Chapitre 25
Jimin s'était réveillé de mauvaise humeur ce matin. Ce qui s'était passé avec Jungkook n'avait pas quitté son esprit, mais surtout, il était en colère contre Yoongi et comptait bien lui enseigner le savoir-vivre.
— Min Yoongi montre-toi ! ordonna ce dernier, debout au milieu de sa chambre.
Bien qu'il soit remonté contre son ami, il tenta de ne pas élever la voix pour ne pas réveiller Jungkook qui dormait encore. Les minutes passaient et le silence était toujours présent.
— Putain Yoongi, montre-toi, je sais que tu n'es pas loin.
Pourquoi tu t'énerves dès le matin ? lança une voix qu'il connaissait bien.
— Parce que tu me mets les nerfs, répliqua Jimin en pivotant pour lui faire face.
Quoi ? Tu m'en veux à cause d'hier ?
— À ton avis ?
Alors, commença Yoongi d'un air insolent.
Les mains dans les poches de son jean, le mentholé traversa la pièce et vint s'asseoir en tailleur sur le lit de son meilleur ami.
Pourquoi tu m'en veux au juste ? Parce que j'ai fait tomber la jolie guitare ou parce que j'ai interrompu ton petit moment avec ton commandant ?
— Laisse tomber immédiatement ton air insolent Yoongi, je ne plaisante pas ! On est coincé ensemble depuis presque huit ans et je tolère beaucoup de choses, mais s'il y a bien une chose que je t'interdis de faire, c'est violer ma vie privée !
Violer ta vie privée ? Tu exagères là, soupira le fantôme en levant les yeux au ciel.
— Oui ! Que tu sois présent et que je puisse te voir c'est une chose, mais que tu m'espionnes en mode homme invisible, ça, il en est hors de question, cingla le médium.
Je ne t'espionnais pas.
— Vraiment ? Alors qu'est-ce que tu faisais ?
Je...
— Tu quoi ? le pressa Jimin les mains sur les hanches et le regard dur.
Yoongi ne savait pas quoi répondre. Il pouvait voir au visage de son vis-à-vis que ce dernier était en colère, très en colère. Il savait qu'il était la cause de cette animosité, mais il ne regrettait pas son acte.
Tu t'attendais à quoi ? Tu pensais vraiment que j'allais te laisser embrasser cet enfoiré ?
— Je fais ce que je veux ! C'est ma vie privée ! On a des règles Yoongi et tu te dois de les respecter si on veut que cette colocation forcée fonctionne ! Tu n'as pas le droit de m'espionner quand je suis avec mes amis, que tu les apprécies ou non. Au même titre que tu n'as pas le droit d'entrer dans la salle de bain quand je me douche !
Ce mec est un connard qui baise avec tous les habitants de cette ville ! Je ne veux pas qu'il te touche !
— Putain, mais ça ne te regarde pas ! s'emporta le blond.
C'était bien la première fois que Yoongi voyait son ami aussi remonté. De toutes les disputes qu'ils avaient eues, jamais Jimin n'avait été aussi en colère et le mentholé comprenait pourquoi.
L'un en face de l'autre, les deux garçons se regardaient dans les yeux sans rien dire. Pour le jeune consultant, il était hors de question qu'il s'excuse pour s'être emporté. Cette fois, il ne courberait pas l'échine.
D'accord, soupira le fantôme après de longues minutes de silence. Tu as gagné.
— Ce n'est pas un jeu Yoongi.
La voix du blond n'avait plus rien de colérique, il était surtout blessé par le manque de respect dont faisait preuve son ami.
Je ne recommencerais plus, promis.
— Tu n'as pas intérêt parce que sinon je te jure que je te renvoie là-bas. Et pour toujours cette fois ! le menaça Jimin.
Le mentholé pouvait voir à son expression dure qu'il ne plaisantait pas, alors même s'il ne regrettait pas son geste et qu'il ne comptait pas s'excuser, il hocha la tête.
Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer ! jura le fantôme en levant la main droite.
Jimin eut envie de rire, mais il ne le fit pas. À la place, il garda son expression froide et distante.
C'est bon, arrête de faire la gueule. Promis, je ne recommencerai pas, mais pitié, embrasse toutes les personnes de cette terre, sauf lui. Ce mec ne te mérite pas.
Le médium soupira, avant de se laisser tomber sur le fauteuil qui se trouvait dans le coin de la pièce.
— Tu peux partir s'il te plaît, demanda le blond dans un murmure.
Comme tu voudras.
— Et je t'interdis de traîner dans les parages en mode invisible. Tu t'en vas Yoongi, je ne plaisante pas.
Oui ça va, j'ai compris, râla le concerné, une moue boudeuse sur les lèvres.
Comme toutes les autres fois, le fantôme s'évapora comme la fumée d'une cigarette emportée par le vent.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Sa journée de congés était passée aussi rapidement que Jimin l'avait espéré. Il était resté dans sa chambre, sous ses draps, à regarder une série. Le peu de fois où il avait quitté son cocon pour se rendre dans la cuisine, il avait croisé Jungkook qui vaquait à ses occupations. Le brun avait bien remarqué que son colocataire l'évitait comme la peste, alors ne voulant pas le mettre mal à l'aise, il décida de suivre le courant.
Les trois jours qui suivirent furent similaires. Jimin resta dans sa bulle, parlant seulement lorsque c'était nécessaire. Lassé par son silence, Jungkook avait repris ses vieilles habitudes. Si son cadet l'évitait, à quoi bon être dans le même appartement ?
Au poste, rien n'avait changé. Taehyung travaillait le plus souvent en binôme avec Lian, alors que la rouquine allait sur le terrain avec Jungkook. Le lieutenant n'était toujours pas rentré et Jimin commençait sérieusement à ressentir le manque de son ami. Ces murs semblaient si vides sans lui, encore plus maintenant que le tatoué n'était jamais là.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Ce vendredi débutait dans un silence de plomb. Assis face à l'îlot, sa tasse posée près de son ordinateur, Jimin se baladait sur la base de données de la police, plus précisément dans le fichier des enquêtes classées sans suite. Même s'il avait déjà fait ces recherches des centaines de fois, il tentait chaque jour de retrouver le dossier sur le meurtre de son meilleur ami, mais en vain.
Il faudrait peut-être qu'on aille faire un tour dans les archives. Mon dossier y est peut-être ? supposa Yoongi, assis sur le plan de travail à l'autre bout de la cuisine.
— Pour ça, il me faudrait un pass et je n'en ai pas, répondit Jimin en prenant une gorgée de sa boisson chaude. Tu peux descendre de là, s'il te plaît, c'est dégoutant que tu poses tes fesses là où on cuisine !
Je suis mort Jimin, mes fesses ne peuvent plus rien faire à ce joli plan de travail en granit, répliqua le fantôme d'un air blasé.
— C'est vrai, gloussa le blond.
Tu pourrais voler le pass de Jungkook. Autant qu'il serve à quelque chose.
— Je pourrais, mais s'il le découvre, je suis un homme mort.
Mais non, tu n'auras qu'à lui faire des yeux de chien battu, comme ça il aura de nouveau envie de t'embrasser et oubliera sa colère, le piqua Yoongi.
Face à cette attaque, le médium leva les yeux au ciel sans répondre. Il n'avait pas envie de rentrer dans le jeu de son meilleur ami. Il avait encore moins envie de reparler de ce presque baiser, il voulait même l'oublier.
Relax, je te charrie. Et si tu demandais à Tae ? Il ne peut rien te refuser, ou ce beau gosse là... comment il s'appelle ?
— Lian ? demanda Jimin confus.
Lian c'est ça ! Je l'aime bien lui, confessa le fantôme en balançant ses jambes dans le vide.
— Je pourrais.
Ou la rouquine. J'ai l'impression qu'elle t'apprécie.
— Rose est beaucoup trop proche de Jungkook. Je ne veux pas prendre le risque qu'elle aille lui dire ce qu'on fait, refusa le médium.
Donc, il nous reste Lian ou Taehyung.
— Taehyung va poser trop de questions. Je demanderai à Lian demain.
Tu ne travailles pas aujourd'hui ? questionna le fantôme.
— Non, on était de garde hier soir, alors je suis en repos.
À quoi ça sert que tu fasses les gardes de nuit, tu n'es même pas un vrai flic.
— Merci pour ta considération, cracha Jimin, vexé. Je n'ai certes pas de plaque, mais je tiens quand même à travailler autant que mes collègues. Alors si Jungkook ou Taehyung sont de garde, moi aussi.
Qu'est-ce que tu peux être susceptible ce matin, soupira Yoongi.
— J'ai dormi à peine trois heures, alors oui, je suis susceptible, mais il faut dire que tu ne m'aides pas non plus !
Eh bien quand grincheux aura retrouvé sa bonne humeur, tu m'appelles hein.
Sans laisser le temps à son meilleur ami de répondre, le mentholé s'évapora, laissant le médium seul.
— C'est ça, soupira-t-il en venant reposer son front contre la paume de sa main.
Jimin resta de longues minutes ainsi, jusqu'à ce que son moment de paix soit interrompu par le bruit du digicode de la porte d'entrée. Intrigué, le blond se pencha légèrement sur le côté afin d'apercevoir celui qui venait de pénétrer dans le petit sas et vit Taehyung. Ce dernier retirait ses chaussures dans le plus grand des silences, voulant éviter de réveiller ses deux amis qui dormaient sûrement encore.
— Salut, fit le médium lorsque son aîné quitta le hall d'entrée.
— Bonjour, tu es déjà réveillé, s'étonna Taehyung.
— Oui, j'ai du mal à dormir en ce moment, confessa le plus jeune. J'ai fait du café, tu en veux ?
— Volontiers.
Sans attendre que le lieutenant n'aille se servir, Jimin sauta de son tabouret et sortit une tasse qu'il vint remplir de ce breuvage noir et amer. Il la donna ensuite à Taehyung qui était venu le rejoindre dans la pièce.
— Merci, fit le châtain avec douceur. Tu veux parler de ce qui t'empêche de dormir ?
— Non, répondit le médium. Ce n'est rien de grave, je crois que je réfléchis trop.
— D'accord, acquiesça simplement Taehyung ne voulant pas insister. Comment ça se passe ici ?
— La routine, soupira Jimin en retournant s'asseoir devant son ordinateur. Jungkook fait sa vie et moi bien... Je traîne ici et là. Tu reviens quand ?
Avant que son ami ne vienne le rejoindre, le jeune consultant quitta la base de données de la police avant de totalement fermer son ordinateur.
— Je ne sais pas, pour le moment, je préfère rester encore un peu en retrait. Comment il est avec toi ?
Jimin ne répondit pas tout de suite à la question, les yeux rivés sur ses mains, il cherchait les bons mots pour ne pas éveiller les soupçons de son ami. Il ne voulait pas que Taehyung sache ce qui s'était passé. Il en ignorait la raison, surtout par pudeur, mais il ne voulait pas que son aîné le regarde différemment. Après tout, le blond avait lui aussi, eu envie d'embrasser Jungkook, il avait désiré la bouche de cet homme qui lui menait la vie dure.
C'était peut-être cela, la raison pour laquelle Jimin évitait le plus possible le tatoué, peut-être parce qu'il venait de réaliser qu'il avait été attiré par un homme. C'était si nouveau pour lui. Jusqu'à présent, il n'avait ressenti aucune attirance, que ce soit pour un homme ou une femme. Il en était même venu à se demander s'il était normal. Après tout, les personnes qui l'entouraient semblaient si libres sexuellement, alors que lui, rien que l'idée d'être touché par quelqu'un, faisait naître une angoisse qui lui tordait les tripes. Enfin ça, c'était jusqu'à ce fameux soir où il s'était retrouvé collé contre le corps du commandant qui avait réveillé quelque chose en lui.
— Jimin ? appela Taehyung, inquiet du silence de son cadet.
— Oui, pardon. Il est correct ne t'en fais pas.
— Je suis rassuré, j'avais peur qu'il ne déverse sa mauvaise humeur sur toi.
— Non, il ne l'a pas fait, je te rassure, gloussa Jimin sans aucune joie. On se voit rarement. En général, il me dépose après le travail et s'en va je ne sais où, et rentre au milieu de la nuit ou tôt le matin. Cela nous laisse peu de temps pour nous entretuer.
— C'est vrai, mais c'est peut-être mieux ainsi.
Jimin haussa simplement les épaules. Leur conversation fut interrompue par des bruits de pas provenant du couloir qui desservait les chambres. Même s'il avait une petite idée de l'identité de la personne qui venait d'apparaître, les deux amis se tournèrent en direction du bruit. Suivi de Zeus, Jungkook traversa le salon pour aller directement ouvrir la baie vitrée afin que le berger allemand aille se dégourdir les jambes et faire ses besoins.
— Bonjour, fit Taehyung lorsqu'il marcha vers eux.
Vêtu seulement de son jogging et grattant ses yeux mi-clos, le tatoué bâilla de toute son âme avant de venir décoiffer sa tignasse noire déjà désordonnée.
— Salut, répondit finalement ce dernier alors qu'il venait d'entrer dans la cuisine. Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je suis venu récupérer quelques affaires et voir comment vous alliez.
— Merci de ton inquiétude, répliqua le commandant en venant se servir un café.
Bien qu'il soit encore dans le brouillard, le ton de Jungkook était débordant de sarcasmes, mais Taehyung décida de ne pas en tenir compte. S'il voulait se réconcilier avec son meilleur ami, il devait être patient.
— Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui ? demanda Jimin.
— Ça y est, tu décides de me parler maintenant ?
Le médium s'apprêtait à répondre lorsqu'il fut coupé par la petite mélodie de leur sonnette qui résonna dans l'appartement. Les trois amis se regardèrent avec confusion, se demandant qui pouvait bien venir sonner à leur porte un vendredi matin.
— J'ai compris, je vais ouvrir, soupira Jimin en voyant qu'aucun de ses aînés ne semblait disposé à bouger.
— Bon garçon, se moqua Jungkook.
— Je t'emmerde Jeon, répliqua le cadet, déclenchant un rire franc chez Taehyung.
— Quel insolent, grommela le tatoué.
— Ça, il l'a appris avec toi, lança le lieutenant.
En entendant la répartie de son meilleur ami, le commandant roula des yeux avant de prendre une gorgée de sa boisson chaude.
Dans le hall, Jimin s'apprêtait à ouvrir la porte, mais avant cela, il souleva la petite plaque qui recouvrait le judas et regarda à travers. Derrière le morceau de verre grossissant se trouvait une femme d'une cinquantaine d'années. Il observa son visage quelques secondes avant qu'il ne réalise qui se tenait de l'autre côté du battant en bois.
Sans ouvrir la porte, le blond se précipita dans la cuisine où ses deux amis l'attendaient.
— T'as vu un fantôme ou quoi ? lança Jungkook en voyant la mine surprise de son colocataire.
— Non, par contre, je crois que c'est votre mère qui vient de sonner.
Dès que ses mots quittèrent sa bouche, les deux hommes se regardèrent avant que Taehyung ne se précipite vers la porte d'entrée. Jungkook, lui, posa sa tasse et courut vers sa chambre. Jimin ne comprenait pas vraiment pourquoi ses deux colocataires semblaient subitement si paniqués.
— Maman ! Papa ! Qu'est-ce que vous faites là ? s'exclama la voix du lieutenant depuis le sas d'entrée.
S'il y avait bien une chose à laquelle le châtain ne s'attendait pas en se levant ce matin, c'était de voir ses parents débarquer chez lui, alors qu'ils n'étaient pas venus depuis plus de trois ans.
— Surprise ! s'écria la mère de famille.
— C'est sûr que c'est une surprise, répliqua Taehyung dans un murmure alors que cette dernière le prenait délicatement dans ses bras.
Lorsqu'il fut enfin libre, le lieutenant posa son regard sur son père qui vint l'enlacer à son tour.
— Bonjour papa.
— Bonjour champion, répondit le cinquantenaire avant de se reculer.
En hôte exemplaire, Taehyung invita ses parents à le suivre. Lorsqu'ils arrivèrent dans la pièce de vie, tous les regards se posèrent sur Jimin qui se trouvait debout, près de l'îlot, droit comme un piquet.
Ce dernier détailla rapidement les deux visiteurs, les joues légèrement rougies par l'attention dont il faisait l'objet. La femme qu'il savait être la mère de Taehyung, arborait de jolis cheveux roux qui étaient bien évidemment une coloration. Sa peau, qui était plus pâle que celle de son fils, laissait entrevoir de légères taches de rousseur sur le haut de ses joues et l'arête de son nez. Maintenant, Jimin savait de qui Taehyung tenait ses grands yeux marron foncé.
À ses côtés se tenait un homme plus grand. Ce dernier avait les cheveux aussi noirs que la nuit et ses yeux n'étaient en rien plus clairs. Le brun portait de jolies lunettes rondes qui donnaient un aspect plus doux à son visage.
— Jimin, je te présente mes parents, Kim Min-ji et Kim Nam-kyun. Papa, maman, je vous présente Park Jimin, les présenta le châtain, gêné.
— Alors, c'est toi le fameux Jimin. Nous avons beaucoup entendu parler de toi, fit Min-ji en avançant vers le blond, un sourire rempli de douceur sur les lèvres.
— Ravi de vous rencontrer madame Kim, répondit le blond en s'inclinant profondément.
— Appelle-moi Min-ji, s'il te plaît.
— D'accord, acquiesça timidement le plus jeune.
— Ravi de faire enfin ta connaissance Jimin, intervint monsieur Kim en venant serrer la main du blond.
— De même, monsieur.
Une fois les présentations faites et quelques banalités échangées, madame Kim observa les alentours, visiblement à la recherche de quelque chose, ou plutôt de quelqu'un.
— Ton frère n'est pas là ? demanda-t-elle.
— Si, il doit être sous la douche, répondit Taehyung.
Comme s'il avait entendu que l'on parlait de lui, Jungkook apparut à ce moment-là. Il avait troqué son jogging contre un jean noir et un t-shirt de la même couleur, mais ce qui marqua Jimin, fut le gilet qu'il avait enfilé, et ce, malgré les hautes températures de cette journée de juillet.
— Quand on parle du loup, intervint Nam-kyun, un sourire aux lèvres.
— Mon dieu qu'il est beau ! s'exclama Min-ji en marchant vers son fils adoptif
— Bonjour m'man, gloussa le tatoué en venant prendre la femme dans ses bras.
— Que tu m'as manqué.
— Toi aussi, confessa le commandant à voix basse.
Satisfaite de ce contact, la mère de famille se recula pour laisser son époux venir saluer leur deuxième fils.
— Bonjour p'pa, le salua Jungkook en venant l'enlacer rapidement.
— Bonjour mon garçon.
— Il est nouveau ce piercing ? interrogea Min-ji après avoir examiné le visage du tatoué sous tous les angles.
— Oui, je l'ai fait la semaine dernière. Je sais ce que tu vas dire, souffla le commandant s'attendant déjà à un sermon.
— Je n'ai rien dit ! C'est ton corps, tu fais bien ce que tu veux. Allez, retire-moi ce gilet, il fait quarante degrés dehors. En plus, si c'est pour cacher tes tatouages ce n'est pas la peine, je suis au courant.
— Comment tu le sais ? demanda le brun confus.
— Instagram mon chéri. J'ai vu la dernière photo que tu as postée. Tu étais très beau d'ailleurs. Qui était la jolie rousse avec toi ?
— Tu sais te servir d'Instagram ? la taquina Taehyung, avant que Jungkook ne puisse répondre à la question.
— Mais, vous me prenez pour une vieille personne ! s'indigna la mère de famille. Je sais surfer sur le web !
— Elle a dit surfer sur le web, se moqua Jungkook en regardant son meilleur ami qui tentait de retenir un rire.
— Oui, j'ai entendu ça aussi, surenchérit le lieutenant.
Essayant de rester sérieuse face aux taquineries de ses garçons, Min-ji leva son sac à main et vint frapper doucement le biceps de son fils adoptif.
— Bande de petits-
— Maman, ton langage ! la charia Taehyung en levant son index, stoppant ainsi sa génitrice avant qu'il ne subisse le même sort que son meilleur ami.
Le châtain savait à quel point sa mère était à cheval sur la politesse. La doyenne ne supportait pas d'entendre ses enfants jurer et le lieutenant n'hésiterai pas à se servir de ça à son avantage.
— Enfin, tout ça pour dire que tu n'as pas besoin de te cacher avec nous, Jungkook. Tu le sais bien, nous t'avons toujours soutenu et accepté tel que tu étais, reprit Min-ji lorsque les rires s'estompèrent.
— Je sais, répondit le concerné en venant enlacer brièvement la femme qui l'avait élevé.
Jungkook était soulagé d'entendre ces mots prononcés par la personne qu'il aimait le plus sur cette terre. Kim Min-ji était sa mère. Il ne partageait pas le même sang, mais le tatoué avait appris il y a des années déjà que les liens sanguins ne faisaient pas la famille. Lorsque ses parents étaient décédés dans cet accident de voiture, Nam-kyun et elle n'avaient pas hésité une seule seconde à le recueillir, lui évitant ainsi une vie de misère dans un orphelinat, où il aurait sûrement passé une grande partie de sa vie. Malgré le peu de revenus qu'ils avaient, le petit garçon qu'il était, n'avait manqué de rien et surtout pas d'amour.
À l'adolescence, lorsqu'il avait découvert sa bisexualité, le tatoué avait redouté le moment d'en parler à ses parents adoptifs. Il ne voulait pas se cacher, mais il était terrifié. Il savait bien que ce sujet était encore tabou dans de nombreux foyers, mais Taehyung l'avait convaincu. Le châtain lui avait promis que cela ne changerait rien à l'amour que leurs parents lui portait. Bien-sûr, le lieutenant avait vu juste. La réponse de sa mère lorsqu'il avait annoncé cela autour d'une soupe aux algues ? " C'est bien, maintenant mange avant que ta soupe ne refroidisse." Nam-kyun, lui, avait simplement dit que tant qu'il était heureux, c'était tout ce qu'ils voulaient.
Un peu plus loin, dans la cuisine, Jimin observait cette scène débordante de douceur et se sentit subitement de trop.
— Tae, je vais aller au poste et vous laisser en famille, murmura ce dernier.
— Quoi ? Pourquoi ?
— Je me sens un peu en trop et puis vous avez besoin de vous retrouver.
Le ton de sa voix fit comprendre à Taehyung qu'il ne changerait pas d'avis, alors ce dernier lui offrit un sourire désolé et hocha la tête. Le plus discrètement possible, Jimin attrapa son ordinateur qui se trouvait sur l'îlot et se dirigea vers sa chambre. Alors qu'il se laissa tomber sur son lit, le blond se mit à repenser aux paroles que Min-ji avait eues à l'attention de Jungkook et son cœur se comprima violemment dans sa poitrine.
Madame Kim était si douce avec ses deux garçons, même avec lui, alors qu'elle ne le connaissait que depuis quelques minutes. Elle était si bienveillante et Jimin réalisa qu'il n'avait jamais connu ça. Il se rendit compte à quel point le contact et l'amour d'une mère lui manquaient. Pourquoi n'avait-elle jamais été aussi tendre avec lui ? Pourquoi ne se souvenait-il pas de la dernière fois qu'elle lui avait dit qu'elle l'aimait ? Le médium savait qu'il n'aurait probablement jamais de réponses à toutes ses questions.
Sentant une larme rouler sur sa joue, Jimin vint l'évincer d'un geste rapide. Il refusait de pleurer, surtout pour cette femme qui l'avait abandonné. Il devait se convaincre que jamais, il n'aurait le droit à des parents aimants, c'était ainsi et cela ne changerait pas.
Se maudissant d'être si pathétique, le blond se leva puis retira son jogging et son t-shirt pour enfiler une tenue plus convenable. Jimin ne devait pas travailler aujourd'hui, mais il voulait profiter que ses colocataires étaient absents pour mener sa petite enquête dans les archives du commissariat.
Après avoir enfilé un jean clair et un t-shirt blanc, le médium quitta la pièce pour se rendre dans la salle de bain. Lorsqu'il passa dans le couloir, il put entendre les différentes voix qui provenaient de la cuisine. Ses deux colocataires et leurs invités semblaient rattraper le temps perdu.
Une fois prêt, le blond prit son téléphone et ouvrit son répertoire. Il n'avait que onze contacts enregistrés et ce n'étaient que ses collègues de travail. Ce détail démontrait bien à quel point son cercle social était quasi inexistant. Dans un soupir las, il sélectionna le numéro de Lian et lança l'appel. L'inspecteur décrocha à la première tonalité et Jimin pria pour qu'il accepte ce qu'il s'apprêtait à lui demander.
— Bonjour Jimin, fit le brun d'un ton enjoué.
— Bonjour Lian, gloussa le plus jeune. Je suis désolé de te déranger, mais est-ce que tu pourrais venir me chercher ?
— Tu n'es pas censé être en repos aujourd'hui ?
— Si, j'avais simplement besoin de prendre l'air, murmura Jimin en s'adossant contre la paroi de la douche.
Il se sentit subitement stupide de déranger son collègue alors que ce dernier travaillait, simplement pour assouvir un caprice. À l'autre bout du fil, Lian était très silencieux, ce qui ne fit qu'accroître ce sentiment désagréable dans la poitrine du blond.
— Laisse tomber, fit Jimin avec un rire sans joie. Je suis un peu fatigué, je te laisse travailler, excuse-moi de t'avoir dérangé.
— Tu ne me déranges pas Min. Je serai là dans dix minutes.
— Merci, répondit le blond, soulagé.
— Je t'envoie un message quand je serai devant.
— D'accord, à tout à l'heure.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Lorsque Jimin reçut le message de son ami, lui informant de son arrivée, il quitta sa chambre d'un pas rapide pour aller saluer les parents de Taehyung et informer ses colocataires de son départ. Quand il arriva dans la cuisine, sa sacoche en cuir dans la main et son portable dans l'autre, les regards de Jungkook et Taehyung se posèrent sur lui.
— Tu sors ? demanda Jungkook.
— Oui, je vais au poste.
— Au poste ? Tu es en repos, lui rappela le tatoué.
— Je sais, mais j'ai encore des rapports à taper.
— Comment tu y vas ? questionna Taehyung en connaissant la véritable raison de ce départ.
Avant que Jimin n'ait le temps de répondre, la sonnette retentit de nouveau dans l'appartement. Les sourcils froncés, le lieutenant alla ouvrir et lorsqu'il revint dans la pièce de vie, Lian se tenait à ses côtés.
— Maman, papa, je vous présente Peak Lian, c'est un collègue du bureau. Lian, je te présente mes parents.
— Enchanté de vous rencontrer, fit l'inspecteur en s'inclinant profondément avant de se tourner vers Jimin. On y va ?
— Oui, lui sourit le blond en s'approchant.
Gentiment, Lian tendit sa main dans sa direction, lui proposant silencieusement de le débarrasser de sa sacoche. Le médium hocha la tête, puis reporta son attention sur les parents de Taehyung qui les observaient.
— Je suis désolé de partir maintenant. J'ai été ravi de faire votre connaissance, j'espère vous revoir avant votre départ.
Un sourire chaleureux sur les lèvres, madame Kim s'avança vers lui et le prit délicatement dans ses bras.
— Bien-sûr qu'on se reverra. Bon courage pour le travail.
— Merci Min-ji, vous également.
Monsieur Kim le salua d'un hochement de tête puis ses yeux se posèrent sur Jungkook qui le regardait, la mâchoire serrée. Un frisson étrange parcourut la colonne vertébrale du blond sous l'intensité de ses prunelles noires qui ne le quittaient pas. Il ignorait pour quelle raison son colocataire le sondait ainsi, mais une partie de lui ne voulait pas savoir.
— Il faut qu'on y aille Min, Rose nous attend au poste, intervint Lian d'une voix tendre.
À quelques pas, le commandant ne put s'empêcher de rouler des yeux, mais ce qui le fit grincer des dents, fut la main de son subordonné qui vint se poser dans le dos de son ami. De nouveau, le blond hocha la tête et ils quittèrent l'appartement.
Lorsque la porte fut fermée, Jungkook tourna les talons et s'apprêta à rejoindre le salon quand la voix de sa mère adoptive fendit l'air.
— Son petit ami est drôlement mignon et il a l'air très gentil en plus.
En entendant cela, le corps du commandant se figea et il pivota brusquement vers la femme.
— Petit ami ? répéta ce dernier, confus.
— Ce n'est pas son petit ami maman, rectifia Taehyung avec un petit rire amusé, tout à l'inverse de son meilleur ami qui avait troqué ses globes oculaires contre des fusils d'assaut.
— Vraiment ? Dans ce cas, ça ne saurait tarder Je connais ce genre de regard, gloussa Min-ji, qui n'avait rien loupé de la réaction de son fils adoptif.
Jungkook pouffa amèrement avant de se laisser tomber sur le canapé. Lian et Jimin ensemble ? Était-ce une possibilité ? Non, Jimin était bien trop réservé pour cela, enfin, c'était ce qu'il se répétait en boucle.
À quelques kilomètres de l'appartement, la BMW noir de l'inspecteur slalomait entre les autres véhicules. Un silence apaisant s'était installé entre les deux hommes après qu'ils aient échangé quelques banalités.
— Alors, qu'est-ce qui s'est passé pour que tu veuilles aller travailler alors que tu es en repos ? demanda Lian pour relancer la conversation.
— Rien de spécial. Les parents de Tae sont arrivés par surprise ce matin. Je voulais les laisser un peu en famille.
— L'ambiance est toujours aussi tendue entre Jungkook et Tae ?
— Oui, Jungkook ne décolère pas.
— Ça lui passera, assura l'inspecteur.
— J'espère, soupira Jimin.
Lian lui offrit un sourire rassurant.
— Dis, toi qui les connais depuis longtemps, est-ce que ça arrive souvent qu'ils se disputent comme ça ? demanda le blond.
— Non. Enfin, pas aussi violemment. Ils ont des caractères opposés, alors ça arrivait très souvent qu'ils soient en désaccord, mais c'est la première fois qu'ils en arrivent au point de ne plus travailler ensemble.
Cette réponse eut pour effet d'accroître le sentiment de culpabilité qui n'avait pas quitté le jeune consultant.
— Eh, qu'est-ce qu'il y a ? questionna Lian en voyant la mine attristée de son collègue.
— Rien, mentit Jimin en détournant le regard vers le paysage qui défilait rapidement.
— Ne t'en fais pas pour eux, je suis sûr que dans quelques jours toute cette histoire sera oubliée.
— Hum hum.
Cette réponse mit fin à leur conversation, pourtant le brun ne voulait pas qu'elle se termine. Ses moments seuls avec Jimin étaient rares, alors il voulait en profiter. La petite voix dans sa tête lui répétait sans cesse de se jeter à l'eau, de lui faire cette proposition qui trottait dans son esprit depuis quelques semaines.
— Si tu as envie de te changer les idées, on pourrait aller au cinéma un soir ? proposa Lian, embarrassé.
Assis sur le siège passager, le blond tourna la tête vers son ami. Dire qu'il était surpris par cette invitation était vrai, mais il était aussi touché par l'attention. Attendant patiemment une réponse, le brun sentait son cœur pulser dans ses tempes tant il était anxieux. Il savait qu'il avait cinquante pourcents de chance que Jimin refuse, et si cela arrivait, il l'accepterait sans rechigner.
— Ça fait un bail que je ne suis pas allé au cinéma, répondit Jimin.
— C'est un oui ou non ? ricana Lian les joues légèrement teintées.
— Oui, pourquoi pas. Quand est-ce que tu veux y aller ?
— Ce soir ?
— D'accord, accepta Jimin.
Est-ce que Lian avait envie de crier de joie tel un adolescent ? Oui, mais bien-sûr, il ne le fit pas. À la place, il affiche un sourire béat avant de se concentrer sur la route.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Jimin avait passé une grande partie de l'après-midi avec Lian. Les deux hommes travaillaient ensemble sur une enquête qui était en train de rendre chèvre le jeune inspecteur. Côte à côte, ils tentaient de reconstituer numériquement une page qui avait été déchirée et retrouvée sur la scène de crime.
— Je crois que ça, ça va là, fit Jimin en posant son index sur la vitre tactile.
— Bien joué, le complimenta Lian. Je ne suis pas vraiment doué pour les puzzles.
— Moi j'adore ça, confessa le blond sans quitter l'écran des yeux.
Son aîné, lui, ne décrochait pas ses yeux sombres de son visage qu'il trouvait de plus en plus parfait.
— Celle-là va ici, reprit le plus jeune avant de froncer les sourcils. Ah non, soupira-t-il, une moue de déception sur les lèvres. Celle-là alors.
— J'ai regardé le programme du cinéma. Il y a des films interressantss, lança subitement Lian.
Concentré sur son travail, Jimin leva la tête pour regarder son voisin qui le sondait déjà avec un petit sourire gêné.
— Je t'écoute.
Sans perdre son éternel sourire, le brun sortit son portable de sa poche et ouvrit l'application du cinéma.
— Alors, il y a Switch, Gangnam Zombie, Tales Of Nobody, Phantom-
— Hum, non, pas Phantom, le coupa Jimin.
— D'accord, ricana le brun. Après, on a les films américains. Donc, Scream 6.
— J'en ai vu aucun, informa le blond avec un petit rire gêné, caché derrière sa main.
— Ok, John Wick 4 ?
Sans même que Jimin n'ait besoin de parler, l'inspecteur comprit que la réponse était la même.
— D'accord, gloussa le plus vieux. Mission impossible alors ?
Le médium baissa les yeux, les joues rougies. Un rire franc quitta les lèvres de son ami, ce qui ne fit qu'augmenter sa gêne.
— Je suis désolé, ce n'est pas très amusant de sortir avec moi. Je suis vraiment en retard en ce qui concerne le cinéma.
— Mais non, t'en fais pas, le rassura Lian avec douceur. On peut aller voir Gangnam Zombie ? J'ai vu la bande d'annonce, il a l'air cool.
— Oui, pourquoi pas, répondit Jimin sans perdre son rougissement.
— Adjugé alors. La séance de vingt-deux heures, ça te va ?
— Parfait ! Tu viens me chercher, ou je prends le bus et je te rejoins là-bas.
— Je viens te chercher, répondit Lian.
Le blond hocha la tête, avant que son attention ne se porte sur un morceau de plastique blanc qui se trouvait derrière son ami. Curieux, il se baissa et le prit, avant de le retourner et de comprendre qu'il tenait entre ses doigts le pass de Lian.
La petite voix dans sa tête lui dictait de voler ce morceau de plastique. S'il voulait avoir accès aux archives, ce badge était la solution. Mais cela voudrait aussi dire qu'il briserait la confiance qu'il avait établie avec le brun et il ne voulait pas.
— Tu as fait tomber ça, fit-il en tentant l'objet à son propriétaire.
— Oh merci, le remercia Lian.
— Tu penses que j'en aurai un, un jour ?
— Un pass ? questionna le brun en rangeant le badge dans la poche de son jean.
— Oui.
— Je ne sais pas. C'est une question que tu devrais poser à Jungkook, c'est notre supérieur, il saura te répondre. Où alors, tu peux aller voir Lim directement.
— Hum, répondit Jimin en baissant les yeux sur la table tactile.
— Pourquoi as-tu besoin d'un pass ? demanda l'inspecteur en voyant que sa réponse n'était pas ce que l'autre homme aurait voulu entendre.
Jimin ne répondit rien, il continua de fixer l'écran en réfléchissant aux mensonges qu'il allait devoir inventer. Enfin, était-il obligé de le faire ? Pourquoi ne pouvait-il pas dire la vérité ? Peut-être que Lian accepterait de l'aider ? Le blond n'aimait pas les suppositions, mais il devait absolument profiter de l'absence de ses deux colocataires pour se rendre aux archives, alors il se jeta à l'eau.
— J'ai besoin d'aller dans les archives, avoua Jimin.
— Les archives ? Pourquoi faire ? Si c'est pour une enquête sur laquelle tu travailles avec Jungkook ou Tae, ils peuvent y avoir accès avec leurs badges.
— Non, c'est... c'est personnel.
— Ça a un rapport avec les recherches que tu faisais la dernière fois ? demanda le brun avec douceur.
— Oui. Je sais que c'est beaucoup demandé, mais est-ce que tu pourrais me prêter le tien ?
— Tu veux me dire de quel dossier il s'agit ?
— Est-ce que ça changera ta réponse ?
— Non, lui sourit Lian. Mais si tu veux en parler, je suis là. Je vois bien que ce dossier t'obsède un peu ces derniers temps alors, je suis curieux.
— Je n'ai pas effacé l'historique de recherches, si tu voulais réellement savoir, il te suffisait de fouiller.
— C'est vrai, mais cela reviendrait à dire que je t'espionne ou que je ne te fais pas confiance, ce qui n'est pas le cas. Je préfère que tu me le dises, si tu en as envie bien sûr.
Le cœur de Jimin se comprima dans sa poitrine à l'entente de ses mots. Pourquoi cet homme était toujours si gentil et attentionné avec lui ? Le blond voulait en parler. Il voulait se confier à quelqu'un d'autre qu'au fantôme de son meilleur ami, mais Lian mettrait-il son devoir de côté pour l'aider dans son plan de vengeance ? Non, il ne voulait pas le mêler à ça. Cette histoire était bien trop sordide et étrange. Il devait se débrouiller seul.
— Ne m'en veux pas, mais je ne peux pas t'en dire plus. J'ai juste besoin d'aller vérifier quelque chose.
— Je ne t'en veux pas. Tu es libre de ne pas vouloir me le dire. En revanche, je suis désolé, je ne peux pas te donner mon pass.
Jimin s'y attendait. D'après ce qu'il avait compris, ces badges laissaient des traces informatiques à chaque fois qu'ils étaient scannés. Alors peut-être que le brun ne voulait pas s'attirer d'ennuis.
Le blond avala sa déception et afficha un sourire forcé.
— Ce n'est pas grave, fit le médium.
— Je ne peux pas te le donner, car il faut une raison valable pour sortir un dossier des archives. La surveillance a été renforcée après que quelqu'un ait fait disparaître certains rapports et certaines preuves de la salle des scellés. Le seul moyen d'aller le chercher serait que l'enquête soit ouverte à nouveau, ou que l'affaire soit en lien avec une enquête en cours.
— Je comprends, ne t'en fais pas, le rassura Jimin avec un sourire.
— Par contre, commença l'inspecteur en se rapprochant pour reprendre d'une voix basse. Jungkook peut le faire. Avec son grade, il détient le niveau d'accès le plus élevé. Personne ne poserait de questions.
Le jeune médium enregistra cette information dans son esprit et alors qu'il s'apprêtait à répondre, la porte s'ouvrit sur Rose qui revenait du laboratoire.
— Qu'est-ce que vous faites les beaux gosses ? demanda la rouquine d'un ton taquin.
— On reconstitue les pages retrouvées sur la scène de crime, répondit Lian.
— Ça donne quelque chose ?
— Non pas vraiment, pour le moment, c'est encore le bordel. Heureusement que Jimin est là, il est très doué en puzzle.
Rose posa ses yeux émeraude intenses sur lui, le faisant rougir.
— Je suis sûr que notre petit Jimin est doué pour plein de choses, lança la jeune femme d'une voix plus suave que d'ordinaire. Je me répète, mais cette coupe de cheveux et cette couleur te vont à ravir. Il est tellement sexy comme ça, tu ne trouves pas ?
La question de la rouquine était adressée à son coéquipier qui contempla leur cadet quelques secondes.
— Si, ça te va très bien, le complimenta Lian.
Le feu qui empourprait les joues du blond ne fit qu'augmenter, colorant ses oreilles et le bout de son nez par la même occasion.
— Ok, ça suffit, mon visage va exploser si vous continuez ! s'exclama le médium en recouvrant ses joues de ses mains.
Ses deux amis furent pris d'un rire franc, fiers d'avoir mis leur collègue mal à l'aise. Jimin fut sauvé par son téléphone qui se mit à sonner depuis sa poche arrière. S'excusant auprès de ses aînés, il sortit l'appareil pour y voir le nom de Jungkook affiché sur l'écran. Il vit ensuite l'heure et devina quel allait être leur sujet de conversation.
— Allo.
— Où es-tu ? demanda Jungkook.
Jimin pouvait deviner aux voix qu'il entendait derrière son colocataire que leurs parents étaient encore là, mais ce qui agaçait légèrement le blond, c'était le ton que son colocataire venait d'employer. Il ne l'avait pas en face de lui et pourtant il pouvait deviner quelle tête il devait avoir à ce moment précis. Son visage était sûrement dénué d'expression, son corps tout entier crispé et son humeur sûrement massacrante. Cela ne lui donnait pas du tout envie de rentrer.
— Au poste. Pourquoi ?
— On dîne dans moins d'une heure. Tâche d'être à l'heure.
Et ce fut sans dire un mot de plus ou laisser le temps à son interlocuteur de répondre que le tatoué raccrocha.
— Fait chier, grogna le blond.
— Tout va bien ? demanda Lian.
— Oui, Jungkook est encore d'humeur massacrante, soupira Jimin avant de marcher vers son bureau. Il faut que j'y aille. Si je veux être à l'heure pour le dîner et éviter de me faire égorger par grincheux, je dois prendre le prochain bus.
Derrière lui, le cadet put entendre ses deux amis rire, visiblement, le fait qu'il puisse se faire tuer par un Jungkook de mauvaise humeur les amusait énormément.
— Je te ramène, annonça Lian en venant à sa rencontre.
— Ne te sens pas obligé, je peux prendre le bus.
— Je ne me sens pas obligé, il faut que je rentre aussi.
— D'accord, lui sourit Jimin en quittant le bureau. À demain Rose, bonne soirée.
— À demain beau gosse, dit à Kook de m'appeler s'il a besoin de se détendre, lança la jeune femme avec un haussement de sourcils subjectif qui fit rire ses deux amis.
— Je n'y manquerai pas, ricana le blond en se dirigeant vers la sortie, Lian sur des talons.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Lorsque Jimin passa la porte de l'appartement, la première chose qui le frappa fut une bonne odeur de cuisine qui fit gronder son estomac. L'autre chose qui le fit tiquer, fut la paire de bottines à talon en daim qui était placée juste à côté des rangers de Jungkook. Il savait à qui elle appartenait et au fond de lui, le jeune consultant était rassuré de savoir que Lilith était présente. Il ne voulait pas se retrouver seul avec les parents de ses amis bien qu'il les trouvait très gentils.
— Je suis rentré, annonça-t-il en avançant dans le petit sas pour apparaître devant la cuisine ouverte.
Madame Kim s'y trouvait, bougeant doucement au rythme de la musique de fond qui l'accompagnait pendant qu'elle cuisinait.
— Oh, Jimin te voilà ! s'enjoua cette dernière, un grand sourire sur les lèvres.
— Bonsoir Min-ji, fit ce dernier en s'inclinant.
— Va poser tes affaires et rejoins les autres sur la terrasse pour l'apéritif, l'invita cette dernière.
— Est-ce que j'ai le temps de prendre une douche avant qu'on mange ?
— Bien-sûr, mon garçon, acquiesça la mère de famille.
— Merci.
La cinquantenaire continua de lui sourire alors qu'il prit la direction de sa chambre. En passant devant le salon, il put entendre le rire de Taehyung et son regard se posa sur Jungkook. Installé sur une des chaises d'extérieur, une bière à la main, le tatoué souriait à pleines dents à la blague que son père adoptif venait de faire. En l'observant, Jimin ne put s'empêcher de le trouver incroyablement beau. Il semblait si détendu, si à l'aise, comme s'il avait totalement baissé sa garde. Visiblement, la présence de leurs parents semblait avoir apaisé les tensions entre ses deux amis et rien que pour cela, le médium les remerciait intérieurement.
Hypnotisé, il suivit son bras recouvert de cette encre éternelle qui amenait la bouteille en verre jusqu'à sa bouche. Ses lèvres, légèrement teintées par la pression du goulot, se posèrent délicatement contre ce dernier pour prendre une gorgée de sa boisson.
— Bonsoir Jimin ! le salua Lilith depuis la terrasse, le ramenant brutalement à la réalité.
Dehors, Jungkook se crispa lorsqu'il entendit le prénom de son cadet. Il quitta monsieur Kim des yeux avant de les poser sur le blond qui se trouvait près de leur sofa. Ce dernier s'avança timidement vers la baie vitrée et passa sa tête dans l'encadrement, fuyant volontairement le regard insistant du tatoué.
— Bonsoir, dit-il, les joues faiblement empourprées.
— Salut, répondit Taehyung avec son éternelle bienveillance. Va poser tes affaires et viens nous rejoindre si tu veux.
— Je vais me doucher rapidement. J'arrive.
— Tu le feras après le dîner, intervint Jungkook.
Jimin posa enfin ses yeux sur le commandant, surpris par son intervention qui sonnait presque comme un ordre.
— Non, j'y vais maintenant, je sors ce soir.
— Où est-ce que tu vas ? demanda-t-il.
Le blond haussa les sourcils, toujours plus ahuris par la curiosité mal placée de son aîné. Ils étaient si concentrés dans leur bataille de regards qu'ils en avaient oublié les gens qui les entouraient et qui les regardaient, savourant ce spectacle.
Jimin aurait pu répondre à la question de Jungkook, ce n'était pas un secret, mais le ton ferme de sa voix l'en dissuada. À la place, il afficha un grand sourire et décida de l'ignorer.
— Je n'en ai pas pour longtemps. À tout de suite.
Sur ces dernières paroles, il pivota et partit en direction de sa chambre afin d'y déposer ses affaires.
Une quinzaine de minutes plus tard, le blond était habillé d'un jogging et d'un t-shirt ample qu'il comptait retirer après le dîner. Lian venait le chercher à vingt-et-une heures trente, alors il avait largement le temps de s'apprêter après le repas.
Après avoir mangé quelques snacks, tout le monde passa à table. Madame Kim avait gentiment cuisiné divers plats faisant saliver les trois garçons. Le début du repas se passa dans la bonne humeur. Min-ji et Nam-kyun étaient une bouffée d'air frais dans cet appartement où les tensions s'étaient installées. Les parents de Taehyung se faisaient un plaisir de raconter quelques anecdotes sur leurs deux fils, les faisant rougir plus d'une fois. Le lieutenant riait à gorge déployée, se cachant derrière sa fiancée qui se réjouissant d'entendre ses histoires. Jungkook, lui, ne savait plus où se mettre.
— Ce garçon a toujours cherché les ennuis, ricana Nam-kyun.
— Oh ! Vous vous souvenez la fois où il était rentré recouvert de vase et d'algues, fit Taehyung les yeux humides des larmes provoqués par son fou rire.
— Pitié pas celle-là, implora le tatoué. C'était de ta faute en plus !
— Je veux savoir ! lança Jimin la bouche pleine en regardant le lieutenant.
— Je devais avoir huit ans et Jungkook sept. Je me souviens qu'on avait reçu un vélo chacun pour Noël et il y avait toujours ces gamins de notre quartier qui passaient leur vie à nous chercher des poux. Comment ils s'appelaient déjà ?
— Im Jian et les frères Song. J'ai oublié leurs prénoms à ces trous du cul.
— Jeon Jungkook, ton langage ! le réprimanda Min-ji.
Cette intervention fit pouffer Jimin qui se réjouissait de voir un gaillard comme Jungkook se plier aux ordres d'une si petite femme. Hochant la tête, le tatoué ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel avant que son meilleur ami ne reprenne la parole.
— C'était pendant les vacances scolaires et il y avait ce parc près de la marina où on avait l'habitude d'aller. Jungkook traînait avec ses amis ce matin-là alors, j'avais décidé d'y aller tout seul avec mon nouveau vélo. Mauvaises idées, ses brutes me sont tombées dessus et avaient balancé mon vélo dans la vase.
— Tu l'as récupéré ? demanda Jimin.
— Non, ces gamins étaient beaucoup plus grands que moi. Tu aurais dû me voir à huit ans, je n'étais pas plus épais qu'une brindille et je n'étais pas le gamin le plus courageux, gloussa Taehyung.
— Ça me revient, intervint Nam-kyun. Ce jour-là, j'avais envoyé Jungkook te chercher parce que tu étais en retard pour le déjeuner, chose qui n'était jamais arrivée.
— C'est ça. Donc j'étais littéralement en train de pleurer toutes les larmes de mon corps parce que je pensais que je ne pourrais plus jamais récupérer mon vélo, lorsque ce gars est arrivé avec sa salopette en jean.
— Ne te moque pas de ma salopette ! J'avais la classe ! lança Jungkook, une moue boudeuse sur les lèvres.
Cette intervention fit rire toutes les personnes présentes autour de la table, puis quand le calme revint, le lieutenant reprit son histoire.
— Je disais donc, Jungkook est arrivé sur son vélo et quand il m'a vu pleurer, il a foncé dans le tas sans chercher à discuter.
— Tu t'es battu ? lui demanda le médium, totalement absorbé par le récit de son aîné.
— À ton avis, comment je me suis fait cette cicatrice, répondit Jungkook en désignant la petite balafre sur sa joue gauche.
— Ces trois gamins faisaient deux têtes de plus que lui et il n'a pas hésité une seule seconde à leur sauter à la gorge parce que je cite "personne ne fait pleurer mon frère à part moi."
— Je suis ton héros, ironisa Jungkook.
Le commandant fixait la table, les joues et les oreilles empourprées. Il bougeait ses baguettes de gauche à droite, lançant quelques plaisanteries pour dissimuler sa timidité.
— Tu as pu récupérer ton vélo ? demanda Lilith, attendrie par cette histoire qui montrait à quel point le lien entre ses deux garçons était fort.
— Oui. Après qu'il se soit littéralement roulé dans la vase pour le récupérer.
— Il en avait partout ! Quand il est rentré à la maison, je ne savais pas si je devais rire, le tuer ou pleurer. J'ai dû le laver trois fois pour que l'odeur et les taches partent ! Il en avait même dans la raie des fesses, et je ne te parle pas de ses cheveux ! raconta Min-ji.
— C'est bon m'man ! On peut éviter ce genre de détails ! s'empressa de dire Jungkook, le visage totalement rouge cette fois. On peut parler d'autre chose que de mes fesses s'il vous plaît ?
— D'habitude ça ne te gêne pas qu'on parle de tes fesses, le provoqua Taehyung en haussant les sourcils.
Pour toute réponse, le brun lui lança un morceau de son pain que son aîné se prit en pleine figure.
— Ne jouez pas avec la nourriture ! les réprimanda Min-ji. Ils sont toujours comme ça ? demanda-t-elle en regardant Jimin et Lilith.
— Non, ça leur arrive de dormir, plaisanta la psychiatre.
Jimin et leurs invités se mirent à rire tandis que les deux concernés levèrent les yeux au ciel. Suite à cette dernière anecdote, le repas se termina dans le calme.
Après avoir aidé à débarrasser et s'être assuré que personne n'avait besoin de son aide, le jeune consultant alla dans sa chambre. Laissant la porte ouverte, il se mit face à son dressing, observant les vêtements qui étaient suspendus devant lui.
En voyant tous ses habits, Jimin se demanda s'il n'avait pas abusé sur ses achats lors de sa récente sortie avec Lilith et Rose. Les deux jeunes femmes l'avaient traîné dans toutes les boutiques, lui choisissant des vêtements en tout genre, mais il mentirait s'il disait qu'il n'avait pas aimé ça. Il avait adoré !
— Ça va ? fit une voix douce sur sa gauche.
Jimin tourna la tête vers Lilith qui se trouvait sur le pas de sa porte. Comme toujours, la jolie brune affichait un sourire rempli de bienveillance.
— Oui ça va, mais je ne sais pas quoi mettre, expliqua le médium en se laissant tomber sur son lit.
— Je peux t'aider si tu veux ? proposa cette dernière.
— Hum, je veux bien.
La psychiatre entra dans la chambre et s'approcha de sa penderie.
— Tu veux bien me dire pour quelle occasion tu t'habilles ?
— Je vais au cinéma, répondit Jimin.
— Est-ce que je peux te demander avec qui ?
Tout en posant ses questions, Lilith commença à fouiller entre les vêtements. Elle fit glisser les cintres de droite à gauche, attendant patiemment que son ami veuille lui répondre, s'il souhaitait le faire bien-sûr.
— J'y vais avec Lian.
La psychiatre pivota immédiatement vers son ami et s'approcha. Sans qu'elle ait besoin de parler, Jimin pouvait lire l'euphorie dans ses yeux.
— C'est un rendez-vous galant ? questionna la jolie brune d'une voix basse.
— Quoi ? Non ! répliqua immédiatement le blond en bougeant ses mains de gauche à droite. J-j'ai dit que j'avais besoin de prendre l'air alors, il m'a gentiment invité, mais ce n'est pas un rendez-vous.
— D'accord, gloussa la brune. Excuse-moi, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.
Jimin lui offrit un sourire timide et Lilith retourna devant son dressing. Elle fouilla rapidement entre les jeans et ses hauts, puis vint déposer une tenue sur le lit.
— Essaie cela là, je suis sûr que tu seras à croquer dedans.
— D'accord, répondit Jimin.
Afin de lui laisser un peu d'intimité, la jeune femme quitta la pièce et referma la porte derrière elle. Sans attendre, le blond se mit debout et retira ses vêtements avant de prendre le pantalon que son amie avait choisi. Il l'enfila rapidement et fit de même avec le pull.
Lilith avait jeté son dévolu sur un jean en simili cuir noir qui semblait avoir été taillé sur mesure pour lui. Ce dernier était déchiré en ligne droite au-dessus de chacun de ses genoux, lui donnant un aspect plus décontracté. En haut, elle avait choisi un pull noir simple, mais ample. Lorsqu'il leva les bras, Jimin remarqua à quel point le vêtement était court, mais il ne fut pas dérangé par cela.
— Je peux ? lança Lilith depuis le couloir.
— Oui.
La jeune femme poussa la porte et entra. Elle vint se placer derrière Jimin et l'observa un instant.
— Ce jean a été fait pour toi, le complimenta cette dernière.
— Merci, répondit Jimin. Ce n'est pas un peu trop le cuir ?
— Non ! Il est parfait ce jean. Tu devrais ajouter une ceinture, ça accessoirisera la tenue.
— D'accord.
En silence, le blond ouvrit le tiroir de sa commode et prit la ceinture avec une boucle ovale en argent qui s'y trouvait. Il se tourna ensuite vers Lilith afin qu'elle lui donne son avis final.
— Waouh, souffla la jeune femme.
Comme toujours, les joues du jeune homme prirent feu et il détourna le regard.
— J'ai mon anti-cernes dans mon sac, est-ce que tu en veux un peu. Tu as l'air vraiment fatigué, proposa Lilith.
— C'est parce que je le suis, ricana le blond. Je dors très mal en ce moment.
— Je vais chercher mon sac !
Sans attendre une réponse, la psychiatre quitta la pièce en courant pour rejoindre le hall où se trouvait son sac. En rebroussant chemin, cette dernière tomba sur son fiancé qui quittait sa chambre.
— Qu'est-ce que vous faites là-dedans ? demanda Taehyung lorsqu'il croisa sa fiancée dans le couloir.
À la recherche d'un contact physique, le châtain vint saisir sa taille fine et l'amena jusqu'à lui.
— C'est un secret, gloussa la jeune femme en venant dépose un baiser sur ses lèvres.
— Est-ce que tu sais où il va et avec qui ?
— Oui, mais ça aussi, c'est un secret. Il vous le dira s'il en a envie.
Taehyung fronça les sourcils, vexé et frustré de ne pas avoir été mis dans la confidence. Même s'il ressentait cela, il était heureux de voir que la femme qu'il aimait et son ami étaient proches. Il était rassuré que Jimin se sente assez à l'aise pour se confier à elle.
— Est-ce qu'on la connait ?
— Vous le connaissez oui, maintenant arrête avec tes questions, ricana la jolie brune en se libérant de la prise de son bien-aimé.
Taehyung ne la retint pas davantage et la regarda disparaître à travers la porte qui menait à la chambre de son cadet. Il ne savait si cela avait été volontaire ou non, mais sa fiancée avait laissé échapper une information bien utile pour le policier. Jimin sortait ce soir, et pas avec une femme, mais un homme. Le châtain était prêt à parier que Lian était l'heureux élu. Il fallait être aveugle pour ne pas s'apercevoir que le jeune inspecteur était tombé sous le charme naturel de son colocataire et visiblement, il s'était jeté à l'eau. D'un côté, Taehyung serait rassuré si Lian était réellement celui qui accompagnait Jimin. Il avait confiance en lui, alors il était persuadé que Jimin serait en sécurité avec lui.
Dans la chambre, Lilith s'était installée entre les jambes de Jimin alors que ce dernier était assis sur le rebord de son matelas. La tête légèrement penchée en arrière, il se laissait faire pendant que la jeune femme appliquait délicatement son anti-cerne, camouflant les preuves de son manque de sommeil.
— C'est la première fois que je mets du maquillage, avoue Jimin gêné.
— Vraiment ? Taehyung en a toujours mis, surtout lorsqu'il est très fatigué. Il déteste avoir mauvaise mine, expliqua Lilith en venant estomper, la crème teintée qu'elle avait déposée sous les yeux de son ami.
Après ce bref échange, le blond resta silencieux, profitant de ce moment d'attention qu'on lui donnait.
— Lian vient te chercher à quelle heure ? demanda la psychiatre d'une voix basse.
— Vingt-et-une heures trente. La séance est à vingt-deux heures, répondit Jimin en regardant son amie sortir une poudre blanche de son sac.
Cette dernière l'appliqua aux endroits sur lesquels elle avait précédemment estompé l'anti-cerne puis la reposa. Elle sortit ensuite un objet qui ressemblait étrangement à un feutre ainsi qu'un pinceau.
— Est-ce que tu veux rajouter un trait d'eyeliner ? proposa cette dernière.
— J-je ne sais pas. Est-ce que tu penses que ça m'ira ?
— J'en suis persuadé, mais si tu n'aimes pas, j'ai du démaquillant, tu pourras l'enlever.
Convaincu et curieux de voir ce que cela pouvait rendre sur lui, le médium hocha timidement la tête, faisant naître chez son amie un sourire attendri.
— Ferme les yeux s'il te plaît. Ne t'en fais pas, ce sera très discret.
— D'accord, acquiesça simplement Jimin.
Avec précaution, pour ne pas se rater et blesser son ami, la jeune psychiatre traça un trait fin sur son ras de cil. Elle prit ensuite son pinceau et l'estompa, lui donnant un aspect fumé.
— Qu'est-ce que vous allez voir comme film ? demanda-t-elle pour faire la conversation.
— Gangnam Zombies, rétorqua Jimin, les yeux toujours fermés.
— Oh, je suis allé le voir avec Tae en début de semaine !
— Vraiment ? Est-ce qu'il est bien ?
— J'ai bien aimé, Tae un peu moins, ricana la jeune brune en se remémorant la mine contrariée de son amant à la fin du film.
— Je crois que Lian voulait aller voir autre chose, mais je suis tellement en retard d'un point de vue cinématographique qu'il a choisi celui-là pour que je ne sois pas trop perdu, expliqua le blond, une moue boudeuse sur les lèvres.
— Je pense que la compagnie l'importe plus que le film, fit Lilith avec un rictus amusé.
Jimin s'apprêtait à répondre lorsque la sonnette retentit. Il regarda rapidement l'heure et remarqua avec panique qu'il était affreusement en retard et surtout que son ami avait tenté de le joindre plusieurs fois. Pourquoi son téléphone n'avait pas sonné ? Il ne se souvenait même pas de l'avoir mis en mode silencieux.
— Merde, je suis en retard !
— J'ai terminé, annonça joyeusement la jeune brune. Tu peux regarder si tu aimes.
Le blond se leva et avança d'un pas hésitant vers son miroir. En croisant son reflet dans la glace, il se figea, surpris par ce qu'il voyait.
— Alors ? demanda Lilith en s'approchant de lui.
— J'aime beaucoup, confessa le médium, les joues teintées d'un léger rose qui transcrivait sa timidité.
— Tu es très beau Jimin, avec ou sans maquillage, n'en doute jamais, fit-elle en désignant les produits cosmétiques qu'elle avait dans sa main. Ce n'est qu'un plus.
— Merci beaucoup.
— De rien, sourit cette dernière en allant ranger ses affaires dans son sac. Tiens, prends ça, tu l'utiliseras pour te démaquiller ce soir.
La psychiatre lui tendait un flacon qui contenait un liquide opaque.
— Je ne peux pas le prendre, c'est à toi. Ne t'en fais pas, je me débrouillerai.
— J'ai un autre flacon à la maison, alors prends-le, insista Lilith. Règle numéro une quand on met du maquillage, toujours le retirer avant d'aller dormir.
— Merci, fit Jimin en prenant le flacon.
Sur la terrasse, Jungkook, Taehyung et leurs parents discutaient de banalités lorsque la sonnette avait retenti. Après un bref combat de regards, le tatoué avait cédé et s'était levé pour aller ouvrir. Quelle fut sa surprise lorsqu'il se retrouva face à Lian pour la deuxième fois de la journée.
— Salut, le salua ce dernier.
— Qu'est-ce que tu fais là ? répondit Jungkook, confus.
— Je viens chercher Jimin, répondit le brun sans tenir compte du manque de politesse de son supérieur.
Chaque muscle du corps du commandant se raidirent en entendant cette réponse. Alors c'était lui le date de son colocataire. Park Jimin sortait, et pas avec n'importe qui.
— Salut Lian ! Entre, ne reste pas dehors, lança Taehyung en s'approchant.
À contre cœur, le tatoué se décala pour laisser son ami entrer. Ce dernier le remercia silencieusement et alla à la rencontre du châtain qui l'attendait sous l'arche qui menait au salon.
— Je te sers quelque chose à boire ? proposa le lieutenant.
— Il n'aura pas le temps, intervint Jungkook qui venait de les rejoindre. Notre cher Lian vient chercher Jimin. C'est lui son rendez-vous.
Le visage du concerné prit des couleurs alors que Taehyung lui, se retenait de rire. Il avait vu juste et il ne pouvait être plus heureux. Leur conversation fut interrompue par des bruits de pas et des voix qui se rapprochaient. Les trois hommes tournèrent la tête et leurs regards se posèrent sur Lilith et Jimin. Bien que la psychiatre soit toujours d'une beauté sans nom, les yeux sombres de Jungkook et de Lian ne voyaient que Jimin qui sentit son visage prendre feu.
— Désolé de ne pas avoir répondu à tes appels, mon téléphone était en silencieux, expliqua ce dernier en avançant vers eux.
— C-ce n'est pas grave, bafouilla le brun, stupéfait par la beauté de son ami.
Oui, Park Jimin était beau, c'était un fait, mais cette tenue et ce visage si lumineux le rendaient bien plus séduisant que d'ordinaire.
Alors que Taehyung chuchotait telle une commère avec sa fiancée, Jungkook lui, n'avait jamais était si silencieux. Sa mâchoire était si serrée qu'on pouvait apercevoir sans difficulté les muscles de celle-ci. Ses iris d'ébène se baladaient sur les jambes du blond qui étaient outrageusement moulées dans ce jean en similicuir et pendant une fraction de seconde, le commandant voulu être à la place de son subordonné. Il voulait être celui qui pourrait, si le médium le souhaitait, profiter de ce corps si désirable.
— On y va ? intervint Jimin en regardant Lian qui ne l'avait pas quitté des yeux.
— Oui, allons-y. Tu devrais prendre une veste au cas où, lui conseilla ce dernier.
— Faites attention à vous et bonne soirée surtout, les salua Taehyung, un sourire espiègle sur le visage.
— Promis, à demain, répondit le blond en marchant vers le sas d'entrée.
Ce dernier ouvrit le placard qui s'y trouvait et sortit ses Derby noir qu'il avait enfin pu s'acheter. Il les chaussa et se redressa pour venir prendre sa veste en cuir. Il offrit ensuite un sourire à Lian, lui signifiant qu'il était prêt.
— Tu viens de prendre dix centimètres avec ces plateformes, se moqua le brun.
— Mais ferme là, ricana Jimin en le poussant légèrement.
En riant, le médium salua ses amis qui les observaient d'un geste de la main et ouvrit la porte. Lian lui fit signe de passer devant, alors il quitta l'appartement et s'engouffra dans le couloir. L'inspecteur s'apprêtait à faire de même lorsqu'une main puissante le stoppa et qu'un murmure se fit entendre.
— Ne t'avise pas de le toucher sans sa permission.
La voix de Jungkook était menaçante, dure et autoritaire. N'importe qui aurait pu s'emporter, mais Lian ne fit rien. À la place, il posa son regard sur son supérieur et ami, et hocha simplement la tête avec un sourire rassurant.
De longues secondes passèrent durant lesquelles les deux hommes se regardèrent dans les yeux puis le tatoué libéra son subordonné. Ce dernier s'inclina faiblement puis sortit en refermant doucement la porte derrière lui.
Bien qu'il soit seul dans le sas, Jungkook n'avait pas bougé. À l'intérieur de lui, une bataille faisait rage et cela l'effrayait, car même s'il tentait de le nier, il était jaloux.
Jeon Jungkook était jaloux et cela le rendait malade.
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