Chapitre 109
Afin de se rendre au lieu de rendez-vous, Jimin avait fait appel à un taxi, lui évitant ainsi de longues et interminables minutes de trajet en transport en commun.
En arrivant sur place, il remercia le chauffeur, puis quitta le véhicule. Avant d'entrer dans cet immense building, il ressentait le besoin vital d'exprimer un dernier souhait. Il sortit alors de sa poche le téléphone que Namjoon lui avait donné et composa le numéro de sa mère qu'il connaissait par cœur. Les tonalités se succédèrent, mais personne ne répondit. Lorsqu'il tomba sur sa messagerie, la déception l'envahit, mais aussi une sorte de soulagement. Si elle avait répondu, serait-il parvenu à exprimer tout ce qu'il ressentait ? Non, sûrement pas.
Il prit alors son courage à deux mains et commença un long monologue qui risquait d'être le dernier.
— Bonsoir maman. J'aurais aimé que tu répondes, mais une part de moi est heureux que tu ne l'aies pas fait. Je suis désolé maman. Excuse-moi de ne pas avoir été un bon fils, d'avoir mis du temps à te pardonner et d'avoir loupé tant de moments que nous aurions pu partager. Je te remercie de m'avoir choisi. Grâce à ton courage, j'ai pu découvrir ce qu'était l'amour d'une mère, et même si nous ne sommes pas souvent d'accord, je veux que tu saches que je t'aime.
Jimin s'interrompit afin de prendre une grande inspiration, tentant par ce moyen de contenir ses larmes.
— Je m'apprête à affronter l'homme que je hais le plus sur cette terre, et ce n'est pas père. J'ai retrouvé le tueur de Yoongi et je suis désolé, mais Jae-sok est mêlé à tout ça. Si je ne m'en sors pas ce soir, je t'en supplie maman, ne le laisse pas gagner. Fais de sa vie un enfer. Fais lui vivre le cauchemar qu'on a enduré à cause de lui. J'espère que mon instinct se trompe et que je rentrerai bientôt à la maison, mais je ne voulais pas prendre le risque de mourir sans te dire ce que j'avais sur le cœur. Maintenant, c'est fait.
Un petit rire tremblant le quitta alors qu'une larme ruisselait sur sa joue droite.
— Prends soin de toi maman. Sois heureuse, tu le mérites. Je t'aime.
Cette fois, le jeune médium mit fin à l'appel et inspira pour calmer les sanglots qui broyaient sa trachée. Dans son oreille droite, la voix de Jungkook appelait son nom, inquiet de ce silence soudain.
Afin d'avoir un peu d'intimité et surtout, ne voulant pas que son amant entende ses mots d'adieux, Jimin avait désactivé le micro de son oreillette. À présent, il l'enclencha à nouveau dans le but de rassurer son aîné.
— Je suis là.
" Qu'est-ce qui s'est passé ? "
— Je ne sais pas, j'ai dû faire une mauvaise manipulation, mentit Jimin en reniflant discrètement.
" Où es-tu ? " questionna le commandant.
— Devant l'immeuble, je vais entrer.
" Ok. Retire ton oreillette, il ne faut pas qu'il la trouve. À partir de maintenant, tu ne pourras plus m'entendre, mais grâce au collier, je suivrai tout ce qui se passe. N'oublie pas, si tu sens que les choses dérapent, prononce le mot d'alerte."
— D'accord. Je... je t'aime Jungkook.
" Moi aussi microbe, plus que tout. "
Le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique, Jimin retira le petit appareil de son oreille et le jeta à la poubelle. Il ne pouvait pas le garder sur lui, si quelqu'un venait à la trouver, cela pourrait remettre en cause tout leur plan.
Les mains moites, le médium traversa la rue, puis se dirigea vers le bâtiment. Les portes automatiques s'ouvrirent devant lui et il fut immédiatement accueilli par deux agents de sécurité.
— Bonsoir, quelle est la raison de votre visite ? demanda le plus vieux.
— J'ai rendez-vous avec monsieur Yoon. Je suis Park Jimin.
Le deuxième homme porta son attention sur la tablette qu'il tenait dans sa main et l'avisa. Il se passa quelques secondes avant qu'il ne relève la tête et n'acquiesce, confirmant ainsi les dires du visiteur.
— Très bien monsieur, je vais vous accompagner.
Jimin accepta et suivit le premier agent jusqu'à l'ascenseur. Le rythme cardiaque du busanien n'avait pas ralenti, pire, il ne faisait que s'accélérer à mesure que la cage de métal prenait de la hauteur. Mille et une questions fusaient dans son esprit. Est-ce que Jungkook était réellement assez près de lui pour lui venir en aide ? Parviendrait-il à se débrouiller si les choses tournaient mal ? Est-ce que les cours intensifs de Lian allaient lui être utiles ?
Lorsque l'habitacle s'immobilisa et que les portes s'ouvrirent, le jeune consultant fut, cette fois, reçu par deux hommes, vêtus de costard sur mesure.
— Quel accueil, lança-t-il avec sarcasme.
L'agent de sécurité fit signe au gardien de s'en aller et ce dernier obéit sans discuter. Jimin profita de cette occasion pour repérer les lieux, cherchant discrètement l'endroit où Jungkook avait dissimulé l'arme qui allait éventuellement lui sauver la vie.
Son observation fut cependant écourtée lorsque l'individu au crâne rasé s'approcha de lui.
— Je vais devoir vous fouiller, annonça-t-il.
— Faites donc, mais attention où vous mettez vos mains, le prévint Jimin.
— Je vais devoir prendre votre téléphone, demanda le deuxième homme.
— Ok, mais vous pouvez dire à votre patron que ce n'est pas ça qui va le sauver, ricana-t-il en sortant de sa poche, l'appareil que Namjoon lui avait donné.
Son interlocuteur ne répondit rien, il garda sa mine fermée et fit signe à son collègue de faire son travail. Ce dernier afficha un rictus qui ne plut guère au médium, cependant il ne dit rien. Il le laissa réaliser sa fouille sans discuter, mais quand il sentit ses mains calleuses s'attarder entre ses cuisses, à quelques millimètres à peine de son entrejambe, un frisson de dégoût parcourut son épiderme.
Malgré tout son self-contrôle, son instinct de préservation agit de lui-même. En une fraction de seconde, il saisit la dextre de cet inconnu et tordit son poignet dans le sens inverse des articulations, le forçant à tomber à genoux.
La réaction de son collègue fut presque immédiate. Il sortit son arme et la pointa sur Jimin qui resserrer encore plus sa prise, faisant hurler son prisonnier de douleur.
Peu impressionné par le canon orienté sur sa personne, le blond ne désirait qu'une chose, briser chaque os présent dans le bras de ce pervers qui venait de profiter de la situation. Personne n'avait le droit de le toucher ainsi, personne à l'exception de son compagnon, et cet être répugnant était loin d'être Jungkook.
— La fouille est terminée, imposa-t-il, la mâchoire serrée.
— C'est bon monsieur Park, je crois qu'il a compris, intervint une voix que le jeune consultant reconnut sans mal.
Son regard débordant de colère ancré dans celui de sa victime, le blond exerça une dernière pression, faisant de nouveau craquer ses os, puis le relâcha brusquement. Surpris, l'agent de sécurité perdit l'équilibre et tomba sur les fesses, son poignet meurtri contre sa poitrine.
— Apprenez à vos chiens de garde à ne pas dépasser les bornes parce que la prochaine fois, je ne serais pas aussi gentil, lança Jimin en pivotant vers le politicien.
— Espérons qu'il n'y aura pas de prochaine fois, répondit Dae-kun, un sourire hypocrite sur les lèvres.
Derrière lui, se tenait son garde du corps qui, comme toujours, observait le médium avec mépris.
— Messieurs, vous pouvez disposer, annonça le politicien à l'attention du personnel de la sécurité, avant de porter son attention sur son convive. Suivez-moi, mon bureau est par là.
Jimin accepta d'un hochement de tête et suivit le premier ministre, qui ouvrait la marche. Sur ses talons, il pouvait sentir l'intensité du regard de Murphy sur son dos. Ce dernier devait très certainement être en train d'imaginer toutes façons possibles de le tuer, cependant il ne pouvait rien faire et le médium se réjouissait de cela.
Les trois hommes longèrent le couloir puis Dae-kun se stoppa devant l'une des portes. Sans dire un mot, il fit signe à son invité d'entrer dans la pièce, ce qu'il fit. Il se retrouva dans un bureau tout ce qu'il y avait de plus basique avec un décoration épurée et minimaliste. Il savait que quelques jours plus tôt son amant et Namjoon étaient entrés ici pour poser des caméras, cependant, ces dernières étaient hors service à présent. Le seul moyen que Jungkook avait de suivre la conversation pendait à son cou.
Les mains dans les poches de sa veste, Jimin continua d'observer les alentours, puis son regard se posa sur un grand sac de sport en cuir. En comprenant ce qu'il contenait, il ne put s'empêcher de pouffer par le nez.
— Alors, qu'avez-vous décidé ? demanda-t-il en pivotant vers le politicien qui venait de prendre place derrière le bureau.
Un air désinvolte sur le visage, Dae-kun joignit ses mains sur la surface en verre et planta ses iris sombres dans ceux de son vis-à-vis.
— Je suis prêt à te donner cinq milliards pour que tu détruises l'enregistrement et que tu disparaisses du paysage. Nous sommes deux adultes responsables, je suis persuadé que l'on pourra trouver un terrain d'entente.
En entendant cela, Jimin resta coi quelques secondes avant de rire aux éclats, sa main devant sa bouche.
— Un terrain d'entente ? Deux adultes ? ricana ce dernier avant de retrouver son sérieux et d'afficher une mine plus grave, sans pour autant perdre son insolence. Monsieur le ministre, voyons. Vous avez commandité le meurtre de mon meilleur ami et votre chien de garde là derrière, a appuyé sur la détente. Vous pensez vraiment que je vais me contenter de cinq petits milliards de wons ? Après tout le mal que vous avez fait autour de vous, vous pensez réellement que je vais juste disparaître et vous laissez continuer vos magouilles ?
Un silence pesant s'installa dans la pièce. Désormais assis sur l'un des fauteuils, Jimin sentait toujours la présence de Murphy près de la porte d'entrée. Si les choses tournaient mal, cet homme était très certainement là pour l'empêcher de quitter les lieux, mais le blond savait qu'au-dessus de lui, un démon tatoué veillait sur lui.
— Je vais être clair avec vous puisque ça ne semble pas l'être, reprit-il d'un ton plus sérieux. Je veux vous voir souffrir ! Je veux que vous perdiez tout ce que vous avez, parce que votre empire et votre image politique sont bâtis sur les cadavres de gens innocents, dont celui de la personne que j'aimais le plus dans ce monde.
Dorénavant, la colère faisait bouillir son sang, car malgré lui, Jimin se remémora ce qu'il avait vu et ressenti lors de la projection. Il savait mieux que personne ce que son meilleur ami avait vécu cette nuit-là. Il y avait la peur, le dégoût qu'il éprouvait envers lui-même, mais ce qu'il vit de nouveau, ce fut son corps inerte à ses pieds après que Murphy ait appuyé sur la détente. Il n'était plus jamais parvenu à effacer cette image d'horreur qui le hantait à chaque fois qu'il fermait les yeux. Il avait même peur de ne jamais y arriver et de devoir apprendre à vivre avec.
— Vous avez tué Yoongi ! Cessez de le nier parce que je sais exactement ce qui s'est passé ! Avouez une bonne fois pour toutes l'horreur que vous avez commise ce soir-là après avoir abusé de lui !
Jimin venait volontairement de hausser le ton. Il devait provoquer sa colère, toucher son orgueil afin que ce dernier perde ses moyens et craque.
— Donnez-moi cet enregistrement et prenez l'argent, monsieur Park. Cela vaudrait mieux pour tout le monde, répondit simplement le politicien.
Ce fut en voyant le manque d'émotion dans ses yeux que le médium comprit que rien n'était joué et que peut-être, Jungkook s'était trompé sur le compte de cet individu. Il s'apprêtait à répliquer lorsque le téléphone du bureau se mit à sonner. Sans le quitter des yeux, Dae-kun prit l'appel et une voix étouffée résonna à travers le combiné, rendant impossible la compréhension du message qu'elle apportait.
À mesure que les secondes s'écoulaient, l'expression du premier ministre changea. Il passa de l'indifférence à quelque chose de bien plus sombre qui fit frémir Jimin. Ce coup de fil venait de ruiner toute la mission, mais ça, il ne le savait pas encore.
— Oui, fais le monter, parla enfin le politicien.
Ce dernier mit ensuite fin à l'appel, et afficha un large sourire qui réveilla des sueurs froides chez le médium. Assis sur le fauteuil, il se contentait d'observer son vis-à-vis, sans pour autant baisser sa garde. Tous ses sens étaient en alerte et peu importe qui était sur le point de débarquer, il avait le pressentiment que les choses allaient se corser pour lui.
— Bradley, nous avons un visiteur, pouvez-vous aller le chercher ? somma Dae-kun, un air suffisant sur le visage.
Le concerné hocha la tête et quitta le bureau. Le silence qu'il laissa dernière lui n'avait rien de rassurant ou d'agréable, bien au contraire. Le jeune busanien sentait l'étau se refermer sur lui et n'appréciait guère la tournure des évènements. Malgré ses craintes, il fit de son mieux pour garder la face et tenter d'établir un plan de secours. Il observait les lieux, cherchant n'importe quel objet pouvant lui servir d'arme et son regard se posa sur un coupe-papier en argent qui se trouvait face à lui. Il lui était impossible de le prendre sans être vu, cependant, il comptait bien y parvenir si l'occasion se présentait.
Ses pensées furent avortées par la porte du bureau qui s'ouvrit dans son dos. Lorsqu'il leva la tête et que son regard se posa sur le cadre accroché au mur face à lui, il put voir à travers le reflet de la vitre, le visage du visiteur. Soudainement, tout l'air de la pièce sembla disparaître et l'apesanteur avec. Jimin eut subitement l'impression que son corps venait d'être cloué au sol et que la moindre goutte de son sang l'avait quitté.
Park Jae-sok se tenait juste derrière lui, le regard dur et débordant de colère. À cet instant, le médium sut que c'en était fini de lui. Tout leur plan venait de tomber à l'eau et désormais, il n'était plus seulement question de chasser la vérité, non, à présent, il allait devoir lutter pour sa survie.
— Jae-sok, mon cher ami ! s'enjoua Dae-kun en se levant pour l'accueillir. Quel plaisir de te voir !
Celui-ci contourna le bureau et salua le sénateur d'une poignée de main ferme. Jae-sok ne lâchait pas son fils du regard, confus par sa présence. La raison de sa visite était professionnelle, et s'il avait pour habitude de régler ce genre d'affaires par téléphone, celui-ci ne fonctionnait plus depuis plusieurs heures. Il était à mille lieues de se douter que tout cela était du fait de son unique enfant.
— Que fait-il ici ? demanda le sénateur d'une voix grave.
Malgré lui, Jimin ne put s'empêcher de sursauter en entendant ce timbre de voix qui l'avait, par le passé, tant terrifié.
— Oh, simple visite de courtoisie, ricana Dae-kun, se languissant de la situation. Je t'en prie, assieds-toi. Tu dois être ravi de revoir ton fils. Ça fait combien de temps déjà ?
— Pas assez longtemps, grommela Jimin.
Jae-sok avait entendu la réplique de sa progéniture, cependant, il décida de ne pas en tenir compte. Sans rien dire, il s'installa sur le siège voisin au sien et les deux Park observèrent le maître des lieux prendre place devant son bureau.
— Alors Jimin, veux-tu expliquer à ton père la raison de ta présence, ou je le fais ?
Le médium ne répondit rien, il se contenta de fixer cet homme qu'il méprisait. S'il ne montrait aucune émotion, dans son esprit la guerre était tout autre. Il se voyait déjà attraper le coupe-papier et crever les yeux de son père pour ensuite s'attaquer au premier ministre, mais sa raison lui rappelait ensuite la présence de Murphy contre qui il ne pouvait pas lutter. De son point de vue, il n'avait plus qu'une seule solution, jouer cette carte imprévue et espérer qu'il avouerait ainsi son crime. Peu importe ce qui lui en couterait, il ne partirait pas d'ici sans avoir ce qu'il cherchait désespérément depuis plus de six mois maintenant. Il le faisait pour lui, mais aussi pour Yoongi.
— Je sais ce que vous avez fait à Yoongi, lança-t-il, posant pour la première fois son regard sur son géniteur.
— Ce que j'ai fait ? pouffa Jae-sok. Tu délires mon fils, voilà pourquoi tu aurais dû rester dans cet asile. Ton vaurien d'ami s'est fait tuer parce qu'il traînait avec les mauvaises personnes, mais qui s'en plaint, ce n'était qu'un dêch-
— Fermez-la, ordonna Jimin les poings serrés. Je vous jure que si vous ne fermez pas votre gueule immédiatement, je prends ce coupe-papier et je vous tranche la gorge. Ne niez pas ce que vous et ce fils de pute avaient fait ! Le soir de sa mort, Yoongi était avec lui dans une chambre d'hôtel et vous êtes allé le voir ! Je le sais, j'ai tout vu. Vous avez conspiré ensemble pour tuer l'ancien premier ministre, alors cessez votre petit jeu !
En entendant la fin de sa phrase, Jae-sok et son complice se tendirent, les sourcils froncés.
— Tu as tout vu ?
— Vous n'avez toujours pas compris ? répliqua le médium. Vous m'avez enfermé dans un asile sans vous demander une seule seconde si je disais vrai ?
— Tu es cinglé.
— Je suis cinglé ? répéta le plus jeune, pris d'un rire nerveux.
Dae-kun qui assistait à toute la scène, se languissait de cet échange. Pour lui, Jimin était pris au piège. La visite du sénateur était un joker qu'il n'avait pas prévu, cependant, il tombait à point nommé car désormais, il allait savoir si cet enregistrement que le jeune homme disait avoir était réel ou non.
— Ce n'est pas que ce spectacle me déplaît, mais j'ai un autre souci à régler. Figure-toi, Jae, que ton fils, ici présent, m'a menacé. Il dit avoir un enregistrement en sa possession qui pourrait soi-disant nous inculper du meurtre de ce gamin.
— Ce gamin a un nom, cingla Jimin la mâchoire contractée.
Le médium était conscient qu'à présent, la seule assurance vie qu'il avait, venait de partir en fumée et qu'il ne lui restait plus qu'à prier pour sa vie.
Un étage plus haut, dans la salle des serveurs, Jungkook ne tenait pas en place. Debout près de la porte, son téléphone en main, il assistait à toute la scène, impuissant, et l'inquiétude qui le rongeait était insoutenable. Il voulait entrer dans ce bureau et sortir son amant de là, mais il ne pouvait pas. Tant que Jimin ne prononçait pas le signal, il avait interdiction d'intervenir, il le lui avait promis. Même s'il avait peur pour sa vie, le commandant devait lui faire confiance et espérer qu'il obtienne ce qu'il cherchait.
Dans le bureau, le silence était roi. L'annonce de Dae-kun était tombé comme un couperet. Jae-sok était surpris, mais surtout inquiet que cela puisse être vrai.
— Un enregistrement ?
— Oui, le même que celui dont tu te sers pour qu'il reste en vie, expliqua le premier ministre, un air dur sur le visage.
— Impossible, assura le sénateur. Le fichier est en sécurité et personne d'autre que moi ne peut y avoir accès.
L'attention de Dae-kun se posa sur Jimin qui soutint son regard. Le moment de vérité était arrivé, la prise de confiance soudaine du politicien quant à la situation allait-il le mener à sa perte, ou le médium vivait-il ses derniers instants ? En s'imaginant mourir ici, le jeune consultant remercia son instinct de l'avoir poussé à appeler sa mère. Grâce à ça, il avait pu lui dire au revoir, cependant, il restait un regret, celui de ne plus jamais revoir le visage de l'homme qu'il aimait.
En entendant la réponse de son complice, le premier ministre se mit à rire. Un esclaffement rempli de suffisance, de puissance et d'assurance. Il était persuadé d'avoir gagné et maintenant, sa victime allait subir les représailles de ses provocations.
Recevant un simple signe de tête en guise d'ordre, Murphy, qui était resté aussi immobile qu'une statue, bougea enfin. En une fraction de seconde, il parcourut la distance qui le séparait de Jimin et sans que celui-ci puisse l'éviter, il saisit de sa grande main, l'arrière de ses cheveux. Sans aucune délicatesse, il le tira vers le haut, l'obligeant à se mettre debout. Dans ce mouvement, le médium fit basculer le fauteuil qui se retourna, heurtant le sol dans un bruit sourd.
Même si la douleur provoquée par cette prise des plus violentes lui donnait envie de gémir ou crier, aucun son ne quitta ses cordes vocales. Bien trop fier, il serra les dents et tourna la tête, ancrant ses iris sombres dans ceux de son bourreau. Une part de lui voulait contre-attaquer, lui briser chaque os de son bras, néanmoins il ne fit rien. S'il lui restait la moindre chance d'obtenir la vérité, il la saisirait, même si pour cela, il devait endurer quelques coups.
Précédemment assis sur son fauteuil en cuir, Dae-kun se leva et avec toute la grâce possible, lissa sa veste de costume, avant de la retirer et la déposer soigneusement sur le sofa qui se trouvait plus loin. En voyant cela, Jimin comprit ce qui l'attendait. Il allait passer un sale quart d'heure.
— Allons Jimin, tu pensais vraiment pouvoir me duper aussi facilement ? fit-il en retroussant ses manches.
— Avouez que vous avez quand même chié dans votre costard hors de prix quand on s'est vu au café, répliqua le concerné, un rictus sur le coin des lèvres.
Un rire des plus rauques et machiavéliques quitta la gorge du politicien. Ce dernier était désormais en toute confiance. Il avait un contrôle total de la situation et de toutes les personnes présentes dans cette pièce.
D'un pas léger, le médium vit son futur bourreau s'approcher de lui et lorsqu'il sentit son souffle mentholé contre sa peau, un frisson de dégoût le traversa. Après l'avoir observé en silence, Dae-kun recula d'un pas et sans le moindre avertissement, il le frappa en plein estomac.
S'il n'avait pas été retenue par les mains de Murphy, Jimin se serait sans doute écroulé au sol, recroquevillé sur lui-même. À la place, il sentit l'air se bloquer dans ses poumons et une douleur insupportable se répandre dans son abdomen.
Quelques mois plus tôt, il se serait très certainement mis à pleurer, mais cette fois, un rire profond le quitta alors qu'il reprenait difficilement le contrôle de sa respiration.
— Ça te fait rire ? questionna Murphy en tirant encore plus sur ses cheveux.
— Oui, ricana ce dernier en se retenant de siffler de douleur. J'ai eu peur de vous durant si longtemps et finalement, vous n'êtes qu'une bande de caniches qui tremble de peur devant un gamin. Trois contre un, quelle bravoure.
Touché dans son égo, Dae-kun frappa de nouveau son prisonnier en plein visage. Cette fois, le britannique libéra Jimin qui s'écroula à genoux, ses mains à plat sur le parquet. Le sang mélangé à sa salive qui s'écoulait d'entre ses lèvres meurtries, lui donnait une subite envie de vomir, toutefois rien n'arriva. À la place, le médium rassembla tout ce mélange peu ragoûtant dans sa bouche et patienta. Comme il s'y attendait, le passage à tabac ne tarda pas à reprendre. D'une main de fer, Dae-kun saisit le haut de son cuir chevelu et le força à se relever.
— Je t'avais dit que personne ne s'en prenait à moi impunément. Tu aurais dû m'écouter et t'en aller tant que tu le pouvais. Maintenant, je vais devoir te tuer, ensuite, j'irai m'occuper ton petit ami et de vos amis. Si je me souviens bien, l'une d'elle va avoir des bébés ? Je prendrai encore plus de plaisir à l'éventrer vivante.
La mention de Lilith et de ses futurs neveux réveilla en Jimin une rage qu'il ne put contrôler. Il cracha tout ce qu'il gardait dans sa bouche au visage de son vis-à-vis qui, surpris, le lâcha. Sans attendre, il lui asséna un coup de tête sur le nez, le faisant hurler de douleur.
La réaction de Murphy suite à cette attaque à l'encontre de son patron fut instantanée. Ce dernier saisit l'arrière de sa nuque et le jeta au sol avant de le rouer de coup. Le médium se mit en boule, protégeant son visage et son corps comme il le pouvait. Une part de lui l'implorait de prononcer le signal afin que Jungkook vienne à son secours, mais il refusait de céder.
Le sénateur qui n'avait pas bougé d'un pouce observait la scène, et même s'il ne laissait rien paraître, quelque chose en lui était douloureux. Une infime partie de lui désirait intervenir et mettre fin à cette violence. Cependant, son corps ne réagit pas et il détourna le regard de son fils.
— Espèce de petit enfoiré, pesta Dae-kun en essuyant son nez ensanglanté.
À quatre pattes, Jimin riait de satisfaction tout en essayant de se mettre debout. Quand il sentit un frisson qu'il connaissait bien parcourir son épiderme, il se releva la tête et son regard tomba sur ce garçon qu'il n'avait pas vu depuis bien trop longtemps.
Juste derrière son assassin, Yoongi fixait son meilleur ami. Dans son regard, il put y voir toute la rage qui le consumait et il se rappela les paroles de Julian. Les fantômes rongés par la colère devenaient dangereux et une fois le cap passé, plus rien ne pouvait les ramener à l'état d'origine. Le médium comprit alors que s'il le laissait extérioriser toute sa rancœur, il le perdrait à jamais.
Quand le mentholé fit un pas vers lui, dans l'intention d'en découdre avec l'homme qui avait appuyé sur la détente, Jimin tendit son bras vers l'avant et bougea négativement la tête. À travers ses yeux brillants, il tenta de l'implorer de ne pas intervenir et Yoongi sembla se résigner, restant simplement sur le banc de touche.
Murphy qui se retenait d'en finir avec sa victime, s'éloigna, laissant son patron venir se poster devant lui.
— Tu veux que je te dise une chose ?
— J'ai le droit de dire non ? répondit Jimin, en cachant l'excès de sang et de salive qui emplissait sa bouche.
Un rire nerveux résonna dans la pièce, mais le blond n'en tint pas compte. Tout ce à quoi il était capable de penser, c'était à Jungkook et à quel point il devait être inquiet pour sa sécurité.
— Tu as raison, reprit Dae-kun un sourire suffisant sur les lèvres. Je l'ai tué. C'est moi qui ai ordonné à Murphy de lui mettre une balle et tu sais pourquoi ?
Jimin ne répondit rien, il se contenta de soutenir son regard tandis qu'il ressentait une sensation de victoire l'envahir. Il y était, il allait enfin avoir ce qu'il convoitait depuis tant de mois.
— Je l'ai fait parce que j'en avais envie, poursuivit le politicien. Je l'ai baisé et ensuite, je l'ai éliminé comme le déchet qu'il était. S'il n'avait pas laissé traîner ses oreilles, peut-être que je l'aurais laissé en vie. Après tout, il était un jouet très divertissant, mais comme tu l'as si bien dit, mon image, c'est tout ce que j'ai. Il était hors de question que je laisse une petite pute détruire tout ce que j'ai si durement construit.
Les injures à l'encontre de son meilleur ami étaient dure à supporter pour Jimin qui n'avait cessé de fixer le concerné. Maintenant qu'il avait la preuve qui lui manquait, il allait pouvoir donner le signal d'alerte et enfin sortir d'ici.
Dans la salle des serveurs, Jungkook était au téléphone. À l'autre bout du fil, Namjoon piratait le réseau du bâtiment afin de condamner chaque sortie, empêchant ainsi les criminels de s'enfuir. Maintenant qu'il détenait leurs aveux, le commandant pouvait avertir la police de Séoul, et pour cela, il avait fait appel à son ami, le lieutenant Jacob Hill, qui lui avait promis d'envoyer des officiers et une ambulance au plus vite.
Un étage plus bas, Jimin continuait de fixer Dae-kun qui lui souriait, fier d'imposer sa domination sur lui.
— Vous allez payer pour ce que vous lui avez fait, lança le médium.
— Vraiment ? gloussa le politicien.
Une nouvelle fois, le jeune consultant de police reçut un coup de poing en plein estomac. Il s'écroula sur le parquet, crachant la bile qui brulait son œsophage sur le sol.
— Tu n'as toujours pas compris, personne ne peut m'arrêter. Tu aurais dû prendre les cinq milliards tant que tu le pouvais, Jimin. Maintenant, je vais être obligé de te tuer.
— Merde alors, tant pis pour les Maldives, plaisanta le médium.
Il était là, le mot d'alerte que Jungkook rêvait d'entendre depuis qu'il avait vu son petit ami entrer dans le bâtiment. À présent, Jimin savait que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne débarque pour lui venir en aide. En attendant, il devait trouver un moyen de quitter ce bureau.
Avide du contrôle qu'il avait sur sa victime, Dae-kun s'apprêtait à déchainer de nouveau sa colère sur lui, mais une voix grave l'interrompit.
— Dae-kun ça suffit, intervint Jae-sok.
Surpris par cette intervention, le concerné pivota vers son collègue, les sourcils haussés et un sourire espiègle sur les lèvres.
— Tu vas jouer les pères modèle ? Tu vas me dire que tu viens d'être subitement pris d'amour pour ce petit con ?
— C'est mon fils. Il n'y a qu'une personne qui est en droit de le châtier et ce n'est pas toi !
— Très bien, alors à toi de t'en débarrasser. Cette fois, je veux le voir mort, c'est compris ?
Jae-sok croisa le regard de son fils et vit dans ses yeux que ce dernier n'attendait rien de lui. Dans son esprit tordu, le sénateur était persuadé qu'il était préférable que ce soit lui qui mette fin à la vie de sa progéniture plutôt qu'un inconnu. Ce fut donc sans la moindre hésitation qu'il acquiesça.
Cette réaction provoqua une réaction des plus virulentes chez Yoongi. Dans un coin de la pièce, ce dernier était resté tranquille comme son meilleur ami le lui avait ordonné, néanmoins, la décision que cet homme venait de prendre à l'encontre de son propre enfant lui était insupportable. Durant toutes ces années, le fantôme avait espéré qu'une part de Jae-sok ressente un minimum d'amour pour Jimin, mais ce n'était pas le cas.
Désolé Min, j'en peux plus, fit-il.
Le concerné l'implora du regard, mais c'était trop tard. Les lumières de la pièce se mirent à clignoter, provoquant l'incompréhension totale. Au même moment, le téléphone se mit à sonner et Dae-kun répondit en activant le haut-parleur.
— Monsieur, nous avons un problème. Toutes les portes de l'immeuble sont bloquées. Nous allons résoudre le souci, mais pour le moment, vous ne pouvez pas quitter les lieux, annonça l'interlocuteur.
Jimin comprit rapidement qui était derrière tout ça et se mit à rire.
— C'est toi qui fait ça ? questionna le premier ministre.
— Peut-être, répondit-il en haussant innocemment les épaules. Quoi ? Vous pensiez réellement que j'allais venir seul ?
— Jeon Jungkook, souffla Jae-sok.
— Eh oui, père, affirma le médium, un sourire satisfait sur les lèvres. Laissez-moi vous dire que vous vous êtes fait avoir comme des novices. Vous avez tout avoué, Dae-kun, et désormais, l'entièreté de la police de Séoul sait ce que vous avez fait.
— Je vais te tuer, cracha le concerné en s'approchant dangereusement de lui.
— Allez-y, le défia Jimin. Maintenant, je peux mourir tranquille parce que je sais que vous êtes fini. Vous vous pensiez intouchable, mais c'est terminé. Vous allez pourrir en prison pour tout ce que vous avez fait.
Les poings et la mâchoire serrés, le premier ministre se sentit pris au piège. Il voyait dans les yeux du jeune Park qu'il ne bluffait pas. Cette fois, la roue avait tourné et s'il ne trouvait pas une solution, il finirait ses jours derrières les barreaux.
— Bradley, prépare l'hélicoptère et appelle l'aérodrome, il est temps de quitter le pays, ordonna-t-il en refermant son ordinateur portable afin de l'amener avec lui.
Au-dessus de leur tête, les lumières continuaient de clignoter, puis l'air se mit à vibrer, faisant trembler chaque meuble. Jimin savait que Yoongi allait perdre le contrôle, mais que se passera-t-il lorsque cela arrivera ?
— Putain, mais c'est quoi ce délire ? lança Murphy, tout en regardant frénétiquement les alentours sans pour autant lâcher son prisonnier.
— Le karma, et il porte un nom, répondit Jimin, amusé de voir la peur dans les yeux de son tortionnaire.
— Jae-sok, débarrasse-toi de lui, j'en ai marre de l'entendre, imposa le premier ministre. Bradley, tu l'accompagnes, je veux m'assurer qu'il fasse son travail cette fois. Je t'attendrai sur le toit.
— À vos ordres, monsieur.
Sans aucune délicatesse, Murphy tira sa victime vers la porte, le sénateur Park sur leurs talons, mais lorsqu'il ouvrit le battant, les ampoules explosèrent ainsi que tous les autres objets en verre. La grande bibliothèque continuait de trembler, chaque babiole qui se trouvait dessus tombèrent au sol dans un fracas des plus angoissant. Subitement, l'air devint plus frais et si le médium avait déjà vécu tout cela, ce n'était pas le cas des autres personnes présentes dans la pièce. Chacun d'eux était dans la confusion la plus totale, pour le plus grand plaisir de Jimin. Cette perplexité se transforma en effroi lorsque le bureau fut violemment projeté contre le mur de verre qui vola en éclat.
À présent, il n'y avait plus de séparation entre le bureau et le couloir. Murphy enjamba alors les morceaux de verre et tira le médium avec lui. Derrière eux, il pouvait voir Yoongi qui les suivait, faisant exploser chaque lumière, créant une ambiance digne des plus grands films d'horreur. Lorsque le plan avait été mis sur pied, la présence du fantôme n'était pas prévu, toutefois, le blond remerciait le ciel que son meilleur ami soit intervenu.
Alors qu'il se faisait traîner de force vers l'ascenseur, Jimin vit au loin, Dae-kun qui sortait enfin du bureau. Ce dernier partit dans la direction opposée et malgré l'obscurité, il vit le néon qui se trouvait au bout du couloir. Il s'agissait de l'issue de secours. S'il empruntait cette issue, Jungkook ne pourrait pas l'arrêter.
— Yoongi ! lança le médium en pointant le tueur du doigt.
Le concerné pivota juste à temps pour le voir passer la porte des escaliers de secours.
Et toi ?
— Je me débrouille, arrête-le ! S'il monte dans cet hélicoptère, ce sera fini.
— Putain, mais à qui tu parles ? intervint Murphy.
Jae-sok, tout aussi perdu, fixait l'endroit où se tenait le fantôme sans pour autant le voir. S'il avait un jour douté du don de son fils, ce soir, il n'y avait plus de place pour l'hésitation. Jimin disait vrai et désormais, il allait subir les foudres de ce garçon qu'il n'avait pas su sauver.
Au même moment, le tintement de l'ascenseur résonna dans le couloir, attirant l'attention des trois hommes et de l'esprit. Les portes métalliques s'ouvrirent et ils s'attendaient à voir un visiteur, cependant l'habitacle était vide.
— C'est moi que tu cherches ? lança une voix profonde que Jimin reconnut immédiatement.
Étonné par cette intervention inattendue, Murphy et Jae-sok pivotèrent vers l'homme qui venait de les interpeller. Lorsque leurs regards se posèrent sur le commandant de police, le britannique saisit la gorge de Jimin et le ramena contre son torse, se servant de son corps comme bouclier. De sa main libre, il saisit son arme et apposa le canon contre sa tempe.
Le corps de Jungkook se crispa lorsqu'il vit l'état de son compagnon. Sa lèvre inférieure était déchirée à divers endroits, sa mâchoire présentait déjà des ecchymoses causées par les multiples coups qu'il avait reçus, mais ce qui l'enragea, fut le Glock qui menaçait sa vie.
— Microbe, ça va ? demanda-t-il.
— Oui, Dae-kun est parti sur le toit.
— Ferme-la, ordonna Murphy en pressant davantage l'arme contre sa peau.
Jungkook fit un pas en avant, désireux d'atteindre son amant, cependant, il se figea lorsqu'il vit index du britannique presser faiblement la détente.
— Un pas de plus et je le tue, le menaça ce dernier.
Jimin porta son regard sur son meilleur ami qui n'attendait qu'un signal de sa part pour agir. Il porta ensuite son attention sur Jungkook qui passa une main derrière son dos. Plus tôt, avant qu'il ne se quitte, le médium avait vu l'équipement que son petit ami avait sur lui, il savait donc ce qu'il y avait à cet endroit. Ce fut en toute confiance qu'il hocha discrètement la tête, lui donnant son feu vert pour la suite.
En observant le couple, Yoongi comprit qu'ils préparaient quelque chose. Il se tint prêt à agir et lorsqu'il vit le médium asséner un coup de tête à son tortionnaire, il sut que le moment était venu. Alors que Jungkook saisit l'un de ses couteaux de lancer et le jeta sur Murphy, le mentholé usa toute son énergie et projeta Jae-sok en arrière. Le politicien traversa le mur de verre et tomba au sol, inconscient.
Dans le couloir, le cri de douleur de Bradley déchira l'air. Ne voulant pas prendre le risque de blesser son amant, le commandant avait lancé son couteau en prenant soin de viser l'épaule de sa cible. L'arme de jet avait atteint l'endroit voulu au moment même où Jimin s'était jeté au sol.
Pendant que Murphy grognait de douleur, injuriant son attaquant, le médium recula sur les fesses jusqu'à son compagnon qui l'aida à se relever. Le tenant enfin contre lui, Jungkook prit son visage en couple et l'examina rapidement, le cœur battant à tout rompre tant l'inquiétude qu'il ressentait était immense.
— Ça va ?
— Oui, je vais bien, promis.
— Je vais le tuer, argua-t-il, rongé par la rage.
— Fais-toi plaisir, moi, je vais arrêter Dae-kun.
Le tatoué acquiesça et vola un baiser rapide à son amant.
— Je t'aime, murmura ce dernier avant de se reculer et se tourner vers Yoongi. Yoon, allons chopper cet enfoiré.
Le fantôme hocha la tête et suivit son meilleur ami. Avant de rejoindre l'escalier de secours, Jimin récupéra l'arme que son petit ami avait au préalable cachée et s'éloigna sans se retourner.
Une fraction de secondes plus tard, Jungkook entendit la porte de l'escalier de secours claquer, annonçant qu'à présent, il était seul avec son adversaire.
— Tu sais que tu ne fais que retarder l'inévitable ? lança Murphy qui semblait avoir repris le contrôle de sa douleur.
— Je vais te tuer, Bredley. Je te l'ai promis quand tu as enlevé Jimin, et je tiens toujours mes promesses. Ce soir, tu vis tes derniers instants.
Un rire cynique quitta le plus vieux des deux hommes. Montrant sa bonne foi, Murphy posa son arme au sol et se mit en garde. À quelques pas de lui, Jungkook fit de même, cependant, il n'était pas totalement confiant quant à sa victoire.
Même s'il avait un entraînement militaire qui l'avait sauvé à de nombreuses reprises, Bradley Murphy avait l'expérience qu'il n'avait pas. Pour l'emporter, le commandant ne devait pas seulement compter sur son savoir, il allait devoir observer et apprendre, sans ça, il n'était pas certain de s'en sortir. Il n'y avait qu'une chose qui le motivait à se surpasser, une fois cette histoire terminée ; Jimin et lui pourraient enfin vivre leur amour en toute sécurité.
Il devait gagner, pas pour lui, mais pour l'amour de sa vie.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Avant même d'avoir passé la porte qui menait au toit, Jimin entendit la voix de Dae-kun qui ordonnait au pilote de l'hélicoptère de le mettre en marche. Face au battant de métal, il abaissa la poignée, cependant, celle-ci refusait de s'ouvrir.
— Putain de porte ! hurla le médium en frappant frénétiquement contre celle-ci.
Je gère, annonça Yoongi.
Sans attendre une réponse, le fantôme traversa la paroi et se retrouva sur le toit. Au loin, il vit l'homme qui avait orchestré son meurtre se rapprocher de l'hélicoptère. N'ayant plus de temps à perdre, il prit une grande inspiration pour se concentrer et fit exploser la serrure.
Vas-y, Min !
En entendant le signal de son meilleur ami, Jimin donna un coup de pied frontal contre la porte et celle-ci s'ouvrit enfin. La première chose qui attira son attention, fut le bruit des hélices qui se mettaient en route. Sans réfléchir, le médium sortit son arme et ouvrit le feu contre l'arrière de l'appareil, espérant ainsi effrayer le pilote. Son plan sembla fonctionner, car en une fraction de seconde l'appareil décolla et s'éloigna avant que le passager ne puisse y monter.
— C'est terminé, Dae-kun, annonça le jeune consultant, son arme pointée sur sa cible.
— Quoi, tu vas me tirer dessus ? lança ce dernier en laissant le sac d'argent qu'il avait emporté avec lui, tomber sur le sol gravillonné.
— Non, je ne suis pas comme vous.
Au même moment, des sirènes se firent entendre au loin. Elles hurlaient à travers les rues de la ville, signalant l'arrivée imminente des forces de l'ordre.
— La police arrive. Rendez-vous et gardez-le peu de dignité qu'il vous reste.
— Tu rêves. Je n'irai pas en prison.
— Vous n'avez plus le choix, répliqua Jimin en avançant jusqu'à lui, son meilleur ami à ses côtés.
Yoongi peinait à rester visible. Ses batteries étaient complètement à plat, cependant il refusait de s'en aller. Il voulait voir de ses propres yeux l'homme qui avait écourté sa vie être embarqué à l'arrière d'un véhicule de police.
Face à eux, Dae-kun ne cessait de reculer. Trop fier pour admettre sa défaite, ce politicien à l'image publique jusque ici immaculé refusait que le monde entier n'apprenne les horreurs qu'il avait commises. La rage qu'il ressentait envers ce garçon était si grande qu'il cherchait encore un moyen d'en finir avec lui. Seul hic, il n'y avait rien qui pouvait l'aider à réaliser ce souhait. Ce toit était devenu sa prison, cependant, il lui restait une option, la plus irréversible.
Bien qu'épuisé, Yoongi comprit ce que leur interlocuteur s'apprêtait à faire. Lorsqu'il se retrouva sur le bord, prêt à se laisser tomber dans le vide, le fantôme se rua sur lui et sans même savoir s'il survivrait à cela, entra en lui.
— Yoongi ! cria Jimin après avoir vu son ami d'enfance disparaître.
Le politicien écarquilla les yeux, à tel point que le médium pensait qu'ils allaient sortir de leurs orbites. Son teint devint subitement plus pâle, et lorsqu'il prit la parole, il comprit que ce n'était pas Dae-kun qui lui parlait.
— Je vais pas tenir longtemps, Min.
— Yoongi ?
— Il va sauter. Je t'en supplie, ne le laisse pas faire.
Ahuri par la situation, Jimin était paralysé. Il venait d'assister à une possession, et si un jour, il avait eu des doutes quant à l'existence de cette pratique, désormais ce n'était plus le cas. Qu'allait-il se passer maintenant ? Où ira Yoongi lorsqu'il quittera ce corps ? Il était épuisé, le médium pouvait le sentir, il l'était bien plus que les fois précédentes, mais est-ce que cela voulait dire que c'était la fin ?
— JIMIN ! cria la voix du mentholé.
Le concerné sursauta et revint subitement à lui. Les mains tremblantes, il courut jusqu'au corps du premier ministre et l'éloigna du vide.
— Qu'est-ce qui va t'arriver maintenant ?
— J'en sais rien, souffla Yoongi. Je suis épuisé. Je suis pas sûr de pouvoir rester.
— Est-ce que tu reviendras ? questionna Jimin, les yeux brillants de larmes qu'il ne put retenir.
— Je ne sais pas, mais pour le moment, on doit redescendre. Aide-moi.
Tout aussi éreinté que son ami d'enfance, le jeune busanien souleva le corps du politicien et le traîna jusqu'à la cage d'escalier. Les coups qu'il avait reçus quelques minutes plus tôt commençaient à se faire sentir, l'empêchant de bouger aussi librement qu'il le désirait. Avant de rejoindre le rez-de-chaussé, Jimin voulait s'assurer que son compagnon allait bien, or, il était loin de se douter de la bataille qui faisait rage quelques étages plus bas.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
La douleur musculaire que Jungkook ressentait n'avait jamais était aussi forte qu'à cet instant. Au cours de sa carrière militaire et policière, il avait affronté des adversaires de tous âges et expériences différentes, et il était toujours parvenu à prendre le dessus. Ce soir, l'histoire était tout autre. Si à un moment, il avait cru avoir l'avantage après l'avoir blessé à l'épaule, Bradley Murphy continuait de le dominer. Chacune de ses attaques était semblable à une barre de fer qui s'abattait sur sa cible, sans parler de son corps qui était aussi dur que du béton. Comment était-ce possible ? Était-il indestructible ?
Essoufflé, le commandant esquiva une nouvelle attaque et recula de quelques pas pour mettre une distance de sécurité entre eux.
— Déjà fatigué ? le nargua son adversaire.
— Tu plaisantes ? Je pourrais faire ça toute la journée.
C'était faux, néanmoins, durant les minutes qui venaient de s'écouler, Jungkook n'avait pas seulement encaissé, il avait également appris des éléments importants sur la technique de son rival. Tout ce qui lui manquait à présent, c'était l'ouverture parfaite pour qu'il puisse enfin traverser l'amure d'acier qu'était son corps.
— Allez, fini de jouer, lança Murphy en se penchant vers le sol.
À ses pieds gisait le couteau de lancé qui avait précédemment entaillé sa clavicule. Avec une grande agilité, il fit danser la lame entre ses doigts sous le regard méfiant de son adversaire.
— Je vais t'égorger avec ton propre couteau et ensuite, j'irai m'occuper de ton petit ami.
Jungkook ne répliqua rien, à la place, il observa le langage corporel de son aîné et remarqua qu'il protégeait bien plus son flanc droit que l'autre. Est-ce que coup de genoux qu'il lui avait assénée plus tôt avait été plus puissante qu'il ne le pensait ?
Un sourire suffisant sur les lèvres, le britannique se rua sur sa cible et enchaîna diverses attaques, son arme blanche en main. Le commandant parvint à les éviter, cependant, il sentit la lame entailler sa peau à plusieurs endroits. Aucune de ses blessures n'était dangereuse, de simples égratignures, toutefois, elles vinrent s'ajouter à toutes celles qu'il avait déjà encaissées. Quand il vit l'ouverture qu'il attendait, le brun fit un pas en arrière avant de lui donner un coup de pied dans les côtes. Un cri de douleur déchira l'air, donnant au policier l'élan de confiance dont il avait besoin.
Sans lui laisser le temps de recouvrer ses esprits, Jungkook enchaîna avec deux coups de poing en plein visage, le frappant de chaque côté de sa mâchoire. Chaque attaque faisait tituber Murphy qui finit par s'écrouler au sol. Enragé, le commandant le chevaucha et continua de le ruer de coup. Il sentait ses phalanges craquer contre les os de son visage, mais rien ne semblait le calmer.
À chaque fois qu'il le touchait, il revivait l'enlèvement de Jimin, la peur qu'il avait ressentie en voyant son amant se vider de son sang. Bradley Murphy était la cause de leur malheur et de la peur perpétuelle dans laquelle ils vivaient depuis plusieurs mois.
Aveuglé par sa rancœur, Jungkook ne vit qu'à la dernière seconde le couteau de lancé que son adversaire planta sans sa cuisse. Un hurlement se fit entendre, pour autant, le brun ne libéra pas sa cible, au contraire, sa colère ne fit qu'augmenter. Sans même se préoccuper de l'état de sa jambe, il arracha la lame et tenta d'en finir avec son rival.
Le britannique usa de ses dernières forces pour survivre. Ses deux mains soutenant celle du policier, il gardait l'arme blanche loin de lui, mais c'était sans compter la ténacité du plus jeune.
D'un mouvement de bassin, Jungkook les fit basculer. D'un jeu de jambe, il l'emprisonna entre ses cuisses musclées, le dos de sa cible contre son torse. Dans cette position, il était persuadé d'avoir le dessus. Laissant échapper un cri de rage pour se donner la force dont il avait besoin, il tira le couteau de lancé vers lui puis vint à plusieurs reprises frapper le manche de celui-ci. À chaque coup, il sentit la lame s'enfoncer dans la chair de cet homme qu'il haïssait, et enfin, il lui donna le coup de grâce.
Malgré les os que la lame rencontra, celle-ci entra dans la cage thoracique de sa victime qui s'immobilisa. Jungkook sentit toute résistance disparaître, et sut qu'il venait de remporter le combat.
— Je t'avais dit que je te tuerais, murmura-t-il à l'oreille de son ennemi. Maintenant, va en enfer.
Sans la moindre hésitation, Jungkook tourna le couteau d'un coup sec, réduisant à néant toutes les chances que ce monstre avait de survivre. Quand il sentit le dernier souffle de vie le quitter, le commandant lâcha enfin son arme et repoussa sans la moindre précaution, le cadavre qui l'écrasait.
Ayant l'impression de ne plus pouvoir respirer, le tatoué retira le gilet pare-balles qui comprimait sa cage thoracique et prit enfin une grande inspiration.
— Putain de merde, grommela-t-il lorsqu'une décharge de douleur traversa sa cuisse.
Malgré ses blessures, le tatoué ne pensait qu'à une seule chose, Jimin. Où était-il ? Avant de se mettre sur pied, il se défit de sa ceinture et la passa autour de sa jambe, créant ainsi un garrot qui ralentirait l'hémorragie. Trop distrait pas le combat, il n'avait pas prêté attentions aux sirènes, pourtant à cet instant, il n'entendait que cela. Une fois sur pied, il était sur le point de rejoindre la porte de l'escalier de secours lorsque celle-ci s'ouvrit sur son amant.
Ce dernier traînait avec lui le corps inerte du premier ministre et lorsque leurs regards se croisèrent, les yeux du médium s'écarquillèrent. Inquiet de l'état de son bien-aimé, il déposa sans grand soin le corps du politicien sur le parquet et se précipita pour venir à sa rencontre.
Les deux amants pensaient que le cauchemar était enfin terminé, cependant, le destin semblait encore vouloir jouer avec eux. Alors qu'il était sur le point d'atteindre son amant, Jimin vit du coin de l'œil, une silhouette apparaître dans son champ de vision.
Encore sonné, Jae-sok apparut dans le couloir et en voyant l'arme qu'il tenait dans sa main, le cœur de son fils tomba à ses chevilles. Jungkook fut, lui aussi, surpris par la présence de cet homme qu'il pensait inconscient, mais il ne bougea pas.
— Pousse-toi de mon chemin, ordonna le sénateur en pointant son arme sur lui.
— Hors de question.
— Dégage, je n'hésiterai pas à tirer.
— Père, ne faites pas ça ! cria Jimin, la gorge nouée.
Entendant la voix de son fils, Jae-sok pivota vers lui tout en gardant le canon de son arme pointé sur le commandant.
— C'est terminé, lança le médium d'une voix tremblante. Je vous en supplie, baissez votre arme. Le bâtiment est cerné par la police, vous n'avez aucun moyen de vous échapper.
— Tu penses que je vais te laisser ruiner ma vie ? beugla Jae-sok.
Ses mains tremblaient bien plus que de raison et en remarquant cela, le blond eut peur pour la vie de son petit ami. L'arme était pointée vers son cœur, si son géniteur pressait la détente, Jungkook n'aurait aucune chance.
— Vous avez ruiné votre vie le jour où vous avez assassiné Heo Joo-ho. Jungkook n'a rien avoir là-dedans. Si vous voulez tuer quelqu'un, alors tirez sur moi, mais je vous en supplie, ne lui faites pas de mal.
— Dis-lui de me laisser passer, ordonna Jae-sok.
— Je ne bougerai pas.
— Jungkook, implora le médium les yeux larmoyants.
— Non, tout se termine ce soir et je refuse que ce monstre continue de te faire du mal, répliqua le policier avant de poser un regard dur sur son aîné. Vous irez en prison, alors allez-y, pressez la détente, mais cela ne changera rien à votre destin.
En observant le comportement de son père, Jimin comprit qu'il était prêt à tout pour éviter de finir sa vie derrière les barreaux. Quand il vit son doigt presser la détente, son instinct de protection agit de lui-même et sans même qu'il réalise ce qu'il faisait, une détonation déchira l'air.
Jungkook sursauta et amena une main à sa poitrine s'attendant à voir un flot de sang ruisseler entre ses doigts, mais au lieu de cela, il vit le corps du sénateur s'écrouler au sol, sans vie.
— Qu'est-ce que...
Sa voix mourut dans sa gorge lorsqu'il remarqua l'impact de balle sur le côté droite de son crâne. Son regard se posa ensuite sur l'homme qui se trouvait à quelques pas de lui.
Le corps chancelant, son petit ami se tenait droit comme un piquet, l'arme que son amant lui avait donnée entre ses mains. La fumée s'échappait encore du canon, signe qu'une balle venait de quitter la chambre et ce fut ce détail qui le fit tilter.
Jimin venait de tuer son propre père pour sauver sa vie.
Le silence qui avait précédé le coup de feu était assourdissant. Les tympans bourdonnants et la vue brouillée par la quantité de sang qu'il avait perdu, Jungkook tituba en arrière et s'écroula sur le sol, épuisé.
— Jungkook ! haleta le plus jeune en courant vers lui.
Ce dernier enjamba le corps de Murphy et sans accorder une seule attention au cadavre de son père, il se jeta à genou et passa une main sous la tête de son amant. Le commandant cligna plusieurs fois des paupières, tentant de retrouver une vision plus nette, mais il était trop faible.
— Hé, ne fait pas l'idiot, reste avec moi, implora-t-il en tapotant doucement sa joue droite tandis que les larmes ruisselaient sur ses joues.
— Ça va, je... je suis juste fatigué.
— Je sais, mais tu dois rester éveillé. Allez, faut que tu te lèves, grincheux.
Jimin ne réalisait pas encore ce qu'il venait de faire, comme si son esprit avait effacé le parricide qu'il venait de commettre. Son cœur et son cerveau n'avaient pensé qu'à une chose, Jungkook. En voyant son père presser la détente, il s'était vu perdre l'amour de sa vie et cela lui était impensable. Il avait donc agi par instinct de survie, pour leur survie.
— Mon cœur, il faut que tu m'aides, implora le médium en passant le bras de son aîné par-dessus son épaule.
Jungkook souffla un bon coup pour se donner du courage et s'appuya sur sa jambe valide pour se mettre debout. Aidé par son compagnon, il se laissa porter jusqu'à l'ascenseur et entama sa descente jusqu'au rez-de-chaussée.
— O-où est Yoongi ? demanda le tatoué d'une voix faible.
— Il est parti, répondit Jimin, le cœur meurtri par la disparition de son meilleur ami.
— Pour toujours ?
— Je n'en sais rien. Ses batteries étaient à plat, mais on parlera de ça plus tard.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et le couple fut accueilli par une dizaine de lampes torches qui les éblouissaient. Ce fut ainsi qu'ils se rendirent compte que Yoongi n'avait pas seulement plongé le dix-huitième étage dans le noir, mais l'entièreté de l'immeuble.
— Les mains en l'air ! cria l'un des hommes.
Jungkook comprit qu'il était face à ses collègues alors, il obéit et prit la parole d'une voix faible.
— Je suis le commandant Jeon, de... de la police de Busan, annonça-t-il.
— Eh, baissez vos armes, bande d'idiots, c'est l'un des nôtres.
Lorsque cette voix fendit l'air, les officiers derrière les lampes torche s'écartèrent, laissant apparaître un homme que le couple reconnut sans mal. Jacob Hill, lieutenant de la police de Séoul.
— Putain, dans quel état tu es, s'inquiéta ce dernier en venant rejoindre son ami.
— Il... il faut que tu envoies tes hommes au dix-huitième étage, articula faiblement Jungkook. Ne le laisse pas filer.
Voulant soulager le médium qui peinait à avancer, Jacob passa le bras de son ami par-dessus son épaule et l'aida à quitter le bâtiment.
Dehors, les ambulanciers vinrent immédiatement à leur rencontre et le prirent en charge. Jimin donna toutes les informations nécessaires aux secouristes qui l'emmenèrent jusqu'à leur véhicule afin de lui procurer les premiers soins, puis il fut interpellé par le lieutenant.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Monsieur, il a perdu beaucoup de sang, nous devons le transporter à l'hôpital, les interrompit l'un des ambulanciers.
— D'accord, allez-y.
— J-Jimin, appela Jungkook depuis le véhicule.
— Je suis juste derrière toi, grincheux, promit le concerné.
Avant qu'il n'ait le temps de répondre, les portes de l'ambulance se fermèrent et elle démarra. Malgré toute la douleur physique qu'il ressentait, Jimin ne se plaignait pas. Les blessures de Jungkook étaient plus graves, il était celui qui nécessitait un transport rapide jusqu'aux urgences, lui, il pouvait attendre.
— Alors, que s'est-il passé ?
Pourquoi le lieutenant Hill posait-il la question s'il connaissait la raison de leur présence ? Si Jungkook l'avait appelé, il lui avait forcément fait un résumé de la situation, non ?
— Jungkook ne vous l'a pas dit ?
— Il m'a seulement parlé de la raison de votre visite. Maintenant, je veux savoir pourquoi il y a deux cadavres dans cet immeuble.
Sachant pertinemment que tout ce que la caméra de son collier avait filmé était sauvegardé dans un serveur créé par Namjoon, Jimin prit le bijou entre ses doigts et retira le petit gadget. Il le donna ensuite au policier, puis inspira difficilement.
— Regardez ce que contient cette caméra et vous aurez toutes les réponses à vos questions.
Septique et perdu, Jacob sonda son vis-à-vis quelques secondes avant de saisir la micro-caméra. Il fit ensuite signe à l'un de ses collègues d'apporter un sac de pièce à conviction et le scella. Au loin, Jimin vit Yoon Dae-kun quitter le bâtiment, les menottes aux poignets. Leurs regards se croisèrent et le médium n'y vit qu'une immense rage qui lui était destinée.
— Très bien, soupira le lieutenant en passant une main sur son visage.
Toute cette affaire était délicate. En une poignée de minutes seulement, tous les journalistes de la ville s'étaient rassemblés autour du périmètre de sécurité, tels des chiens affamés à la recherche d'un scoop. Chacun photographiait les lieux comme s'il assistait à un spectacle alors que des civières portant les corps sortaient du bâtiment. Jimin aussi était la cible de ses vautours, mais il s'en fichait, bien au contraire, il voulait que tout le monde sache ce qui s'était passé.
— Je peux y aller ? Je dois rejoindre Jungkook.
— Bien-sûr, je vais demander à un des hommes de t'emmener à l'hôpital. Ne quitte pas la ville, d'accord ?
— Je n'irai nulle part sans mon petit ami, alors soyez tranquille.
— D'accord.
Le lieutenant de Séoul appela l'un de ses subordonnés, et lui donna quelques indications. Ce dernier acquiesça sans discuter, puis ils portèrent tous les deux leur attention sur le jeune consultant qui prit la parole.
— Jake, est-ce que vous pouvez me rendre un service ?
— Bien-sûr.
— Pouvez-vous appeler Taehyung, s'il vous plaît ? Il doit être mort d'inquiétude. Dites-lui simplement qu'on s'en est sorti.
— Ce sera fait, assura le policier.
Jimin s'inclina poliment et regretta immédiatement ce geste lorsqu'une douleur foudroyante le traversa. Sans se plaindre, il tourna les talons et marcha jusqu'au véhicule de police. Il s'apprêtait à monter à l'arrière quand une journaliste l'interpella.
— Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé ? demanda-t-elle en tendant son portable vers sa bouche tandis que son collègue le filmait.
— Monsieur Park, montez dans le véhicule s'il vous plaît, imposa gentiment l'officier en uniforme.
Cependant, Jimin avait une autre idée en tête. Si par malheur la justice ne faisait pas son travail, il ne voulait laisser aucune chance à Dae-kun de s'en sortir indemne.
— Je suis Park Jimin, le fils de Park Jae-sok. Il y a huit ans, Yoon Dae-kun et mon père ont orchestré le meurtre de notre ancien premier ministre, Heo Joo-ho. Ce soir-là, Dae-kun a aussi fait tuer mon meilleur ami parce qu'il avait tout entendu de leur plan. Le treize janvier deux mille quinze, Bradley Murphy, un homme recherché par Interpol et à la botte de monsieur Yoon, a assassiné Min Yoongi d'une balle dans la tête. Ils ont essayé de me tuer à plusieurs reprises, car je cherchais la vérité et ce soir, je les ai confrontés. J'ai failli perdre la vie dans cet immeuble et mon petit ami est actuellement à l'hôpital. Si la justice ne fait pas son travail, je veux que le monde entier sache, le premier ministre, Yoon Dae-kun, est un meurtrier qui abusait de jeunes garçons dans le besoin.
— C'est bon, dégagez maintenant, ordonna le policier en se plaçant devant la caméra. S'il vous plaît, montez dans la voiture.
Jimin obéit sans discuter et s'installa, non sans siffler de douleur. Lorsque toutes les portières furent fermées, la pénombre reprit ses droits dans l'habitacle, amenant avec elle un silence que le médium avait du mal à supporter. Même s'ils étaient sortis de ce lieu de malheur en vie, son cerveau était toujours sur ses gardes et surtout, il ne pensait qu'à Jungkook.
Dans le véhicule de patrouille qui roulait en direction de l'hôpital, Jimin était loin de se douter des tourments psychologiques qui l'attendaient lorsque les barrières qui protégeaient son esprit s'écrouleraient.
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