La RS5 rouge flamboyante venait d'arriver sur le parking de l'hôpital public de Busan. Les deux hommes qui étaient à bord descendirent pour avancer vers la grande entrée du bâtiment. Une fois dans le hall, ils se dirigèrent vers l'accueil, faisant face à une femme d'âge mûr qui les dévisagea sans aucune sympathie.

— Bonjour, commença le policier. Nous venons voir monsieur Kim Taehyung.

— Vous êtes en dehors des heures de visite. Êtes-vous de la famille ? demanda l'agent d'accueil sans les saluer.

Face à son manque de courtoisie, Jungkook pouffa amèrement avant de sortir sa plaque et de la poser bruyamment sur le comptoir en bois.

— D'accord, alors on recommence. Police de Busan, nous venons voir le Lieutenant Kim Taehyung. Veuillez m'indiquer dans quelle chambre il se trouve avant que je ne devienne impoli.

Le regard rempli de condescendance, la femme leva les yeux au ciel et appuya sur les touches de son clavier. Quelques secondes passèrent avant qu'elle ne lève la tête vers les deux hommes qui la fixaient.

— Quatrième étage, premier couloir à gauche de l'ascenseur, chambre 456.

— Bah voilà, lança Jungkook avec un sourire arrogant. Bonne journée.

Jimin gratifia poliment d'un hochement de tête puis suivit son colocataire qui était déjà en marche vers les escaliers. Entre les deux hommes, tout était silencieux. Jimin n'avait pas parlé de ce qui s'était passé au poste plus tôt. Il n'était même pas sûr que Jungkook ait entendu les propos que ses collègues avaient tenus sur lui. Même si c'était le cas, il ne s'était pas attendu à ce qu'il réagisse. Après tout, le tatoué lui avait dit à plusieurs reprises qu'il devait se débrouiller seul.

Lorsqu'ils arrivèrent dans le couloir, Jimin put voir au loin, deux hommes postés devant une porte. Il se souvint alors que Jungkook avait demandé à ce que la chambre de leur ami soit placée sous la protection de la police.

— C'est bon messieurs, vous pouvez aller faire une pause, autorisa le commandant.

D'une main tremblante d'anxiété et d'appréhension, Jimin abaissa la poignée de la grande porte et l'ouvrit. La première chose qui le frappa fut l'odeur aseptisée qui était propre aux hôpitaux. Ensuite, ce fut la chaleur de la pièce puis enfin, son regard se posa sur son ami. Ce dernier était allongé sur le dos, les yeux clos et le visage tourné vers la fenêtre, la douleur semblait avoir quitté ses traits. Son bras droit était replié sur son torse, prisonnier dans une attelle d'épaule.

Jimin avança silencieusement dans la pièce, suivi de Jungkook qui referma la porte derrière lui. Cela extirpa Taehyung de sa somnolence qui tourna doucement la tête vers eux. Voyant ses deux amis, un sourire s'étira sur ses lèvres.

— Salut, fit ce dernier, la voix enrouée.

— Salut, grand blessé, comment tu vas ? demanda Jungkook en s'approchant de lui.

Le jeune médium resta quelques secondes en retrait, laissant les deux vieux amis se retrouver. Il n'avait plus ce sentiment d'imposture qu'il ressentait lors de son arrivée dans la vie de ces deux hommes, néanmoins, il ne souhaitait pas non plus imposer sa présence.

— Je suis un peu dans les vapes à cause des médocs, mais ça va, répondit Taehyung avant de voir le bandage autour du bras de son coéquipier. Tu es blessé ?

— C'est une égratignure, ne t'en fais pas, assura le tatoué.

Le lieutenant lui offrit un sourire avant de poser ses yeux sur Jimin qui était toujours près de la porte.

— Hey, souffla le châtain

La douceur présente dans sa voix réchauffa le cœur du médium qui s'approcha de son aîné. Ce dernier l'observa un instant et ne put retenir un rire en voyant son accoutrement.

— C'est quoi ces vêtements ?

— Les miens étaient couverts de sang alors Jungkook m'a prêté les siens, répondit timidement Jimin.

Étonné par cette information, Taehyung tourna la tête vers son meilleur ami, les sourcils haussés et un rictus amusé sur les lèvres.

— Il a fait ça ? voulu s'assurer le lieutenant sans quitter son meilleur ami du regard.

— Il fallait bien qu'il s'habille ou tu voulais qu'il se trimbale à poil au commissariat ? répliqua Jungkook faussement agacé.

Pourtant, ce fut autre chose que Taehyung vit sur le visage de son coéquipier. Il y vit de la gêne et il ne pouvait pas le nier, car, ses joues légèrement teintées et ses oreilles rouges prouvaient le contraire. Il pouvait voir à quel point il était mal à l'aise alors, il décida de ne pas insister. À la place, il fut curieux de savoir ce qui s'était passé pendant son absence.

— Asseyez-vous, commença ce dernier en se redressant dans son lit alors que ses visiteurs s'installèrent sur les sièges à disposition.

— Alors qu'est-ce que le médecin a dit ? Tu peux sortir quand ? demanda Jungkook.

— Je ne sais pas, je ne l'ai pas encore vu. Dis-moi plus tôt ce que j'ai-

Le lieutenant fut interrompu par une sonnerie de téléphone. En reconnaissant le son, Jungkook s'excusa et sortit son portable de sa poche avant de tourner son écran vers le blessé.

— Vas-y répond, l'autorisa Taehyung en voyant le nom de leur capitaine.

— Oui capitaine, fit le tatoué. Oui, je suis avec lui. Oui. Il est réveillé.

Durant une fraction de secondes, Jungkook écouta attentivement ce que lui disait son interlocuteur et plus le temps passait, plus ses deux amis pouvaient voir son corps se raidir. Ils ignoraient ce que Lim pouvait bien lui dire, néanmoins une chose était sûre, c'était loin de plaire à leur commandant.

— Non. Hors de question ! Je... Non, je- merde Lim laisse-moi p-

Ce n'était plus de l'agacement qui barrait le visage de Jungkook, mais de la colère.

— Oui, c'est ça ! pesta le tatoué avant de violemment raccrocher. Bordel de merde ! grogna-t-il les poings serrés.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Taehyung curieux.

— Interpole vient mettre le nez dans nos affaires. Figure-toi qu'ils surveillaient nos mercenaires depuis longtemps et qu'ils veulent récupérer Petrovic.

— Ils ont le droit de faire ça ? questionna Jimin.

— C'est ça le problème, ces fils de pute ont le droit de tout faire. Interpole n'a pas de juridiction, c'est une organisation internationale. Ces enfoirés ont attendu qu'on les chope et maintenant qu'on a fait tout le boulot, ils viennent récupérer le butin.

— Tu peux les empêcher de l'emmener ? espéra le plus jeune. Ils ont commis un meurtre sur le sol coréen, ils devraient être condamnés par notre tribunal.

S'il n'était pas si en colère, Jungkook aurait surement trouvé sa remarque attendrissante, mais il n'arrivait pas à ressentir autre chose que cette boule de feu qui le rongeait.

— T'es mignon microbe, mais je ne suis pas superman. Même Lim ne peut rien faire, c'est une agence internationale, ils ont plus de pouvoir que nous.

— Bon ce n'est pas grave. Le plus important, c'est qu'il finisse derrière les barreaux, fit Taehyung pour tenter d'apaiser la frustration de son ami.

Jungkook ne répondit rien, se contentant de se laisser tomber sur sa chaise en passant une main sur ses cheveux.

Les deux garçons restèrent auprès de leur ami deux bonnes heures. Le commandant lui raconta tout ce qu'il avait loupé avant de lui informer qu'il avait appelé Lilith. Bien-sûr, Taehyung avait imaginé la panique de sa fiancée en apprenant la nouvelle. Leur conversation fut interrompue par un coup à la porte avant qu'un homme vêtu d'une blouse blanche n'apparaisse dans l'encadrement.

— Comment va notre patient ? demanda l'homme à la chevelure grise.

— Ça va, docteur, merci, répondit le patient. Quand est-ce que pourrait sortir ?

— Vous avez besoin de repos alors, nous souhaitons vous garder trois semaines.

— Trois semaines ? Je pourrais aussi bien me reposer chez moi.

— Je savais que vous alliez dire ça. Je peux vous autoriser à sortir, mais je préfère tout de même vous garder en observation deux ou trois jours. Quand vous serez chez vous, il vous faudra suivre mes instructions à la lettre.

— Tout ce que vous voudrez, promit Taehyung

En entendant cela, le médecin ne put retenir un petit rire avant de reprendre la parole.

— Alors pour commencer, il est évident qu'avec votre blessure et vos côtes cassées, il faudra éviter les mouvements brusques. Je vais vous prescrire des anti-douleurs que vous prendrez seulement lorsque cela deviendra une gêne pour vous. Attention avec ces médicaments, il ne faut surtout pas en abuser. Même si votre blessure est superficielle, vous devez rester tranquille au minimum pendant trois semaines et j'insiste là-dessus. Une infirmière passera chez vous toutes les semaines afin de changer votre pansement et vérifier si la cicatrisation se passe sans problème. Il va de soi que vous devez éviter l'eau donc je suis désolé, mais pour le moment fini les douches et les bains.

— Ah, on est ensemble là-dessus, gloussa Jungkook en désignant le bandage autour de son deltoïde.

Taehyung pouffa de rire avant de reporter son attention sur le médecin.

— Au bout de la troisième semaine, s'il n'y a pas eu de problème et si votre corps cicatrise correctement, l'infirmière pourra vous retirer les fils et vous pourrez recommencer à vous laver normalement. Évidemment, après chaque douche, veillez à toujours bien sécher votre peau avec une serviette propre. À partir de là, vous pourrez laisser votre plaie à l'air libre. Vous aurez peut-être besoin de séance de rééducation, mais nous verrons ça en temps voulu. Pour vos côtes, elles mettront plusieurs mois à guérir, mais à part porter un bandage serré, il n'y a pas grand-chose à faire.

— D'accord, et pour ça ? Je pourrais l'enlever quand ? questionna le lieutenant en désignant l'attelle qui maintenait son bras prisonnier contre son torse.

— Je vous conseille de la garder entre sept et dix jours.

— D'accord, bon déjà, je peux rentrer chez moi.

— Lilith sera surement là demain matin, rappela le tatoué.

— Vous vivez avec votre conjointe ? Ce serait bien que vous ayez quelqu'un avec vous durant les premiers jours.

— Non, je vis avec mes deux coéquipiers ici présents, répondit le lieutenant.

— Mais vous en faites pas docteur, sa fiancée va très bien s'occuper de lui. Elle va le chouchouter comme un enfant, le taquina Jungkook.

— Tais-toi, railla le châtain sans pouvoir retenir un rire.

— Très bien messieurs, je vais me retirer à présent. Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à vous servir du boitier qui se trouve sur la table de chevet. Il est relié au bureau des infirmières.

— D'accord, merci beaucoup, répondirent les trois hommes.

Durant tout cet échange, Jimin était resté discret. Assis dans le coin de la pièce, ses mains dissimulées dans les manches du sweat à capuche de Jungkook, il n'arrivait pas à faire comme si tout allait bien. Malgré le nombre d'heures qui s'étaient écoulées depuis cette conversation qu'il avait surprise, ces voix ne quittaient pas son esprit.

— Hé Jimin, ça va ? demanda Taehyung.

Le concerné détourna les yeux de la grande fenêtre pour les poser sur son aîné. Jungkook qui se tenait debout près du lit le fixait.

— Oui, mentit le jeun brun. Nickel, je suis soulagé que tu rentres bientôt à la maison.

Sur ses lèvres, un sourire forcé avait pris place et malgré toute sa volonté de paraître sincère, il ne dupait personne. Le lieutenant avait vu clair dans son jeu d'acteur, pourtant, il n'insista pas. Jimin priait intérieurement pour que Jungkook ne dise rien, puis il se rappela que le brun n'avait sans doute rien entendu s'il en jugeait par son manque de réaction.

Ce moment fut interrompu par le téléphone du commandant, qui vint lui rappeler qu'il était encore en poste. Il sortit son portable de la poche arrière de son jean et répondit sans même regarder qui tentait de le joindre.

— Jeon, j'écoute.

— C'est moi, la banque vient de m'appeler, Oh Jun-hae vient d'y entrer. Il aurait demandé à vider l'entièreté du compte de la famille Chong, informa Lian, une pointe d'excitation sur la voix.

— Qu'il le retienne ! Il ne doit pas quitter le bâtiment avant que j'arrive !

— Ils font ce qu'ils peuvent, mais il semble bien pressé.

— Ok, je pars tout de suite. Envoie une patrouille sur place, le mercenaire ne doit pas être loin.

— Tu veux que je vienne te rejoindre ?

— Non, je gère, continue le visionnage, ordonna le commandant.

— D'accord.

Sans rien ajouter, Jungkook mit fin à l'appel avant de se tourner vers son meilleur ami et Jimin qui le fixait.

— Oh Jun-hae vient d'entrer à la Busan Bank.

— Allons-y, qu'est-ce qu'on attend ! lança Jimin en se levant d'un bon.

— Non, moi j'y vais, toi, tu ne vas nulle part. Tu restes ici ! le stoppa Jungkook d'un ton autoritaire

— Quoi ?! Non, je viens avec toi !

— Cette fois, c'est non négociable microbe. Ta mission, c'est de veiller sur Tae.

— Veiller sur Tae, répéta Jimin d'un air blasé alors que le concerné pouffa de rire. Tu m'as pris pour un enfant de cinq ans ? Même avec un trou dans l'épaule et des côtes cassées, il pourrait déjouer un attentat.

— Non, ça, c'est moi qui pourrais le faire.

— Peu importe ! Je ne servirai à rien ici ! pesta le médium

— Tu ne me serviras à rien non plus, répliqua le tatoué.

Une fois de plus, les mots étaient sortis bien trop vite de la bouche du commandant. Il n'avait pas réfléchi à l'impact qu'ils auraient sur son vis-à-vis, mais lorsqu'il vit son visage peiné, il réalisa.

— Ce que je veux dire-

— Ça va, ne te fatigue pas, j'ai compris ! le coupa froidement Jimin.

Le médium ne devrait même plus être surpris par les propos si durs de Jungkook, mais comme toujours, il espérait que ce dernier cesse d'être si abrupt envers lui. Quel enfant, voilà ce qu'il se disait.

Oui, Jimin était vexé. Il pensait avoir déjà prouvé qu'il pouvait être utile. Surtout après ce qui leur était arrivé ce matin. Il avait fait tout ce que le tatoué avait demandé sans broncher. Il avait pris sur lui et fait taire sa peur et son angoisse. Il avait tout fait pour aider Taehyung et voilà qu'on lui balançait au visage qu'il ne servirait à rien.

Une mine contrariée sur le visage et la gorge nouée par des larmes de colère, le jeune brun se rassit sur le fauteuil où il était précédemment installé et tourna la tête vers la fenêtre.

Taehyung qui était silencieux, lança un regard noir à son meilleur ami, agacé par son comportement de brute sans tact.

— Je... j'y vais, annonça Jungkook, mal à l'aise.

— Oui, fais donc ça, répondit Taehyung, d'un ton dur.

Le brun baissa légèrement la tête et quitta la chambre, laissant derrière, ses deux collègues. Une fois la porte de la chambre refermée, le commandant donna les consignes aux deux hommes en uniforme qui se trouvait près de la machine à café. Les ordres étaient clairs, ne laisser personne, mis à part les membres de son unité, entrer dans cette chambre.

Après cela, Jungkook se dépêcha de rejoindre sa voiture avant de démarrer en troisième vitesse vers la Busan Bank. Les sirènes hurlant à travers les rues de la ville, l'Audi rouge vint enfin se garer devant la banque.

Comme demandé, Lian n'avait envoyé aucune patrouille sur place. Le commandant ne savait pas encore quel rôle Oh Jun-hae avait joué dans la mort de sa famille, mais il ne voulait pas l'effrayer. Son but était de l'emmener au poste afin de lui assurer une protection contre le dernier mercenaire qui voulait probablement terminer le travail.

Après avoir coupé le contact, Jungkook sortit de la voiture. Son arme dans son holster d'épaule, le brun décida d'enfiler sa veste pour la dissimuler afin de paraître moins intimidant.

Observant les alentours à la recherche du moindre danger, le commandant marchait le long du trottoir qui menait à sa destination qui n'était qu'à quelques pas de lui. En arrivant devant les doubles portes de l'immense bâtisse en pierre, le regard de Jungkook se posa sur un homme qui se trouvait devant lui, à seulement quelques mètres.

Un ange passa durant lequel les deux hommes se fixaient, puis le tatoué se souvint. Cet inconnu à la carrure large était la montagne de muscles qu'il avait vu au hangar, la veille. Cet individu était le quatrième mercenaire.

La réaction de Jungkook fut immédiate. Avec une agilité et une rapidité sans égale, le brun sortit son Beretta de son holster. À cet instant précis, comme si les dieux avaient voulu éviter qu'une fusillade n'éclate en plus, les portes de la banque s'ouvrirent. Un homme d'une quarantaine d'années à la chevelure d'ébène et tenant un sac dans ses mains apparut devant eux. Le policier ne mit qu'une fraction de seconde avant de le reconnaître lui aussi.

Oh Jun-hae.

Le temps sembla s'arrêter entre les trois hommes. Tous se regardèrent à tour de rôle, puis l'un d'eux réagit. Sans lâcher son sac, Jun-hae se mit subitement à courir, surprenant à la fois le tatoué et le mercenaire qui était là pour l'éliminer.

Le deuxième homme à bouger fut le Serbe qui détala à son tour derrière l'individu qui venait de quitter la banque. Son arme de nouveau dans son holster, Jungkook se mit à courir, voulant à tout prix les rattraper. Sans ralentir, le brun sortit son téléphone et composa le raccourci du central avant qu'une femme ne réponde.

— Commandant Jeon Jungkook, numéro de plaque K970901. Je poursuis deux suspects à pied sur la rue commerçant de Haeundae. Premier suspect, Oh Jun-hae. Homme coréen, quarantaine d'années, cheveux bruns. Il est vêtu d'un jean beige et d'une chemise noire. Il tient dans ses mains un sac de sport en toile sombre.

Alors qu'il évitait les passants et tentait de garder un visuel sur les deux hommes, Jungkook fouillait dans sa mémoire pour se souvenir du nom du Serbe.

— Deuxième suspect, Ivan Nikolic. Homme Serbe, entre trente et quarante ans, vêtu d'un treillis militaire noir et un t-shirt noir. Suspect dangereux et armé.

" La patrouille est en route. "

— Nickel.

Sans rien ajouter, le policier mit fin à l'appel et glissa son téléphone dans la poche de son jean avant d'accélérer le pas.

Malgré la journée pluvieuse, les rues piétonnes de Busan étaient envahies par ses habitants qui vaquaient à leurs occupations. Au milieu de cette foule, trois hommes se poursuivaient.

Le premier fuyait pour sa vie, le deuxième n'avait qu'un objectif, éliminer sa cible et rendre satisfaction à son employeur tandis que le dernier, voulait simplement sauver un homme qu'il pensait innocent. Slalomant entre les citoyens, Jungkook prit la décision de tourner dans une petite ruelle dénuée d'âmes. S'il avait vu juste, ce raccourci lui permettrait de barrer la route à l'assassin.

Heureusement pour lui, Jungkook avait eut raison. Il vit passer Jun-hae, juste devant lui et comme il l'espérait, le Serbe était juste sur ses talons. Lorsque ce dernier apparut, le tatoué se jeta sur lui, effectuant un placage digne des meilleurs joueurs de rugby.

Malgré sa masse musculaire, le mercenaire fut projeté avant de venir s'écraser contre la portière du véhicule qui se trouvait là, brisant par la même occasion la vitre. Dans un grognement de douleur, Ivan se redressa et tenta de frapper Jungkook, mais ce dernier parvint à éviter le coup pour attaquer à son tour. Ayant réussi son attaque, le brun se remit à courir après Jun-hae qui s'éloignait davantage.

En dépit de l'avance que le tatoué avait prise, le mercenaire parvint à le rattraper, courant sur ses talons. Jungkook devait trouver le moyen de se débarrasser de lui avant d'arriver sur le boulevard où la circulation était dense à cette heure de la journée. Concentré sur les options qui s'offraient à lui, le policier n'avait pas entendu Ivan se rapprocher dangereusement de lui jusqu'à arriver à sa hauteur.

Sans qu'il n'ait le temps de réaliser, Jungkook fut poussé violemment par le mercenaire. Perdant l'équilibre, il vint se heurter à un homme qui passait près de lui, lui évitant ainsi une chute.

— Excusez-moi, fit tout de même le brun avant que son regard ne se pose sur la terrasse d'un restaurant.

Soudainement, une idée lui traversa l'esprit et un rictus malicieux apparu sur la commissure de ses lèvres. En se précipitant vers l'établissement, le brun vint saisir l'une des chaises en bois qui se trouvait là et la lança sur le mercenaire. L'objet heurta ses jambes, le projetant au sol, donnant ainsi le temps à Jungkook d'arriver à sa hauteur.

Quelques mètres plus loin, Oh Jun-hae ralentit en entendant le brouhaha provoqué par la foule derrière lui. Pivotant sa tête sur le côté, ce dernier vit les deux hommes engagés dans un combat au corps à corps. Le regard du fuyard et de Jungkook se croisèrent alors que ce dernier se battait pour sa vie et ce fut à ce moment que le policier comprit que la vie ne tenait qu'à un fil.

Accaparé par la peur, Oh Jun-hae n'entendit pas les véhicules qui circulaient à grande vitesse sur le boulevard Haeundae. Marchant à reculons, l'impact fut inévitable. Le pauvre chauffeur de ce camion de livraison n'eut pas le temps de freiner lorsque l'homme, distrait, avait franchi la ligne, se trouvant au milieu de sa voix. Les premiers de cris de panique résonnèrent dans la rue face à cette scène choquante.

Jungkook n'eut pas le temps d'encaisser le choc qu'il dut s'occuper du mercenaire qui reprenait ses esprits après le coup qu'il lui avait assené. Cet homme était beaucoup plus coriace que ses trois collègues. Chacune de ses attaques étaient d'une puissance incommensurable et malgré sa rapidité, le policier ne parvenait pas à toutes les éviter. Il pouvait sentir le sang couler de la commissure de ses lèvres tandis que la douleur se propageait dans sa mâchoire meurtrie.

Excédé par la situation, le policier sortit son arme de son holster avant de la pointer vers Ivan Nikolic qui venait de se mettre sur pied.

— Ça suffit, tu m'as assez fait chier, fulmina le commandant. À genoux, les mains derrière la tête.

L'homme le regarda sans bouger, le défiant dans le regard.

— Ne m'oblige pas à me répéter, je me ferais une joie de te coller une balle entre les deux yeux.

— Vas-y, ne te gêne pas, répliqua Ivan.

Jungkook comprit à son sourire arrogeant que c'était exactement ce qu'il recherchait, être tué pour ne pas être interrogé.

— Oh, je ne te ferai pas ce plaisir. En revanche, je peux t'exploser les deux genoux ?

Réalisant qu'il n'aurait pas ce qu'il voulait, le mercenaire céda et se mit à genoux. Tandis que le commandant s'apprêtait à contacter le central pour donner sa position et appeler une ambulance, il entendit les sirènes hurler au loin, avant qu'un véhicule blanc et jaune n'apparaisse. Les personnes qui avaient assisté à la scène l'avaient devancé, appelant immédiatement les secours.

— Commandant, vous allez bien ? demanda un officier en uniforme.

— Oui, ce n'est rien, embarque-moi ce connard et foutez-le en cellule, ordonna-t-il.

Le policier acquiesça et vint menotter l'assassin avant de l'emmener jusqu'à la voiture de patrouille. Voulant savoir dans quel état était Oh Jun-hae et s'il avait survécu au choc, Jungkook trottina jusqu'à l'ambulance. Sur place, il fit face à l'homme aux cheveux blond qui était venu chercher son meilleur ami quelques heures plus tôt.

— Décidément commandant, on se cesse de se croiser aujourd'hui, lança l'ambulancier.

— Oui, j'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances, répliqua Jungkook.

— Vous êtes blessé, réalisa le blond en désignant sa lèvre entaillée et sa mâchoire contusionnée.

— Ce n'est rien, comment il va ? demanda le tatoué en désigna Oh Jun-hae qui était transporté jusqu'à l'ambulance.

— Il est en piteux état, nous l'emmenons immédiatement à l'hôpital.

— Ok, allez-y.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Jungkook venait de quitter la salle de pause, une poche de glace à la main, avant de pénétrer dans le QG de son unité. Tanné par cette journée qui n'en finissait plus, le brun alla directement dans son bureau, claquant la porte au passage. Dans un long soupir, le brun se laissa tomber sur le fauteuil de son bureau, penchant sa tête en arrière.

La poche de glace sur sa mâchoire bleutée, la sérénité dont Jungkook profitait actuellement fut interrompue par la porte qui s'ouvrit dans un fracas avant qu'une voix grave ne se fasse entendre.

— J'ai trouvé quelque chose d'intéres-

L'inspecteur s'arrêta en voyant son supérieur.

— Ça va ? demanda-t-il plus calmement.

— Oui, tout baigne, répondit Jungkook avec sarcasme. Oh Jun-hae est à l'hôpital.

— Tu lui as tiré dessus ?

En entendant la question de son subordonné, le tatoué, redressa la tête, la mine blasée par cette accusation.

— Alors c'est ça l'image que vous avez de moi ? répliqua ce dernier, faussement offensé.

— Bah...

— Ok, j'ai compris. Non ! Je ne lui ai pas tiré dessus, il s'est fait percuter par un camion de livraison, expliqua le brun lassé.

— Ah.

— Tu as trouvé quoi ?

— Viens voir, l'invita Lian en quittant le bureau en troisième vitesse.

Jungkook se leva, grimaçant de douleur. Son corps hurlait pour un peu de repos qu'il ne pouvait lui accorder, pas tant que cette enquête était bouclée. Laissant la poche de glace sur son bureau, le brun sortit de la pièce pour rejoindre son coéquipier. Rose était également présente. Lorsque ses prunelles vertes se posèrent sur son supérieur, l'inquiétude prit place sur son visage de porcelaine.

— Ton visage ! s'exclama cette dernière.

— Ce n'est rien, une journée basique au bureau, répondit le brun avec un sourire sans joie.

— Tu devrais aller à l'infirmerie, conseilla la rouquine.

— C'est bon, j'ai l'habitude. Allez, dites-moi ce que vous avez trouvé.

La jeune femme haussa les épaules, résignée, puis Lian prit la parole.

— Alors, j'ai visionné une grande partie des vidéos de surveillance en vitesse accélérée et voici ce que j'ai trouvé.

L'inspecteur tapa sur la vitre tactile, avant d'envoyer ce qu'il avait trouvé vers l'écran central. Sur ce dernier, s'afficha l'une des vidéos de la caméra espion où l'on pouvait voir un couple que Jungkook reconnut. Il s'agissait de William Harris et de la jeune femme inconnue. Même s'il n'y avait pas de son, on pouvait comprendre, par leur gestuelle, qu'ils semblaient se disputer violemment.

— Cette jeune femme passe le voir au moins trois fois par semaine, en général tard le soir. Ils s'envoient en l'air, conta Lian pendant que son supérieur regardait la vidéo, d'un air concentré.

— Vous avez son identité ? demanda Jungkook sans quitter l'écran des yeux.

— Pas pour le moment. Le logiciel cherche encore, mais la qualité de l'image n'aide pas, répondit Rose.

Le commandant resta muet, fixant l'écran. Le silence avait envahi la pièce, les trois policiers présents examinaient la vidéo. Alors que le ton semblait monter entre les deux protagonistes, la jeune femme somma son envie de quitter le bureau. Lorsqu'elle arriva près de la porte avec l'intention de l'ouvrir, les trois amis purent observer l'homme prendre la statuette de marbre qui se trouvait près de la caméra.

— Il ne va pas faire ça, murmura Jungkook, devinant ce qui allait se passer.

Avant que ses subordonnés n'aient le temps de répondre, William Harris vint frapper violemment son amante à l'arrière de la tête. La jeune femme tituba, étourdie par l'attaque surprise avant de s'écrouler sur le sol. L'angle de la caméra ne permettait pas de filmer ce qui se passait au sol, mais le brun put voir l'homme se placer au-dessus d'elle, avant de la frapper à plusieurs reprises. Lorsqu'il cessa enfin ses assauts, l'anglais se redressa, les cheveux en bataille, le visage tâché par les éclaboussures de sang.

Lian accéléra la vidéo, montrant en vitesse rapide le meurtrier enrouler le corps de sa victime dans le tapis avant de tirer ce dernier hors de la pièce et de disparaitre. Après cela, l'inspecteur changea de fichier.

Cette fois, la nuit était de nouveau tombée. Le bureau était vide de la présence de son propriétaire. Les minutes défilaient à grande vitesse, quand enfin, ils purent voir Oh Jun-hae entrer dans le bureau, accompagné de deux hommes. Ils tenaient dans leur main de grands sacs en toile et commencèrent à les remplir de tout ce qu'ils trouvaient, puis l'un d'eux s'approcha de la boule à la neige. La prenant dans sa main libre, l'inconnu leva la babiole jusqu'à son visage.

Jungkook s'approcha rapidement de la table tactile et stoppa l'image avant de zoomer sur le visage du voleur et de rendre l'image le plus net possible.

— Trouve-moi ce mec, ordonna ce dernier avant de tourner les talons et de partir en direction de la sortie.

— Où vas-tu ? demanda Rose.

— Arrêter William Harris. Toute cette histoire a commencé à cause de lui. Il tue sa maîtresse, Oh Jun-hae vole la boule à neige et Harris engage les mercenaires pour retrouver la seule preuve qui le relie à ce meurtre. Reste à savoir qui lui a donné cette babiole et s'il était au courant pour la caméra.

— Je viens avec toi, lança la rouquine.

— Ok, Lian trouve-moi qui est ce voleur et va le boucler, ordonna le commandant.

Ce dernier hocha la tête et les deux amis quittèrent le bureau pour rejoindre le parking. Une fois dans l'Audi, Rose posa ses yeux sur son supérieur qui était silencieux, la mine fermée.

— Kook, ça va ? demanda cette dernière.

— Arrête de m'appeler comme ça, répondit-il de manière détachée alors qu'il s'engageait sur le boulevard de Haeundae.

La rouquine le connaissait, elle savait bien qu'il n'allait pas bien. Il était renfermé, beaucoup plus que d'habitude et même s'il la repoussait, elle voulait lui donner une chance de se confier.

— Je m'inquiète simplement pour toi, continua Rose avec prudence.

— Ne joue pas les sentimentales avec moi, tu sais très bien que ça ne marche pas comme ça entre nous.

— Peut-être, mais avant ça on est amis, alors arrête de jouer les trous du cul et réponds à ma question.

L'autorité présente dans la voix la rousse étonna le tatoué qui tourna la tête vers elle.

— Je te trouve bien audacieuse, se moqua-t-il.

— Sois sérieux Jungkook. La journée a été difficile, je veux juste m'assurer que tu vas bien.

Un long soupir quitta ses lèvres face à l'insistance de la jeune femme.

— Je vais bien.

— Tu mens.

— Rose, tu m'emmerdes.

— Je sais, gloussa cette dernière. Mais tu aimes ça.

— Peut-être en temps normal, mais là, je ne suis pas d'humeur, râla Jungkook, concentré sur la route. Mon meilleur ami est à l'hôpital, sept personnes sont mortes à cause d'un mari infidèle et j'ai deux mercenaires enfermés dans une cellule qui vont être emmenés par Interpol alors que c'est nous qui avons fait tout le boulot. Alors franchement, j'ai juste hâte que cette putain de journée se termine parce que je crois que le prochain qui me fait chier, je le casse en deux !

Le commandant avait récité cela d'une traite sans même prendre le temps de parler durant son monologue. Maintenant qu'il avait le fin mot de toute cette enquête, il ne pouvait pas s'empêcher d'être en colère. La luxure et la cruauté des Hommes continuaient de l'étonner, et cela, malgré toutes les horreurs qu'il avait vues au cours de sa vie. Des innocents avaient perdu la vie, car un homme n'avait pas su rester fidèle à la femme qu'il avait choisie comme épouse. Une petite fille n'aura jamais la chance de découvrir la vie à cause de lui. Mais ce qui le mettait encore plus en colère était le fait qu'une jeune femme avait été sauvagement assassinée sans que personne ne le sache. Si son corps n'avait jamais été retrouvé, sa famille n'avait pas pu faire son deuil. Quelque part, une mère et un père attendait encore que leur fille rentre à la maison.

Jungkook était soulagé d'avoir vidé son sac. Même s'il l'avait fait de façon agressive, il savait que Rose ne lui en tiendrait pas rigueur.

— Est-ce que tu te sens mieux ? demanda la rouquine avec douceur.

— Je me sentirais mieux quand on aura bouclé cet enfoiré d'Harris et qu'on aura retrouvé le corps de sa victime.

Leur échange fut interrompu par la sonnerie de Rose qui résonna dans l'habitable. Cette dernière sortit son portable de la poche de sa veste et répondit à son coéquipier.

— Tu es sûr haut-parleur Lian, fit la rousse en approchant son cellulaire de son supérieur pour qu'il puisse entendre.

— J'ai l'identité de notre dernière victime, informa l'inspecteur qui était au poste.

— On t'écoute, s'impatienta Jungkook.

— Elle s'appelait Shin Ha-ri et avait dix-neuf ans. Elle était stagiaire chez Healty SK Corp depuis presque un an. Ses parents ont signalé sa disparition il y a quatre mois, quelques jours après la date de la vidéo.

— Ce n'était encore qu'une enfant, murmura Rose, attristée par ces nouvelles.

— Ok, trouve leur adresse, j'irai les voir plus tard. Ils ont le droit de savoir ce qui est arrivé à leur fille.

— Je t'envoie ça par message.

— Merci Lian, beau travail. Envoie-moi une photo de Shin Ha-ri et le moment de son assassinat sur mon téléphone.

— Pourquoi faire ? demanda ce dernier.

— Ne pose pas de question et fais-le. Ensuite, trouve le voleur qu'on voit sur la vidéo et coffre-le. Je te laisse le cuisiner pour qu'il nous balance le nom de ses complices. Je veux voir tous ces enfoirés derrière les barreaux.

— D'accord, je m'en occupe, assura l'inspecteur avant de raccrocher.

Dans un silence pesant, Rose rangea son téléphone dans la poche de sa veste avant de poser son regard sur son voisin. La mâchoire de Jungkook était si contractée qu'elle aurait pu se briser sous la pression. Ses doigts serraient tellement son volant que ses phalanges avant blanchi, preuve de sa colère.

— Jungkook, commença la rouquine.

— S'il te plaît Rose, ne... ne dit rien. J'ai juste besoin de silence, implora le commandant les dents serrées.

La jeune femme obéit, sachant parfaitement que lorsqu'il était ainsi, aucun dialogue n'était possible. Quand ils arrivèrent enfin sur le parking de l'immense building qui portait le nom de Healty SK Corp, Jungkook stationna son véhicule et sortit sans perdre une seconde de plus. La jolie rousse descendit à son tour avant de suivre son supérieur de près.

— Que comptes-tu faire ? demanda-t-elle alors qu'ils passaient les grandes portes automatiques de l'immeuble.

— L'arrêter, répondit simplement le tatoué.

— Tu ne vas pas lui tirer dessus, rassure-moi ?

— Ça dépend s'il essaie de s'enfuir.

Rose savait pertinemment que son ami avait envie de tuer cet homme, ou du moins de le frapper. Elle le connaissait maintenant, et s'il y avait bien une chose que Jeon Jungkook ne supportait pas, c'était que l'on fasse du mal aux femmes ou aux enfants. Pourtant, à cause d'un seul individu, sept personnes innocentes étaient mortes et il allait devoir payer pour cela.

— Pitié, faites qu'il essaie de s'enfuir, termina Jungkook en arrivant près de l'accueil où se trouvait un jeune homme blond.

— Bonjour, que puis-je faire pour vous ? demanda ce dernier.

— Bonjour, je suis le détective Rose Barnes et voici le commandant Jeon Jungkook, se présenta la jeune femme en montrant sa plaque qui était suspendue à son cou. Nous venons voir Monsieur Harris. Pouvez-vous nous indiquer le chemin ?

— Oh, je dois m'assurer que monsieur le président n'a pas d'impératif et qu'il peut vous recevoir, répondit le blond en prenant le combiné téléphonique qui se trouvait près de lui.

— Écoute gamin, je passe une très mauvaise journée alors donne nous le numéro d'étage avant que je ne me fâche, intervint Jungkook à bout de patience.

L'agent d'accueil écarquilla les yeux, apeuré par la voix grave et la posture menaçante de son vis-à-vis. Excédé par le manque de tact de son supérieur, Rose soupira avant d'offrir un sourire compatissant au jeune homme qui semblait déstabilise.

— S'il vous plait, c'est important, ajouta la rouquine.

— V-vingtième étage sur votre gauche.

— Bah, tu vois, ce n'était pas si difficile, lança le commandant avant de partir en direction de l'ascenseur.

— Merci beaucoup, Minho, fit Rose avec douceur après avoir lu son prénom sur le badge attaché à la veste de son costard.

Voulant à tout prix être présente pour canaliser son supérieur, le détective Barnes marcha d'un pas rapide vers l'ascenseur où il se trouvait déjà. Elle entra dans la cage de métal et Jungkook appuya sur le bouton qui les intéressait. Tandis que l'élévateur entreprenait sa montée, Jungkook sentit son téléphone vibrer dans la poche de son jean. Lian venait de lui envoyer les éléments qu'il lui avait demandés. En voyant la photo de Shin Ha-ri, la mâchoire du brun se contracta. Elle était si jeune et semblait si douce. Elle ne méritait pas d'être si sauvagement assassinée.

— S'il te plaît, ne frappe personne. Emmenons-le simplement au poste et là-bas, tu pourras le cuisiner, implora la jolie rousse en sentant la colère de son ami.

— Je ne peux rien te promettre, répondit le tatoué lorsque les portes métalliques s'ouvrirent.

Dans un long soupir d'exaspération, Rose suivit son collègue à travers le couloir. Ils passèrent devant un petit bureau d'accueil derrière lequel se trouvait une jeune femme brune vêtue d'un ensemble tailleur noir et blanc. En les voyant avancer vers le bureau du PDG, cette dernière se leva pour les stopper, mais Jungkook la devança en sortant sa plaque pour venir la poster juste devant le visage de cette dernière.

Surprise et déconcertée par l'aura menaçante qui se dégageait de cet homme qu'elle n'avait jamais vu, la brune resta silencieuse avant de se rasseoir sur son fauteuil. Satisfait, le commandant avança jusqu'aux doubles portes en bois sur lesquelles se trouvait une plaque avec le nom de William Harris. Rose, de son côté, s'excusa auprès de la jeune femme, lui demandant de rester derrière son bureau.

Sans même frapper pour annoncer sa présence, Jungkook ouvrit brutalement les portes, surprenant deux hommes qui semblaient discuter affaire. Le commandant reconnu immédiatement le bureau qu'il avait tant de fois vu sur les vidéos de la caméra espion. Son regard se posa sur le sol où aurait dû se trouver le tapis blanc qui avait servi à enrouler de corps de la jeune stagiaire.

— Je peux savoir qui vous êtes et qui vous a permis d'entrer sans autorisation ? demanda l'homme assis derrière l'immense bureau en bois sombre.

L'attention du tatoué se posa sur l'individu qui venait de parler. Son smoking hors de prix, un visage parfaitement rasé et ses cheveux blonds plaqués en arrière, lui donnaient un air si hautain que cela donna à Jungkook une envie folle de lui coller son poing dans la figure.

Face à lui, installé dans un du fauteuil en cuir brun, un autre homme dévisageait les deux policiers. Contrairement au PDG, ce dernier détourna rapidement le regard.

— Je vous ai posé une question ! réitéra Harris d'un ton autoritaire.

Ce fut à cet instant que Jungkook brisa son silence. Il sortit de son holster, une attache zip avant de prendre la parole, d'un ton grave.

— William Harris, vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Shin Ha-ri et pour avoir commandité le meurtre de Chong Gong-yun et toute sa famille, récita le commandant en allant vers le meurtrier pour le forcer à se lever.

— Q-quoi ? Qu'est-ce que vous racontez ! s'indigna l'accusé.

— Vous avez le droit de garder le silence, si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous devant le tribunal. Vous avez le droit -

— Lâchez-moi ! s'emportant Harris alors que Jungkook vint saisir ses bras pour les plaquer dans son dos.

Voyant que l'homme se débattait et à bout de patience, le tatoué vint plaquer violemment son visage sur le bureau avant de serrer les liens bien plus que nécessaire.

— Ne me coupez pas la parole, grogna Jungkook à l'oreille du PDG. Vous avez le droit à un avocat. Si vous n'avez pas les moyens, un avocat vous sera commis d'office, termina le policier.

Le brun vint saisir l'arrière du costard de son prisonnier et le redressa brutalement.

— Vous faites une grave erreur ! Je connais mes droits ! s'écria Harris, scandalisé par le traitement qu'il subissait.

— Monsieur, je vous conseille vivement de revoir la liste de vos collaborateurs, fit Jungkook en regardant le deuxième homme qui assistait à la scène.

Ce dernier hocha la tête, choqué par ce qui venait de se passer. Rose, qui était resté en retrait, lui offrit un sourire bienveillant avant de rejoindre Jungkook qui avait quitté le bureau.

— Sun-hi, appelle mon avocat immédiatement ! ordonna le président à l'attention de la jeune femme de l'accueil.

La brune hocha la tête, tremblant comme une feuille en regardant son patron être emmené vers l'ascenseur. Jungkook fait de son mieux pour maitriser ses émotions. Quand il repensait à toute cette affaire, il n'avait qu'une envie, c'était de coller une balle dans la tête de cet homme.

— Vous n'avez pas le droit de m'embarquer sans m'expliquer ce qui se passe ! lança le blond, brisant le silence qui avait envahi la cage métallique.

Aucun son ne sortit de la bouche des deux policiers alors qu'ils quittaient le bâtiment pour rejoindre leur voiture. Avant de partir au commissariat, Jungkook vit l'heure et décida de faire un détour par l'hôpital. Il n'avait pas de nouvelle de Oh Jun-hae et espérait sincèrement que les médecins aient pu le sauver.

— On va faire un détour, annonça le brun en enfermant l'homme menotté à l'arrière du véhicule.

— D'accord, où ça ? demanda Rose.

— L'hôpital, il faut que je sache si le super tonton est en vie.

— Ok, j'appelle une voiture de patrouille pour qu'il l'emmène au poste.

La rouquine sortit son téléphone et contacta le central pour faire sa demande. Heureusement, une patrouille faisait sa ronde non loin d'eux et arriva en quelques minutes seulement.

— Bonjour commandant Jeon, détective Barnes, salua l'un des hommes en uniforme.

— Bonjour, répondit le brun. Mettez-moi ça en salle d'interrogatoire. Je m'occuperai de lui dès mon retour au poste.

— À vos ordres commandant.

L'officier s'inclina profondément avant de mettre le suspect à l'arrière du véhicule et de disparaitre en direction du commissariat. Sans échanger un mot, les deux amis montèrent à leur tour dans l'Audi et Jungkook prit la destination de l'hôpital où il espérait avoir de bonnes nouvelles.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Jungkook commençait à connaitre ces lieux par cœur. D'un pas pressé, il se dirigea vers l'accueil avec Rose sur ses talons.

— Bonjour, un homme a été admis ici après avoir été renversé par un camion sur le boulevard Haeundae, commença le tatoué en montrant sa plaque.

— Vous avez son nom ? demanda la jeune femme avec un sourire bienveillant.

— Oh Jun-hae.

L'agent d'accueil rechercha l'information sur son ordinateur avant de lever les yeux vers les deux policiers qui étaient devant elle.

— D'après mon fichier, il est encore au bloc. Vous pouvez attendre salle d'attente trois qui se trouve au deuxième étage. Je vais avertir le médecin que vous êtes ici.

Le tatoué hocha la tête avec un sourire gratifiant et partit en direction de l'ascenseur. Une fois en haut, Rose et lui se dirigèrent vers la salle d'attente en question et patientèrent.

Les minutes passaient et la patience de Jungkook était mise à rude épreuve. Cela devait faire plus d'une heure que l'accident était survenu alors, il commençait vraiment à se demander si Jun-hae avait une chance de s'en sortir. 

Ayant un besoin urgent de se dégourdir les jambes, le brun commença à marcher dans le couloir où le silence régnait en maître. Adossée contre le mur, Rose avait décidé de venir avec lui, ne voulant pas rester dans la salle d'attente.

Tout était trop calme, faisant monter l'anxiété des deux personnes présentes. Lorsque les portes battantes s'ouvrirent sur un homme vêtu d'une tunique médicale bleue qui était désormais tâchée de sang, tous les regards se posèrent lui. Personne n'osait respirer ou poser de questions, ils attendaient tous que la nouvelle tombe.

— Vous êtes de la police ? demanda l'homme.

— Oui, nous venons aux nouvelles pour monsieur Oh Jun-hae, répondit Jungkook en sentant l'anxiété l'envahir.

— Je suis désolé, il ne s'en est pas sorti, annonça le médecin.

C'était ce qu'il craignait. Après un tel choc, les chances que ce pauvre homme survive étaient minces. Maintenant, il en avait la confirmation.

— Les blessures étaient trop importantes, il a fait une hémorragie sur la table d'opération. Malgré tous nos efforts, nous n'avons pas réussi à le réanimer, expliqua le médecin avec compassion.

Le commandant laissa échapper un soupir avant de passer une main dans ses cheveux et de regarder le docteur.

— Vous avez fait ce que vous avez pu. Merci beaucoup docteur.

— Avez-vous besoin que je vous envoie un quelconque document ? demanda ce dernier.

— Ma coéquipière reviendra vers vous. Je suis désolé, nous devons repartir. Nous avons encore du travail.

— Est-ce que monsieur Oh a de la famille que nous devons appeler ?

— Non, répondit Jungkook, abattu. Ils sont tous morts.

— Bien, cela me désole. Je vous souhaite bon courage.

— Merci docteur, parla enfin Rose.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Au poste de police, William Harris avait été emmené en salle d'interrogatoire dès son arrivée. Jungkook qui était enfin revenu de l'hôpital, avait décidé de ne pas contacter la famille de la jeune stagiaire avant de savoir où se trouvait sa dépouille. Il désirait faire les choses bien, il voulait que les parents puissent faire leur deuil et pour cela, ils devaient pouvoir enterrer leur fille convenablement.

Le tatoué était en chemin vers la salle où se trouvait le meurtrier lorsque son téléphone se mit à sonner. Le nom de Jimin s'afficha sur l'écran alors qu'il laissa échapper un soupir de lassitude avant de décrocher.

— Qu'est-ce que tu veux microbe ?

— Déjà, on dit bonjour, répondit une voix qui n'était pas celle du médium.

— Désolé Tae, je suis à bout de nerf. Est-ce que tout va bien ? demanda Jungkook d'une voix plus douce.

— Oui ça va, qu'est-ce qui t'arrive ?

— Je crois que je viens de boucler l'enquête, conta le tatoué.

— C'est plutôt une bonne nouvelle non ?

— On va dire ça. Je suis juste dégouté de la race humaine.

— Développe.

— Plus tard, je vais interroger notre meurtrier.

— Qui est-ce ?

— William Harris, annonça le commandant.

— Le PDG anglais ?

Cette fois, ce fut Jimin qui prit la parole et Jungkook comprit qu'il était en haut-parleur.

— Oui microbe, c'est lui. Écoutez les gars, je n'ai pas le temps de discuter. Je vous raconterai tout plus tard. Je dois y aller.

— D'accord, à tout à l'heure.

— Hum hum.

Sans rien dire de plus, le brun mit fin à l'appel. Le dossier de l'enquête en main, il ouvrit la porte de la salle d'interrogatoire numéro trois et entra dans la pièce. Le PDG de Healty SK Corp était assis sur l'une des deux chaises en métal. Les mains jointes et menottées à la table, ce dernier avait la tête baissée sur celle-ci. Lorsqu'il remarqua la présence du policier, il leva les yeux vers lui.

— Vous n'avez pas le droit de me retenir ici, je-

— Fermez-la, ordonna Jungkook avant de poser brusquement le dossier sur la table.

Le bruit du papier frappant le métal créa un bruit sourd qui résonna dans le petit espace.

— Vous ne savez pas à qui vous parlez, tonna le prisonnier.

Face à cette menace, un rire amusé quitta les lèvres de Jungkook alors qu'il se laissa tomber sur la deuxième chaise.

— Oh vraiment ? Moi, je crois que si. Je m'attaque à un enfoiré qui trompait sa femme avec sa stagiaire de dix-neuf ans et qui l'a assassinée. Alors, dites-moi, monsieur le PDG, qu'est-ce qui s'est passé ? Mademoiselle Shin vous a menacé de tout dire à votre femme ?

— Je ne vois pas de quoi vous parlez, nia le blond.

— Ah, vous avez des problèmes de mémoire ! ironisa le commandant. Je vais vous aider.

Le brun sortit son portable de sa poche et pianota dessus avant de le poser sur la table, sous les yeux de l'accusé. Un sourire arrogant sur les lèvres, il vint appuyer sur l'écran et lança la première vidéo sur laquelle on pouvait voir Harris avoir des rapports charnels avec la victime.

— Alors, toujours rien ? lança Jungkook. Je peux vous en montrer d'autres. Vous vous êtes vraiment amusé avec elle.

Face à ces images, le PDG resta de marbre, mais tout changea lorsque le policier commença la deuxième vidéo, celle où la vie de la jeune femme s'était achevée. Cette fois, le visage de l'homme se décomposa. Il paraissait à la fois surpris et honteux et Jungkook se demanda s'il était au courant que son crime avait été filmé.

— Alors, vous niez toujours les faits ? demanda le commandant.

— Je... comment avez-vous eu ses images ?

— La boule à neige, il y avait une caméra dedans, expliqua le brun en sentant la colère monter en lui face à l'indifférence de l'homme. Alors qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi avoir tué Shin Ha-ri et engagé ces mercenaires ? Pourquoi avoir ôté tellement de vies à cause d'une simple infidélité ! s'emporta le brun.

— D'accord ! craqua l'accusé. J'avoue ! Je l'ai tuée ! Elle... elle voulait tout dire à ma femme et ça, c'était impensable ! Par contre, je ne comprends rien à votre histoire de mercenaires !

Jungkook le sonda de longues minutes. En général, son instinct avait toujours raison et à ce moment même, il lui disait que cet homme ne mentait pas. Il avait tué Shin Ha-ri et pour cela, il allait être jugé, mais le brun était convaincu qu'il n'était pas celui qui avait contacté ses quatre mercenaires. Si ce n'était pas lui, qui était-ce ?

— D'accord, commença le policier. Qui vous a offert cette boule neige ?

— C'est... c'est ma femme. Pour notre anniversaire de mariage.

— Qu'avez-vous fait du corps de Ha-ri ?

Le blond resta muet, les yeux rivés sur la table de métal à laquelle il était menotté.

— N'usez pas de ma patience Harris, le prévint Jungkook.

— Je... j'ai balancé son corps à la mer près des quais, bafouilla le meurtrier.

Cette information ne fit qu'augmenter le dégout et le mépris que le policier ressentait à l'encontre de cet homme.

— Vous n'êtes qu'une sombre merde. Je vais m'assurer que vous finissiez votre vie derrière les barreaux sans aucune possibilité de libération. À cause de votre incapacité à garder votre queue dans votre pantalon, sept personnes sont mortes.

Ces paroles mirent un terme à l'interrogatoire. Jungkook dut prendre sur lui pour ne pas lui fracasser le crâne contre cette table. Bien qu'il ait les aveux pour le meurtre de la jeune stagiaire, il ignorait encore, qui avait engagé ces tueurs, mais comptait bien le découvrir.

En silence, le tatoué quitta la pièce, laissant derrière un homme en larmes, rongé par les regrets. Jungkook savait ce qui lui restait à faire. Il devait retrouver le corps de cette pauvre fille et aller interroger madame Harris.

Ce fut de cette façon qu'il termina sa journée. Après avoir ordonné à Lian d'envoyer une équipe de plongeur fouiller les quais dans l'espoir de retrouver le corps de Ha-ri, il se dirigea vers le domicile de ses suspects. Il y trouva le cadavre de madame Harris, une balle derrière la tête. Lorsque la scientifique arriva sur les lieux, le médecin légiste confirma à Jungkook que la victime avait été tuée avec le même calibre que la famille Chong. Aux premiers abords, la mort ne remontait qu'à quelques heures, il y avait donc de grande chance qu'Amy Harris ait été abattu par le mercenaire que Jungkook avait tué plus tôt.

Jungkook quitta la résidence après que le corps fut transporté à la morgue. Sur le chemin du retour, roulant à travers la ville qui était caressée par le soleil couchant, le commandant appela ses deux collègues, leur expliquant la situation. Éreinté par la journée, le tatoué avait directement prit la route vers son domicile, oubliant totalement Jimin qui l'attendait toujours à l'hôpital.

Arrivé chez lui, il laissa Zeus sortir pour aller se dégourdir les jambes avant de prendre une douche bien méritée. Nu devant la glace, il grimaça de douleur lorsque ses doigts vinrent effleurer les hématomes qui coloraient ses flancs.

Le silence reposant qui l'entourait fut envahi par la sonnerie de son téléphone qui était posé sur la vasque en marbre. Une voix dans sa tête lui hurlait de balancer l'appareil contre le mur pour s'assurer une tranquillité, mais son devoir fut plus fort. Lorsqu'il vit le nom de Jimin s'afficher sur son écran, un long soupir d'agacement le quitta.

— Allô.

— Où es-tu ? demanda Taehyung d'une voix basse.

— À la maison, pourquoi ? Il se passe quelque chose ? questionna le brun, sentant soudainement l'inquiétude l'envahir.

— Non, tout va bien.

— Alors pourquoi tu chuchotes ?

— Jimin dort. Viens le chercher, il est épuisé.

— Fait chier, grommela Jungkook en passant une main sur son visage. Je l'avais complètement oublié.

— Je vois ça, ricana son meilleur ami. Ça va toi ?

— Non. Oh Jun-hae est mort sur la table d'opération après avoir été renversé par un camion.

— Merde ! C'est arrivé quand ? 

— En fin d'après midi. Je te raconterai en détail demain. En plus de ça, la jeune femme sur la vidéo s'appelait Shin Ha-ri. Harris l'a assassiné et a balancé son corps à la mer. J'ai envoyé des plongeurs fouiller les quais, mais toujours aucun résultat. Ce n'est pas Harris qui a contacté les mercenaires, je pense que c'est son épouse, c'est elle qui lui a offert la boule à neige.

— Tu es allé la voir ?

— Oui, elle était morte. Une balle derrière la tête, tuée par le même calibre que la famille Chong.

— Les mercenaires ? supposa Taehyung.

— Je pense. D'après les premiers diagnostics, Fong pense que la mort remonte au début d'après midi, conta Jungkook en se dirigeant vers sa chambre.

De sa main libre, il enfila un boxer avant de se vêtir d'un t-shirt noir, d'un jogging de la même couleur et d'un sweat à capuche.

— Je suppose qu'on ne saura jamais qui l'a réellement tuée ni pourquoi.

— Je ne pense pas, Nikolic et Petrovic ont été entrainés à résister aux pires tortures. Ils ne parleront pas, en plus de ça, Interpol vient les chercher demain. Je suppose qu'elle a joué avec le feu et qu'ils l'ont éliminée.

— Ok, souffla le lieutenant. Écoute, décroche maintenant. Ta journée est terminée alors souffle un peu. Demain sera un autre jour.

— Oui, je vais essayer, murmura Jungkook en se laissant tomber sur son lit.

— Allez, viens chercher Jimin. Vous avez besoin de manger et d'une bonne nuit de sommeil.

— J'arrive, je suis là dans vingt minutes.

Le commandant mit fin à la conversation avant de se lever et de quitter l'appartement en direction de l'hôpital.

Comme promis, une vingtaine de minutes plus tard, Jungkook arriva devant le bâtiment de verre. Ne voyant pas Jimin, le brun sortit son téléphone pour le prévenir de son arrivée par message. Un instant plus tard, il vit une tête brune apparaitre au loin qui regardait autour de lui.

Le médium cherchait l'Audi rouge sur ce parking peu éclairé et lorsqu'il vit un des véhicules lui faire des appels de phrase, un sourire s'étira sur ses lèvres. La pluie était de nouveau présente en ce début de soirée, la capuche sur la tête, Jimin trottina jusqu'à la voiture et entra dedans.

— Salut, fit-il en refermant la portière.

Lorsque son regard se posa sur le conducteur, son cœur loupa un battement. Le visage de Jungkook était tuméfié. Sa mâchoire et sa pommette droite étaient recouvertes d'un hématome légèrement violacé, témoignant de sa récente apparition.

— Mais qu'est-ce qui est arrivé à ton visage !? paniqua Jimin.

Sans comprendre pourquoi, le commandant fut attendri face à l'inquiétude du plus jeune.

— Une journée normal au bureau. Ce n'est rien, ne t'en fais pas, la rassura Jungkook avant de démarrer vers leur domicile.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

— Qu'est-ce que tu veux manger ? demanda Jimin alors qu'il pénétrait dans leur appartement.

— Je n'en sais rien, soupira le commandant.

— On pourrait commander et regarder un film ? proposa le médium avec enthousiasme.

— Fais-toi plaisir, moi, je vais sortir. J'ai besoin de me vider la tête après cette journée de merde.

Le plus jeune perdit immédiatement tout son engouement en entendant la réponse de son colocataire.

— Oh, d'accord, murmura ce dernier déçu. Amuse-toi bien alors.

Après une journée comme celle-ci, Jimin n'avait pas du tout envie de se retrouver seul. Tel un enfant stupide, il avait espéré que Jungkook accepterait de passer la soirée à ses côtés, mais bien évidemment, ce ne fut pas le cas. Le policier préférait aller s'amuser avec une de ses conquêtes et en y réfléchissant, c'était logique.

C'était du Jungkook tout craché.

Le tatoué le regarda s'éloigner dans le couloir qui menait aux chambres jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Une pointe de culpabilité s'insinua en lui lorsqu'il vit la déception de son colocataire. Avait-il réellement envie de sortir et d'aller s'envoyer en l'air ? Deux options s'offraient à lui. Passer la soirée en compagnie de quelqu'un qu'il ne reverrait probablement jamais, ou rester ici avec ce garçon qui avait sûrement passé une journée aussi merdique que la sienne.

— Tu fais chier Jungkook, grogna ce dernier en passant une main dans ses mèches noire.

D'un pas lent, il s'avança à travers le salon, empruntant ce couloir qu'il connaissait par cœur, puis il se stoppa devant la dernière porte qui était fermée. Avec la deuxième phalange, il toqua trois fois contre la surface en bois.

— Oui ? lança la voix douce de Jimin.

Après avoir eu l'autorisation du plus jeune, Jungkook poussa la porte et son regard se posa sur le médium qui était sur son lit, allongé sur le ventre. Ses yeux quittèrent l'écran de son téléphone pour venir se poser sur son visiteur.

— Tu veux manger quoi microbe ? demanda le policier.

— Je croyais que tu sortais, répliqua le médium.

— La personne que je devais voir a annulé.

— D'accord, je suis ta roue de secours, le taquina Jimin faussement offensé.

— Arrête tes conneries et dis-moi ce que tu veux manger. Je crève la dalle !

— Pizza à l'ananas, choisit le plus jeune en se levant pour quitter la pièce.

— Si tu redis un truc comme ça, je te fous en taule ! Les personnes qui mettent de l'ananas dans leur pizza mériteraient qu'on les torture.

— Ça va, je te charrie, tu n'es vraiment pas drôle, tu le sais ça.

Bien qu'il tentait de rester sérieux, Jungkook ne put retenir un sourire amusé lorsque Jimin passa devant lui pour rejoindre le salon. Voilà qu'ils allaient devoir se mettre d'accord sur le choix de leur dîner.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Des coups de feu et des voix lointaines résonnaient dans le salon de l'appartement lorsque la sonnette retentit.

— Vas-y microbe, c'est le livreur, ordonna Jungkook sans quitter la télévision du regard.

— Quoi ? Non ! Vas-y toi, pourquoi c'est à moi d'y aller ! rouspéta le médium, appuyant rapidement sur les différents boutons de sa manette.

Les deux colocataires s'affrontaient férocement à leur jeu vidéo préféré et aucun d'eux ne semblait décidé à aller ouvrir.

— Parce que je suis ton supérieur et je te l'ordonne.

— Désolé monsieur le tyran, mais tu ne portes pas ta plaque, le nargua Jimin avec arrogance.

— Je suis ton aîné alors bouge ton cul ! Mon portefeuille est dans l'entrée, prends l'argent dedans.

— Tu es chiant ! J'y vais, mais ne triche pas !

Marmonnant dans sa barbe, le cadet finit par se lever et alla chercher ce qu'il fallait pour payer le livreur. Après avoir quitté l'appartement, il se dirigea vers le hall du bâtiment. Devant la grande porte en verre, Jimin put apercevoir un homme habillé de noir et portant une casquette de la même couleur. Sans ouvrir la porte, le brun appuya sur le bouton de l'interphone et approcha sa bouche de ce dernier.

— Bonsoir, commença-t-il.

— Bonsoir, j'ai une commande pour monsieur Jeon Jungkook, appartement B, informa l'homme.

— Oui, c'est pour nous.

Bien que Jimin ne puisse pas voir son visage, il mit sa crainte de côté et ouvrit la porte pour récupérer leur dîner. Il régla sa dette et retourna rapidement dans l'immeuble après avoir bien fermé la porte derrière lui.

Tenant dans ses mains les deux boîtes en carton et les snacks qu'ils avaient demandés, trente minutes plus tôt, Jimin retourna à l'intérieur. Il retira rapidement les chaussures de Jungkook qu'il avait enfilées et marcha jusqu'au salon.

— Tu es sûr que deux pizzas, ce n'est pas trop ? demanda-t-il.

— C'est de ta faute, tu n'arrivais pas à te décider, le réprimanda Jungkook.

— Tu plaisantes ! Je t'ai dit de prendre ce que tu veux !

— Ce n'est pas une réponse " prends ce que tu veux " ! répliqua le commandant.

Faussement indigné, Jimin tira la langue avec une grimace des plus enfantine pendant qu'il vint poser les deux boites ouvertes sur la table basse.

— Change de jeu, exigea le médium en s'installant à même le sol pour venir prendre une première part de pizza.

— Va me chercher une bière, répliqua Jungkook sur le même ton.

— Mais tu m'as pris pour ta bonne ! s'offusqua le plus jeune en tournant vivement la tête vers son colocataire.

— Tu me dis de changer de jeu comme si tu me donnais un ordre. Je le ferais, mais va me chercher une bière.

— Ah, je vois, pouffa Jimin. Monsieur Jeon Jungkook, auriez-vous la gentillesse de changer de jeu s'il vous plaît ?

— Tu vois quand tu veux. On n'est pas des sauvages, un s'il te plaît ce n'est pas de refus, fit le commandant, un sourire satisfait sur les lèvres.

Le plus jeune faisait de son mieux pour garder son sérieux, mais il devait avouer que cet échange était des plus comique. Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Jungkook semblait serein et enjoué. Jimin ignorait si cela allait durer, mais il voulait en profiter avant qu'il ne redevienne la brute sans tact qu'il était en temps normal.

— C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité, tu sais. De nous deux, c'est toi le sauvage, n'inverse pas les rôles !

— D'accord, d'accord, en attendant, je veux toujours ma bière.

Jimin voulait l'envoyer chier, mais se résigna et décida d'aller chercher cette bière qu'il semblait tant désirer. Si on se fiait aux ecchymoses, Jungkook avait passé une longue journée alors, le jeune médium se dit qu'il pouvait bien faire ça pour lui.

Après avoir récupéré l'alcool gazeux pour le tatoué et un soda pour lui, le plus jeune retourna dans le salon. Il posa la boisson devant son colocataire et s'installa sur le canapé près de lui. Ce dernier dévorait sa part de pizza avec envie lorsque le générique du jeu vidéo se lança.

— Fifa, sérieusement ? se plaignit Jimin.

— Bah quoi ? bredouilla Jungkook, la bouche pleine.

— Tu sais bien que je ne sais pas jouer à ça, je ne comprends jamais rien !

— Tu fais comme tout le monde, tu appuies sur tous les boutons.

— Tu mets ce jeu parce que tu sais que tu vas gagner ! pesta le médium, la mine contrariée.

— Bien-sûr que je vais gagner, comme à Call Of Duty tout à l'heure, et pourtant tu sais jouer à celui-là. Ce n'est pas de ma faute si tu es nul.

Jimin ouvrit la bouche et fronça les sourcils, montrant son indignation face au propos de son colocataire. Il était vrai qu'il n'était pas très doué aux jeux vidéos, mais il avait une excuse. Avant de vivre ici, le pauvre garçon n'avait jamais eu la chance de tenir une manette entre ses mains.

— Pour la peine, je vais gagner et tu vas finir la soirée en pleurant au fond de ton lit ! promit le plus jeune.

— Marque un but déjà et on verra pour la victoire hein, se moqua le commandant, sûr de lui.

— Si je marque un but, demain, tu me prépares mon petit déjeuner !

— Tu rêves ! refusa Jungkook.

— Je vois, tu as peur de perdre, avoue, le taquina Jimin.

— Pff, ok, si tu n'en marques aucun, tu feras ma lessive pendant une semaine.

— Beurk, je ne touche pas à tes slips sales !

— Alors, tu as peur de ne pas marquer ? le piqua Jungkook sur le même ton.

Les yeux légèrement plissés de méfiance et les sourcils froncés, Jimin accepta le pari. Il était conscient que s'il perdait, il devrait mettre ses mains dans les slips sales de son colocataire, mais il refusait de lui donner satisfaction aussi facilement.

— J'accepte le défi, lança le médium en tenant sa main pour sceller leur pacte. Si je gagne et que tu ne me prépares pas mon petit déjeuner, je le dirai à Tae et il te bottera le cul. Alors, tu n'as pas intérêt à te défiler !

— C'est ça et toi, si tu ne me fais pas ma lessive, parce que c'est ce qui va arriver, c'est moi qui te botterai le cul, répondit Jungkook en venant serrer sa main, un sourire vainqueur sur les lèvres.

Le pacte était scellé. Les manettes en main, chacun des deux joueurs choisit son équipe et le match commença.

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Le match touchait à sa fin. Sur le petit cadran, sur le coin de l'écran, était affiché 89:00 minutes. Aucun des garçons n'était parvenu à lancer le score, restant toujours à zéro partout. Contre toutes attentes, Jimin s'en sortit merveilleusement bien, donnant du fil à retordre à Jungkook qui, malgré sa mine renfrognée, passait une excellente soirée. Les deux pizzas étaient déjà bien entamées, chacun d'eux grignotait à son rythme tout en jouant à ce jeu qui tenait leur concentration.

Une part de son diner dans la bouche, Jimin fixait l'écran, les sourcils froncés, et analysait le jeu de son voisin. Son joueur traversait le terrain, le ballon à ses pieds, il parvenait, par il ne savait quel miracle, à effectuer des passes entre ses sportifs virtuels que Jungkook ne parvenait pas à bloquer. Quand il se retrouva seul devant le but, il appuya fermement sur le bouton et le ballon traversa les airs.

Aucun des deux garçons n'osait respirer. Jungkook priait intérieurement pour que la trajectoire du ballon soit déviée, mais son vœu ne fut exaucé. Jimin venait de marquer le seul et unique but de cette partie. Malgré toutes ses craintes et son manque de savoir faire sur ce jeu, il avait gagné, il avait battu Jungkook.

Réalisant cela, il jeta sa part de pizza qu'il avait entre les dents, sur la table, se leva et se mit à courir autour du canapé, un sourire béat sur les lèvres alors qu'il jouissait de sa victoire. Assis sur le sofa, Jungkook le suivait du regard, attendrit de voir ce garçon si heureux. C'était la première fois qu'il le voyait ainsi et il réalisa à quel point son sourire et son rire étaient doux.

— Tu as perdu ! JEON JUNGKOOK A PERDU FACE À PARK JIMIN ! s'exclama Jimin levant les bras.

Ce geste fit se soulever son haut, dévoilant ainsi son ventre plat et lisse aux yeux de Jungkook qui ne l'avaient pas quitté. Lorsque leurs regards se croisèrent, ce dernier détourna immédiatement le regard, se raclant la gorge avant de boire le reste de sa bière.

— Demain, pour mon petit déjeuner, je veux du pain grillé, des œufs brouillés, du riz, du bacon et un grand café au lait avec des morceaux de caramel, commanda le médium en revenant s'installer à sa place. Tu devrais noter, il ne faudrait pas que tu oublies ma commande, je serai intransigeant, le piqua ce dernier.

— Ferme-la, répliqua Jungkook en lui jetant l'un des coussins à la figure.

Un nouveau rire quitta les lèvres de Jimin qui reprit son dîner encore plus enjoué qu'avant. L'ambiance était joyeuse, apaisante et après ce qu'ils avaient vécu, cela leur faisait le plus grand bien.

Malgré tout, le plus jeune ne pouvait s'empêcher de penser à leur ami qui était à l'hôpital. Il se demandait s'il allait bien, s'il ne se sentait pas trop seul.

— Dis, commença Jimin en tournant la tête vers son voisin.

Ce dernier venait d'éteindre le jeu pour lancer une plateforme de streaming afin qu'ils choisissent un film.

— Hum ? répondit Jungkook, la bouche pleine.

— Tu penses que Tae va bien ?

Le tatoué avala sa bouchée avant de poser son regard sur son colocataire.

— Je pense qu'il dort comme un bébé. Alors ne t'en fais pas pour lui.

— Lilith arrivera quand ?

— Demain normalement, supposa l'aîné. Allez, choisis le film ou je le fais.

Jimin écarquilla les yeux et prit rapidement la manette de ses mains. Il ne voulait pas que Jungkook décide du film. S'il le laissait faire, ils allaient encore passer la soirée à regarder un film d'horreur ou de guerre. Hors de question, le médium avait eu assez d'action pour une semaine.

Le plus jeune balaya les propositions puis lorsqu'il trouva ce qu'il cherchait, le film se lança. Jungkook qui s'était levé pour aller chercher les pop-corn, revint s'installer juste à temps pour voir le générique d'ouverture.

— Tu plaisantes ? lança-t-il en reconnaissant le film choisi.

— Bah quoi ? répondit Jimin, un air innocent sur le visage.

— Dirty dancing ? Tu as vraiment des goûts de chiottes, tu le sais ça.

— Ce que tu peux être désagréable, soupira le médium, levant les yeux au ciel. Assieds-toi et regarde le film. Ça changera de tes films d'action ou d'horreur.

— Je te trouve bien audacieux microbe, constata Jungkook avec amusement.

Le concerné ne lui donna aucune réponse, bien trop concentré sur le film. Le reste de la soirée se passa dans le plus grand des calmes. À quelques minutes de la fin, Jimin ne put se retenir plus longtemps et fut emporté dans les bras de Morphée.

Jungkook qui fixait l'écran, dévorant les maïs soufflés au caramel, sentit soudainement un poids sur son épaule. Du coin de l'œil, il regarda et se figea en réalisant que Jimin s'était assoupi contre lui. Sa bouche légèrement ouverte et ses joues bien plus rondes qu'à son arrivée trois semaines plus tôt, lui donnaient un air si angélique, si mignon.

Une partie de lui, la plus froide et dure, lui ordonnait de la repousser, de le réveiller pour qu'il aille dormir dans son lit, mais l'autre n'osait pas bouger. Dans un soupir, le brun passa une main dans ses cheveux, se demandant pourquoi son cœur semblait toujours réagir face à ce garçon qui avait le don de le sortir de ses gonds.

Les jours et les semaines passaient et Jungkook réalisait qu'inconsciemment, ce petit gars aux allures fragiles était parvenu à se frayer un chemin à travers sa carapace. Il n'avait pas atteint son cœur, il ne le ferait jamais, mais il avait réussi à l'attendrir à sa façon.

Après une lutte intérieure sur ce qu'il devait faire, Jungkook vint éteindre la télévision. Avec prudence et douceur, il glissa une main dans le dos de Jimin qui dormait contre lui, et l'autre sous ses genoux. Il le souleva sans aucune difficulté et l'emmena à travers le salon.

Déjà dans ses bras, le médium vint se blottir davantage contre lui, attiré par la chaleur qui se dégageait de sa peau. En arrivant dans la chambre, le policier le déposa avec douceur sur son lit et Jimin frissonna à cause du contact soudain avec ses draps froids.

Malgré ce changement de température, le plus jeune resta prisonnier de son sommeil. Jungkook vint le recouvrir et tourna les talons dans l'optique de partir.

— Merci, marmonna Jimin d'une voix endormie.

Le tatoué se figea et tourna légèrement la tête pour regarder ce garçon allongé dans ce lit trop grand pour lui.

— Merci à toi, répondit Jungkook dans un murmure avant de quitter la pièce.