Le verdict était tombé. 

Le juge Cho avait pris sa décision et venait de la partager aux deux parties et à toutes les personnes présentes dans la salle d'audience. Plus personne n'avait osé respirer jusqu'à ce que l'homme, vêtu d'une longue robe de magistrat noir, ne frappe trois fois son marteau sur le socle en bois, annonçant ainsi, que sa décision était irrévocable.

Jimin qui était debout aux côtés de son avocat fixait un point invisible devant lui. Paralysé, une avalanche de larmes déferlait sur ses joues rougies.

— VOUS FAITES UNE ÉNORME ERREUR ! beugla un homme en se levant brutalement.

Le juge Cho détourna le regard vers la personne qui venait d'élever la voix dans son tribunal. Il lui lança un regard dur et froid avant de frapper de nouveau sur le socle en bois. Le brouhaha dans la salle était devenu incontrôlable. D'un côté, la joie était présente, de l'autre, la colère et l'incompréhension.

— Monsieur Park, je vous demanderai de vous calmer où je vous fais évacuer !

— Ce garçon n'a rien à faire dehors ! Il est malade ! s'écria Jae-sok en posant ses yeux sombres sur son fils qui avait tourné la tête vers lui.

— SILENCE ! ordonna le juge.

Trois nouveaux coups sourd résonnèrent dans la salle et cette fois, le député cessa son spectacle.

— Félicitations monsieur Park. Vous êtes libre, dit l'avocat Song en tendant sa main vers son client.

— Merci beaucoup maître, renifla Jimin.

— L'audience est terminée, messieurs les avocats, vous savez quoi faire à présent, annonça le juge Cho avant de se lever.

Son regard se posa sur Jimin et il lui offrit un sourire encourageant. Ce dernier s'inclina profondément avant de voir son aîné quitter la pièce par la porte qu'il avait franchie trois heures plus tôt.

— Tu as réussi ! s'exclama une voix.

Le médium pivota pour faire face à Taehyung qui était venu se placer à sa droite. Il affichait un sourire fier et ses yeux étaient humides.

— On a réussi, murmura Jimin avant de se jeter dans les bras du lieutenant qui le réceptionna avec un rire.

— Félicitation Jimin, lança le capitaine.

Le brun s'écarta pour remercier l'homme qui serait bientôt son supérieur puis son attention fut portée sur Jungkook. Le tatoué ne le regardait pas, ses prunelles étaient posées sur les personnes de l'autre partie. Plus précisément sur Jae-sok qui sondait son fils d'un regard meurtrier.

— Je vais me le faire s'il ne détourne pas immédiatement le regard, grogna Jungkook les poings serrés.

— Laisse tomber, chuchota Jimin en venant glisser sa petite main sur celle de l'autre homme.

En sentant sa peau chaude contre la sienne, le commandant baissa les yeux sur leurs mains, les sourcils froncés, confus par ce contact. En réalisant cela, Jimin se retira immédiatement, les joues empourprées.

— Allons-y, intervint l'avocat. Nous avons encore des documents à signer.

— Quels documents ? demanda le médium.

— Vos parents doivent signer un papier officiel dans lequel il renonce à leurs droits sur vous. Voyez ça comme une sorte d'émancipation. Il faudra également que le Capitaine Lim nous signe une promesse d'embauche. Quand vous récupérerez votre passeport, vous pourrez de nouveau avoir accès à votre compte en banque et une somme pour dédommagement vous sera versée.

— Je vous fournirais tout ce dont vous avez besoin, assura Lim. Jimin fera partie de la police de Busan dès aujourd'hui si possible.

— C'est tout à fait possible. Monsieur Park est officiellement un homme libre. Bien-sûr, pour le moment, vous serez placé sous la responsabilité de Monsieur Kim et de Monsieur Jeon, mais c'est une question de quelques mois. Dès que vous aurez vos premiers revenus, vous serez apte à vous prendre en charge.

— D'accord, acquiesça Jimin.

Peu importe ce qu'on lui demanderait de faire, le jeune médium le ferait sans hésiter si cela voulait dire qu'il ne retournerait jamais là-bas.

Maître Song leur fit signe de la suivre et ils quittèrent la salle d'audience pour rejoindre le couloir. Là-bas, Jimin retrouva ses parents qui patientaient auprès de leur avocat. L'ambiance était oppressante, électrique, mais le jeune homme refusa de baisser les yeux. Il avait gagné, il était libre et il ne comptait plus laisser ses deux géniteurs gâcher sa joie.

— Attendez-moi ici, je reviendrai vous chercher pour la signature des documents, annonça Maître Song.

Les trois policiers et le médium hochèrent la tête puis le téléphone de Jungkook brisa le silence qui s'était installé. Il regarda l'écran et le montra à Taehyung avant de décrocher.

— Bonjour Rose, répondit ce dernier. Oui, on vient de finir. Oui.

Durant de longues secondes, le commandant écouta ce que la jeune femme lui disait, puis un sourire s'afficha sur ses lèvres.

— Ok, j'arrive.

Il mit fin à l'appel avant de reporter son attention sur son coéquipier.

— Les résultats de la plaque et du sang trouvé au hangar sont au bureau. Rose a également eu des retours de la reconnaissance faciale de la vidéo de surveillance, informa le tatoué.

— Parfait ! On va enfin pouvoir avancer, s'enjoua Taehyung.

— Oui, si vous n'avez plus besoin de moi, je vais retourner au poste.

En disant cela, Jungkook vint regarder Jimin.

— Ça va aller ? demanda-t-il en faisant référence à ses parents.

— Oui, m-merci d'être venu.

— De rien microbe. Allez j'y vais. Capitaine, tu les ramènes au poste ?

— Oui, c'est bon, répondit ce dernier sans tenir compte du manque de formalité dans la question de son agent.

Il avait l'habitude. Jungkook avait toujours été ainsi avec lui. Il le respectait énormément, mais les formules de politesses n'avaient jamais existé entre eux. Le commandant était comme son propre fils et Lim était comme un père pour le brun.

Dans un dernier signe de la main, Jungkook tourna les talons pour se diriger vers la sortie. En passant devant le député et son épouse, le policier se stoppa à leur hauteur. Épaule contre épaule, les deux hommes ne se regardaient pas et pourtant ils se donnaient toute leur attention.

— N'oubliez pas ce que je vous ai dit monsieur le député. Ce serait dommage que le monde entier sache quel genre d'ordure vous êtes. Quant à vous madame, ne vous avisez pas de revenir dans sa vie, chuchota Jungkook, un rictus arrogant sur les lèvres. Vous avez perdu alors, laissez tomber. Jimin n'a pas besoin de vous. Il a une nouvelle famille qui prendra soin de lui.

Accentuant sa provocation, le brun tapota l'épaule de Jae-sok qui fulminait sur place. La colère de l'homme était telle que ses yeux étaient devenus rouges. Sans rien ajouter et sans se retourner, Jungkook reprit sa route et quitta le bâtiment.

Les minutes passèrent jusqu'à ce qu'une porte qui semblait mener à un bureau ne s'ouvre et ne laisse apparaître l'avocat de monsieur et madame Park. Ce dernier fit signe à ses clients de s'avancer et ils s'exécutèrent. Vint ensuite maître Song qui attira l'attention de Jimin et lui demanda d'approcher.

— Vous devez venir avec moi, invita l'avocat.

— D-d'accord, bafouilla Jimin sans pouvoir se retenir de jeter un regard à Taehyung.

Ce dernier hocha la tête en guise d'encouragement et lui offrit un sourire rassurant.

— Je ne bouge pas d'ici, assura-t-il.

Le médium afficha un sourire sans joie et suivit maître Song dans le bureau. La première chose qui le frappa fut l'odeur boisée qui se dégageait des meubles foncés. Derrière un imposant bureau en bois était assis le juge Cho. Confortablement installé sur son fauteuil en cuir, il offrit un sourire à Jimin qui s'inclina poliment. Le juge lui fit signe de s'asseoir sur l'un des sièges en cuir marron, ce qu'il fit.

— Alors, commença Cho en venant déposer un document devant le député. Voici le document qui met fin à la tutelle de monsieur Park Jimin ici présent. Monsieur Park, veuillez le signer.

— Et si je refuse de le signer ? Ce verdict est ridi-

— Monsieur Park, êtes-vous en train de remettre en cause la décision du tribunal ? Et donc par la même occasion ma décision ? l'interrompit le juge d'un ton dur.

Jimin qui était silencieux, osa détourner le regard pour le poser sur son géniteur. Son corps était crispé sur son siège. Ses poings serrés contre ses cuisses, le député n'avait pas l'habitude qu'on lui tienne tête, mais surtout, il n'avait pas l'habitude de perdre.

— Vous ne comprenez pas, ce garçon-

— Ce garçon est tout à fait sain d'esprit. Il a été examiné par l'un des meilleurs psychologues de la ville et j'ai entièrement confiance en son jugement. La cour a rendu son verdict et il est irrévocable monsieur Park, si vous refusez de signer ce document, vous serez poursuivi.

Jae-sok serra les dents, mais n'ajouta rien de plus. Il vint agripper le stylo plume qui avait été mis à sa disposition et vint signer le document.

— Madame Park, l'invita Cho en faisant glisser le document jusqu'à elle.

Celle-ci attrapa le stylo que son époux avait rageusement déposé sur le bureau et approcha la plume du papier. Avant de signer, la brune leva les yeux et les posa sur son enfant. Elle ne l'avait pas vu depuis sept longues années alors, elle s'autorisa à l'observer quelques secondes. Elle savait bien qu'une fois ce document signé, elle ne le reverrait probablement plus.

Elle réalisa à quel point il était beau. Son petit garçon. La personne qu'elle aimait le plus sur cette terre. Les gens la voyaient sûrement comme une mauvaise mère, mais elle ne pensait pas l'être. Jimin ne le saurait sûrement jamais, mais elle le pensait plus en sécurité dans cet asile qu'aux côtés de cet homme violent qu'était son père. Elle l'avait fait pour lui, malgré tout ce qu'il pouvait penser, elle l'aimait plus que sa propre vie.

Park Hee-sun repensa aux paroles de ce garçon au bras recouvert de tatouages. Il avait raison, si Jimin, son petit Jimin, avait une nouvelle famille et si ces hommes étaient capables de le protéger de ce monstre qui partageait sa vie depuis vingt-cinq ans, alors elle était prête à le laisser partir.

Le jeune homme à la chevelure d'ébène avait les yeux verrouillés à ceux de sa mère. Elle le sondait avec une telle intensité qu'il pouvait sentir son regard transpercer son âme. Pourquoi le regardait-elle ainsi ? Et pourquoi lui souriait-elle ? Quelles étaient ses émotions qu'il avait vues dans ses prunelles sombres ?

— Sois heureux, articula silencieusement cette dernière avant de détourner le regard sur le document.

Elle signa le bout de papier avant de le faire glisser jusqu'au juge qui la remercia d'un sourire poli. Il posa ensuite son regard sur Jimin qui tentait du mieux qu'il pouvait de ne pas faire couler ses larmes qui brouillaient sa vue.

C'était le moment. Il n'avait qu'à imposer sa signature et ce chapitre de sa vie serait terminé. Il n'avait plus qu'à écrire son prénom avec cette encre noire et il serait libre, vraiment libre.

— Monsieur Park, si vous ne souhaitez pas revenir sur votre décision, je vous invite à signer ici.

— Merci, murmura le médium en prenant le stylo que l'homme lui tendait.

Sans hésiter une seconde, il gribouilla sa signature dans la petite case que le juge Cho lui avait désigné. Il sentit alors une vague de soulagement l'envahir et pour la première fois depuis longtemps, il eut l'impression de réellement respirer. Comme s'il avait enfin réussi à se débarrasser du poids qui comprimait sa cage thoracique.

— Parfait, c'est terminé, annonça le juge Cho. Vous pouvez disposer. Je vais désormais m'entretenir avec Capitaine Lim et ses deux officiers.

— Monsieur Jeon a dû retourner au poste de police, informa Jimin en se levant.

— Ce n'est pas grave, monsieur Kim est toujours présent ?

— Oui, il attend dehors avec le capitaine.

— Parfait, merci beaucoup. Je vous souhaite une excellente journée messieurs, madame.

Après s'être incliné poliment, Jimin quitta le bureau en troisième vitesse. Il avait besoin d'air et d'espace. Lorsqu'il arriva dans le couloir, Taehyung se leva immédiatement et vint vers lui.

— Ça va ?

— Oui, ça y est Tae, c'est fini, murmura le plus jeune, la gorge nouée.

— Je t'avais dit que tu rentrerais avec nous, sourit le lieutenant en venant gratter le haut de sa tête.

— Capitaine Lim, lieutenant Kim, appela maître Song en leur faisant signe d'entrer.

Les deux concernés hochèrent la tête puis avec un dernier sourire rassurant, le châtain suivit son supérieur jusqu'au bureau. Quand la porte se referma derrière eux, Jimin réalisa qu'il était seul et qu'à quelques pas de lui, son géniteur le regardait avec une rage indescriptible.

— Tu es fier de toi ? lança l'homme en s'approchant.

Le jeune médium recula immédiatement sans pour autant détourner le regard.

— Pourquoi fais-tu tout ton possible pour me gâcher la vie, grogna Jae-sok en faisant encore un pas en avant.

Jimin savait ce qui allait arriver s'il ne faisait rien. Il avait vu ce regard tellement de fois au cours de son enfance qu'il avait cessé de compter. Il était terrifié, mais il avait décidé de ne plus se laisser impressionner par cet homme, par aucun hommes.

— Si vous me touchez, je hurle, le menaça-t-il d'un ton assuré.

Il était fier de lui, sa voix n'avait pas flanché, et ce, malgré ses mains tremblantes.

— Espèce de morveux, tu me menaces ?

— Jae arrête, implora madame Park en venant tirer sur son bras.

Le député se dégagea avec une telle violence que la brune tomba sur les fesses. En voyant cela, le cœur du brun loupa un battement et malgré toute cette histoire, son amour pour sa mère et son instinct de protection prirent le dessus.

— Maman ! lança Jimin avec l'intention de venir l'aider.

Son mouvement fut arrêté par une main puissante qui vint s'enrouler autour de son bras. La poigne était si forte qu'il pouvait sentir son sang cesser de circuler dans ses veines.

— Tu as perdu le droit de l'appeler comme ça au moment où tu as signé ce document. Tu n'es plus notre fils !

— L'ai-je été un jour ?! cracha le brun en tentant de se dégager. M'avez-vous un jour vu comme votre fils ou n'étais-je qu'un sac de boxe sur lequel vous frappiez pour décharger votre frustration ? Lâchez-moi immédiatement ou je vous jure que je vous le ferai regretter !

— Que vas-tu faire ? ricana le député sans le lâcher. Tu n'es qu'un petit garçon apeuré. Tu penses réellement que ces pauvres policiers pourront toujours te protéger ? Tu n'es rien pour eux, dès que ce sera compliqué, ils te jetteront et je me ferai une joie d'en finir avec toi.

— Ils ne feront jamais ça et si cela venait à se produire, je préfère encore sauter d'un immeuble que finir entre vos mains ! C'est terminé père, vous avez perdu, je suis libre de votre emprise. Maintenant, lâchez-moi ou le monde entier saura ce que vous avez fait.

— Tu penses qu'ils croiront un fou qui vient de sortir d'un asile, gloussa Jae-sok avec arrogance.

— Je ne suis pas fou, maintenant lâchez-moi, c'est la dernière fois que je vous le demande poliment.

Jimin ignorait d'où lui venait ce courage, mais durant toute leur dispute, il n'avait cessé de penser aux paroles de Jungkook. L'enfant qui était en lui, aurait voulu qu'il soit là. Il savait que s'il y avait bien quelqu'un qui n'avait pas peur de tenir tête à son père, c'était bien lui. Il n'avait que faire de son statut politique et c'était pour cela que le médium se sentait en sécurité quand il était dans les parages. Pourtant, cette fois, il était seul et il ne devait pas se laisser faire ! Il devait apprendre à se défendre seul et il allait commencer maintenant.

— Jae-sok lâche-le ! ordonna Hee-sun après s'être relevée.

Son visage de porcelaine était rouge de colère et de honte. Étonnamment, monsieur Park obéit et libéra son fils. Ce dernier recula en réajustant la veste du costard que Taehyung lui avait prêté.

— Vous feriez mieux de partir tant que vous le pouvez mère. Vous ne méritez pas de vivre aux côtés d'un monstre comme lui, termina Jimin avant de passer devant eux pour disparaître de leur champ de vision.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Il se passa une bonne heure avant que Taehyung et le capitaine Lim ne quittent le bureau du juge. Les deux hommes avaient dû prouver qu'ils étaient capables d'assurer une situation professionnelle et un domicile fixe à Jimin jusqu'à ce que ce dernier ait les moyens de voler de ses propres ailes. Le lieutenant de police n'avait pas hésité à jurer sous serment de toujours veiller sur son protégé alors que Lim avait rédigé une promesse d'embauche qui prenait effet le jour même.

Lorsque le juge Cho eut tous les éléments pour son dossier, il laissa à maître Song la responsabilité de s'assurer que son client reçoive l'indemnité à laquelle il avait droit. Les trois hommes quittèrent le bureau et en arrivant dans le couloir, Taehyung remarqua l'absence de son ami.

— Où est Jimin ? demanda-t-il.

— Peut-être qu'il est aux toilettes, supposa Lim.

Taehyung avait du mal à croire en cette hypothèse. Il avait un mauvais pressentiment alors, après s'être excusé auprès de son supérieur et de leur avocat, il partit à la recherche du médium. Marchant vers les toilettes, le policier sortit son téléphone et sélectionna le numéro de son ami. Au bout de la troisième sonnerie, une voix familière se fit enfin entendre.

— Allô, parla Jimin.

— Où es-tu ? Est-ce que tout va bien ?

— Oui, je suis sorti prendre l'air. J'arrive.

Son interlocuteur raccrocha sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit. Taehyung regarda son téléphone, perplexe et inquiet. Allait-il bien ? S'était-il passé quelque chose pendant son absence ? Il avait été obligé de le laisser seul avec ses deux parents, mais il avait espéré que ces deux-là se tiendraient à carreaux. Avait-il était stupide de penser cela ?

— Il arrive, informa le lieutenant en revenant auprès des deux hommes.

— D'accord, acquiesça l'avocat.

Jimin ne tarda pas à apparaître au bout du couloir. En voyant ses cheveux plaqués en arrière et ses vêtements humides, Taehyung détourna les yeux vers la fenêtre pour se rendre compte qu'il pleuvait à verse dehors. Puis son regard se posa sur son visage et en voyant ses yeux bouffis et rouges, il comprit. Son ami avait pleuré. Quelque chose s'était bien passé en son absence.

Ne voulant pas le mettre mal à l'aise devant le capitaine et maître Song, Taehyung avança vers lui pour le rejoindre à mi-chemin et chercha à établir un contact visuel avec son regard fuyant.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda le policier d'une voix basse et prudente.

— Rien, mentit le médium avec un sourire forcé.

— Jimin je vois bien que tu as pleuré. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je... je me suis disputé avec mon père. Encore.

— Il t'a fait du mal ? questionna Taehyung la mâchoire serrée.

— Non, il... je lui ai tenu tête Tae, réalisa le plus jeune. Pour la première fois de ma vie, j'ai tenu tête à mon père.

Le policier écarquilla faiblement les yeux avant d'afficher un sourire rempli de fierté. Avec douceur, il vint décoller une mèche trempée qui était collée sur son front et gratta le haut de sa tête.

— Je suis fier de toi.

— Merci, gratifia Jimin soulagé. Je... je ne sais pas ce qui m'a pris, mais quand il a voulu m'intimider, j'ai repensé aux paroles de Jungkook. Il a raison, je ne peux plus le laisser contrôler ma vie.

— Oui, Jungkook dit des choses sensées parfois, pouffa Taehyung. Comment te sens-tu maintenant ?

— Soulagé et inquiet.

— Qu'est-ce qui t'inquiète ?

— J'ai peur des représailles. Mon père déteste perdre et encore plus face à moi.

— Ne t'en fais pas, on sera là pour te protéger.

En entendant cela, Jimin se rappela les paroles de son géniteur. Il savait qu'il avait dit cela dans le seul but de le blesser, mais une partie de lui, la plus faible, avait peur qu'il dise la vérité. Et si Taehyung et Jungkook l'abandonnaient ? Et si cela devenait trop compliqué et qu'ils décidaient de le jeter ?

— Le seras-tu vraiment ?

Taehyung fronça les sourcils, confus par cette question.

— Pourquoi tu me demandes ça ? Qu'est-ce qui te fait douter ?

— Mon père a dit que vous finiriez par me laisser tomber quand ça deviendra trop compliqué. Parce que je suis quelqu'un de compliqué. Regarde ce qui s'est passé hier soir ? Le fantôme de mon meilleur ami a pété un câble et t'a claqué la porte au nez. Mon géniteur est un maniaque du contrôle qui me déteste et qui ne va pas laisser tomber aussi facilement. Il sera prêt à écraser toutes les personnes qui lui tiendront tête.

Le brun s'interrompit en sentant sa gorge se nouer. Il prit une grande inspiration pour calmer sa voix tremblante avant de reprendre.

— Je comprendrais parfaitement qu'après ça vous me demandiez de me débrouiller seul et je ne vous en voudrais pas. Je préfère que vous le fassiez maintenant parce que vous êtes ce qui ressemble le plus à une famille pour moi et je ne veux pas me bercer d'illusions si c'est pour finir seul.

Taehyung était à la fois ému d'entendre ça et blessé. Comment son protégé pouvait-il penser ainsi ? Avait-il dit quelque chose qui puisse le laisser penser une telle chose ?

— D'accord, commença le policier en venant poser ses mains sur les épaules de Jimin. Regarde-moi bien dans les yeux et ouvre tes oreilles, je ne veux pas avoir à me répéter. Quand je t'ai sorti de cet asile, je t'ai fait une promesse, n'est-ce pas ?

Le jeune médium hocha la tête.

— Qu'est-ce que je t'ai promis ?

— Que tu resterais à mes côtés jusqu'à ce que je veuille prendre mon envol, récita Jimin en se rappelant le jour où son aîné lui avait fait cette promesse.

Il se trouvait sur le rebord du toit, prêt à se jeter dans le vide quand il avait cru devoir retourner dans cet hôpital. Il se remémora l'inquiétude dans les yeux du châtain lorsqu'il l'avait vu. Il se rappela aussi son échange avec Jungkook. À ce moment-là, ils leur étaient pratiquement impossible d'avoir un échange sans s'insulter.

Ce fut à cet instant qu'il réalisa qu'il avait évolué. Il se rendit compte que ces trois semaines passées aux côtés de ses deux policiers et de tout leur entourage l'avaient fait grandir. Lui qui était un petit garçon apeuré, effrayé par la vie, était devenu plus fort et osait croire qu'il était plus courageux.

— Veux-tu prendre ton envol ? demanda Taehyung.

— Pas encore.

— Voilà, alors je veux que tu arrêtes de penser de telles idioties. Ton père est un connard qui a dit ça pour te faire du mal. Si je devais prendre la fuite, je l'aurais fait dès le début. Si je voulais te laisser tomber, je n'aurais pas pris le risque de perdre ma plaque pour te sortir de ses griffes. Enregistre bien ça dans ta petite tête, je n'irai nulle part et même s'il joue les indifférents, Jungkook n'ira nulle part non plus. S'il y a bien un truc qui l'amuse, c'est de mettre ton père en rogne et rien que pour ça il continuera de te protéger de lui. Lilith n'ira nulle par non plus. Tu fais partie de la famille, Jimin. Une famille bancale certes, mais une famille unie et qui fera toujours tout pour protéger ses membres. Je sais qu'on se connait à peine, mais je ne peux pas me l'expliquer. Dès que je t'ai vu dans cet hôpital, j'ai su que je devais te sortir de là.

Plus Taehyung parlait, plus la gorge de Jimin se nouait et ses yeux devenaient humides.

— M-merci, renifla le médium en essuyant les larmes sur ses joues.

— Ne me remercie pas. Je t'ai fait une promesse et je tiens toujours parole.

Avec un sourire réconfortant, le lieutenant de police vint presser l'épaule de son ami et l'invita à le suivre. En arrivant près de leur avocat, ce dernier leur fit signe de l'accompagner et les quatre hommes entrèrent dans un des bureaux. Maître Song déposa son attaché-case sur le bureau et en sortit plusieurs documents ainsi qu'un passeport.

— Tenez Jimin, commença l'homme. Voici les documents qui vous donnent accès à votre compte en banque et votre passeport. Je vais m'assurer que vous receviez votre indemnisation très rapidement. En ce qui concerne votre passeport, celui-ci est périmé. Vous devrez donc en faire un nouveau.

— On s'en occupera, intervint Taehyung.

— Parfait. Voici également la promesse d'embauche faite par le capitaine Lim ici présent, ainsi que le document qui vous libère de la tutelle de vos parents. Bien évidement, tout ceci est à conserver minutieusement. Autre chose, maintenant que vous êtes libre, vous avez l'obligation d'effectuer votre devoir de citoyen, ce qui veut dire que vous devrez faire votre service militaire avant la fin de vos vingt huit ans.

Le service militaire. Jimin se souvenait en avoir discuté avec Yoongi quelques jours avant sa mort. Le mentholé était en âge de commencer son service et s'il n'avait pas trouvé ce travail dont il semblait si fier, il serait surement parti avant la fin de l'année. Si seulement il l'avait fait, peut-être serait-il encore en vie maintenant.

— Je le ferai, promit le médium.

— Je n'en doute pas, sourit l'avocat. Avez-vous des questions ?

— Euh oui.

— Je vous écoute.

— Est-ce que je suis obligé de retourner voir le docteur Lee ? Durant l'audience, il a émis le souhait que je continue mes séances avec lui. Est-ce une obligation ? questionna Jimin.

— Non, ce n'est écrit nulle part et ce n'était pas dans les termes de votre libération. Vous le ferez si vous le souhaitez et si vous en ressentez le besoin.

— D'accord, merci maître.

— De rien Jimin, je suis ravi que l'on ait gagné. Prenez soin de vous et si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à m'appeler.

— Merci, gratifia de nouveau le médium en s'inclinant.

— Si vous n'avez pas d'autres questions, je vais me retirer. Bon courage pour votre journée.

— Merci Joong, fit le capitaine en venant serrer la main de leur avocat et ami.

— De rien, c'était un plaisir.

Maître Song salua également Taehyung puis quitta la pièce, suivi des trois hommes.

— Allez, rentrons au poste, lança le capitaine en se mettant en route vers la sortie.

— Vous pouvez nous déposer à l'appartement ? Jimin est trempé et je me vois mal aller bosser en costard, pouffa le lieutenant.

— Bien-sûr, acquiesça le cinquantenaire.

Les documents de sa nouvelle vie dans ses mains, Jimin suivit ses deux aînés hors du bâtiment en pierre. Dehors, la pluie tombait à torrent sur la ville. La tempête de la veille s'était calmée durant la matinée, mais le reste de l'après-midi s'annonçait orageux et pluvieux. Le médium détestait ce temps. Il l'obligeait à rester enfermé et surtout, il l'empêchait d'aller nager. Tous les jours, en se levant, il espérait que le soleil soit haut dans le ciel pour qu'il puisse aller dans l'eau, mais chaque matin, ces nuages noirs tachaient le voile qui s'étendait au-dessus de sa tête, réduisant à néant ses espoirs.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Une quarantaine de minutes plus tard, Jimin avait troqué le costume noir et blanc que Taehyung lui avait prêté contre un jean droit clair et un t-shirt blanc. Il fouillait dans sa commode à la recherche de son gilet à capuche, mais impossible de mettre la main dessus.

— Tae ! cria-t-il en marchant vers le couloir.

La tête du concerné dépassa du seuil de la porte de sa chambre tandis qu'il boutonnait une chemise noire.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je ne trouve pas mon gilet à capuche blanc, rapporta le plus jeune, une moue boudeuse sur le visage.

— Il était au sale, je crois.

— Argh, j'ai oublié d'aller faire une machine.

— Tu n'en as pas d'autres ?

— Non. Il faut vraiment que j'aille m'acheter d'autres vêtements, soupira Jimin. Je peux prendre celui qui traîne sur le sofa ?

— Le noir ?

— Oui.

Taehyung lui donna l'autorisation en hochant la tête. Le médium fronça les sourcils face au rictus qui apparut sur ses lèvres, mais décida de ne pas en tenir compte.

— Merci, gratifia-t-il en marchant vers le salon.

Il attrapa le vêtement qui était posé sur le dos du canapé et l'enfila. Ce gilet était deux fois trop grand pour lui, mais il faisait trop chaud pour porter une veste et pas assez pour se promener en manche courte. C'était à ne rien y comprendre.

Lorsqu'il fit un premier mouvement, un parfum agréable vint caresser ses narines. Bizarrement, cette odeur avait quelque chose de rassurant et d'apaisant pour Jimin. Timidement, il amena le tissu jusqu'à son nez et huma cet effluve.

— Tu es prêt ? survint une voix derrière lui.

En entendant son ami, le médium sursauta et pivota pour lui faire face. Les joues légèrement empourprées, il avait l'impression d'avoir été pris en train de faire quelque chose de mal.

— Ça va ? ricana Taehyung en passant devant lui pour aller dans la cuisine.

— O-oui.

— Tu veux manger quelque chose avant qu'on y aille ? Il reste des Mandus d'hier.

— Je n'ai pas faim pour le moment.

— D'accord, allons-y alors.

Jimin hocha la tête et se dirigea vers le sas d'entrée et enfila ses converses. Taehyung fit de même avant d'ouvrir la porte de l'appartement.

— Je vais chercher la voiture dans le parking souterrain. Attends-moi dans l'entrée de l'immeuble pour ne pas prendre la pluie.

— D'accord, acquiesça le brun.

Le lieutenant quitta les lieux en refermant la porte derrière lui puis Jimin se dirigea vers la cuisine. Il n'avait pas vraiment faim, mais il eut soudainement envie de quelque chose de sucré. Le médium vint trouver son bonheur avec un lait à la banane qu'il ouvrit et commença à déguster alors qu'il se dirigeait à son tour vers l'entrée.

— À tout à l'heure Zeus, ne fais pas de bêtise, dit-il en venant caresser la tête de l'animal qui était assis près de la porte.

Il referma celle-ci derrière lui puis trottina jusqu'au hall du bâtiment. Au même moment, il vit la Mercedes du policier sortir du parking alors, il poussa la porte pour aller le rejoindre.

— Tu es prêt pour ton vrai premier jour dans la police ? gloussa Taehyung lorsque son ami s'installa sur le siège passager.

— Je suis terrifié, répondit Jimin en rigolant.

— Ne t'en fais pas, ça ne va pas changer grand-chose sauf qu'à partir d'aujourd'hui, tu auras accès à tous les services.

Le brun hocha la tête, buvant simplement la fin de sa boisson sucrée. Il n'avait pas vraiment envie de penser à ça. Il ignorait ce qui l'attendait à partir d'aujourd'hui, mais ce qu'il savait, c'est qu'il allait enfin pouvoir avancer vers son objectif. Même s'il était en froid avec Yoongi, il n'avait pas oublié la raison de sa présence, trouver le meurtrier de son meilleur ami et le faire payer.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Lorsqu'ils arrivèrent au commissariat, ils furent accueillis par la jeune femme de l'accueil et son collègue.

— Lieutenant Kim, le capitaine a demandé à ce que tout le monde se présente dans la salle de conférence dans cinq minutes, mais avant, monsieur Park doit se rendre dans son bureau, informa la jeune femme aux cheveux d'or.

— D'accord, merci Nancy, gratifia Taehyung.

Jimin s'inclina poliment et les deux hommes prirent le chemin vers le bureau de Lim. Une fois en haut, le policier toqua à la porte avant d'entendre la voix de leur supérieur leur donner l'autorisation de rentrer.

— Vous vouliez me voir capitaine ? fit Jimin en entrant dans la pièce.

— Je vais dans le bureau m'assurer que Jungkook n'ait pas mis le feu au QG, annonça Taehyung.

— D'accord, acquiesça le médium.

Le châtain salua son supérieur avant de disparaitre, laissant seul son protégé avec son aîné.

— Assieds-toi Jimin, l'invita Lim en désignant l'un des sièges.

Le brun s'exécuta et vint s'installer face au cinquantenaire qui lui offrit un sourire rassurant. Même s'il savait qu'il n'avait rien fait de mal, Jimin sentit l'anxiété l'envahir. Les mains cachées dans les longues manches de son gilet noir, il commença à triturer les couture avec son pouce et son index.

— Ne t'en fais pas mon garçon, tu n'as rien fait, ricana le capitaine. Je voulais simplement discuter avec toi. Si tu es d'accord, je souhaite te présenter officiellement à tes nouveaux collègues. Tu vas surtout travailler avec Jungkook et Taehyung, mais tu pourras être amené à échanger avec d'autres officiers et je veux que tu te sentes le plus à l'aise possible.

— Je... je ne suis pas vraiment à l'aise de parler devant du public, bafouilla le médium.

— Oh ne t'en fais pas, je vais simplement te présenter. Tu ne seras pas obligé de prendre la parole, mais si tu ne souhaites pas le faire, je ne veux pas t'y obliger.

— D'accord, je... je veux bien, accepta finalement Jimin.

— Parfait, allons-y alors.

De nouveau, le plus jeune hocha la tête et se leva pour suivre son supérieur jusqu'au bureau de la section criminel. Ce dernier ouvrit la porte et entra. Leurs regards se posèrent sur Rose, Lian Jungkook et son coéquipier qui étaient rassemblés autour de la table tactile.

— Messieurs, Rose, vous êtes attendus en salle de conférence, lança le capitaine.

— Pourquoi faire ? demanda Jungkook.

— Arrête de poser des questions et bouge-toi.

— À vos ordres, répliqua le commandant en roulant des yeux.

Les quatre policiers avancèrent vers eux, alors que le capitaine était déjà parti. En arrivant à sa hauteur, les yeux du tatoué se posèrent sur Jimin, ce dernier le dévisageait de haut en bas, les sourcils froncés.

— C'est mon gilet que tu portes ? questionna ce dernier.

— T-ton gilet ? bafouilla Jimin.

— Oui, c'est le mien. Tu as fouillé dans mes affaires ?

Le ton de Jungkook était dur et le médium se souvint de leur dernière grosse dispute à cause des vinyles. S'il y avait bien une chose qu'il avait appris sur cet homme, c'est qu'il ne supportait pas qu'on touche à ses affaires.

— Non ! Non ! Il était sur le canapé. D-désolé je croyais qu'il était à Taehyung, s'empressa d'expliquer le plus jeune.

Ne voulant pas engendrer une nouvelle dispute avec son colocataire, il commença à tirer sur la fermeture avec l'intention de le retirer.

— Je suis désolé. Tiens, j-je vais le poser dans le bureau.

Jungkook le regarda quelques secondes. Il le sondait intensément et même s'il ne l'avouerait jamais à voix haute, ce microbe était adorable, engouffré dans son vêtement. En général, il détestait voir quelqu'un avec ses habits, mais sans réellement comprendre pourquoi, que ce soit Jimin qui le porte ne le mettait pas tant en colère. Il serait inhumain de le laisser se promener en manche courte alors qu'il faisait frais dehors. Enfin, c'était ce qu'il se disait.

— C'est bon, le stoppa ce dernier. Si tu chopes la crève, on va dire que c'est de ma faute alors garde-le. Si tu le tâches ou si tu l'abimes, je te casse les dents.

— Merci, je ferais attention, promit Jimin.

— C'est bon, vous avez fini ? lança Taehyung, un rictus amusé sur les lèvres.

Ce fut à cet instant que le médium comprit. Son aîné savait que ce gilet était à Jungkook, pourtant il ne lui avait rien dit. Quand le tatoué quitta le bureau et qu'il se retrouva seul avec lui, Jimin afficha une moue boudeuse qui fit rire son vis-à-vis.

— Qu'est-ce qu'il y a ? gloussa le châtain.

— Tu savais que c'était son gilet ?

— Oui.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ! Tu veux qu'il me tue ou quoi ?

— Ça ne m'a pas traversé l'esprit, se justifia Taehyung en haussant les épaules. Allez, ne t'en fait pas, ça ne l'a pas dérangé tant que ça.

— Tu rigoles ? Je suis sûr que dans sa tête, il m'a tué une centaine de fois et a enterré mon cadavre.

Le lieutenant explosa de rire avant de venir passer son bras autour des épaules de son protégé.

— Promis, je ne le laisserai pas te tuer.

Ensemble, les deux amis quittèrent le bureau pour se rendre dans la salle de conférence. Plus ils s'approchaient, plus le brouhaha devenait intense. Plusieurs personnes parlaient et riaient en même temps et lorsque Taehyung poussa la porte, Jimin comprit pourquoi il y avait tant de bruit. Tous les agents en uniforme qui n'étaient pas sur le terrain et le personnel du bâtiment étaient présents dans la pièce.

— Maintenant que tout le monde est présent, je vous demanderai un peu de silence ! commença le capitaine avant de faire signe à Jimin de le rejoindre.

Le brun regarda Taehyung qui lui offrit un sourire rassurant avant de hocher la tête en signe d'encouragement. Le médium déglutit et sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Les mains enfouies dans les manches de ce gilet beaucoup trop grand pour lui, le jeune garçon avança en direction de la petite estrade qui se trouvait au fond de la pièce.

À mesure qu'il avançait, Jimin sentait tous les regards sur lui. Certains étaient bienveillants, d'autres curieux, ou encore remplis d'animosité. Il pouvait entendre les chuchotements des hommes et des femmes qui l'entouraient et cela ne faisait qu'augmenter son angoisse.

En arrivant devant le podium en bois, le capitaine Lim lui offrit un sourire et tendit sa main vers lui. Le médium s'approcha davantage jusqu'à se retrouver près de son aîné. Lorsqu'il tourna enfin les yeux vers la foule, il sentit son sang se figer dans ses veines. Tous les regards étaient verrouillés sur sa personne, tous sans exception. Sentant la panique l'envahir, il chercha dans cette vague humaine, un contact visuel rassurant.

Ce fut dans les prunelles sombres de Jungkook qu'il s'arrêta. Ses yeux ronds d'un noir profond qui le sondaient avec intensité.

— Nous accueillons aujourd'hui Park Jimin qui sera consultant pour la section criminelle. Il travaillera avec le commandant Jeon et son coéquipier, le lieutenant Kim. Je vous demande de l'accueillir dans la grande famille qu'est la police de Busan et de prendre soin de lui, présenta le capitaine Lim. Veux-tu dire quelques mots ? ajouta ce dernier d'une voix plus basse.

— Merci capitaine de m'accueillir. Je ferais de mon mieux pour être serviable, fit Jimin d'une voix légèrement tremblante avant de s'incliner profondément.

— Bienvenue parmi nous Jimin ! s'exclama une voix qu'il reconnut immédiatement.

Rose venait de prendre la parole avant d'applaudir, entraînant avec elle Lian puis Taehyung et d'autres policiers avec qui le jeune médium avait déjà échangé. Le regard de Jimin n'avait pas quitté celui du commandant. Ce dernier n'avait pas cillé, le visage totalement fermé puis un sourire amusé apparut sur ses lèvres avant qu'il ne tourne les talons et quitte la salle.

Le jeune homme fut déconcerté par cette attitude, mais il n'eut pas le temps de réfléchir que le brouhaha qui l'entourait le ramena à la réalité.

— Allez messieurs, mesdames, on retourne au travail maintenant. Merci pour votre temps.

La voix autoritaire du capitaine Lim résonna dans la salle et tous les officiers présents retournèrent à leurs occupations. Bientôt, il ne resta que Rose, Lian et Taehyung qui l'attendaient patiemment près de la porte de sortie. Lorsqu'il arriva près d'eux, l'inspecteur se mit à rire chaleureusement.

— Tu fais officiellement partie de la section criminelle ! Tu sais ce que ça veut dire ? lança Lian en venant passer son bras par-dessus les épaules frêles du médium.

— Non, répondit Jimin perplexe.

— Ça veut dire que tu vas devoir passer le bizutage.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda le médium curieux.

— Oh tu verra ça plus tard, gloussa le brun.

— Bon, allons travailler, intervint Taehyung.

Sur ces dernières paroles, les quatre amis se mirent en route vers l'étage pour rejoindre leurs bureaux. Jimin était curieux de savoir ce que pouvait être ce bizutage, mais il ne posa pas plus de question. Lorsqu'ils arrivèrent dans le QG de la criminelle, Jungkook les attendait déjà. Debout près de la table tactile, les deux mains à plat sur le rebord en bois foncé, le brun fixait l'écran, le visage fermé.

— C'est bon, vous avez fini de vous amuser ? lança-t-il sans même lever la tête. On peut enfin se mettre au travail ? Au cas où vous l'auriez oublié, on a cinq cadavres à la morgue qui attendent qu'on chope leur meurtrier.

— Qu'est-ce que tu as pour nous ? répondit Taehyung alors que les trois autres n'osaient même pas croiser le regard du tatoué.

— Les résultats de la reconnaissance faciale de la vidéo de surveillance sont arrivés. Notre Casanova s'appelle William Harris, quarante-cinq ans, marié à madame Amy Harris, la première femme qu'on voit sur la vidéo. PDG de la filiale Healty SK Corp.

— Ce sont des anglais ? demanda Lian.

— Oui, il a été muté en Corée en deux mille quinze pour diriger la filiale implantée à Séoul jusqu'en deux mille dix-neuf où il est de nouveau muté, mais à Busan cette fois.

— Et la deuxième femme ? questionna Taehyung.

— Aucun résultat pour le moment, répondit Rose cette fois.

— D'accord, ce matin, tu m'as dit que les résultats du sang et de la plaque étaient arrivés. Je t'écoute, surenchérit le lieutenant.

— Je te présente, Jovan Petrovic, c'est le gars sur qui j'ai tiré. Pendant que vous étiez en train de faire joujou, j'ai passé quelques coups de fils à des amis et ils m'ont envoyé ça.

Pendant que les trois policiers et Jimin s'approchaient de la table, Jungkook pianota sur l'écran avant de balancer toutes les informations qu'il avait reçues sur les trois écrans. Le médium observait chacun d'eux avec attention. Le premier affichait des photos de plusieurs hommes dont quatre qu'il reconnut immédiatement. Sur le deuxième étaient présentés des documents qui semblaient être des rapports d'autopsie, puis lorsqu'il posa les yeux sur le dernier écran, il crut que son estomac allait se vider du peu de nourriture qu'il contenait. Sur celui-là se trouvait plusieurs clichés de scènes de crime, toutes plus macabres les unes que les autres.

— Q-qu'est-ce que c'est ? demanda Jimin même s'il savait que sa question n'avait aucun sens.

— Ça, cher collègue, commença Jungkook, la voix débordante de sarcasme. Ce sont les anges de la mort. Je vous épargne leur nom en serbe, je suis un peu rouillé.

— Attends, mon niveau d'anglais est merdique, mais sur ces rapports, il y a bien écrit que ces hommes sont tous morts en deux mille dix-sept, tués par l'armée américaine lors d'une opération militaire. Je me trompe ? questionna Rose en s'approchant du deuxième écran.

— Ton anglais n'est pas si mauvais, ricana le tatoué. Tous ces mecs sont bien censés être morts, pourtant j'ai tiré sur celui-là hier et ces trois rigolos étaient avec lui. Ce qui veut dire que ces gars se sont donné beaucoup de mal pour simuler leur mort afin d'échapper à Interpole, au FBI et à la CIA. Ils n'ont pas fait de vagues pendant cinq ans et voilà que quelqu'un d'assez riche les a fait sortir de leur trou et les a ramenés dans notre ville. Ce type doit être drôlement riche parce que ces mecs là ne doivent pas se déplacer pour moins de cinq milliards de won.

— Milliard, t-tu as dis milliard ? bafouilla le médium ahuri.

— Oui tu as bien entendu, ça donne environ quatre millions de dollars américains. Enfin, c'est une supposition. Imaginons qu'ils partagent en parts égales, ça ferait un million chacun.

— Attends. Récapitulons, parla Taehyung. Ces quatre mecs sont des mercenaires. Ils ont simulé leur mort il y a cinq ans. Pourquoi ?

— Sûrement parce qu'ils allaient se faire chopper, répondit Jungkook.

— D'accord. Alors quoi, ils font profil bas pendant cinq ans et ils décident de venir à Busan pour tuer une famille ? Pourquoi ?

— Je n'en sais rien, soupira le commandant, en passant une main dans ses cheveux. Cette affaire n'a aucun sens.

— Ok, la plaque, ça a donné quoi ?

La voix de Taehyung était débordante de frustration et de lassitude.

— La BMW appartient à Li Wang, un homme d'affaires qui est actuellement en Europe pour le travail, répondit Lian en ouvrant le fichier que la scientifique leur avait envoyé dans la matinée.

— Je suppose que la voiture a été volée ?

— Nous n'avons eu aucun signalement, mais à moins que monsieur Li travaille avec des mercenaires, il y a de grandes chances.

— Je veux une adresse, exigea Jungkook.

L'inspecteur hocha la tête et commença à pianoter rapidement sur la vitre de verre. Après quelques secondes, il donna enfin une adresse au commandant qui la nota rapidement sur son téléphone.

— On y va, lança le tatoué en regardant son meilleur ami.

— Maintenant ? s'étonna le châtain.

— Oui, si tu ne veux pas venir, je peux y aller tout seul.

— Non, je viens avec toi, assura Taehyung.

— Je peux venir ? demanda Jimin.

Jungkook et son coéquipier le regardèrent, étonnés par sa question. La veille, ces hommes qui étaient en photo sur ces écrans lui avaient tiré dessus et voilà qu'il voulait venir avec eux se jeter dans la gueule du loup.

— Non, répondirent les deux hommes en même temps.

— Quoi ? Mais pourquoi ?! s'offusqua le médium.

— Bon, Tae explique lui je vais aller chercher mon arme, soupira le commandant en prenant la direction de son bureau. S'il nous suit, je lui tire dessus ! ajouta ce dernier avant de disparaître.

— Pourquoi je ne peux pas venir ? Tu as entendu le capitaine, je fais partie de votre équipe ! argumenta le brun sans tenir compte des menaces de son colocataire.

— Parce-que c'est dangereux. On est sûr de rien, mais ces hommes sont peut-être à cette adresse.

— Donnez-moi un gilet ! S'il te plaît Tae, implora le plus jeune.

Le lieutenant le sonda quelques secondes. Lorsqu'il le regardait ainsi, c'était dur de lui refuser quelque chose, mais cette fois, c'était trop dangereux. Il avait failli être blessé la dernière fois qu'il les avait suivis, il ne voulait pas prendre le risque que cela se reproduise.

— On t'a dit non microbe ! lança Jungkook en mettant son arme dans son holster d'épaule. Si tu continues d'insister, je te menotte à mon bureau et pas de la façon dont tu aimerais !

— Tu fais chier, grogna Jimin dans sa barbe inexistante.

En voyant le regard noir du tatoué sur sa personne, le médium se demanda un instant si ce dernier l'avait entendu.

— Tae, on y va. Toi, rends-toi utile. Tu n'as qu'à visionner quelques heures de la caméra espion.

Le plus jeune regarda une dernière fois le lieutenant dans l'espoir que celui-ci finisse par craquer, mais il bougea négativement la tête, réduisant à néant ses espoirs. Dans un long soupir de lassitude, il porta son attention sur Jungkook et lui lança un regard agacé.

— À vos ordres commandant, grogna-t-il avant de trainer des pieds jusqu'à leur bureau sous le regard amusé de Rose et de son coéquipier.

— Donnez-lui de quoi s'occuper, on revient, fit le commandant avant de partir en direction de la sortie.

Jungkook était d'humeur massacrante. Cette affaire était en train de le rendre dingue et si cet indice ne donnait rien, il y avait de grandes chances qu'il évacue sa frustration sur le premier malheureux qui viendrait le contrarier. Ces mercenaires étaient de vrais monstres. Ils les avaient vus à l'œuvre et les photos qu'il avait affichées sur ces écrans n'étaient rien comparées aux horreurs qu'ils avaient faites lorsqu'il avait croisé leur chemin pour la première fois. Savoir que des types comme ça se baladaient tranquillement dans sa ville, faisait monter en lui une colère qu'il avait du mal à contrôler.

En arrivant sur le parking, les deux policiers montèrent dans l'Audi qui était garée à sa place habituelle. Le conducteur s'apprêtait à démarrer pour quitter le parking lorsque la portière arrière s'ouvrit. Les deux hommes pivotèrent pour voir leur cadet monter dans la voiture et claquer la portière.

— Qu'est-ce que tu fais là toi ? lança Jungkook.

— Je viens avec vous.

— Tu viens avec nous ? pouffa le commandant avant de poser son regard sur son coéquipier. Il se fout de ma gueule ? Je vais me le faire.

Taehyung tentait de garder son sérieux. Jungkook affichait une mine si colérique qu'il avait l'impression que son visage allait éclater. Sa mâchoire était si contractée qu'il avait peur qu'elle se brise à tout moment. Jimin avait ce don de le mettre en colère et pourtant, le tatoué n'explosait pas.

— Jimin, on t'a dit-

— Je resterai dans la voiture ! l'interrompit le plus jeune. S'il vous plait arrêter de me prendre pour un enfant ! Promis, je me tiendrais à carreau, je ferais tout ce que vous me demanderez ! implora-t-il en joignant ses paumes en signe de supplication.

Jungkook se réinstalla correctement sur son siège et soupira profondément. Il posa son coude sur le rebord de la portière et vint masser ses tempes avec son pouce et son index. Ce gamin allait avoir raison de lui.

— Je ne sais pas ce qui me retient de te botter le cul. Je t'ai donné un ordre précis, celui de rester dans le bureau et pourtant ton cul est posé sur cette banquette, fit le tatoué d'une voix posée, mais dure.

— Désolé commandant, c'est mon premier jour, se moqua Jimin en haussant les épaules.

Un rictus amusé apparut sur ses lèvres, mais il disparut à la seconde où son regard croisa celui de Jungkook dans le rétroviseur. Malgré son envie de déglutir et de rompre le contact visuel, il ne détourna pas les yeux de ses prunelles noires qui le transperçaient.

Le dit commandant ne savait pas s'il devait rire face à son arrogance ou s'il devait lui en coller une pour lui apprendre à obéir aux ordres.

— Bon, on y va ? lança le médium en attachant sa ceinture.

Cette fois, Taehyung pouffa de rire avant de s'enfoncer dans son siège et de tourner la tête vers la vitre.

— Qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu pour devoir bosser avec deux têtes de mule pareille, soupira le lieutenant en venant glisser ses doigts dans ses cheveux bouclés.

— Je te demande pardon ? s'indigna Jungkook. Je n'ai rien fait, c'est ce microbe qui n'écoute rien.

— Laisse tomber, il ne descendra pas, alors démarre qu'on aille faire notre travail, se résigna le châtain.

Grognant dans sa barbe, le tatoué enclencha la première vitesse et prit la route pour enfin quitter le parking. À l'arrière, assis à la place du milieu, un sourire satisfait s'afficha sur les lèvres de Jimin. Quand il avait décidé de quitter le bureau en courant pour tenter de rattraper ses deux colocataires, il avait peu d'espoirs qu'ils cèdent, pourtant il avait finalement réussi.

Le silence régnait en maître dans l'habitacle. Pour la première fois, il n'y avait pas de musique, juste la respiration des trois hommes. Voulant rompre ce mutisme qui commençait à le mettre mal à l'aise, Taehyung se tourna vers son meilleur ami qui fixait la route, concentré. Il affichait cet air renfrogné qu'il avait toujours lorsqu'il était contrarié.

— Est-ce que ça va ? demanda le lieutenant.

— Ça va super Tae, répondit-il avec sarcasme. C'est vrai, regard la situation. Il y a une tête de mule assis sur la banquette arrière alors que je lui avais strictement ordonné de rester au poste et on bosse sur une affaire qui n'a aucun sens.

— Pour la tête de mule, on n'y peut rien, tu déteins sur lui. En ce qui concerne cette affaire, on va la résoudre, comme toutes nos enquêtes.

En entendant la réponse du châtain, Jimin qui avait décidé de rester silencieux, ne put retenir un rire discret. Pourtant, celui-ci s'évapora lorsque Jungkook reprit la parole.

— Je l'espère, parce qu'une famille s'est faite descendre et ces fils de pute traînent tranquillement dans notre ville ! Quand je leur mettrai la main dessus, ce sont pas les genoux que je vais viser.

Sans qu'il ait besoin d'en dire plus, le médium comprit où il voulait en venir et visiblement, le lieutenant aussi.

— Tu ne peux pas les tuer Jungkook, tenta Taehyung. Quand on les coincera, ils iront en prison pour le restant de leurs jours.

— C'est ce qu'on verra.

Ces mots mirent fin à la conversation alors que le tatoué appuya davantage sur la pédale d'accélérateur, faisant vrombir le moteur de l'Audi.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

La RS5 roulait au pas dans le chemin qui menait vraisemblablement à l'adresse que Lian avait donné au commandant plus tôt. À mesure qu'ils avançaient sur cette allée de terre qui menait à la mer, l'angoisse de Jimin augmenta sans qu'il ne sache pourquoi. Au loin, une maison moderne apparut enfin dans leur champ de vision puis Jungkook stoppa le véhicule.

— Ça a l'air désert, fit ce dernier en coupant le contact.

— Oui ça a l'air, concorda Taehyung.

— Je le sens pas, murmura Jimin en s'avançant sur le bord de son siège pour mieux voir la demeure qui se trouvait devant eux.

— Tu n'avais qu'à rester au poste, riposta Jungkook.

Le médium ne répondit rien, il se contenta de lever les yeux au ciel avant de se laisser retomber contre le dos en cuir de la banquette.

— Allons-y, lança le lieutenant en ouvrant sa portière.

Il fut le premier à descendre de la voiture pour aller directement vers le coffre. Suivi de Jungkook qui vint le rejoindre, il ouvrit ce dernier et prit les trois gilets qui y étaient.

— Enfile ça, ordonna Taehyung en donnant un des gilets par balle à Jimin.

Ce dernier obéit sans discuter et commença à retirer les scratch pour le vêtir. Comme à son habitude, le commandant enfila son équipement sans oublier ses couteaux de lancés qui ne le quittaient jamais.

— Tu as ce qu'il te faut ? demanda-t-il à l'attention de son coéquipier.

— Oui, c'est bon, certifia ce dernier en attachant le dernier scratch de son gilet par balle.

Jungkook referma le coffre avant de poser son regard sur Jimin qui se tenait près de la portière arrière. Son regard ne quittait pas la maison. Tout était si calme et pourtant, le brun avait réellement un mauvais pressentiment.

— Microbe, tu restes dans la voiture, ordonna le tatoué en contournant la voiture pour passer devant lui.

— D'accord, acquiesça-t-il. Faites attention, j'ai vraiment un mauvais pressentiment.

— Ne t'en fais pas, on revient vite, fit Taehyung d'une voix rassurante. Reste ici surtout.

— Promis.

Le médium hocha la tête et regarda ses deux amis marcher vers la maison. Celle-ci était entourée d'un muret en pierres brutes et quand ils arrivèrent devant le portillon qui devançait l'entrée, quelque chose attira l'attention du commandant.

— Il y a du mouvement dans la maison. Une silhouette d'un homme derrière la baie vitrée, informa ce dernier d'une voix basse alors qu'il sortait son arme de son holster.

Taehyung sortit son Glock et regarda dans la direction donnée par son coéquipier. L'ambiance était soudainement devenue plus électrique, plus pesante et tous les sens des deux hommes étaient en alerte. Si le propriétaire de la maison était à l'étranger, alors qui était dans sa maison ? Lian avait vérifié si Li Wang vivait avec quelqu'un et ce n'était pas le cas. Il n'avait pas de famille, pas de conjointe.

Jungkook qui était légèrement accroupi s'approcha de la sonnette et regarda son meilleur ami pour lui faire comprendre ce qu'il allait faire. Ce dernier hocha la tête puis retira son cran de sûreté. Ils n'étaient pas sûrs que les personnes présentes dans cette maison soient les mêmes que celles du hangar, mais ils ne voulaient pas prendre de risque.

Après avoir eut l'accord de son coéquipier, le commandant appuya sur la sonnette avec le canon de son Beretta. Une petite mélodie joyeuse résonna dans la maison puis ce fut le silence total. Aucun bruit, aucun mouvement, le calme plat.

— Je crois que tu-

Taehyung n'eut pas le temps de finir sa phrase que deux détonations déchirèrent l'air alors que son corps fut projeté au sol sous la force de l'impact.

— Tae ! cria Jungkook en venant s'accroupir derrière le muret.

— Jungkook ! hurla une voix au loin.

Le concerné leva les yeux du corps de son ami pour voir Jimin se précipiter vers eux. Il était sur le point de lui ordonner de rester là où il était, mais ce dernier se jeta au sol près du lieutenant qui ne bougeait plus.

Lorsque de nouvelles détonations se firent entendre, le médium n'hésita pas une seule seconde à venir protéger son ami avec son propre corps. Il savait qu'ils n'étaient pas à l'abri ici. Les balles venaient frapper le sol à quelques centimètres d'eux, alors malgré son corps frêle, Jimin vint saisir les épaules du gilet de Taehyung et le tira comme il put pour le glisser derrière le muret. En voyant son coéquipier inerte sur le sol humide, une rage incontrôlable prit possession du corps de Jungkook, faisant disparaître toutes les émotions qui pouvaient le distraire.

— Balance-moi son arme ! ordonna-t-il d'une voix forte.

Jimin obéit et vint prendre le Glock qui était à quelques pas de lui. Il le fit glisser jusqu'au tatoué qui le saisit avec sa main gauche. Sans aucune peur ou hésitation, il se redressa et ouvrit le feu à son tour. Il ne pouvait pas réellement voir où se trouvaient les tireurs, mais à cet instant précis son objectif n'était pas de les tuer. Il voulait simplement les faire reculer pour pouvoir parcourir la distance qui le séparait de son meilleur ami et voir comment il allait.

— Jungkook, il y a du sang ! Il... il est touché ! Tae est touché !