Chapitre 66
Jimin n'eut besoin que d'une dizaine de minutes pour trouver l'information qu'il cherchait. Grâce à la base de donnée de la police, il avait trouvé l'adresse de Hong Woo-jin qu'il avait notée sur un post-it qui trainait sur sa table de chevet.
— Je m'occupe de ça dès demain, annonça-t-il à l'attention de son meilleur ami.
Yoongi ne l'avait pas quitté, il était resté à ses côtés, faisant simplement acte de présence malgré le mutisme du médium. Même s'il savait que quelque chose n'allait pas, le mentholé ne voulait pas le brusquer. Il avait bien senti que leur relation s'était dégradée ces derniers mois et il en était le seul responsable. À présent, il devait renouer avec lui, réparer ces fissures qui s'étaient créées.
Peut-être que tu devrais y aller avec Taehyung ou grincheux, conseilla le fantôme.
— Pourquoi faire ? Je veux juste lui parler. Je peux le faire tout seul, je n'ai pas besoin d'un chaperon, répliqua Jimin en refermant son ordinateur.
Ce que tu peux être susceptible et têtu quand tu t'y mets ! Je connais Woo-jin, il refusera de parler et même si ça m'arrache la langue de l'admettre, Jungkook est plutôt du genre convaincant, si tu vois ce que je veux dire.
— Je peux être très convaincant aussi ! rétorqua le médium.
Les sourcils haussés d'étonnement, Yoongi scruta son ami de la tête au pied et ne put retenir un rire qui ne plut guère à son vis-à-vis.
— Je peux savoir ce qui te fait rire ? Si tu parles de ma taille ou de quoi que ce soit d'autre, je te tue !
Désolé Min, même si je ne remets pas en doute ta nouvelle capacité à casser des gueules, je dois tout de même te dire qu'il y a plus intimidant que toi. Je veux dire, tu as une bouille beaucoup trop adorable pour avoir l'air méchant.
— Va te faire foutre ! pesta le blond sans pouvoir retenir un petit rire.
Yoongi fut contaminé par cette mélodie. Lorsqu'ils retrouvèrent leur calme, Jimin posa enfin la question qui était ancrée dans un coin de sa tête.
— Tu ne m'as pas dit qui avait crypté ce fichier. D'après l'ami de Lian c'était un programme très complexe. Le hacker qui nous a aidé a mis plusieurs jours à le craquer.
Ce n'est pas un détail important. C'est juste un gars que je connaissais. Il était très doué dans ces trucs-là alors, quand j'ai fermé ma page du site web, j'ai voulu garder une trace de tout ça au cas où. Du coup, je suis allé le voir et je lui ai demandé de verrouiller ce truc. Il n'a aucune idée de ce que le fichier contenait.
Au moment où le médium s'apprêtait à demande l'identité de cette personne, un petit coup retentit contre sa porte, interrompant leur échange.
— Entrez, lança Jimin.
Celle-ci s'ouvrit sur Taehyung qui lui offrit un sourire crispé.
— Je voulais juste m'excuser pour tout à l'heure, fit le policier, gêné.
— Ce n'est pas grave, répondit le médium. Je n'aurais pas dû m'emporter non plus, mais je ne veux plus que vous vous disputiez à cause de moi.
— On se dispute tout le temps, tu devrais avoir l'habitude maintenant, gloussa Taehyung.
— Peut-être, mais je n'aime pas ça.
— D'accord, promis, on va éviter de recommencer.
La voix du lieutenant était douce et réconfortante. Elle l'était toujours lorsqu'il s'adressait à lui, c'était inné, comme une sorte d'instinct paternel qui se manifestait en présence de son cadet.
— Bon, j'y vais, Lilith m'attend pour le dîner. Je viens te chercher demain matin ?
— Oui, sinon je peux prendre le bus, ça ne me dérange pas.
— On se tient au courant. Bonne soirée, repose-toi.
— Oui. Bonne soirée et embrasse Lilith pour moi.
Taehyung hocha la tête puis rebroussa chemin, laissant son cadet seul avec le fantôme de son meilleur ami qui était resté silencieux.
Je t'ai déjà dit que je l'aimais bien ? lança ce dernier.
— Je ne sais plus, mais je suis ravi de le savoir, ricana Jimin.
De nouveau, leur moment fut brisé par la voix grave et forte de Jungkook qui résonna entre les murs de l'appartement.
— Microbe !
— Quoi ? répondit-il sur le même ton.
— Viens manger !
— J'arrive.
Allez, papa t'appelle, gloussa Yoongi.
— Ah ah ah, très drôle, répliqua Jimin en levant les yeux au ciel.
Sérieux, tire un coup, tu te sentiras bien plus détendu après.
— À plus tard, Yoongi, lança le médium en quittant la pièce, ignorant volontairement l'intervention de son meilleur ami.
La mine fermée, il traversa l'appartement pour rejoindre son colocataire qui avait mis la table. Il se pencha légèrement en avant pour voir ce que contenait le wok.
— Tu sais cuisiner toi ? lança-t-il, surpris d'y voir du bulgogi.
Jungkook qui revenait de la cuisine, se figea, une moue contrariée sur le visage.
— Là, tu me vexes.
— Désolé, mais les seules fois où je t'ai vu cuisiner, c'était pour préparer des ramens.
— Les meilleurs ramens de ta vie, répliqua le tatoué en haussant subjectivement les sourcils.
— C'est ça, pouffa le médium en prenant place à la table.
En temps normal, le brun aurait pris cette répartie avec humour, mais sans vraiment comprendre pourquoi, il se sentit vexé.
— Hé, si tu n'as pas confiance en ma cuisine, tu peux toujours aller manger du sable !
La mine contrariée, le plus vieux se servit puis commença à déguster son repas, ne prenant même pas la peine d'attendre son colocataire qui le regardait, confus par sa réaction.
Le diner se passa dans le silence jusqu'à ce que Jungkook ne pose son regard sur le morceau de papier qui était posé à côté de son cadet.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.
— L'adresse de Woo-jin.
— Parfait, donne-la-moi.
Le commandant tendit le bras dans l'idée d'attraper le morceau de papier, mais Jimin le prit dans la volée, l'empêchant d'atteindre son objectif.
— Donne-moi ça, ordonna Jungkook.
— Non. Je te connais, si je fais ça tu vas y aller sans moi.
— Évidemment que j'y vais sans toi.
— Et pourquoi ça ? Je peux très bien m'en occuper seul.
— Parce que tu bosses et que moi, j'ai le temps de m'en charger.
— C'est l'excuse parfaite ça, pouffa amèrement le plus jeune. C'est mon enquête, alors, je viens. Hors de question que tu me tiennes à l'écart.
Un combat silencieux commença ainsi entre les deux hommes. Aucun d'eux ne voulait s'avouer vaincu, campant sur leur position. Le duel fut écourté par la guitare du tatoué qui tomba de son socle. Le commandant tourna précipitamment la tête vers le bruit avant de grogner de mécontentement et de se lever.
— Putain, laisse ma guitare tranquille ! beugla-t-il en allant reposer l'instrument à sa place.
— Yoongi, sérieux, soupira Jimin.
Arrêtez de vous battre, vous êtes ridicule. Autant faire les choses à deux !
— Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Jungkook en voyant que son cadet était visiblement concentré sur quelque chose.
— Il dit qu'on est ridicule et qu'on devrait y aller tous les deux, répéta le médium.
Le brun soupira longuement avant de retourner dans la salle à manger pour commencer à débarrasser la table.
— Tu pourrais venir me chercher au poste et on ira ensemble à ma pause déjeuner ? proposa Jimin.
Dans la cuisine, le tatoué déposa la vaisselle dans l'évier avant de se tourner vers lui, le visage dénué d'expression.
— Et ton besoin d'espace ? Si je fais ça tu vas te retrouver dans une voiture, seul avec moi, ça ne sera pas trop dur à supporter ?
Sa voix était débordante de sarcasme avec une pointe d'agacement. Il n'arrivait pas à oublier ces paroles qui l'avaient profondément heurté et comme toujours, il ne put s'empêcher de le faire savoir au responsable.
— Ça n'a rien à voir. Là, c'est strictement professionnel. Quand j'ai dit que j'avais besoin d'espace, c'était pour tout le reste, répondit le médium, tentant de rester le plus stoïque possible.
Un rire nerveux quitta les lèvres du policier qui jeta brusquement le torchon qu'il tenait dans ses mains sur le plan de travail.
— Évidemment, c'est strictement professionnel. Très bien consultant Park, je viendrai te chercher à midi. Je laisse ton professionnalisme faire la vaisselle.
N'attendant aucune réponse et voulant surtout s'isoler, le tatoué quitta la pièce sous le regard ahuri du plus jeune.
— Attends, quoi ?
— Je te donne de l'espace, Jimin. C'est que tu as demandé non ?
La voix de Jungkook résonnait dans le hall d'entrée. Sans rien ajouter, il prit ses clés de voiture et quitta l'appartement en claquant la porte derrière lui. Dans un long soupir, le blond s'apprêtait à commencer sa vaisselle lorsque son téléphone se mit à sonner.
En voyant le prénom de Lilith s'afficher, une vague d'inquiétude l'envahit. Est-ce qu'il était arrivé quelque chose à Taehyung ? Pire, était-il arrivé quelque chose aux bébés ?
— Allô, répondit-il sans attendre.
— Coucou Min, je te dérange ? fit la psychiatre.
— Non, tu ne me déranges pas. Est-ce que tout va bien ?
— Oui oui, en fait, je... c'est embarrassant. Taehyung va partir au poste, il a été appelé sur une affaire et je n'ai pas envie de rester toute seule. Ça te dérange si je viens à l'appartement ?
Jimin fut si soulagé d'entendre cela qu'il laissa un long soupir le quitter.
— Non, bien sûr que ça ne me dérange pas. Je suis tout seul en plus, Jungkook vient de sortir.
— Parfait ! Taehyung me dépose et on restera pour la nuit si ça ne vous dérange pas.
— Pas de soucis, je t'attends !
— Je vais passer acheter de la glace ! s'enjoua la jeune femme.
— D'accord, gloussa le médium. À tout de suite.
Jimin put entendre son amie laisser échapper un petit cri de joie avant de raccrocher, ce qui le fit sourire. Il aimait beaucoup passer du temps avec Lilith. La jeune femme était toujours si bienveillante, si apaisante et réconfortante. Elle était une sorte de grande sœur qui veillait toujours à son bien-être et à sa sécurité. Lorsqu'il avait fait sa rencontre, le jeune consultant avait été réticent au vu de sa profession, mais au fil des semaines, la jeune femme avait su gagner sa confiance et son amitié.
Voulant la recevoir dans les meilleures conditions possibles, Jimin s'attela à rapidement laver la vaisselle avant d'aménager le salon en un espace cosy. Une quinzaine de minutes plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit et la voix de Taehyung se fit entendre.
— Jimin, c'est nous !
— Je suis dans ma chambre, j'arrive ! cria le concerné.
Enfilant rapidement un short de pyjama et un t-shirt, il se précipita hors de la pièce pour aller recevoir ses deux amis.
— Je suis désolé, il est un peu tard, fit la jolie brune.
— Non, je suis content que tu viennes, j'étais destiné à passer la soirée seul.
— Où est Jungkook ? demanda Taehyung.
— Aucune idée, sûrement en train de se souler dans un bar, ou de s'envoyer en l'air.
À cette idée, le cœur du médium se serra brusquement et il sentit son estomac se nouer. Est-ce qu'il était réellement en train de coucher avec quelqu'un ? Ferait-il ça, malgré tout ce qu'ils s'étaient dits ?
— J'espère qu'il ne fera pas de bêtise, marmonna le policier avant de s'approcher de sa fiancée. Poussin, j'y vais. Passez une bonne soirée et surtout, fermez bien à clé d'accord ?
— Ne t'en fais pas Tae, j'ai fermé les stores comme ça il n'y aura aucun risque, intervint Jimin.
— D'accord, je ne sais pas à quelle heure je serai de retour, donc je vous dis à demain.
— Sois prudent. Je t'aime, fit Lilith en déposant un baiser sur les lèvres de son bien-aimé.
— Moi aussi, je t'aime.
Le lieutenant salua une dernière fois son ami et quitta l'appartement. Sans attendre, Jimin verrouilla la porte à double tour avant de pivoter vers son amie qui revenait de la cuisine. Cette dernière avait apporté un sac de voyage en cuir avec toutes ses affaires et sûrement celles de son fiancé.
— Donne-moi ça, je vais le poser dans ta chambre, ordonna gentiment le médium.
— Merci, lui sourit cette dernière. J'ai apporté plein de choses, bon, je me suis peut-être un peu enflammée, mais j'ai l'impression qu'on va faire une soirée pyjama !
— Je n'ai jamais fait de pyjama party, confessa Jimin en riant.
— Tu plaisantes ?
— Non, gloussa le blond.
— Eh bien ce soir, ça va changer !
Lilith s'avança vers le sac que son ami avait posé sur son lit et l'ouvrit. Elle en sortit deux trousses puis, sans perdre son sourire et son entrain, elle saisit la main de son ami et le tira jusqu'au salon. Sur le sol, Jimin avait déposé quelques plaids qui étaient rangés dans le coffre sous le canapé ainsi que quelques coussins.
— Tu veux mettre un film ou mettre de la musique pour l'ambiance ?
— Hum, je te laisse choisir, j'aime les deux.
— J'ai bien envie d'écouter de la musique, choisit la jeune femme.
Jimin hocha la tête et la regarda brancher l'enceinte Bluetooth pour y connecter son téléphone. Rapidement, une chanson de pop américaine envahit l'espace.
— Bon, fit Lilith, soudainement plus sérieuse. Règle numéro une d'une soirée pyjama ; les potins. On va raconter des potins sur tout le monde et tout ce qui se dira ici ne sortira pas d'ici ok ?
Jimin hocha vigoureusement la tête, tel un soldat face à son commandant et pourtant, il devait se faire violence pour ne pas rire en voyant la mine renfrognée de son amie.
— Règle numéro deux, ce soir, nous ne sommes plus des adultes. Je ne suis plus psychiatre et toi, tu n'es plus consultant. Nous sommes deux ados alors n'aie pas peur du ridicule. Règle numéro trois et la plus importante, les soins du visage sont primordiaux !
— À vos ordres m'dame, ricana le médium.
— Ah oui, et je suis enceinte, donc je peux m'enfiler toute la glace, si je grossis, je mettrai ça sur le dos de ces deux bébés et tu ne dis rien à Tae.
— Bien évidemment !
Cette fois, les deux amis partirent dans un rire franc avant que la psychiatre ne s'installe en tailleur et ne sortit toute sorte d'outils qu'elle posa sur la table basse.
— Je vais commencer par une manucure, tu m'aides ?
— Je veux bien, mais il faut que tu me guides, je n'y connais rien.
— Ne t'en fais pas, on va commencer par retirer ce vernis tout moche que j'ai sur les ongles, ricana Lilith.
La jolie brune prit son dissolvant et en appliqua sur un coton. Jimin tendit sa main, dans une invitation à l'aider, et elle le remercia d'un sourire.
— On va bien s'amuser, s'enjoua la jeune femme, telle une enfant.
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L'épreuve de la manucure se révéla bien plus chaotique que prévu pour Jimin. Le jeune consultant dut suivre la folie de son amie qui avait la bougeotte. À chaque nouvelle musique, cette dernière faisait des tubes de crème des micros tandis que le canapé s'était transformé en une scène de fortune. Entre deux karaokés et chorégraphies approximatives, il était enfin parvenu à appliquer la dernière couche de vernis, non sans en mettre partout. Il tentait d'être le plus minutieux possible, mais son rire emplissait la pièce à chaque nouvelle performance de la jolie brune qui l'entrainait avec lui, et ce, même s'il ne connaissait pas les paroles de toutes ces chansons.
— Il faut que j'aille faire pipi ! cria presque Lilith en sautant du canapé.
— Le vernis n'est pas sec ! paniqua Jimin.
— Comment je vais faire ?! Il faut bien que je retire ma culotte !
De nouveau, le blond s'écroula sur le sol, prit d'un fou rire incontrôlable.
— Ne me fais pas rire Min, je vais finir par faire pipi dans ma culotte ! pesta la psychiatre en tentant de garder son sérieux.
— Souffle dessus pour que ça sèche plus vite !
La jeune femme se mit à souffler désespérément sur ses ongles tout en sautillant sur place, les jambes croisées.
— J'y vais, je n'en peux plus !
Sans attendre, elle se mit à courir en direction des toilettes sous les esclaffements de son cadet. Ce soir, Jimin découvrait un nouvel aspect de la personnalité de son amie. Elle qui d'ordinaire était si calme et sérieuse, montrait un côté plus insouciant, plus décontracté, comme si elle avait fait tomber un masque qu'elle avait gardé jusqu'à maintenant.
Quelques minutes plus tard, Lilith revint auprès du plus jeune et lui montra ses ongles.
— Je ne les ai même pas abîmés, annonça-t-elle fièrement.
— Bravo, gloussa le médium. Que veux-tu faire maintenant ?
La jolie brune était toujours debout, les mains sur les hanches et regardait autour d'elle. Quand son regard se posa sur sa deuxième trousse de toilette, son regard s'illumina.
— Que dirais-tu d'avoir un soin du visage ? proposa-t-elle en venant s'asseoir en tailleur face à son ami.
— Hum, pourquoi pas, je n'en ai jamais fait, accepta Jimin.
— C'est relaxant et ça fait du bien, lui sourit Lilith en prenant l'un des coussins qu'elle posa sur ses jambes. Vas-y allonge-toi.
Le blond s'exécuta et se retrouva allongé entre les jambes de la jeune femme. Avant de s'atteler à la tâche, cette dernière changea la musique, choisissant quelque chose de plus calme et relaxant. Elle sortit ensuite un serre-tête noir qu'elle plaça sur la tête de son cobaye.
— Ferme les yeux et relaxe-toi, murmura-t-elle.
Le médium obéit et laissa échapper un léger soupir de bien-être lorsque son amie posa le premier produit sur sa peau. Contrairement au début de soirée, le silence régnait en maitre dans l'appartement. Seul la musique de fond les berçait durant ce moment de relaxation que la jolie brune offrait à son cadet.
— Je peux te poser une question ? lança Jimin.
— Bien-sûr, acquiesça Lilith.
— Quand est-ce que tu vas connaitre le sexe des bébés ?
— Je ne sais pas encore. J'ai une échographie vendredi, j'espère le savoir à ce moment-là.
— Tae viendra avec toi ?
— Oui, sauf s'il a une urgence au travail. Vu qu'il doit gérer l'unité et qu'il n'a pas encore bien pris ses marques, il court un peu partout.
— Je comprends, répondit le médium d'une voix basse.
— Nous espérons que Kook soit très bientôt réintégré, confessa la psychiatre.
— Je l'espère aussi, depuis qu'il a été suspendu, il tourne ici comme un lion en cage et je sens bien que ça commence à le peser.
— C'est normal, il faut comprendre que c'est ce travail qui lui a sauvé la vie. Sans ça, dieu seul sait où il serait aujourd'hui.
— Je suis au courant. Il... il m'a parlé de ce qui s'est passé à l'armée et pour Sang-woo aussi.
Lilith se figea en entendant cela. Il lui avait fallu plusieurs séances avant que son ancien patient n'ait le courage de parler. Elle avait dû être patiente avec lui pour établir un lien de confiance et de savoir qu'il avait pu se confier à Jimin, lui donnait du baume au cœur. Cela voulait dire qu'il avait confiance en lui, il était suffisamment à l'aise pour lui parler de ce traumatisme qu'il n'avait pas encore guéri.
— Est-ce que ça va ? demanda Jimin, confus par le stoïcisme de son amie.
— Oh oui oui, désolé, gloussa cette dernière en reprenant son soin. Ne t'en fais pas pour Jungkook, il va très bientôt retourner au travail. Taehyung et les autres ont décidé d'aller en parler au capitaine. Même si mon chéri fait du mieux qu'il peut pour gérer l'unité, ce n'est pas son travail. Je ne suis pas d'accord avec lui, mais il pense qu'il n'a pas les épaules pour ça. Il a beau être un peu abrupte, notre cher commandant a une âme de leader, ses subordonnés boivent ses paroles et surtout, il n'a pas peur de hausser le ton quand c'est nécessaire.
— Je trouve que Taehyung s'en sort très bien, moi.
— Moi aussi, lui sourit Lilith.
Un nouveau silence s'installa entre eux, mais Jimin était encore curieux à propos d'un détail, alors sans hésiter, il reprit la parole.
— Dis ?
— Oui, ricana la jolie brune.
— Vous avez choisi les prénoms ?
— Hum, j'ai une petite liste dans ma tête.
— Je peux savoir ? demanda timidement Jimin.
Un grand sourire s'étira sur le visage de son amie qui hocha frénétiquement la tête.
— Alors, pour les filles, j'aime bien les prénoms Ha-neul, Moon, Sun-hi, Sua, Ryn et Ayun.
— Et pour garçon ?
— Jian et euh...
Jimin attendit la suite des prénoms, mais en voyant les joues rougies de son amie, il comprit qu'elle n'en avait pas d'autre et ne put retenir un rire.
— C'est tout ?
— Oui, ne te moque pas, si c'est deux garçons, je suis dans la mouise la plus totale, marmonna Lilith, une moue sur les lèvres.
— Jian c'est mignon, j'aime bien et puis si ce sont deux garçons, Taehyung choisira l'autre.
— Il est aussi largué que moi, ricana la psychiatre.
— Oh merde, pouffa Jimin, sa bouche cachée par sa main.
— Voilà monsieur, j'ai terminé ! annonça fièrement la jeune femme en levant ses deux mains, libérant ainsi son cobaye.
— Merci, fit-il, un sourire chaleureux sur les lèvres.
Installé de nouveau en tailleur, le blond jeta un rapide coup d'œil à son téléphone et se rendit compte de l'heure tardive.
— Il est presque minuit, annonça ce dernier.
— Déjà ? Le temps passe vite quand on s'amuse !
— C'est vrai, gloussa le médium.
— Bon, j'ai déjà fait mon soin à la maison, je vais mettre un masque, déclara Lilith en fouillant dans sa trousse.
Quand elle trouva ce qu'elle cherchait, elle ouvrit l'emballage et l'appliqua sur son visage. Face à elle, son cadet l'observait avec attention, intrigué par ce morceau de tissu en forme de panda.
— Ça a l'air marrant, je peux en avoir un aussi ? demanda-t-il.
— Bien-sûr, j'en avais pris deux au cas où.
Lilith fouilla ardemment dans sa trousse puis sortit fièrement ce qu'elle cherchait. Sans perdre son sourire, elle le déballa et s'approcha de Jimin afin de le poser délicatement sur son visage.
— Attends ! Il faut qu'on fasse une photo ! s'exclama-t-elle en prenant son portable.
Elle ouvrit l'appareil photo et le positionna en face d'eux avant d'immortaliser ce moment par une série de plusieurs clichés, tous accompagnés de grimaces plus drôles les une que les autres. Leurs rires emplissaient de nouveau l'appartement quand le médium entendit le porte d'entrée s'ouvrir.
Immédiatement, le regard de Jimin se posa sur Zeus, guettant la réaction de l'animal, mais lorsqu'il le vit se lever lentement pour rejoindre le hall, il comprit qu'il n'y avait aucun danger.
À quelques pas, dans le sas d'entrée, Jungkook retira ses chaussures et sa veste. Il salua rapidement son chien par une caresse puis s'avança dans l'appartement. Arrivé au salon, son regard se posa sur son colocataire et son amie qui riaient en fixant le téléphone de la jeune femme. D'ailleurs, pourquoi était-elle là ? En remarquant les masques sur leur visage et le serre-tête sur la tête de son cadet, il ne put retenir un sourire amusé et attendri qu'il fit disparaitre immédiatement.
— Vous faites un remake de la nuit des masques ? lança-t-il, attirant l'attention de ses deux amis.
Lilith fut la première à croiser son regard et lui offrit son éternel sourire bienveillant.
— Bonsoir Kook, fit-elle.
— Salut, comment ça se fait que tu sois ici ? Où est ton fiancé ?
— Il a été appelé sur une affaire alors, j'ai décidé de venir tenir compagnie à Jimin, expliqua la psychiatre.
— Tu sais sur quoi il a été appelé ?
— Non, il ne m'a pas dit.
Le brun soupira avant de poser brièvement ses yeux sur Jimin qui gardait la tête baissée sur son téléphone.
— On se fait des soins, tu te joins à nous ? proposa Lilith.
— Non merci, très peu pour moi. Allez, bonne nuit, amusez-vous bien.
Jungkook partit d'un pas rapide vers sa chambre sans même attendre la réponse de son amie. L'indifférence du blond commençait vraiment à être difficile à supporter pour lui. Il ne savait plus quoi faire, comment faire taire cette douleur dans sa poitrine.
Dans le salon, la bonne ambiance était totalement retombée. Muré dans un mutisme, Jimin retira son masque lorsque le minuteur se mit à sonner et se leva pour aller le jeter à la poubelle. Lilith l'observait en silence, se rendant bien compte que quelque chose n'allait pas. Depuis que le policier était arrivé, son ami s'était enfermé dans sa coquille, affichant un sourire sans joie à chaque fois qu'il croisait le regard de son amie.
— Est-ce que tu veux regarder un film ? proposa-t-il d'une voix plus basse.
— Hum, on peut discuter si tu veux ?
— D-de quoi veux-tu discuter ? bafouilla le médium.
— De ce qui vient de se passer ? Ce week-end, ça avait l'air d'aller entre vous. Pourquoi là, j'ai l'impression d'être au milieu d'une guerre froide ?
— Oh ça... souffla Jimin, le regard fuyant. Ce n'est rien.
Lilith termina de nettoyer son visage puis s'approcha de son ami. Assis en tailleur l'un en face de l'autre, la jeune femme chercha son regard et lorsqu'elle parvint à établir un contact visuel, elle afficha un sourire rassurant qui donna à Jimin une grande envie de pleurer.
— Je crois qu'à présent, nous sommes assez proches pour que je puisse aller droit au but avec toi, alors je vais être direct. Je vous ai vu.
Le médium écarquilla les yeux, surpris et sentit son rythme cardiaque s'accélérer.
— T-tu nous a vus ? bafouilla-t-il, le cœur battant la chamade.
— Oui, je vous ai vus samedi soir dans le jacuzzi, expliqua Lilith d'une voix basse.
L'embarras fut la première émotion qui traversa Jimin, suivi d'une grande honte et malgré lui, la peur. Qu'est-ce que son amie avait vu exactement ? Est-ce qu'elle les avait surpris pendant qu'ils couchaient ensemble ? Avant ? Après ?
— Pas de panique, je vous ai simplement vu vous embrasser, mais j'ai bien compris que ce n'était pas la première fois, ajouta la psychiatre avec douceur. Je ne connais pas la nature de votre relation, mais j'ai rarement vu Jungkook aussi souriant que lorsqu'il est avec toi, alors qu'est-ce qui se passe ?
Le plus jeune fut soulagé de comprendre que son amie ne les avait pas surpris dans un moment intime, mais surtout, elle ne semblait pas agacée par cette découverte.
— Tu n'es pas en colère ?
— En colère ? Pourquoi je le serais ? demanda-t-elle, confuse.
— Je n'en sais rien, je... j'avais peur de vos réactions si vous appreniez pour Jungkook et moi.
— Qu'est-ce qu'il y a entre vous ? Est-ce que vous êtes ensemble ? Parce que si c'est le cas, je vais aller remonter les bretelles à cet idiot, parce que son comportement laisse parfois à désirer.
— Non, on n'est pas ensemble. C'est... c'est juste physique, avoua le plus jeune, les yeux rivés sur ses ongles qu'il triturait nerveusement.
— Est-ce que toi, ça te convient ?
Jimin resta silencieux de longues minutes. Il avait déjà la réponse à cette question, il le savait au fond de lui que cela ne lui convenait plus. Il n'avait plus envie d'offrir son corps pour ensuite se retrouver seul et vidé. Il n'avait plus envie de mesurer chaque geste par peur de dépasser les bornes. Il voulait pouvoir embrasser cet homme quand il en avait envie. Il voulait l'avoir à côté de lui tous les matins et s'endormir dans ses bras, mais il ne pouvait pas. C'était le plus dur à accepter.
— Hé, toute cette conversation restera entre nous, je te le promets, chuchota Lilith en posant délicatement sa main sur son genou.
— Non. Ça ne me convient plus, c'est pour ça qu'on est en froid. Je... je lui ai dit que j'avais besoin d'espace.
— Est-ce que tu lui as expliqué pourquoi tu avais besoin de cet espace ?
— Non. Moi-même, je ne comprends pas ce que je ressens, comment je pourrais lui expliquer ? Lian m'a demandé si j'étais amoureux de lui, mais je n'ai pas su répondre. Je n'ai jamais été amoureux de ma vie alors, comment je suis censé savoir ?
— Quand on est amoureux de quelqu'un, il y a des signes qui ne trompent pas.
— Lesquels ? demanda timidement le blond.
— Il y en a tellement. L'amour est un sentiment si vaste qui se manifeste de manière différente chez chaque individu. Pour ma part, je crois que lorsque tu es épris d'une personne, celle-ci devient ton univers. Quand tu es avec elle, tu as le sentiment que rien ne peut t'arriver. Le monde pourrait s'écrouler, mais tu t'en fiches parce que tu es dans ses bras. Quand tu ne vas pas bien, tu ne désires qu'une chose, la voir, la toucher. Il suffit que cette personne entre dans la même pièce que toi pour que tu oublies tout le reste. Elle est la première chose à laquelle tu penses le matin et la dernière avant de t'endormir. Tu te demandes constamment comment elle va, si elle mange bien, si elle est en bonne santé, si tu lui manques autant qu'elle te manque. Quand tu aimes une personne, chaque au revoir est difficile, et ce, même si elle part seulement travailler et rentre le soir. La personne qui a volé ton cœur sait te faire rire comme personne, même lorsque tu es en larme. Elle te rassure par sa simple présence et te réconforte sans avoir besoin de parler.
Jimin écoutait attentivement chaque mot prononcé par son amie et à chaque argument, il avait l'impression de faire face à son histoire avec Jungkook. Cet homme était tout ça, il l'était depuis longtemps, mais il ne savait pas ce que tout cela signifiait. Il n'avait pas compris ou peut-être qu'il avait eu peur de comprendre qu'il était en réalité amoureux de ce grand brun.
— Est-ce que c'est ce que tu ressens ? demanda Lilith après un bref instant.
Pour unique réponse, le médium hocha la tête et sentit une larme rouler sur sa joue. Face à lui, le jeune femme sentit son cœur se comprimer dans sa poitrine face au désarroi de son cadet. Prudemment, elle s'approcha de lui et le prit dans ses bras.
— Je pense que tu devrais lui dire, murmura-t-elle.
— Je ne peux pas faire ça. Il... il a été très clair, il déteste l'amour et les relations, répondit Jimin en se reculant.
Il passa rapidement le revers de ses mains sur son visage, essuyant les larmes qu'il avait laissé couler.
— Il a peur, mais je connais Jungkook. Tout ce que je viens de te dire, je suis persuadé qu'il le ressent aussi. De toute façon, votre relation est arrivée à un point de non-retour. Tu ne peux pas continuer de te faire du mal. S'il n'est pas prêt à s'engager, alors tu sauras à quoi t'en tenir et tu iras de l'avant.
Jimin savait que son amie avait raison, il avait bien conscience que cette situation n'était plus vivable pour lui, néanmoins, il avait peur de ce qui se passerait lorsqu'il avouera ses sentiments à son colocataire. Il savait qu'il y avait de grandes chances pour que ce dernier le rejette et il n'était pas prêt à endurer cela.
— Est-ce que tu veux que je lui en parle ? proposa gentiment la jolie brune.
— Non ! Surtout pas, je... je vais m'en charger. C'est à moi de régler ça.
— D'accord, acquiesça Lilith avec un sourire débordant de douceur. Tu sais que tu peux venir m'en parler à n'importe quel moment. Et c'est ton amie qui te parle, pas la psychiatre ok ?
— Merci, renifla le plus jeune.
— On devrait aller se coucher. Il est tard et je commence à être un peu fatiguée, déclara timidement la jeune femme.
— Oui, allons-y. Merci encore pour la soirée, je me suis bien amusé.
— Moi aussi ! On recommencera.
Jimin hocha frénétiquement la tête et se leva. Pendant que son amie rangeait ses affaires, il remit rapidement le salon en état, puis ils partirent vers sa salle de bain pour se brosser les dents avant que chacun ne rejoigne sa chambre.
En se glissant dans son lit, le médium se sentit plus léger. Cela lui avait fait du bien de mettre des mots sur ses sentiments. Maintenant qu'il savait ce qu'il ressentait, il pouvait avancer, il devait simplement trouver le courage de sauter le pas.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Jimin fut réveillé par un rire cristallin provenant du couloir. Somnolant, il tendit son bras vers sa table de chevet et prit son téléphone qui affichait sept heures quinze. Dans un long soupir, il se tourna sur le ventre et enfouit sa tête dans son oreiller avant de s'étirer en bâillant. Il lui fallut quelques minutes avant de trouver le courage de s'extirper de son lit pour aller se doucher.
Les yeux mi-clos, il abaissa la poignée et entra dans la salle de bain, refermant la porte derrière lui. Son esprit encore embrumé par la fatigue, il ne remarqua qu'après la présence du tatoué qui quitta la cabine de douche, nu comme un ver.
— Il faudra que tu reprennes l'habitude de frapper, fit simplement ce dernier en enroulant une serviette autour de sa taille.
— D-désolé, je...
— T'inquiète, je le te laisse la place, le coupa Jungkook en passant devant lui pour quitter la pièce.
Jimin le suivit du regard, étourdi par l'indifférence et le calme présent dans la voix du brun. Jusqu'à présent, quand ils se retrouvaient dans cette situation, il faisait toujours une blague douteuse, accompagné d'un sous-entendu sexuel, mais cette fois, il n'eut que la neutralité. Comme si tout ce qu'ils avaient vécu avait été effacé.
Dans un long soupir, le médium retira son pyjama et entra dans la cabine, repensant aux paroles de son amie. Il devait lui dire, il devait mettre fin à son propre supplice.
Une trentaine de minutes plus tard, Jimin était habillé et prêt à partir. Ses cheveux encore humides, il marcha en direction de la cuisine pour se servir un café et y trouva le couple ainsi que Jungkook qui était installé à table, son téléphone en main pendant qu'il sirotait son café.
— Bonjour, fit le plus jeune.
— Bonjour, répondirent Taehyung et Lilith.
— Ça fait bizarre de voir autant de monde ici dès le matin, gloussa le médium en prenant la tasse que la psychiatre lui tendait.
— Oui, c'est vrai, j'avoue que ça m'avait manqué, confessa le lieutenant.
— Moi, c'est le silence qui me manque, lança Jungkook.
— Oula, grincheux le retour, le taquina Lilith.
Pour unique réponse, le brun afficha un grand sourire sarcastique avant de rouler des yeux et de se lever.
— Jimin, à midi, je suis devant le commissariat, si tu n'es pas là, je pars sans toi.
Cette fois, ce fut le concerné qui leva les yeux au ciel.
— Oui, c'est bon, j'ai compris. Tu devrais aller piquer une tête, tu seras plus détendu.
— Je t'emmerde, cingla le commandant en prenant la direction de sa chambre.
Un silence de plomb s'installa dans la pièce de vie. Dans la cuisine, le couple se regarda, surpris et inquiet par l'ambiance qui régnait entre leurs deux amis. Le reste du petit déjeuner se passa dans le silence puis chacun partit pour le travail, tous sauf Jungkook qui resta enfermé dans sa chambre.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
La matinée passa rapidement pour Jimin. Dès qu'il était arrivé au poste, Taehyung et lui avaient tenté de mettre la main sur les relevés bancaires de Yoongi, mais la tâche s'était avérée plus dure que prévu. N'ayant pas ouvert d'enquête officielle, le policier n'avait aucun moyen légal d'accéder aux relevés du défunt, la seule solution que la banque lui avait présentée, c'était qu'il récupère les documents papier.
Jimin avait tout de suite pensé à appeler In-soo et la mère de famille avait répondu présente, lui promettant de faire le nécessaire pour retrouver ce qu'il cherchait.
Il était maintenant midi et le médium dévalait les escaliers en troisième vitesse pour ne pas louper Jungkook qui devait déjà être devant le bâtiment. Comme il le pensait, l'Audi rouge l'attendait et il s'empressa de monter dedans, non sans être envahi par une anxiété qu'il connaissait bien.
— Salut, fit-il prudemment.
— Salut.
Tout simple. Pas un mot de plus, pas un de moins. Une réponse courte qui laissait entrevoir ce qu'allait être le reste du temps qu'ils allaient passer ensemble.
— On n'a pas réussi à avoir les relevés, lança Jimin dans l'espoir de faire la conversation.
— Pourquoi ? répondit Jungkook sans le regarder.
— Il fallait un mandat.
— Comment vous allez faire ?
— J'ai appelé madame Min. Elle a dit qu'elle allait essayer de retrouver tous les documents.
— D'accord.
Le commandant était silencieux, beaucoup trop silencieux et cela commençait fortement à angoisser Jimin qui ne cessait de penser à sa conversation avec Lilith. Devait-il parler de ça maintenant ? Était-ce réellement le moment ?
Soupirant faiblement, le blond s'enfonça dans son siège et posa son regard sur le paysage qui défilait sous ses yeux, laissant le silence les bercer jusqu'à leur destination.
— C'est ici ? demanda le tatoué, perplexe.
— C'est sa dernière adresse connue par notre base.
— Ok, allons-y, soupira le plus vieux en quittant le véhicule.
Le quartier où il se trouvait n'était pas très bien réputé. Les maisons étaient, pour la plupart, délabrées, presque abandonnées. Les rues étaient en piteux état et les personnes qui y vivaient, n'inspiraient pas vraiment confiance.
Une fois devant la porte, Jungkook toqua contre celle-ci et même s'ils furent d'abord accueillis par l'absence totale de vie, du mouvement se fit rapidement entendre. Les deux colocataires furent reçus par un homme d'une trentaine d'années à l'allure négligée.
— Monsieur Hong Woo-jin ? fit le tatoué.
L'inconnu regarda ses deux visiteurs à tour de rôle, les observant de la tête au pied avant de poser ses yeux sur l'homme qui lui avait parlé.
— Ça dépend, qui le cherche ?
— Jeon Jungkook et voici mon coéquipier Park Jimin. On voudrait vous poser quelques questions concernant une personne que vous avez connue.
— Coéquipier ? Vous êtes quoi ? La police ?
— On peut dire ça. Est-ce qu'on peut entrer ? demanda poliment le tatoué.
— Non, je n'ai rien à dire à la police, barrez-vous.
Hong Woo-jin s'apprêtait à refermer la porte, mais Jungkook passa son pied dans l'encadrement, empêchant la fermeture de celle-ci. D'un geste brusque, il poussa le battant et entra dans la maison sans même attendre l'aval de son locataire.
— Vous êtes complètement malade, sortez de chez moi ou j'appelle les flics ! beugla Woo-jin, en reculant, apeuré.
— Monsieur Hong, on veut simplement vous poser quelques questions, intervint Jimin d'un ton plus doux. Excusez mon ami pour son comportement, c'est une brute quand il s'y met.
— Je n'ai rien à vous dire !
— Vous ne savez même pas ce qu'on va vous demander, proféra Jungkook, à bout de patience.
Ce dernier faisait les cents pas dans l'appartement, observant ce qui l'entourait. Comme toujours, il ne put s'empêcher de toucher à toutes les babioles qui trainaient, soupirant de temps à autre.
— Je sais que vous avez connu un garçon qui s'appelait Min Yoongi. Vous lui avez parlé d'un site internet pour devenir camboy, tenta le médium
— Min Yoongi ? Je n'ai connu qu'un seul Yoongi et il est mort.
— C'est exact, Yoongi était un ami à moi et je cherche à savoir ce qui lui est arrivé. Est-ce que vous savez quelque chose ?
Contrairement à son aîné, Jimin tentait d'être le plus calme et bienveillant possible. Cet homme était méfiant et le comportement abrupt de Jungkook n'aidait pas à établir lien de confiance, aussi infime soit-il.
— J'ai entendu des bruits de couloir, mais ce ne sont que des rumeurs.
— Je vous écoute.
— Quand son corps a été retrouvé, il se disait qu'il s'était frotté aux mauvaises personnes.
— Comment ça ? intervint le policier.
— Je n'en sais rien, je vous dis simplement ce qui se disait dans la rue.
— Est-ce que vous savez qui était son client ? Vous avez des noms ?
— Non, je ne me mêle pas de ça.
— Donc il ne nous sert à rien, pesta le tatoué.
— Jungkook ! le réprima Jimin.
— Quoi ? On perd notre temps. C'est à cause de ce tas de merde que ton ami s'est retrouvé à vendre son corps !
— Je ne l'ai pas obligé ! Il cherchait un moyen de gagner plus d'argent pour aider ses parents, c'était ce qui rapportait le plus à l'époque. Ce n'est pas moi qui l'ai poussé à la prostitution ! se défendit Woo-jin.
— Peut-être pas, mais vous avez été l'élément déclencheur. J'espère que sa mort pèse sur votre conscience, cingla le commandant. On se tire, on n'a plus rien à faire ici.
Le médium regarda son colocataire quitter les lieux d'un pas colérique puis porta son attention sur l'homme qui venait de se laisser tomber sur le vieux sofa.
— Je suis désolé, murmura-t-il. Je n'aurais jamais dû l'entraîner là-dedans.
— Je me suis longtemps senti coupable également, mais s'il y a bien une chose que j'ai apprise de Yoongi, c'est qu'il prend ses décisions, seul.
Le sourire que Jimin lui offrit comprima le cœur de Woo-jin.
— Prenez soin de vous, ajouta le blond en marchant vers la sortie. Et encore désolé pour cette intrusion.
L'homme hocha simplement la tête, regardant cette petite tête blonde débordant de douceur quitter son domicile. Dehors, dans la voiture, Jungkook patientait et rien qu'à l'expression sur son visage, le médium savait qu'il était contrarié.
Quand il monta dans le véhicule, aucun son ne sortit de la bouche du brun. Muet comme une tombe, il démarra la voiture en direction du poste de police avec l'intention de déposer Jimin qui se sentait comme une marchandise.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le plan était clair dans la tête de Jimin lorsqu'il avait quitté son colocataire plus tôt. À la fin de la journée, quand il sera rentré à l'appartement, il trouverait le courage de se confesser, d'avouer ses sentiments, même s'il était conscient du rejet qu'il risquait de vivre. Il avait longuement réfléchi, il avait retourné la situation dans tous les sens, tentant de trouver une solution, mais à chaque fois, le résultat était le même, il devait lui dire.
Lorsque l'heure de la débauche arriva, toute la bravoure qu'il avait amassée s'était envolée, laissant seulement l'angoisse derrière elle. Taehyung lui avait proposé de le déposer à l'appartement et c'était là qu'il avait paniqué. Il avait bafouillé une excuse quelconque pour ne pas rentrer et avait fini par dîner chez le couple.
De son côté, Jungkook avait terminé son repas seul, devant l'épisode d'un animé qu'il avait commencé. Son colocataire n'était pas rentré après le travail et même s'il avait eu la bonne conscience de l'avertir par un message, le brun avait senti son cœur se comprimer de nouveau par son absence.
Aveuglé par la douleur, le commandant commençait sérieusement à regretter tout ce qui s'était passé ces derniers mois. Il regrettait de s'être laissé aller, d'avoir laissé Jimin prendre tant de place dans sa vie, car à présent, sans lui, il se sentait vide et seul. Ce n'était pas la solitude qu'il avait l'habitude d'apprécier, c'était celle qui vous donnait l'impression d'avoir été abandonné, celle qui vous laissait dans l'obscurité la plus totale, laissant vos pensées les plus néfastes vous envahir. Il sentait qu'il était en train de retomber dans le cercle vicieux qu'il avait eut tant de mal à quitter. À présent, il ne pouvait plus se fourvoyer, se cacher derrière des excuses, ses sentiments pour Jimin étaient réellement douloureux.
Le cerveau pollué par toutes ses pensées, le commandant avait pris une douche avant d'enfiler un boxer et de s'étaler de tout son long sur son lit. Le visage enfoui dans son coussin qu'il serrait fortement entre ses mains, il laissa échapper un cri de colère avant de soupirer longuement et de s'allonger sur le dos.
— Tu es pitoyable Jungkook, marmonna-t-il.
Au même moment, deux coups contre le battant en bois de sa chambre attirèrent son attention. Il jeta un rapide coup d'œil à sa montre qui affichait presque vingt-trois heures.
— Oui ? répondit-il.
La porte s'ouvrit sur son colocataire qui était déjà vêtu de son pyjama. Depuis quand était-il rentré ? Pourquoi ne l'avait-il pas entendu ? Mais surtout, que lui voulait-il ?
— On peut discuter ?
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