Chapitre 49
La révélation de Jimin avait résonné de longues minutes dans cette chambre d'hôpital où le silence s'était installé. À quelques pas du plus jeune, Jungkook le fixait, confus et surpris.
— Comment ça tu sais qui a tué Mei ? Comment ? Tu l'as découvert pendant ton sommeil ? demanda le commandant, confus.
— Oui !
— Hein ? Attends, je plaisantais.
— Pas moi ! Je l'ai vraiment vu pendant que j'étais évanoui. Je... je ne sais pas comment t'expliquer, mais je me suis retrouvé dans un corps qui n'était pas à moi. J'étais elle, Mei je veux dire. Je voyais à travers ses yeux.
— Attends attends, pause s'il te plaît.
Agacé de ne pas être compris, Jimin lança un regard noir à son aîné, les mains sur les hanches.
— On n'a pas le temps ! Il faut qu'on aille au poste. Je vous raconterai tous là-bas !
— Tu peux t'arrêter deux secondes ! On ne peut pas arriver au poste et dire à tous le monde que tu sais qui est le tueur ! Lian, Rose et Kuina ne vont pas comprendre !
— Je m'en cogne de ça. Ils peuvent me prendre pour un fou, je m'en fiche. Du moment que Tae et toi, vous me faites confiance, c'est tout ce qui m'importe !
Le tatoué sonda son vis-à-vis avec intensité. Ce dernier débordait d'impatience et d'inquiétude, mais surtout, il était sûr de lui.
— Ok allons-y alors. Tu nous raconteras tout au poste.
Un grand sourire prit place sur les lèvres du médium qui prit sa veste et se dirigea d'un pas rapide vers la sortie.
— Où est mon téléphone ? demanda-t-il.
— Il a dû rester au bureau, répondit Jungkook pendant qu'il longeait le couloir pour rejoindre la sortie.
— Passe-moi le tiens, ordonna le médium.
Les sourcils haussés par le ton autoritaire de sa voix, le commandant afficha un sourire amusé, mais obéit et lui donna son portable. Il observait son cadet pianoter quelques mots sur une note puis lui rendit l'appareil.
— Ne perds pas cette note.
— À vos ordres, chef.
Le blond laissa échapper un petit rire et ensemble, ils quittèrent l'hôpital pour se rendre au poste de police. Jimin n'avait pas toutes les réponses à ses questions, il ne connaissait pas les raisons qui avaient poussé ses deux personnes à commettre un tel crime, mais à présent, il savait qui avait tué Mei et il comptait bien rendre justice à cette jeune femme dont la vie avait été volée.
Après une quinzaine de minutes, l'Audi se gara sur le parking du commissariat et sans même attendre que le conducteur coupe le contact, Jimin se précipita hors du véhicule pour rejoindre son bureau. Dans la voiture, Jungkook laissa échapper un long soupir et se dépêcha de le rattraper.
À l'étage, une tornade blonde poussa subitement la porte d'entrée qui menait aux locaux de l'unité criminelle, attirant l'attention de toutes les personnes qui s'y trouvaient.
— Taehyung ! appela-t-il en faisant signe à son ami de venir le voir.
Le concerné vint le rejoindre dans leur bureau et quelques secondes plus tard, ils furent rejoints par Jungkook qui ferma la porte derrière lui.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda le lieutenant.
— Je sais qui a tué Mei. Je l'ai vu pendant que j'étais inconscient, expliqua maladroitement le médium.
— Quoi ? Comment ?
— Je n'en sais rien, je crois que c'est elle qui a fait en sorte que ça arrive. Elle ne pouvait pas me parler à cause de cet homme sans visage qui me suit partout alors je-
— Quoi, quel homme sans visage ? Il y a un homme qui te suit ? l'interrompit le châtain, totalement perdu.
— C'est un fantôme, intervint Jungkook, un sourire fier sur le visage.
Oui, il était fier d'avoir compris cette partie de l'histoire, ce qui fit sourire Jimin qui leva les yeux au ciel.
— Ok, je recommence. Cette nuit, je me suis réveillé au milieu de la nuit parce que j'ai fait un cauchemar. Je suis allé me chercher un verre d'eau puis j'ai vu cette silhouette dans notre salle à manger. Je lui ai demandé qui elle était, mais elle n'a pas répondu. C'est là que Yoongi est apparu et qu'il m'a dit qu'il n'avait pas de visage et qu'il était dangereux, que je ne devais pas m'en approcher. Ensuite, aujourd'hui, dans les douches, Mei est apparue. Elle m'a dit qu'ils l'avaient tuée et que je ne devais pas les laisser faire la même chose à Naeyun. Ensuite ce fantôme sans visage est apparu et l'a fait imploser et-
— Implosé ? répéta Taehyung, les sourcils froncés.
— Comme Yoongi, répondit Jungkook. Tu sais l'autre fois où il a disparu pendant quelque temps.
— Voilà, c'est ça, reprit le plus jeune en hochant rapidement la tête. Donc Mei a implosé, ensuite, il s'est attaqué à moi, mais Yoongi m'a protégé, sauf que je suis tombé et je me suis cogné la tête. Pendant que j'étais inconscient, j'ai fait un rêve, enfin non, c'était plus une projection astrale, non, merde, je ne sais pas comment expliquer ! s'agaça Jimin.
Pendant qu'il tentait de raconter ce qui lui était arrivé, le médium faisait les cent pas dans le bureau sous le regard perdu de son aîné, alors que le commandant écoutait et s'amusait de la réaction confuse de son meilleur ami. Pour une fois qu'il n'était pas celui qui était à la ramasse.
— On s'en fiche de ce que c'était. Raconte-nous plutôt ce que tu as vu, lança le tatoué.
— Ok. Comme je te l'ai dit, quand j'ai ouvert les yeux, j'étais dans le corps de Mei, je le sais parce qu'à un moment, elle a répété son prénom à plusieurs reprises, comme pour ne pas l'oublier. J'étais dans une pièce sombre où il y avait une forte odeur de bois et de forêt. Quand je suis sorti, j'ai longé un couloir et je me suis retrouvé dans une cuisine et c'est là que je l'ai vu.
— Qui ça ? demanda Taehyung.
— La femme que j'ai rencontrée ce matin. Chung Young-ae, répondit le blond.
— Attends, tu parles de la femme du type qui est mort hier ? fit Jungkook, surpris.
— Oui, et ce n'est pas tout. Elle m'a appelé Moon.
— Moon ? répéta le châtain.
— Oui. Quand je l'ai vu ce matin, elle m'a dit que sa petite fille de dix ans s'appelait Moon. C'était pour elle le gâteau d'anniversaire trouvé sur les lieux de l'accident.
— Donc t'es en train de me dire que le gars qui est mort hier et notre affaire sont liés ? lança le tatoué.
— Oui ! Chung Yun-jae a enlevé Mei et pas seulement, c'est lui l'homme qu'on voit sur le reflet de la vidéo de surveillance. Il a aussi enlevé Naeyun.
— C'est tout ce que tu as vu ? demanda Taehyung.
— Non, pendant que je prenais, enfin que Mei prenait son petit déjeuner, j'ai vu un flyer. C'était de la publicité pour un parc de randonnée.
— Tu as le nom ? questionna Jungkook.
— Bien-sûr, je l'ai noté sur ton téléphone quand on sortait de l'hôpital.
Le brun sortit son portable et rouvrit la note avant de lire ce qui y était inscrit à voix haute
— Ahopsan Forest, Gijang-gun.
— Il n'y a pas que ça. Quand j'étais dans son corps, elle m'a demandé d'aller donner à manger à ma sœur. Elle parlait de Naeyun. Je l'ai vu, elle était enchainée dans un sous-sol immonde. Il y avait une odeur d'excrément et de moisissure. On... on doit la sortir de là.
La voix de Jimin se brisa à la fin lorsqu'il repensa à la petite fille qu'il avait vue.
— Ok. On va faire des recherches sur les Chung pour tenter de les retrouver, fit Taehyung d'une voix rassurante.
— Lian et Rose vont nous poser des questions, murmura le médium.
— Je m'en occupe, assura Jungkook.
— Vous pensez qu'ils me croiront si je leur dis ?
Les deux meilleurs amis se regardèrent, communiquant à travers un simple regard, comme ils avaient l'habitude de le faire.
— Hé les gars, vous pouvez arrêter de parler par télépathie et dire à quoi vous pensez ? lança le plus jeune.
— Rose, je pense que oui, Lian, je ne sais pas, parla enfin Taehyung.
Jimin baissa doucement la tête, réfléchissant à ce que son aîné venait de dire. Il pouvait comprendre que ce soit quelque chose de dur à accepter, mais il n'était pas sûr de réussir à encaisser si le regard de son ami sur sa personne changeait.
— C'est toi qui décides microbe. Si tu veux leur dire, on sera là, ajouta Jungkook.
— Plus tard, pour le moment, on doit retrouver Naeyun.
Les deux policiers hochèrent la tête et le commandant fut le premier à quitter le bureau.
— Rose ! Lian ! Kuina ! appela le tatoué d'une voix forte qui résonna entre les murs des locaux.
Les trois concernés sortirent de leur bureau, les visages marqués par la confusion. Il était rare que Jungkook hausse le ton ainsi alors s'il le faisait, c'était que quelque chose de grave s'était passé.
— Qu'est-ce qui se passe ? lança l'inspecteur Peak.
— Trouvez-moi tout ce que vous pouvez sur Chung Yun-jae et sa femme. Je veux tout savoir sur eux jusqu'au nom de leur chien !
— Chung Yun-jae ? Le pauvre homme qui a été tué hier soir ? demanda Rose.
— Ce n'est pas un pauvre homme. Cet enfoiré et sa femme ont kidnappé et tué Mei Liu.
— Attends, quoi ? intervint Kuina, perdue. Comment tu peux savoir ça ? Tu as du nouveau ?
— Faites ce que je vous dis sans poser de questions. Je vous expliquerai tout plus tard. Pour le moment, nous savons que madame Chung retient la petite Naeyun dans un chalet quelque part dans le parc de Ahopsan Forest à Gijang-gun.
Les trois collègues se regardèrent à tour de rôle, intrigués par les ordres que leur donnait leur supérieur, mais chacun acquiesça sans poser davantage de question.
— Qu'est-ce que je fais moi ? demanda Jimin derrière lui.
— Toi, tu t'allonges et tu te reposes. Je te rappelle que tu t'es ouvert le crâne.
— C'est qu'une égratignure, répondit le médium.
— C'est un ordre. Tu nous laisses gérer ça et tu vas te reposer.
— Je ne vais pas dormir au bureau ! pesta le plus jeune.
Jungkook posa son regard sur son meilleur ami, lui demandant silencieusement de l'aide pour faire plier la tête de mule qu'était leur colocataire, mais Taehyung haussa simplement les épaules avant de prendre la parole, un rictus amusé sur les lèvres.
— C'est toi le patron.
Satisfait, Jimin posa son regard insolent sur le commandant qui laissa échapper un petit grognement d'agacement en regardant le lieutenant s'éloigner.
— Très bien, puisque tu refuses de m'écouter, on va changer de tactique.
Subitement, le brun parcourut la distance qui les séparait et souleva son cadet et le balança sur son épaule tel un sac de pomme de terre.
— J-Jungkook ! Repose-moi ! ordonna le blond en frappant l'épaule de son bourreau.
— Je te l'ai déjà dit d'arrêter de me désobéir, répliqua le concerné en traversant les locaux, le corps du plus jeune sur son épaule.
— Où est-ce que tu m'emmènes ? demanda-t-il sans cesser de te débattre.
Le brun ignora totalement sa question et l'emmena hors des bureaux. D'un pas rapide, il traversa le couloir en direction de la salle de pause et entra dans la pièce qui se trouvait en face. Après avoir fermé la porte derrière lui, le tatoué reposa enfin son cadet au sol qui ne manqua pas l'occasion de le frapper au torse, une moue boudeuse sur les lèvres.
Cette attaque fit rire Jungkook qui fut attendri par la mine enfantine qui avait pris place sur le visage du médium ainsi que ses joues légèrement rougies.
— Où sommes-nous ? demanda Jimin en regardant autour de lui.
Cet endroit ressemblait à un dortoir avec quatre lits superposés. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à part une petite rangée de quatre casiers métallique, semblables à ceux des vestiaires.
— C'est la salle de repos. On vient ici quand on doit enchainer plusieurs gardes, expliqua enfin le commandant.
— C'est mignon, fit simplement le plus jeune.
— Si tu le dis, gloussa le brun. Installe-toi sur l'un des lits et dors. Le médecin a dit que tu devais te reposer. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi.
— Je ne veux pas rester là à dormir pendant que vous allez faire tout le boulot. Je peux vous aider.
— Tu viens de résoudre l'enquête à toi tout seul, je crois que tu as bien travaillé. Maintenant dors, je te promets de venir te réveiller dès que j'ai du nouveau.
Jimin le sonda un instant, son regard noir verrouillé au sien. Tout ce qu'il venait de vivre avait été éprouvant pour lui. Ce matin encore, il avait rencontré une femme pour qui il avait eu de la pitié alors qu'elle n'était qu'une criminelle. Son meilleur ami avait disparu et en prime, un fantôme maléfique était accroché à lui. C'était trop, beaucoup trop pour une seule personne.
Même s'il ne voulait pas être seul, le médium savait que Jungkook ne lui laisserait pas le choix. Résigné, il hocha simplement la tête avant de venir mordre l'ongle de son pouce, anxieux à l'idée de demander ce dont il avait besoin.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le commandant en voyant sa mine préoccupe.
— Rien, nia le blond.
— Ne mens pas microbe, je te connais.
— Est-ce que tu...
Il s'interrompit, bien trop gêné pour poser la question. Ce qu'il voulait était au-delà des limite du brun. Il allait dépasser les bornes et même si c'était ce dont il avait besoin, il ne voulait pas prendre le risque de se faire rejeter, pas aujourd'hui, il n'en avait plus la force.
— Oublie, reprit ce dernier, un sourire forcé sur les lèvres. Vas-y, sois tranquille, je ne bougerai pas d'ici.
Il était de nouveau là, ce sourire sans joie que Jimin avait l'habitude d'afficher lorsqu'il était blessé ou anxieux. Il avait eu le même le soir où il avait surpris cet homme dans le lit du policier, ou encore cette fois où Jungkook lui avait dit qu'il n'était pas amis.
— Hé, dit moi ce qu'il y a, insista le tatoué, avec douceur.
— Je... est-ce que tu veux bien me prendre dans tes bras. Juste quelques minutes, je me sens tellement-
Sans le laisser finir sa phrase, Jungkook fit un pas en avant, supprimant l'espace qui les séparait et le tira jusqu'à lui. Automatiquement, le plus jeune enroula ses bras autour de son corps athlétique et enfouit son visage contre son torse, humant son odeur si rassurante. De tout ce qu'il avait connu, il n'y avait pas endroit plus réconfortant et sécurisant que les bras de ce grand brun. Il s'y sentait bien et à chaque fois la séparation était plus dure que la précédente. Cette réalisation comprima la poitrine de Jimin, pourtant il ne recula pas.
Ils restèrent ainsi de longues minutes jusqu'à ce que l'initiative de rompre le contact vienne du plus jeune.
— Ça va mieux ? demanda Jungkook d'une voix douce.
— Oui, merci.
— Ok, repose-toi. Je viens te chercher si j'ai du nouveau.
Jimin hocha la tête et sans rien ajouter, le brun quitta la pièce pour retourner dans son bureau. Comme il leur avait ordonné, tous les membres de son équipe s'attelaient à trouver des informations sur la famille Chung.
Dans la salle de repos, le médium se laissa tomber sur l'un des lits et prit son portable. En le déverrouillant, il s'aperçut qu'il avait un message non lu d'un numéro inconnu, curieux, il l'ouvrit afin d'y répondre.
✉️ Bonjour Jimin, je suis désolé de ne pas vous avoir contacté plus tôt. Mon père est malade alors, peut-on repousser votre visite à la semaine prochaine ?
— Kang Ha-eun
✉️ Bien-sûr. Le plus important c'est que votre père aille mieux.
— Jimin
✉️ Parfait, mardi 22 après le déjeuner, cela vous convient ? Je peux vous y accompagner.
— Kang Ha-eun
✉️ Oui, à quelle heure je vous rejoins ?
— Jimin
✉️ 13h ?
— Kang Ha-eun
✉️ J'y serais. Merci encore.
— Jimin.
✉️ A mardi alors.
Bonne journée Jimin.
— Kang Ha-eun
En lisant les derniers mots du message, le blond soupira longuement, laissant son portable retomber sur son torse. Il allait enfin avoir des réponses, alors pourquoi n'arrivait-il pas à être content ?
— Yoongi ? appela-t-il d'une voix basse.
Durant les secondes qui suivirent, le médium cessa de respirer, à l'affût du moindre bruit qui lui indiquerait la présence de son meilleur ami, mais rien ne vint.
Le cœur lourd, Jimin fut entraîné dans la pénombre, donnant à son corps le repos qu'il méritait.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Il fallut à l'unité de Jungkook plus de deux heures pour trouver des informations qui leur permettraient d'avancer dans leur enquête et retrouver la seule coupable encore en vie. Ils étaient tous réunis autour de la table tactile lorsque la porte s'ouvrit sur une tête blonde qui tenait dans ses mains un gobelet de café.
— Vous avez du nouveau ? demanda-t-il en s'approchant de ses amis.
— Oui, on allait faire un petit debrief, répondit Jungkook.
— Comment tu te sens ? question Taehyung.
— Mal de crâne, mais on s'en fiche. Vous avez trouvé quoi ?
En posant sa question, le plus jeune de l'équipe vint se poster entre ses deux colocataires qui lui offrirent un sourire chaleureux auquel il répondit. Connaissant l'amour que le commandant avait pour ce breuvage amer qu'il avait dans son gobelet, Jimin le lui tendit, lui proposant silencieusement de partager son café avec lui.
Sans dire un mot, Jungkook saisit le récipient en papier kraft et prit une gorgée avant de le lui rendre. Lian fut celui qui prit la parole le premier, pianotant contre la vitre tactile, il balaya différentes informations sur les trois écrans qui se trouvaient devant eux. Tentant de faire abstraction de sa migraine, le médium regarda chaque écran, analysant chaque élément affiché.
— Ok, alors voici Chung Yun-jae, soixante-cinq ans, et son épouse Chung Young-ae, de son nom de jeune fille Rhee, soixante-trois ans. Ils étaient propriétaires d'un magasin de sucreries dans le quartier de Bansong où ils vivent avant de fermer boutique et de prendre leur retraite en deux mille treize.
— Bansong, ce n'est pas le quartier où Mei a disparu ? demanda Jimin.
— Si, justement, et devinez quoi, elle y était allée le jour de sa disparition, juste après avoir quitté l'épicerie, répondit Lian.
— Ils n'ont pas été interrogés ? intervint Taehyung.
— Si, le magasin a même été fouillé, mais la police n'a rien trouvé.
— Ce n'est pas étonnant. Il aurait fallu être stupide pour la garder là-bas, lança Jungkook. Ils ont dû l'enlever sur le chemin du retour.
— Est-ce que tu as trouvé quelque chose sur une certaine Moon ? Madame Chung m'a dit ce matin que c'était comme ça que s'appelait sa petite fille, mais je pense qu'elle mentait, fit le médium.
— Oui, mais il ne s'agit pas de leur petite fille.
— Comment ça ? demanda Jimin confus.
— Chung Moon était leur fille. Elle est morte en mille neuf cent quatre-vingt-quinze à l'âge de dix ans. Elle a été renversée par une voiture en rentrant de l'école, annonça l'inspecteur, un air peiné sur le visage.
Pendant que ces paroles quittaient ses lèvres, le brun afficha des photos de l'enfant sur les trois écrans et en voyant cela, le cœur de Jimin loupa un battement. C'était ça le lien entre les victimes.
— Merde, murmura-t-il.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Jungkook.
Au lieu de répondre par des mots, le blond décida de leur montrer.
— Je peux ? fit-il à l'attention de Lian qui se trouvait sur sa gauche.
— Bien-sûr, répondit ce dernier avec un sourire.
Le médium fit quelques manipulations, ouvrant le dossier de l'enquête, puis il afficha les clichés qu'il cherchait.
— Voici, Mei Liu, âgé de dix ans. Cette photo a été prise quelques jours avant son enlèvement, commença le plus jeune avant d'afficher une deuxième photo. Et voici Lee Naeyun, elle aussi, âgé de dix ans au moment de sa disparition. Il n'y a rien qui vous choque ?
Les quatre policiers debout autour du consultant regardèrent les deux clichés et il ne leur fallut qu'une fraction de secondes pour comprendre.
— Elles sont identiques, remarqua Kuina.
— Ok, je crois que je commence à comprendre et si j'ai raison, c'est sacrément glauque, intervint le commandant.
— Je crois que je pense à la même chose que toi, lança Taehyung en croissant le regard de son meilleur ami.
— Mei et Naeyun ont été enlevées parce qu'elles ont eu la malchance de ressembler à Moon, déclara Jimin, révélant tout haut, ce que tous ses collègues pensaient.
— Ok, on a le lien entre les deux victimes. Maintenant, il ne reste plus qu'à les trouver, fit le tatoué.
— Je crois qu'on sait, annonça Kuina avant de regarder la rouquine. Rose et moi avons passé quelques coups de fil et fait quelques recherches. Il s'avère que la famille Rhee est propriétaire d'un chalet dans la foret de Gijang-gun depuis plusieurs générations déjà, mais nous n'avons pas réussi à avoir la localisation exacte.
— Ils ont d'autres propriétés ? demanda le commandant.
— Non, aucune, répondit Rose.
— Elle est là-bas, assura Jimin dans un murmure en regardant ses deux colocataires.
— La forêt fait plusieurs hectares, ça va nous prendre une éternité pour tout fouiller, soupira Lian.
— Raison de plus pour qu'on s'y mette rapidement, répliqua Jungkook avec assurance. Je vais réquisitionner quelques officiers et quelques chiens et on va fouiller toute cette forêt. Équipez-vous, je vais en parler au capitaine.
Mettant fin à la conversation, le commandant partit en direction du bureau de son supérieur afin d'avoir son accord pour lancer son opération de recherche. Dans le QG, le groupe se sépara pour rejoindre chacun leur bureau et rassembler leurs affaires.
— Tu veux qu'on te dépose à la maison ? demanda Taehyung à l'attention de son cadet.
— Tu rigoles ? Je viens avec vous.
— Le médecin-
— Je vais bien Tae, je t'assure. Il est hors de question que je reste en retrait ! refusa catégoriquement Jimin en éteignant son ordinateur.
— Très bien, soupira le lieutenant, résigné.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Il fallut un peu plus d'une heure pour que la police de Busan n'arrive à l'entrée de la forêt de Gijang. Le périmètre qu'ils devaient couvrir était énorme, mais avec l'accord de Lim, Jungkook avait réuni une vingtaine d'officier en uniforme ainsi que les chiens.
Les différents véhicules se vidaient de leurs passagers qui vinrent se regrouper autour du commandant et de son unité. Chacun armé et équipé, ils étaient prêts pour leurs recherches qui risquaient de durer une bonne partie de leur soirée.
— Ok, tout le monde, écoutez-moi ! commença Jungkook d'une voix forte. Nous recherchons un chalet assez ancien qui serait occupé par une femme. Elle retient en otage une petite fille de dix ans qui est enfermée au sous-sol. Chaque équipe aura un chien avec eux ainsi qu'une caméra thermique. Si vous le trouvez, n'intervenez pas, prévenez-moi immédiatement par radio. Faites très attention, cette femme est potentiellement dangereuse. Est-ce que vous avez des questions ?
Chaque officier bougea négativement la tête.
— Très bien. Alors en route.
Les groupes de trois se formèrent rapidement pendant que Hyun passait près de ses collègues, un sac des scellés dans les mains. Ce dernier contenait la robe que Mei portait lorsque son corps avait été retrouvé. Jungkook avait peu d'espoir que l'odeur soit encore présente pour que les chiens puissent la suivre, mais il devait tout tenter.
Tandis que les officiers en uniforme commençaient à se séparer pour entamer leurs recherches, Jungkook qui s'était absenté, revint auprès de son unité, trois fusils de sniper suspendus à son épaule.
— Le SWAT n'est pas disponible, il va falloir qu'on se démerde. Tiens, énonça le tatoué à l'attention de son meilleur ami.
— Tu penses que ce sera nécessaire ? demanda Taehyung.
— On ne sait jamais. Si elle prend la petite en otage, on la descend, répliqua le commandant, le visage dénué d'émotion. Qui prend le troisième sniper ?
Sa question était adressée à Rose et Lian, mais ce fut une autre personne qui prit la parole.
— J'ai été tireur d'élite à l'armée, déclara Kuina.
Jungkook la sonda un long moment, pesant le pour et le contre dans son esprit avant de finalement hocher la tête et de donner l'arme à sa nouvelle recrue.
— Tu ne tires pas sans que je ne t'en donne l'autorisation.
— À vos ordres commandant, répliqua la brune, un sourire insolent sur les lèvres.
À quelques pas d'eux, Jimin était accroupi près de Zeus. L'esprit ailleurs, il caressait le flan de l'animal avant d'être ramené à la réalité par la voix de Jungkook.
— Microbe, on y va !
— Ok, répondit simplement le plus jeune.
Le visage fermé, il se releva et fit signe à l'animal de le suivre. Quand il vint rejoindre ses amis, il fit face à Hyun qui était accompagné d'un malinois marron qui serait le chien de l'équipe de Taehyung. L'officier fit sentir le vêtement aux deux chiens, puis s'en alla en direction de ses coéquipiers qui l'attendaient.
— En route, restez sur vos gardes et surtout, on reste en contact, fit Jungkook.
Le lieutenant et ses deux collègues hochèrent la tête et partirent de leur côté, laissant dernière eux Jimin et Kuina qui étaient dans l'équipe de leur supérieur.
— Pourquoi il n'est pas armé ? demanda la nouvelle recrue.
— Parce qu'il n'a pas d'insigne, répondit le tatoué en marchant vers l'entrée de la forêt.
— Même si c'était le cas, je ne sais pas m'en servir, soupira le médium.
— Si on lui donne un flingue, c'est sur nous qu'il va tirer, se moqua Jungkook.
— Je t'emmerde, pouffa Jimin.
Kuina assistait à cet échange et ne put s'empêcher de rire. Le commandant voyait bien à quel point son cadet était stressé alors, si le faire rire était un moyen de lui changer les idées, il était prêt à le faire sans discuter.
— Le soleil va bientôt se coucher, remarqua la jeune femme.
— Oui, il faut qu'on la retrouve avant. Ces bois sont un vrai labyrinthe la nuit, annonça le brun.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Jimin ignorait depuis combien de temps, il marchait, mais une chose était sûre, ses pauvres pieds criaient au secours dans ses converses qui n'avaient plus rien de blanc. La nuit était arrivée et avec elle, une brise glaciale qui avait considérablement refroidi ses extrémités. Les mains enfouies dans la grande poche du sweat à capuche qu'il avait volé à Jungkook lorsqu'ils étaient passés à l'appartement, il suivait ses deux collègues en silence. Ces deux-là semblaient plutôt bien s'entendre quand on savait que le brun voulait l'étriper lorsqu'il l'avait connue. Même le médium devait avouer que Kuina n'était pas si horrible que cela.
La discussion des deux policiers fut interrompue par une voix qui résonna à travers la radio qui était accrochée au gilet par balle du commandant.
— Équipe une, ici l'équipe sept, est-ce que vous nous recevez ?
— Équipe sept, ici le commandant Jeon, je vous reçois cinq sur cinq, annonça Jungkook.
— Nous sommes arrivés à la limite ouest de la forêt, tous les chalets que nous avons trouvés étaient vides.
— Très bien, équipe sept, vous pouvez retourner à votre véhicule et prendre congé. Merci pour votre aide.
— De rien commandant, bon courage, répondit l'officier.
C'était la quatrième équipe qui déclarait n'avoir rien trouvé, ce qui commençait sérieusement à inquiéter Jimin. S'était-il trompé ? Non, il était sûr d'avoir vu le flyer et si Mei le lui avait montré, ce n'était pas pour rien.
Le médium fut ramené à la réalité par un aboiement discret de Zeus qui se stoppa, informant ainsi à son maitre qu'il venait de trouver quelque chose. Le blond s'avança un peu, se mettant à la hauteur de ses deux collègues et lorsqu'il regarda devant lui, son regard se posa sur un vieux chalet qui se trouvait à quelques mètres devant eux.
— C'est celui-là ? demanda Jungkook à l'attention du plus jeune.
— Je ne sais pas, je ne l'ai vu que de l'intérieur, murmura Jimin.
La jolie brune sortit la caméra thermique et la pointa en direction de la vieille bâtisse.
— Il y a deux empreintes thermiques dans le chalet, annonça-t-elle en montrant l'écran à son supérieur.
Le brun montra l'image à son cadet qui l'analysa rapidement. On voyait clairement que le chalet comportait un sous-sol, et dans celui-ci se trouvait une petite silhouette recroquevillée.
— Elle est encore enchaînée, supposa le médium, sentant une colère incontrôlable l'envahir.
— Très bien. Je vais prévenir les autres, fit le tatoué.
Joignant les gestes à la parole, Jungkook prit sa radio et avertit ses collègues de leur position. N'ayant pas besoin d'autant de monde, il autorisa les officiers en uniforme à retourner au poste, demandant seulement à son unité de venir les rejoindre.
Quand Taehyung et ses deux amis arrivèrent enfin, le commandant leur fit un topo de la situation avant qu'ils ne décident de s'approcher. Plus ils avançaient en direction du chalet, plus l'angoisse du plus jeune augmentait.
Ce que les policiers ignoraient, c'était qu'ils venaient de pénétrer dans une propriété privée qui était surveillée par des caméras de surveillance. À l'intérieur de la bâtisse en bois, Chung Young-ae fut alertée par son système de sécurité, lui signalant la présence d'intrus à quelques mètres de là.
— Il y a du mouvement dans le chalet, annonça Kuina à l'attention de ses collègues qui s'immobilisèrent immédiatement.
Jimin qui était en retrait, sentit un frisson le parcourir, une sensation qu'il connaissait, accompagné d'un sentiment de soulagement qui lui mit les larmes aux yeux.
— Yoongi ? appela-t-il en regardant autour de lui.
Salut petit tête, fit le mentholé soudainement posté à ses côtés.
Un grand sourire s'étira sur les lèvres du médium qui ressentit une violente envie de prendre son meilleur ami dans ses bras. Une grande peine et frustration le traversèrent lorsqu'il se rappela qu'il ne pourrait jamais combler ce besoin.
Quelques pas devant lui, confus et intrigué, Lian, Rose et Kuina le fixaient, les sourcils froncés pendant que ses deux colocataires le regardaient, visiblement soulagé de savoir que le mentholé était de retour.
— J'ai cru que tu étais parti, confessa Jimin, sans pouvoir contenir une larme qui roula sur ses joues rougies.
C'était le cas, mais je suis là maintenant.
— À qui il parle ? demanda Lian.
— On t'expliquera plus tard, répondit Jungkook. Faites-lui confiance, c'est tout ce que je vous demande.
Les trois policiers hochèrent la tête. Même s'ils avaient des milliers de questions, ils décidèrent de faire confiance à leur ami.
— Jimin, il faut qu'on continue, fit Taehyung.
Elle vous a repéré, annonça Yoongi.
— Comment tu sais ? questionna Jimin.
J'étais là-bas. Son mari a posté des caméras tout autour de leur propriété. Elle vous a vu arriver dès que vous avez passé la barrière quelques mètres plus haut, expliqua le fantôme.
— Commandant, notre suspecte a remonté la gamine, intervint Kuina en montrant l'écran de la caméra thermique à son supérieur.
Sur celle-ci, on pouvait voir une silhouette avancer à travers le chalet, contre elle, on distinguait le corps de Naeyun.
Elle est armée.
— Jungkook, elle nous a repéré grâce aux caméras de surveillance et elle est armée, informa Jimin, ignorant les regards troublés de ses autres collègues.
— Quel genre d'arme ? demanda Taehyung avant que son colocataire n'ait le temps de prendre la parole.
Un peu comme dans les films de cowboy, mais en plus petit, répondit Yoongi, faisant rire son meilleur ami.
— Un revolver ?
Oui, tu sais, ce sont les armes où tu mets les balles dans un barillet, expliqua le fantôme, faisant piètre imitation afin d'accentuer son explication.
— Il dit que c'est un petit revolver, transmit Jimin.
— Calibre 38, supposa Jungkook avant de soupirer en passant une main dans ses cheveux. Ok, je vais y aller.
S'il fait ça, la gamine est morte. Elle a totalement pété les plombs, lança Yoongi.
— Tu comptes faire quoi ? Entrer là-dedans comme un bulldozer et la tuer ? C'est la vie d'une enfant qui est en jeu là, le contredit Taehyung visiblement beaucoup trop touché par cette affaire.
— Tae a raison, si tu entres, elle tuera Naeyun, lui dit Jimin.
— Très bien, se résigna le commandant. Alors, on s'approche et on tente de négocier, proposa-t-il.
Suivant les indications de leur supérieur, les policiers et le consultant s'approchèrent avec prudence. Même s'il ne pouvait rien faire contre les vivants, Yoongi resta tout de même aux côtés de son meilleur ami. Il pouvait sentir toute l'angoisse et la peur qu'il ressentait et bien qu'il soit épuisé, il voulait être auprès de lui, comme un simple soutien émotionnel.
Lorsqu'ils furent assez près du chalet, Jungkook fit signe à Jimin de rester en retrait. Ce dernier était le seul à ne pas porter de gilet par balle, il était donc hors de question qu'il soit visible depuis la maison en bois.
— CHUNG YOUNG-AE, JE SUIS LE COMMANDANT JEON DE LA POLICE DE BUSAN. SORTEZ DU CHALET LES MAINS EN ÉVIDENCE ! cria Jungkook, priant pour que sa voix soit assez forte pour qu'il soit entendu.
Il eut rapidement une réponse lorsqu'une série de coups de feu déchira l'air, obligeant tous les policiers ainsi que leur cadet à se mettre à l'abri derrière un arbre.
— Quelqu'un est touché ? demanda le tatoué.
Heureusement, toutes les réponses furent négatives.
— JE NE SORTIRAI PAS D'ICI ! ALLEZ VOUS EN OU JE LA TUE !
La voix de Young-ae se fit entendre depuis le chalet. Elle semblait affolée voir même terrifiée et bien qu'il soit en colère contre elle, Jimin ressentit une grande tristesse l'envahir. Cette femme avait sombré dans la folie à cause de la perte de son enfant qu'on lui avait arraché bien trop tôt. Rien n'excusait ce qu'elle et son époux avaient fait, mais il voulait la raisonner pour éviter un autre drame, trop de gens étaient morts, il en avait assez.
À cet instant, une idée le traversa et sans réfléchir, il sortit de sa cachette, les mains levées.
— Madame Chung, c'est Jimin. Vous vous souvenez de moi ? On s'est vu ce matin ! s'exclama ce dernier d'une voix forte.
Hé, qu'est-ce que tu fais ? Tu sais que tu n'es pas à l'épreuve des balles et que si te fais tirer dessus, tu meurs ? demanda Yoongi, paniqué.
— Ferme-la, je gère, répondit le jeune consultant d'une voix basse.
Il gère, répéta le fantôme avec un rire nerveux.
— Putain Jimin qu'est-ce que tu fous ? lança Jungkook en tentant de l'arrêter.
Le médium esquiva sa prise autour de son poignet et continua de s'avancer.
— Je vais le tuer ! jura le commandant.
Le brun s'apprêtait à aller chercher son cadet par la force, mais Taehyung le stoppa.
— Laisse le faire.
— Il va se faire descendre !
— Moi aussi, j'ai peur pour lui, mais il faut qu'on lui fasse confiance.
La petite voix dans sa tête hurlait à Jungkook d'aller le chercher pour le mettre en sécurité. Il se souvenait encore de la peur qui l'avait traversé lorsqu'il l'avait retrouvé allongé sur le sol, inerte. Il ne voulait pas revivre ça une nouvelle fois.
— Madame Chung s'il vous plaît, je veux simplement vous parler.
Un long silence s'installa dans la forêt avant qu'une voix puissante et tremblante ne se fasse entendre.
— NON ! VOUS VOULEZ ME PRENDRE MON ENFANT ET IL EN EST HORS DE QUESTION !
— Elle est persuadée que Naeyun est sa fille, pensa Kuina.
— Elle est déconnectée de la réalité, ajouta Rose, un air peiné sur le visage.
Les paroles de ses collègues ne firent qu'augmenter la crainte de Jungkook qui bouillonnait de l'intérieur. La seule chose qui l'empêchait d'aller chercher Jimin et de le ligoter à un arbre pour qu'il soit en sécurité, était la présence de Taehyung.
— Non madame Chung, personne ne veut vous prendre votre fille. Je veux simplement vous parler. Rien de plus, je vous le promets, mentit le médium.
Sa voix était étrangement sereine pour quelqu'un qui était sûrement dans le viseur d'une arme à feu.
— D-d'accord, mais que les autres ne s'approchent pas !
— Ils ne feront rien, je vous le promets, assura Jimin avant de reprendre. Je vais venir jusqu'à vous d'accord ? Je ne suis pas armé alors ne tirez pas.
— D'accord, bafouilla la femme d'une voix forte.
Grâce à la caméra thermique, Kuina put voir madame Chung s'éloigner de la fenêtre devant laquelle elle se trouvait. Elle recula de quelques pas, tenant toujours l'enfant contre elle.
— Commandant, elle s'éloigne de la fenêtre, mais la petite est toujours en joue, annonça la brune.
— Ok, Jimin, viens ici ! ordonna ce dernier.
Le concerné obéit et lorsqu'il se retrouva devant le regard noir de son colocataire, il avala difficilement sa salive.
— Je ne sais pas ce qui me retient de t'en coller une ! T'es complètement inconscient !? Tu veux te faire descendre ?! Parce que si c'est ça, vas-y continue, tu es sur la bonne voie !
Sur ce coup, grincheux a raison, lança Yoongi.
— Tu peux parler, je te rappelle que tu es celui qui est entré dans une banque en plein braquage sans attendre les renforts ! C'est toi l'expert des décisions insensées, je ne fais que suivre ton exemple ! répliqua Jimin ignorant l'intervention de son meilleur ami et sans quitter son aîné des yeux.
Excédé par son insolence et surtout aveuglé par l'inquiétude, Jungkook vint saisir le col de son sweat et le tira jusqu'à lui. Leur visage n'était qu'à quelques millimètres l'un de l'autre, mais le médium ne cilla pas.
— Tu tires sur la corde de ma patience avec ton arrogance. Tu veux te faire descendre, c'est ton problème, mais ça n'arrivera pas sous ma surveillance. Il est hors de question que tu entres là-dedans.
En voyant que le plus jeune ne comptait pas se plier aux ordres de son colocataire, Taehyung décida d'intervenir avant que la situation ne dégénère.
— Ok, Jungkook, lâche-le ! ordonna ce dernier.
— Tu veux sortir Naeyun de là ou pas ? Je suis le seul qu'elle acceptera d'écouter. Je l'ai vu ce matin, on a établi un lien, alors que tu le veuilles ou non, j'entre là-dedans, le contredit Jimin.
La prise du brun se resserra autour du vêtement. À cet instant, les deux hommes avaient oublié la présence de leurs collègues, trop concentrés sur leur rapport de force. Jungkook ne comptait pas céder, mais le médium non plus.
— Putain, lâche-le ! s'impatienta le lieutenant en poussant le tatoué pour l'éloigner de son cadet.
Le commandant était une montagne de muscles et s'il décidait de ne pas lâcher prise, personne ne pourrait le faire céder, mais pour une raison quelconque, il le libéra et recula sans le quitter du regard.
— Tout le monde se calme, reprit Taehyung, les bras écartés entre ses deux coéquipiers qui se regardaient en chien de faïence.
— C'est trop risqué Jimin, intervint Lian.
Rose qui était restée très silencieuse jusqu'à maintenant prit la parole, tentant de dissuader son ami de cette idée totalement folle qui ne le quittait pas.
— Cette femme a été suivie pendant plusieurs années après le décès de sa fille. J'ai pu discuter avec la psychologue qui s'occupait d'elle et elle m'a dit qu'elle était dangereuse autant pour elle que pour les autres. Elle est très instable, la moindre petite contrariété pourrait être dramatique. Jungkook et Lian ont raison, tu ne peux pas entrer là-dedans, c'est trop dangereux.
— Tu l'as entendu, elle est complètement barge. Si tu dis un seul truc de travers, tu vas te faire descendre, alors c'est non ! fit Jungkook d'un ton ferme.
— Ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi d'y aller, mais tu n'as pas vu ce que j'ai vu ! Cette petite fille est terrifiée et maintenant que Young-ae sait qu'elle a été démasquée, elle est coincée. Mei a fait une promesse, mais elle n'est plus là pour la tenir, alors c'est à moi de le faire, répondit Jimin d'un ton plus calme, laissant de côté toute son insolence. Et puis si j'y reste, tu seras enfin débarrassé de moi.
La fin de sa phrase était sarcastique, mais elle ne fit pas rire Jungkook qui sentit son cœur se comprimer violemment dans sa poitrine. Les deux colocataires ne se quittaient pas des yeux, communiquant silencieusement, mais le tatoué refusait de prendre ce risque. Il ne voulait pas prendre le risque de le perdre, il refusait que ça arrive.
— Je pense qu'il devrait y aller, intervint Kuina qui était restée en retrait.
Ses collègues se tournèrent vers elle, ahuri. La jeune femme se sentit oppressée sous leur regard intense, mais décida tout de même de s'expliquer.
— C'est clair que c'est dangereux, mais si elle a accepté de lui parler, c'est qu'elle doit avoir un minimum confiance en lui. Alors, je pense qu-
— Je ne me souviens pas t'avoir demandé ton avis, cingla Jungkook.
— Elle a raison, appuya Taehyung. Cette situation ne me fait pas plaisir non plus, mais on est à court de solution. Si on entre en force, elle tuera la gamine.
Laissant son corps agir pour lui, Jimin s'approcha de son aîné et posa ses deux mains sur ses épaules. Il planta ses orbes sombres dans les siennes et prit la parole d'une voix débordante d'assurance.
— Je vais entrer là-dedans et je sais que tout ira bien parce que tu ne seras pas loin. Je sais que tu vas me protéger comme tu l'as fait ce jour-là sur le toit, parce que c'est ce que tu sais faire de mieux. Une fois que Naeyun sera avec ses parents et qu'on sera rentré au poste, tu pourras me réprimander autant que tu veux, mais là, on n'a plus le temps. Il faut que tu me fasses confiance, s'il te plaît.
Ses dernières paroles se perdirent dans un murmure. Face à lui, les prunelles du commandant voyageaient entre celles de son cadet. Il savait qu'il avait raison, il devrait lui faire confiance, mais la peur tordait ses entrailles. Après tous ces mois passés avec lui, Jungkook avait bien compris que cette tête blonde était aussi têtue que lui et qu'il n'avait pas beaucoup de solution pour le faire changer.
— D'accord, finit-il par dire, résigné.
— Merci, chuchota Jimin, soulagé.
Le blond se recula de quelques pas et s'apprêtait à partir en direction de la maison quand la grande main de son colocataire, saisissant la sienne, le stoppa.
— Enfile ça sous ton haut, ordonna ce dernier en retirant son gilet par balle.
Le médium hocha la tête, lui offrant un sourire de remerciement et retira son vêtement afin d'enfiler la protection.
— Rose ou Lian, donnez lui votre oreillette, ajouta le tatoué.
Ce fut la rouquine qui lui donna le petit appareil qu'il vint glisser dans son oreille droite.
— Est-ce que tu nous entends ? fit Jungkook.
— Oui.
— Ok. Tu restes loin d'elle et fais attention à ce que tu dis. Kuina, Tae et moi, on sera posté avec les snipers, mais je te préviens, si elle fait un seul geste que je juge menaçant, je la descends.
La voix du commandant était dure et débordante de promesse. Il savait que ce n'était pas professionnel, mais il n'en avait que faire de cette femme, il n'aurait aucun scrupule à la descendre si cela l'empêchait de blesser son cadet.
— À vos ordres, commandant, répondit Jimin.
— Sois prudent, fit Taehyung en pressant doucement l'épaule de son cadet.
— Promis. À plus tard les gars.
Offrant un dernier sourire à ses amis, le médium prit la direction de la maison. Ses poings serrés dans les manches de son sweat, il laissa l'odeur de son aîné qui se dégageait du vêtement et du gilet par balle caresser ses narines, lui apportant un semblant de sécurité.
J'espère que tu sais ce que tu fais Min, parla une voix à sa droite.
Le blond tourna la tête vers son ami et remarqua l'inquiétude qui se lisait sur ses traits livides.
— Pas du tout, mais si jamais ça foire, on sera ensemble pour toujours.
Derrière lui, quelques mètres plus loin, les cinq policiers regardaient leur cadet s'approcher de ce chalet où le danger l'attendait.
— Les deux snipers, allez vous mettre en position. Trouvez un spot qui vous permette un tir propre, ordonna Jungkook.
La jolie brune hocha la tête et donna la caméra thermique à sa collègue qui la remercia, puis elle prit ensuite la direction Est du chalet. Taehyung s'apprêtait à partir vers le sud avec l'intention de contourner la bâtisse, mais la voix de son meilleur ami résonna dans son dos.
— S'il lui arrive quelque chose, tu seras le seul responsable.
Cette phrase était si courte et pourtant si douloureuse à entendre pour le lieutenant. Il savait que c'était la peur qui parlait, mais il savait également que Jungkook avait raison. S'il n'avait pas appuyé l'idée de Kuina, jamais, il n'aurait cédé.
Alors c'était cela que son meilleur ami avait ressenti lorsqu'il lui avait balancé ces mêmes mots au visage le jour où Jimin était tombé malade. Est-ce que la culpabilité l'avait rongé comme elle le faisait actuellement avec lui ?
Sans attendre une quelconque réponse, le brun tourna les talons et partit afin de se mettre lui aussi en position. Tout allait se jouer maintenant. Il n'y avait que trois issues possibles à toute cette affaire et pour lui, il était hors de question que la perte d'un membre de son unité en fasse partie.
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