Chapitre 50
Les trois snipers étaient en position. Chacun équipé d'une lunette vision nocturne, ils avaient leur cible en visuel. Jimin venait de passer la porte du chalet, il était désormais seul face à une femme qui n'avait rien à perdre.
Le médium passa le seuil de la porte et prit une grande inspiration avant d'avancer dans le couloir qu'il connaissait. Il n'avait jamais été physiquement présent entre ses murs, mais son esprit oui. Il avait vu tout cela à travers les yeux de Mei. Tout était identique. Il y avait cette même odeur de bois ainsi que de nourriture, comme si quelqu'un passait ses journées à cuisiner. La poussière sur les murs était presque inexistante comme elle l'était dans ses souvenirs, ce qui l'amena à supposer que ce qu'il avait vu, s'était déroulé quelques jours, peut-être même quelques heures avait que Mei ne soit assassiné. Qui l'avait tué ? Est-ce que c'était monsieur Chung ou son épouse ? Qu'est-ce qui s'était passé ? Toutes ses questions étaient sans réponse, mais Jimin comptait bien tout savoir.
— Restez où vous êtes ! ordonna subitement une voix lorsqu'il passa l'arche qui menait au salon.
Jimin s'immobilisa immédiatement et leva les mains, montrant ainsi qu'il n'était pas armé.
— Je ne suis pas armé madame Chung, promit ce dernier d'une voix rassurante.
Ses yeux se posèrent ensuite sur l'enfant qui se trouvait à quelques mètres de lui. Pressée contre le corps de cette femme, Naeyun tentait de retenir les larmes qui roulaient le long de ses joues crasseuses.
Elle portait exactement les mêmes vêtements que le jour de son enlèvement, ce qui voulait dire que ses ravisseurs n'avaient même pas pris la peine de lui donner un bain. Sa peau et ses cheveux sales en témoignaient, mais cela, Jimin le savait déjà, il avait pu voir les conditions dans lesquelles cette petite fille vivait depuis qu'elle avait été arrachée à ses parents.
— Naeyun, est-ce que tu vas bien ? demanda-t-il avec douceur.
— Elle s'appelle Moon ! s'écria Young-ae, pointant son arme sur le médium.
Ce dernier regretta immédiatement ses paroles, mais essaya de rester calme. Les mains toujours levées, il ancra son regard dans celui du ravisseur.
Dehors, allongé sur le ventre au sommet d'une légère pente, Jungkook retira le cran de sureté de son sniper lorsque la voix de leur suspecte résonna dans son oreillette. De sa position, il pouvait assurer un tir mortel, mais il y avait également une chance sur trois que la petite fille soit, elle aussi, blessée.
— Restez calme s'il vous plaît, je suis simplement là pour qu'on puisse discuter. Est-ce que vous voulez bien poser votre arme ? tenta Jimin.
— Non ! Je sais que vos collègues doivent être dehors à n'attendre que cela pour entrer.
— Vous vous trompez. Personne n'entrera ici, je vous le promets. Mes collègues sont exactement au même endroit où nous étions lorsque vous nous avez parlé. Regardez sur vos caméras si vous ne me croyez pas.
Young-ae le scruta de longues secondes, tentant sûrement de trouver une faille, quelque chose qui prouverait que ce visiteur imprévu lui mentait, mais elle ne décela rien.
— Il n'y a que moi, conclut Jimin.
Ses yeux voyageaient entre les deux personnes qui se trouvaient face à lui et une peine immense l'envahit en voyant la terreur dans les yeux de la petite fille. Cette femme la tenait en joue, le canon de son révolver pressé contre sa tempe rougie par la pression qu'elle exerçait. S'il voulait avoir une chance de sortir Naeyun de là en vie, le médium devait entrer dans la réalité qu'elle s'était construite et jouer le jeu, alors avec le plus de calme possible, il reprit la parole.
— Young-ae s'il vous plaît, pouvez vous baisser votre arme, vous faites peur à votre fille. Si vous voulez la pointer sur quelqu'un, pointez là sur moi, demanda-t-il en se pointant lui-même du doigt.
À quelques mètres de là, Jungkook fut traversé par une envie de frapper quelque chose en entendant les paroles de son cadet. Était-il stupide à ce point ? Voulait-il vraiment mourir ? Quand toute cette histoire serait terminée, une chose était sûre, Jimin allait devoir subir les conséquences de sa désobéissance et de son inconscience.
Dans le salon de ce vieux chalet, sans le savoir, le jeune consultant gagnait peu à peu du terrain. Madame Chung semblait lui faire confiance et la preuve fut lorsqu'elle libéra enfin la tempe de l'enfant, venant pointer son arme sur l'homme devant elle.
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Jimin ignorait depuis combien de temps, il était là, mais malgré la fatigue, il n'avait pas bougé, se tenant toujours debout à la même place. Il avait tenté par tous les moyens de raisonner Young-ae, mais ce n'était pas une franche réussite. Il avait cependant réussi à parler de Mei et espérait découvrir ce qui lui était arrivé.
— Madame Chung, pouvez-vous me dire ce qui est arrivé à votre deuxième fille ? demanda enfin le médium.
— Elle... c'est de sa faute. Elle nous a menti. Elle disait qu'elle nous aimait, que nous étions sa famille, mais c'était faux. Elle a voulu partir, elle a voulu me quitter, mais je ne pouvais pas laisser ça arriver. C'était ma fille, je ne pouvais pas la perdre encore une fois, expliqua cette dernière, le regard perdu dans le vide.
Elle semblait ailleurs, comme prisonnière d'un souvenir. Ses yeux gris étaient vides de toute expression, ce qui la rendait d'autant plus effrayante, car cela montrait qu'elle n'avait plus rien à perdre.
— C'est pour cela que vous l'avez frappé à la tête ? Pour qu'elle reste avec vous ? supposa Jimin.
Le visage de Young-ae changea d'expression. Ses sourcils se froncèrent subitement et elle sembla vexée par la remarque du plus jeune.
— Je ne voulais pas lui faire de mal. Elle voulait s'en aller. Elle... elle allait détruire notre famille ! s'emporta-t-elle en agitant nerveusement son arme.
— Je sais que ce n'était pas ce que vous vouliez, c'était un accident.
Le médium avait senti son cœur louper en battement lorsqu'il avait vu la colère dans les yeux de cette femme, mais elle semblait s'être détendue, baissant de nouveau son revolver.
— Mon Yun-jae l'a emmenée pour la soigner, elle rentrera bientôt à la maison, j'en suis persuadé, bafouilla-t-elle, totalement prisonnière de son délire.
Alors, elle n'avait pas conscience qu'elle avait tué Mei ? Avait-elle également oublié la mort de son mari ? En comprenant cela, le cœur de Jimin se comprima dans sa poitrine. Cette pauvre femme n'avait plus toute sa tête, si quelqu'un avait pris la peine de l'aider, tout cela aurait pu être évité, mais encore une fois, personne n'avait pris la peine d'écouter sa détresse.
— Jimin, ça suffit, tire-toi de là, fit la voix de Jungkook dans son oreillette.
Il se doutait bien que ses collègues commençaient à s'impatienter. Il ignorait depuis combien de temps, il était ici, mais il devait en finir.
— Madame Chung, et si nous allions voir Mei ? proposa Jimin dans une tentative désespérée.
La concernée posa ses yeux sur le jeune homme et resta statique quelques secondes avant que son regard ne change et que quelque chose de bien plus sombre ne s'y reflète.
— Vous pensez que je suis stupide ! cria-t-elle en pointant de nouveau son arme sur la tempe de Naeyun.
La petite fille laissa échapper un cri aigu lorsque Young-ae vint enrouler sa main autour de sa gorge.
— Vous voulez me la prendre ! Je le sais, mais je ne vous laisserai pas faire !
— Non non ! S'il vous plaît, calmez-vous, implora Jimin, les mains tendues devant lui.
À l'extérieur, l'index du commandant effleurait déjà sa gâchette et il devait se faire violence pour ne pas la presser. Taehyung lui, était tout aussi tendu, mais contrairement à son coéquipier, il gardait son calme, faisant confiance à son cadet, même si la situation ne pouvait pas être plus catastrophique.
— Tae, tu as un visuel ? demanda Jungkook.
— Oui.
— Tir mortel ?
— Affirmatif, confirma le lieutenant.
— Kuina ?
— Négatif. Si je tire, je risque de toucher la gamine, répondit le jeune femme.
— D'accord, restez en position, ordonna le commandant.
Dans le salon, Jimin jouait sa dernière carte. La tension était à son comble, son cœur battait si vite dans sa poitrine qu'il avait la sensation qu'il allait passer au travers. S'il ne faisait pas quelque chose rapidement, Jungkook allait abattre Young-ae, et il ne voulait pas cela.
— Madame Chung, je vous en supplie, écoutez-moi ! Naeyun n'est pas votre fille. Je ne peux pas imaginer votre peine, mais votre véritable fille, Moon, est partie. Elle est morte il y a plus de vingt ans maintenant et rien ne la ramènera.
— NON ! cria Young-ae en bougeant frénétiquement la tête de gauche à droite, resserrant sa prise autour de la gorge de l'enfant qui manquait d'air.
La situation était hors de contrôle et même s'il ne laissait rien paraitre, le médium savait qu'à tout moment cette femme pouvait appuyer sur la détente et le tuer, il en avait conscience, mais il ne voulait pas laisser tomber.
Euh Min, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de lui balancer la vérité au visage, lança Yoongi près de lui.
Le fantôme était resté discret, mais il n'était jamais parti. Il ne pouvait pas laisser son meilleur ami seul, et ce, même s'il savait qu'il serait inutile si les choses tournaient mal. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était espérer que dehors, Jungkook et les autres puissent le sauver.
Ignorant les paroles du mentholé, Jimin fit un pas en avant. Les mains en évidence afin de paraître moins menaçant, il avança doucement vers Naeyun qui pleurait à chaudes larmes.
— Que penserait Moon en voyant ce que vous avez fait à cette petite fille ? En sachant que vous la terrifiez et que vous privez une mère de son enfant ! S'il vous plaît, relâchez là, je vous promets qu'on trouvera quelqu'un qui s'occupera bien de vous. Je... vous n'êtes pas seule.
Un silence de plomb s'installa dans le chalet, à tel point que le médium entendait les propres battements de son cœur. Il espérait réellement être parvenu à la convaincre de cesser cette folie, mais il avait tort. Il le comprit lorsque ses yeux changèrent de nouveau, il n'y avait plus aucune émotion, simplement de la détermination. Comme si plus aucune âme n'habitait ce corps qui ne tremblait plus.
— Vous mentez.
Avant qu'il n'ait le temps de réaliser ce qui allait arriver, une détonation déchira l'air tandis que son corps fut projeté en arrière.
À quelques mètres de là, dehors, le cœur d'un homme cessa de battre. Son doigt s'apprêtait à appuyer sur la détente de son fusil, mettant ainsi fin au destin funeste de cette meurtrière lorsqu'un autre coup de feu retentit. Il put voir, à travers sa lunette, le corps de la femme s'écrouler au sol tandis que la petite fille partit en courant vers le garçon qui était encore allongé, immobile.
— Cible abattue, annonça Taehyung dans son oreillette.
Sans attendre, Jungkook se mit sur pied, son arme sur l'épaule et partit en courant vers le chalet. À la seconde même où il avait entendu la première détonation, il eut la sensation de mourir de l'intérieur. Il l'avait vu tomber et surtout, il ne bougeait plus. Pourquoi ne bougeait-il pas ? Il avait pourtant son gilet.
Dévalant la petite colline sur laquelle il était posté, le brun perdit l'équilibre, tombant sur les fesses. Il se laissa glisser jusqu'à arriver en bas puis reprit sa course jusqu'à la bâtisse en bois. Ses amis, tout aussi inquiets que lui, avaient eu la même idée.
— Est-ce que vous l'avez entendu à travers vos oreillettes ? demanda Rose, les yeux brillants de larmes qu'elle tentait de contenir.
— Non, plus aucun signal, répondit Kuina.
Jungkook jeta un regard débordant de colère et accusateur à son meilleur ami et quand il s'apprêtait à pousser la porte, celle-ci émit un grincement, avant de s'ouvrir, dévoilant ainsi une tête blonde. Accrochée a lui tel un koala, la petite Naeyun continuait de pleurer.
Le tatoué laissa échapper un soupir de soulagement en voyant son cadet sur pied. Pendant que son corps tout entier continuait de trembler, il sentit sa gorge se nouer douloureusement. Il était mitigé entre l'envie de le prendre dans ses bras ou de lui en coller une pour avoir été aussi imprudent.
— Tu es blessé, remarqua Taehyung en voyant la blessure sur son bras gauche.
— Ce n'est qu'une égratignure, répondit Jimin, le visage barré par une expression indéchiffrable. Occupez-vous d'elle.
Sans rien ajouter de plus, il vint saisir la petite fille sous les aisselles, tentant de se libérer de sa prise, mais cette dernière s'accrocha plus fermement à son cou, refusant de le lâcher. Pourtant, à cet instant, le médium ne souhaitait qu'une chose, qu'on le laisse seul. Dévoré par la culpabilité et l'échec, il voulait partir loin de tout et de tout le monde.
— S'il t-te plaît, reste avec moi, sanglota Naeyun.
Tiraillé par toutes les émotions qu'il ressentait, Jimin céda finalement et garda l'enfant contre lui.
— Il faut qu'on l'emmène à l'hôpital, annonça Jungkook en retirant son pull pour le poser délicatement sur les épaules de la petite. Taehyung, appelle le capitaine et explique-lui la situation. Rose, contacte sa mère, dis lui que la gamine est en vie et qu'elle passe la récupérer au poste. Lian, tu ramènes Zeus.
Il se tourna ensuite vers son cadet qui caressait doucement le dos de la fillette.
— Toi, tu viens avec moi, ordonna-t-il.
Le médium hocha simplement la tête et le suivit en silence. Il savait qu'à présent, il allait avoir le droit à des remontrances, mais il espérait que son colocataire attendrait qu'ils soient seuls.
La marche jusqu'à l'Audi fut calme. Assis à l'arrière, Naeyun sur ses genoux, Jimin était resté silencieux, tout comme son aîné. Durant le trajet, les yeux de Jungkook avaient voyagé entre la route et le rétroviseur central où il croisait le regard de son cadet.
De longues minutes plus tard, la berline rouge s'immobilisa sur le parking des urgences. En parfaite synchronisation, les deux hommes quittèrent la voiture pour prendre la direction du grand bâtiment de verre. Tandis qu'ils avançaient en silence, le regard du commandant se posa sur une plaie ouverte au niveau de son bras, laissant écouler un filet de sang qui était absorbé par le tissu.
— Tu saignes encore, remarqua Jungkook.
— Ce n'est rien, c'est elle la priorité, répondit le médium en référence à la petite fille qu'il avait encore dans ses bras.
Le ton de sa voix était si détaché, avec une froideur et une indifférence que le brun ne lui connaissait pas. Même s'il n'avait pas encore décoléré, il décida de ne rien ajouter, attendant de se retrouver seul avec lui.
Une fois dans l'entrée des urgences, le commandant appela l'une des infirmières qui vint aussitôt vers eux.
— Bonsoir, je suis le commandant Jeon de la police de Busan, commença le brun en sortant sa plaque. Cet enfant doit voir un médecin immédiatement.
— Bien-sûr. Que s'est-il passé ? demanda-t-elle en faisant signe aux deux hommes de la suivre.
— Elle a été retenue en otage durant plusieurs semaines, répondit le policier.
Jimin restait silencieux. Il pouvait sentir la fillette se crisper dans ses bras, sûrement apeurée par tous ces bruits et ces voix qui l'entouraient.
— Installez-la, je vais aller chercher un pédiatre. Quel âge a-t-elle ? questionna l'infirmière d'une voix douce.
— Dix ans, fit le médium en s'approchant de la table d'examen.
La jeune femme vêtue d'un ensemble médical bleu, hocha simplement la tête et quitta la pièce. Il s'apprêtait à poser Naeyun, mais cette dernière resserra sa prise, le corps tremblant.
— Tout va bien. Un médecin va venir te voir, je reste avec toi, murmura tendrement Jimin.
— J'ai peur, sanglota la petite brune en relâchant tout de même sa prise.
Le cœur serré face à la détresse de l'enfant, le jeune consultant l'assit sur la table d'examen et s'accroupit légèrement pour être à sa hauteur. Délicatement, il repoussa quelques mèches brunes de devant son visage amaigri et les cala derrière son oreille.
— Je sais, mais je serai juste à côté.
— Tu promets ?
— Je te le promets, répondit Jimin amenant son auriculaire devant le visage de la petite brune.
Pour la première fois depuis qu'il l'avait vue, Naeyun afficha un sourire en enroulant son petit doigt sale autour du sien. Le médium jura que c'était sûrement le plus beau cadeau qu'il aurait pu recevoir après tout ce qu'il s'était passé. Voir une once de joie sur ce visage qui ne transmettait que peine et crainte, était sa récompense. Il pensait avoir échoué et en partie, c'était le cas, il n'avait pas réussi à sauver madame Chung, mais cet enfant était vivante et désormais, elle serait en sécurité.
Leur bulle explosa lorsque la porte de la salle de consultation s'ouvrit sur un homme d'une trentaine d'années, pourtant une blouse blanche sur laquelle était inscrit son nom. Ce dernier regarda sa patiente qui s'était rapprochée du médium, puis il posa ses yeux sur le grand brun qui se trouvait toujours près de la porte, tel un garde de corps.
— Bonsoir, je suis le docteur Kim. Les parents de l'enfant ont-ils été prévenus ? demanda-t-il.
— Oui, ils viendront la récupérer au poste, informa Jungkook.
— Très bien, acquiesça le médecin avant d'afficher un sourire rassurant en s'avançant vers la fillette. Bonsoir, je m'appelle Kim Seokjin. Tu veux bien me dire comment tu t'appelles et quel âge tu as ?
— Lee Naeyun et j'ai dix ans, répondit timidement l'enfant, tenant toujours la main de Jimin qui n'avait pas bougé.
Le docteur nota ces informations sur la feuille de papier qu'il avait préalablement posée sur la petite surface de métal qui se trouvait près de la table de consultation. Il porta ensuite son regard sur les poignets et les chevilles de la petite, remarquant ainsi les blessures visibles qui étaient dues à sa séquestration.
— Est-ce que tu veux bien que je t'examine ? demanda Seokjin, toujours aussi chaleureux.
Naeyun regarda brièvement le garçon à la chevelure dorée, demandant silencieusement son avis et lorsqu'il hocha la tête en guise d'encouragement, elle fit de même.
— Merci, je te promets que ce ne sera pas douloureux. Je voudrais juste que tu lâches ton ami pour que je puisse commencer.
La petite brune leva de nouveau la tête, plongeant ses yeux sombres dans ceux de la seule personne en qui elle avait confiance.
— Je serais juste derrière la porte, promit le médium avec douceur.
— D'accord, accepta finalement cette dernière d'une voix fluette.
Lorsqu'elle lâche enfin prise, le blond s'éloigna pour laisser place au médecin.
— Excusez-moi, madame l'infirmière, intervint Jungkook qui était resté très silencieux. Mon coéquipier a été blessé au bras. Est-ce que vous pouvez voir ça s'il vous plaît ?
— C'est bon c-
— Je ne te demande pas ton avis, cingla le commandant.
Face au ton autoritaire du brun, même l'infirmière haussa les sourcils, mais accepta d'examiner le jeune consultant et leur demanda de l'accompagner dans la pièce voisine. Une fois assis sur la table d'examen, cette dernière s'attela à nettoyer sa plaie et comme il l'avait dit, ce n'était que superficiel. Une fois le pansement fait, les deux coéquipiers patientèrent dans le couloir, en attendant que le docteur Kim finisse d'examiner sa patiente.
Une demi-heure s'écoula durant laquelle aucun d'eux ne prononça un mot. Ils s'étaient déjà retrouvés dans cette situation un mois plus tôt lorsque leur ami avait été blessé sur le terrain, mais cette fois, la tension entre eux était électrique et pas de la bonne façon.
Sans qu'il ait besoin de parler, Jimin savait que Jungkook était en colère. Son corps était si tendu, ses muscles si crispés que le plus jeune pouvait voir les veines de ses avant-bras ressortir. Sa mâchoire était si contractée qu'il avait l'impression qu'elle pouvait se briser à n'importe quel moment et surtout, son regard. Il était d'une noirceur qui lui faisait froid dans le dos. Il ne l'avait jamais vu ainsi.
Ce silence pesant fut brisé par le bruit d'une porte et par le docteur Kim qui apparu à travers celle-ci.
— C'est bon, nous avons terminé, annonça-t-il.
Immédiatement, Jimin se leva et alla rejoindre Naeyun qui prit sa main dans la sienne, se sentant rassurée par sa présence.
— Alors ? Comment va-t-elle ? demanda le médium.
— Elle souffre d'une légère malnutrition et sa blessure à la cheville était infectée, mais j'ai nettoyé la plaie et posé un pansement bactériostatique. Veillez à ne pas le mouiller quand vous la laverez. Je lui ai prescrit une crème antibiotique ainsi que quelques vitamines et compléments alimentaires. Il n'y a pas grand-chose à faire de plus. Il lui faut beaucoup de repos et qu'elle reprenne une alimentation équilibrée.
— Merci beaucoup docteur, intervint Jungkook.
— De rien, tenez, voici l'ordonnance et il me faudrait quelques informations pour le formulaire de sortie. Est-ce que vous êtes son responsable légal jusqu'à l'arrivée de sa mère ?
— Oui.
— Très bien, alors suivez-moi.
Sans accorder un seul regard à son cadet, il quitta la pièce. Durant de longues minutes, le calme régna dans la salle jusqu'à ce que Naeyun ne prenne la parole.
— Comment tu t'appelles ? demanda-t-elle tout en continuant de jouer distraitement avec les doigts de Jimin qui s'était assis à côté d'elle.
— Je m'appelle Jimin, répondit ce dernier.
— Ji-min, répéta la petite brune, décortiquant son prénom en deux syllabes, comme si elle apprenait à le dire. C'est joli.
— Merci. Naeyun, c'est très joli aussi.
Un sourire s'étira sur ses lèvres sous le compliment de son aîné, mais il se fana rapidement avant qu'elle ne reprenne la parole.
— Jimin ?
— Oui ?
— Est-ce que je vais revoir ma maman ?
— Bien-sûr, mon amie a déjà dû l'appeler. Tu vas venir avec nous jusqu'au poste de police et elle va venir te chercher là-bas, expliqua le médium.
— Mei aussi est au poste de police ?
Cette question serra violemment le cœur de Jimin. Est-ce qu'il devait lui dire au risque de la rendre encore plus triste ? Non, elle n'avait pas besoin de ça. Mei était morte en tentant de s'enfuir pour la sauver. Elle avait sacrifié sa vie pour elle, mais elle avait tout de même tenu sa promesse. Parfois certaine vérité n'était pas bonne à entendre et cette fois-ci, la bouche du jeune médium parla sans qu'il ne puisse contrôler les mots qui en sortirent.
— Non ma puce. Mei est retournée auprès de ses parents, mais c'est elle qui nous a dit où te trouver. Elle t'aime beaucoup, tu sais.
— Moi aussi, je l'aime beaucoup. Je suis contente qu'elle soit avec sa maman, répondit Naeyun.
En regardant ses orbes débordants d'innocence, le jeune consultant sentit sa gorge se nouer tandis que ses propres yeux se recouvraient d'un voile de larmes. Il fut sauvé par la porte qui s'ouvrit en grand sur Jungkook. Ce dernier lui fit signe d'avancer, lui signifiant qu'il était le moment de partir.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Il était presque minuit lorsque l'Audi rouge s'immobilisa à sa place habituelle à l'arrière du commissariat. En regardant autour de lui, Jimin remarqua que les véhicules de ses amis étaient encore présents. Toujours dans un silence de plomb, les deux colocataires descendirent de la voiture, mais cette fois, ce fut Jungkook qui porta la petite fille qui s'était assoupie, jusqu'à l'étage où le reste de l'unité les attendait.
Quand ils poussèrent la porte des locaux de la criminelle, ils furent accueillis par leurs amis.
— Comment elle va ? demanda Rose.
— Le médecin a dit qu'elle souffrait d'une légère malnutrition et sa blessure était infectée, mais il a fait le nécessaire, répondit Jungkook. Sa mère n'est pas encore arrivée ?
— Non, elle était à Séoul. Je lui ai dit de conduire prudemment, qu'elle était en sécurité. Elle devrait arriver dans deux heures, expliqua la rouquine en caressant tendrement le dos de la petite fille.
— Ok, elle a grandement besoin d'une douche, annonça le brun.
Sa remarque fit rire tous ses amis, sauf Jimin qui resta de marbre, enfermé dans son silence.
— Et toi, comment ça va ? questionna Taehyung en regardant son cadet.
— Je vais bien, ne t'en fais pas pour moi.
Le châtain fut surpris par le ton peu chaleureux de sa voix, mais il ne lui en tint pas rigueur. Il savait bien qu'il devait être encore bouleversé par toute cette histoire. Lian aussi offrit à son ami un sourire bienveillant, mais il fut incapable de le lui rendre.
— C'est bon les gars, vous pouvez rentrer. Merci d'être resté aussi tard, vous avez fait du beau boulot ce soir, lança le commandant.
— Ok, mais si vous avez besoin de quoi que ce soit pour elle, vous m'appelez, fit Rose.
— En fait, ce serait peut-être mieux si c'était toi qui la lavais, intervint Jimin.
La rouquine le couvrit d'un sourire bienveillant et hocha la tête.
— Pas de soucis, accepta cette dernière.
— Je vais venir avec toi, déclara le médium.
Sans laisser le choix à Jungkook, le plus jeune prit Naeyun dans ses bras, la réveillant au passage.
— Où on est ? demanda-t-elle, les yeux mi-clos.
— Au poste de police. On va aller te laver et ensuite, tu pourras manger quelque chose, d'accord ? lui répondit le médium d'une voix tendre.
— Où est ma maman ?
— Elle va arriver ma puce, promit Rose.
— D'accord.
Naeyun se laissa retomber contre Jimin, venant enfouir son visage dans son cou. Elle était épuisée, Jimin le savait, mais il ne pouvait pas la rendre dans cet état à ses parents. Saluant une dernière fois ses amis, le blond partit avec sa collègue en direction des vestiaires.
Jungkook de son côté s'avança vers les fauteuils qui se trouvaient au fond de la pièce et s'y laissa tomber lourdement.
— Comment il va ? demanda Taehyung en prenant place sur l'un des sièges.
— Je n'en sais rien. Il ne parle pas et pour être honnête, je n'ai pas envie de lui parler non plus. C'était irresponsable. Il aurait pu y rester et j'ai l'impression qu'il ne s'en rend même pas compte.
— Il a quand même sauvé la vie de cette gamine, intervint Kuina après s'être assise sur l'accoudoir du fauteuil que Lian occupait.
— Peut-être, mais c'est un consultant, pas un agent de terrain. Il n'est pas formé pour ce genre de situation. Qu'est-ce qui se serait passé si elle n'avait pas loupé son tir ? Et si elle avait visé la tête ou la gorge ? répliqua le commandant d'un ton plus dur.
— Tu pourrais refaire le monde avec des "si". C'est terminé, cette histoire est dernière nous maintenant, et quoi qu'on en dise, Jimin a assuré, lança Lian, un sourire fier sur les lèvres.
Jungkook comprit qu'aucun de ses amis et collègues ne seraient de son côté alors, il décida de ne rien ajouter. Même s'ils avaient raison et que cette opération s'était bien terminée, la peur qu'il avait ressentie l'avait marqué au fer rouge et il n'arrivait pas à passer outre, pas avant d'avoir dit le fond de sa pensée au principal concerné.
— Bon, ce n'est pas que je ne vous aime pas les garçons ou que votre compagnie n'est pas agréable, mais je vais y aller, lança Kuina en se levant. C'était cool comme mission.
Les trois garçons ne purent s'empêcher de pouffer de rire en voyant leur nouvelle collègue s'étirer comme un chat.
— Tu as fait du beau boulot ce soir, la complimenta Jungkook. Continue comme ça et peut-être, je dis bien peut-être, que je ne te renverrais pas chez toi à la fin de ta période d'essai.
— Oh mon Dieu ! Le commandant Jeon Jungkook m'a fait un compliment ! C'est le meilleur jour de toute ma vie ! s'exclama la jolie brune, de façon théâtrale.
De nouveau, des rires emplirent ces locaux bien trop silencieux puis ce fut Lian qui se leva.
— J'y vais aussi, je te ramène ? proposa ce dernier.
— Volontiers, ça m'étonnerait que je trouve un métro à cette heure-ci.
Ils saluèrent une dernière fois leur supérieur ainsi que Taehyung puis prirent la direction de leur bureau pour prendre leurs affaires et enfin terminer cette longue journée.
Entre les deux meilleurs amis, un silence de plomb s'était installé. Jungkook se souvenait encore de ses mots qu'il avait dits sous le coup de la peur, il ne les pensait pas et surtout, il savait qu'il devait s'excuser. Les oreilles légèrement rougies et le regard fuyant, il prit alors la parole, tentant de paraître le plus confiant possible.
— Je... je suis désolé pour ce que je t'ai dit tout à l'heure.
— Je ne t'en veux pas. Nous avons tous les deux déjà dit des choses qu'on ne pensait pas ou qu'on regrettait sous le coup de la colère ou de la peur, lui répondit son aîné.
— Je...
Le tatoué s'interrompit. Il n'avait pas le courage de dire ce qu'il ressentait tout haut, c'était nouveau pour lui d'éprouver ce genre d'émotion. C'était quelque chose de déstabilisant et surtout incontrôlable, et Jungkook détestait ne pas avoir le contrôle.
— Vas-y Kook, dis ce que tu as sur le cœur. Ce n'est pas comme si tu parlais à un inconnu, l'encouragea Taehyung avec douceur.
Le brun planta ses prunelles sombres dans celle de son meilleur ami et le sonda un instant. Il ne voulait pas ressentir ça, c'était dangereux, cela voulait dire que cette tête blonde prenait plus de place qu'il ne le devrait, mais il ne pouvait pas non plus l'en empêcher. Il avait beau le repousser, il suffisait d'un sourire pour qu'il replonge tête baissée dans cette drogue qu'était Park Jimin.
— Je déteste ça, ce sentiment de peur. Ce soir en le voyant rentrer dans cette maison, c'est ce que j'ai ressenti. Cette même sensation désagréable qui me paralyse et qui fait ressortir le pire en moi, comme lorsque tu t'es fait tirer dessus.
— Au bout d'un moment, il faudra bien que tu admettes que tu tiens à lui. Ça crève les yeux, ce gamin a pris une place dans ton cœur, comme moi et comme Lilith. Ce n'est pas une honte tu sais, de s'ouvrir aux autres. Et si tu veux mon avis, lui aussi, il tient à toi. Tu es un peu son super-héros. Il se sent en sécurité avec toi et ce n'était pas gagné quand on sait qu'il avait peur de toi au début.
Cette réponse fit sourire le commandant qui sentit ses joues se réchauffer.
— Peut-être que tu as raison, mais je suis toujours en colère contre lui. J'ai l'impression qu'il est de plus en plus insolent, il n'écoute rien de ce qu'on lui dit, il n'en fait qu'à sa tête et surtout, il se met en danger.
— Tu sais qu'il est exactement comme toi ? gloussa le plus vieux.
— Je suis sérieux, il joue avec mes nerfs.
— Je sais ce que tu ressens, mais ne soit pas trop dur avec lui. Il est bouleversé par toute cette histoire. Il voulait vraiment sauver Young-ae et il doit avoir l'impression d'avoir échoué. Il a besoin de soutien, pas d'une remontrance.
Pour seule réponse, Jungkook haussa les épaules, laissant sa tête retomber contre le dossier de son siège.
— Tu devrais y aller, Lilith doit être morte d'inquiétude, fit le tatoué après plusieurs minutes de silence.
— Hm, elle s'inquiète surtout pour Jimin et la petite.
— L'instinct maternel, je suppose.
— Je crois, gloussa le lieutenant avant de reprendre son sérieux. Je crois que c'est aussi ça qui m'a poussé à appuyer sur la détente tout à l'heure. Quand j'ai vu Young-ae perdre le contrôle et tirer sur Jimin, j'ai eu peur pour la gamine. Pendant une fraction, je me suis imaginé à la place de ses parents.
Jungkook releva la tête en entendant la voix basse de son meilleur ami.
— Je suis désolé, j'aurais préféré le faire à ta place.
— Non, tu as déjà eu ta dose de tuerie pour la semaine. En plus, j'étais le seul à pouvoir assurer un tir sans que la petite ne soit blessée.
Le commandant haussa simplement les épaules. Il savait que prendre la vie de quelqu'un n'était pas simple à accepter, il connaissait ce tourment mieux que personne et pour cela, il préférait être celui qui le ressentait. Il voulait épargner cela à son frère, tentant de faire en sorte que ses mains et sa conscience restent les plus propres possible.
Au sous-sol, dans les douches des hommes, Rose finissait de laver Naeyun qui semblait totalement différente maintenant que ses cheveux et sa peau avaient retrouvé une couleur normale. Pendant que sa collègue l'aidait, Jimin s'était assis sur l'un des bancs un peu plus reculés pour laisser de l'intimité à la petite fille. Cette dernière l'avait imploré pour qu'il reste dans les parages, trop effrayée à l'idée de rester avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas.
— Voilà ma puce, on va retirer le savon maintenant, annonça Rose avant de se tourner vers son ami. Qu'est-ce qu'on va lui mettre comme vêtement ?
— J'ai un pull à capuche et un jogging dans mon casier. Ça risque d'être grand, mais c'est déjà ça. Tu as ton pass avec toi ?
— Oui pourquoi ?
— Tu peux me le prêter ? Je vais aller chercher un boxer dans la machine.
La rouquine hocha la tête et lui donna son badge. Quelques minutes plus tard, la jeune femme vint le rejoindre dans les vestiaires et lorsqu'il posa ses yeux sur la petite fille, il ne put retenir un sourire. Son visage maintenant débarrassé de toute la crasse, il remarqua que cette dernière avait de jolies taches de rousseur sur le nez et les joues.
— Tiens, enfile ça, fit ce dernier.
— Mon papa a le même, mais en plus grand, gloussa la petite fille.
— C'est provisoire, une fois que tu seras rentré tu pourras mettre tes vêtements.
Pour lui laisser un peu d'intimité, le médium s'éloigna le temps qu'elle s'habille puis quand il eut le feu vert de Rose, il revint auprès d'elle.
— C'est trop grand, ricana Naeyun.
— Oui, je sais, gloussa le médium en venant s'accroupir devant elle. Rose, est-ce que tu as un élastique pour les cheveux ?
— Je crois qu'il va en falloir plus d'un. Je reviens, j'en ai dans mon casier.
Jimin hocha la tête et regarda son amie disparaitre par la porte de sortie.
— Merci pour tes vêtements, fit Naeyun.
— De rien ma puce. Comment tu te sens ?
— J'ai faim et je suis fatiguée, mais je n'ai plus peur maintenant.
— Tu n'as plus besoin d'avoir peur. Plus personne ne te fera de mal, promit Jimin en caressant sa joue avec son pouce. Une fois qu'on aura arrangé tes vêtements, on ira manger quelque chose. Ta maman ne devrait plus tarder.
— D'accord, sourit la petite brune.
Ce fut à ce moment-là que Rose revint à leur côté. Elle tendit deux élastiques noirs à son cadet et l'observa, curieuse de savoir ce qu'il comptait faire.
— Soulève un petit peu ton haut s'il te plaît, demanda-t-il.
Naeyun s'exécuta en silence et le regarda, elle aussi, intriguée. Sous le regard des deux filles, le blond resserra l'élastique du boxer d'un côté, créant une petite boule qu'il vint sécuriser avec un premier élastique, puis il fit de même avec le jogging, mais du côté opposé. C'était Jungkook qui lui avait appris cette technique, depuis il faisait cela avec ses vêtements lorsqu'ils étaient trop larges.
— Eh voilà mademoiselle, annonça ce dernier en lui faisant signe de relâcher son haut.
— Merci beaucoup.
— De rien, remercie Rose surtout.
— Merci Rose, répéta la petite brune avec un sourire à l'attention de la jeune femme.
— De rien petit cœur. Jimin, si tu n'as plus besoin de moi, je vais y aller.
— Bien-sûr, merci pour ton aide.
— De rien, merci à toi et encore une fois, tu as été très courageux et tu as fait du bon travail.
— J'ai simplement fait ce qu'il fallait, lui sourit le médium.
La rouquine prit rapidement son ami dans ses bras puis s'accroupit pour être à la hauteur de la petite fille.
— Au revoir Naeyun.
— Au revoir, répondit-elle en venant enrouler ses bras fins autour du cou de la jeune femme.
Lorsqu'elle la relâcha, Rose tourna les talons et partit. Rapidement, le médium prit la petite brune par la main et l'emmena à travers le bâtiment jusqu'à la salle de pause. En passant devant la porte qui menait aux bureaux de la criminelle, cette dernière s'ouvrit sur Taehyung.
— Tu t'en vas ? questionna le médium.
— Oui, à moins que tu aies besoin de moi ?
— Non ça va, je gère enfin, je crois, répondit Jimin en jetant un coup d'œil à Naeyun qui ne quittait pas Taehyung des yeux.
Au même moment, un animal au pelage noir passa par la porte encore ouverte et se stoppa devant la petite fille. Apeurée par la taille du chien, elle se glissa derrière le médium.
— Ne t'en fais pas, il est gentil, fit ce dernier, d'un ton rassurant.
Prouvant ses dires, Jimin vint caresser la tête du berger allemand qui remua la queue.
— Tu peux le caresser si tu veux, intervint Taehyung d'une voix douce.
Naeyun resta immobile et silencieuse quelques secondes avant de hocher la tête et d'approcher timidement sa main de l'animal. Ce dernier la renifla, puis lorsqu'il baissa la tête, elle le toucha enfin et un sourire prit place sur ses lèvres.
— Bon, tu t'en sors très bien, je vais y aller. À demain ?
— Oui, à demain.
— Au revoir Naeyun.
— Au revoir Monsieur, fit la petite brune en le saluant d'un geste de la main.
Le lieutenant lui offrit un sourire chaleureux puis s'en alla.
— Allons manger quelque chose, lança Jimin lorsqu'ils furent seuls.
Naeyun hocha la tête puis ils prirent la direction de la salle de pause où la petite brune eut son premier vrai dîner depuis plusieurs semaines.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Jungkook était dans son bureau, assis face à son ordinateur, il avait commencé à rédiger son rapport en attendant l'arrivée des parents de Naeyun. Il n'avait pas revu Jimin depuis qu'il était parti avec Rose, mais il l'avait entendu discuter avec Taehyung.
Sa concentration fut happée par le téléphone du bureau qui se mit à sonner.
— Jeon, fit ce dernier en décrochant.
— Commandant, madame Lee et son époux viennent d'arriver pour récupérer leur fille, annonça un officier.
— Faites-les monter dans mon bureau.
— Tout de suite commandant.
Le brun raccrocha avant de prendre son portable et d'ouvrir le contact de Jimin.
✉️ Les parents de la gamine sont arrivés. Je vais leur parler avant.
— Jungkook
✉️ Ok.
— Jimin
Quelques minutes plus tard, un petit coup contre le verre de la porte se fit entendre avant que celle-ci ne s'ouvre sur un officier et un couple. En voyant les yeux bouffis et ses joues recouverts de larmes, le commandant comprit que madame Lee avait dû pleurer de nombreuses heures, sûrement depuis l'appel de Rose.
— Où est ma fille ? demanda-t-elle en pénétrant dans le bureau.
— Bonsoir madame Lee, je suis le commandant Jeon Jungkook, se présenta le brun en s'inclinant légèrement devant la femme. Votre fille est avec mon coéquipier.
— Est-ce qu'elle va bien ? demanda le père.
— Oui. Nous avons pris la liberté de l'emmener à l'hôpital. Elle a été examinée par un médecin qui lui a diagnostiqué une légère malnutrition et elle a une blessure à la cheville. Il m'a donné cette ordonnance pour vous. Maintenant, elle a besoin de beaucoup de repos et de reprendre une alimentation saine.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna la mère.
Jungkook invita les parents à prendre place sur les deux sièges libre et débuta un long monologue explicatif, évitant les détails les plus sordides.
Dans la salle de pause, Naeyun finissait son deuxième onigiri au thon et son bol de nouille. Jimin venait de répondre au message de son colocataire et sentit une anxiété étrange l'envahir.
— Nae, ta maman et ton papa viennent d'arriver, annonça le médium.
Immédiatement, les yeux de l'enfant s'écarquillèrent et le bonheur que le médium put y voir, réchauffa son cœur.
— Finis de manger tranquillement, ils discutent avec Jungkook, ajouta le blond, voyant qu'elle avait cessé de manger.
— D'accord, acquiesça la petite fille en finissant son snack.
Le médium esquissa un sourire. Il comprenait son empressement, mais il voulait laisser à Jungkook le temps de parler à ses parents.
Quelques minutes plus tard, lorsque Naeyun eut fini, elle essuya sa bouche avec la serviette en papier et sauta de sa chaise.
— On y va ? demanda-t-elle, trépignant d'impatience.
— Tu n'as plus faim ?
— Non, je veux voir ma maman.
— Allons-y alors, lui sourit Jimin.
Accompagnés de Zeus qui les avait suivis, le médium et la petite brune reprirent le chemin vers le QG. Lorsqu'ils passèrent la porte, la voix d'une femme se fit entendre depuis le bureau du commandant. La porte et les stores de ce dernier étant ouvert, Jimin avait une vue complète sur la scène qui s'y déroulait.
Quand la porte qui menait au couloir claqua derrière lui, l'attention du couple et de Jungkook se porta sur eux. Immédiatement, le regard de la femme se posa sur la petite fille avant qu'elle ne se lève et ne se précipite vers elle.
— MAMAN ! cria Naeyun en courant vers sa mère.
— Mon petit bébé !
Madame Lee se jeta à genoux sans précaution pour prendre son enfant dans ses bras avant de fondre en larmes. Elle serrait le corps frêle de sa fille contre elle, laissant des larmes de joie et de soulagement, ruisseler sur son visage.
Un homme d'une quarantaine d'année fit ensuite son apparition, suivi de Jungkook qui offrit à son cadet pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté le chalet, un léger sourire. Le père vint rejoindre sa petite famille dans ses retrouvailles alors que Jimin alla se placer près de son colocataire.
— Tu leur as expliqué ? demanda-t-il dans un murmure.
— Les grosses lignes. Je leur ai épargné les détails, répondit le brun sur le même ton.
Les deux hommes étaient restés cordiaux, presque froids durant leur court échange et Jimin n'avait pu empêcher son cœur de se comprimer douloureusement. Jungkook lui en voulait et il allait surement se faire réprimander en rentrant, mais la scène qui se déroulait devant lui valait toutes les soufflantes du monde.
Quelques minutes plus tard, le médium sursauta légèrement lorsque madame Lee pivota brusquement vers lui. Sans qu'il ne s'y attende, cette dernière se prosterna devant lui.
— Vous avez sauvé mon enfant, je vous en serai éternellement reconnaissante.
Les yeux écarquillés de surprise, mais aussi de gêne, Jimin se laissa tomber au sol et posa ses mains sur les épaules de la mère de famille.
— Non, non, s'il vous plaît, relevez-vous, implora-t-il la gorge nouée.
— Mon épouse a raison, sans vous nous ne l'aurions plus jamais revue.
— S'il vous plaît relevez-vous. J-je n'ai fait que mon travail. Vous ne m'êtes en aucun cas redevable, mais si vous voulez vraiment me remercier, promettez-moi de prendre bien soin de Naeyun.
— Je vous le promets, sanglota madame Lee.
Cette dernière se redressa enfin et planta ses yeux rougis dans ceux du jeune homme qui était en face d'elle. Ressentant le besoin d'exprimer toute sa reconnaissance, elle vint le prendre dans ses bras.
— Merci. Merci infiniment.
— Ne me remerciez pas, murmura le consultant d'une voix tremblante.
— Maman, on peut rentrer, j'ai sommeil, intervint Naeyun dans les bras de son père.
— Oui ma puce, on va y aller, répondit madame Lee.
Jimin et elle se relevèrent avant que le couple ne les remercie une dernière fois.
— Au revoir Jimin, fit la petite brune.
— Au revoir Naeyun, prends soin de toi, répliqua le concerné, le cœur serré.
L'enfant hocha la tête avant de la laisser retomber contre l'épaule de son père qui déposa un baiser sur son front. Les deux colocataires regardèrent cette famille qu'il avait réunie, quitter leurs locaux et ce fut à ce moment-là que le médium sentit une larme rouler sur sa joue.
— Rentrons, lança Jungkook en prenant lui aussi la direction de la sortie.
D'un geste rapide, le plus jeune balaya cette unique larme et le suivit, pressé de rentrer et de retrouver son lit.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Une heure trente, c'était l'heure qu'affichait la grande horloge de la salle à manger lorsque la porte de l'appartement claqua bruyamment.
Le commandant n'avait pas ouvert la bouche de tout le trajet, comme son cadet qui avait gardé son regard fixé sur le panorama nocturne que la ville lui avait offert.
Jungkook avait longuement réfléchi à sa conversation avec Taehyung. Il avait repassé en boucle ses paroles dans sa tête et même s'il était toujours agacé par l'insouciance dont son cadet avait fait preuve plus tôt, il ne voulait pas en rajouter.
Retirant ses chaussures dans le sas, Jimin ne put s'empêcher de soupirer en posant les yeux sur ses baskets. Elles étaient fichues. En plus de la boue, des éclaboussures de sang avaient taché le tissu qui avait déjà perdu de sa blancheur.
— Qu'est-ce que tu soupires ? demanda Jungkook en pivotant vers lui.
— Mes chaussures sont fichues.
— Et mon sweat aussi, râla le brun en partant vers le salon.
— Désolé. Je t'en rachèterai un, répondit le médium, un air navré sur le visage.
— Hm.
Ce fut la seule réponse à laquelle le blond eut droit tandis que son aîné s'était stoppé en plein milieu de la pièce de vie. Le regard rivé sur son écran de téléphone, il répondait à un message.
— Bonne nuit, lança Jimin en passant près de lui pour rejoindre sa chambre.
Il n'avait pas envie que Jungkook lui parle, qu'il le réprimande ou lui récite un monologue tout prêt sur l'insouciance ou sur sa désobéissance. Il n'était pas d'humeur. Pas après tout ça. Pas après tout ce qui s'était passé ces dernières vingt-quatre heures, après tous ses morts. Il ne voulait que la paix et le silence.
— Jimin, attends, s'il te plaît, juste deux minutes, l'interpella Jungkook.
Le blond s'immobilisa et laissa échapper un long soupir avant de faire volte-face vers le commandant.
— Écoute, si tu t'apprêtes à me sortir un speech pour me réprimander, ne te fatigue pas. Je ne suis pas désolé et je ne regrette pas ce que j'ai fait. Oui, je t'ai désobéi et si c'était à refaire, je ferais exactement la même chose parce qu'au final, ce soir, une petite fille a retrouvé ses parents. Peu importe ce que tu penses et à quel point tu n'es pas d'accord avec ce que j'ai fait, pour moi tout ce qui compte c'est le résultat final.
Le tatoué resta muet quelques secondes avant de faire un pas vers lui et de l'attirer contre son torse pour le prendre dans ses bras.
— Je suis désolé pour ce qui s'est passé dans ces bois. Mon comportement a été dicté par la peur et ça n'aurait pas dû arriver. Même si je ne suis pas d'accord avec ce que tu as fait, je dois tout de même te dire que tu as fait du beau boulot et que c'est grâce à toi si ces parents ont pu retrouver leur fille. Je veux simplement que tu cesses de te mettre en danger. S'il venait à t'arriver quelque chose, je...
Je serais dévasté. Voilà ce qu'il voulait lui dire et pourtant, il fut incapable de prononcer ces mots.
— Tu ne dois plus faire ça. Promets-le-moi. Si tu venais à être blessé, Taehyung nous ferait un infarctus.
La joue droite collée contre sa poitrine, Jimin pouvait entendre le cœur du plus vieux battre dans sa cage thoracique et s'emballer légèrement avant de reprendre un rythme normal. Ce son était sans doute l'une des choses les plus relaxantes et associé à cet effluve frais et boisé, il se laissa aller puis vint entourer la taille du commandant de ses bras.
Le calme qui les entourait était si reposant que le médium aurait pu s'endormir contre son aîné. Luttant contre la fatigue, il se recula et offrit un sourire timide au policier.
— Je suis épuisé, je vais aller me doucher et dormir, annonça le plus jeune.
— D'accord, bonne nuit microbe.
— Bonne nuit Jungkook.
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