Pour la première fois depuis plusieurs semaines, la pluie s'était éloignée de la ville de Busan. En ce dimanche de juillet, le soleil était déjà bien haut dans le ciel. La matinée était presque terminée lorsque Taehyung et Lilith passèrent la porte de l'appartement qui était plongé dans un silence de plomb. La première chose qui frappa le lieutenant de police fut l'odeur désagréable d'alcool et surtout, les vêtements tachés de peinture qui étaient éparpillés sur le sol. Il put sans problème reconnaître le pull de Jungkook mais les chaussettes qui se trouvaient plus loin étaient plus petites et il devina sans trop de problème qu'elles appartenaient à Jimin.

Diverses idées vinrent traverser l'esprit du policier qui avança prudemment à travers la salle à manger et le salon. Lorsqu'il arriva au couloir qui desservait le reste de l'appartement, il fut interrompu par la baie-vitrée qui s'ouvrit sur Jungkook vêtu d'un boxer de bain. Ses cheveux noirs dégoulinants et plaqués en arrière, ce dernier entra dans l'appartement à moitié nu, suivi de son fidèle compagnon à quatre pattes.

— Salut, fit ce dernier en regardant ses deux amis.

— Bonjour, répondit Lilith alors que le brun vint rapidement l'embrasser sur la joue.

Il ne s'attarda pas sur ce contact pour ne pas mouiller les vêtements de la jeune femme puis se tourna vers son meilleur ami qui vint l'enlacer.

— Salut mon pote, comment tu vas ? demanda Jungkook avant de reculer.

— Ça va, je suis content d'être rentré, répondit le lieutenant avec un sourire. Où est Jimin ?

Au même moment, un bruit sourd se fit entendre depuis le fond du couloir avant qu'une porte ne s'ouvre dans un fracas. Taehyung vit ensuite Jimin sortir de la pièce, seulement vêtu de son boxer pour venir se jeter sur la cuvette des toilettes qui se trouvait juste à côté. D'où ils étaient, les trois amis pouvaient entendre l'estomac du plus jeune se vider dans un bruit écœurant de régurgitation.

— Bah, je crois que tu l'as trouvé, gloussa Jungkook en marchant vers la cuisine.

Taehyung jeta un coup d'œil inquiet à Lilith qui l'intima d'aller voir ce qui se passait avec leur cadet. Avec un hochement de tête, le lieutenant longea le couloir pour venir rejoindre Jimin qui continuait de vomir. L'odeur de bile était infecte et le châtain dut prendre sur lui pour ne pas rendre son petit déjeuner à son tour.

— Eh Min, ça va ? demanda Taehyung en venant s'accroupir près de lui.

En plus de l'odeur acide du vomi, le policier put sentir l'effluve d'alcool qui se dégageait de son protégé et il comprit. Il était en train d'assister à la première gueule de bois de son cadet et il était persuadé que Jungkook y était pour quelque chose.

Jimin voulait répondre à son ami, mais lorsqu'il tenta de relever la tête, son estomac se contracta à nouveau et de nouvelles sueurs froides le traversèrent. Une nouvelle vague de restes d'alcool et de son diner de la veille vinrent bruler son œsophage alors qu'il sentait les larmes couler le long de ses joues. Pendant sa détresse, il put sentir la grande main de Taehyung venir se poser sur son front pour le soutenir alors que son autre main caressait tendrement son dos nu et transpirant.

Lorsque les nausées se calmèrent, Jimin tendit la main vers le rouleau de papier et en arracha un bout pour venir s'essuyer la bouche. Il se laissa ensuite tomber sur les fesses et ferma les yeux. Il était si fatigué et il avait l'impression que sa tête allait exploser.

— Tu te sens mieux ? demanda Taehyung d'une voix basse.

Gêné, le médium ouvrit enfin les yeux et fit face au doux visage du lieutenant qui le regardait.

— Tiens, intervint une voix féminine près d'eux.

Les deux hommes se tournèrent vers Lilith. Cette dernière tenait dans une main un grand verre d'eau fraiche tandis que l'autre lui montrait une pilule. Jimin regarda le médicament un long moment et cette voix dans sa tête lui hurlait de ne pas le prendre.

— C'est de l'aspirine, précisa la brune en voyant l'hésitation du plus jeune.

— Merci, murmura Jimin, la gorge irritée.

Il tendit sa main tremblante vers la psychiatre et prit le médicament qu'il jeta au fond de sa gorge. Taehyung lui donna ensuite le verre d'eau qu'il le but d'une traite. Le liquide froid lui fit un bien fou, le débarrassant partiellement de ce gout écœurant de bile qui s'accrochait à ses papilles.

— Va prendre une douche, je vais te préparer du Haejangguk. Ça va soulager ta gueule de bois.

— Merci Tae. Je suis désolé pour ça, chuchota le médium honteux.

— Va te laver, on en discutera plus tard, répondit le lieutenant d'une voix douce.

Avec l'aide de son aîné, Jimin se mit sur pied et marcha difficilement jusqu'à la salle de bain. Après avoir tiré la chasse d'eau, Taehyung entra dans la chambre du plus jeune et ouvrit en grand sa fenêtre pour chasser cette odeur d'alcool et de transpiration.

Le châtain avait l'habitude d'endosser le rôle de l'autorité parental avec Jungkook, mais il n'aurait jamais pensé reproduire cela avec Jimin. Dans un soupir las, il referma la porte de la chambre derrière lui et se dirigea vers la cuisine où Lilith et Jungkook se trouvaient.

Le tatoué était assis devant l'ilot, une tasse de café noir devant lui pendant qu'il scrutait ses mails.

— Je peux savoir ce que vous avez fait hier pour qu'il soit dans cet état ? questionna Taehyung en entrant dans la pièce.

Sans perdre plus de temps, il sortit tout le nécessaire pour préparer le petit déjeuner du plus jeune qui allait vraiment avoir besoin d'un remontant s'il voulait survivre à sa première expérience avec l'alcool.

— C'était son bizutage, répondit Jungkook d'un ton neutre.

— Son bizutage ? Qu'est-ce que vous avez fait ?

— Ce qu'on fait pour tous les bizutages Tae, soupira le tatoué, blasé par cet interrogatoire.

— Tu ne trouves pas que c'était un peu déloyal de votre part ? Il n'a jamais tenu une arme de sa vie, c'était sûr qu'il allait finir dans cet état.

Le ton du lieutenant n'était pas agressif ni accusateur, mais il était vrai qu'il était contrarié de voir son protégé dans cet état si déplorable.

— C'est la règle Taehyung. Il est entré à la crim, il subit le même bizutage que les autres, répliqua plus froidement Jungkook.

— Est-ce que vous pouvez communiquer sans vous disputer ? intervint Lilith en voyant que le ton entre les deux hommes commençait à monter.

— On discute juste bébé, pas vrai Jungkook ? lança le lieutenant à l'attention de son meilleur ami qui leva les yeux au ciel.

— C'est ça, pouffa le tatoué avant de reprendre d'un ton plus léger. Si ça peut te rassurer, je n'étais pas totalement ivre, j'ai veillé sur lui et il n'a pas vraiment beaucoup bu. Après trois shots, il bégayait déjà.

Cette information fit rire Lilith qui reprit son sérieux lorsque son fiancé lui lança un regard plus dur.

— Donc, il avait déjà une élocution bancale et tu l'as laissé continuer ? Parce qu'il ne peut pas être dans cet état après seulement trois shots.

— Sérieusement Tae, retire le balai que tu as dans le cul ! On avait à peine dix-huit ans la première fois qu'on s'est bourré la gueule et on était dans un état plus pitoyable que lui. Il a dû boire cinq ou six shots à tout casser, mais il ne tient pas l'alcool, voilà pourquoi il vomit ses tripes ! Tu commences vraiment à me les briser à toujours jouer les pères modèles et à me faire des reproches. Je te rappelle que tu n'as pas toujours été aussi sage.

Sans rien ajouter, le brun descendit de son tabouret et quitta la pièce d'un pas rageux sans même prendre le temps de finir son café. Il traversa le couloir et lorsqu'il s'apprêtait à entrer dans sa chambre, il vit Jimin quitter la salle de bain. Ce dernier se stoppa et posa son regard sur le corps presque nu du tatoué

— Salut, fit le médium d'une voix basse, les joues rougies.

— Salut, répondit Jungkook.

— T-tu es allé te baigner ? demanda le plus jeune en remarquant l'état de ses cheveux.

— Oui, tu devrais faire pareil, tu te sentiras mieux après.

— D'accord, merci.

— Si tu as terminé, je vais aller me doucher.

— Oui, j'ai fini, annonça Jimin.

Sans rien ajouter, Jungkook s'enferma dans la salle de bain. Le médium, lui, entra dans sa chambre et referma la porte. Ses yeux se posèrent sur son jean qui était sur le sol et lorsqu'il se pencha pour le ramasser, il eut cette sensation désagréable que son cerveau se décollait de sa boîte crânienne.

— Merde, grogna-t-il en se laissant tomber sur son lit.

Jimin détestait l'état dans lequel il était. Il se sentait désorienté, fatigué, nauséeux et surtout si pitoyable. Pourquoi avait-il autant bu ? D'ailleurs, combien de shots avait-il bus ? Comment était-il rentré ? Pourquoi il ne se souvenait de rien ?

Lassé, il laissa échapper un soupir et se leva. La serviette qui recouvrait son intimité tomba au sol et il ouvrit le tiroir de sa commode pour y prendre un sous-vêtement. Ne comptant pas quitter l'appartement, il enfila un t-shirt ample et un jogging noir avant de sortir la pièce.

Ses pieds nus ne faisaient aucun bruit sur le parquet, alors dans une discrétion involontaire, il s'approcha de la cuisine avant de se figer lorsqu'il entendit les voix de Lilith et Taehyung qui semblaient être en pleine dispute.

— Je ne comprends pas pourquoi tu t'énerves comme ça, fit la jolie brune.

— Parce qu'il a un comportement d'irresponsable ! Et toi, pourquoi tu le défends autant ?

— Je ne défends personne.

— Si tu le fais ! C'était irresponsable de sa part de le laisser boire autant. Il aurait pu lui arriver quelque chose, cingla le lieutenant.

— Taehyung, commença Lilith d'un ton plus ferme. Jimin à vingt-deux ans ! Il n'est pas en sucre et ce n'est pas un petit garçon fragile. Il est temps que tu arrêtes de l'infantiliser !

— Je-

— Tu tiens à lui et tu veux le protéger, c'est très humble et gentil de ta part, mais tu dois cesser de le materner. Je sais pourquoi tu fais tout ça, il te fait penser à Hayun mais-

— Non ! la coupa Taehyung, les dents serrées. Ne t'engage pas sur ce terrain Lilith !

L'index qu'il pointait en direction de sa fiancée était un avertissement pour lui signifier qu'elle était en train de dépasser les bornes. La discussion prenait un tournant que le châtain n'appréciait nullement.

— Jimin n'est pas Hayun ! martela la jeune femme, aucunement impressionnée par le ton glacial de son amant. Je sais que tu t'en veux de ne pas avoir réussi à le sauver, mais tu n'y es pour rien bébé et il est temps que tu surmontes ça !

— Tu mélanges tout ! Ça n'a rien à voir, lança le lieutenant sur la défensive.

— Vraiment ? Tu vas me dire que quand tu le regardes, ce n'est pas Hayun que tu vois ? Je te connais par cœur Taehyung. Je lis en toi comme dans un livre ouvert et je sais que même quatre ans après son suicide, tu te sens toujours coupable. Mais tu n'aurais rien pu faire et il est temps que tu l'acceptes. Je sais que tu es inquiet qu'il arrive la même chose à Jimin, mais ce garçon a une force de volonté hors du commun et il nous a, nous. Il a trouvé en chacun de nous une force à laquelle s'accrocher. Je sais que c'est dur, mais tu dois le laisser vivre. Il a passé le début de sa vie à être contrôlé par un père abusif et l'autre partie enfermé. Il a besoin de faire ses propres expériences, même si pour ça il doit vomir ses tripes parce qu'il a abusé sur les shots de soju.

La voix de la psychiatre s'était adoucie à mesure que les paroles quittaient ses lèvres. Elle détestait s'adresser ainsi à son amant, mais Taehyung était en train de se perdre et surtout, il était en train de creuser un fossé entre Jungkook et lui alors que leur ami faisait de réels efforts pour améliorer son comportement.

N'ayant pas les mots pour répondre, mais surtout, la gorge nouée par les larmes, Taehyung détourna les yeux et vint éteindre la plaque de cuisson.

— Son petit déjeuner est prêt. Je vais faire un tour, annonça ce dernier en quittant la pièce.

— Bébé, s'il te plaît, soupira Lilith, peinée par leur manque de communication.

Le châtain ne répondit rien et quitta l'appartement en claquant la porte. La psychiatre soupira longtemps avant de se lever. Elle s'approcha de la casserole et vint verser son contenu dans un bol. Elle le posa ensuite sur le plan de travail et ce fut à ce moment-là que Jimin apparut.

— Comment tu te sens ? demanda Lilith avec douceur et d'une voix basse.

— J'ai l'impression qu'un camion m'est passé dessus, mais je suppose que c'est ma punition, répondit Jimin le regard fuyant de honte.

— Est-ce que tu t'es bien amusé ? questionna la jeune femme en lui donnant une cuillère à soupe.

— Oui, je crois que c'est la première fois que je m'amuse autant.

— Alors c'est ce qui compte, lui sourit la psychiatre.

Jimin hocha timidement la tête, repensant à cette soirée dont il avait été le roi. Ses pensées se perdirent dans ce moment où il s'était retrouvé enfermé dans ce placard. La proximité de Jungkook l'avait tellement déconcerté, qu'il n'avait même pas fait de crises. En repensant à leurs corps pressés l'un contre l'autre, le médium sentit ses joues prendre feu.

— Allez, mange tant que c'est chaud, l'intima Lilith en le sortant de sa rêverie.

Le jeune homme hocha la tête et commença à déguster cette délicieuse soupe que son aîné avait préparée avec attention. Jimin avait entendu leur dispute et se sentait coupable d'être de nouveau la raison de celle-ci. Il avait également des dizaines de questions qui lui brûlaient les lèvres. Il était vrai que lors de leur rencontre, le lieutenant lui avait dit qu'il lui rappelait quelqu'un sans pour autant en dire plus. Depuis, ce détail avait été oublié par le jeune médium, mais maintenant, il pouvait mettre un nom sur cette personne. Hayun. Qui était Hayun ? Était-ce un ami de Taehyung ? D'après ce qu'il avait cru comprendre, ce garçon s'était suicidé quatre ans auparavant. Pourquoi ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à faire ça et pourquoi Taehyung se sentait coupable ? Jimin voulait des réponses, pourtant, il n'oserait jamais poser ses questions.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le reste de la matinée s'était passé dans le calme. Taehyung était rentré une heure plus tard. Toujours muré dans son silence, il s'était préparé quelque chose à manger avant d'aller s'enfermer dans sa chambre avec son ordinateur portable. Voyant que son amant n'était pas disposé à communiquer pour arranger les chose, Lilith avait fini par s'en aller.

Après avoir mangé sa soupe, Jimin était retou rné dans sa chambre pour se reposer, tentant de calmer cette migraine qui ne voulait pas le quitter. Quand il avait entendu du bruit provenant du salon, il s'était levé et était allé s'échouer sur le canapé aux côtés de Jungkook qui jouait aux jeux vidéo.

— Tu veux jouer microbe ? proposa le tatoué en regardant son cadet qui somnolait contre l'accoudoir de leur sofa.

— Non merci, marmonna Jimin. Je veux mourir, là, tout de suite.

Le brun pouffa de rire avant d'éteindre le jeu et de poser la manette sur la table basse.

— Bon, je vais m'habiller, annonça ce dernier.

— Tu sors ? demanda le médium.

Il avait parlé sans réfléchir et lorsqu'il vit les sourcils haussés de son vis-à-vis, Jimin regretta immédiatement sa question.

— Je vais chez le tatoueur, j'ai rendez-vous dans trente minutes, répondit finalement Jungkook avant de marcher en direction de sa chambre.

Le médium fut étonné que son aîné ne l'envoie pas sur les roses. Dans un soupir de soulagement, il posa son regard sur Taehyung qui venait de faire son apparition, son casque sur les oreilles. Ce dernier les avait ignorés depuis son retour, et même s'il voulait lui parler, il ne savait pas comment s'y prendre.

L'ambiance dans cet appartement était des plus pesantes et Jimin était prêt à tous pour sortir d'ici. Malgré son mal de tête et la douleur de son estomac, il se leva et marcha jusqu'à la chambre du commandant. D'un geste hésitant, il toqua à la porte de la chambre et attendit qu'il lui donne l'autorisation d'ouvrir. Lorsque la voix grave de Jungkook résonna à travers le bois, le médium tourna la poignée et poussa la porte.

Le tatoué était en train d'enfiler un t-shirt lorsque les yeux du plus jeune se posèrent sur sa personne. Il tourna la tête vers son visage et lui offrit un regard interrogatif.

— Dis, commença Jimin d'une voix hésitante. Est-ce que je peux venir avec toi ?

Jungkook fut surpris par cette question et sonda son vis-à-vis durant de longues secondes. Face à ce visage dénué d'expression, le médium sentit son cœur se comprimer légèrement alors qu'il eut subitement d'impression d'être stupide. Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête de poser cette question ? Il était évident que le policier allait répondre négativement.

— Tu veux venir avec moi chez le tatoueur ? demanda Jungkook, confus.

— Oui, mais oublie, je ne veux pas te déranger.

Jimin fit volte face dans l'intention de s'enfermer dans sa chambre lorsque la voix du brun résonna.

— D'accord, tu peux venir, mais j'en ai au moins pour deux ou trois heures, peut-être plus.

— Ce sera toujours mieux qu'être enfermé ici. Tae est d'humeur massacrante, chuchota le médium pour s'assurer que le concerné ne l'entende pas.

Un sourire amusé prit vie sur les lèvres de Jungkook. Il avait bien remarqué la contrariété de son meilleur ami, mais il n'en avait que faire. Dire qu'il était surpris par la demande de son cadet était un euphémisme.

— Ok, je pars dans cinq minutes, informa le tatoué.

— D'accord, je vais juste mettre un jean et je suis prêt.

Le commandant hocha la tête en guise de réponse et partit en troisième vitesse dans sa chambre. Il ouvrit son armoire et piocha un jean en cuir qu'il enfila rapidement. Il ne prit pas le temps de changer de t-shirt, celui qu'il portait était beaucoup trop confortable pour qu'il ne le retire.

Attrapant son téléphone et son portefeuille, le médium quitta sa chambre en troisième vitesse pour se présenter devant la chambre de son colocataire qui s'apprêtait lui aussi à sortir.

— Je suis prêt ! annonça joyeusement le plus jeune.

— Je vois ça, pouffa Jungkook en passant devant lui pour rejoindre le hall.

Sur ses talons, Jimin alla lui aussi chausser sa seule paire de basket, avant que la voix de Taehyung ne surgisse pour la première fois depuis plusieurs heures.

— Vous sortez ?

— Oui, je vais chez le tatoueur, répondit simplement Jungkook en enfilant ses rangers.

— Tous les deux ? s'étonna Taehyung.

— J-je vais prendre un peu l'air, se justifia Jimin, gêné.

— Ok.

Sans rien ajouter, le lieutenant quitta la cuisine où il se trouvait, pour s'installer sur le canapé. Le tatoué jeta un regard à son cadet qui haussa les épaules, attristé.

— Peu importe ce qui s'est passé avec Lilith, tu devrais l'appeler. Elle ne mérite pas que tu l'ignores comme ça, lança Jungkook assez fort pour que son meilleur ami l'entende.

Sans attendre une réponse de sa part, le commandant ouvrit la porte et quitta l'appartement, suivi de Jimin qui était resté silencieux.

— Oh merde, grogna Jungkook en s'immobilisant dans le couloir.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le médium.

— J'avais complètement oublié que je n'avais pas ma voiture.

— Où est-elle ?

Le brun pivota et regarda le plus jeune, les sourcils froncés par l'incompréhension.

— Elle est au poste. Où veux-tu qu'elle soit ?

— Comment on est rentré hier soir ?

Jungkook comprit que le médium ne se souvenait probablement pas de la fin de soirée, ce qui voulait dire qu'il avait aussi oublié ce qui s'était passé avant qu'il ne s'endorme. Une part de lui était déçu de constater que l'alcool l'avait privé de ses souvenirs, tandis que l'autre était soulagé.

— Tu ne te souviens pas ? questionna tout de même le tatoué.

— Non, en fait, je me souviens d'avoir loupé la cible quatre fois et après, c'est un peu flou, confessa Jimin, les joues rougies. Rassure-moi, je n'ai rien fait de gênant ?

— Tu as dansé à moitié à poil sur la table, mis à part ça, non.

Le visage du médium se déforma de sidération, déclenchant un rire profond chez son colocataire.

— Relax, tu n'as rien fait de bizarre, le rassura Jungkook.

Jimin soupira de soulagement. Déjà qu'il se sentait honteux d'être dans cet état, il aurait voulu disparaître s'il s'était ridiculisé.

— Ça ne répond toujours pas à ma question, comment on est rentré ?

— En taxi, répondit le tatoué en reprenant le chemin de leur appartement.

Le médium le suivit du regard, confus.

— Eh, où vas-tu ? demanda-t-il.

— Chercher deux casques et la clé de ma moto.

— T-ta moto ? On va y aller à moto ? bafouilla le Jimin.

— Oui. Le poste se trouve à l'opposé de là où on doit aller.

Jungkook entra dans l'appartement alors que son colocataire resta immobile dans le couloir. Son cerveau avait cessé de fonctionner alors qu'il tentait d'assimiler l'information. Jimin allait devoir monter sur la Ducati du tatoué. Durant ses vingt-deux années d'existence, le médium n'était jamais monté sur un de ses engin et dire qu'il avait peur, n'était pas encore assez fort.

— C'est bon microbe, on y va. Tiens, enfile ça, lança Jungkook en l'arrachant à sa rêverie.

Le cadet posa son regard le brun qui avait enfilé une veste en cuir. Ce dernier lui tendait un blouson en cuir noir et un casque.

— Et pour toi ? demanda Jimin

— Ne t'en fais pas pour moi. Allez, attends-moi dehors, je descends au parking.

— O-ok, gratifia le médium.

Le visage fermé et son casque en main, Jungkook se dirigea vers l'ascenseur avant de disparaitre dans celui-ci. Suivant les instructions de son aîné, Jimin quitta le bâtiment. Une fois dehors, il posa avec précaution le casque de moto sur le petit muret et commença à enfiler le blouson. Ce dernier était bien plus lourd qu'une veste ordinaire et il pouvait sentir la différence avec le poids sur ses épaules.

Il s'apprêtait à prendre le casque lorsque qu'il entendit le bruit d'une moto s'approcher avant que Jungkook n'apparaisse.

— Allez microbe, montes, ordonna ce dernier d'une voix forte après avoir immobilisé son véhicule devant lui.

D'un pas prudent, Jimin enfila le casque et s'approcha.

— C-comment je dois me tenir ? demanda-t-il avec timidité. Je ne suis jamais monté sur une moto,

— Déjà, commence par attacher ton casque, gloussa le tatoué.

Avant de lui laisser le temps de bouger, Jungkook tendit ses mains et vint clipser le casque de son futur passager. Il se tourna ensuite légèrement sur le côté et vint descendre les repose-pieds de chaque côté de la moto.

— Range ton portable et ton portefeuille dans la veste, ensuite, tu pourras monter.

Le médium obéit et lorsqu'il fut installé sur la minuscule selle arrière, son premier reflex fut de se reculer pour ne pas envahir l'espace personnel de son ami.

— Alors, pour commencer, il va falloir que tu te colles à moi, fit Jungkook en venant saisir l'arrière de ses genoux pour le rapprocher.

— Q-quoi ? bafouilla le médium en posa ses mains contre son dos.

— C'est bon microbe, je ne vais pas te mordre.

— Ce n'est pas ça, pesta Jimin les joues rougies.

Heureusement pour lui, Jungkook était dos à lui, il ne pouvait donc pas voir que son visage avait changé de couleur.

— Serre bien tes genoux autour de ma taille. Ensuite, une main sur le réservoir, elle t'aidera à te maintenir en cas de freinage, indiqua le tatoué en venant prendre sa main droite pour la poser à plat sur le métal froid. Et l'autre, tu la passes sous la selle, tu y trouveras une poignée pour t'y tenir. C'est avec cette main que tu pourras gérer l'apesanteur lorsque je vais accélérer.

— D'accord.

Concentré sur sa tâche, Jimin fit ce qu'on lui dit, mais cette position était loin d'être confortable et surtout, il ne sentait nullement en sécurité.

— C'est bon ? demanda Jungkook après plusieurs minutes de silence.

— Oui, répondit le médium d'une voix incertaine.

— Une dernière chose et s'il plaît, ne l'oublie pas, dans les virages, il faut que tu te penches comme moi. Si tu ne le fais pas, on risque de tomber.

— D'accord.

Le commandant baissa la visière de son casque et retira la béquille avant de passer la première vitesse. Le bruit de celle-ci surprit Jimin qui tressauta légèrement.

— Jungkook ! appela ce dernier d'une voix forte pour se faire entendre.

Sans lui répondre, le concerné tourna légèrement la tête vers lui, lui signalant qu'il l'écoutait.

— Ne va pas trop vite s'il te plaît, c-c'est ma première fois.

— Tu me fais confiance ?

Si la question avait été posée quelques semaines en arrière, Jimin n'aurait pas hésité à dire que non, qu'il n'avait pas confiance en lui. Pourtant, aujourd'hui, bien que leur relation soit tumultueuse, sa réponse était tout autre.

— Oui, répondit-il avec timidité.

Dissimulé dans son casque, un sourire affectueux prit place sur les lèvres de Jungkook. En demandant cela, une part de lui avait peur que la réponse soit négative. Après tout, il se conduisait encore comme un abruti avec son cadet, même s'il apprenait à apprécier sa compagnie, il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir se protéger.

— Alors faisons en sortes que cette première fois soit mémorable.

Jimin hocha la tête, sans perdre son sourire. Il était à la fois excité de ce qu'il allait bientôt vivre et aussi effrayé. Étrangement, c'était un délicieux mélange, similaire à celui qu'il avait ressenti la veille. Ce fut à cet instant qu'il réalisa que malgré tout ce qu'ils avaient vécu, Jungkook était celui qui lui faisait vivre ses premières fois, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Perdu dans ses pensées, le médium ne s'était pas rendu compte que le tatoué avait démarré. Il roulait au pas jusqu'à la sortie de la résidence et lorsqu'il fut certain que la voie était libre, Jungkook s'engagea sur la route. Progressivement, il passa ses vitesses, faisant gronder le pot d'échappement de la Ducati, puis lorsque la voie fut dégagée, le brun donna une accélération plus forte.

À ce moment-là, Jimin crut perdre son cœur. Surpris et effrayé, il oublia toutes les consignes que son aîné lui avait données et vint enrouler les bras autour de sa taille, collant totalement son corps contre son dos. Il pouvait deviner aux vibrations qui le traversaient que Jungkook riait, visiblement amusé par sa petite blague.

— Tu as dit que tu irais doucement, pesta le médium assez fort pour être entendu.

— Désolé microbe, c'était trop tentant, gloussa le policier.

Le plus jeune eut une forte envie de le frapper, mais se résigna de peur qu'il ne perde le contrôle et ne les tue tous les deux. Au volant de la Ducati, Jungkook était en plein combat de conscience. Son côté motard lui ordonnait de demander à son passager de se replacer correctement pour sa propre sécurité. L'autre partie, elle, ne voulait pas qu'il bouge. Comme la veille, il appréciait beaucoup trop ce contact et au fond de lui, il savait que c'était mal. Il savait que petit à petit, ce garçon qui était collé à lui était en train de réduire en miette toutes ses défenses.

Ayant repris ses esprits, Jungkook vint prudemment prendre la main droite de Jimin et la reposa contre le réservoir. Il s'apprêtait à faire la même avec l'autre, mais il sentit la prise de ses doigts se resserrer plus fermement autour de sa veste en cuir. Par ce geste, il put sentir toute la crainte de son passager, alors il se résigna et le laissa ainsi.

À l'arrière, assis sur la petite selle, Jimin remerciait intérieurement son colocataire de l'avoir laissé rester ainsi. Il se sentait beaucoup plus en sécurité, il se sentait bien.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

La Ducati Streetfighter noir roulait à travers la ville lorsque son conducteur rétrograda sa vitesse avant de tourner à droite. Son passager, qui avait jusqu'à présent suivi à la lettre les indications, était plus détendu et s'inclina comme il lui avait été demandé. Ils longèrent la petite ruelle avant d'arriver sur un parking où la moto se mit à rouler au pas.

Jungkook immobilisa enfin la Ducati devant une enseigne que Jimin ne connaissait pas. Au-dessus de la vitre, gravé sur la devanture en bois noir, était inscrit en blanc "Tattoo & Piercing Shop".

— C'est ici ? demanda Jimin lorsque le tatoué coupa le contact.

Le brun abaissa la béquille de l'engin et l'appuya dessus.

— Oui, répondit Jungkook en retirant son casque. Vas-y, tu peux descendre.

Le médium obéit pendant que le conducteur vint plaquer ses mèches noires en arrière. Il les rassembla en un petit bun et les attacha avant de descendre à son tour de la moto.

— Viens, entrons, je suis à la bourre.

Sans attendre, le policier poussa la porte et une petite cloche tinta au-dessus de leur tête.

— J'arrive tout de suite, installez-vous, lança un homme.

La voix provenait de derrière une porte blanche qui se trouvait derrière le comptoir d'accueil en bois foncé. Attendant que l'on vienne les recevoir, Jimin commença à admirer les lieux.

Le sol était en carrelage noir et blanc, créant un damier des plus hypnotisant. Sur les murs en brique noir étaient accrochés plusieurs cadres en bois sombre, mettant en lumière plusieurs groupes de rock que Jimin connaissait maintenant. Contre la paroi de la vitrine, deux sièges en vieux cuir brun étaient disposés face à une table basse en métal noir. Sur celle-ci, le propriétaire avait étalé divers magazines traitant du sujet des tatouage et piercing.

Jimin aimait cet endroit, il était chaleureux et avait cette touche de Rock'n Roll qu'il aimait beaucoup. Alors qu'il observait les alentours, son regard se posa sur Jungkook qui se tenait devant le comptoir de l'accueil. Vêtu de son éternelle veste en cuir dont il avait retroussé les manches et ses cheveux attachés, ce garçon était parfaitement dans son élément et cela fit sourire le médium.

— Qu'est-ce qui te fait sourire ? lança le policier suspicieux.

— Rien, répondit Jimin sans perdre son sourire. Il est cool cet endroit. Je trouve qu'il te ressemble.

— Donc, je suis cool ? fit Jungkook, les sourcils haussés.

Il tentait de toutes ses forces de retenir un sourire qui menaçait d'apparaitre sur la commissure de ses lèvres.

— J'ai dit l'endroit, pas toi, répliqua le médium d'un rictus espiègle sur le visage.

— Mais bien-sûr, ricana le tatoué.

Cela faisait plusieurs minutes qu'ils attendaient. La cloche avait sonné, annonçant leur arrivée, pourtant encore personne ne s'était montré pour les recevoir. Même s'il avait tout le temps du monde, Jimin commençait à s'impatienter tellement il était excité à l'idée d'assister à son premier tatouage.

— Bon, que vas-tu faire ? Encore des tatouages ? demanda le plus jeune en venant prendre l'un des magazines.

— Oui, je vais terminer de remplir mon bras.

— Il n'est pas encore terminé ? s'étonna Jimin.

— Non, j'ai encore des zones vide. Je vais les combler aujourd'hui et je vais ajouter de la couleur. J'ai envie de me ferai percer aussi.

— Est-ce que ça fait mal ? questionna le médium curieux.

Depuis qu'il le connaissait et qu'il avait vu ces esquisses sur sa peau, Jimin avait toujours eut envie de lui poser la question. Maintenant, il en avait l'occasion et espérait que son colocataire lui réponde sincèrement.

— Les tatouages ou les piercings ?

— Les deux.

— Oui, mais j'ai connu pire comme douleur, répondit Jungkook en regardant rapidement dans la direction où s'était échappé la voix de l'homme.

— Ah bon ? Comme quoi ?

— Je me suis fait tirer dessus, plus d'une fois.

— D'accord, murmura Jimin ayant perdu toute envie de se faire tatouer. Et le piercing, lequel a été le plus douloureux ?

— Hum, aucun, mais à choisir entre tous ceux que j'ai à l'oreille et le téton, sans hésiter le téton.

— Je m'en doutais.

La conversation des deux amis fut interrompue par une chevelure blonde qui fit son apparition. Jimin l'observa quelques minutes, contemplant l'Art gravé à jamais sur sa peau.

— Jeon Jungkook, quel plaisir de te voir. J'ai cru que tu ne viendrais pas, salua l'homme à la chevelure dorée.

— Salut Jay, désolé du retard, petit contre-temps, répondit Jungkook.

Le dit Jay posa son regard sur Jimin et le lorgna durant de longues secondes. Le concerné se sentit subitement mal à l'aise sous ce regard intense. Près de lui, le policier remarqua sa gêne et décida d'intervenir.

— On commence ? dit-il.

— Bien-sûr, ton ami aussi va se faire tatouer ?

Jungkook se tourna vers Jimin qui bougea négativement la tête.

— Pas de tatouage pour lui, répondit le brun.

— Très bien, allons-y alors.

Le policier hocha la tête avant de suivre le propriétaire du salon. Il s'apprêtait à passer la porte lorsqu'il remarque que son cadet était resté derrière.

— Qu'est-ce que tu fais, viens, lança ce dernier en lui faisant signe d'avancer.

— J-je peux venir ?

— Évidemment, à moins que tu préfères attendre là.

— Non, je veux voir, répondit Jimin.

Un sourire aux lèvres, le médium se dépêcha de rejoindre les deux hommes et entra dans l'espace de travail du tatoueur où il allait passer les deux prochaines heures.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

— Qu'est-ce que tu penses de celui-là ? lança pour la énième fois Jimin en montrant une page de magazine à Jungkook.

Le commandant était installé sur le fauteuil de tatouage depuis maintenant deux heures trente et Jimin devait avouer qu'il commençait à trouver le temps long. Il avait passé les premières heures à admirer le travail du tatoueur qui avait complété l'intérieur du bras de son colocataire avec brio. Il était maintenant en train d'ajouter de la couleur et même si cela semblait faire une éternité qu'il était en train de se faire torturer par toutes ses aiguilles, Jungkook ne cillait même pas.

Lorsqu'il entendit de nouveau la voix de Jimin résonner à quelques centimètres de lui, il laissa échapper un soupir et planta ses orbes dans ses yeux. Ce dernier lui montrait un dessin représentant un tigre aux allures majestueuses.

— Alors, tu aimes bien ? répéta le médium tel un enfant impatient.

— C'est un peu gros pour un premier tatouage ?

— Ah, mais ce n'est pas pour moi !

— Pour qui alors ? questionna le brun confus.

— Bah toi !

Au ton de sa voix, les personnes présentes auraient pu croire que sa réponse était une évidence, ce qui fit sourire Jay qui tentait de rester de marbre face à la mignonnerie de l'autre garçon.

— Un tigre ?

— Oui, il est joli, tu ne trouves pas ?

— Je suis de l'année du cochon, répliqua Jungkook.

Le ton blasé et la réponse de son ami fit glousser Jimin qui tentait tant bien que mal de maitriser le rire qui tordait sa gorge.

— Vas-y, dit ce que tu penses, lança le tatoué, essayant de ne pas se laisser contaminer par le rire de son colocataire.

— Ça va parfaitement avec ton caractère.

Même Jay pouffa en entendant la répartie de leur cadet et bien-sûr, il eut le droit à un regard noir de la part de son client.

— Je t'emmerde microbe, cingla le policier sans une réelle colère.

— Oui, je sais, et tu sais que c'est réciproque.

Encore une fois, le tatoueur ne put se retenir.

— Arrête de te marrer toi, pesta Jungkook à l'attention du blond qui continuait son travail.

— Attends, si tu es cochon, ça veut dire que tu es né en mille neuf cent quatre-vingt-quinze ? Tu as vingt-sept ans ?

— Bravo Sherlock, tu es perspicace et tu sais compter. Tu devrais penser à rejoindre la police, se moqua tatoué.

Pour réponse, Jimin lui tira la langue, déclenchant un roulement d'œil chez son aîné.

— Tu n'es pas au courant ? Je bosse déjà pour la police, j'ai même deux coéquipiers. Le plus vieux est cool, mais celui qui est de l'année du cochon est un grincheux doublé d'un mauvais joueur.

— T'es un vrai petit comique en fait, répliqua Jungkook.

— Oui, je sais, on me le dit souvent, plaisanta le médium.

L'ambiance entre eux était bonne et Jimin se demandait si la présence de Jay n'y était pas pour quelque chose. Peut-être que Jungkook n'osait pas le renvoyer boulet devant son tatoueur. En tout cas, ce moment était amusant et il ne regrettait pas d'être venu.

— Donc le commandant Jeon Jungkook a vingt-sept ans, reprit Jimin en feuilletant toujours le même magazine. Je me viens de me rendre compte que je ne connais même pas ta date de naissance alors qu'on vit sous le même toit.

— Ce n'est pas vraiment nécessaire, à moins que tu veuilles m'offrir un cadeau, répondit le policier avant de gémir de douleur.

— Bien fait, ça t'apprendra à être désagréable, répliqua immédiatement le médium en lui offrant un grand sourire provocateur. Alors, c'est quand ton anniversaire ?

— Pourquoi tu veux savoir ?

— Mais qu'est-ce que tu peux être pénible quand tu t'y mets, pas vrai monsieur Jay ? lança le cadet.

— Il a raison, parla le concerné à l'attention de son client.

— De quel côté tu es toi ?

— Du sien, il est beaucoup plus mignon que toi, répondit sincèrement le blond, déclenchant un rougissement chez le plus jeune.

— Tss, il n'y a rien de mignon chez lui. Il est surtout énervant !

— J'attends toujours la réponse à ma question. Si tu refuses de me le dire, je demanderai à Tae en rentrant.

— Premier septembre ! Satisfait ?

— Moi, c'est le treize octobre, même si tu t'en fiches, fit Jimin d'un ton plus bas.

Même s'il tentait de ne rien laisser paraitre, les derniers propos de Jungkook l'avaient blessé. Emporté par l'ambiance légère, il ne s'était pas rendu compte qu'il était en train de l'agacer. En baissant les yeux sur le bout de papier qu'il tenait en main, le médium vint s'asseoir sur le fauteuil qui se trouvait dans un coin de la pièce, se murant dans un silence des plus solitaire.

Assis sur le fauteuil, le bras droit étendu sur le dossier en cuir prévu à cet effet, Jungkook regardait son colocataire et se sentit stupide. Le ton de sa voix avait été bien plus froid qu'il ne l'aurait voulu et ce n'était pas tant Jimin qui l'énervait, mais la douleur qu'il ressentait à ce moment précis était en train de le rendre fou.

— Alors Jimin, tu voudrais te faire tatouer ? demanda Jay après de longues minutes de silence.

Le concerné leva les yeux de son magazine et regarda le tatoueur, sans accorder son attention à Jungkook. Le blond continuait son travail, tandis qu'il attendait une réponse du plus jeune.

— Un jour peut-être. J'aimerais déjà me faire percer, répondit-il.

— Vraiment ? Où ça ?

— Les lobes pour commencer.

— Si tu veux le faire aujourd'hui, je peux m'en occuper. Je te fais un petit geste commercial, comme ça tu reviendras me voir pour tes futurs tatouages, proposa le blond en quittant le bras de Jungkook des yeux pour regarder son cadet.

— Hum, je veux bien, merci.

— Super. À l'accueil, tu as un présentoir avec toutes les boucles et les piercings. Choisis ce qui te fait plaisir.

— D'accord.

Avec un sourire de remerciement, le médium se leva et quitta la pièce, laissant Jay avec son client.

— Pourquoi t'es aussi dur avec lui ? demanda le tatoueur à l'attention du policier.

— Je ne-

Le brun s'interrompit lorsqu'il vit le visage dur de son ami. Jay et Jungkook avaient fait leur service militaire ensemble. Ils étaient tout de suite devenus bons amis et même s'ils s'étaient séparés lorsque le commandant s'était engagé, les deux hommes étaient toujours restés en contact.

— Je ne sais pas, soupira le policier.

— Tu devrais arrêter, ce gamin semble t'apprécier alors tu pourrais être plus gentil.

— Il ne m'apprécie pas. On passe notre temps à s'engueuler.

— C'est ça, pouffa le blond en ajoutant les dernières touches de couleur sur la peau de son client.

Avant que Jungkook n'ait le temps de répondre, la porte s'ouvrit de nouveau sur un Jimin mitigé qui semblait déjà avoir oublié l'incident survenu quelques minutes plus tôt.

— Aide-moi, je n'arrive pas à me décider. Tu préfères lesquelles ? demanda-t-il en montrant à son coéquipier, deux paires de boucles d'oreille enfermées dans une petite boite transparente.

— Je n'en sais ri-

Le ton de Jungkook avait été si cassant que Jay lui avait pincé la peau pour le réprimander, le stoppant ainsi dans sa tirade. Jetant un bref coup d'œil à ce dernier, le policier roula des yeux avant de regarder de nouveau le médium et ce qu'il tenait entre ses mains.

La première paire était de simples boucles d'oreilles médicales en argent, la deuxième en revanche était de jolis petits anneaux en titane.

— Les anneaux sont plus jolis. Ils t'iront bien.

Le compliment indirect de Jungkook augmenta le rythme cardiaque du plus jeune qui tenta de rester de marbre.

— Merci, répondit ce dernier, les joues légèrement teintées.

— C'est un très bon choix, mais il faudra que tu sois prudent les premières semaines pour éviter qu'ils ne s'accrochent dans les vêtements, expliqua Jay.

— Je ferais attention, promit Jimin.

— Ok, j'ai terminé, annonça le tatoueur à son client.

— Ce n'est pas trop tôt ! Ça commençait à piquer, confessa Jungkook en soupirant de soulagement.

— Trois heures sur la table, c'est ton record, je crois.

— Oui, c'est la première fois qu'on fait une session aussi longue.

— Mais vois le bon côté, ta manche est totalement terminée.

Le commandant hocha la tête et s'approcha du miroir qui se trouvait à quelques pas de Jimin. Il contempla le travail de son ami et un sourire satisfait prit place sur ses lèvres.

— C'est vraiment beau, murmura le Jimin.

— Merci microbe.

Le concerné écarquilla les yeux, réalisant qu'il venait de penser à voix haute, puis détourna le regard.

— Alors, ce piercing, on le fait ? demanda Jay en approchant un tube de pommade et du film alimentaire.

— Oui, je veux un labret décalé à droite, annonça Jungkook.

Le tatoueur hocha la tête et vint étalement de la crème sur l'entièreté du bras de son client. Il prit ensuite le film transparent et l'enroula autour de son travail.

— Voilà. Bon, tu connais le discours.

— Oui, gloussa le brun.

— Parfait, je vais commencer par Jimin, je te ferai le tien après.

— D'accord, je vais fumer, indiqua le policier en quittant la pièce.

Après toutes ses heures assis sur ce maudit fauteuil, il avait besoin de prendre l'air et de se dégourdir les jambes.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Jimin avait eu mal, vraiment mal, mais la douleur s'était évanouie lorsqu'il avait vu son reflet. Ce n'était qu'un petit détail, rien de bien fou pour certain. Pourtant, pour lui, pour Park Jimin le jeune garçon qui n'avait jamais eu son mot à dire sur quoi que ce soit, voir ces deux anneaux en argent pendre de ses lobes, était un renouveau. Pour la première fois de toute sa vie, il avait fait quelque chose qu'il voulait sans avoir à demander l'autorisation à qui que ce soit. Il l'avait fait pour lui. Parce qu'il en avait envie et ce fut à cet instant qu'il comprit ce qu'était la liberté.

Jungkook avait, lui aussi, un nouveau piercing. Le policier avait opté pour une petite boule en titane qui était placé juste en dessous de sa lèvre inférieure, à quelques millimètres de sa commissure. N'ayant pas pu appliquer l'anneau qu'il voulait pour des soucis de cicatrisation, le brun avait mis de côté celui qu'il voulait.

— Si la cicatrisation se passe bien, reviens dans deux semaines, on pourra mettre l'anneau.

— Ok, merci beaucoup Jay.

— De rien, c'était un plaisir comme toujours.

Après avoir payé, les deux hommes quittèrent le salon avec leur équipement de moto.

— Ça va aller pour conduire ? demanda Jimin en voyant son ami grimacer alors qu'il enfilait sa veste.

— Oui, j'ai vu pire, répondit Jungkook avec un sourire amusé.

Il était sur le point de mettre le contact lorsque la sonnerie de son téléphone se fit entendre. Sortant l'appareil de sa poche, le brun le déverrouilla pour lire le message qu'il venait de recevoir.

— C'est Tae ? questionna le médium.

— Non, Rose, elle est avec Lian. Ils vont aller manger au food-truck sur Haeundae.

— Oh, je peux rentrer en taxi si tu veux.

— Pourquoi ? Je ne sais pas toi, mais j'ai faim.

Un petit sourire prit place sur les lèvres du plus jeune. Il pensait que Jungkook voudrait y aller seul, après tout, il avait déjà passé l'après-midi en sa compagnie. Pourtant, à sa grande surprise, le brun ne semblait pas encore vouloir se débarrasser de lui.

— Allez, monte, fit Jungkook avant d'enfiler son casque.

Jimin hocha la tête et enfila son équipement. Une douleur désagréable le traversa lorsque le casque vint comprimer ses oreilles fraîchement pressées, mais il tenta de ne pas en tenir compte. Installé derrière le policier, il se positionna correctement et le conducteur démarra en direction de Haeundae où leurs collègues les attendaient.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

À l'autre bout de la ville, Taehyung quitta sa Mercedes qu'il avait garée devant cet immeuble qu'il connaissait bien maintenant. Fixant le bâtiment devant lui, le lieutenant soupira pour se donner du courage et quitta son véhicule. Il traversa le parking et une fois devant l'entrée, il tapa le code d'accès. Le voyant vert s'alluma et le verrou de la porte se fit entendre. Sans perdre plus de temps, le lieutenant de police entra dans l'ascenseur pour rejoindre le quatrième étage.

Son cœur battait vite dans sa poitrine et dire qu'il était anxieux était un euphémisme. Taehyung ne s'était que rarement disputé avec sa fiancée. Cela arrivait bien-sûr, mais les fois où ils se quittaient fâchés étaient rares.

Lorsqu'il se retrouva devant la porte de son appartement, il expira un bon coup et appuya sur la sonnette. Il n'y avait pas un bruit autour de lui alors, il lui avait été facile d'entendre les pas de sa fiancée se rapprocher. Cette dernière tourna la clé dans sa serrure et ouvrit pour se retrouver face à cet homme qui partageait sa vie depuis plusieurs années.

Durant les premières secondes, les deux amants se fixèrent en silence. Taehyung la contempla des pieds à la tête et ne put s'empêcher de penser à quelle point elle était belle. Immobile sur le pas de sa porte, Lilith ne portait qu'un long t-shirt qu'elle avait évidement volé à son compagnon. Ses cheveux encore humides de sa récente douche étaient attachés en un chignon négligé.

— Salut, fit Taehyung.

— Que fais-tu là ? Où est ton écharpe ? demanda-t-elle en voyant le bras de son amant, plié contre son torse.

Ce dernier leva son autre main pour lui montrer l'atèle qui soutenait son épaule depuis une semaine maintenant.

— Je n'arrive pas à conduire alors, je l'ai retirée, expliqua Taehyung.

— D'accord et qu'est-ce que tu fais là ?

— Je suis venu m'excuser.

— T'excuser ? Pourquoi ? Je croyais que c'était moi qui avais tout faux ?

Le lieutenant soupira et encra ses prunelles suppliantes dans celles de sa fiancée.

— Bébé, s'il te plaît, est-ce qu'on peut discuter ailleurs que sur ton pallier ?

Lilith le sonda quelques secondes avant de se décaler pour le laisser entrer. D'un hochement de tête, Taehyung la remercia silencieusement et s'exécuta. Il retira ses chaussures avant de s'avancer dans la pièce de vie. Même si la jeune femme gagnait très bien sa vie, cette dernière avait décidé de s'installer dans un petit appartement en plein cœur du centre-ville. Ce dernier se divisait en trois pièces. Une cuisine avec un îlot sur lequel elle mangeait et travaillait. Un petit salon avec le nécessaire pour se détendre, une chambre et une salle de bain. C'était tout ce dont elle avait besoin et même si elle aimait être chez Taehyung, elle aimait encore plus son petit chez cocon.

—Tu veux boire quelque chose ? proposa la psychiatre.

— Non merci.

— D'accord, fit la jeune femme en venant se servir un verre d'eau.

Même si cet appartement était sa seconde maison, cette fois, Taehyung n'était pas aussi à l'aise et il savait pourquoi.

— Je suis désolé pour ce qui s'est passé tout à l'heure, commença le policier. Je n'aurais pas dû m'emporter contre toi, ni contre Jungkook d'ailleurs, et je crois que tu as raison. Jimin me fait beaucoup penser à Hayun et peut-être qu'inconsciemment, je fais un transfert.

— Ce n'est pas peut-être Taehyung, tu fais un transfert, mais c'est déjà un début de le reconnaitre.

La tête baissée, le châtain fit volteface et s'avança jusqu'au salon où il se laissa tomber sur le canapé. Les yeux rivés sur lui, Lilith s'approcha et vint s'asseoir à ses côtés avant de prendre son atèle de ses mains.

— Allez, enfile ça avant de te blesser, fit cette dernière d'une voix plus douce.

Même si elle le comportement de son amant l'avait blessée, la jeune femme était incapable de lui en vouloir. En revanche, elle tenait absolument à ce qu'il réalise ce qui était en train de se passer. En silence, Taehyung hocha la tête et se laissa faire tandis que sa compagne l'aidait à remettre cette maudite écharpe qu'il avait hâte de retirer.

— Est-ce que tu m'en veux toujours ? demanda-t-il d'une voix enfantine lorsque Lilith attacha le dernier scratch de son atèle.

— Non, gros bêta. Tu m'as blessée en me rejetant comme tu l'as fait, mais je sais aussi que mes mots ont été durs.

— C'est vrai, mais je crois que c'était nécessaire. Avant que tu me le dises, je n'avais pas pris conscience de ce que je faisais et je ne veux pas être comme ça. J'adore Jimin et on s'entend très bien, mais tu as raison, je l'infantilise et il n'a pas besoin de ça.

— Et qu'en est-il de Hayun, est-ce que tu veux qu'on en parle ? proposa prudemment Lilith en venant prendre la main valide de son amant pour entrelacer leurs doigts.

Durant de longues secondes, Taehyung resta silencieux, fixant ses mains jointes qui s'entrelaçaient à la perfection, telles deux pièces d'un même puzzle. Elles étaient faites pour être ensemble et pour rien au monde, il ne voudrait que cela change.

— Bébé, chuchota la jolie brune d'une voix douce.

— Je ne sais pas. Ça fait quatre ans et encore aujourd'hui, j'ai du mal à accepter ce qui s'est passé. Si j'avais...

Sa voix se brisa dans sa gorge alors qu'il tentait de contrôler ses émotions. Taehyung avait la sensation que des aiguilles lacéraient son cœur lorsqu'il repensa au visage de son défunt ami.

— Si je l'avais écouté, si je l'avais aidé comme j'ai aidé Jimin, peut-être qu'il serait encore là. Je... je l'ai abandonné. Je l'ai laissé là-bas et il s'est donné la mort. J'aurais dû...

— Tu n'aurais rien pu faire, mon cœur. Les personnes qui ont vécu ce genre de traumatisme n'ont pas toujours la force d'aller de l'avant. Même si tu avais été à ses côtés sept jours sur sept, il aurait trouvé le moyen de s'ôter la vie. Je te le répète, tu n'aurais rien pu faire de plus. Tu l'as sorti de l'enfer duquel il était prisonnier. Tu lui as donné ton soutien, ton temps et ton amitié. Je me souviens à quel point tu t'étais démené pour qu'il soit placé dans un environnement sain. Crois-moi, j'ai vu ça des dizaines de fois, et peu importe à quel point on veut l'aider, si la personne en question ne veut plus se battre, tu ne peux pas le faire pour elle. Alors s'il te plaît, arrête de t'en vouloir.

Taehyung écoutait, les joues humides de larmes qu'il ne parvenait plus à contenir. La culpabilité était le pire sentiment au monde. Parfois, lorsque son esprit se perdait dans ses souvenirs, il revoyait ce visage pâle aux traits fins et ses prunelles noires qui avaient perdu leur étincelle suite aux abus qu'il avait subis.

Hayun avait l'âge de Jimin lorsque Taehyung l'avait rencontré. À l'époque, il n'était qu'un jeune lieutenant qui venait de rejoindre la section criminelle et travaillait sur sa plus grosse enquête. C'était une affaire de trafic sexuel et Hayun était l'une des victimes. Le jeune garçon avait été enlevé lorsqu'il était enfant pour devenir l'esclave de ces monstres pendant plus d'une décennie.

Quand le lieutenant avait réussi à arrêter ces criminels, le garçon avait été trouvé dans un état second, recroquevillé sur lui-même, affamé, débraillé et surtout épuisé. Il n'était plus qu'une coquille vide, enfin, c'était ce que disaient les psychiatres qui l'avaient examiné. Pourtant, lorsque le châtain lui rendait visite, le garçon semblait revivre, du moins, c'est ce que Taehyung pensait jusqu'à ce qu'on ne l'appelle pour lui annoncer son décès. Hayun s'était ouvert les veines dans sa chambre, ne laissant derrière lui qu'une note griffonnée à la main" Merci Taehyung". C'était cela qui l'avait le plus marqué. Ces mots si anodins et qui pourtant encore aujourd'hui le faisaient se réveiller en hurlant.

— Bébé, fit tendrement Lilith en voyant les larmes de son amant.

Gêné par la faiblesse qu'il extériorisait, le policier tourna légèrement la tête. Attristée par la peine que ressentait son bien-aimé et bien décidée à essuyer ces perles salées, la jeune femme se leva et avec prudence, vint s'asseoir à califourchon sur ses genoux.

— Kim Taehyung, regarde-moi, ordonna-t-elle affectueusement.

— Je suis désolé, murmura le châtain.

— Dans la santé comme dans la maladie. Dans la joie comme dans la tristesse, récita tendrement Lilith en verrouillant leur regard. On partage tous, alors ne t'excuse jamais de ressentir des choses, surtout pas avec moi. Pleurer n'est pas un signe de faiblesse et la tristesse que tu ressens est tout à fait légitime, chacune de tes émotions l'est.

Encore une fois, Taehyung buvait les paroles de la femme qu'il aimait plus que tout. Plus il la regardait, plus sa certitude de vouloir passer le restant de ses jours côté grandissait.

— Merci, chuchota ce dernier alors que Lilith vint essuyer ses joues.

— Je t'aime mon cœur et je serai toujours là.

Cette fois, le lieutenant fondit sur ses lèvres. Il savait que les baiser de sa fiancée étaient le remède à tous ses maux et c'était tout ce dont il avait besoin.

— Je t'aime, répondit enfin Taehyung entre deux baisers.

Lilith sourit et approfondit leur baiser, désireuse de plus de contact, elle approcha son corps de celui de son compagnon en prenant soin de ne pas blesser son épaule. Les deux amants avaient passé la semaine ensemble, mais à cause de la blessure du policier, le couple n'avait pas pu partager de moment intime et ils commençaient à se manquer.

Le châtain répondait à chacun de ses contacts avec plus d'intensité. Avec prudence, sa main valide vint caresser la cuisse nue de la jeune femme, remontant doucement sous le seul tissu qui recouvraient son corps. Lorsqu'il effleura sa hanche ainsi que le tissu de sa lingerie, Lilith se mit à sourire contre ses lèvres avant de reculer.

— Monsieur Kim, je crois que votre main s'est égarée, plaisanta cette dernière.

— J'ai envie de toi, confessa Taehyung le souffle court.

— Moi aussi, mais je ne veux pas prendre le risque que tu te blesses.

— Je vais bien, je te le promets.

Lilith le sonda quelques secondes avant de fondre de nouveau sur ses lèvres. Après de longs baisers passionnés et des caresses des plus sensuelles, le couple se retrouva enfin en unissant leur corps et leur cœur dans une étreinte charnelle.