par l'inquiétude.

Ça va ? demanda-t-il en notant la peine sur son visage de poupée.

Oui, mais lui non.

Jimin aussi pleurait, annonça Lian.

Tu penses qu'ils vont s'en remettre ? questionna la jolie rousse en plongeant ses orbes verts dans ceux de son amant.

On dit souvent que l'amour triomphe toujours. S'ils s'aiment réellement, ils surmonteront ça. S'ils n'y arrivent pas, alors c'est qu'ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre.

Attristée par la situation de ses deux amis, Rose s'approcha de son petit ami qui la prit dans ses bras et déposa un baiser sur sa tempe.

Allez viens, allons voir Jimin, fit Lian en caressant l'arrière de sa tête.

La jeune femme hocha la tête et prit la main de son amant dans la sienne, puis ils partirent en direction de la chambre trois cent treize.

✺✺✺

À quelques pas de là, Taehyung se réjouissait de pouvoir enlacer son protégé pour qui il s'était tant inquiété. Il laissa ensuite place à sa fiancée qui parvenait difficilement à retenir ses larmes de joie.

Tu m'as tellement manqué petit cœur, j'étais si inquiète, sanglota cette dernière en venant le prendre délicatement dans ses bras.

Je vais bien, ne t'en fais pas, assura Jimin, la gorge nouée par l'émotion. Merci pour les fleurs, ajouta ce dernier lorsque la jeune femme se recula.

Les chambres d'hôpital sont si moroses, je me suis dit qu'un peu de couleur ne lui ferait pas de mal, expliqua la psychiatre en donnant le vase à son amant.

Celui-ci comprit sa demande silencieuse et entra dans la salle de bain pour le remplir d'eau. Une fois le bouquet dans le récipient en verre, Lilith le posa sur la table de chevet et prit place sur le rebord du matelas, près de son cadet.

La jeune femme avait toujours eu cet instinct maternel envers lui. Sans pouvoir se l'expliquer, elle avait toujours ressenti un profond amour pour ce garçon qui avait été brisé par la vie. Est-ce que sa grossesse était la cause de ce sentiment ?

Alors, comment tu te sens ? demanda-t-elle en caressant doucement sa main.

Ça va, répondit Jimin, embarrassé par toute cette attention.

Et la vérité ? intervint Taehyung, les bras croisés contre sa poitrine.

Au même moment, la porte de la chambre s'ouvrit sur une chevelure de feu et son compagnon qui était sur ses talons. Quand la jeune femme posa son regard émeraude sur son ami, elle ne put, elle aussi, contenir ses émotions. Sans dire un mot, elle s'approcha de lui et l'enlaça, le faisant gémir de douleur avant qu'un rire attendri ne quitte ses cordes vocales.

Rose, doucement, fit Taehyung.

Désolée, répondit cette dernière gênée.

Allez bébé, pousse-toi, ricana Lian, désireux de venir lui aussi le saluer.

La jeune femme s'exécuta et le brun fit comme ses amis avant de se reculer afin de lui laisser de l'espace.

L'ambiance dans la chambre était étrange. Elle n'était pas gênante, mais elle n'était pas non plus agréable pour le médium. Jimin se sentait oppressé par toute l'attention qu'on lui portait. Depuis son réveil, les situations angoissantes et stressantes se succédaient, et le conflit avec Jungkook avait épuisé une bonne partie de son énergie, rendant ses réactions émotionnelles presque imprévisibles.

Vous n'étiez pas obligé de venir, parla enfin le plus jeune.

Tu plaisantes, on avait hâte de te voir, lança Lian avec un sourire.

Lim a dit qu'il passerait dans la journée, il a quelques détails à régler.

Des détails ? demanda Jimin, intrigué. Quels détails ?

Le châtain mordilla nerveusement l'intérieur de ses joues, se maudissant d'en avoir trop dit. Jungkook leur avait donné une consigne et une seule, Jimin ne devait être mis au courant de rien concernant leur enquête. Il ne voulait pas que ce dernier s'angoisse avec ce genre de chose, il avait besoin de calme et de repos, son rétablissement était sa priorité.

Tae ? Quels détails ?

Ce n'est pas important Min. Ce qui compte, c'est que tu te rétablisses, intervint Lilith avec douceur.

Le blond s'apprêtait à insister, mais en repensant à tous ce qu'il avait déjà subi depuis son réveil, il se résigna et soupira. Tout ça était trop soudain, il avait besoin de calme et de repos s'il voulait se remettre, et s'en aller une bonne fois pour toute de cette ville.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Les retrouvailles du petit groupe avaient duré une bonne heure jusqu'à ce que Rose et Lian ne soient rappelés au poste. Après des rapides au revoir et une promesse de revenir le voir, le couple s'en alla, laissant Jimin seul avec Taehyung et la jeune psychiatre.

Les yeux rivés sur sa fenêtre, son esprit parasité par des milliers de questions et de mauvais souvenirs, Jimin était devenu très silencieux. Il avait perdu son sourire qu'il était parvenu à trouver grâce à ses amis, mais à présent que le calme était revenu, il ne pouvait pas empêcher sa peine de refaire surface.

Petit cœur, est-ce que tu veux nous parler de ce qui ne va pas ? tenta Lilith.

Le blond posa lentement ses yeux sur son joli visage et ces derniers descendirent sur son ventre rond, joliment mis en valeur par une longue robe en laine rose pâle qu'elle portait. Pourquoi n'avait-il pas remarqué ce détail avant ? Il était tellement obnubilé par sa relation avec Jungkook et son enquête qu'il en avait oublié son entourage.

Jimin, intervint Taehyung en attirant l'attention du concerné. Qu'est-ce qui s'est passé avec mon frère ? demanda-t-il en sachant pertinemment quelle était la cause de sa tristesse.

C'est fini avec Jungkook, fit simplement le plus jeune en baissant les yeux. Tout est terminé, que ce soit notre relation ou mon enquête.

Le lieutenant se sentit désolé pour son ami. Il savait à quel point cette affaire comptait pour lui. Il était au courant que c'était le seul moyen pour que son meilleur ami ne trouve la paix, et s'il le voulait, il pouvait lui dire que Jungkook avait gardé une copie des dossiers, mais il ne fit rien. Son frère lui avait fait promettre de garder le secret jusqu'à ce que les choses se tassent et qu'il soit sûr que Jimin était en sécurité. Même si c'était difficile de voir son protégé si triste, il devait respecter ses engagements.

Consciente que son cadet serait plus à l'aise avec son fiancé, Lilith se leva et commença à vêtir son long trench beige.

Je vais vous laisser discuter, fit-elle avec un sourire bienveillant.

Non, je... je suis désolé. Tu n'es pas obligée de t'en aller, répondit Jimin, paniqué à l'idée d'avoir peut-être blessé son amie.

Ne t'en fais pas. Je dois aller passer quelques coups de fils et je vais en profiter pour aller me chercher une tisane, déclara la jolie brune en venant embrasser son cadet sur le front. Repose-toi surtout, je reviendrai te voir demain si tu veux bien.

Oui, avec plaisir, accepta le plus jeune.

Parfait, lui sourit Lilith avant de s'approcher de son amant. Je t'attends à la cafétéria.

Ok, j'arrive dans quelques minutes, répondit Taehyung.

Pour lui répondre, la psychiatre déposa un baiser sur sa joue puis offrit un dernier sourire à Jimin avant de quitter la pièce, laissant les deux hommes, seuls.

Bon, il n'y a plus que toi et moi. Tu veux bien me dire ce qui se passe dans ta petite tête ?

Comme à chaque fois qu'il devait parler de ses sentiments, la timidité du médium prenait le dessus et il s'enfermait dans un mutisme. Il n'avait pas envie de parler de Jungkook, le faire ne rendait les choses que plus réelles et il ne voulait pas de cela.

Min, j'ai vu ta lettre, tu sais, commença le policier en prenant place sur le bord du matelas. Le lendemain, je suis passé à la maison, et j'ai trouvé l'enveloppe que tu m'avais laissée. Quand j'ai lu les mots que tu as écris, j'ai eu l'impression qu'on venait de me prendre quelque chose. J'ai eu la sensation d'avoir échoué et d'avoir perdu mon petit frère.

Non tu-

J'ai échoué Jimin, martelat Taehyung avec un sourire triste. Quand je t'ai sorti de cet asile, je t'ai promis de prendre soin de toi, de te protéger et j'ai échoué. J'ai été absent et même si je sais que tu ne m'en veux pas, moi, je m'en veux. Si j'avais été plus présent, plus attentif et moins inflexible, peut-être que tu te serais senti en confiance pour appeler quand tu as décidé de partir.

Non, Tae s'il te plaît, si je t'ai laissé cette lettre, ce n'était pas pour que tu te sentes coupable, fit Jimin en couvant son ami d'un regard compatissant. Je... je devais m'en aller, c'était la demande de Jungkook et je l'ai respecté parce que je n'étais pas chez moi.

Non, tu ne peux pas dire ça. C'est aussi chez toi, ça l'est devenu le jour où tu as emménagé.

Non Tae, souffla Jimin, un sourire attristé sur les lèvres. On a toujours su que c'était provisoire. À un moment ou un autre, on savait bien que je finirais par m'en aller. C'est simplement arrivé plus tôt que prévu.

Le lieutenant soupira et baissa les yeux sur ses mains. Cette situation le peinait réellement. Il avait l'impression que maintenant que la relation de ses deux amis était terminée, plus rien ne serait pareil et que leur trio venait de partir en fumée.

Pourquoi tu n'as pas téléphoné ? demanda soudainement le policier. J'aurais pu venir te chercher, alors pourquoi tu ne m'as pas appelé ? Où même appelé Lian ?

Je... je ne sais pas, j'étais trop sonné par ce qui venait de se passer. Je voulais seulement m'éloigner de lui, expliqua le médium en haussant les épaules. Ne parlons plus de ça, s'il te plaît.

Très bien, mais est-ce qu'il y a autre chose qui te tracasse ? Je vois bien que tu n'es pas dans ton assiette.

Devait-il lui parler de ce moment qu'il avait partagé avec Yoongi pendant qu'il était dans le coma ? Est-ce qu'il le croirait ? Il avait envie de partager ça avec cet homme qu'il considérait comme son grand frère. Il voulait lui parler de cet instant de pur bonheur et de paix qu'il avait vécu. Puis, il y avait cette dispute avec sa mère. Taehyung avait toujours été là pour lui, il avait toujours été réconfortant et de bons conseils, et aujourd'hui c'était ce dont il avait besoin, de réconfort.

En fait, il y a deux choses dont j'ai envie de parler.

Alors, je t'écoute. Parle-moi de tout ce dont tu as besoin, l'encouragea le policier.

Je ne sais pas trop si c'était réel ou pas, mais quand j'étais dans le coma, je... je me suis retrouvé dans les limbes, commença le blond.

Les limbes ?

Oui c'est... c'est comme ça que Yoongi a appelé cet endroit. Les limbes de mon subconscient.

Tu as vu Yoongi ?

Oui. C'était assez étrange, mais je me suis réveillé dans un endroit lumineux. Je ne pourrais pas te dire où j'étais, mais c'était magnifique. C'était si beau Tae et je m'y sentais si bien. J'étais en paix, j'étais heureux. Je... je crois que je ne m'étais jamais senti aussi bien de toute ma vie, expliqua Jimin, ses yeux larmoyants rivés sur ses doigts qu'il triturait nerveusement.

Et c'est là que tu l'as vu ?

Oui. Il était là, assis sur ce muret et il me souriait. Il était si beau, son sourire était si apaisant, il avait l'air si heureux. Je l'ai pris dans mes bras. J'ai vraiment réussi à le prendre dans mes bras Tae et c'était...

Un sanglot de nostalgie le quitta, rendant son élocution difficile, ce qui comprima le cœur du lieutenant. Voyant la peine de son cadet, il prit tendrement sa main dans la sienne et la pressa.

C'était incroyable et je t'avoue que je ne voulais pas revenir. Je voulais laisser tomber et juste rester là-bas avec lui.

Taehyung comprit le sous-entendu derrière ces paroles et sentit son pouls s'accélérer. Est-ce que son ami voulait mourir ? Était-il si déprimé au point de vouloir quitter ce monde ?

Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? demanda le policier.

Je n'ai pas eu le choix. C'est Yoongi qui m'a poussé. Il m'a dit que mon heure n'était pas venue et que j'avais encore beaucoup à accomplir, répondit Jimin sans le regarder.

Ton meilleur ami avait raison. Tu es si jeune Min, tu as encore toute la vie devant toi.

Alors pourquoi je me sens si vide ? Pourquoi j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose ? Je... je me suis senti si heureux là-bas, mais depuis mon réveil, je ne ressens rien.

Le lieutenant ne savait plus quoi dire pour apaiser la peine de son petit frère. Il se rendit bien compte qu'il lui manquait cette étincelle qui avait illuminé son regard autrefois, néanmoins, il espérait vraiment que ce n'était qu'une passade. Il tentait de se convaincre que tout cela finirait par passer avec le temps et il se jurait qu'il serait là pour l'aider à remonter la pente. C'était son devoir.

Je suis désolé Min. Je le suis réellement et je ferai tout mon possible pour que tu puisses un jour retrouver le sourire et ta joie de vivre. Je sais que je ne suis pas Yoongi, mais je suis là pour toi. Je le serai toujours pour tout ce dont tu as besoin.

Jimin écoutait les paroles réconfortantes de son ami et même si elles ne suffisaient pas à alléger sa peine, il voulait y croire. Il hocha alors la tête, resserrant sa prise autour de la main de son aîné et lui offrit un sourire en guise de remerciement.

Le parfum des fleurs que Lilith lui avait apportées, embaumait déjà la pièce de leur doux effluve frais. Un silence apaisant les entoura, mettant fin à leur conversation et même si le médium restait muet, la présence du policier le rassurait énormément.

Est-ce que tu veux me parler de l'autre chose ? demanda tendrement ce dernier.

Je me suis disputé avec ma mère, ce matin.

Tu veux m'expliquer ?

Elle m'a demandé de lui raconter ce qui s'était passé et c'est ce que j'ai fait. Je lui ai tout dit.

Tout ? s'étonna Taehyung.

Oui, tout. Même pour les fantômes, répondit Jimin.

Qu'est-ce qu'elle a dit ?

Elle l'a plutôt bien pris, mais ce n'est pas ça le souci.

Le blond baissa les yeux, se remémorant les souvenirs que sa mère avait partagés avec lui, mais aussi les révélations qu'ils apportaient.

Alors qu'est-ce qu'il s'est passé pour que vous vous disputiez ?

Elle m'a raconté un souvenir de mon enfance. Quand j'avais trois ans, je parlais tout seul et apparemment, je le faisais assez souvent.

C'est normal, on le fait tous quand on est enfant.

Je ne suis pas sûr que tous les enfants parlent au fils décédé de leur voisin, répliqua le médium, avec un sourire sans joie.

Attends, tu es en train de me dire que...

Oui, tu as deviné. Ma mère savait que je voyais les morts depuis mon enfance, mais elle a quand même laissé Jae-sok m'enfermer, conclut Jimin d'une voix basse. J'ai passé presque une décennie, enfermé dans un asile, à me demander si j'avais réellement perdu la tête, alors qu'elle connaissait la vérité.

Les mots du plus jeune instaurèrent un silence pesant dans la chambre. Taehyung était abasourdi par cette nouvelle. Comment madame Park avait-elle pu faire ça en sachant ce que son fils avait vu ?

Je suis en colère contre elle. Je lui en veux tellement, murmura le plus jeune en trifouillant nerveusement les cuticules de ses doigts. Quand... Quand elle est venue me voir au poste pour implorer mon pardon, j'ai cru qu'elle n'aurait plus de secrets pour moi. J'ai baissé ma garde et je lui ai fait confiance. J'ai même cru qu'on aurait une vraie relation mère-fils, comme Min-ji et vous. C'était ridicule, pouffa tristement ce dernier.

Ce n'est en rien ridicule, le contredit Taehyung d'une voix douce. Tu aimes ta mère et l'amour qu'elle te porte n'est plus discutable, elle a simplement fait une erreur.

Elle savait Tae. Elle était au courant et même comme ça elle... elle l'a laissé faire.

Le lieutenant comprenait la peine de son ami, le mensonge était quelque chose de difficile à accepter surtout lorsqu'elle venait d'une personne qui nous était chère, mais la vie était assez dure, il devait apaiser son cœur.

Écoute, commença-t-il d'une voix rassurante, mais pleine d'encouragements. Je sais que ce n'est pas évident. Tu te sens trahi et dans le fond, je comprends parfaitement ton ressenti, je l'ai déjà vécu, mais dernièrement, la vie a été assez difficile avec toi. Tu as déjà traversé tellement de choses, perdu des gens qui t'étaient chers, tu as failli mourir, alors ne t'isole pas des personnes qui t'aiment. Ta mère a fauté, c'est une certitude, mais qui sommes-nous pour lui jeter la première pierre ? J'ai menti à Jungkook quand j'ai dénoncé Garam à Lim, tu m'as menti concernant l'enquête de Yoongi, mais regarde-nous, on a surmonté ça. Le pardon, c'est une chose très difficile à accorder, mais la vie est déjà merdique, qu'est-ce que ce serait si on n'est pas capable de pardonner à notre entourage ? Attention, je ne dis pas qu'il faut tout pardonner, mais dans le cas présent, ce qui est arrivé ne peut plus être changé. Ta mère s'en veut, Jimin. J'en suis persuadé et tu as besoin d'elle, aujourd'hui plus que jamais. C'est ta famille. Je suis ta famille, mais c'est celle qui t'a mise au monde. Est-ce que tu as vraiment envie de la perdre ? Je ne minimise pas ce que tu as vécu, tu le sais, mais tu es fort, tu as surmonté tout ça. Aujourd'hui, tu es un homme courageux, alors réfléchis aux conséquences que pourrait avoir ta rancœur.

Jimin plongea son regard dans celui de son aîné et le sonda un instant. Il avait entendu et compris chaque mot, mais son cœur ne pouvait pas s'empêcher de lui envoyer l'image de cet homme aux cheveux d'ébène qu'il aimait. Il connaissait son ami par cœur, il savait que chacune de ses paroles était mûrement réfléchie.

Pourquoi j'ai l'impression que ce beau discours ne concerne pas seulement  ma mère ? demanda-t-il, les sourcils froncés.

Je n'en sais rien, interroge ton petit cœur. C'est lui qui te donnera la marche à suivre, répondit Taehyung, un sourire débordant de tendresse sur le visage. Moi, tout ce que je désire, c'est que tu sois en paix et heureux. C'est une torture de te voir si morose.

Je vais y réfléchir, promit Jimin avant de bâiller faiblement.

Toutes ces émotions et ces visites l'avaient épuisé. La fatigue engourdissait ses membres et rendait ses yeux lourds. Face à lui, le jeune lieutenant remarqua son épuisement.

Je vais te laisser dormir. J'ai vu que tu avais récupéré tes affaires. Ton téléphone est dedans alors si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à m'appeler. Je reviendrai te voir demain, si tu es d'accord ?

Évidemment, acquiesça le blond. Avant de partir, tu veux bien me donner mon téléphone ?

Oui.

Le châtain se leva et marcha jusqu'au sac. Il l'ouvrit et prit le cellulaire de son ami avant de le lui donner. Il en profita pour déposer un baiser sur le haut de son crâne et lui tendit la petite télécommande qui contrôlait le lit.

Repose-toi maintenant.

Promis, répondit le médium. Merci Tae.

Pourquoi ? questionna ce dernier, confus.

Pour tout. Merci d'être mon grand frère et de toujours prendre soin de moi.

De rien petite tête. Allez à demain. Je t'aime, lança ce dernier en marchant vers la porte.

Ces mots furent comme un électrochoc pour le plus jeune qui sentit ses yeux s'inonder de larmes. C'était la première fois que Taehyung lui disait qu'il l'aimait. Il lui avait démontré de tellement de façons différentes et Jimin le savait, mais entendre ces mots à ce moment précis, c'était tout ce dont il avait besoin.

Moi aussi, je t'aime.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Jimin avait longuement réfléchi aux paroles de son aîné. Il avait écouté son cœur et malgré la peine qu'il ressentait après cette révélation, il avait besoin de sa mère. Après s'être reposé, il l'avait appelée et ils avaient discuté durant de longues minutes, se promettant de ne plus rien se cacher.

Depuis que Jimin lui avait demandé de s'en aller, Jungkook n'était plus jamais apparu devant lui. Bien qu'il ait été en arrêt jusqu'à la guérison totale de sa commotion, le brun s'était rendu tous les jours à l'hôpital et y relayait les agents qui s'y trouvaient afin que ces derniers puissent aller se reposer quelques heures. Quand il s'était senti d'attaque, le commandant avait repris le travail, jonglant entre les horaires au poste de police, et la surveillance devant la chambre de son ancien amant.

Les jours passaient et se ressemblaient pour le médium. Alité, ses journées étaient égayées par les visites de ses amis et collègues de travail. Tous ceux avec qui il entretenait de bonnes relations étaient venus le voir, même Seo-joon s'était déplacé. Le capitaine Lim avait également fait le déplacement pour prendre de ses nouvelles, mais avait aussi posé quelques questions sur ce qui s'était passé lors de son enlèvement. Jimin en avait profité pour faire une description détaillée de son ravisseur même s'il se demandait bien à quoi cela servirait. Il était persuadé que personne ne retrouverait jamais sa trace.

Cela faisait à présent quatre jours que Jimin s'était réveillé. Son corps récupérait doucement, mais pour ce qui était de son cœur, c'était tout autre chose. Il se sentait morose comme le temps qui se déchaînait hors du bâtiment. Son travail lui manquait, Yoongi aussi, mais le pire, c'était le manque de son ex-petit ami qui continuait de creuser un puits à l'intérieur de lui.

Ce matin, Hee-sun était venue rendre visite à son fils, accompagnée de son ami que le blond n'avait vu qu'une fois, le jour de son réveil. Depuis, sa mère était venue le voir à plusieurs reprises, mais cet homme ne s'était jamais présenté à nouveau.

Bonjour mon chéri, fit Hee-sun en venant l'embrasser sur le front.

Bonjour, maman, répondit-il avant de poser son regard sur le grand brun qui était resté en retrait.

La mère de famille jeta un coup d'œil à ce dernier, puis se racla la gorge. Elle semblait nerveuse, ce qui piqua la curiosité de Jimin.

Tu nous présentes ? demanda ce dernier, perplexe.

Oui, pardon, bredouilla la mère de famille. Je te présente Seo Minkyun, le grand frère de mon amie Suzy. Nous nous connaissons depuis de nombreuses années maintenant. Il est professeur de Ju-jitsu à Jeju.

Le blond resta muet de longues secondes, observant cette personne que sa mère semblait beaucoup apprécier. Minkyun qui affichait un sourire chaleureux, s'avança jusqu'à lui et tendit sa main, invitant silencieusement le jeune homme à la saisir, ce qu'il fit.

Enchanté Jimin, j'aurais préféré que nous fassions connaissance dans d'autres circonstances, fit ce dernier.

Oui, moi aussi, répondit-il, la mine neutre.

C'était la première fois que sa mère lui présentait son entourage. Que ce soit avant son internement ou après, Jimin n'avait jamais réellement eu connaissance de la vie privée de celle qui lui avait donné la vie. Était-ce parce qu'elle ne désirait pas partager cela, ou n'en avait tout bonnement pas ? Beaucoup de questions traversaient son esprit alors sans retenue, il posa celle qui lui brûlait les lèvres.

Vous sortez ensemble ?

Hee-sun écarquilla les yeux et ses joues prirent une couleur plus rosée. Ce détail, aussi minime soit-il, répondit à la question du médium. Diverses émotions le traversèrent. Il voulait le bonheur de sa mère, elle le méritait. Cependant, une peur étrange tordit ses entrailles. Comment allait se passer la suite ? S'il décidait d'aller vivre avec eux à Jeju, est-ce que cela voulait dire que cet homme serait son nouveau père ? Prendrait-il les mêmes libertés que son géniteur ? Oserait-il, lui aussi, lever la main sur lui ? Non. Désormais, cela était inconcevable, Jimin ne laisserait plus personne le maltraiter.

Si c'était le cas, comment le prendrais-tu ? demanda Hee-sun, d'une voix tremblante d'hésitation et d'appréhension.

Tant qu'il te respecte, tu peux sortir avec qui tu veux maman. Ce n'est pas à moi de te dire quoi faire.

Malgré lui, le ton du médium était froid et détaché, ce qui eut pour effet de blesser madame Park. Cette dernière se sentit quelque peu coupable d'avoir une nouvelle fois caché cet aspect de sa vie à son fils, néanmoins, tout cela était si frais. Leur relation ne datait que de quelques semaines et son divorce n'ayant pas encore été prononcé, l'ex-compagne du sénateur Park, avait tenu à rester discrète.

Je sais que ton père n'a pas été bon pour vous deux, mais je te garantis que j'ai un profond respect pour ta mère. Elle est en sécurité avec moi, intervint Minkyun sans perdre son sourire.

Ils disent tous ça, puis vient la première gifle. Néanmoins, cela n'arrivera pas, parce que je ne suis plus un enfant, répondit Jimin, affichant un sourire des plus faux.

Le professeur d'arts martiaux ne se sentit nullement offensé par les propos du plus jeune. Il le comprenait, après l'enfer que son géniteur lui avait fait vivre au cours de sa vie, il était plus que normal que le blond se méfie. Il était aussi fier de sa réaction, cela montrait que malgré leur différend, Jimin était prêt à tout pour protéger sa mère, c'était tout à son honneur.

J'espère que tu me laisseras l'occasion de te prouver que tu peux me faire confiance, fit le grand brun, gardant cet air sûr de lui, mais bienveillant.

Jimin haussa simplement les épaules puis reporta son attention sur sa mère qui avait assisté à cet échange sans intervenir. Cette dernière regardait son fils avec douceur, les yeux légèrement humides, détail qui fit froncer les sourcils du blond.

Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il, confus.

Rien, sourit-elle en essuyant ses yeux avec précaution pour ne pas ruiner le peu de maquillage qu'elle avait mis.

Voulant leur laisser un peu d'intimité, Minkyun s'approcha de sa compagne, attirant ainsi son attention.

Je vais aller me chercher un café. Est-ce que tu veux que je te rapporte un thé ? Ou un latte ? proposa-t-il.

La douceur dans sa voix et sa gestuelle était en total contradiction avec son apparence. Seo Minkyun était un homme grand, d'une corpulence large qui allait de pair avec sa profession. Les traits de son visage étaient naturellement durs et ses iris noirs accentuaient ce côté rigide qui émanait de lui. Cependant, lorsqu'il parlait, sa voix était calme, presque tranquillisante.

Je veux bien un thé s'il te plaît, lui demanda Hee-sun.

Je te ramène ça.

Le professeur de Jeju offrit un sourire à Jimin puis quitta la pièce. Lorsque la porte s'ouvrit, les deux agents en uniforme qui étaient postés de chaque côté de celle-ci se turent, gênés.

Je vais aller au distributeur. À mon retour, vous pourrez prendre un moment, lança Minkyun.

Sans vouloir vous offenser, monsieur, le commandant Jeon a été clair sur les ordres. Nous ne pouvons quitter cet endroit qu'en sa présence, répondit l'officier Cho.

Oui, cela ne m'étonne pas du commandant, mais je serais là. Vous pourrez en profiter pour aller fumer ou vous dégourdir un peu les jambes.

Hyun sonda le grand brun qu'il ne connaissait que depuis peu. Il était vrai que cela faisait de longues heures qu'ils étaient en poste, et la relève ne devait arriver que dans deux heures.

Merci monsieur, fit ce dernier en s'inclinant poliment.

Non, merci à vous de veiller sur lui.

Sans rien ajouter, Minkyun tourna les talons et partit en direction de la machine à café qui était à l'opposé, au fond du couloir.

✺✺✺

Dans la chambre, la discussion allait bon train entre Jimin et sa mère. Celle-ci lui racontait son entrevue avec Maître Song qu'elle avait vu la veille. Le dossier pour le divorce de ses parents était prêt et les documents nécessaires avaient été envoyés à son géniteur. Bien évidemment, Hee-sun savait que le chemin serait long et probablement semé d'embûches, mais elle avait confiance en son avocat et surtout, elle gardait espoir qu'un jour, elle serait enfin libre de l'emprise de cet homme qui l'avait tant malmenée.

Est-ce que tu vas reprendre ton nom de jeune fille une fois que le divorce sera prononcé ? demanda Jimin.

Je pense que oui. Est-ce que tu voudrais changer le tien ?

Le blond resta silencieux un instant, réfléchissant à la réponse qu'il pourrait donner. Il s'appelait Park Jimin, il aimait son nom. Est-ce que cela voulait dire qu'il aimait son père ? Non. Le nom de famille Park était sûrement l'un des plus utilisés dans son pays, rien ne le rattachait à cet homme si ce n'étaient ses gènes, mais ça, il ne pouvait rien faire pour le changer.

J'aime mon nom. Ce n'est pas ça qui me relie à lui, répondit-il.

Bien-sûr, mon ange, acquiesça Hee-sun avec tendresse.

Madame Park regarda son fils quelques secondes, se demandant si elle devait se lancer et lui faire la proposition qui lui brûlait les lèvres.

À quoi tu penses ? questionna Jimin, remarquant la mine grave de sa mère.

Je voulais te proposer quelque chose, avoua cette dernière.

Je t'écoute.

Eh bien, Minkyun et moi en avons longuement discuté et nous voulions savoir si ça te dirait de venir vivre à Jeju avec nous.

Le médium fut surpris par cette invitation et cela ce vit à l'expression qu'il arborait.

A-avec vous deux ? bafouilla le blond.

Oui. Kyun a une petite maison au bord de la plage, je suis persuadé que tu t'y plairais. Si ça te fait peur, tu pourrais d'abord venir passer quelques semaines, le temps de te rétablir ?

Jimin resta pantois quelques minutes, fixant sa mère qui le sondait de ses grands yeux, débordant de tendresse. Il pouvait voir tout l'espoir qu'elle dégageait et cela réchauffa son cœur. Peut-être que Jeju serait l'occasion pour lui de prendre un nouveau départ, de s'éloigner de tout ça. Même s'il avait peur de l'inconnu, son corps parla pour lui.

D'accord. Je veux bien venir quelque temps.

En entendant cela, les yeux de Hee-sun s'illuminèrent d'une joie qu'elle ne put contenir et qui se démontra par les larmes qui se mirent à couler sur ses joues.

Arrête de pleurer sinon je vais m'y mettre aussi, gloussa le médium en pressant sa main.

Je suis si heureux que tu acceptes. J'aurais été si inquiète de te laisser ici.

Jimin s'apprêtait à répondre lorsque des éclats de voix provenant du couloir arrivèrent à ses tympans. Intrigué, il tendit l'oreille et se figea lorsqu'il comprit les paroles prononcées par l'un des agents.

Désolé sénateur, vous n'êtes pas autorisé à entrer, somma l'officier Cho.

Ce garçon est mon fils, j'ai tous les droits ! le contredit Jae-sok en tentant de forcer le passage.

En entendant le nom de son mari, Hee-sun se figea et planta son regard dans celui de son fils qui, inconsciemment, s'était mis à trembler.

R-reste ici, je vais aller lui parler, fit-elle en se levant, le corps pris de faibles soubresauts.

Effrayé qu'il ne lui arrive quelque chose, le médium saisit sa main, le regard suppliant.

Non, s'il te voit, il voudra te forcer à rentrer avec lui.

Ça va aller mon chéri, je te promets.

La mère de famille déposa un baiser sur le haut de sa tête puis traversa la pièce avant d'ouvrir la porte. La première chose qu'elle vit, fût les deux policiers qui avaient fait barrage, rendant ainsi l'accès à la chambre impossible, puis elle le vit. L'homme qui l'avait persécutée durant trente longues années.

Quand leurs regards se croisèrent, la surprise sur le visage du sénateur fût visible. Ce dernier ne s'attendait visiblement pas à sa présence ici, elle qui avait quitté le domicile familial depuis plus de deux mois.

En s'apercevant de sa présence, les deux officiers s'écartèrent pour la laisser passer.

Que fais-tu ici Jae-sok ? demanda-t-elle en tentant de rester le plus ferme et confiante possible.

Je te retourne la question. Tu as enfin eu le courage de sortir de ta cachette ?

Hee-sun ne répondit pas à cette provocation évidente. Tout ce qui comptait, c'était que cet individu reste loin de son fils.

Dis à ces guignols de me laisser passer, imposa le sénateur.

Non, refusa-t-elle, les bras croisés contre sa poitrine pour dissimuler ses mains tremblantes.

Pardon ?

Tu as très bien entendu. Non. Tu n'entreras pas dans cette chambre, tu n'y es pas le bienvenu, reprit la mère de famille.

Ne joue pas les mères modèles et surtout, ne te mets pas en travers de mon chemin, tu sais comment cela va finir, la menaça Jae-sok, un sourire mauvais sur les lèvres.

Monsieur le sénateur, je vous demande de vous en aller, intervint Hyun d'un ton ferme.

Mon fils-

Ce n'est pas ton fils ! cria presque Hee-sun. C'est fini Jae-sok, je n'ai plus peur de toi, je ne te laisserai plus jamais t'approcher de MON fils. Tu lui as assez fait de mal.

Enragé que la femme qu'il avait longtemps eue sous son contrôle ose lui tenir tête, Jae-sok fit un pas en avant dans le but de l'intimider. Le cœur battant la chamade, la brune comptait sur ces deux hommes pour la protéger si cela était nécessaire, mais avant qu'ils n'aient le temps d'intervenir, une voix grave retentit derrière eux.

Hé !

Le soulagement qui envahit Hee-sun lorsqu'elle reconnut la voix de Minkyun fût si grand, que les larmes vinrent voiler sa vue. D'un pas rapide, ce dernier combla la distance qui le séparait de la femme qu'il aimait, puis pour la première fois, il fit face à un homme qu'il méprisait sans même le connaitre.

Éloignez-vous d'elle, ordonna le professeur de ju-jitsu.

Et pourquoi je ferais ça ? répliqua Jae-sok, un rictus arrogant sur les lèvres.

Parce que je vous le demande gentiment, mais si vous m'obligez à répéter, je ne peux pas vous garantir que ce sera toujours le cas.

Surpris par le ton assuré de son vis-à-vis, le sénateur haussa les sourcils et ricana amèrement. Cependant, il recula, mettant une bonne distance entre lui et son ex-femme.

Tiens, ton thé, fit Minkyun d'une voix bien plus douce. Retourne auprès de Jimin, j'arrive.

Non tu-

Ça va aller, promit le grand brun avant de se tourner vers les deux agents en uniforme. Messieurs, vous voulez bien nous laisser ?

D'accord, mais nous restons dans le couloir, acquiesça Hyun.

✺✺✺

À l'intérieur de la chambre, Jimin se maudissait d'être prisonnier de ce lit. En entendant la voix de son père, une peur bleue l'avait envahi et celle-ci n'avait fait qu'accroître lorsque sa mère était sortie de la pièce. Dans la panique, le blond avait saisi son téléphone et rédigé un message qu'il avait envoyé à Jungkook sans même prendre le temps de réfléchir. Ce ne fût qu'en recevant une réponse presque immédiate qui lui signifiait qu'il était en chemin, qu'il avait réalisé ce qu'il avait fait, regrettant immédiatement sa décision.

Le calme qui régnait à présent dans le couloir fit monter son anxiété d'un cran. Curieux et inquiet pour sa mère, il était sur le point de repousser sa couverture et sortir du lit lorsque la porte s'ouvrit sur elle, le faisant soupirer de soulagement.

Tu vas bien ? demanda-t-il, le cœur battant la chamade.

O-oui, Minkyun est arrivé.

Le blond soupira une nouvelle fois et ferma les yeux en laissant sa tête retomber contre son oreiller.

✺✺✺

L'ambiance du couloir était électrique, presque explosive. Tels deux chiens de combat, Minkyun et Jae-sok se toisaient, ne montrant aucun signe d'intimidation, ni même de peur.

Vous ne vous êtes pas présenté, lança le sénateur avec condescendance.

Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Hee-sun vous a demandé de partir, alors je pense que vous devriez respecter sa décision.

Et si je refuse, qu'allez-vous faire ?

Je serais obligé de vous traîner hors du bâtiment de force. Votre fils ne veut pas vous voir, acceptez-le.

Avez-vous une idée de qui je suis ? demanda Jae-sok d'un ton dédaigneux.

Sénateur Park Jae-sok. Je regarde les infos, vous savez, vous avez une belle gueule pour passer à la télévision, mais les téléspectateurs ignorent tout du monstre que vous êtes. N'essayez pas de m'intimider, monsieur Park, vous pourriez être le président de la république, ça ne changerait rien, répliqua Minkyun.

Le sourire débordant d'insolence sur le visage du brun ne fit accentuer la colère du politicien. D'abord ce commandant, maintenant, cet inconnu qui se mettait en travers de son chemin. De toute sa carrière, personne n'avait osé le contredire et c'était une chose qu'il avait beaucoup de mal à accepter, lui qui avait toujours eu le contrôle sur tout et tout le monde.

Les deux hommes se fixaient en chien de faïence, chacun désireux de cogner l'autre. Cependant, leur duel de regard fût interrompu par un claquement de porte lointain, suivi de bruits de pas lourds et rapides, indiquant que la personne qui venait vers eux courait à toutes jambes.

Le visage barré par l'inquiétude et les poumons hurlant de douleur, Jungkook s'était rué à l'hôpital lorsqu'il avait reçu le message de Jimin. Son arme à la main, il courait en direction de sa chambre, mais se stoppa lorsque ses yeux se posèrent sur Minkyun. Ce dernier lui offrit un sourire rassurant et hocha la tête, lui assurant silencieusement que l'homme qu'il aimait allait bien.

Voilà le superhéros, lança Jae-sok avec suffisance.

Qu'est-ce que vous foutez ici ? demanda le commandant.

Je suis venu voir mon fils. J'ai été averti de son état alors, je me suis inquiété

C'est ça, pouffa amèrement le policier. Dégagez d'ici avant que je ne tienne la promesse que je vous ai faite.

Pour donner du poids à sa menace, il tira sur le chien de son Beretta, lui faisant ainsi comprendre qu'il n'hésiterait pas à se servir de son arme.

Allons commandant, c'est une plaque que je vois à votre ceinture ? Vous êtes dans l'exercice de vos fonctions, non ? Ce serait mal vu de tirer sur un homme simplement parce qu'il veut voir son fils bien-aimé, se moqua le sénateur.

Un rire nerveux quitta les lèvres du brun qui fit un pas en avant. Épuisé par le manque de sommeil et les nerfs à vif, Jungkook ne rêvait que d'une chose à l'heure actuelle, balancer cet homme qu'il avait en horreur par l'une des fenêtres.

Comprenant que la situation pourrait vite dégénérer, Minkyun s'interposa entre eux, posant une main sur son épaule et tentant ainsi de le dissuader.

Jungkook, je ne crois pas que ce soit la solution, fit-il avec calme.

Sans regarder l'homme qui se tenait face à lui et qui le dépassait de quelques centimètres, le policier prit une grande inspiration tout en repoussant le percuteur de son arme, puis il la glissa dans son holster de cuisse.

Foutez le camp de cet hôpital et ne revenez pas. Jimin ne veut pas vous voir, alors ne vous avisez plus de l'approcher, ni lui, ni sa mère, ordonna-t-il d'un ton glacial et implacable. Ne m'obligez pas à vous passer les menottes et à vous traîner dehors à la vue de tous.

Étant parfaitement conscient que le jeune brun mettrait sa menace à exécution, Jae-sok se résigna. Gardant tout de même la face, il ricana, son air toujours aussi arrogant sur le visage.

Très bien, mais je finirai par voir mon fils, même si pour cela, il me faut une autorisation d'un juge.

Faites donc ça, l'encouragea Minkyun avec sarcasme.

Sans demander son reste, monsieur Park contourna les deux hommes et marcha en direction de l'ascenseur. Jungkook le suivit du regard, voulant s'assurer qu'il disparaisse et lorsqu'il s'engouffra dans la boîte de métal, il respira à nouveau.

Durant les secondes qui suivirent, le commandant garda la tête baissée. Ses mains sur les hanches, il tenta de calmer son pouls qui pulsait à tout rompre dans ses veines. Quand il retrouva le contrôle de ses jambes, il se précipita jusqu'à la porte et l'ouvrit sans même toquer contre celle-ci. Son regard chercha immédiatement celui de Jimin qu'il trouva instantanément. N'écoutant que son cœur et oubliant totalement leur récente rupture, il marcha d'un pas rapide vers le lit.

Est-ce que tu vas bien ? demanda-t-il en tendant sa main vers lui avec l'intention de le toucher.

Bien que son cœur implorait pour sentir la peau de Jungkook contre la sienne, son cerveau lui rappela ces mots "C'est terminé. Disparais de ma vue."

Ça va, répondit ce dernier en glissant doucement sa main sous sa couverture, évitant ainsi le moindre contact.

Si les personnes présentes dans la chambre avaient tendu l'oreille, Jungkook était persuadé qu'elles auraient entendu son cœur se briser et tomber en morceaux. Il savait qu'il prenait le risque de se heurter à un mur, mais le rejet était toujours aussi violent.

Leurs regards aimantés, les deux hommes se sondaient, chacun ayant la poitrine comprimée par un étau. Le corps de Jimin réclamait ses bras, ses caresses pour calmer son anxiété, mais il était bien trop fier pour céder.

Que fais-tu ici Jungkook ? demanda Hee-sun en brisant le silence qui s'était installé dans la chambre.

C'est moi qui lui ai envoyé un message quand j'ai entendu la voix de Jae-sok, confessa le médium avant de planter son regard dans celui de son ancien amant. C'était une erreur, je suis désolé que tu te sois déplacé pour rien. Cela ne se reproduira plus.

Le commandant eut de nouveau cette sensation douloureuse semblable à un coup de poing en plein estomac. Il regrettait, il pouvait le voir dans ses yeux.

Je... j'étais sur une scène de crime juste à côté, déclara le tatoué, la gorge nouée avant de se tourner vers Minkyun. Comment se fait-il que les deux policiers n'étaient pas devant la porte ?

Je leur ai demandé de nous laisser seuls.

Vous avez fait quoi ? questionna le commandant, stupéfait, tout en pivotant l'entièreté de son corps vers son vis-à-vis.

La colère de Jungkook était lisible sur son visage, mais son aîné n'était nullement impressionné.

J'avais le contrôle de la situation, tu n'as pas besoin de t'in-

Vous n'avez aucun contrôle ! cria presque le tatoué, faisant sursauter Hee-sun. Si ces deux hommes sont postés ici vingt-quatre heures sur vingt-quatre, c'est pour le protéger et pas seulement de son père ! Vous ne pouvez pas prendre des libertés comme celle-ci ! J'ai déjà failli le perdre une fois, il est hors de question que cela se reproduise, simplement parce que vous pensez tout savoir !

En réalisant ce qu'il venait de dire, Jungkook se tut et détourna le regard, embarrassé, alors que dans son lit, Jimin sentit un électrochoc le traverser. Lui aussi avait cru le perdre cette nuit-là. Lorsque l'entrepôt avait explosé, il pensait que l'homme qu'il aimait avait péri, et il avait cru mourir de chagrin.

P-peu importe, je... je vais demander son transfert à l'hôpital militaire, annonça le tatoué.

Quoi ? Non ! contesta Jimin, les sourcils froncés.

Je ne te demande pas ton avis. Tu peux m'en vouloir autant que tu veux, mais ta sécurité passe avant tout.

Le médium s'apprêtait à contester la décision du policier, mais sa mère prit la parole avant lui.

Où se trouve cet hôpital ? demanda-t-elle.

Près de la base militaire.

Il y sera en sécurité ? Jae-sok ne pourra pas l'approcher ?

Je vous le garantis madame, assura Jungkook. Il y recevra les meilleurs soins qui seront à ma charge et il bénéficiera d'une protection constante.

D'accord, fais le nécessaire alors.

Maman !

C'est non négociable Jimin, imposa sa mère. Ton père sait que tu es ici et il ne va pas laisser tomber. Je refuse de passer mon temps à m'inquiéter pour toi et ta sécurité.

Madame Park avait haussé le ton sur son fils sans pour autant crier. Les yeux larmoyants, Jimin pouvait voir toute sa détresse et sa peur, l'obligeant à rendre les armes.

Ok, soupira-t-il.

Ayant eu le feu vert, Jungkook hocha la tête tout en offrant un sourire rassurant à Hee-sun.

Je vais m'occuper de ça pour qu'il soit transféré le plus rapidement possible. Des militaires viendront le chercher, annonça le brun.

Tu seras avec eux ? demanda la mère de famille.

Avant de répondre, le tatoué posa ses iris sur son cadet qui détourna le regard, confirmant ce qu'il pensait.

Non madame, mais je ferais en sorte que quelqu'un de mon unité soit présent, assura-t-il en tentant de cacher sa déception. Je vais vous laisser maintenant.

Ressentant le besoin vital de quitter cet endroit, Jungkook s'inclina poliment, puis tourna les talons et quitta la chambre sans rien ajouter.

Ce ne fût qu'après avoir refermé la porte derrière lui qu'il s'autorisa à respirer, expirant un souffle tremblant tandis que son cœur faisait de son mieux pour continuer de battre. 

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