Cela faisait deux jours que Jungkook avait quitté Busan, quarante-huit longues heures que Jimin avait passées loin de son amant, et les jours qui restaient lui semblaient interminables. Durant la matinée, il s'était enfermé dans son bureau pour taper les rapports que Lian lui avait donnés. À l'heure du déjeuner, son appétit manquait, mais c'était sans compter la présence de Taehyung qui veillait à ce que son cadet ne saute aucun repas.

— Min, tu viens déjeuner ?

— Hm, j'arrive, fit-il en refermant son logiciel.

Le lieutenant voyait l'air morose de son ami et savait quelle en était la raison. Lui aussi souffrait du manque de sa fiancée, cependant, tout ça était nécessaire, il ne leur restait plus qu'à prendre leur mal en patience.

— Tu as des nouvelles de Kook ? demanda Taehyung en l'observant enfiler sa veste.

— Pas depuis hier. Il m'a envoyé un message vers minuit, soupira-t-il, las.

— Allez, ne t'inquiète pas, je suis sûr qu'il va bien.

Jimin acquiesça simplement tout en rejoignant son aîné qui l'attendait sur le pas de la porte. Quand ils furent dans l'espace commun, Lian les rejoignit, et ensemble, ils décidèrent où ils allaient manger.

— Excusez-moi, est-ce que monsieur Park Jimin est ici ? lança une voix derrière eux.

Le concerné fronça les sourcils et pivota rapidement. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il fit face à leur visiteur, mais surtout à ce qu'il tenait dans ses mains.

— Euh o-oui, c'est moi, bafouilla-t-il en s'approchant.

— Tenez, c'est pour vous, lui sourit le jeune homme.

Au bout de ses bras tendus, entre ses mains, le livreur tendait un bouquet de diverses fleurs toutes plus belles les unes que les autres.

— V-vous êtes sûr ?

— Eh bien, c'est le nom qui figure sur la commande.

— Merci, gratifia finalement le médium en prenant les fleurs avant de s'incliner poliment.

— Puis-je avoir une signature pour la confirmation de réception ? demanda le jeune homme en tendant un appareil électronique qu'il sortit de sa poche.

— Oh, euh oui.

Voyant que son cadet était un peu déboussolé par ce présent inattendu, Taehyung lui proposa silencieusement de le débarrasser, le temps qu'il appose sa signature sur l'écran tactile. Une fois fait, le livreur s'inclina à son tour et quitta les lieux.

Le silence dans le commissariat était étrange, mais Jimin n'en tint pas compte. Son attention était rivée sur le bouquet qu'il venait de récupérer. Pensif, il huma le doux parfum émis par ces différentes fleurs et son cœur se réchauffa.

— Wow ! Il est magnifique ce bouquet ! s'exclama Kuina en sortant de son bureau.

Curieuse, la jeune femme trottina jusqu'à son ami, les yeux ronds d'émerveillement.

— Il est pour qui ?

— Jimin, répondit Lian, un sourire attendri.

— Il vient de Jungkook ?

— Qui d'autre, intervint Taehyung. Mon frère est devenu aussi niais que nous, ricana-t-il en donnant un coup de coude complice à son collègue.

— C'est clair, pouffa l'inspecteur.

Jimin, qui se trouvait à quelques pas d'eux, sentit son visage prendre feu, mais ne répliqua pas. Jungkook n'était pas niais, non, il était romantique, et à cet instant, ce geste était tout ce dont il avait besoin pour se sentir mieux.

— Je vais aller te chercher un vase, lança le lieutenant. Je crois qu'il y en a un dans la salle de pause.

Le médium hocha la tête en guise de remerciement et partit vers son bureau. Avec délicatesse, il posa son présent et saisit la petite enveloppe qui se trouvait entre les fleurs. Du bout des doigts, il extirpa la carte et découvrit les mots gravés sur celle-ci.

" J'espère que ça te remontera le moral.
Tu me manques microbe.
On se retrouve bientôt.
Je t'aime.
– Ton grincheux."

Les yeux brillants d'émotion, Jimin fixa la carte quelques secondes. Est-ce que cela lui remontait le moral ? Oui, mais ce présent augmentait également son envie de revoir son amant qui était absent depuis bien trop longtemps à son goût.

En expirant faiblement pour ne pas craquer, il rangea la carte dans son sac, puis Taehyung vint le rejoindre, un vase à moitié plein dans les mains.

— Merci, murmura le médium sans oser le regarder.

— Hé, ça va ? demanda-t-il.

— Hm, il me manque, c'est tout. Je... je sais que ça ne fait que deux jours qu'il est parti, mais depuis... Enfin, je... j'ai du mal à être loin de lui en ce moment. Ça passera, ne t'en fais pas.

Le châtain comprenait la peine de son ami et surtout, il savait quelles étaient les raisons qui le poussaient à être si attaché à son frère. Le choc émotionnel qu'ils avaient subi quelques jours plus tôt était encore bien trop frais dans leur esprit. Ils avaient tous les deux perdu l'autre durant un bref instant et ce genre de traumatisme ne guérissait pas aussi rapidement qu'on le voudrait.

— Je ne suis pas Jungkook, mais si tu veux un câlin, tu sais que je suis là, répondit finalement Taehyung d'une voix douce.

Après avoir mis les fleurs dans l'eau, Jimin se tourna vers son ami et lui offrit un sourire gratifiant. Une étreinte, il en avait besoin maintenant, alors sans la moindre hésitation, il s'approcha de son aîné qui le prit dans ses bras, lui offrant également un peu de réconfort.

Les deux hommes restèrent ainsi quelques secondes avant que le plus jeune ne mette fin à ce contact. Ensemble, ils rejoignirent Lian qui les attendait avec Kuina, puis ils quittèrent le poste de police pour aller enfin combler la faim qui tiraillait leur estomac.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Samedi 16 décembre. Cela faisait désormais six longs jours que Jungkook et Namjoon avaient rejoint la capitale. D'interminables journées durant lesquelles les deux hommes n'avaient pu collecter aucune information qui reliait Yoon Dae-kun au meurtre de Yoongi. Après tant d'années, le premier ministre n'évoquait plus ce crime, comme s'il n'avait jamais eu lieu, et cela ne faisait qu'accroître l'agacement et la frustration du commandant.

Las de perdre son temps, ce dernier avait décidé de forcer le destin. Il avait glissé dans une grande enveloppe une photo de Yoongi sur laquelle il avait inscrit au dos "Je sais ce que vous avez fait". Après cela, il avait intercepté le facteur et la lui avait donnée, s'assurant ainsi qu'elle serait remise au bon destinataire.

À présent, Namjoon et lui étaient dans le fourgon et attendaient le moment décisif. Grâce à la caméra et aux micros que Jungkook avait placés quelques jours plus tôt, ils assistaient à toute la scène tels deux spectateurs devant un film au cinéma.

Assis à son bureau, Dae-kun fixait son ordinateur et grâce au clonage que le hacker avait réalisé, ils purent voir que ce dernier consultait ses mails. Ce fut à cet instant que la porte du bureau s'ouvrit sur Murphy qui tenait dans ses mains plusieurs enveloppes.

— Votre courrier, monsieur.

— Merci. Pose ça là, fit le premier ministre en désignant le coin de son bureau. Est-ce que tu as du nouveau concernant la campagne ?

— Tout est prêt monsieur. Tous les désagréments ont été supprimés. Vous devriez être tranquille, répondit Murphy, les mains croisées derrière son dos.

En entendant cela, Jungkook regarda son compagnon de voyage qui fit de même. Leurs sourcils froncés exprimaient leur confusion quant à cette nouvelle. Quel désagrément ? La veille, Bradley Murphy avait rejoint son domicile et n'en était pas sorti avant que le soleil se lève. Avait-il confié cette tâche ingrate à des sous-fifres ? Très certainement, mais qui avait-il éliminé ?

— Parfait, fit simplement Dae-kun.

Ce dernier ferma son ordinateur portable et saisit la première enveloppe. Il scruta le papier quelques secondes, passa à la seconde, puis la troisième, et vint enfin celle que Jungkook avait envoyée. En parfaite synchronisation, les deux complices se redressèrent et s'approchèrent de l'écran, ne voulant rien manquer de la réaction de leur coupable.

En ouvrant le courrier, le visage du premier ministre se décomposa, comblant les deux hommes qui regardaient d'un sentiment de satisfaction divin.

— Monsieur ? l'interpela Bradley face à lui.

La mine barrée par l'inquiétude et la colère, le concerné lui fit glisser le cliché sur le bureau. Confus, Murphy saisit la photo et écarquilla les yeux.

— Je pensais t'avoir ordonné de le faire taire.

— Ça a été fait, assura le garde du corps.

— ÇA A L'AIR DE L'ÊTRE ? hurla le premier ministre en frappant du poing sur le bureau. Comment ce petit fils de pute a pu remonter jusqu'à moi ? Est-ce que je vais devoir le tuer moi-même !?

En entendant l'insulte qui était destinée à son amant, Jungkook se tendit derrière l'écran, serrant les poings si fort qu'il sentit ses ongles s'enfoncer dans sa peau.

— Monsieur, je peux vous assurer qu'il n'y a aucun moyen pour que le fils du sénateur Park ait pu remonter jusqu'à vous. Il a survécu lors de notre dernière rencontre, mais il n'a plus rien contre vous.

— Alors comment tu expliques ça ? vociféra le politicien en se levant.

Troublé, Murphy se pencha pour prendre l'enveloppe et l'analyser. Il la retourna à plusieurs reprises et l'ouvrit, cherchant très certainement un indice quelconque qui l'aiderait à remonter jusqu'à l'expéditeur, mais en vain.

— Monsieur, reprit le chauve. Il n'y a pas d'adresse d'expédition, ni même l'adresse de l'immeuble. La seule chose écrite ici, c'est votre nom.

— Eh alors ?!

— Alors ça veut dire que la personne qui vous a envoyé ça, était ici, dans nos locaux, expliqua le garde du corps sans hausser le temps.

— Comment peux-tu être certain que ce n'est pas lui ?

— Parce que je sais de source sûre qu'à l'heure actuelle, ils sont tous les deux à Busan, répondit Murphy.

Dans le fourgon, à quelques mètres de là, Jungkook sentit tous les muscles de son corps se crisper et son cœur tomber à ses chevilles. Il savait de source sûre, c'étaient ses mots, et cela ne voulait dire qu'une chose, il y avait une taupe parmi leur entourage. Qui ça pouvait bien être et si cette personne travaillait pour eux, pourquoi avait-il menti ?

— Comment sais-tu que ce flic ne te ment pas ? Il fait partie de leur entourage non ? Alors qu'est-ce qui te garantit qu'il est fiable ?

— Croyez-moi, il n'a aucun intérêt à me mentir, assura Murphy.

Le premier ministre se laissa lourdement tomber sur sa chaise de bureau et passa une main dans ses cheveux. Tout dans son langage corporel laissait paraître l'angoisse qu'il ressentait et le commandant s'amusait de cela. Il voulait voir la peur dans ses yeux, qu'il sache qu'il n'était plus en sécurité et qu'à présent lui aussi était traqué.

— C'est encore pire que si c'était ce petit enfoiré. Si ce n'est ni lui, ni ce commandant, alors on a un sérieux problème. Quelqu'un d'autre est au courant pour le meurtre de cette pute.

— Monsieur, vous n'avez pas à vous inquiéter. J'ai détruit moi-même tout ce qui pouvait vous lier de près ou de loin à cette affaire. La seule chose qui pouvait vous inculper était la vidéo de surveillance de l'hôtel et j'ai fait le nécessaire. Peu importe qui est derrière tout ça, je vais le retrouver et il finira au même endroit que Ramez et tous ceux qui vous ont déçu, assura le garde du corps.

Dae-kun qui fixait le cliché de sa victime leva les yeux vers son bras droit et le sonda quelques instants avant de prendre la parole d'une voix grave et débordante de promesses.

— Tu as plutôt intérêt à ne pas louper ton coup, parce que ça fait trop de fois que tu me déçois toi aussi. Débarrasse-toi de Jimin et de son petit ami, je ne serai pas rassuré tant que leurs corps ne seront pas six pieds sous terre.

— Sauf votre respect, monsieur, vous savez bien que si nous tuons le fils Park, Jae-sok ne vous le pardonnera pas et mettra sa menace à exécution.

— Eh bien, tue-le aussi ! s'emporta le premier ministre. Je ne laisserai personne me prendre ce pourquoi j'ai tant travaillé ! J'exterminerai moi-même cette putain de famille si cela m'assure la paix !

— Vous ne pouvez pas faire ça et vous le savez ! répliqua Murphy d'un ton plus dur. S'il arrive quelque chose à Jae-sok ou à sa famille, l'enregistrement vocal de ce soir-là sera envoyé à tous les journaux du pays et ils sauront ce que vous avez fait. Je sais que vous le détestez, mais il va falloir être patient et ne pas laisser votre colère prendre le dessus. Laissez-moi gérer la situation. N'est-ce pas ce que je fais depuis plusieurs années déjà ?

Un silence de plomb envahit la pièce à tel point que Namjoon crut que les micros avaient cessé de fonctionner. Ils n'étaient pas dans le bureau et pourtant, Jungkook et son acolyte pouvaient sentir la tension qui en émanait. Son plan avait fonctionné. Ils avaient obtenu en quelques minutes ce qu'ils attendaient depuis presque semaine. À présent, le commandant avait tout ce qu'il fallait pour convaincre Lim de rouvrir l'enquête, cependant une interrogation subsistait. Qui était la taupe ? D'après les détails que Murphy avait laissés échapper, il s'agissait d'un policier qui était proche de lui et Jimin. Qui cela pouvait-il être ? Il connaissait toutes les personnes qui travaillaient au commissariat et s'entendait avec chacune d'elles. Il en était de même pour son amant, alors qui était ce traître ?

— Tu... tu penses que la taupe, c'est quelqu'un de ton unité ? demanda Namjoon d'une voix prudente.

Cette question fit frissonner Jungkook qui sentit son cœur se comprimer douloureusement dans sa poitrine. Son affection pour ses collègues l'empêchait d'être lucide, mais son voisin avait raison, qui d'autre qu'un membre de sa propre unité pourrait être plus à même de donner des informations sur eux ?

— Je ne sais pas, souffla le tatoué en regardant droit devant lui. J'espère pas.

— Et si c'est le cas ? Qu'est-ce que tu feras ? D'après ce qu'on a entendu, cette personne a menti pour vous protéger.

— Ça ne change rien au fait qu'elle nous a trahis. Quand je découvrirai qui c'est, parce que je finirai par le savoir, j'aviserai sur le moment.

La liste des suspects était longue et malgré lui, Jungkook dut y ajouter le nom de ses collègues, de ses amis qu'il considérait comme sa famille.

— Fais le nécessaire.

La voix de Dae-kun résonna à travers les enceinte de l'ordinateur. Face à lui, Bradley Murphy s'inclina poliment et quand il s'apprêtait à quitter la pièce, la voix de son patron claqua dans l'air.

— Si ce flic... Comment s'appelle-t-il déjà ?

— Cho Hyun.

— C'est ça. Si tu apprends qu'il t'a menti, élimine toute sa famille sous ses yeux. Il faut qu'il sache que personne ne me trahit impunément.

À l'extérieur du bâtiment, les yeux de Jungkook s'écarquillèrent à tel point qu'il crut que ses globes oculaires allaient sortir de ses orbites. Alors la taupe était l'officier Cho. Pourquoi ? Il avait tant d'estime pour ce jeune père célibataire âgé d'à peine vingt-cinq ans. Jusqu'à aujourd'hui, il avait cru qu'ils étaient amis, mais il s'était visiblement trompé. Hyun l'avait trahi. Depuis toutes ses années, il lui faisait confiance les yeux fermés. Il lui avait confié la sécurité de l'homme qu'il aimait à plusieurs reprises et pendant tout ce temps, cet homme travaillait pour l'ennemi.

— Ce ne sera pas nécessaire, l'officier Cho sait qu'à la moindre erreur de sa part, c'en est fini de lui et de ses proches, intervint Murphy, ramenant l'attention du commandant sur l'écran de l'ordinateur.

Lorsque le garde du corps quitta enfin la pièce, l'occupant de lieux laissa échapper un cri de rage et déchira la photo de ce jeune homme dont il avait pris la vie.

Il savait qu'il était pris au piège, que l'étau se resserrait sur lui. À partir de maintenant, ce n'était qu'une question de temps avant que le monde entier ne connaisse le vrai visage de Yoon Dae-kun.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Consumé par la colère, Jungkook n'avait pas réfléchi une seule seconde quant à sa prochaine destination. Ayant obtenu ce qu'il voulait, il passa rapidement à l'hôtel pour récupérer leurs affaires, puis, ils prirent les grands axes afin de quitter la capitale.

Durant le trajet, le commandant avait enfreint une demi-douzaine de règles du Code de la route, effrayant son passager qui priait tous les dieux qu'il connaissait pour arriver à destination en un seul morceau. Quand ils arrivèrent à Busan, Jungkook ramena Namjoon chez lui et lui donna quelques directives quant à la suite des évènements. Il partit vers le commissariat où il comptait récupérer sa voiture.

Pendant le voyage, il avait contacté le central, obtenant ainsi la confirmation que Hyun n'était pas de garde ce soir. Sans la moindre hésitation, il mit alors le cap vers son domicile dont l'adresse lui avait été communiquée.

La rancœur qui le rongeait depuis qu'il avait appris la trahison de cet homme qu'il appréciait était presque insoutenable. La déception était tout aussi douloureuse, mais surtout, il se demandait comment son amant réagirait face à tout cela. Devait-il lui dire ? Non, la peine serait trop grande.

Après avoir traversé la ville, Jungkook arriva enfin devant la maison dans laquelle vivait son collègue. Tout en prenant de grandes inspirations pour calmer sa rancœur, le brun fixa la résidence de longues secondes puis il quitta enfin son véhicule.

Au vu de l'heure tardive et du manque de lumière dans la demeure, le commandant était persuadé que Hyun devait déjà dormir, cependant il s'en moquait. Il voulait des réponses, et il les voulait maintenant.

Contre toute attente, du bruit se fit entendre de l'autre côté de la porte et une fraction de secondes plus tard, l'officier Cho apparut devant lui, les yeux mi-clos et les cheveux en bataille.

— Commandant ? marmonna ce dernier d'une voix enrouée par le sommeil. Qu'est-ce que-

Sans lui laisser le temps de répondre, le désigné saisit le col de son pyjama et le poussa dans l'appartement. Le ton si amical qu'il venait d'employer ne fit qu'accroître sa colère, le poussant hors de ses gonds.

— C-commandant qu'est-ce qui vous arrive ? demanda Hyun avant d'être brutalement plaqué contre le mur.

— Ne joue pas les innocents ! argua Jungkook. Tu pensais vraiment que je n'allais jamais découvrir ta traîtrise ?

— Q-quoi ? bafouilla l'officier pris au piège.

— Pourquoi tu as fait ça ? Pour le fric ? Combien ce fils de pute t'a payé pour que tu trahisses tes amis ? Pour que tu nous vendes comme des animaux ?

L'étincelle qui traversa le regard de Hyun fit comprendre à son bourreau qu'il venait de comprendre les accusations qui lui étaient destinées.

— Je... je suis désolé, je n'ai pas eu le choix.

Cette fois, Jungkook perdit le peu de self-contrôle qui lui restait. Sans le moindre avertissement, son poing vint s'abattre sur la joue droite de son subordonné qui tituba et s'écroula sur le parquet de son petit salon.

— C-commandant, je... je vous jure que-

— Boucle là ! beugla le tatoué en marchant d'un pas rageur vers lui.

Hyun, de son côté, se mit rapidement debout. Une main tendue devant lui tel un bouclier qui pourrait le protéger d'une éventuelle attaque, il recula pour mettre une distance de sécurité entre eux. Même s'il savait se défendre, l'officier Cho était conscient qu'il n'avait aucune chance face à Jungkook. Ce dernier était réputé pour son expertise dans les arts martiaux, personne au commissariat n'avait pu le battre.

— Aucune raison au monde ne pourra expliquer ta trahison ! J'avais confiance en toi Hyun, pire, Jimin t'adore, et toi, tu oses le vendre à ces ordures qui ont déjà essayé de le tuer à plusieurs reprises !

— Je sais, mais, laisse-moi t'expliquer, implora l'officier. Je n'avais pas le choix.

— On a toujours le choix ! répliqua le tatoué d'un ton dur.

— Pas cette fois ! s'emporta Hyun, las d'être accablé par cet homme qu'il respectait malgré ce qu'il avait fait.

Jungkook serra les poings et fit un pas en avant, mais une voix craintive et fluette le stoppa net.

— Papa.

En parfaite synchronisation, les deux hommes tournèrent la tête vers la petite silhouette qui venait d'apparaître dans le couloir qui menait aux chambres. Un nounours dissimulant la partie inférieure de son visage et ses yeux noirs débordants de peine, une petite fille âgée d'à peine cinq ans fixait les deux adultes.

En l'observant, Jungkook vit la peur qu'il lui inspirait et se maudit de ne pas avoir réfléchi. Il savait que son ami était père d'une fillette, mais la colère l'avait poussé à agir sans penser aux conséquences.

Sans que sa fille ne puisse le voir, Hyun essuya le sang qui coulait de la commissure de ses lèvres puis s'approcha d'elle.

— Ça va ma puce, fit-il en caressant sa joue.

— Pourquoi il crie sur toi le monsieur ? demanda la brunette.

— On... on a eu un petit désaccord, mais ce n'est rien. Retourne au lit, je viendrai te voir dans une seconde.

Peu convaincue, la petite fille acquiesça et porta son regard sur Jungkook qui lui offrit un sourire aussi rassurant que possible. En une fraction de seconde, toute la colère qu'il avait ressentie avait disparue, laissant place à la déception et l'incompréhension. Quand l'enfant partit, Hyun se redressa et pivota vers son supérieur qui le regardait déjà.

— Ils... ils l'ont menacée, lança-t-il.

— Qui ?

— Celui qui a enlevé Jimin.

— Bradley Murphy ?

— Il s'est présenté sous le nom de Jo.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Jungkook, les bras croisés contre son torse.

— Quelques semaines avant que Jimin ait été agressé chez vous par Ramez, j'ai reçu une enveloppe.

— Qu'est-ce qu'elle contenait ?

— Des photos de Yuna, confessa l'officier. Des centaines de clichés d'elle, ici à la maison, à l'école, au parc, chez la nourrice. Il y avait aussi un mot qui me donnait rendez-vous dans un bordel pas loin d'ici. J'y suis allé et j'ai rencontré ce type chauve, c'était un anglais.

— Murphy, grommela Jungkook la mâchoire serrée.

— Il m'a menacé en disant que si je ne faisais pas exactement ce qu'ils voulaient, ils enlèveraient ma fille, et la vendrait comme esclave sexuelle.

En racontant cela, Hyun se mit à trembler de colère, mais aussi de peur. Sa fille était la prunelle de ses yeux, sa seule famille, et même s'il appréciait ses collègues et les respectait, l'amour qu'il ressentait pour sa chair était bien plus grand.

Face à lui, Jungkook écoutait ses explications et une part de lui comprenait ses agissements. S'il avait été à sa place et que la vie de son enfant était menacée, aurait-il agi de la même façon ? Très certainement, mais il aurait surtout éliminé lui-même ceux qui avaient osé faire une telle chose.

— Tu aurais dû m'en parler.

— Comment ? J'étais surveillé ! répliqua Hyun. Il m'a fallu des mois pour gagner leur confiance. Ça ne fait que quelques semaines qu'ils ont cessé de m'épier, mais je te jure Jungkook, j'ai tout fait pour vous protéger et je n'étais pas au courant pour l'enlèvement de Jimin. Tout ce que je devais faire, c'était leur dire si vous quittiez la ville.

Le commandant observait son subordonné qui faisait les cent pas dans la petite pièce de vie. Il se sentait coupable, c'était indéniable, il pouvait le voir dans ses yeux, mais cela pouvait-il absoudre ses actes ?

Même s'il était touché par cette trahison, le brun décida de mettre tout cela de côté. Si Dae-kun et son sous-fifre venaient à apprendre qu'il leur avait menti, Hyun serait tué et sa fille condamnée à une vie en enfer aux mains de pourritures qui feraient d'elle un simple jouet.

— Tu vas quitter le pays, somma Jungkook d'une voix calme, mais autoritaire. Je vais résoudre toute cette affaire, mais d'ici là, tu dois mettre ta fille en sécurité. Je connais quelqu'un au Japon qui pourra t'héberger le temps que tout ça se calme.

— Je ne peux pas. Si je fais ça, ils découvriront que je leur ai menti.

— Tu n'as pas le choix, imposa le plus vieux. C'est bientôt les fêtes de fin d'année, personne ne trouvera ça louche que tu partes avec ta fille. Va à la banque et retire de l'argent, ensuite, tu vas à l'aéroport et tu achètes deux billets pour Kyoto. Quelqu'un viendra te chercher à l'aéroport et veillera sur vous.

Face à son supérieur, Hyun acquiesça simplement. Il était reconnaissant envers son ami de se préoccuper de sa sécurité, surtout après ce qu'il avait fait.

— D'accord. Merci commandant.

— Je le fais pour ta fille, pas pour toi. Quand cette histoire sera terminée, je ne veux plus jamais que tu m'adresses la parole ni même que tu t'approches de Jimin. Tu as perdu ma confiance, Hyun, pour toujours.

Sans rien ajouter, Jungkook quitta la maison et retourna à son véhicule. Il était plus de vingt-trois heures et la fatigue se faisait ressentir. En plus de cela, Jimin lui manquait énormément et le savoir à quelques kilomètres de lui, réchauffait son cœur. Ce fut sans aucune hésitation qu'il mit alors le contact et prit la direction de son domicile.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Dans l'appartement en bord de mer, le silence régnait en maître. Installé contre la tête de lit, Zeus à ses côtés et son ordinateur sur les genoux, Jimin passait son samedi soir à regarder le dernier épisode de Game of Thrones.

— Non, mais je rêve, scanda ce dernier. Elle ne va pas... Eh merde, elle l'a fait ! Bordel Daenerys, tu déconnes !

Agacé par la tournure de l'épisode, le médium soupira et leva les yeux au ciel avant que son attention ne soit rapidement happée par le bruit du digicode de l'entrée. Intrigué, il regarda sa montre et réalisa qu'il était bien trop tôt pour que ce soit Taehyung. Quand Zeus se leva subitement en remuant la queue, le blond comprit.

Un sourire béat sur le visage et le cœur battant la chamade, Jimin referma son ordinateur et se précipita hors de la chambre, suivi du berger allemand. Il longea le couloir d'un pas rapide, puis en arrivant dans le salon, il put voir, malgré l'obscurité, le visage de cet homme qui lui avait tant manqué.

— Tu es rentré, souffla-t-il d'une voix tremblante d'émotion.

— Salut beauté.

Soulagé de le savoir en vie, Jimin courut jusqu'à son amant et se jeta à son cou, enroulant ses jambes autour de sa taille. Sans lui laisser le temps de respirer, il couvrit son visage de centaine de baisers, faisant rire Jungkook qui captura enfin ses lèvres.

Après tant de jours séparés, leurs corps se retrouvaient finalement et leurs âmes avaient enfin la sensation d'être entières. Les secondes s'écoulèrent et leur baiser devint plus vorace, plus désespéré. Ils voulaient plus, non, ils avaient besoin de plus, c'était vital. Ils désiraient un contact plus profond, plus charnel, plus érotique.

Tenant son amant contre son torse, le commandant Jeon marcha jusqu'à la table de la salle à manger et l'y déposa. Jimin haleta en sentant son pouce effleurer son téton à travers son t-shirt. Sans séparer leur bouche, le blond attrapa la boucle de sa ceinture et la détacha.

— Attends, on devrait aller dans la chambre, fit Jungkook en saisissant son poignet.

— Tae n'est pas là. Il est de garde jusqu'à demain matin, répondit le médium tout en détachant le bouton de son treillis.

— Parfait, souffla le tatoué en sentant son bas ventre se tordre de plaisir.

Affamé, les deux amants se jetèrent sur l'autre. Durant de longues minutes, leurs mains caressèrent le corps de l'autre comme s'ils se découvraient pour la première fois. Leurs lèvres ne se quittaient plus tandis que leurs langues exécutaient une danse des plus sensuelles.

Subitement, Jungkook brisa leur baiser, saisit la taille fine de son amant et le fit descendre de la table. Le gardant contre son torse, il le tourna dos à lui et approcha sa bouche de son oreille qu'il embrassa délicatement.

— Laisse-moi te dévorer, susurra-t-il en prenant le lobe de son oreille entre ses lèvres.

De sa langue, il lécha ce morceau de chair et fit gémir son partenaire qui hocha frénétiquement la tête, impatient de subir cette délicieuse torture qui venait de lui être promise.

Avec délicatesse, le tatoué l'incita à se pencher sur la table, puis passa ses mains sous son t-shirt qu'il releva pour dévoiler son derrière rebondi encore emprisonné dans son boxer.

Le regard brûlant d'envie, Jungkook fit descendre lentement le sous-vêtement le long de ses jambes parfaitement sculptées et se mit à genoux. Son visage en face de l'objet de ses désirs, il souffla sur sa fesse droite, réveillant une traînée de chair de poule qui se propagea le long de l'épiderme du médium.

— Jungkook, haleta ce dernier, le haut de son corps allongé sur la surface en verre.

Un sourire satisfait sur les lèvres, le concerné saisit ses deux morceaux de chair qu'il malaxa sensuellement avant de les écarter. Quand le premier coup de langue tomba, Jimin laissa échapper un long gémissement aigu tandis que ses doigts se refermèrent autour du rebord de la table.

Derrière lui, le commandant se délectait de ce présent qui lui était entièrement offert et dévoué. Ce corps qu'il aimait tant et qui le faisait fantasmer chaque nuit était à lui et il était de son devoir d'en prendre soin, de l'amener aux portes du paradis.

Les minutes s'écoulaient, et à chaque léchage, pénétration de ses doigts qui étiraient son entrée, le médium gémissait et se tortillait contre la table tant le plaisir qui le traversait était incontrôlable. Jungkook lui, se sentait de plus en plus à l'étroit dans son treillis. Depuis qu'il avait touché les lèvres de son amant, il ne rêvait que d'une chose, posséder chaque fibre de son être.

Ces deux hommes s'aimaient passionnément, et si dernièrement leurs rapports étaient doux, ce soir, la part la plus bestiale d'eux prenait le dessus.

Sans dire un mot, Jungkook rompit le contact et se redressa, collant son bassin contre le fessier dénudé et rebondi de son petit ami. Avec empressement, il abaissa son pantalon juste assez pour libérer sa longueur en érection puis fit couler dans sa paume un filet de salive. Ce servant de cela comme lubrifiant de fortune, il se masturba quelques fois, soulageant un peu la pression dans son membre.

La façon dont Jimin remuait son derrière contre son sexe lui donna encore plus envie de le posséder. Ce fut donc sans grande délicatesse qu'il le pénétra, le faisant haleter.

En plus de combler ce vide que le médium ressentait depuis le départ de son amant, cette intrusion vint directement stimuler sa prostate bien trop sensibilisée par leur précédent préliminaire. En une fraction de seconde, Jimin fut traversé par un orgasme violent qui le posséda sans crier gare, faisant trembler ses jambes qui peinaient à maintenir son corps pris de spasme. Derrière lui, ses mains agrippant fermement ses hanches, Jungkook venait de s'enfoncer totalement en lui, mais s'immobilisa quand il comprit ce qui venait de se passer.

Toujours à l'intérieur de lui, le commandant se pencha au-dessus de son compagnon et vint effleurer son lobe de ses lèvres.

— Quoi, déjà ? Je n'ai même pas commencé, susurra-t-il, amusé.

La joue collée contre la surface vitrée, Jimin tentait de reprendre le contrôle de sa respiration après cette explosion de volupté céleste qui l'avait consumé. À aucun moment, il n'aurait cru éjaculer si vite, néanmoins son corps n'en pouvait plus d'attendre, et la langue de son amant avait fait un excellent travail. Comment pouvait-il résister à cela ?

Étourdi par le plaisir qu'il engourdissait son corps, le médium ferma les yeux lorsqu'il sentit la bouche de son partenaire contre son oreille.

— Est-ce que ça va ? murmura-t-il. Tu veux qu'on arrête ?

La douceur de sa voix contrastait totalement avec ses gestes jusque-là plus abrupts. Redescendant lentement de son nuage de plaisir, Jimin ouvrit les yeux en sentant le souffle de son bien-aimé contre sa peau. Est-ce qu'il voulait arrêter ? Non. Même s'il avait joui, son envie n'était pas satisfaite, il en voulait toujours plus et surtout, Jungkook n'était pas venu.

— C-continue, implora le plus jeune.

— Tu es sûr ?

Le médium hocha la tête, donnant ainsi l'autorisation à son compagnon de bouger.

— Je veux t'entendre, beauté.

— Oui, j'en suis sûr, assura le médium en tentant de garder un timbre de voix assuré.

Jungkook se recula lentement jusqu'à presque se retirer, puis s'enfonça à nouveau, bien plus fort cette fois.

— Putain, haleta Jimin en resserrant ses doigts autour du rebord de la table.

— C'est ce que tu voulais, non ? le taquina le tatoué en accélérant ses va-et-vient.

À chaque coup de rein, son membre butait contre la prostate du blond, le faisant gémir dans les aigus pendant que son corps se balançait d'avant en arrière. Même s'il venait à peine de jouir, son excitation n'avait pas eu le temps de le quitter, elle était même toujours bien présente. Pour une fois, la sur-stimulation était divine et à chaque mouvement de bassin, il se rapprochait un peu plus de ce bord dont il était déjà tombé.

Debout derrière lui, Jungkook se délectait de la vision qui s'offrait à lui. Voir sa longueur disparaître à l'intérieur de son petit ami était la chose la plus excitante à cet instant et les plaintes qui le quittaient sonnaient comme une mélodie dans ses tympans.

Poussé par sa soif de domination, le brun saisit le bras droit de son amant et le bloqua dans son dos. Sans cesser de le pénétrer, il l'incita à se redresser et le ramena contre son torse, ayant ainsi accès à son cou qu'il prit en otage. Ses lèvres léchaient, mordillaient et embrassaient sa peau, provoquant des frémissements de plaisir et des plaintes chez son partenaire.

— Ne t'arrête pas, supplia Jimin, sa main libre, dans le dos de son amant, caressant ainsi le haut de sa fesse.

Désireux de voir ses traits se tordre de plaisir, Jungkook se stoppa soudainement et se retira, créant la confusion chez le plus jeune. Ce dernier bredouilla quelques mots incompréhensibles, puis hoqueta lorsqu'il se retrouva assis sur la table, son compagnon entre ses cuisses.

— Je veux voir ton visage, expliqua le commandant, le regard ardent de plaisir.

Incapable de parler tant il était étourdi par le manque soudain de stimulation, Jimin hocha la tête et se laissa manipuler telle une poupée de chiffon. Les mains posées sur ses hanches, Jungkook le ramena jusqu'au bord de la table, et saisit ensuite l'arrière de ses genoux, les relevant légèrement afin d'avoir enfin accès à son endroit tant convoité. En venant capturer ces lèvres pulpeuses qui l'appelaient, il amena son membre jusqu'à son entrée et le pénétra, avalant les gémissements qui s'échappaient de son amant.

Ses va-et-vient devinrent plus rudes et rapides, faisant monter la pression dans les reins du médium qui n'était que plaintes de plaisir.

— J-Jungkook, haleta ce dernier, ses mains agrippées à ses biceps contractés.

Fier de l'état dans lequel il avait mis son compagnon, le concerné ne put retenir un sourire. Malgré l'hébètement provoqué par les coups de bassin qu'il recevait, Jimin ressentit une envie folle de faire disparaître cet air narquois et satisfait de son visage. D'un geste rapide et dénué de douceur, il saisit son visage d'une main et le ramena jusqu'à lui, entrechoquant leur bouche dans un baiser vorace et négligé. Lorsqu'il rompit le contact, le médium prit la lèvre inférieure de son compagnon entre ses dents et tira dessus, le faisant gémir de douleur qui se transforma rapidement en plaisir.

— Putain, je vais venir, annonça le brun.

— Moi aussi.

Leurs iris verrouillés, les deux hommes se sondèrent jusqu'au plus profond de leur âme et quand ils atteignirent ensemble l'apogée de cette volupté, leurs corps furent pris de spasmes tandis qu'ils jouissaient en parfaite synchronisation.

Étourdi par leur orgasme, Jungkook se retira doucement. En déposant un baiser sur sa tempe, il souleva le corps de son bien-aimé et l'amena jusqu'au canapé pour s'y allonger. Installé sur le dos, le plus vieux accueillit Jimin qui vint s'allonger sur son torse, expirant de bien-être.

Le calme reprit ses droits sur l'habitation, laissant seulement les respirations du couple combler le silence.

Ses doigts perdus dans les mèches blondes et humides de son cadet, Jungkook fixait le plafond. Il repensait à tout ce qui s'était passé ces douze dernières heures et réalisa que la trahison de Hyun le blessait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Devait-il en parler à Jimin. Avait-il besoin de ça en ce moment ? D'un autre côté, il s'était promis de ne plus jamais lui cacher quoi que ce soit.

— Eh mon cœur ?

La voix douce et basse de son petit ami le ramena à la réalité. Le commandant baissa les yeux sur ce visage angélique qui le fixait. Sa joue droite écrasée contre son pectoral faisait ressortir ses lèvres, ce qui lui arracha un réel sourire.

— Hm ?

— Je te demandais si ça allait ? répéta Jimin avant de déposer un baiser près de son téton percé.

— Oui, mieux maintenant, répondit-il en l'enlaçant.

Une expiration de bien-être quitta le plus jeune qui se hissa vers le haut pour enfouir son visage dans le creux de son cou, respirant ainsi l'odeur de son épiderme.

— Tu m'as manqué, murmura ce dernier, entourant son buste de son bras fin.

— J'ai cru comprendre, gloussa le commandant.

Le jeune consultant comprit le sous-entendu dans sa taquinerie et sentit ses joues prendre feu. Rare avait été les fois où il avait joui aussi vite, mais ce soir, tous les éléments étaient réunis pour qu'il atteigne le paradis bien plus rapidement que prévu.

— Toi aussi, tu m'as manqué, beauté, confessa Jungkook, en déposant un baiser sur le haut de son crâne. Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu as fait durant mon absence ?

— Hm, rien de bien passionnant, commença le blond.

Afin de ne pas l'écraser davantage, Jimin se laissa glisser entre le dossier du canapé et le corps de son compagnon. Bien que l'étroitesse du sofa ne leur accordait pas beaucoup d'espace, le plus jeune ressentait un besoin viscéral de garder un contact physique. Il passa une jambe par-dessus sa taille avant d'entourer son buste de son bras et de poser sa tête contre son épaule. Ainsi, Jungkook ne pouvait pas lui échapper, il était prisonnier de son étreinte, tel un arbre de son koala.

— À part aller au travail, tu n'as rien fait d'autre ? reprit le plus vieux en continuant ses caresses sur son dos nu.

— Ah, tu parles de ça ! Eh bien, je suis allé dans une boite de striptease, et là-bas, je me suis tapé deux gars balèzes, en même temps bien sûr. J'ai aussi fumé de la beuh et j'ai sniffé de la cocaïne avec Taehyung.

Le sarcasme et la raillerie de son petit ami firent pouffer Jungkook. En représailles, il lui donna une tape sur sa fesse nue qu'il caressait depuis plusieurs minutes. Cette action arracha un cri de surprise au plus jeune qui lui offrit un regard noir avant d'asséner une tape sur son torse musclé.

— Eh, je t'ai claqué le cul il y a même pas cinq minutes, et tu n'as pas râlé, se défendit le tatoué en caressant la zone endolorie.

— Peut-être, mais le contexte n'est pas le même !

Un rire gras quitta les cordes vocales du brun qui était incapable de croire en la crédibilité de son petit ami.

— Hm, donc tout à l'heure, tu as aimé ça ?

Les joues du concerné devinrent subitement plus rouges, mais il hocha tout de même la tête. Est-ce qu'il avait aimé la façon dont il venait de lui faire l'amour ? Oui. Sans comprendre pourquoi, son corps et son âme ne voulaient rien de doux, ils voulaient être possédés, dominés et qui de mieux pour réaliser ce désir que l'homme qu'il aimait de tout son cœur et qui le respectait ?

— J'ai aimé ça, confirma ce dernier, sans cacher sa timidité.

Attendri, Jungkook embrassa le haut de son crâne et décida de changer le sujet. Son regard se perdit quelques secondes sur le bouquet de fleurs qu'il avait fait livrer à son amant quelques jours plus tôt.

— Tu as aimé les fleurs ?

— Oui, merci beaucoup, répondit Jimin en venant embrasser sa mâchoire. C'était trop mignon et puis tout le monde était jaloux au poste, déclara-t-il avec fierté.

— Eh bien, ravi que ça t'ai plu. J'aurais préféré te les offrir en personne.

Pour lui répondre, le plus jeune l'enlaça plus fortement, puis grimpa à califourchon sur lui, le membre de son amant juste sous ses fesses.

— Tu veux déjà remettre ça ? lança le tatoué, un sourire en coin.

— Tu serais d'accord ?

L'espièglerie dans le regard de son amant fit frémir Jungkook qui sentit son sexe se réveiller. Son excitation ne fit qu'augmenter quand il sentit remuer son bassin vers l'avant puis l'arrière, créant une délicieuse friction.

— Microbe, à moins que tu veuilles marcher en canard demain, je te conseille de cesser cette provocation.

— Je t'ai connu plus endurant que ça. Tu te fais vieux, je suis déçu, bougonna ce dernier, les bras croisés sur son torse.

— Park Jimin, tu n'es pas sans savoir que toucher l'égo d'un homme peut être dangereux.

— Hm, mais figurez-vous, commandant Jeon, que j'ai tendance à aimer le danger. Alors, que fait-on ? Je suis même prêt à devenir votre jouet si cela peut vous motiver, susurra le médium tout en effleurant les lèvres de son vis-à-vis sans pour autant lui laisser l'occasion de l'embrasser.

Le concerné laissa échapper un rire nerveux puis sans aucun avertissement, il balança leur corps, inversant ainsi leur place. En une fraction de seconde, Jungkook se retrouva au-dessus de son petit ami et le retourna sur le ventre. Sans la moindre hésitation, il vint claquer sa fesse gauche, marquant ainsi sa peau opaline qui ondula sous le coup.

— Je t'ai déjà dit que tu avais un cul à se damner ? lança ce dernier en venant mordre son omoplate.

— Hm, tu serais prêt à vendre ton âme pour ça ?

— Oh oui beauté, mais pourquoi je le ferais alors qu'il est juste sous mes yeux et à ma disposition ? répliqua le commandant en glissant son membre entre ses morceaux de chair rougis par ses assauts.

À genoux entre les jambes de son amant, le brun ne lui laissa pas le temps de répondre et le pénétra lentement. Allongé sur le ventre, ses bras entourant l'oreiller sous son visage, Jimin laissa échapper un cri silencieux avant de rouler des yeux, tant l'intrusion était divine.

— Maintenant, va falloir assumer, lança Jungkook en agrippant ses hanches.

D'un mouvement sec, il releva le bassin de son partenaire, puis se pencha en avant, collant son torse contre son dos. Jimin vint naturellement à la rencontre de sa bouche et lui offrit un baiser vorace avant de lui donner son aval pour la suite.

Après tant de jours séparés, les deux amants venaient de se retrouver et ne souhaitaient pas se quitter de si tôt. Ce soir, leur appartement allait être témoin de leurs ébats les plus bestiaux.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

En ce dimanche matin, une sonnerie stridente résonna dans la chambre conjugale. Chacun de leur côté – un allongé sur le ventre, la tête enfouie dans son coussin, et l'autre lui tournant le dos –, tentait de faire abstraction du réveil qui venait de perturber leur sommeil. Grommelant dans sa barbe, Jimin se retourna et frappa sans grande précaution le derrière de son amant, dont les faibles ronflements témoignaient de son endormissement.

— Eh grincheux, ton réveil ! marmonna-t-il en le poussant légèrement avec son pied.

— Hm, laisse-moi dormir, grommela ce dernier en recouvrant sa tête à l'aide de son coussin, créant ainsi un barrage sonore.

— Mais éteint ce foutu téléphone, ordonna le médium.

Voyant que son compagnon s'était rendormi, il soupira d'agacement, puis, toujours nu comme un ver, lui grimpa dessus pour atteindre l'appareil. Sept heures quarante-cinq, s'ils voulaient être à l'heure au travail, ils leur restaient très exactement... En réalité, s'il prenait en compte les vingts minutes de trajet qui les séparaient du commissariat, ils étaient déjà en retard. Depuis combien de temps cette alarme sonnait-elle ? Bonne question. Les deux hommes étaient si éreintés de leur activité sexuelle de la veille qu'ils n'avaient même pas entendu le téléphone.

— Lève-toi, on est à la bourre, fit Jimin en jetant l'oreiller de son petit ami au pied du lit.

— On est dimanche, bredouilla le commandant sans ouvrir les yeux.

— Pas de repos pour les braves ! Tu dois parler à Lim, je te rappelle !

Sa joue droite écrasée contre le matelas faisait ressortir ses lèvres en une moue de canard qui fit pouffer le plus jeune. Conscient qu'il ne parviendrait pas à le réveiller avec de simple mot, ce dernier s'allongea face à lui et vint à la rencontre de sa bouche, lui offrant un baiser chaste.

— Allez, grincheux, réveille-toi, murmura-t-il en caressant ses mèches sombres. On a tous les deux besoin d'une bonne douche.

Ses doigts qui, jusqu'à présent, grattaient tendrement son cuir chevelu, descendirent dans son dos, puis le creux de ses reins pour venir enfin effleurer ses fesses musclées. Voyant que celui-ci ne réagissait pas, le médium retira sa main et se redressa.

— Bon, je vais aller me doucher seul du coup, souffla Jimin de façon dramatique.

Même à moitié endormi, Jungkook comprit les sous-entendus présents dans la phrase de son amant et ouvrit les yeux. Ce dernier l'observait, un sourire taquin sur les lèvres, puis sans lui donner le temps de répliquer, il sauta hors du lit et quitta la pièce sans même prendre le temps d'enfiler un boxer.

— Eh, attends-moi ! lança le brun en s'étirant tel un chat. Pourquoi je me fais toujours avoir, soupira-t-il tout en se levant à son tour.

Dénué de motivation, le commandant s'extirpa à son tour de cette surface moelleuse qui lui assurait toujours une bonne nuit de sommeil et alla rejoindre son cadet. S'il voulait sortir de cet état de léthargie, il avait besoin d'une bonne douche et de caféine, beaucoup de caféine.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Même si un grand nombre des officiers était en repos, l'arrivée de Jungkook au poste de police, s'était faite remarquer. Après avoir échangé avec quelques collègues, le brun était monté à l'étage et avait immédiatement rejoint le bureau de Lim. Pendant les premières minutes, les deux hommes discutèrent de son séjour à Séoul et ce qui en avait découlé.

Ayant fait une copie des enregistrements qu'ils avaient obtenus durant leur absence, le commandant donna la clé USB à son supérieur, lui demandant d'analyser lui-même les images dans l'espoir que cela suffise à rouvrir l'enquête. Après cela, vint le sujet de Cho Hyun.

Sans le moindre filtre, Jungkook raconta au capitaine tout ce qu'il avait entendu au sujet de la trahison de Hyun et les raisons qui l'avaient poussé à faire cela. Bien que déçu, le commandant comprenait son geste, et même s'il était en colère contre lui, il demanda à son supérieur ce que cela ne vienne pas entacher sa carrière.

N'ayant plus aucune confiance en personne. Jungkook décida de ne pas parler à ses collègues de ce qu'il avait appris. Il donna simplement rendez-vous à Lian et Taehyung chez lui après le travail, afin qu'ils puissent enfin échanger sur leur plan à venir.

Si par malheur Lim refusait d'ouvrir l'enquête par peur des conséquences, Jimin et lui iraient de l'avant et feraient tout pour stopper, une bonne fois pour toutes, ces hommes dangereux.