Chapitre 77
Les éclairs illuminaient le ciel sombre de Busan, rendant l'atmosphère de l'appartement en bord de mer des plus pesantes. Dans la chambre de Jimin, le silence était tel, que les deux hommes auraient pu entendre une plume tomber sur le sol si le tonnerre ne venait pas briser le calme.
Jungkook avait enfin vidé son sac, partageant avec son petit ami des souvenirs qu'il aurait préférés ne jamais revivre. À présent, il ne savait pas comment il se sentait. Une part de lui était soulagée d'avoir enfin pu parler de ce mal qui continuait de le ronger même après tant d'année, mais l'autre moitié était en peine. En revivant cette nuit fatidique, toute la souffrance qu'il avait ressentie ce soir-là était revenue de plein fouet et il remerciait le ciel que la chambre soit plongée dans l'obscurité. La nuit dissimulait les quelques larmes qu'il n'avait pas pu retenir, et ce, même si sa voix transcrivait toute sa douleur.
— Je vais le tuer, fulmina Jimin, repoussant sa couette.
Le voyant se lever à toute vitesse, Jungkook s'appuya sur le coude, observant son amant d'un regard interrogateur.
— Attends microbe, où vas-tu ?
— Je te l'ai dit, je vais tuer cet enfoiré.
Le cœur du commandant fit un bon dans sa poitrine face à la réaction de son amant. Des deux, il était le plus sanguin et pourtant, à cet instant, c'était lui qui voulait le protéger.
Sentant une chaleur apaisante l'envahir, Jungkook se leva à son tour et s'approcha de son petit ami qui enfilait rageusement son bas de jogging. Quand il arriva à sa hauteur, il entoura ses bras autour de sa taille et le tira jusqu'à lui.
— Oublie ça et retournons au lit, murmura-t-il en venant enfouir son visage dans son cou.
— Non ! Je ne peux pas oublier ! Comment tu veux que j'oublie ? Ce... ce que ce monstre a fait, c'est inhumain ! Personne ne mérite d'entendre et de subir de telles atrocités, et surtout pas toi ! s'emporta Jimin au bord des larmes.
En entendant sa voix se briser, Jungkook sentit son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine. Cette histoire, ces démons, c'étaient les siens, il ne voulait pas que cela vienne entacher la vie de son compagnon.
— Regarde-moi, intima doucement le brun.
Les joues inondées par des larmes de colère, le plus jeune se retourna dans ses bras et planta son regard dans le sien.
— Tu... tu ne méritais pas d'entendre tout ça. Cet homme ne méritait pas de recevoir l'amour et l'attention que tu lui donnais. T-tu mérite qu'on t'aime passionnément, inconditionnellement, sans aucune limite et cet enfoiré n'a pas su le faire.
Ne sachant pas comment calmer sa colère, Jungkook prit ses lèvres en otage dans un baiser doux et débordant de tendresse. Quand ils se séparèrent, le brun dégagea quelques mèches blondes qui effleuraient le front de son cadet. Avec tendresse, il vint caresser sa mâchoire sans quitter son regard.
— Est-ce que toi, tu m'aimes ? demanda le commandant.
— Plus que tout, répondit immédiatement Jimin, sans aucune hésitation.
— Alors c'est tout ce dont j'ai besoin.
Le blond voyagea entre les orbes sombres de son vis-à-vis avant que ce dernier ne vienne déposer un baiser sur son front.
— Retournons au lit, j'ai besoin d'un gros câlin, fit-il.
Jimin hocha la tête et retira le jogging qu'il venait juste d'enfiler alors que son amant retourna dans leurs draps. D'un pas rapide, le médium alla le rejoindre et l'invita à venir se lover dans ses bras. Un sourire entaché par la tristesse, Jungkook s'approcha de lui et enfouit son visage dans son cou, entourant sa taille fine de ses bras pour le serrer davantage contre lui.
— Comment tu l'as connu ? demanda subitement le commandant après de longues minutes de silence.
— C'est lui qui m'a accosté à la boulangerie de madame Li. La première fois que je l'ai vu, c'était le jour où je suis allé voir monsieur Kang et j'ai continué à le croiser là-bas, mais il m'a toujours mis mal à l'aise.
Le policier fut soudainement frappé par un souvenir. Quelques semaines plus tôt, lorsqu'il avait emmené Jimin pour la première fois dans cette boulangerie, il avait eu un mauvais pressentiment et une sensation désagréable l'avait frappé quand il avait remarqué un homme qui entrait dans l'enseigne. Il avait eu des doutes quant à l'identité de cet individu, mais à présent, il en était persuadé. La personne qu'il avait vue était Woong. La question était, est-ce que lui aussi l'avait vu ? Était-ce la raison pour laquelle il avait accosté Jimin ?
— Est-ce qu'il t'a touché ? questionna le brun en ayant peur de la réponse.
— Non. Je te promets qu'il ne m'a jamais rien fait. Il... il était simplement très insistant pour qu'on aille boire un café ensemble, expliqua le plus jeune.
Le regard perdu droit devant lui, le médium caressait de sa main droite, l'arrière de la tête de son amant tandis que la seconde faisait de longs va-et-vient sur son dos caramel.
— Maintenant que j'y pense, la première fois que je l'ai vu, tu m'avais appelé quand il était là.
— Est-ce qu'il savait que c'était moi ?
— Je crois. Il a fixé mon téléphone quand ton nom et ta photo se sont affichés et après ça, il était étrange.
Jungkook fut envahi par la colère, mais aussi la culpabilité. Woong était un de ses démons et par sa faute, il avait essayé d'atteindre l'homme qu'il aimait. Tant qu'il ne savait pas ce qu'il avait derrière la tête, il devait le protéger.
— Je... je vais régler ça-
— Non ! Non, s'il te plaît, ne t'approche plus de lui. Il t'a déjà fait assez souffrir. Je ne veux pas qu'il continue de te faire du mal.
Le brun releva la tête vers son petit ami et y trouva tout l'amour qu'il avait pour lui, mais aussi une grande inquiétude.
— Et moi, je ne veux pas qu'il s'en prenne à toi.
— Je sais me défendre, répliqua immédiatement Jimin. Et puis crois-moi, s'il se pointe encore devant moi, je ne vais pas me gêner pour lui coller mon poing dans la figure.
Jungkook laissa échapper un rire enroué et laissa retomber sa tête contre son cou, humant l'odeur sucrée que son amant dégageait.
— Mon héros, lança-t-il.
— Je ne plaisante pas. Tu m'as toujours défendu. Ce soir, tu l'as encore fait contre ces deux homophobes, mais moi aussi, je défends ce qui est à moi. Je ne laisserai plus ce connard s'approcher de toi. Tu as assez souffert par sa faute.
— Oublions tout ça microbe. Concentrons-nous sur nous, c'est tout ce qui compte, fit Jungkook.
Le blond hocha la tête et répondit avec plaisir au baiser que son aîné lui donna. Sans rien ajouter, les deux hommes se laissèrent aller à un sommeil bien mérité.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
La matinée était passée rapidement pour Jimin qui avait été le premier réveillé. Après son petit-déjeuner, le blond s'était occupé du ménage dans l'appartement, tentant par tous les moyens de ne pas réveiller son compagnon qui avait beaucoup de sommeil à rattraper.
Quand l'heure du déjeuner arriva, le médium décida de faire plaisir à sa moitié en lui préparant le petit déjeuner qu'il lui servirait au lit. Il s'attela alors en cuisine pendant plus d'une heure, préparant divers mets qui lui plairait. Il fit ensuite couler son café bien chaud qu'il versa dans le mug qu'il lui avait acheté, remplaçant ainsi celui qu'il avait brisé.
Les différents plats et les boissons déposés précautionneusement sur un plateau, Jimin le saisit et partit en direction de la chambre, faisant attention à ne rien renverser.
Une fois devant la porte, il fléchit légèrement ses jambes et abaissa la poignée avec son coude pour enfin pénétrer dans la pièce où son petit ami dormait encore. En silence, il s'approcha du lit et posa le plateau sur la table basse libre avant de monter sur le matelas, s'appuyant sur ses genoux.
— Debout marmotte, murmura-t-il, ses lèvres à quelques millimètres de son oreille.
Avec tendresse, il embrassa la joue du brun qui se mit à marmonner dans son sommeil pendant qu'il remontait doucement vers la commissure de ses lèvres.
— Allez mon cœur, il est midi, reprit Jimin en déposant un baiser contre le coin de sa bouche.
S'étirant tel un félin, Jungkook ouvrit enfin les yeux, observant ce visage angélique qui se tenait juste devant lui.
— Bonjour, chuchota le commandant, un sourire chaleureux sur les lèvres.
— Bonjour beau gosse.
Les doigts du médium se perdirent dans les mèches noires du plus vieux qui ferma les yeux à ce contact. Tout en grattant son cuir cheveux, il embrassa chastement ses lèvres puis fit de même avec l'os de sa mâchoire.
— Je t'ai préparé le petit déjeuner, annonça-t-il.
— Hum, j'arrive, souffla Jungkook.
Sans ouvrir les yeux, il enferma son compagnon dans ses bras et le tira jusqu'à lui, l'allongeant sur le dos alors qu'il vint poser sa tête contre sa poitrine. Attendri, Jimin caressa ses épaules nues, remontant sur sa nuque pour enfin plonger ses doigts dans ses cheveux.
— Je te l'ai ramené au lit, comme ça tu n'as pas besoin de bouger.
— Je t'ai déjà dit que tu étais le meilleur des petits amis ? lança Jungkook en relevant la tête.
— Non, gloussa le plus jeune.
— Tu es le meilleur, fit le commandant en approchant son visage pour venir l'embrasser.
Leur baiser était doux, prudent. Jimin rompit le contact et se redressa contre la tête de lit. Près de lui, Jungkook fit de même et contempla son amant qui saisit le plateau et le déposa sur ses cuisses.
— Je ne savais pas ce qui te ferait plaisir alors, j'ai préparé un peu de tout, déclara-t-il, les joues légèrement teintées.
Le tatoué resta silencieux, le regard rivé sur les aliments qui s'offraient à lui. Son petit ami lui avait gentiment préparé des gaufres, des toasts avec de l'avocat, des makis aux saumons, des œufs brouillés avec du bacon.
— Je n'ai pas oublié ton café, précisa Jimin, gêné par le silence de son amant.
— Merci microbe, parla finalement Jungkook en plongeant ses yeux sombres dans le sien. J'ai vraiment de la chance. Non seulement j'ai le mec le plus sexy de cette planète, mais aussi le plus adorable.
Le blond se mit à rougir furieusement pendant que son aîné approcha son visage, désireux d'avoir un nouveau baiser.
— Allez, mange, ordonna doucement le plus jeune.
— À vos ordres, répondit le commandant.
Le brun prit son petit déjeuner dans le calme près de son amant avec qui il discutait. Lorsque le plateau fut vide de tout aliment, Jimin le reposa sur la table de chevet avant s'asseoir entre les jambes de son aîné, son dos contre son torse.
— Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? demanda le brun avec douceur.
Jimin tourna la tête sur le côté pour plonger dans les orbes noirs de son aîné.
— Je pensais qu'on pourrait examiner le carnet que Seok-min nous a donné ? proposa prudemment le médium.
— Jimin, soupira le commandant, posant l'arrière de son crâne contre la tête de lit.
Devant lui, Jimin s'écarta et fit volte-face. Un air sérieux sur le visage, il prit en coupe celui de son amant et prit la parole d'un ton à la fois doux et posé.
— Je te promets de rester calme et de ne pas craquer, mais j'ai besoin de savoir. S'il te plaît, implora le plus jeune.
Le tatoué voyagea entre ses iris noirs avant de soupirer de nouveau, résigné.
— D'accord. Le carnet est dans la veste en cuir, indiqua le plus vieux.
Le médium afficha un sourire vainqueur et déposa un baiser rapide sur ses lèvres, puis quitta le lit en troisième vitesse. Il se rendit jusqu'à la petite penderie du hall et ramena l'habit afin que son propriétaire en sorte le calepin.
Quand il l'eut entre les mains, Jungkook détailla son amant de longues minutes avant de lui tendre l'objet. Ce dernier le saisit du bout des doigts et se réinstalla contre son torse. Expirant un bon coup, il l'ouvrit et disséqua rapidement les premières pages.
— Qui est James ? fit le plus jeune.
— Vu les noms qui suivent, je suppose qu'il s'agit de l'un des prostitués que Jay avait sous la main. Regarde les dates, elles sont bien plus anciennes.
— Ah oui, la dernière date de deux mille deux, remarqua Jimin.
— Je pense que ce James a dû être le premier, supposa Jungkook.
— Le premier d'une longue série, soupira le médium, l'estomac noué.
En sentant son amant se crisper dans ses bras, le plus vieux embrassa sa tempe et posa son menton sur son épaule.
— Quand on aura fini avec ce carnet, je vais l'envoyer à Jake.
— Tu penses qu'il pourra en faire quelque chose ? demanda le plus jeune en feuilletant les pages du calepin.
— La prostitution est interdite dans notre pays. Seok-min ne s'en sortira pas, je te le promets, assura le commandant.
Jimin hocha simplement la tête, touché par la promesse de son compagnon. Le calme s'installa entre eux, pendant qu'ils découvraient chaque nom, chaque date gravée à l'encre noire. Plus le blond tournait les pages, plus les date se rapprochaient, puis vers la fin, le nom de Yoongi apparut enfin. En lisant le nom du premier client, Jimin fut traversé par un sentiment désagréable.
— Park Hwang, murmura-t-il.
— Qui est-ce ? questionna Jungkook, les sourcils froncés.
— C'est un animateur de télé. Je regardais souvent son émission quand j'étais enfermé à l'asile. C'est... c'est lui le premier client dont Yoongi parlait dans sa vidéo.
Le tatoué ne fit aucun commentaire, il se contenta d'enlacer plus fermement son cadet dont le cœur battait plus rapidement. Jungkook n'avait pas besoin de l'entendre de sa bouche pour savoir qu'il n'allait pas bien. Il pouvait le sentir, mais une certaine fierté le combla de voir qu'il faisait de son mieux pour garder le contrôle de ses émotions.
Les minutes qui suivirent furent sans doute les plus pesantes pour le couple qui ne quittait pas le carnet de papier des yeux. Contrairement à ce que Jimin pensait, Yoongi n'avait pas été le dernier garçon que Jay avait prostitué. En continuant de feuilleter le calepin, il s'était rendu compte qu'il y avait deux autres noms après le sien et que la dernière date inscrite était le six novembre deux mille dix-neuf.
— Il a continué après la mort de Yoongi, chuchota Jimin, les doigts crispés autour de la couverture en cuir.
— Hé, souffla Jungkook, en resserrant sa prise autour de sa taille. Ne t'égare pas. Restons concentré sur notre objectif. On se chargera de Seok-min plus tard.
— Désolé, répondit le plus jeune en revenant à la page qui les intéressait.
Du bout de l'ongle, il fit défiler les lignes jusqu'à arriver à la dernière et il sentit son cœur louper un battement.
— Treize janvier deux mille quinze, murmura-t-il. C'est... c'est le jour de sa mort.
— Il y a deux noms, remarqua le commandant.
— Il... il lui a donné deux clients ce jour-là.
La voix du médium était toujours aussi basse, presque prudente, comme s'il avait peur qu'en le disant clairement, cela devienne encore plus réel.
— Ce nom, commença Jungkook en le pointant de son index. Im Mo-yeon, il me dit quelque chose.
— C'est une femme, fit Jimin, le regard rivé sur l'encre noire.
— Oui, mais ce n'est pas ça. Elle... merde où est-ce que je l'ai vue, grommela le plus vieux en prenant son téléphone.
Le brun ouvrit un page internet et pianota son nom sur le clavier tactile. Rapidement, il trouva l'information qu'il voulait et tomba des nues en comprenant qu'il avait vu juste.
— Tu as trouvé ? demanda son amant en baissant les yeux sur son écran.
— Oui, souffla Jungkook, une mine de dégout et de déception sur le visage.
— Qui est-ce ?
— C'est la secrétaire d'État.
— Q-quoi ? bafouilla Jimin, abasourdi.
— Oui, c'est la putain de secrétaire d'État, répéta le tatoué plus distinctement.
Le blond eut l'impression que le liquide chaud qui coulait dans ses veines venait de se changer en glace. Yoongi l'avait prévenu, toutes ses personnes étaient influentes, voilà pourquoi ils portaient des masques pendant leurs ébats. Aucune d'elle ne voulait être reconnue.
— C'est quoi le deuxième nom ? reprit le commandant.
— C-ce n'est pas un nom. Je pense que c'est un diminutif ou un surnom, expliqua le médium en regardant la page vieillie par le temps.
— Mister D ? récita Jungkook, les sourcils froncés.
— Pourquoi Seok-min a noté le nom de tous ses clients sauf celui-là ? cogita le plus jeune.
En posant cette question, il ne s'attendait pas réellement à une réponse. Il n'avait pas pu s'empêcher de penser à voix haute, comme si cela l'aidait à mieux réfléchir à cette nouvelle énigme qui venait de faire son apparition.
— À mon avis, ce Mister D est bien plus important que tous les autres, supposa le commandant.
— Je ne vois pas d'autre explication, mais ça ne nous aide pas, soupira Jimin en refermant le calepin.
D'un mouvement las, il posa l'objet sur le matelas et quitta le lit. L'ongle de son pouce coincé entre ses dents, il se mit à faire les cent pas dans la pièce, sous le regard peiné du brun.
— Jimin, commença-t-il d'une voix délicate.
Le concerné pivota la tête vers lui, ses orbes noirs regorgeant d'émotions négatives qui ne demandaient qu'à sortir.
— On est de nouveau dans une impasse. Tout ça, tout ce qu'on a fait, ça n'a servi à rien, constata le médium, la gorge nouée.
— Non, on a une piste, affirma Jungkook d'une voix calme, presque prudente.
— Ah oui ? Laquelle ? Tout ce qu'on a, c'est un foutu pseudo, ragea le consultant sans cesser de faire des va-et-vient dans la chambre.
— Jimin, répéta le commandant d'un ton plus ferme
En entendant son prénom, le jeune consultant s'immobilisa et pivota vers lui, croisant enfin son regard dur. Sans qu'il ait besoin d'en dire plus, le blond comprit qu'il était en train de perdre le contrôle. Il prit donc une grande inspiration et ferma les yeux quelques secondes.
— Ok, murmura-t-il lorsqu'il sentit son rythme cardiaque ralentir.
— On a une piste. Déjà, nous savons qu'il s'agit d'un homme et puis, si ce gars utilise ce pseudo pour se payer des prostitués, peut-être qu'il s'en sert pour autre chose. On arrivera à remonter jusqu'à lui. Peu importe comment, on y arrivera, assura le tatoué.
Peu convaincu, le médium hocha tout de même la tête et décida de faire confiance à son amant qui ouvrit ses bras tout en reprenant la parole.
— Viens par là, fit-il avec douceur.
Une moue sur le visage, le blond s'approcha de son compagnon et grimpa sur le matelas. Silencieux, il s'allongea entre les jambes de Jungkook, posant la joue contre sa poitrine. L'oreille juste au-dessus de son cœur, il patienta quelques secondes avant que leurs rythmes cardiaques ne se mettent à battre en parfaite harmonie, comme ils l'avaient toujours fait.
— On va arrive au bout, c'est plus qu'une question de temps avant qu'on découvre son identité, déclara le commandant après de longues minutes de silence.
Pendant que l'une de ses mains grattait tendrement son cuir chevelu, l'autre s'était frayée un chemin sous son vêtement, effleurant son dos du bout des ongles.
— Je te le promets, ajouta le brun dans un murmure.
Jimin ne répondit rien, il se contenta de passer ses bras autour de sa taille et de resserrer sa prise, le remerciant silencieusement pour sa promesse.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Cinq jours s'étaient écoulés depuis que le couple avait ouvert ce calepin et découvert les noms des deux derniers clients de Yoongi. Dès le lundi matin, Jungkook s'était rendu chez Namjoon et lui avait demandé de trouver tout ce qu'il pouvait sur ce Mister D et le carnet. Le hacker l'avait averti de la possibilité qu'il fasse chou blanc, mais le commandant ne voulait pas baisser les bras. Si cet indice n'aboutissait à rien, il avait d'autres tours dans sa manche, et comptait bien tous les utiliser pour avoir des réponses.
Durant cette semaine de travail, Jungkook n'avait cessé de repenser à sa rencontre avec Woong. Bien qu'il tentait de passer outre, le tatoué avait du mal à oublier ce qu'il avait ressenti lorsqu'il s'était retrouvé dans le même espace que lui.
Parfois, quand il était seul, il ne pouvait pas empêcher son esprit de ressasser ce qu'il avait vécu avec lui et aux paroles qu'ils avaient échangées lors de leur séparation. Il revivait les derniers instants qu'il avait passés dans ce maudit appartement où il s'était senti heureux, et à chaque fois, une forte nausée le submergeait, lui nouant l'estomac. Même après toutes ses années, cet homme continuait d'avoir une emprise invisible sur lui.
Inconsciemment, la trahison que Jungkook avait subie lui était revenue en plein visage et son degré de méfiance était au plus haut. Il avait une envie constante d'avoir son amant à ses côtés, comme un besoin vital qui apaisait toutes ses craintes.
Pendant les premiers jours, le commandant avait pu garder un œil sur Jimin. Ce dernier était resté avec lui durant les deux gardes qu'il avait prises, mais malheureusement pour lui ce soir, le médium avait décidé de sortir en compagnie de Lian. Les deux hommes allaient dîner ensemble au grand dam de Jungkook qui avait accepté de remplacer Kuina jusqu'à son retour, plus tard dans la soirée.
Jimin avait quitté le poste de police aux alentours de dix-neuf heures avec son ami et ils s'étaient rendus jusqu'au restaurant en centre-ville. De son côté, le tatoué était resté au travail jusqu'à vingt-deux heures puis la jolie brune avait pris le relais pour le reste de la nuit.
Sans nouvelle de son amant, Jungkook était rentré chez lui, l'esprit parasité par toutes ses mauvaises pensées. Il ne cessait de se demander ce que faisait Jimin ? Où il était ? Quand comptait-il rentrer ? Pourquoi ne lui avait-il donné aucune nouvelle de la soirée ? Pourquoi ne répondait-il pas au téléphone ?
À mesure que les minutes et les heures défilaient, le policier sentait son inquiétude s'accroître, mais aussi sa méfiance et sa jalousie. Jimin aurait dû être avec lui, pourquoi ne l'était-il pas ? Pourquoi était-il avec Lian ?
Prisonnier des mains d'une paranoïa qu'il ne contrôlait pas, le brun avait finalement pris sa douche, tentant d'apaiser la migraine qui avait pris vie dans sa nuque. Entièrement nu et trempé, il sortit de la cabine et enroula une première serviette autour de sa taille puis, pris une deuxième pour ses cheveux qu'il essora rapidement avant de la jeter sur la panière à linge.
Les deux mains à plat sur la vasque, il leva la tête vers le miroir recouvert par la condensation et le balaya de sa paume, dévoilant enfin son reflet qu'il fixa de longues minutes.
— Arrête de psychoter mon vieux, fit-il en se regardant dans les yeux. Jimin t'aim-
Sa phrase fut avortée par la sonnerie de son téléphone qui attira son attention. Le cœur tambourinant d'impatience à l'idée d'avoir enfin des nouvelles de sa moitié, il saisit le portable, un sourire aux lèvres et déverrouilla l'appareil.
Son espoir fut anéanti par le numéro inconnu qui s'afficha, néanmoins Jungkook ouvrit tout de même le message. Celui-ci contenait deux fichiers, l'un était une photo tandis que l'autre semblait être une vidéo.
— C'est quoi ce-
Ses mots moururent dans sa gorge lorsqu'il ouvrit la première photo. Sans aucune certitude, il reconnut immédiatement la chevelure de son amant, mais ce qui le fit froncer les sourcils et accélérer son pouls fut la scène que résumait ce cliché. Jimin était de dos, mais il pouvait le voir en train d'embrasser un autre homme et pas n'importe qui, Lian.
— Non, c'est... c'est impossible, bafouilla Jungkook dont les jambes devenaient plus vacillantes.
Les mains tremblantes et le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, il ouvrit le deuxième fichier et cette fois, ses muscles cédèrent pour de bon. La vue brouillée par les larmes qu'il tentait de contenir, le commandant s'écroulera sur le carrelage, le regard rivé sur son écran.
Sous ses yeux, comme s'il assistait à la scène en personne, Jungkook voyait son petit ami, l'homme qu'il aimait plus que tout, nu, en plein ébat avec leur ami. Bien qu'il soit de dos, le tatoué connaissait suffisamment le corps de son amant pour affirmer avec certitude qu'il s'agissait bien de lui. Ce dernier chevauchait Lian, qui avait ses bras autour de sa taille pendant que ses lèvres dévoraient son cou.
Ne supportant plus une telle vision, le policier laissa son téléphone retomber au sol et tout sembla s'éteindre autour de lui. Il n'entendait plus rien, ne ressentait plus rien. Rien que le néant puis, sans qu'il puisse le contenir, un hurlement de douleur et de désespoir déchira ses cordes vocales.
La poitrine en feu, le court souffle, il tira hargneusement sur ses propres mèches, tentant comme il pouvait de contrôle cette rage qui lui donnait envie de tout détruire autour de lui.
Ça recommençait.
Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi maintenant ? Si Jimin le trompait, alors tout ce qu'il lui avait dit n'était qu'un tissu de mensonges ?
Perdu au milieu de ces questions qui lui donnaient envie de s'arracher la poitrine, Jungkook fut ramené à la triste réalité par la sonnerie de son téléphone. Sans bouger, il baissa simplement les yeux sur son écran et put y lire quelques mots écrits par cet inconnu. Des mots qui laissèrent un goût amer, un goût de trahison.
✉️ Vous devriez faire attention à qui vous faites confiance, commandant Jeon.
Sentant de nouveau la fureur le consumer, le brun prit une grande inspiration et ferma les yeux. La souffrance qu'il ressentait était indescriptible, elle était encore plus intense que la première fois et il savait pourquoi. Les sentiments qu'il avait pour Jimin étaient réels et puissants. Durant ces quelques semaines, le blond lui avait fait croire que l'amour existait. Il lui avait fait vivre une utopie, un rêve et pendant un instant, Jungkook y avait cru. Il pensait réellement avoir trouvé la personne avec qui il passerait le restant de ses jours. Il s'était vu vieillir avec ce garçon à ses côtés, mais rien n'était vrai et à présente la chute était rude.
Totalement éteint, le commandant trouva enfin la force de se lever et traîna des pieds jusqu'à sa chambre, son téléphone dans sa main. Quand il ouvrit la porte, une violente odeur sucrée le frappa et de nouveau ces nausées brulèrent sa gorge pendant qu'il se dirigeait vers son dressing. À la vitesse de l'éclair, il enfila un t-shirt et un jogging puis quitta la pièce en refermant le battant derrière lui.
Tel un robot guidé par un mécanisme automatique, il avança jusqu'à salon et s'écroula sur le canapé, le regard perdu dans le vide. Il n'avait plus la force ni la volonté de faire quoi que ce soit. Son esprit avait totalement déserté son corps, se protégeant ainsi de ces images qui repassaient en boucle. Il revoyait ce dos qu'il avait tant caressé, ses cheveux dont il avait à de nombreuses reprises, humé le parfum et ce corps qu'il pensait n'appartenir qu'à lui. Il se rappelait tout ça et se répétait que tout était terminé.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Les douze coups de minuit avaient déjà retenti lorsque la porte de l'appartement s'ouvrit sur Jimin. Le médium venait de rentrer de sa soirée et son sourire ne le quittait pas. Non seulement il avait passé un excellent moment, mais en arrivant sur le parking, il avait vu que Jungkook était rentré. Impatient de retrouver son amant, il retira rapidement ses chaussures et commença à avancer d'un pas enthousiaste à travers les différentes pièces.
En arrivant dans le salon, son regard se posa sur la silhouette du brun qui était assis sur le canapé, le regard rivé droit devant lui. Confus par cette position si morose, le médium fronça le sourcil et fit un pas prudent vers lui, un sourire timide sur les lèvres.
— Grincheux, je suis rentré, annonça allègrement Jimin en allumant la lampe à pied qui se trouvait près de lui.
— Où étais-tu ? demanda Jungkook d'une voix étrangement neutre et calme.
— On est allé boire un verre après le dîner. Désolé, il est un peu tard, mais je pensais que tu étais encore au poste.
— Non. Je suis rentré depuis deux heures, mais tu le saurais si tu avais répondu au téléphone, répliqua le tatoué.
Le ton froid de son vis-à-vis désappointa le médium qui fronça les sourcils et recula d'un pas. En rentrant, il s'attendait à tout sauf à un accueil aussi dur et impersonnel.
— Je suis désolé, je n'avais pas de réseau, expliqua ce dernier calmement.
— C'est ça, pouffa amèrement le plus vieux.
Même s'il était confus et surtout vexé par la méfiance de son aîné, Jimin décida de rester calme. Envenimer la situation serait contre-productive, si son amant réagissait ainsi, il devait y avoir une bonne raison. C'était à lui de comprendre pourquoi.
— Hé Kook qu'est-ce-
— Qu'est-ce que vous avez fait ce soir ? trancha Jungkook. Dis-moi la vérité.
La fin de sa phrase était presque implorante et pour la première fois, il tourna la tête vers son cadet qui le sonda toujours aussi troublé.
— Je te l'ai dit, on est allé boire un verre.
— Foutaises, répliqua le policier d'un ton dur, mais toujours aussi calme.
Malgré sa voix blanche, le blond pouvait apercevoir à ses poings serrés et à sa mâchoire contractée que ce n'était qu'une façade. Quelque chose semblait profondément le contrarier, mais il ignorait de quoi il s'agissait.
— Combien de fois t'a-t-il baisé ? demanda subitement Jungkook en se levant.
— Q-quoi ? bafouilla Jimin, ahuri par la question. D-de quoi tu parles ?
— Lian ! Combien de fois cet enfoiré t'a baisé ?
Cette fois, le ton du brun était monté de quelques décibels, surprenant le plus jeune qui recula, abasourdi. Face à ce regard noir et accusateur, il sentit son pouls s'accélérer. Cette discussion était totalement lunaire. Son petit ami était en train de sous-entendre quelque chose qui n'était jamais arrivé, ce qui fit naître en lui une marée d'émotions des plus accablantes. N'avait-il aucune confiance en lui ?
— Jungkook, je ne comprends rien. De quoi tu parles ? Lian ne m'a jamais touché, pourquoi tu me demandes ça ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
Un rire glaçant quitta la gorge du tatoué qui passa une main tremblante dans ses cheveux. Lorsque celle-ci retomba lourdement dans le vide, il planta de nouveau ses orbes accusateurs dans les siens.
— Il ne t'a jamais touché ? pouffa ce dernier, les sourcils haussés. Alors, tu vas me dire que vous n'avez pas passé la soirée à vous envoyer en l'air ?
Ces calomnies commençaient sérieusement à irriter Jimin qui se sentit attaqué, mais surtout, blessé par les doutes que son amant avait à son égard.
— Attends, tu délires ou quoi ? Je te dis que Lian et moi, on n'a jamais couché ensemble ! Qu'est-ce qui te prend ? Tu as perdu la tête ? s'indigna le plus jeune.
— J'ai perdu la tête ? ricana amèrement Jungkook en sortant son téléphone. Je ne délire pas Jimin, je vous ai vu !
— Qu-
Le blond s'interrompit quand son regard se posa sur la vidéo qui défilait sur l'écran face à lui. Les yeux écarquillés, il sentit son cœur tomber à ses chevilles lorsqu'il vit son propre corps, entièrement nu en plein ébat avec un homme qui ressemblait trait pour trait à Lian.
C'était impossible, ce n'était pas arrivé. Il n'avait jamais été présent dans cette pièce. Il n'avait en aucun cas fait cet acte impardonnable dont on l'accusait à tort. Il n'avait jamais trahi l'être qu'il chérissait le plus. Ce n'était que des mensonges, et il devait le prouver, mais comment ? Tout semblait être contre lui, comme un mauvais coup du destin qui voulait détruire son bonheur et le renvoyer dans les abysses de l'enfer.
— C'est... non ce n'est pas possible, bégaya-t-il en trébuchant sur ses propres pieds.
— Qu'est-ce qui n'est pas possible ? Que tu te sois fait prendre ? Ou que tu me trompes avec un de mes amis ? cracha le commandant avec amertume.
— Non ! Je ne t'ai pas trompé ! Ce n'est pas moi sur cette vidéo ! Je ne sais pas qui a fait ça, ni comment, mais je n'ai pas fait ce dont tu m'accuses ! réfuta le plus jeune, la gorge nouée et le cœur martelant dans ses tempes.
— Tu ne peux pas nier ! Pourquoi tu continues de mentir alors que la preuve est là ?!
— Parce que ce n'est pas moi !! martela Jimin d'une voix plus forte et assurée. Pourquoi tu ne me crois pas ? Je t'aime, je... je ne ferais jamais-
— ARRÊTE DE MENTIR ! hurla Jungkook, fou de rage, sa poitrine montant et descendant à un rythme soutenu.
Quand sa voix forte fit écho dans la grande pièce et que l'instigateur fit quelques pas vers son vis-à-vis, ce dernier recula en se couvrant le visage de ses avant-bras, se protégeant d'un coup qui ne vint jamais. Devant ce geste défensif et ce corps tremblant, le commandant ressentit un électrochoc le traverser. Il était en colère, il en voulait à Jimin, mais jamais, il ne lui ferait de mal. Il prit donc une grande inspiration afin de calmer sa rancœur et instaura une distance raisonnable entre eux.
— Je n'arrive pas à croire que tu aies pu me faire ça, souffla-t-il d'une voix plus calme. Maintenant, je comprends pourquoi tu connaissais si bien la signification de ces fleurs. C'est peut-être toi qui aurais dû m'offrir ces roses jaunes.
Le visage ravagé par les larmes, Jimin abaissa lentement ses bras pour planter ses prunelles dans celles de son aîné. Ce dernier le toisait avec dégoût et une immense peine déchira le cœur du consultant. En le voyant ainsi, il comprit que c'était peine perdue. Peu importe ce qu'il dirait, quels que soient les arguments qu'il avait pour se défendre, Jungkook ne le croirait pas. Son cœur était de nouveau barricadé derrière ses murailles en béton et plus rien ne le ferait changer d'avis. Pourtant, la poitrine remplie d'espoir, il ne put empêcher son cœur d'essayer une dernière fois, voulant à tout prix sauver ce qui restait de plus beau dans sa vie.
— S'il te plaît écoute-moi, l'implora-t-il dans un murmure. Je ne sais pas qui a fait cette vidéo ni même qui est la personne dessus, mais je te jure sur tout ce que j'ai de plus cher que ce n'est pas moi ! Je ne t'aurais jamais fait ça ! J'ai passé la soirée avec Lian mai-
— Va-t'en, le coupa Jungkook d'un ton ferme et glacial.
— Q-quoi ? bégaya le plus jeune.
— Tu as très bien entendu. C'est terminé. Prends tes affaires et dégage de chez moi. Disparais de ma vie, je ne veux plus jamais te revoir.
Ces paroles crachées avec un tel écœurement furent le coup de massue pour Jimin qui sentit le sol s'ouvrir sous ses pieds. Abasourdi, il fixa son aîné de longues secondes, espérant encore qu'il change d'avis, mais rien ne se passa.
— Jungkook, je n'ai rien fait ! Pourquoi tu doutes de moi comme ça ?
Il n'eut aucune réponse. Rien n'y faisait, le brun ne voulait rien entendre. Son regard débordant de déception et de colère le toisait, lui donnant l'impression de n'être qu'un déchet dont il voulait se débarrasser. Alors c'était ainsi que tout se terminait ? Sans même qu'il n'ait la possibilité de défendre sa cause ? N'avait-il donc jamais été écouté ? Ni même cru toutes ces fois où il avait proclamé son amour pour cet homme ? Tous ces moments où il s'était livré à lui ? Tout ça n'avait donc aucun poids dans la balance de ce tribunal qui l'avait jugé coupable sans même lui laisser une chance de clamer son innocence ?
Résigné, le médium hocha simplement la tête et prit une grande inspiration, priant pour que sa voix ne le trahisse pas.
— Je n'ai pas fait ce dont tu m'accuses et quand tu t'en rendras compte, ce sera trop tard. J'ignore qui a bien pu inventer ce mensonge, ni même comment il s'y est pris, mais je suis innocent. Je ne t'aurai jamais trahi, je pensais que tu le savais.
Sentant sa gorge se nouer douloureusement, il sonda une dernière fois l'homme qu'il aimait et quitta le salon d'un pas rapide en essuyant les larmes qui ruisselaient sur ses joues.
Une fois dans sa chambre, il referma doucement la porte derrière lui et resta statique de longues minutes. Il était si sonné, si blessé par tout ce qu'il venait d'entendre, qu'il avait l'impression que son cœur venait de lui être arraché. C'était fini. Sa plus belle et unique relation venait de prendre fin de la manière la plus tragique qui soit et il ne comprenait même pas pourquoi.
Qui était le garçon sur cette vidéo ? Pourquoi lui ressemblait-il autant ? Qui avait bien pu faire ça ? Toutes ses questions auxquelles il n'aurait jamais de réponse n'avaient plus aucune importance.
Jungkook avait été clair. Il n'avait pas confiance en lui, il n'en avait jamais eu. Il n'avait jamais cru en lui, ni en aucune de ses déclarations, voilà pourquoi il était incapable de croire en ses mots.
À présent, Jimin savait ce qu'il lui restait à faire. Lorsqu'il retrouva l'usage de son corps, il ouvrit son dressing et en sortir un sac de sport. Il y jeta quelques habits pour la nuit et les jours à venir, puis alla dans la salle de bain pour prendre ses affaires de toilette. Une fois son bagage prêt, il prit son chargeur de téléphone et chercha son ordinateur, mais se souvint qu'il l'avait laissé sur son bureau au commissariat.
— Merde, grommela-t-il, la voue brouillée par les larmes qui ne cessaient de couler.
Soupirant faiblement, il abandonna l'idée de le prendre et ouvrit le tiroir de sa commode pour en sortir une feuille de papier ainsi qu'un stylo. Il ne voulait pas laisser Taehyung sans nouvelle, alors, les doigts tremblants d'émotions, il commença à rédiger quelques mots qu'il laisserait sur le lit de son ami.
" Cher Taehyung,
Je suis désolé de te dire au revoir de cette façon. J'aurais préféré que les choses se passent différemment, mais je n'ai pas pu faire autrement.
J'ai décidé de m'en aller. Je crois qu'il est temps que je vole de mes propres ailes et que je vous laisse reprendre le cours de votre vie qui était bien plus calme avant mon arrivée.
Je sais que tu vas sûrement te poser la question, alors je préfère le dire maintenant. Jungkook et moi, c'est terminé. Ne lui pose pas de question, c'est une décision qui lui appartient et que j'ai décidé de respecter.
Je te remercie du fond du cœur pour tout ce que tu as fait pour moi. Merci d'avoir été tout ce que j'avais perdu à la mort de Yoongi. Merci d'avoir été un père, un grand frère, un confident. Merci d'avoir si bien pris soin de moi sans même me connaître. Je sais que sans toi, je serai encore là-bas, coincé dans l'enfer qu'était ma vie, mais tu m'as sauvé et pour cela, je t'en serais redevable dans cette vie et dans la prochaine. Je te remercie sincèrement d'avoir fait de moi un homme plus courageux et je te remercie toi et tous nos amis pour tout l'amour que vous m'avez donné durant ces quelques mois que nous avons passés ensemble. Grâce à vous tous, j'ai découvert ce que c'était d'avoir une famille, d'être aimé et choyé, c'est bien plus que ce que j'ai pu avoir durant toute ma vie.
Je vous souhaite à Lilith et toi, tout le bonheur du monde. J'espère un jour avoir la chance de rencontrer vos bébés qui, je le sais, seront les enfants les plus chanceux du monde. Qu'est-ce que j'aurais aimé être à leur place...
Je ne sais pas encore où je vais, peut-être que j'irai retrouver ma mère. Ou alors, je pourrais aller voir le monde. Je ne sais pas, mais ça n'a pas d'importance.
Dès que je serais installé, je prendrais contact avec toi, je te le promets, mais d'ici là, s'il te plaît, ne me cherche pas.
Ne t'inquiète pas pour moi, je m'en sortirais. Je suis devenu un grand garçon, tu te souviens ?
Embrasse tout le monde de ma part.
Avec tout mon amour.
P.Jm "
Mordant durement sa lèvre inférieure afin d'y étouffer ses sanglots, le médium plia soigneusement la feuille et la glissa dans une enveloppe blanche. D'une calligraphie imparfaite, il vint inscrire le prénom de son ami. La tête baissée, il fut incapable de stopper une larme qui s'écrasa sur le papier, créant un minuscule sphère dans laquelle l'encre qui avait immortalisé les dernières paroles pour son aîné se diffusa, laissant une trace de sa tristesse.
Tout en prenant de grandes inspirations, Jimin scruta une dernière fois cette pièce dans laquelle il avait accumulé tant de souvenirs, puis il trouva enfin le courage de prendre ses affaires et de s'en aller.
La veste de Yoongi sur les épaules, le blond longea le couloir sans regarder en direction de la chambre de son ancien petit ami et entra dans celle de Taehyung pour y déposer son message. Il savait que ce dernier devait passer le lendemain matin, il lui avait confirmé sa venue plus tôt. Il posa soigneusement la lettre sur son oreiller puis quitta la pièce pour rejoindre le hall d'entrée.
Ne fais pas ça, intervint une voix qu'il reconnut tout de suite.
— Pas maintenant Yoongi, murmura le médium, la gorge nouée par les pleurs.
Tu ne peux pas partir tout seul ! Tu ne seras pas en sécurité ! insista le mentholé en le suivant à travers le salon.
Son meilleur ami avait raison, il en avait bien conscience, mais il n'avait pas le choix. Jungkook ne voulait plus de lui ici. C'était son domicile, il n'avait été qu'un invité, un parasite qui s'était accroché à eux, mais à présent, il avait été chassé et devait respecter sa décision. À son arrivée entre ses murs, Jimin s'était rapidement senti chez lui. Il s'y était senti aimé et en sécurité, cependant, comme tout dans la vie, chaque moment de bonheur avait une fin, et cette finalité venait de lui tomber dessus sans crier gare.
— Va-t'en. J'ai besoin d'être seul, alors s'il te plaît, laisse-moi tranquille, ordonna le médium d'un ton tranchant alors qu'il peinait à contrôler ses sanglots.
Avant que Yoongi n'ait le temps de répondre, il sentit une sensation étrange l'envahir, lui causant une souffrance qu'il connaissait à présent.
Ne fais pas ça, Min, s'il te plaît, implora-t-il.
— Je suis désolé.
Le fantôme sentit son énergie diminuer considérablement, le contraignant à disparaitre avant d'imploser de nouveau et être renvoyé dans le néant. Jimin avait fermé son canal psychique, il venait de l'expulser derrière le rideau, là où il serait invisible et impuissant face à sa détresse.
Enfin seul, le médium rejoignit le hall. Ne voulant pas laisser ses affaires, il prit tout ce qui lui appartenait dans l'armoire et les engouffra dans son sac puis enfila ses Dr Martens avant d'ouvrir la porte. Il s'apprêtait à partir, lorsqu'un couinement derrière lui brisa le silence pesant qui l'entourait. Pivotant lentement, il fit face à Zeus qui était venu le rejoindre. Le berger allemand le sondait de son regard suppliant, les oreilles et la queue baissées, et Jimin comprit qu'il avait ressenti sa peine, mais surtout qu'il avait compris qu'il allait le quitter.
Ce fut la goutte de trop pour le jeune consultant qui tomba à genoux sur le seuil de la porte. Il ne voulait pas partir. Cet appartement était sa maison, son refuge, pourtant il n'avait plus le choix.
— Je suis désolé, murmura-t-il en enlaçant tendrement l'animal. Tu vas tellement me manquer.
Lorsque Zeus vint lécher sa joue, le blond le caressa une dernière fois avant de se lever et de passer l'encadrement de la porte. La poignée dans sa main gauche, il prononça ces dernières paroles à l'attention de cette boule de poils qui l'avait jadis tant aidé et protégé.
— Au revoir champion. Veille sur Jungkook pour moi.
Puis, il partit sans se retourner, laissant l'homme qu'il aimait, seul, assis dans le noir, luttant contre ses propres démons qui dévoraient son cœur et son âme.
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