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- Je suis rentré.
- Oh, bonjour Jisung ! Ça a été ta journée ? Sourit le père du jeune lycéen en se retournant vers son fils, son tablier de cuisine noué autour de sa taille.
- Oui, ça va.
Jisung n'ajouta pas un mot de plus, partant vers les escaliers tandis que son père se retournait vers ses casseroles qui contenaient le repas du soir. Une fois qu'il fut seul dans sa chambre, le jeune lycéen s'assit à son bureau. Comme à son habitude, il commença alors à dessiner Minho. Tout autour de lui, les murs étaient couverts de dessins du brun. On pouvait le voir sous tous les angles possibles et imaginables, son visage retranscrivant à chaque fois des émotions différentes.
Sur les murs, il n'y avait plus que lui. On ne discernait presque plus aucun croquis en noir et blanc que Jisung faisait avant. Il n'y avait plus que ces portraits à l'aquarelle. Plus que Minho. Car Jisung ne regardait plus que lui. Dans le monde de Jisung, il n'y avait que Minho. Plus le temps passait, et moins Jisung n'arrivait à se contrôler. Il en devenait fou.
Une fois son dessin de la journée achevé, Jisung l'accrocha quelque part avec quelques bouts de scotch. Puis, il se laissa tomber dans son lit. Avant, il ne pensait à Minho que quand il le voyait. Maintenant, il occupait ses pensés en permanence. Tout était toujours lié à lui. Il était inévitable. Il ne sortait jamais de ses pensés. C'était comme un cercle vicieux. Et Jisung s'y était retrouvé piégé. Mais ça ne le dérangeait pas. Au contraire. Il ne demandait qu'à tomber plus profond. Minho l'avait capturé dans ses filets, mais Jisung ne se débattait pas. Il attendait, le sourire aux lèvres.
Jisung soupira. Il ébouriffa rageusement ses cheveux sombres, avant de se redresser. Il souffla un bon coup. Et puis, il se releva. Il avait des devoirs à faire pour le lendemain. Ça n'allait pas se faire tout seul. Alors il prit place en face de son bureau, ouvrant ses livres et ses cahiers.
Et puis le temps avait continué. Quelques mois étaient passés. Petit à petit, Minho avait perdu sa popularité. En apprenant à le connaître, les autres s'étaient finalement rendu compte qu'il n'avait rien de spécial. Minho n'était plus un mystérieux nouveau. À présent, il était un lycéen banal. Les autres s'étaient détournés. Mais pas Jisung. Alors que plus personne ne le regardait, les yeux brillants de Jisung étaient toujours braqués sur Minho. Pour lui rien n'avait changé. Son admiration pour Minho ne faiblissait pas. Bien au contraire.
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Un soir, alors que Jisung suivait Minho après les cours comme à son habitude, le brun s'arrêta soudainement. Il était devant chez lui. Il resta immobile de longues secondes. Mais finalement, il continua sa route, dépassant le portail de sa maison. Jisung haussa les sourcils mais ne dit rien. Et il reprit sa marche. Il suivait Minho.
Après une dizaine de minutes, Minho s'arrêta finalement. Il laissa tomber son sac de cours par terre, avant de sauter sur le petit muret qui bordait la route. Il s'assit sur les pierres chauffés par le soleil, les pieds ballants dans le vide. Jisung sourit. Il abandonna lui aussi son sac et se hissa aux cotés du brun. Là, ils regardèrent le paysage qui se déployait devant eux. Sans un mot.
- Tu rentres pas chez toi ? Demanda finalement Jisung en tournant la tête vers Minho, détaillant son profil baigné du soleil de fin d'après-midi.
- C'est pas chez moi.
- Alors c'est chez qui ?
- Chez ma tante. Lâcha Minho, le regard toujours droit devant lui.
À cet instant, il n'avait plus ce sourire assuré qui ne le quittait pas. Il semblait... fragile. Et Jisung n'eut rien à dire pour qu'il continu de parler.
- Ma mère est en Belgique et mon père à Taïwan. Ils se sont séparés, cet hiver. Ils ont vendu l'appartement qu'on avait à Séoul. Mais j'avais pas envie de quitter la Corée. Alors ils m'ont envoyé chez ma tante. Comme ça je peux terminer le lycée ici. C'est pour ça que j'ai déménagé.
- T'es pas triste ?
- Non. J'ai l'habitude. Les gens se lassent toujours de moi. Mes parents aussi.
- Et moi ?
- Tu dois être un caillou...
Jisung pouffa, et Minho tourna enfin la tête vers lui. Leurs regards se mélangèrent.
- C'était pas un compliment. Lâcha Minho alors que Jisung ne pouvait s'empêcher de sourire.
Mais cela ne fit qu'agrandir son rictus. Minho eut un mouvement de recul.
- Arrête de sourire, on dirait un fou.
Mais Jisung n'arrêta pas. Il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était plus fort que lui. Alors Minho soupira. Il tourna la tête, redirigeant son attention vers le paysage devant lui. Jisung se pencha un peu en avant pour pouvoir mieux observer le visage serein de Minho.
Un très léger sourire soulevait les coins de ses lèvres rouges et pulpeuses. Ses cheveux bruns retombaient légèrement sur ses oreilles, le soleil déclinant leur donnant des reflets d'or. Dans ses yeux sombres brillait de doux éclats ambrés, révélés par la lumière orangée qui embaumait son visage. Vu comme ça, Minho avait l'air irréel. Il rayonnait, avec ses joues légèrement rougies.
- T'es beau... Souffla Jisung.
Aussitôt le brun tourna la tête vers lui, croisant le regard du jeune lycéen à travers le rectangle que formait ses doigts. Il grimaça.
- T'es vraiment fou.
Et puis Minho se retourna, sautant à terre en récupérant son sac. Il s'éloigna silencieusement. Et Jisung le regardait, perché sur le muret de pierre. Son souffle s'était coupé.
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- Merci. Sourit Jisung en s'inclinant vaguement tout en saisissant le plateau que lui tendait le cuisinier en face de lui.
Machinalement, il se retourna vers la salle bondée. Partout, des groupes de lycéens mangeaient en discutant, leurs baguettes en métal claquant contre leurs assiettes à compartiments. Ce n'était pas rare que le self soit bondé. Pourtant, cette fois là, il n'y avait vraiment plus aucune table de libre.
Jisung soupira, lançant un regard panoramique autour de lui. Mais soudain, il repéra un visage familier, au loin. Là, sur une petite table de quatre, Minho mangeait tranquillement. Comme souvent ces derniers temps, il était seul. Inconsciemment, Jisung sourit. Et sans même qu'il n'y fasse attention, ses pas le guidèrent jusqu'au brun.
Sans un mot, Jisung s'assit à côté de Minho. Il ne reçut pas un regard. Pourtant son cœur s'affola.
- Pars. Lâcha Minho en enfournant quelques grains de riz dans sa bouche.
Mais Jisung ne partit pas. Il commença à manger, le regard rivé vers Minho. Autour d'eux, le monde avait disparu. Le brouhaha des discussions lycéennes avait laissé place au silence qui liait les deux jeunes hommes. La tension qui s'électrisait entre leurs deux corps les empêchait presque de respirer.
- T'aimes pas le kimchi ? Fit Minho en désignant du bout de sa baguette le petit tas de chou fermenté qui gisait au bord du plateau de Jisung.
- Celui du self est trop épicé. Je peux pas le manger.
Sans un mot, Minho piqua un bout de kimchi qu'il apporta à sa bouche. Jisung pinça ses lèvres. Son cœur tremblait. Minho mangea silencieusement tout le kimchi de Jisung, l'air désintéressé. Puis il se reconcentra sur son propre plateau, vidant peu à peu tous les compartiments. Mais soudainement, un grain de riz tomba sur sa main posée sur le bord de la table. Le sang de Jisung ne fit qu'un tour dans ses veines.
Sans pouvoir se contrôler, il se pencha vigoureusement, déposant ses lèvres sur la main de Minho pour récupérer les quelques grains de riz. Contre son visage, la peau de Minho frémit. Le brun resta figé pendant d'interminables secondes, avant de retirer violemment sa main, manquant de donner un coup à Jisung.
- Espèce de psychopathe ! S'écria-t-il en se levant avec vigueur, manquant de renverser sa chaise tandis que ses yeux s'écarquillaient de surprise. Trop flippant...
Il saisit son plateau avant de tourner les talons, s'éloignant d'un pas rapide. Jisung n'avait pas bougé. Il avait suivi Minho des yeux. Dans son corps, c'était le chaos. Une tempête s'était déclenchée dans ses entrailles. Et elle avait tout emporté sur son passage.
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