Le dimanche s'était déroulé dans le calme pour le couple. Il avait passé leur matinée au lit, discutant et se câlinant avant que Jungkook n'aille préparer leur déjeuner. Le brun avait profité de ce moment de solitude pour appeler ses parents en visio, sa mère l'ayant contacté deux fois la veille.

De son côté, Jimin avait pris l'initiative de changer les draps de leur lit. Il était ensuite descendu jusqu'à la laverie de la résidence puis ce fut en remontant qu'il avait fait la bourde du siècle. Ayant envie de partager un moment avec son petit ami, le blond était rentré dans l'appartement, les bras chargés de leurs draps fraîchement lavés. Sa vue étant obstruée par les tissus qu'il n'avait pas pris le temps de plier, il ne s'était pas rendu compte que Jungkook était encore au téléphone avec ses parents adoptifs. C'était alors naturellement qu'il lui avait demandé d'une voix forte s'il voulait aller dîner en amoureux.

Bien évidemment, Min-ji avait tout entendu et quand le médium s'était rendu compte de sa boulette, il avait eu envie de s'enterrer sur place. Il avait eu peur de la réaction de son amant, craignant que ce dernier lui en veuille d'avoir révélé leur relation à sa place. Bien entendu, le commandant n'avait eu aucune réaction négative. Il lui avait fait signe de venir le rejoindre et l'avait assis sur ses genoux.

Madame Kim avait montré toute sa joie face au couple qui avait récemment vu le jour. Elle était heureuse de voir le sourire et le bonheur sur le visage de son fils et elle ne pouvait pas demander meilleur petit ami pour lui que ce garçon au visage d'ange.

Après cet appel qui avait finalement duré plusieurs heures, les deux garçons s'étaient installés sur le canapé, lovés l'un contre l'autre. Ils avaient visionné plusieurs épisodes de Game Of Trône avant de se préparer pour aller dîner dans un restaurant en bord de mer.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Lundi matin, Jungkook s'était levé aux aurores. Après avoir bu son premier café, il était allé courir pendant une heure avant de rentrer et de trouver Jimin qui était encore en pyjama dans la cuisine.

— Salut, fit-il en ouvrant le frigo.

— Bonjour, répondit le médium.

Après avoir presque avalé la totalité de la petite bouteille d'eau, le brun s'approcha de son amant et l'embrassa chastement avant de se reculer. Ce mouvement déclencha un grognement de mécontentement du plus jeune qui saisit sa taille pour le tirer jusqu'à lui.

— Je suis tout collant, ricana Jungkook.

— Je m'en fiche, répliqua-t-il en se hissant légèrement sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser plus long et profond.

Quand ils furent en manque d'oxygène, le commandant rompit le contact et plongea son regard dans celui de son amant.

— Tu es content de reprendre le travail ? demanda Jimin, ses bras entourant la nuque de son aîné.

— Oui, je suis impatient, répondit le tatoué d'une voix douce. Il faut que j'aille me doucher. Tu m'accompagnes ?

Le blond afficha un sourire espiègle et sauta dans ses bras, enroulant ses jambes autour de sa taille. En riant, Jungkook le sécurisa en posant ses paumes sous ses fesses puis partit en direction de leur salle de bain.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le couple arriva au commissariat à huit heures tapantes. Une fois à l'étage de la criminelle, le commandant alla directement rejoindre le capitaine de la police qui l'attendait dans son bureau. Prenant une grande inspiration, il essuya ses paumes moites sur son treillis noir puis toqua à la porte.

S'il devait être franc, le brun était anxieux, même très anxieux. Il savait qu'il allait être réintégré, mais à quel prix ? Son supérieur allait-il encore plus le sanctionner ?

Perdu dans ses pensées, il fut brutalement ramené à la réalité lorsque la voix forte de son aîné lui donna l'autorisation d'entrer. Sans se faire prier, il s'exécuta et pénétra dans le bureau. Assis derrière son grand bureau en bois sombre, un air sérieux sur le visage et ses lunettes sur le nez, Lim Jung, fixait son écran d'ordinateur.

— Bonjour, fit Jungkook.

Le plus vieux porta son attention sur son visiteur et lui offrit un sourire poli.

— Bonjour Jungkook. Assieds-toi, s'il te plaît.

Le tatoué hocha la tête et obéit et s'installa sur le siège en cuir sombre.

— Avant de parler de choses sérieuses, comment vas-tu ?

— Je vais bien, merci, répondit-il.

— Comment s'est passé ton anniversaire ?

— C'était super.

— Je suis ravi d'entendre cela.

Lim le couva d'un sourire paternel avant de tourner la tête sur le côté et d'ouvrir le premier tiroir de son bureau. Il en sortit la plaque ainsi que l'arme de service du commandant qu'il déposa sur le sous-main en cuir qui recouvrait une bonne partie du meuble.

— Avant que tu puisses reprendre du service, je voudrais qu'on discute, commença le capitaine.

— D'accord, acquiesça simplement Jungkook.

— Est-ce que tu as réfléchi à la raison de cette suspension ?

— Tu as été très clair, je n'ai pas eu besoin d'y réfléchir. Par contre, je suis désolé Jung, mais si tu t'attends à ce que je m'excuse je ne le ferais pas.

— Jungkook, soupira le plus vieux en baissant la tête.

— Je suis désolé, mais je ne vais pas m'excuser de vouloir protéger l'homme que j'aime !

Le concerné leva la tête, les sourcils froncés avant que ses yeux ne s'ouvrent en grand en comprenant les paroles de son subordonné.

— Oh. Jimin et toi, vous.... vous sortez ensemble ?

En réalisant qu'il avait parlé sans réfléchir, le tatoué sentit ses oreilles se réchauffer. Il n'avait pas pour habitude de parler de sa vie privée comme ça, mais ces paroles étaient sorties sans qu'il ne puisse les contrôler.

— Oui, répondit-il.

— Je suis content pour vous, lui sourit Lim.

— Merci, mais ce n'est pas le sujet, lança Jungkook, embarrassé.

— Ne sois pas si gêné, ricana faiblement le capitaine avant de reprendre son sérieux. Je comprends parfaitement que tu aies eu envie de le protéger et mon côté paternel comprend pourquoi tu l'as fait. J'aurais sûrement fait pareil si mon épouse était en danger, mais en tant que chef de la police, je dois m'assurer que cela ne se reproduira plus.

Le tatoué le sonda de longues secondes sans rien dire puis il soupira, se pliant à la volonté de son aîné.

— D'accord, je me tiendrai à carreaux.

Lim lui offrit un sourire fier puis fit glisser les outils de travail du commandant jusqu'à lui.

— Voici ta plaque et ton arme. Tu peux réintégrer tes fonctions dès à présent.

— Merci capitaine, répondit Jungkook en récupérant ses effets.

Soulagé, il accrocha son insigne à sa ceinture et glissa son arme dans son nouvel holster.

— Tu t'es enfin acheté un nouvel holster ? demanda le capitaine.

— C'est un cadeau de Jimin, déclara le brun, les oreilles légèrement rougies.

— C'est un très beau cadeau.

— Oui, il me connaît bien.

Le chef de la police afficha un grand sourire débordant de fierté et d'affection pour ce garçon qu'il aimait comme son fils.

— En parlant de Jimin. J'aimerais l'emmener au stand de tir. Je pense que ce serait bien qu'il sache se servir d'une arme.

— Tu sais qu'il n'est pas habilité pour ça. C'est un consultant, rien de plus.

— Je sais bien, mais avec tout ce qui se passe, je me sentirais plus rassuré s'il savait s'en servir. Il n'est pas question qu'il en porte une, mais ça ne lui fera pas de mal. De toute façon, il finira par apprendre quand il ira faire son service militaire. Autant le faire maintenant.

Lim sonda son cadet de longues secondes, observant les traits de son visage, pesant le pour et le contre de cette demande. Jimin était sous sa responsabilité, il était donc dans l'obligation de veiller à sa sécurité, mais lui donner l'autorisation de manier une arme à feu, n'était-ce pas également une façon de le mettre en danger ? Pourtant, il avait confiance en ce garçon, il savait qu'il ne ferait jamais rien d'irréfléchi, ce qui le poussa à donner sa réponse.

— C'est d'accord, se résigna le capitaine.

Un sourire s'étira sur le visage de Jungkook avant qu'une autre demande ne lui vienne en tête.

— Je voulais te demander autre chose, commença le tatoué, une moue enfantine sur les lèvres.

— Je t'écoute, ricana Lim.

— Tu te souviens de la conversation qu'on a eue à l'arrivée de Kuina ?

— Oui, je m'en souviens. Il y a un souci avec elle ?

— Non, non. Tout se passe bien. Tae me dit qu'elle s'est très bien intégrée et puis elle n'est pas si insupportable que ça.

— Alors qu'est-ce qu'il y a ? demanda le plus vieux en ricanant.

— Jimin a la sensation que personne ne prend son poste au sérieux vu qu'il n'a pas de plaque.

— Il n'est pas policier. Je ne peux pas lui donner une plaque.

— Je sais bien, soupira le tatoué. Mais les gars du labo ont un badge, peut-être qu'il pourrait aussi en avoir un ? Après tout, il bosse tout autant que nous. Il fait de son mieux pour aider tout le monde et beaucoup de nos enquêtes ont été résolues grâce à lui.

Encore une fois, le capitaine de la police observa son subordonné. Il trouvait ça amusant de le voir donner des pieds et des mains pour son compagnon. Lim ne voyait pas leur relation d'un mauvais œil, il n'était pas le genre de supérieur à interdire ses employés de se fréquenter. Tant qu'ils savaient rester professionnels, cela ne le dérangeait pas.

— Je vais voir ce que je peux faire au sujet du badge, mais il ne lui donnera aucun pouvoir d'aucune sorte. Il faut qu'il en ait conscience.

— Il le sait, je lui ai déjà dit, mais c'est pour la forme. Je pense que cela le pèse qu'on remette toujours en question sa place dans l'unité.

— Je comprends parfaitement. Je vais m'en occuper, ne t'en fais pas, lui sourit Lim.

— Merci. Je vais me mettre au travail maintenant, annonça le commandant. Si ça ne te pose pas de soucis, je vais réunir tout le monde, histoire de me mettre à jour sur les enquêtes en cours.

— Aucun problème. Tu reprends tes fonctions, tu gères donc tes hommes comme tu l'entends.

Jungkook hocha la tête puis se leva. Incapable de cacher son sourire, il s'inclina devant son supérieur et prit la direction de la sortie.

Dans le couloir, Taehyung, Rose, Lian et Jimin tentaient d'écouter la conversation à travers la porte ou même le mur, mais en vain. Depuis que le médium les avait informés que Jungkook avait été convoqué chez leur capitaine, les trois policiers s'étaient inquiétés qu'il ne se voit refuser sa réhabilitation.

Telles des petites fouines, ils s'étaient précipités hors du QG, suivis par leur cadet qui ne voulait rien manquer du spectacle. Durant les vingt minutes qu'avait duré l'entretien, ils n'étaient parvenus qu'à entendre des bribes de conversation tant leur voix était faible. D'un côté, cela les rassurait, s'il n'y avait pas d'éclat de voix, cela voulait dire que tout allait bien, du moins c'était ce dont ils essayaient de se convaincre.

Quand ils entendirent des bruits de pas s'approcher, Rose fut la première à réagir.

— Il arrive ! paniqua la rouquine en se tournant dos à la porte et agitant ses bras comme si elle brassait de l'air.

Les trois hommes qui l'accompagnaient s'écartèrent juste à temps avant que le battant en bois ne s'ouvre. Craignant de se faire réprimander, chacun tenta de trouver une occupation, la plus ridicule soit-elle, même si rien ne pouvait justifier leur présence ici.

Quand Jungkook referma enfin la porte derrière lui et que son regard se posa sur son amant et ses trois amis, il dut réunir tout son self contrôle pour ne pas exploser de rire tant la scène était hilarante.

Lian tenait dans ses mains un dossier d'enquête et rien ne semblait plus intéressant que ces documents qu'il regardait avec Rose. Cela aurait pu être crédible, s'il ne tenait pas le dossier à l'envers. Taehyung de son côté regardait autour de lui, sifflotant doucement, les mains dans les poches, mais ce qui brisa toute la volonté du grand brun de garder son sérieux fut l'attitude de son petit ami. Jimin s'était rapproché de l'arbre d'intérieur qui trônait fièrement dans l'énorme pot et retirait les feuilles mortes avant de se tourner vers eux, l'air le plus sérieux du monde et de prendre la parole.

— Cette plante a vraiment besoin d'eau, lança-t-il avec une innocence sans limites.

Cette simple phrase fit pouffer toutes les personnes qui se trouvaient là et le principal concerné ne put garder son sérieux plus longtemps.

— Je peux savoir ce que vous faites là ? demanda Jungkook.

— Rien, répondirent les quatre visages qui le fixaient.

— Vraiment ? Lian, ton dossier, tu le tiens à l'envers. Tae, si tu cherches des toiles d'araignée ne te fatigue pas, la femme de ménage passe tous les lundis matin, et toi microbe, depuis quand tu es jardinier ?

Jimin se mit à rire, sa bouche dissimulée derrière sa manche tandis que ses amis tentaient de contenir leur sourire.

— Ok, tu nous as grillé, avoua Taehyung. Qu'est-ce que Lim t'a dit ?

Le blond observa rapidement son petit ami de la tête au pied, et lorsque son regard se posa sur sa taille, et qu'il vit ce qui y était accroché, il eut sa réponse.

— Il est de retour parmi nous. Regardez cette belle plaque suspendue à sa taille, s'exclama le consultant en désignant de ses deux mains l'objet en question.

— Pour de vrai ? C'est bon, tu es de retour ? intervint Rose, visiblement aussi excitée que son cadet.

— Oui, je reprends mes fonctions ce matin, annonça Jungkook.

— OUI ! cria la rouquine.

La jeune femme était sur le point de se jeter au cou du brun, mais elle se figea en affichant un sourire gêné.

— Désolé, c'est l'habitude, fit-elle, embarrassée, son regard posé sur Jimin.

— Fais-toi plaisir, mais, interdiction de toucher ses fesses, elles sont à moi, répondit le concerné, un sourire taquin sur les lèvres.

Jungkook se mit à rire et dût prendre sur lui pour ne pas fondre sur ses lèvres pulpeuses. S'il y avait bien une chose qu'il trouvait affreusement sexy chez son amant, c'était lorsqu'il le revendiquait.

La jeune femme ne répondit pas à la répartie de son cadet, elle se contenta de lui tirer la langue et de rire. L'ambiance était bon enfant entre eux et le retour du brun avait égayé leur cœur, car à présent, toute l'unité était de nouveau au complet.

— Allez, on se met au boulot. Tae, réuni les autres pour qu'on fasse un petit point sur ce qui s'est passé durant mon absence.

— À vos ordres commandant, répliquèrent les quatre subordonnés.

Le sourire aux lèvres, le petit groupe d'amis prit la direction du QG, tous sauf Jimin qui fut stoppé par la main puissante du tatoué.

— Viens par là, murmura-t-il en le tirant doucement avec lui.

Sans aucune résistance, le blond suivit son petit ami à travers le couloir jusqu'à ce que ce dernier ne pousse la porte du petit dortoir. Une fois à l'intérieur, il referma le battant et fondit sur ses lèvres pulpeuses qu'il désirait tant.

Ses mains posées sur les hanches de son aîné, le médium souriait durant le baiser. Il aimait voir son petit ami si nécessiteux, cela ne faisait que flatter son égo.

— Commandant Jeon, je croyais qu'entre ces murs, je n'étais que votre subordonné, le taquina Jimin.

Jungkook se mit à rire, entraînant son cadet avec lui. Le blond disait vrai. Samedi soir, avant la soirée d'anniversaire à laquelle ils avaient été invités, Jungkook lui avait dit qu'une fois au poste, ils devraient mettre leur couple de côté, mais la tache s'avérait plus compliquée que prévue. Le tatoué était en manque constant du toucher de son petit ami. Depuis qu'ils avaient officialisé leur relation et qu'il pouvait enfin crier sur tous les toits l'affection qu'il avait pour lui, il ressentait le besoin vital d'être toujours à ses côtes.

— Je suis fier de toi, lança le plus jeune.

— Fier de moi ? Je n'ai rien fait, répondit Jungkook, les sourcils froncés.

— Si, tu as récupéré ta plaque. Pour ça je suis fier de toi.

— Merci microbe, murmura le tatoué.

Le regard débordant d'amour, il passa une de ses mains derrière sa nuque et approcha doucement ses lèvres des siennes pour y déposer un baiser doux. Jimin répondit à ce contact sans hésiter, passant ses bras autour de sa taille, collant son corps contre le sien.

Les poumons hurlant pour un brin d'oxygène, le couple se sépara et se contempla avec tendresse.

— J'ai parlé à Lim pour ton badge et les séances de tirs, annonça Jungkook.

— Oh, je croyais que tu avais oublié l'histoire du badge, murmura le médium.

— Non, je n'avais pas oublié. Je suis désolé, je n'ai pas eu l'occasion d'en parler avec lui, mais c'est fait maintenant. Il va faire son possible pour que tu l'aies rapidement.

— Merci beaucoup, lui sourit Jimin, les joues rougies.

— De rien beauté.

Après l'avoir embrassé de nouveau, le commandant écarta une mèche rebelle et déposa un baiser sur le bout de son nez.

— Bon, ton petit ami doit se mettre au travail, soupira-t-il sans grande motivation.

— Je te propose qu'on prenne la fuite pour aller faire le tour du monde ! fit Jimin ses mains toujours posées sur l'os de sa hanche.

Avant de répondre, Jungkook contempla son amant de longues secondes, observant son visage et ses yeux noirs. Est-ce que c'était un de ses rêves ? Voir le monde ? Il se posait la question désormais et souhaitait avoir une réponse.

— Tu voudrais le faire ?

— Prendre la fuite ? demanda le médium en riant faiblement.

— Non, faire le tour du monde.

Le blond ne répondit pas immédiatement. Il semblait réfléchir à la réponse, ou peut-être avait-il peur qu'il trouve son rêve ridicule ?

— J'aimerais oui.

— On le fera tous les deux une fois que toute cette histoire sera finie.

— Pour ça, il faudrait qu'on quitte notre travail.

— On prendra des vacances à durée indéterminées ou des jours sans solde, mais je te ferai voir le monde.

Ému par cette promesse, Jimin fondit sur les lèvres de son compagnon dans un baiser plus profond jusqu'à ce que leur bulle ne soit brisée par la sonnerie du téléphone de Jungkook.

En soupirant, le brun sortit son téléphone et décrocha sans regarder qui était son interlocuteur.

— Jeon, répondit-il, les yeux ancrés dans ceux de son vis-à-vis. Ok. Oui, oui, il est avec moi. On arrive.

Sans rien ajouter, il mit fin à l'appel et offrit un sourire à son cadet.

— On reparlera de ce tour du monde plus tard microbe. Il faut qu'on y aille, Tae a réuni tout le monde.

Le plus jeune hocha simplement la tête et les deux hommes quittèrent le dortoir. Côte à côte, ils allèrent rejoindre leur collègue et Jungkook commença la réunion.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Ce qui devait ne durer qu'une trentaine de minutes se transforma en deux heures. Les deux semaines de suspension du commandant avaient été bien remplies pour le reste de ses collègues qui était en sous-effectif. Même si Jimin faisait de son mieux pour les aider, les bureaux croulaient sous la paperasse et la pression de leur hiérarchie pour avoir ces documents n'arrangeait en rien le stress déjà bien présent entre ces murs.

En bon leader, Jungkook avait attribué des taches à tous ses subordonnés, tentant de diminuer leur anxiété. Chaque équipe était sur une enquête, il avait donc décidé que leur consultant et lui-même se chargerait de toute la partie administrative jusqu'à ce que chacun y voie un peu plus clair.

Le couple avait donc passé le reste de la matinée enfermé dans leur bureau à taper sur leur ordinateur. Le silence était roi dans la pièce jusqu'à ce que l'estomac de Jimin ne se mette à gargouiller, attirant l'attention du commandant qui releva la tête de son écran.

— Tu as faim ? demanda-t-il.

— Un peu, répondit le médium avec un rire gêné.

Jungkook porta un bref regard à sa montre puis sauvegarda son travail avant de fermer son ordinateur.

— Allons déjeuner, imposa-t-il avec douceur.

— Mais, je n'ai pas terminé.

— Tu finiras plus tard. Tu as faim, donc on va manger.

— Je peux patienter encore un peu, tu sais.

— Je t'ai dit non, insista le tatoué en s'approchant de lui. Allez, lève tes jolies fesses et prends ton pc avec toi.

Confus par cette demande, Jimin obéit et suivit son petit ami hors du bureau où ils croisèrent Rose, Kuina et Lian.

— Vous venez déjeuner avec nous ? demanda la rouquine.

Avant de répondre, le commandant posa son regard sur son cadet qui haussa les épaules.

— Désolé les gars, on va manger en tête-à-tête, annonça-t-il.

— D'accord, à tout à l'heure alors, répondit Lian.

Les deux hommes hochèrent la tête et Jimin prit la main que son amant lui présenta et entrelaça leur doigt. Ce geste attira l'attention de Kuina qui écarquilla les yeux, surprise. Elle repensa à la conversation qu'elle avait eue avec son cadet et comprit ce qui l'avait autant blessé lors de cette soirée.

— À plus, fit le plus jeune en marchant vers la sortie.

Quand ils furent assez loin, la jeune femme se pencha faiblement vers son amie et prit la parole.

— Ils sortent ensemble ? demanda-t-elle dans un murmure.

— Oui, répondit Rose, un sourire affectueux et fier sur les lèvres. Tu ne trouves pas qu'ils sont mignons ?

— Si, ils vont bien ensemble, mais je ne savais pas que Jungkook aimait aussi les hommes.

— D'aussi loin que je me souvienne, mon frère n'a jamais fait de différence entre les femmes ou les hommes, intervint Taehyung derrière eux.

Surprise, Kuina pivota et sentit ses joues s'empourprer d'embarras.

— Désolé, c'était indiscret de ma part, bafouilla-t-elle.

— Aucun homme ne reste hétéro devant Park Jimin, lança Rose, son regard posé sur Lian.

En prononçant ces mots, la rouquine afficha un sourire amusé et leva les sourcils à plusieurs reprises. Elle était au courant de l'attirance que son ami avait eue pour ce garçon. Elle le comprenait, car la beauté de Jimin n'était pas discutable, néanmoins, elle savait que cela était du passé. Les deux coéquipiers entretenaient une relation à présent, ils n'avaient pas encore mis de mot clair sur ce qu'ils étaient, mais ils savaient qu'ils n'étaient plus de simples amis.

— Hé, si on arrêtait de parler de la vie de nos amis, fit le brun, embarrassé par le regard taquin de la jolie rousse.

— Oui, allons manger, ricana Taehyung.

Dans la bonne ambiance, le petit groupe d'amis alla rejoindre la salle de pause, profitant de ce moment de calme avant de retourner à leur travail.

À quelques kilomètres de là, l'Audi rouge s'immobilisa sur le parking du restaurant où le couple avait décidé de déjeuner. Chez Joyce était l'établissement qui servait les meilleurs burgers de la ville. Désireux de déguster ce plat, Jimin n'avait pas eu besoin de beaucoup insister pour obtenir gain de cause.

— Pourquoi tu voulais que je prenne mon ordinateur ? demanda le plus jeune en quittant le véhicule.

— Je me suis dit qu'on pouvait profiter de notre pause pour rechercher les derniers noms de la liste, répondit Jungkook en contournant le véhicule pour rejoindre son amant.

Il prit sa main dans la sienne puis ils partirent en direction du bâtiment. Une fois à l'intérieur, le serveur les amena jusqu'à une table isolée et Jimin prit place à côté de son petit ami afin qu'ils puissent tous les deux avoir une vue sur l'écran de l'ordinateur.

L'employé revint à leur table et prit leur commande avant de s'incliner poliment et de rejoindre la cuisine pour y déposer la demande du couple.

— Vas-y, ouvre la base de données de la police.

— Je les ai déjà cherchés, mais j'ai l'impression qu'ils se sont évaporés, soupira le médium.

— Je sais, mais tu n'as pas accès à tout. Tu as cherché dans les dossiers de la morgue ? demanda Jungkook.

Jimin quitta un instant son écran pour poser ses iris sur son aîné qui le sondait avec tendresse.

— Non, répondit-il.

— Eh bien, on va commencer par là, ensuite, on va lancer une recherche plus élargie dans le pays.

— À vos ordres commandant, minauda le plus jeune.

Pour répondre à sa taquinerie, le tatoué approcha son visage du sien et vint mordre le haut de son oreille. Chatouilleux, le blond tenta de s'éloigner de son compagnon en riant de bon cœur.

— Embrasse-moi, quémanda le brun.

Sans hésiter, Jimin exauça son souhait avant de se reculer et de se mettre au travail.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le déjeuner était terminé et pour le plus grand bonheur de Jimin, il avait enfin les adresses de toutes les personnes présentes sur la liste. Deux d'entre eux étaient décédés, mais les autres avaient un domicile connu des services de police à Busan.

Refusant catégoriquement que son petit ami aille voir ces personnes, seul, Jungkook avait décidé de l'accompagner après le travail. Bien conscient qu'il ne pourrait rendre visite à tout le monde la même soirée, Jimin décida de prendre son mal en patience, et ce, même si cette petite voix dans sa tête lui hurlait de se rendre à la première adresse maintenant.

De retour au poste, le reste de la journée se passa rapidement. Jungkook était heureux de retrouver son travail et ses collègues, il avait enfin l'impression d'être de nouveau utile. Quand l'heure de débaucher arriva, le couple fut le premier à quitter les lieux. Sans même passer par leur appartement, ils allèrent directement à la première adresse présente sur la liste.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Il était plus de vingt-et-une heures lorsque le couple quitta la quatrième maison. Les interrogatoires avaient été infructueux, rendant l'humeur de Jimin des plus massacrantes. Il était à cran et en colère. Ces quatre personnes, aussi bien homme que femme, n'avaient aucun remords pour ce qu'ils avaient fait.

Enfermé dans son silence, le plus jeune marchait en direction de la voiture sans même attendre son compagnon. Ce dernier l'observait sans rien dire. Il voyait bien à quel point il était touché par tout ça et ne voulait surtout pas s'attirer ces foudres.

— La prochaine adresse est à dix minutes en voiture, lança le médium, les yeux rivés sur l'écran de son téléphone.

— Il est tard, allons manger, proposa tendrement le tatoué.

— Hors de question, il nous en reste encore beaucoup trop. Si tu as envie de rentrer, fais-le, je vais continuer seul.

Sans même s'en rendre compte, le ton du blond était devenu plus dur et distant, ce qui fit froncer les sourcils de Jungkook. Il n'avait pas envie de se disputer avec lui, mais son amant était de nouveau en train de laisser sa colère et son besoin de vengeance prendre le dessus, alors il se devait de le ramener sur terre.

— Hé, microbe, appela le commandant avec douceur.

Tout en ouvrant la portière passager de l'Audi, le concerné tourna la tête vers son compagnon.

— Quoi ? répliqua-t-il, agacé.

— Comment ça quoi ? rétorqua Jungkook, vexé par la froideur de sa voix. Tu trouves ta façon de me parler normal ? Je comprends ce que tu ressens, mais je te rappelle que la dernière fois que tu as laissé ta colère prendre le dessus, on s'est disputé. Je n'ai pas envie que ça recommence.

Alors que cette remarque avait pour but de lui faire prendre conscience de son comportement, ces mots eurent l'effet inverse sur Jimin qui claqua furieusement la portière de la voiture avant de faire volteface vers son amant.

— Tu as raison, je suis en colère ! J'ai la haine parce que ces enfoirés n'ont aucun remords pour ce qu'ils ont fait. J'ai l'impression qu'ils n'ont pas conscience de la gravité des choses. Yoongi n'avait que quinze ans, il était mineur ! Ils ont payé un adolescent pour des photos et des vidéos à caractère pornographique et quand on leur a parlé, ils étaient tous condescendants, comme si ce qu'ils avaient fait était normal. Pourquoi ne sont-ils pas punis ? Pourquoi des gros porcs comme eux sont dehors à se pavaner librement alors que mon meilleur ami est mort ? Pourquoi ce fils de pute a le droit d'emmener ses enfants à l'école alors qu'il y a dix ans, il demandait à un adolescent de lui montrer son corps ? s'égosilla le médium en pointant la maison qu'il venait de quitter du doigt. Je suis le seul à trouver ça dégueulasse ? Ce ne sont peut-être pas eux qui ont appuyé sur la détente, mais chaque putain de personne présente sur cette liste est responsable de sa mort ! Tous sans exception !

Sa voix mourut dans sa gorge tandis que celle-ci se comprimait si fort que c'en fut douloureux. Ce sentiment qui l'envahissait de nouveau était la chose la plus horrible que Jimin ait eu à ressentir, cette rage le consumait à petit feu et il avait beau vouloir la faire disparaître, il n'y parvenait pas.

Jungkook comprenait réellement sa peine, mais il n'était pas pour autant prêt à accepter son comportement. Si lui faisait des efforts pour améliorer son caractère, il attendait de sa moitié qu'il fasse de même.

— Tu me hurles dessus en me jetant ça au visage comme si c'était ma faute, répliqua le commandant. Est-ce que c'est le cas ?

— Ça n'a ri-

— Réponds à la question ! ordonna le tatoué d'un ton dur.

Le consultant fut d'abord déboussolé par la question que lui posait son petit ami. Est-ce qu'il était responsable de tout ça ?

— Non.

— Alors pourquoi tu t'en prends à moi ? Je suis de ton côté, je te signale. Je n'ai pas connu Yoongi et pourtant je donne des pieds et des mains pour t'aider depuis le début. Tu n'as pas le droit de t'en prendre à moi parce que tu es en colère contre le reste du monde. Il faut que tu arrêtes de faire ça parce que je ne le supporterai pas bien longtemps.

En entendant ses dernières paroles, le médium écarquilla faiblement les yeux qui se voilèrent de larmes. Jungkook avait raison, il ne méritait pas un tel traitement. Malgré tous leurs différents, le brun avait toujours tout fait pour l'aider, il était même allé jusqu'à faire des choses illégales pour qu'il puisse obtenir des réponses. Sans lui, il serait encore probablement au point mort dans son enquête et c'était ainsi qu'il le remerciait.

Parfaitement conscient que s'il continuait ainsi, il finirait par créer une fissure dans son couple, Jimin mit sa fierté de côté et s'approcha prudemment de son amant.

— Pardonne-moi, commença le plus jeune en ancrant son regard sombre dans celui de son compagnon. Je n'avais aucun droit de m'en prendre à toi. Je suis désolé.

Avant de prendre la parole, le commandant le sonda quelques secondes, observant ses traits fins sur lesquels il put voir les remords qu'il éprouvait.

— Je sais que tu l'es, mais ça me fatigue qu'on doive en arriver là pour que tu te rendes compte de ton comportement. J'ai bien conscience que je ne suis pas le mec exemplaire. J'ai des accès de colère aussi, mais j'essaie d'être une meilleure version de moi-même pour toi et j'attends de toi que tu fasses pareil. Quand tu es en colère, parle-moi, exprime ce que tu ressens, mais ne me hurle pas dessus et surtout ne m'envoie pas chier.

— Je... je vais essayer, je te le promets, assura le plus jeune, en posant ses deux mains sur les hanches de son petit ami.

Le blond s'attendait à ce que Jungkook le prenne dans ses bras, mais il ne fit rien. Il resta stoïque, ses grands yeux noirs verrouillés aux siens comme s'il l'analysait, cherchant une once de mensonge dans sa promesse.

— Je te le promets, répéta Jimin en s'approchant un peu plus.

Le tatoué n'avait aucune volonté face à ce visage angélique qui le fixait de son regard implorant. Après tous ces mois à cohabiter, il le connaissait suffisamment pour savoir que son amant avait du mal à gérer ses émotions, mais il devait apprendre à le faire s'il voulait que cela fonctionne entre eux.

— Tu veux bien me prendre dans tes bras ? murmura le consultant.

Sans parler, le brun ouvrit ses bras et réceptionna son cadet qui se lova contre lui. Ils restèrent ainsi durant de longues minutes jusqu'à ce qu'une brise d'air frais ne vienne caresser leur peau, faisant frissonner le plus jeune.

— Tu as froid ? demanda le policier.

— Un peu, répondit Jimin d'une voix basse.

— Viens, j'ai un sweat dans le coffre.

— Et pour toi ? s'inquiéta le blond en regardant son amant s'éloigner.

— Ne t'en fais pas pour moi. Enfile-le et allons manger, ok ? proposa le policier.

— Oui.

Jungkook sortit le pull à capuche de son sac en cuir et le tendit à son petit ami qui l'enfila sous son regard débordant de tendresse. Quand il fut habillé, le blond huma le vêtement, respirant cette odeur fraîche et boisée qui se dégageait de chaque habit que son amant avait porté. En voyant cela, le brun sentit son cœur se réchauffer et voulant totalement mettre fin à leur conflit, il s'approcha de lui et déposa un baiser sur son front.

— Allez monte, je meurs de faim.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Les deux semaines qui suivirent ne furent pas de tout repos pour Jimin et ses amis. Du côté de sa vie privée, le médium filait le parfait amour avec son compagnon. Doucement, les deux hommes apprenaient ce qu'était la vie de couple. Bien-sûr, ils leur arrivaient encore de se disputer, chacun d'eux avait un caractère bien trempé, mais ils étaient incapables de rester fâchés très longtemps.

Du côté de leur vie professionnel, le rythme de travail était plus soutenu. Les affaires plus glauques les unes que les autres s'enchaînaient au plus grand dam du consultant qui était hanté par les fantômes des victimes. Plus le temps passait, plus son don grandissait et bien qu'il essayait de garder la tête hors de l'eau et d'apprendre à le contrôler, la situation était parfois difficile à gérer. Quand les esprits s'accrochaient à lui, ses nuits étaient plus mouvementées et son humeur variait également selon celle des entités qui le suivaient. Malgré tout ça, il était parvenu à aider ses collègues et à soulager ces âmes errantes qui avaient fini par trouver la paix.

Durant ces quinze jours, Jimin avait aussi commencé les cours de tir que Jungkook lui avait promis. Les débuts avaient été laborieux pour le plus jeune qui manquait sa cible à chaque tir, faisant rire son amant qui se délectait de sa moue boudeuse. Au fils des jours, il avait fini par faire de grands progrès, même s'il ne se sentait toujours pas à l'aise avec les armes à feu.

Le lundi après-midi avait été calme au commissariat. Après le déjeuner, le commandant et Jimin avaient terminé de compléter leur rapport d'enquête qu'ils avaient bouclée durant leur garde de la veille. Une fois libéré de la paperasse, ils s'étaient rendus à la salle de sport où ils s'étaient entraînés pendant deux heures avant de descendre au stand de tirs.

Là-bas, le blond s'était mis en place et avait vidé plusieurs chargeurs, suivant les conseils de son aîné qui l'observait avec attention.

— Rentre le coude, conseilla Jungkook.

Le blond s'exécuta et appuya de nouveau sur la détente, visant la cible de papier suspendue plusieurs mètres devant lui. Contre toute attente, les balles qui venaient d'être tirées volèrent à travers la silhouette noir.

— Bien ! félicita le tatoué en applaudissant.

Un sourire fier sur les lèvres, Jimin retira le casque anti-bruit qui recouvrait ses oreilles et se tourna vers son amant.

— Tu as vu, j'ai touché presque toutes les balles !

— Oui microbe, j'ai vu, lui sourit Jungkook. Je suis fier de toi.

— Moi aussi, je suis fier de moi, ricana le plus jeune en s'approchant de son compagnon.

En riant, le brun ouvrit légèrement les bras pour réceptionner ce dernier qui vint l'enlacer.

— Tu as fait beaucoup de progrès en quelques jours, annonça Jungkook.

— Oui, j'arrive enfin à toucher les cibles, mais elles sont immobiles. Je ne suis pas sûr d'y arriver face à une personne en mouvement.

— Tu viens à peine de commencer, alors sois patient. Je suis persuadé que tu seras très doué.

— Pas aussi doué que toi, marmonna le médium, une moue boudeuse sur les lèvres.

— J'ai plus d'expérience et surtout, j'ai reçu un entraînement spécial.

— Frimeur, le taquina Jimin.

En riant, le brun déposa un baiser sur les lèvres pulpeuses du plus jeune qui se mit à sourire. Quand ils se séparèrent, le commandant regarda sa montre avant de reposer son attention sur son petit ami.

— La journée est terminée. Allons chercher nos affaires et rentrons à la maison, lança-t-il.

— On ne peut pas rentrer, refusa le consultant en se reculant légèrement.

— Pourquoi ? demanda Jungkook, confus.

— On n'a toujours pas interrogé Hwang Seok-min, répondit Jimin.

— Tu veux y aller ce soir ?

— Oui, pas toi ?

— Je ne sais pas, soupira le tatoué en caressant les bras de son amant de bas en haut. On a eu une longue journée. Je te rappelle qu'on vient de boucler une enquête sur un triple homicide. Ces fantômes ne t'ont pas lâché ces derniers jours. Tu dois être épuisé. J'ai pensé qu'on pourrait passer la soirée en amoureux à la maison, devant un film. Qu'en dis-tu ?

Jimin regarda son petit ami de longues secondes avant de prendre la parole.

— Tu sais que je n'arriverai pas à me détendre tant qu'on n'aura pas interrogé cet homme. S'il te plaît, c'est le dernier sur la liste, implora le blond. Après ça on pourra rentrer et faire tout ce que tu veux.

Le commandant soupira en détournant le regard. Comme il le craignait, son amant n'avait pas accepté sa proposition, et ce, même si l'épuisement se lisait sur ses traits.

— Ok, soupira Jungkook.

— Merci, murmura Jimin en se hissant faiblement sur la pointe des pieds.

Délicatement, il déposa un baiser sur les lèvres de son aîné puis se recula totalement jusqu'à ne plus le toucher.

— Allons-y, lança le médium.

En silence, le couple quitta le commissariat pour se rendre chez monsieur Hwang Seok-min qui résidait à l'autre bout de la ville. Depuis qu'il était monté dans la voiture, Jimin s'était enfermé dans un mutisme qui démontrait clairement sa nervosité. Le regard rivé droit devant lui, ce dernier triturait nerveusement les cuticules de son pouce pendant qu'à côté de lui, Jungkook tentait de trouver les mots justes pour le rassurer.

— Hé microbe, appela-t-il dans un murmure.

Le concerné tourna la tête vers la voix douce qui avait prononcé ce surnom qu'il avait appris à aimé.

— Oui ?

— Qu'est-ce qui se passe dans ta petite tête ? l'incita Jungkook en posant une main sur sa cuisse.

— Pas grand-chose en fait. Si Seok-min n'est pas Jay, alors on va encore se retrouver à la case départ, soupira Jimin.

— Ne pensons pas à ça tout maintenant. On va aller voir ce mec et lui tirer les vers du nez. Jay était sur cette liste, ce qui veut dire que ça ne peut être que lui.

— Et si ce n'est pas le cas ? lança le médium, envahi par l'anxiété.

— Et si tu pensais positif ? répliqua Jungkook. Depuis qu'on a commencé cette enquête, on a déjà été à court d'indice et pourtant on a toujours rebondi non ?

Le blond tourna la tête vers son amant et l'observa quelques secondes, réfléchissant à ses paroles. Il disait vrai, ils avaient toujours trouvé une solution.

— Tu as raison, souffla le plus jeune. Je suis désolé, tout ça m'angoisse.

— Je sais, mais tu n'es pas seul, sourit le commandant en prenant sa main dans la sienne.

Délicatement, il l'amena contre ses lèvres et y déposa un baiser avant de la poser sur le levier de vitesse. Jimin soupira faiblement en s'enfonçant plus profondément dans son siège. Le contact de son compagnon était si apaisant, si rassurant. Lui seul était capable de calmer ses craintes avec de simples paroles ou un simple toucher. C'était pour ça et des milliers d'autres raisons qu'il était amoureux de Jungkook.

Avec le trafic dense de cette fin de journée, il fallut plus de quarante-cinq minutes à l'Audi rouge pour qu'elle n'arrive à destination. Lorsque le GPS leur indiqua la fin du trajet, le commandant gara son véhicule sur le bas-côté, à quelque pas de l'adresse qu'ils recherchaient.

Tout en coupant le moteur, les deux hommes regardèrent autour d'eux, observant les alentours. Ce quartier était plutôt calme. Les habitations étaient modestes, mais ils étaient tout de même loin du quartier où ils résidaient et encore plus de celui où Jimin avait grandi.

— Tu crois qu'il est là ? demanda-t-il.

— On va vite le savoir, répondit Jungkook en ouvrant la boite à gants.

Il y déposa sa plaque, mais contrairement à ce que le plus jeune pensait, il garda son arme avec lui, sûrement par simple précaution.

— Allons-y, fit-il en ouvrant sa portière.

Sans attendre une réponse de la part de son amant, le brun quitta le véhicule et le contourna pour rejoindre la porte d'entrée de la maison en pierre. Son cadet sur ses talons, le tatoué appuya sur la petite sonnette qui se trouvait contre l'encadrement en bois puis une mélodie à peine audible se fit entendre derrière ces murs.

Les secondes se transformèrent rapidement en minutes durant lesquelles aucun mouvement ne fut perçu dans l'habitation. Ce silence fit monter en flèche l'anxiété de Jimin qui était déjà à son paroxysme. Sans pouvoir se retenir, il s'approcha de la porte et cogna celle-ci avec son poing.

— Hwang Seok-min, police de Busan, on aurait besoin de vous parler ! cria-t-il en cognant de nouveau.

— Eh, je te rappelle qu'on est là officieusement, chuchota Jungkook.

— Je m'en cogne, si ça peut le faire réagir alors, je ne vais pas me gêner, répliqua le médium.

Cependant, malgré ce mensonge qui avait pour but d'impressionner leur suspect, aucun signe de vie ne se manifesta dans la maison.

— Hwang Seok-min, ouvrez cette porte ! s'impatienta Jimin.

En voyant que son amant perdait patience, le tatoué décida d'intervenir. Avec prudence, il approcha son dos de son torse et l'enlaça, l'obligeant à s'éloigner de la porte. Pendant qu'il le gardait contre lui, Jungkook put sentir son corps se crisper contre le sien, et ce détail comprima son cœur.

— Lâche-moi, ordonna le plus jeune d'un ton sec.

— Tu vois bien qu'il n'y a personne. Ça ne sert à rien d'insister, répliqua le commandant en gardant son éternelle douceur.

— Alors quoi, on abandonne ?

— Non, mais ça ne sert à rien de s'acharner sur cette pauvre porte.

Quand il sentit que son petit ami était plus calme, Jungkook le libéra de sa prise sans le quitter du regard. Dos à lui, Jimin fixait un point droit devant lui et lorsque le plus vieux vit ses épaules s'affaisser, il comprit que ce dernier avait craqué.

— Eh, on reviendra demain.

Le médium s'apprêtait à répondre lorsqu'une vieille femme tirant un chariot de bois rempli de cartons passa près d'eux. Cette dernière s'immobilisa et planta ses yeux vitreux sur eux.

Qu'est-ce que tu regardes l'ancêtre ?

En entendant la voix de son meilleur ami, Jimin sursauta et manqua de tomber tant il fut surpris par son intervention. Depuis quand était-il là ? Pourquoi ne l'avait-il pas senti ?

— Putain Yoongi, je te jure que je vais finir par te tuer si tu continues ! pesta le médium en regardant dans sa direction.

Jungkook qui assistait à toute la scène, laissait ses prunelles voyager entre son amant qui regardait dans le vide devant lui et sur la vieille femme qui observait, les yeux écarquillés.

Désolé, mais elle est flippante. Regarde là, on dirait qu'elle sort tout droit d'un film d'horreur ! se défendit le mentholé.

— Je t'ai déjà dit de ne pas apparaître sans prévenir ! le réprimanda Jimin sans tenir compte de la personne qui les regardait.

— Excusez-moi, tenta la femme aux cheveux blancs.

En entendant sa voix chevrotante, le commandant se tourna vers elle et lui offrit un sourire crispé.

— Est-ce que votre ami va bien ? demanda-t-elle en regardant le garçon qui continuait de sermonner le fantôme qu'elle ne pouvait pas voir.

— Oui oui, il va bien, lui sourit Jungkook, embarrassé.

Voulant être discret, le tatoué tira d'un coup sec sur la manche du pull de son compagnon, attirant ainsi son attention. Quand son regard se posa sur la vieille femme, ses yeux s'écarquillèrent et il sentit ses joues prendre feu.

— Désolé, fit Jimin.

— Est-ce que je peux vous aider ? proposa la vieillarde.

— Vous êtes du coin ? demanda Jungkook.

— Oui. Vous en revanche, vous n'êtes pas d'ici, répondit-elle en scrutant les deux hommes de la tête au pied.

Même s'il était passé pour un fou, Jimin vit là une opportunité pour obtenir des réponses sur l'homme qu'ils cherchaient.

— Nous cherchons quelqu'un, annonça ce dernier.

— Et vous êtes ?

— De la police, répliqua le blond.

— Puis-je voir vos plaques ? demanda la vieille femme.

— Bien-sûr, intervint le tatoué.

Celui-ci trottina rapidement jusqu'à sa voiture qui se trouvait à quelques pas pendant que son petit ami fixait la vieillarde, mal à l'aise. Près de lui, Yoongi ne cessait de tourner en rond, ce qui commençait sérieusement à l'agacer, pourtant il devait se retenir de lui hurler d'arrêter.

— Tenez, lança Jungkook en montrant sa plaque. Je suis le commandant Jeon et voici mon collègue.

— Nous recherchons monsieur Hwang Seok-min. Est-ce qu'il vit toujours ici ? ajouta le médium.

— Est-ce qu'il a des ennuis ? demanda la femme âgée.

Un peu qu'il a des ennuis. Il connaît sûrement l'identité du connard qui m'a buté ! lança Yoongi à bout de nerf.

En entendant sa voix, Jimin lui lança un regard noir et lui fit signe de se taire.

— Non, nous voulons simplement lui parler, répondit le commandant.

— Monsieur Hwang ne vit plus ici, annonça-t-elle.

— Ah bon ? Depuis quand ? questionna le consultant.

— Presque huit ans. Au début, il revenait de temps à autre, mais depuis cinq ou six ans, personne ne l'a revu.

— La maison lui appartient toujours ? intervint le tatoué.

— Elle n'a jamais été à lui. Elle appartenait à ses parents. C'est une jeune femme qui vit ici maintenant, mais elle est en vacances avec ses enfants.

— Est-ce que vous savez où il vit désormais ? demanda le plus jeune.

— Aux dernières nouvelles, il était parti à Séoul. Peut-être qu'il y vit encore.

Jimin sentit le peu d'espoir qu'il avait, diminuer jusqu'à totalement s'évaporer. Il était parti à Séoul. Comment allait-il retrouver un homme dans une aussi grande ville sans avoir aucun début de piste ?

— D'accord, fit Jungkook avec un sourire. Merci pour votre aide.

Votre aide ? Quel aide ? La vieille n'a servi à rien ! pesta Yoongi. Tu vois, c'est pour ça que je n'aime pas les vieux, à part détruire tes espoirs, ils ne servent à rien ! Nous voilà de retour à la case départ !

Pendant que le fantôme criait sa haine contre les personnes âgées, Jimin devait prendre sur lui pour ne pas exploser. Il se sentait si en colère et il savait que ce sentiment n'était pas le sien. Son meilleur ami était en train de s'immiscer en lui. Il lui transmettait toutes ses émotions et celles-ci étaient dix fois plus fortes pour le médium. La main contre sa poitrine, il faisait de petits cercles, tentant d'apaiser cette douleur qui le possédait. Il avait la sensation que son thorax allait imploser tant la pression qu'il ressentait était grande. Ses oreilles quant à elles s'étaient mise à siffler, lui donnant des vertiges qu'il parvenait difficilement à supporter.

Ce ne fut que lorsqu'ils furent seuls qu'il prit enfin la parole.

— Tais-toi ! ordonna-t-il, le souffle court. Je t'en supplie Yoongi, arrête. Tu... tout ça, tout ce que tu ressens, c'est... Merde je... je n'arrive plus à respirer.

En voyant la douleur sur le visage de son petit ami et son teint livide, Jungkook se précipita vers lui en l'entourant de ses deux bras pour le soutenir. Sa température corporelle semblait plus élevée que la normale et les perles de sueur prenaient vie à la naissance de son front, témoignant de son état de fragilité.

— Hé, Jimin regarde-moi, ordonna le commandant en saisissant doucement sa mâchoire.

Qu'est-ce qui t'arrive ? fit Yoongi, inquiet.

— J'ai... j'ai la tête qui va exploser, murmura le médium dans les bras de son amant.

Désarmé et impuissant face au désarroi de son petit ami, Jungkook fit une chose qu'il ne pensait jamais faire.

— Yoongi, ça suffit ! cria-t-il en regardant autour de lui. Laisse le tranquille ! Tu ne vois pas que tu lui fais du mal !?

Tu crois que je le fais exprès ?! hurla le mentholé, son visage à quelques millimètres de l'homme qui ne pouvait pas le voir.

Jimin prit une grande inspiration comme si ses poumons avaient cessé de fonctionner. Il avait l'impression que ces derniers étaient comprimés sous un poids et qu'il était en train de suffoquer.

— Arrêtez, implora-t-il, les yeux voilés de larmes.

Le fantôme s'approcha de son meilleur ami et même s'il savait qu'il ne sentirait rien, il posa sa main sur son épaule.

Je suis désolé Min. Je ne le fais pas exprès, fit-il, la gorge nouée.

— Tu... tu es trop en colère, articula difficilement le médium en prenant de petites inspirations.

— Yoongi va-t'en ! Tu en as assez fait ! ordonna Jungkook.

Le concerné se sentait coupable de ce qu'il venait de provoquer chez ce garçon qu'il aimait.

Je suis désolé, répéta le mentholé avant de disparaître tel un nuage de fumée emporté par le vent.

Le soulagement que Jimin ressentit fut instantané, comme si le poids qui comprimait sa cage thoracique avait disparu à la seconde même où le fantôme s'était évaporé. Prenant une grande inspiration, il enfouit son visage dans le cou de son aîné qui le gardait encore contre lui. Le contact du brun fut comme une bombe qui fit exploser les barrières qui contenaient encore les larmes du plus jeune.

— Chut, tout va bien, murmura le brun en caressant l'arrière de sa tête. On va rentrer à la maison.

Pour unique réponse, le médium hocha la tête avant de renifler faiblement et de s'écarter. Avec tendresse, Jungkook passa ses pouces sur ses joues humides et lui offrit un sourire débordant d'amour. Sans rien dire, il prit sa main dans la sienne et le tira jusqu'à la voiture où ils prirent place.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le trajet jusqu'à l'appartement fut silencieux. Épuisé par ce qu'il venait de vivre, Jimin s'était assoupi sur le siège passager. Quand l'Audi entra sur la propriété privée, le commandant se stationna à sa place habituelle et coupa le contact. Avec prudence, il tourna le haut de son corps vers son petit ami et dégagea une mèche rebelle qui cachait son front.

— Jimin, appela-t-il dans un murmure.

Le concerné plissa légèrement son nez et se mit à marmonner dans son sommeil, faisant sourire son aîné qui le trouva adorable.

— Hé microbe, on est arrivé.

— Hum, ronchonna le plus jeune avant de battre des paupières.

— Salut beau blond, chuchota Jungkook en déposant un baiser chaste sur ses lèvres. Allez viens, allons prendre une douche et ensuite, je te prépare à dîner.

Jimin acquiesça en silence et sortit de la voiture. Encore somnolent, il prit la main que son petit ami lui tendait et le suivit jusqu'à leur appartement.

Une fois entre ces murs familiers, le couple se dirigea vers leur salle de bain et entra dans la cabine de douche. Après tous ces mois de cohabitation, Jungkook avait appris quand il devait ou non, pousser son compagnon à parler. À cet instant, il savait qu'il avait besoin de soutien, de réconfort. Il était persuadé que lorsqu'il voudrait parler de ce qui était arrivé, il le ferait.

Il était vingt heures trente lorsque les deux garçons finirent de dîner. Comme promis, le commandant lui avait préparé son plat préféré et ils avaient mangé devant un film que le blond avait choisi.

Jimin n'avait pas parlé, répondant simplement par des phrases courtes lorsque son amant lui parlait. Son esprit n'arrêtait pas de ressasser ce qui s'était passé plus tôt. Il ne cessait de se demander ce qui lui serait arrivé si Yoongi n'était pas parti. Est-ce qu'il aurait réellement suffoqué ? Est-ce que la colère de son ami pourrait un jour le tuer ? Il n'en savait rien, mais son corps lui, avait eu la sensation de mourir pendant ces quelques minutes.

— Jimin, appela doucement une voix grave.

— O-oui ? répondit-il, revenant à la réalité.

— Je te demandais si tu voulais un dessert ? Il reste de la glace, proposa Jungkook depuis la cuisine.

— Non merci. J'ai froid.

— C'est la fatigue. Est-ce que tu veux que je te prépare un chocolat chaud ou un thé pour te réchauffer ?

— Je vais le faire, ne t'en fais pas, refusa le médium en se levant.

Quand il entra enfin dans la cuisine, il passa devant son aîné qui le suivit du regard. En silence, il s'approcha de lui et vint l'enlacer par-derrière, posant son menton sur son épaule.

— Hé, tu veux qu'on en discute ? fit-il en déposant un baiser sur sa tempe droite.

— Est-ce qu'il nous reste du chocolat ? demanda Jimin, ignorant totalement la question.

Sans lui en tenir rigueur, le brun ouvrit la porte du placard qui se trouvait sur sa gauche et en sortit une tablette de chocolat noir. Il tendit sa trouvaille à son petit ami qu'il cassa en plusieurs morceaux et la mit dans la petite casserole de lait qu'il avait mis à chauffer.

Les secondes s'écoulèrent pendant lesquelles le silence fut la seule compagnie du couple. Ses bras puissants, toujours entourés autour de son buste, le tatoué restait silencieux, attendant que son cadet lance la discussion.

— J'ai cru que j'allais suffoquer, lança subitement Jimin. Je...

Le regard rivé sur la casserole, le blond posa son bras sur celui de son aîné et fit une légère pression, lui demandant silencieusement de le serrer plus fort. Évidemment, Jungkook comprit ce qu'il voulait et se rapprocha davantage de lui, enfouissant son visage dans son cou pour y déposer un baiser rassurant.

— Tu es en sécurité maintenant, chuchota le policier.

— J'ai l'impression que plus on approche du but, plus sa colère devient incontrôlable. Son... son esprit devient de plus en plus fort et je... c'est comme si j'étais devenu une sorte de réceptacle, continua difficilement Jimin.

— Tu ressens ça avec tous les fantômes ?

— Non, juste lui. J'ignore si c'est notre lien qui rend cette connexion aussi forte, mais c'est comme si... je ne sais pas comment l'expliquer, soupira le médium en coupant la plaque de cuisson.

— Fais-le avec tes mots.

— C'est comme s'il était à l'intérieur. Je ressens le moindre de ses sentiments, mais multiplié par mille. C'est comme si durant ce laps de temps, mon corps ne m'appartenait plus. Je... je ne sais pas si c'est clair ce que je dis. Tout ce que je sais, c'est que toutes ces émotions me consument et j'ai la sensation qu'elles finiront par me tuer.

La fin de sa phrase mourut dans sa gorge et lorsqu'il ferma les yeux, Jimin sentit une larme orpheline ruisseler sur sa joue avant de venir mourir dans la commissure de ses lèvres. Même s'il était dans son dos, l'instinct du commandant lui fit ressentir la tristesse que son bien-aimé ressentait. Avec prudence, il le fit pivoter et le prit dans ses bras, déposant un baiser sur son front.

— Est-ce qu'il existe un moyen que tu coupes les ponts avec ce monde ? lui demanda-t-il.

Le médium répondit un faible hochement de tête avant de reculer pour plonger ses yeux rougis dans ceux de son compagnon.

— Alors fais-le, exigea Jungkook d'une voix douce.

— Je ne suis pas sûr de savoir le faire volontairement. Les fois où c'est arrivé, c'était involontaire de ma part ou alors, j'étais en colère, expliqua le plus jeune.

— Essaie. Rien que pour ce soir, je veux que tu oublie tout ça. Oublie-les fantôme, cette enquête et tout ce qui se rapporte à ça. Concentre-toi sur nous, rien que nous deux.

Jimin observa le visage de son amant de longues secondes. Il pouvait y lire toute l'inquiétude que ces derniers évènements avaient provoquée et se sentit coupable de lui causer autant de tort. Ce don qu'il ne contrôlait pas était une part de lui et en acceptant d'être avec lui, Jungkook avait également hérité de ses démons. Pourtant, au lieu de prendre la fuite ou de le laisser seul dans ce genre de moment, il était à ses côtés. Il le réconfortait et lui donnait tout l'amour dont il avait besoin.

— Je vais essayer, promit le consultant.

— Ok, commença le tatoué en dégageant une mèche blonde de son visage. Si tu as encore froid, va fermer la baie vitrée, enfile mon sweat et ouvre le canapé. Je vais finir de te préparer ton chocolat chaud pendant que tu choisis un film.

— Celui que je veux ? s'enthousiasma Jimin, une moue enfantine sur les lèvres.

— Oui, celui que tu veux. Même une de tes comédies musicales, je me sacrifie pour ce soir, ricana le brun.

— Lilith et Rose me bassinent avec Call Me by Your Name. Je peux le mettre ?

— Oui, fais-toi plaisir.

— Cool !

Visiblement enjoué, le médium embrassa fougueusement son amant puis partit en direction de sa chambre pour y enfiler un vêtement plus chaud. Conscient qu'en étant blotti contre son petit ami, il finirait par avoir chaud, il retira son jogging et garda simplement son sous-vêtement. De retour dans le salon, il appela Zeus qui était encore dehors et referma la baie vitrée derrière l'animal ainsi que le store. Il s'attaqua ensuite au canapé qu'il ouvrit puis en sortit un plaid et quelques coussins qu'il étala aléatoirement sur la surface moelleuse. Voulant garder une ambiance cosy, il éteignit la lampe de plafond et alluma les guirlandes que Lilith avait installées sur le meuble télé. Il trouva ensuite le film de son choix et le sélectionna.

— Lilith disait que ces guirlandes finiraient par être utiles. Elle avait raison, lança Jungkook en pénétrant dans la pièce, un mug à la main et une poche de Maltesers dans l'autre.

— C'est trop mignon, je trouve, fit Jimin, assis en tailleur au milieu du sofa.

Le brun lui tendit sa tasse de chocolat chaud qu'il avait recouvert de chantilly et de mini-chamallows. Un sourire d'enfant sur le visage, le blond enroula immédiatement ses lèvres autour de la paille et prit une gorgée de la boisson. Lorsque ses yeux écarquillèrent, le commandant se mit à rire et s'installa à ses côtés.

— C'est délicieux ! le complimenta Jimin. Qu'est-ce que tu as mis dedans ?

— Hum, du lait, du chocolat, du sucre, de la vanille, de la cannelle et un peu de crème, récita le policier.

— C'est une merveille !

— C'est la recette de Minji. Elle avait l'habitude de nous en préparer quand j'étais enfant, surtout pendant les jours de pluie. Elle nous mettait, Tae et moi devant un dessin animé puis on avait le droit à un chocolat chaud avec des muffins pour le goûter. Je crois que l'hiver était ma saison préférée à cause de ça.

En écoutant sa moitié partager un souvenir d'enfance avec lui, Jimin réalisa que sa mère n'avait jamais rien fait de tout ça avec lui. C'était dans ce genre de moment, et bien d'autres, qu'il se rendait compte qu'il n'avait aucun souvenir heureux avec elle. Ils n'avaient jamais partagé de moment de complicité comme ceux que Jungkook avait vécus avec sa mère adoptive.

— Est-ce que ça va ? demanda le brun en notant la mine plus triste son vis-à-vis.

Ce dernier releva subitement la tête et afficha un sourire sans joie. Il posa ensuite la tasse sur la table basse qui se trouvait près du canapé et se recula pour venir s'adosser contre le dossier.

— Je me rends compte que je n'ai pas ce genre de souvenir avec ma mère.

— Je suis désolé microbe, je n'aurai pas dû parler de ça, fit Jungkook, embarrassé.

— Non au contraire, j'adore quand tu partages ces moments avec moi. J'aimerais pouvoir faire de même, mais la seule personne qui m'aie préparé une boisson chaude, c'était notre gouvernante, madame Mang. Quand j'étais malade, elle me faisait du lait à la cannelle, raconta Jimin en se lovant contre son petit ami.

— Tu l'aimais bien ?

— Elle était gentille, répondit le médium sans enthousiasme. C'était la seule personne qui s'occupait de moi quand j'étais enfant. Elle n'a jamais été très maternelle, mon père le lui interdisait. Elle devait simplement me nourrir, me laver et m'emmener à l'école.

Jungkook avait envie de cracher sa colère contre le sénateur, mais il savait que c'était inutile. Jimin n'avait pas besoin de ça. À la place, il afficha son éternel sourire affectueux et lui tendit le paquet de Maltesers.

— Et si on oubliait le passé pour se concentrer sur l'avenir ? proposa ce dernier.

Jimin le fixa un instant avant de hocher la tête, les yeux légèrement humides. Il avait compris la démarche de son amant et le remerciait pour cela. Comme à chaque fois, le grand brun faisait de son mieux pour lui remonter le moral et éloigner ces pensées néfastes.

— Oui, faisons ça, murmura-t-il en approchant son visage du sien.

Le médium embrassa son compagnon avec douceur, puis, sans rien ajouter, il posa sa tête sur son épaule et entoura son buste de son bras.

Lovés l'un contre l'autre, le couple profita de cette soirée au calme, sans se douter que bientôt, leur idylle serait mise à mal et leur bonheur entaché par le passé.