Jungkook était parti depuis une trentaine de minutes maintenant. Au domicile du hacker, ce dernier s'attelait à la tâche qui lui avait été confiée. Pirater les serveurs d'une banque n'était pas une mince affaire, cela prenait du temps, mais c'était surtout très complexe. Lorsque ce genre d'endroit était créé, ils faisaient appel à des personnes compétentes pour protéger leurs données, mais heureusement pour Jimin, Namjoon n'était pas un pirate informatique de bas étages. Aucun pare-feu ne lui résistait et il allait encore le prouver.

— Tout à l'heure, vous m'avez demandé si j'étais ami avec Lian, mais vous n'avez pas répondu lorsque je vous ai demandé pourquoi, fit le médium.

— J'avais simplement besoin de le savoir. Si Lian te fait confiance et t'apprécie, alors c'est que tu dois être une bonne personne, répondit Namjoon sans quitter l'écran des yeux.

Sans même baisser le regard, ses doigts appuyaient adroitement sur les touches de son clavier, faisant apparaître sur l'écran des lignes de chiffres et de lettres que le jeune consultant ne comprenait pas.

— Comment connaissez-vous Lian ? demanda-t-il.

— Alors ton petit ami ne t'a rien dit ? s'étonna le hacker.

— Me dire quoi ?

— Peut-être qu'il n'est pas si détestable en fin de compte, pensa le grisé, un rictus en coin.

— Je ne comprends rien, soupira Jimin en s'enfonçant dans sa chaise.

— Si tu veux que je te parle de ma vie privée, il faudrait déjà que tu arrêtes de me vouvoyer.

— D'accord, fit le plus jeune. Du coup, comment as-tu connu Lian ? Un hacker et un flic, ce n'est pas vraiment le duo qu'on s'attend à voir.

— Je connais Lian depuis l'école primaire, déclara enfin Namjoon.

— Wouah, ça fait longtemps !

— Oui, ricana tristement le plus vieux. Je... je suis sorti avec son frère.

En entendant cela, le blond fronça les sourcils. Lian avait un frère ? Pourquoi il n'en avait jamais parlé ?

— Lian a un frère ?

— Avait, rectifia le hacker.

Et Jimin compris.

— Merde... je suis désolé. Je-

— Tu ne savais pas, supposa Namjoon. Ça ne m'étonne pas.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? osa demander le médium.

— Jaesun était le jumeau de Lian. À l'âge de dix-neuf ans, on lui a diagnostiqué un cancer. Comme il était jeune et en excellente forme, les médecins avaient bon espoir qu'il s'en sorte, mais après deux ans de traitement, la... la maladie a eu raison de lui, expliqua difficilement le grisé.

Jimin écoutait attentivement et ne put empêcher sa gorge de se nouer en voyant les yeux de cet homme s'inonder de larmes qu'il tentait de contenir. Cela faisait de nombreuses années qu'il avait perdu la personne qu'il aimait, et pourtant il pouvait voir que sa peine était encore immense. Il pensa ensuite à son ami qui ne lui avait jamais parlé de cela. Il imaginait à quel point il devait se sentir seul après la perte de son jumeau et cette fois, une perle salée ruissela sur sa joue.

— Je suis désolé, murmura-t-il, récoltant un sourire sans joie de la part de son aîné.

— Après l'enterrement, je suis simplement parti. Lian était mon meilleur ami, mais malgré l'amour que je lui portais, la seule chose que je voyais en le regardant, c'était le visage de l'homme que j'avais perdu. On ne s'était pas revu jusqu'à ce que ton mec ne débarque ici avec lui la semaine dernière.

Même s'il n'était pas au courant de toute cette histoire, Jimin sentit la culpabilité l'envahir. Il s'apprêtait à prendre la parole, mais le plus vieux le devança.

— Tout à l'heure, tu as demandé ce que j'aurais fait si la personne que j'aimais m'avait été enlevée. Eh bien, si je pouvais, je ferais tout pour la ramener, mais je ne peux pas. Alors, même si je ne peux pas non plus ramener ton meilleur ami, je vais essayer de t'aider à lui rendre justice.

— Merci. Je te serais éternellement redevable, répondit le médium, la voix tremblante.

Encore une fois, Namjoon lui offrit un sourire chaleureux avant de hocher la tête et de reporter son attention sur ses écrans. Il avait encore du travail, alors il balaya toutes les images de son amour perdu de son esprit et se concentra sur sa mission.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le soleil s'était couché depuis plus de deux heures à présent. L'Audi rouge était encore stationnée devant la maison du hacker et à l'intérieur, les trois hommes étaient murés dans un silence. Assis sur les genoux de son amant, Jimin était adossé contre son torse et jouait distraitement avec ses doigts pendant que Jungkook fixait l'écran sur lequel Namjoon travaillait. Durant son absence, le brun avait eu un retour de Lian, qui lui informait que Lim avait accepté sa demande concernant le nouvel indic. Il avait donc été ravi de tenir sa part du contact.

Cela faisait maintenant plus de quatre heures qu'ils étaient arrivés et la patience du policier était mise à rude épreuve. Il se doutait bien que sa demande n'était pas évidente, mais il n'avait jamais pensé qu'il aurait fallu tant de temps.

— Microbe, lève-toi, il faut que j'aille fumer, annonça-t-il en déposant un baiser sur la tempe de son petit ami.

Ce dernier acquiesça et se mit sur pied. Quand Jungkook se leva à son tour, il s'étira tel un félin et s'apprêtait à rejoindre la sortie lorsque la voix du hacker résonna dans l'espace.

— EH VOILÀ ! s'exclama ce dernier en appuyant fortement sur la touche "entrer" de son clavier.

— Tu as réussi ? demanda Jimin avec enthousiasme.

— Évidemment !

Un sourire fier s'étira sur les lèvres de Namjoon, faisant rire son cadet qui s'approcha de lui.

— Tu es formidable ! le félicita Jimin. Que fait-on maintenant ?

— Je suis entré dans leur système, du coup, tu vas pouvoir me donner les références bancaires. Je vais les rentrer dans cette barre de recherche et on aura toutes les informations que tu veux, expliqua le hacker d'une voix plus douce.

Le consultant sortit la feuille de papier de sa poche et tira sa chaise pour s'installer près du grisé. Il était si euphorique qu'il en avait oublié la présence de son amant qui les observait, la mine renfrognée.

— Je vais fumer, annonça ce dernier.

Par cette manœuvre, Jungkook espérait avoir l'attention de son petit ami, mais ce fut peine perdue. Celui-ci récitait déjà les séries de chiffres à Namjoon qui l'écoutait attentivement. Dans un long soupir, il laissa ses bras retomber le long de son corps et quitta le garage en refermant la porte derrière lui.

Le bâton de nicotine entre ses lèvres, il approcha la flamme de son briquet et tira sur le mégot, allumant ainsi l'extrémité de celui-ci. Profitant du calme, il s'approcha du muret qui se trouvait sur sa droite et s'y installa.

Le regard rivé sur l'horizon qui s'étendait devant lui, il tentait de faire taire cette sensation désagréable qu'il avait ressentie. C'était puéril, il en était conscient, mais voir sa moitié si proche d'un homme qu'il connaissait à peine, réveillait en lui un sentiment qu'il connaissait bien et qu'il voulait faire disparaitre.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Perdu sur les réseaux sociaux, Jungkook était resté un long moment dehors, enchaînant les cigarettes jusqu'à ce que son attention soit happée par la porte du garage qui s'ouvrit. Levant les yeux de son écran, il vit une tête blonde sortir de celle-ci, un sourire aux lèvres.

— Ah, tu es là ! s'exclama Jimin en marchant vers lui.

— Hum, répondit simplement le commandant, baissant de nouveau la tête sur son téléphone.

Connaissant son amant par cœur, le médium sut rien qu'au ton de sa voix que Jungkook était contrarié par quelque chose.

— Ça va ? demanda-t-il en glissant son index et son majeur sous son menton pour relever sa tête.

— Très bien.

— Si ça va très bien, pourquoi tu fais ta tête de pas content ? Et puis, pourquoi tu es là, dans ton coin ?

— Je t'ai dit que je sortais fumer, mais tu étais trop occupé à t'extasier devant les prouesses ton nouvel ami pour m'entendre, répliqua le tatoué.

Comprenant enfin ce qui rendait son amant si grognon, Jimin ne put retenir un rire qui agaça son vis-à-vis. Les sourcils froncés, il se dégagea doucement de sa main et baissa de nouveau les yeux. Sans perdre son sourire, le médium prit son téléphone de ses mains et le glissa dans la poche arrière de son jean. Il se positionna ensuite entre ses jambes puis prit le visage de son aîné en coupe et déposa un baiser chaste sur ses lèvres, auquel il n'eut aucune réponse.

— Qu'est-ce qui t'embête le plus, c'est le fait que je n'ai pas entendu lorsque tu m'as parlé, ou que je sois resté avec Namjoon ?

Jungkook plongea enfin ses iris dans celles de son compagnon et y vit douceur et tendresse, ce qui le poussa à dire ce qu'il ressentait réellement.

— J'aurais pu me barrer à l'autre bout de la ville, tu n'aurais même pas remarqué mon absence.

— Mon cher petit ami, tu sais maintenant ce que j'ai ressenti quand tu donnais toute ton attention à Rose, répondit le médium.

— Eh bien ça craint. Je déteste ça, pesta le tatoué en détournant le regard.

Un nouveau rire quitta les lèvres du plus jeune qui s'approcha davantage de lui, passant ses bras autour de sa nuque.

— Arrête de faire la tête, murmura-t-il, sa bouche à quelques millimètres de la sienne.

— Hm, fit simplement le commandant sans bouger.

— Embrasse-moi.

Ce n'était pas une demande et ça, Jungkook le comprit par le ton de sa voix. Elle était basse, mais imposante, témoignant de la domination qui venait d'envahir son amant. Ces moments étaient rares, mais le brun devait avouer que lorsqu'ils arrivaient, il s'en délectait.

Impatient, Jimin tira doucement sur les mèches noires présentes au creux de sa nuque, le faisant siffler de douleur. Ce geste tordit l'estomac du plus vieux qui obéit enfin et plaqua ses lèvres contre les siennes dans un baiser lent, mais profond.

Quand leurs poumons se mirent à hurler pour un peu d'oxygène, le médium s'écarta en offrant un sourire à sa moitié.

— Sois plus gentil avec Namjoon. On a discuté pendant ton absence et je suis persuadé que c'est quelqu'un de bien. Je suis sûr que si tu lui laissais une chance, vous pourriez bien vous entendre.

— Franchement, ça m'étonnerait, répondit le tatoué, campant sur ses positions.

Le blond savait que ça ne servait à rien d'insister alors, il se contenta de hocher la tête et glisser ses doigts dans ses mèches noires.

— Comme tu le souhaites, mais sois gentil au moins.

Jungkook hocha la tête en levant les yeux au ciel, puis en silence, les deux hommes retournèrent à l'intérieur où Namjoon les attendait.

— Alors, où tu en es ? demanda le policier.

— J'ai terminé, répondit-il. Je vous ai fait une liste avec les noms et sur les trente-deux qui sont ressortis, douze vivent à l'étranger.

— D'accord, on peut déjà éliminer ceux-là des suspects, pensa le commandant.

— Merci beaucoup pour ton travail, ajouta Jimin en prenant le document que le hacker lui tendait.

— De rien, j'ai simplement rempli ma part du contrat.

— Je sais, mais je t'en remercie quand même.

N'ayant pas envie de s'éternisé plus longtemps, Jungkook se racla la gorge avant de prendre la parole.

— Bon, eh bien, je crois qu'on peut y aller maintenant ? fit-il à l'attention de son compagnon.

— Oui, acquiesça ce dernier.

Le plus jeune s'inclina faiblement devant le hacker puis prit la direction de la sortie. Le tatoué s'apprêtait à faire de même, mais se stoppa et pivota pour faire face à leur hôte.

— Lian passera te voir demain pour t'expliquer certaines choses.

— Ok, fit simplement Namjoon d'une voix blanche.

Le brun hocha simplement la tête, satisfait de la réponse, puis alla rejoindre son petit ami qui était déjà près de l'Audi. En silence, le couple monta à bord du véhicule et Jungkook démarra en direction de leur appartement.

Le début du trajet se passa dans le calme. Ayant besoin d'un contact physique, le commandant avait gardé sa main sur la cuisse de son cadet depuis qu'ils avaient quitté du domicile du hacker. Jimin adorait ça, ce geste si doux et à la fois possessif. Le regard rivé sur la vitre, sa paume contre la peau de son petit ami, il regardait le paysage nocturne défiler sous ses yeux.

Son esprit vagabondait, réfléchissant à ce qu'il allait faire maintenant qu'il avait cette liste. Il avançait enfin dans son enquête, mais sans qu'il ne comprenne pourquoi, il ressentit une certaine peur naitre en lui et se propager tel un virus.

— Kook, fit-il d'une voix prudente, attirant l'attention du concerné sur sa personne.

— Oui ?

— Tu penses qu'on va retrouver Jay ?

Au son de sa voix, Jungkook compris qu'il était anxieux. D'un geste débordant de tendresse et rassurant, il pressa sa cuisse avant de lui sourire.

— Oui. On va commencer par chercher les adresses de toutes ces personnes, ensuite, on ira les interroger et on n'arrêtera pas tant qu'on ne l'aura pas trouvé.

— Et si ça ne mène à rien ?

— Alors, on trouvera une autre piste, promis le policier avec douceur.

En réponse, Jimin prit sa main dans la sienne et entrelaça leur doigt, se murant à nouveau dans un silence.

Quand ils arrivèrent à leur appartement, le couple prit une douche et se mit au lit. Allongé près de son compagnon, Jimin fixait la feuille de papier pliée en quatre qu'il tenait entre ses doigts. Cela faisait plusieurs minutes qu'il retournait le document dans tous les sens sans trouver le courage de l'ouvrir.

— Bon microbe, ça fait un quart d'heure que tu trifouilles ça, ouvre-la, intervint Jungkook.

Ce dernier était resté silencieux depuis qu'il avait rejoint leur lit, mais du coin de l'œil, il n'avait cessé d'observer son amant.

— Je ne suis pas sûr de vouloir lire ce qu'il y a écrit dessus, confessa Jimin d'une voix basse.

— Alors donne-moi ça. Je m'en occuperai demain, ordonna le tatoué en tendant la main vers lui.

Quand il était sur le point de saisir le document, le médium tendit le bras à l'opposé, l'empêchant d'atteindre son objectif.

— Non, c'est bon, je vais le faire !

Les mains tremblantes, le médium déplia la feuille et se mit à lire les nom inscrits dessus. Lorsqu'il tourna le document, un détail attira son attention.

— C'est... c'est une femme, chuchota ce dernier.

— Quoi ? demanda Jungkook, distrait par son téléphone.

— Ce nom, c'est celui d'une femme, répéta Jimin plus fort.

— Ça n'a rien d'étonnant. Tout le monde peut se cacher derrière un pseudo et puis les femmes aussi visitent ce genre de site.

Le ton du brun était neutre, car de son point de vue, cela n'avait rien d'anormal. Pourtant, près de lui, son amant sentit son cœur se déchirer quand il réalisa l'énième sacrifice que son meilleur ami avait fait.

— Je sais, mais...

La gorge de Jimin se serra et un voile de larmes inonda ses yeux. La feuille serrée entre ses doigts fins, il se tourna sur le flanc gauche, tournant le dos à son petit ami qui fronça les sourcils en remarquant cela.

— Hé microbe, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.

Les secondes passèrent, mais il n'eut aucune réponse, simplement un sanglot puis il l'entendit renifler et il comprit.

— Viens par là, fit Jungkook en enroulant son bras autour de sa taille, le tirant vers lui.

Jimin lâcha le document et se retourna, se lovant contre le torse nu de son amant qui le serra aussi fort qu'il pouvait.

— Dis-moi ce qu'il y a, murmura le brun, déposant un baiser contre son crâne.

— Yoongi... il... il aimait les hommes. P-pourtant, il y a des noms de femmes sur cette liste...

La voix du médium était brisée par ses pleurs. Il avait encore du mal à accepter ce que son meilleur ami avait vécu, et ce, même si c'était sa décision. Savoir qu'il s'était sûrement donné à des femmes alors qu'il n'était pas attiré par elle, brisait davantage son cœur déjà meurtri. Yoongi avait tout sacrifié pour sa famille, pour lui. Il avait donné une part de son âme sans hésiter et cela lui avait couté la vie.

Désarmé face à la tristesse de son bien-aimé, Jungkook resta silencieux. Il le garda simplement dans ses bras, le berçant de mots doux et de caresses, jusqu'à ce qu'il sombre dans un profond sommeil.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Jimin fut réveillé par des vibrations sur une surface en bois. Grommelant dans son sommeil, il tendit son bras vers la table de chevet, mais en touchant son téléphone, il se rendit compte que le bruit ne venait pas du sien.

Maudissant le portable de son amant de l'avoir réveillé, il se retourna dans ses bras et leva la tête pour voir l'écran de l'appareil clignoter, annonçant un appel entrant.

— Grincheux, ton téléphone, marmonna-t-il en laissant sa tête retomber lourdement sur le coussin.

Devant lui, Jungkook n'eut aucune réaction, pire, il resserra sa prise autour de son corps et enfouit son visage dans son cou.

— Jungkook, ton téléphone, pesta de nouveau Jimin en tentant de se libérer de sa prise.

Voyant que ce dernier ne bougeait pas, il soupira d'agacement et tendit son bras, écrasant son petit ami au passage, pour prendre son portable.

— Putain, il ne manquait plus qu'elle, grogna-t-il en voyant le nom sur l'écran.

Un nouveau soupir le quitta, mais il décida tout de même de répondre.

— Allô, lança le médium d'une voix nonchalante.

— Bonjour, Jungkook est là ? demanda Rin.

— Il est sept heures trente, bien sûr qu'il est là. Il dort, comme la moitié de la ville. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

— Oh, tu dois être le petit ami.

— Exact, mais ça ne répond pas à ma question.

— J'ai l'impression que tu ne m'aimes pas beaucoup, gloussa la jeune femme.

Son rire aigu ne fit qu'accroitre l'énervement de Jimin qui était déjà d'une humeur massacrante. Il avait très mal dormi, enchainant cauchemar sur cauchemar et voilà que la première chose qu'il entendait en se réveillant était la voix irritante de cette femme qui courrait après son petit ami.

— Je ne te connais pas, mais tu as raison, j'ai moyennement apprécié le ton sur lequel tu t'es adressé à moi la dernière fois. Mais ce que j'apprécie encore moins, c'est le fait que tu ne laisses pas mon mec tranquille même après qu'il t'ait dit ne pas être intéressé.

— Je vois. Je ne sais pas si Kook-

— Jungkook, il s'appelle Jungkook, la corrigea Jimin d'un ton dur. Écoute Rin, je n'ai pas le temps de jouer avec toi. Je-

Au même moment, il sentit le corps de son amant bouger contre lui. Appuyé sur son coude droit, il baissa les yeux sur ce dernier pour le voir relever la tête, un sourire amusé sur les lèvres. En voyant cela, il comprit qu'il était réveillé depuis le début et surtout qu'il avait entendu toute la conversation.

— Il vient de se réveiller, annonça-t-il avant d'éloigner le téléphone de son oreille. Tiens, ta super copine au téléphone. Tu me feras le plaisir de lui dire que sept heures trente ce n'est pas une heure pour appeler les gens. La prochaine fois, je ne serai pas aussi gentil.

Sans rien dire, il posa l'appareil sur l'oreiller et se libéra de la prise du commandant pour quitter le lit. D'un pas colérique, il quitta la chambre et alla s'enfermer dans la salle de bain, claquant la porte derrière lui.

Encore dans le gaz, Jungkook fixa le couloir quelques secondes avant que la voix étouffée qui provenait du combiné n'attire son attention. D'un geste dépourvu d'enthousiasme, il prit son portable et l'amena à son oreille.

— Allô ?

— Tu diras à ton petit ami qu'il faudrait qu'il se détende ! S'il n'a pas confiance en lui, j'y suis pour rien ! Tu perds vraiment ton temps av-

— Je t'arrête tout de suite Rin, tu t'engages sur un terrain glissant là, l'interrompit Jungkook d'un ton implacable.

— Mais Kook, c'est lui qui a commencé ! chouina la jeune femme.

— Tu nous as réveillé Rin, tu t'attendais à quoi ? D'ailleurs, pourquoi tu m'appelles si tôt ?

— Tu ne m'as toujours pas donné ta réponse pour le bal, c'est ce samedi. Tu viendras, pas vrai ?

Le commandant soupira longuement en s'allongeant sur le dos.

— Pourquoi tu tiens tant à ce que je vienne ? On ne s'est pas vu depuis plus d'un an.

— Mon père veut que tu viennes et moi aussi.

— Ton père ? Je peux savoir pourquoi le maire de la ville souhaite ma présence à l'anniversaire de sa fille ?

— P-parce que... bafouilla-t-elle, visiblement prise de court par la question de son ami.

— Parce que quoi Rin ? la pressa Jungkook.

— Parce que tu représentes la police, il veut te remercier pour ton travail !

Le tatoué n'était pas dupe, il savait que c'était un mensonge, mais il fit comme si de rien était. Il était encore à moitié endormi et cette discussion l'ennuyait à mourir.

— Ok, écoute, je vais voir. Je te donne la réponse dans la journée.

— J'espère que tu viendras ! Tu me manques, j'ai envie de te voir, minauda la jeune femme.

— On verra. Bonne journée Rin.

N'ayant rien d'autre à ajouter, il mit fin à l'appel en soupirant. Maintenant que ce problème était réglé, il devait s'attaquer à celui qui se trouvait dans sous la douche. La tornade Park Jimin était bien plus effrayante à affronter qu'une hystérique. Surtout un Jimin de mauvaise humeur.

Sans empressement, il quitta le lit et s'étira avant de quitter la pièce pour se rendre dans la salle de bain. Il avait bien conscience que son petit ami n'était pas dans son assiette et que la mauvaise nuit qu'il avait passée y était pour beaucoup. Une fois devant la porte, il toqua contre celle-ci et entra après avoir eu l'autorisation verbale de son occupant.

Ce dernier était sous la douche. À travers la paroi de verre, il pouvait entrevoir son corps fin, débout sous le jet, la tête penchée en avant. D'un pas lent, il s'approcha de la porte de la douche et toqua.

— Hé microbe, je peux me joindre à toi ? demanda-t-il.

— Non, j'ai terminé, répondit Jimin en coupant l'eau.

D'un mouvement sec, il fit glisser la porte coulissante et sortit de la cabine, nu comme un ver, sans porter le moindre regard à son aîné qui l'observait. Le visage barré par la contrariété, il prit sa serviette et la passa sur ses cheveux dégoulinants avant de l'enrouler autour de sa taille et de sortir la pièce pour s'enfermer dans sa chambre.

— Eh merde, soupira Jungkook.

De son côté, Jimin se sécha rapidement et enfila un boxer. Depuis hier, la pluie avait repris ses droits sur la ville, rendant son humeur encore plus morose. Au vu de la météo, le choix de sa tenue fut rapidement fait. Il prit le sweat à capuche blanc qu'il avait acheté lors de sa sortie avec Lilith, puis enfila un jean en cuir noir. Une fois sa ceinture autour de la taille, il partit vers la cuisine où il fit couler du café.

Appuyé contre le plan de travail, le regard rivé sur la baie vitrée, il observait le temps se déchainer dehors, empêchant Zeus d'aller faire ses besoins. Quand le bip sonore de la cafetière résonna dans la pièce, il cligna plusieurs fois des paupières avant d'ouvrir le placard et d'en sortir deux tasses. Il remplit la première et s'apprêtait à la poser sur l'îlot, mais le fond de celle-ci entra en contact avec le granit dans un bruit sec. Sous le choc, le dessous du mug se brisa, répandant son breuvage brûlant sur les pieds nus du médium et sur son sweat.

— Putain de merde ! s'emporta Jimin, usant de tout son self contrôle pour ne pas lancer le reste de la tasse à travers la pièce.

Jungkook qui était dans la chambre, entendit le boucan et se précipita vers la cuisine pour y découvrir le carnage. Son regard se posa sur son amant qui était accroupi près des éclats de verre. Il vit immédiatement ses pieds rougis à cause de la température élevée du café qui s'était répandu sur le sol.

— Hé, lâche ça, ordonna-t-il en venant vers lui.

Avec douceur, il tira Jimin par le poignet et le souleva pour l'asseoir sur le plan de travail. Sans attendre, il prit un torchon qu'il trempa dans l'eau froide et vint le presser délicatement contre le dessus de son pied droit, le faisant gémir d'inconfort.

— Je suis désolé, fit Jungkook.

Face au regard fuyant de son petit ami, le brun prit son menton entre son pouce et son index et tourna légèrement sa tête, verrouillant enfin leurs regards.

— Ça va ? Tu es blessé ailleurs ? demanda le tatoué en s'occupant de son autre pied.

— Non, murmura Jimin. Je suis désolé, c'était ta tasse préférée.

Cette fois, les larmes se mirent à rouler sur les joues du plus jeune qui les effaça du revers de la main.

— Et mon sweat est fichu, se plaignit ce dernier.

Il n'était pas du genre à craquer pour des choses si futiles, mais la fatigue accumulée le mettait tellement à fleur de peau, qu'il était capable de se mettre à pleurer pour les choses les plus insignifiantes.

En voyant la peine sur le visage de son compagnon, Jungkook sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Il reposa le torchon dans l'évier et vint se placer entre ses jambes pour le prendre dans ses bras.

— Ce n'était qu'une tasse microbe, le plus important, c'est que tu n'aies rien. Et pour ton pull, on ira t'en acheter un autre, fit-il en caressant doucement son dos.

— Je suis désolé. J'ai été détestable avec toi, sanglota le médium, le visage enfoui dans son cou.

— Ce n'est pas grave, tu es fatigué. Tu as passé une mauvaise nuit, je ne t'en veux pas.

Quand Jimin s'écarta, le plus vieux vint déposer un baiser chaste sur ses lèvres et se recula. Il devait trouver un moyen de lui changer les idées, alors il lui fit une proposition.

— Va te changer. On va aller prendre le petit déjeuner en amoureux.

Le blond haussa les sourcils avant de laisser échapper un rire timide.

— En amoureux ? Depuis quand tu es si niais ? se moqua le médium avec douceur.

— J'ai perdu une occasion de me taire, répliqua Jungkook, les oreilles rougies.

Attendri par le rougissement évident de son petit ami, Jimin le tira jusqu'à lui et passa ses bras autour de son buste.

— C'est mignon, j'aime ça.

Embarrassé, le commandant répondit au baiser qu'il lui offrait avant de se reculer.

— Allez file. Je vais nettoyer tout ça et voir si on a de la crème pour les brûlures. Si ce n'est pas le cas, on passera à la pharmacie.

— D'accord, acquiesça le plus jeune en descendant du plan de travail.

Il embrassa une dernière fois son amant puis quitta la pièce et pour rejoindre dans le couloir qui menait aux chambres.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Les deux hommes venaient de terminer leur petit déjeuner et étaient à présent à bord de leur véhicule, en route vers le commissariat. Le silence berçait l'habitacle lorsque Jimin prit la parole.

— Rin appelait encore concernant la soirée à laquelle tu es invité ? demanda-t-il.

— Oui, répondit simplement Jungkook.

— Et que lui as-tu répondu ?

— Je lui ai dit que je ne savais pas.

— On va y aller, imposa le médium, le regard rivé droit devant lui.

Derrière le volant, le commandant fut surpris d'entendre cela. Les sourcils froncés par la confusion, il tourna la tête vers son amant.

— Tu veux y aller ? s'étonna le tatoué. Je veux dire, tu veux y aller de ton plein gré ?

— Oui.

— Est-ce que je dois appeler la morgue ? Où faire venir une ambulance ?

— Quoi ? gloussa Jimin, confus.

— Je demande parce que ce matin, j'ai bien cru que tu allais passer par le téléphone et la tuer, expliqua Jungkook, amusé.

Enfoncé dans son siège, le médium plissa légèrement les yeux en regardant droit devant lui.

— Je vais faire comprendre à cette pouffiasse que tu es à moi.

Le brun fut envahi par divers sentiments. Il était à la fois amusé, ému et fier de la réaction de son amant. Il savait que Jimin tenait à lui, il en avait eu la preuve à de nombreuses reprises, mais être témoin de sa possessivité était quelque chose qu'il aimait.

— D'accord, on va y aller, accepta le policier.

— Parfait.

— Mais je te préviens, Rin est la fille du maire de la ville. Il y aura beaucoup de monde à la soirée, pour la plupart des bourges. Tu sais ce que ça veut dire ?

— Jungkook, mon père est un député politique. J'ai grandi entouré par ce genre de personnes et je vouvoie mes parents, je crois pouvoir gérer quelques pingouins en costard, répliqua Jimin.

Un rire franc fit vibrer les cordes vocales du tatoué avant de lui répondre avec amusement.

— Je parlais de la tenue vestimentaire.

— Ah... Eh bien, je suppose que je vais devoir mettre un costard ? grommela le médium en levant les yeux au ciel.

— Oui et je m'en réjouis d'avance, répondit Jungkook, un sourire espiègle sur les lèvres.

— Pourquoi tu souris ? Toi aussi, tu détestes ça.

— C'est vrai, mais te voir en costume sera mon lot de consolation. Tu n'as pas idée à quel point tu es sexy dans un pantalon à pince.

Les joues du plus jeune prirent feu en entendant cela. Il ne s'y habituerait probablement jamais, mais il aimait lorsque son petit ami le complimentait.

— Tu n'es pas mal non plus dans un smoking, répondit Jimin, le visage rougi.

Le commandant lui offrit un sourire débordant d'affection et pressa doucement sa cuisse qu'il touchait depuis qu'ils étaient montés dans la voiture. Le médium ressentait constamment le besoin de ce contact, il avait la sensation que ce simple toucher apaisait toutes ses angoisses et aujourd'hui, il en avait réellement besoin.

Quand l'Audi entra dans le parking, Jimin soupira faiblement, reposant l'arrière de son crâne contre l'appui-tête.

— Hé, qu'est-ce qui ne va pas ? demanda Jungkook avec douceur.

— Je n'ai pas envie d'y aller. J'ai envie de rentrer à la maison, me glisser dans le lit et que tu me fasses des câlins toute la journée, confessa timidement le consultant.

— J'aime beaucoup ce programme et on pourra faire ça ce soir si tu veux, mais là tes collègues t'attendent.

— Je sais bien, soupira le consultant.

— Regarde-moi, ordonna tendrement le commandant.

Son amant obéit et planta ses orbes sombres dans les siennes.

— Je sais que la journée a mal commencé et que tu es fatigué, mais ça va aller. Je viendrai te chercher à midi si tu veux et on ira déjeuner ensemble.

Le blond hocha la tête sans conviction. Son regard rivé sur les doigts de son amant entrelacés au sien, il soupira de nouveau avant de relever la tête vers lui.

— Tu montes avec moi ?

— Si tu veux, acquiesça Jungkook, un sourire chaleureux sur les lèvres.

Ensemble, ils quittèrent le véhicule et entrèrent dans le bâtiment. N'ayant pas vu ses collègues en uniforme depuis longtemps, le tatoué les salua, prenant rapidement de leur nouvelle avant de suivre son petit ami jusqu'au premier étage. Ce dernier poussa la porte qui menait au QG de la criminelle et entra dans l'espace commun, suivi de son aîné. Ils allèrent directement dans leur bureau où Jimin posa ses affaires et alluma son ordinateur.

— Tu pourrais t'installer sur mon bureau, tu aurais plus de place, fit Jungkook.

— Non, c'est ton bureau. J'aurai l'impression que tu ne reviendras jamais si je fais ça, répondit le médium, en ouvrant le rapport qu'il devait terminer de taper.

En voyant sa mine peinée, le brun s'approcha de lui et tira doucement sur son poignet pour le prendre dans ses bras.

— Je reviendrai bientôt, ne t'en fais pas.

— J'ai l'impression que ça fait une éternité que tu dis ça.

— Je sais, moi aussi ça me manque, souffla le tatoué, en s'appuyant contre le rebord de son bureau.

Debout entre ses jambes, Jimin entoura sa nuque de ses bras fins et enfouit son visage dans son cou. Les yeux fermés, humant son odeur boisée, il profita de ce dernier instant de paix avant de se mettre au travail.

— Je devrais aller parler à Lim, c'est ma faute si on en est là, murmura-t-il.

— Arrête ça, je t'ai déjà dit que j'étais le seul fautif.

Le moment de tendresse fut interrompu par la porte du QG qui s'ouvrit brusquement, dévoilant un homme dont le visage était dissimulé par les deux boîtes d'archives et d'une pile de documents qu'il tenait difficilement dans ses bras.

Voulant éviter un accident, Jimin lâcha son amant et quitta son bureau pour aller à sa rencontre.

— Tu veux de l'aide ? proposa-t-il.

— Oh ! Salut ! Désolé, je reviens des archives, gloussa Lian en penchant légèrement la tête sur le côté.

— Donne-moi ça, je vais t'aider, intervint Jungkook qui était venu les rejoindre.

Ce dernier prit la première boite et donna les dossiers à son cadet.

— Merci, lui sourit Lian. Vous allez bien ? demanda-t-il.

— Hum, vivement ce week-end, grommela le médium.

— Oula, ricana faiblement l'inspecteur, amusé par la moue boudeuse de son cadet.

— La nuit a été courte, expliqua le commandant en marchant vers la grande table en bois où se trouvaient déjà plusieurs documents.

— Ah, je vois.

Le sourire sur le visage de Lian en disait long sur ses pensées et en le remarquant, Jimin leva les yeux au ciel avant de prendre la parole.

— Non, pas dans ce sens-là. Ça aurait été bien plus fun si c'était ça.

— Ok, stop, je ne veux rien savoir, lança l'inspecteur, faisant rire Jungkook.

— Salut les gars, les interpella une voix mélodieuse.

Les trois hommes tournèrent la tête vers la jeune femme à la chevelure de feu qui sortait du bureau de Kuina. Lian lui offrit un sourire timide, attirant l'attention du médium qui ne manqua pas le faiblement rougissement sur ses joues.

— Bonjour, répondit le commandant.

— Tu es de retour parmi nous patron ? intervint Kuina derrière sa collègue.

— Pas encore, malheureusement.

La jolie brune offrit un sourire compatissant à son aîné puis partit en direction de la sortie, laissant ses autres collègues entre eux.

— C'est pour quoi toutes ses boites ? demanda Jimin.

— C'est pour notre affaire, répondit l'inspecteur.

— Tu as continué d'éplucher les autres dossiers ?

— Oui.

Le tatoué s'apprêtait à demander sur quelle enquête ils travaillaient lorsque la porte du QG s'ouvrit et qu'une voix forte retentit.

— Jeon Jungkook, puis-je savoir ce que tu fais ici ?

Le concerné n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qui s'adressait à lui. Un sourire forcé, il pivota pour faire face au capitaine, qui affichait une mine sérieuse.

— Bonjour capitaine. Je suis simplement venu déposer Jimin et saluer mes amis.

— Puisque tu es là, viens dans mon bureau. On doit discuter, ordonna Lim.

— À vos ordres, monsieur. J'arrive.

— Bonjour à ceux que je n'avais pas encore vus, ajouta le cinquantenaire.

— Bonjour capitaine, répondirent Rose et Jimin en parfaite synchronisation.

Sans rien ajouter, le chef de la police quitta la pièce et ce ne fut que lorsque la porte se referma derrière lui que les trois policiers et le consultant osèrent respirer à nouveau.

— C'est moi où il est d'humeur massacrante ? demanda la rouquine.

— Je n'en sais rien, espérons qu'il soit d'assez bonne humeur pour me rendre ma plaque, soupira le tatoué.

Jimin qui était à ses côtés, lui offrit un sourire sans joie auquel il répondit avant de prendre la parole.

— Bon, je vous laisse travailler, fit-il avant de se tourner vers son petit ami et de parler d'une voix plus basse. Je viens te chercher à midi.

— D'accord, envoie-moi un message pour me dire comment ça s'est passé, répondit le médium.

Jungkook hocha la tête et sans penser aux personnes qui étaient avec eux, il déposa un baiser sur ses lèvres avant de reculer et de partir en direction de la sortie. Le jeune consultant l'observa pendant qu'il traversait la pièce et lorsque la porte se referma derrière lui, la voix de Rose le ramena à la réalité.

— Dites, j'ai halluciné ou il vient de t'embrasser ?

La jeune femme fixait son cadet avec de grands yeux ronds et Jimin put voir à son expression qu'elle était totalement perdue. En réalisant ce qui venait de se passer, il sentit ses joues se réchauffer, mais surtout l'anxiété le gagner. Il n'avait pas encore trouvé le courage de le dire à son amie et voilà qu'elle venait de l'apprendre de la pire des façons.

— Je euh... je voulais te le dire hier, mais je-

— Allez Rose, arrête de le regarder comme ça, on dirait que tu vas le tuer, intervint Lian en voyant l'embarras de son cadet.

— Que je vais le tuer ? Non pas du tout ! Je suis simplement surprise ! C'est plus un épisode que j'ai loupé là, c'est une saison entière !

Sa voix ne présentait aucune colère ni agressivité, mais Jimin pouvait tout de même voir que quelque chose la contrariait.

— Je suis désolé, je voulais te le dire hier, mais je n'ai pas vraiment trouvé le bon moment, reprit le plus jeune. Jungkook et moi sortons ensemble.

— Sortir ensemble, genre comme un couple ?

— Oui, répondit le médium.

Se sentant subitement de trop, Lian décida de se retirer, voulant laisser ses deux amis discuter.

— Bon moi je vous laisse, lança ce dernier.

— Non, tu peux rester, fit Rose avant de regarder son cadet. Tu veux aller boire un café ?

Jimin hocha la tête et suivit la rouquine hors de la grande pièce. En silence, ils marchèrent jusqu'à la salle de pause et entrèrent dans celle-ci. La jeune femme sortit deux boissons du distributeur et posa un gobelet devant ami avant de s'asseoir face à lui.

— Alors, commença Rose pour inciter son cadet à parler.

— Qu'est-ce que tu veux savoir ?

— Depuis quand ça dure ?

— Depuis deux mois.

La jolie rousse écarquilla les yeux et se sentit subitement mal à l'aise. Cela faisait deux mois que Jungkook voyait quelqu'un et elle ne le savait pas. Deux mois qu'elle était dans l'ignorance et faisait, malgré elle, du mal à son ami en continuant de flirter avec lui. Maintenant qu'elle était au courant, elle se remémora toutes les fois où elle les avait surpris ensemble et comprit. La crise de colère de Jungkook lors de leur soirée sur la plage, toutes les fois où il avait été exécrable avec Lian. Le comportement de Jimin lors de leur séjour au chalet. À présent, tout était plus clair.

— Deux mois ? Jimin tu... pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Je... merde. Toutes ces fois où tu m'as vue flirter avec Jungkook alors que vous étiez ensemble !

En voyant l'embarras de son amie, le médium prit sa main dans la sienne et la pressa doucement.

— Je t'arrête tout de suite, il n'y avait rien d'officiel à ce moment-là. Ça l'est depuis seulement deux jours. Avant ça, ce n'était que du sexe.

Rose le sonda de longues secondes avant de soupirer et de baisser les yeux sur son café.

— Je suis désolé, j'aurai dû te le dire, mais j'avais trop peur de ta réaction. Je... je sais quel genre de relation tu entretiens avec Jungkook et je ne voulais pas que tu penses que j'allais m'interposer entre vous deux.

— Relation que j'ai ? Min, le dernier contact physique que j'ai eue avec Jungkook, c'était ce baiser sur le toit, le soir de ton bizutage. Depuis ce jour-là, il ne m'a plus touché et on n'a plus jamais couché ensemble ! Quand je pense que j'ai continué de flirter avec lui sous tes yeux ! C'est pour ça que tu étais si froid avec moi au chalet ?

Jimin baissa honteusement la tête sur ses doigts qu'il trifouillait nerveusement.

— Jimin ? appela la jeune femme en posant sa main sur la sienne.

— Je me suis comporté comme un imbécile avec toi. Je ne comprenais pas ce que je ressentais et j'étais jaloux parce que tu avais toute son attention. C'était stupide de ma part et je comprendrai que tu sois en colère contre moi ou même que tu ne veuilles plus qu'on soit amis, mais je suis vraiment désolé.

Rose resta silencieuse de nombreuses secondes, les plus longues de la vie du médium. Elle le fixait de ses yeux émeraude qui dégageaient une émotion qu'il ne pouvait décrire. Est-ce qu'il allait perdre une personne qui lui était chère ?

Quand la jeune femme bougea enfin, elle se leva et s'approcha de lui. Sans lui laisser le temps de répondre, elle entoura son buste de ses bras fins et l'enlaça.

— Il faudrait que tu me plantes un couteau dans le dos pour que je cesse de te parler et ce qui s'est passé n'en est pas un. Tu es amoureux et Jungkook l'est aussi, j'en suis persuadé. Il sourit, il semble heureux et ça, c'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire.

— Tu... tu n'es pas en colère ? demanda prudemment Jimin lorsqu'elle s'écarta.

— Non. Je suis gênée parce que si j'avais su tout ça depuis le début, je n'aurais pas continué ce petit jeu avec lui.

— Je ne t'en veux pas. Tu ne savais pas, c'était mon choix de ne rien dire.

— Bon et bien maintenant que je sais, je veux tout savoir de A à Z, surtout les détails croustillants ! lança la rouquine en haussant plusieurs fois les sourcils, un rictus sur les lèvres.

Les joues du médium prirent feu lorsqu'il comprit les paroles de son amie. Même s'ils étaient proches, il ne se sentait pas suffisamment à l'aise pour lui parler de sa vie intime, encore moins en connaissant le passé que cette dernière avait avec son amant.

— Je euh... je pense qu'on devrait retourner au travail, bafouilla-t-il.

Rose n'était que très peu surprise par cette réponse. Elle était bien conscience de la timidité de son cadet, elle n'insista pas.

— Tu as raison, rigola cette dernière. Allons travailler.

En riant, les deux amis quittèrent la salle de pause pour se remettre au travail. Maintenant qu'il n'avait plus aucun secret, Jimin se sentait bien plus léger, comme si un poids avait quitté son cœur, faisant naitre en lui un sourire qu'il ne pouvait plus cacher.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

La journée s'était passée calmement pour Jimin. Après sa discussion avec Rose, le médium s'était remis au travail et avait affiné la recherche concernant leur enquête. À midi, Jungkook était venu le rechercher et ils avaient déjeuné ensemble. Ce dernier avait raconté sa discussion avec Lim qui s'était avérée bien plus positive qu'ils ne le pensaient. Le capitaine l'avait informé qu'il serait réintégré dès lundi matin. Le point négatif, son supérieur lui avait imposé un examen psychologique et même si cela l'avait fait grincer des dents, le brun avait accepté sans discuter.

Il était vingt heures trente lorsque Jimin termina de taper le rapport d'enquête que Kuina lui avait donné plus tôt. Une fois les pages envoyées à l'impression, il éteignit son ordinateur et le rangea dans sa sacoche. Il prit ensuite quelques feuilles sur lesquelles il avait gribouillé des notes concernant les recherches sur les clients de Yoongi et les mit, elles aussi, dans son sac avant de quitter la pièce. Il se dirigea rapidement vers la photocopieuse pour récupérer son travail puis le glissa dans le dossier correspondant et le déposa sur le bureau de sa collègue.

Lian et Rose étaient autour de la table tactile et discutaient des derniers éléments de leur enquête lorsque leur cadet arriva à leur hauteur.

— J'y vais, annonça-t-il avec un sourire.

— D'accord, tu veux qu'on te dépose ? proposa Lian.

— Non merci, Jung-

Sa réponse fut écourtée par la porte du QG qui s'ouvrit sur Jungkook. Une main dans la poche de sa veste et l'autre tenant un sweat à capuche violet, il avança jusqu'à ces trois amis qui le regardaient déjà. Quand il arriva près de son amant, ce dernier lui sourit et sans dire un mot, il se hissa faiblement sur la pointe des pieds et embrassa chastement ses lèvres. Une fois l'effet de surprise passé, le brun répondit à son baiser avant de s'écarter.

— Salut, murmura Jimin.

— Je t'ai pris un sweat, il commence à faire frais, déclara-t-il.

— Je fonds d'amour, ils sont trop mignons, roucoula la jolie rousse de l'autre côté de la table.

Lian pouffa de rire, attirant l'attention du couple qui se mit à rougir faiblement.

— Oh, ne vous arrêtez pas à cause de nous, lança Rose, amusée.

— Mais tu vas les laisser tranquilles, la réprimanda gentiment son coéquipier.

— Quoi ? C'est un compliment ! Regarde notre commandant ! À quand remonte la dernière fois où tu l'as vu sourire comme ça ? répliqua la rouquine.

— Ok, ça suffit, intervint Jungkook, les oreilles teintées. On y va microbe ?

Jimin hocha la tête en souriant puis se tourna vers ses deux collègues.

— Si vous voyez Kuina avant de partir, dites-lui que le rapport qu'elle m'a demandé de taper est sur son bureau et qu'une copie a été envoyée à Lim pour validation.

— On s'en occupe Min, ne t'en fais pas, acquiesça Lian d'un regard bienveillant.

— Allons-y, fit Jungkook en prenant la main de son amant dans la sienne avant de porter son attention sur ses deux amis. À plus les gars, bonne soirée.

Les deux policiers saluèrent le couple qui s'en alla en discutant, le sourire aux lèvres. Rose fut la première à rejoindre son bureau pour éteindre son ordinateur et prendre son sac afin de rentrer chez elle. Quand elle s'apprêta à partir, elle fit face à son coéquipier qui entra dans la pièce.

— Tu as des projets pour ce soir ? demanda ce dernier.

— Un bon bain, un bol de nouilles et un film, pourquoi ? répondit la rouquine.

— Oh euh... pour rien. Simple curiosité, bafouilla-t-il.

Le grand brun mourrait d'envie de l'inviter à sortir, mais il n'arrivait pas à trouver le courage de le faire. Depuis leur moment en tête-à-tête au chalet, la jeune femme et lui étaient sortis quelques fois après leur service. Ils avaient beaucoup discuté et une certaine attirance avait pris vie entre eux. Il ne pouvait pas mettre de nom sur cette affinité, car il ignorait ce qui se passait dans la tête de Rose, néanmoins, plus les jours passaient, plus il était impatient de la voir chaque matin. Il avait parfois l'impression d'être un adolescent face à son premier béguin et c'était un sentiment qui le déstabilisait.

— Bon et bien, bonne soirée alors.

La voix de Rose le ramena sur terre et sans pouvoir le contrôler, son visage se réchauffa quand il réalisa qu'il la fixait depuis plusieurs minutes.

— Oui, bonne soirée, répondit Lian, gêné.

La jeune femme lui offrit un dernier sourire et contourna son bureau dans l'optique de s'en aller, mais elle fut de nouveau interpellée.

— Attends, est-ce que tu voudrais venir diner avec moi ?

L'expression de la rouquine passa de la confusion à un air plus enjoué.

— J'ai bien cru que tu n'allais jamais me le demander, le taquina cette dernière.

Le rougissement de Lian s'intensifia davantage et Rose sentit son rythme cardiaque augmenter tant elle le trouvait adorable. Bien qu'elle ait une vie sociale des plus satisfaisantes, il était rare qu'un homme l'invite à dîner sans arrière-pensées, alors, quand son ami s'était enfin lancé, elle n'avait pu empêcher son cœur de réagir.

— Je serais ravie de dîner avec toi, mais avant, il faut que je passe chez moi.

— Pas de soucis. Je passe te chercher dans quarante mintes ?

— Avec plaisir, accepta la jeune femme avec un sourire.

Lian hocha simplement la tête et regarda son amie quitter le bureau avant de prendre ses affaires et de faire de même.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Comme promis, Lian était allé chercher son amie et ensemble, ils s'étaient rendus dans un restaurant que le policier connaissait bien. Ils avaient diné dans la bonne humeur, discutant de leur vie privée et pour la première fois depuis qu'il la connaissait, le brun avait parlé de son frère. La jeune femme l'avait écouté attentivement, prenant sa main dans la sienne dans un contact rassurant. Quand le repas fut terminé, Rose le traina dans les rues commerçantes où ils mangèrent une glace tout en longeant le bord de mer.

— Je t'ai déjà dit que la framboise était mon parfum de glace préféré ? fit la jeune femme, léchant son cornet.

— Non, mais maintenant, je le sais, répondit Lian avec un rire attendri.

— C'est lequel le tien ?

— Hum, ça dépend de mon humeur, mais en général, j'aime le chocolat ou la vanille. Je sais, ce n'est pas très original, pouffa-t-il.

— Je trouve ça mignon, déclara Rose. Moi, j'aime le côté acide de la framboise. Quand j'étais enfant, mes parents achetaient les assortiments de glace à l'eau, tu sais celle avec plusieurs gouts ?

— Oui, les mister Freeze ! Jae et moi, on adorait ça aussi. On allait en acheter à l'épicerie à côté de la maison.

— Eh bien avec Jessy, on se battait toujours pour avoir celui à la framboise. On rendait mes parents chèvres, raconta la jeune femme en riant.

— Vu la carrure de Jessy, je suppose que tu as rarement dû en manger , la taquina Lian.

— Tu plaisantes ? Je gagnais à chaque fois.

En voyant le sourire fier sur les lèvres de son amie, un esclaffement franc quitta les lèvres du brun, faisant vibrer ses cordes vocales. Cette mélodie contamina la rouquine qui le suivit dans son rire pendant qu'il continuait de longer le bord de mer.

Quand ils eurent fini leur dessert, ils regagnèrent la voiture du policier qui était garée plus haut et ils prirent la route du domicile de la jolie rousse. Le trajet se passa dans le silence, mais il n'avait rien de gênant, c'était même tout l'inverse. Il était réconfortant, laissant aux occupants de l'habitacle, le temps de réfléchir à ce que signifiait cette soirée.

Après une trentaine de minutes, la BMW noire du brun s'immobilisa devant la résidence de Rose. Désormais embarrassé, Lian coupa le contact et s'enfonça dans son siège, le regard rivé droit devant lui. Il ne savait pas quoi dire, ni même quoi faire. Son esprit partait dans tous les sens et le lâche qui était en lui espérait que la rouquine fasse le premier pas. Cette soirée avait été bien plus intime que les autres. Pendant leur promenade, la jeune femme avait, à plusieurs reprises, pris sa main dans la sienne et même si elle l'avait fait avec l'intention de l'emmener où elle souhait, il n'avait pas pu empêcher son corps de réagir, réveillant un délicieux frisson le long de son épiderme.

— Merci pour cette soirée. Je me suis bien amusée, confessa Rose, d'une voix douce.

Un sourire timide sur le visage, Lian se tourna légèrement vers elle pour se plonger dans ses prunelles émeraude.

— Oui, c'était super. On pourra le refaire si tu veux, proposa-t-il prudemment.

— Avec plaisir.

Les yeux de la jeune femme sondaient son coéquipier avec intensité pendant que le silence avait repris le contrôle de l'habitacle. Un ange passa avant que son corps ne trouve enfin le courage de bouger. Sans dire un mot, Rose détacha sa ceinture et se pencha en avant. D'un geste rapide et timide, elle déposa ses lèvres sur celles de son ami puis elle s'écarta et quitta le véhicule sans se retourner.

Stupéfait, Lian resta immobile durant de longues secondes, ses doigts posés contre sa bouche. Quand il réalisa ce qui venait d'arriver, un sourire enfantin prit place sur son visage et il se laissa tomber contre le siège en cuir, le cœur battant à tout rompre.

— Elle m'a embrassé, murmura-t-il.