
Unions - Partie 1
Shiganshina, 17 septembre 852
« ... Non », laissa tomber Jules, livide.
Dans la salle de réunion, ils étaient six. Lui, Eha, Ymir, Isaac, Rebecca, et Mike en prime. Lequel remplaçait manifestement Hansi, de ce que Jules en avait compris, avant qu'Ymir ne lui mette cette fichue lettre sous son pif pointu.
Lui comme Eha avaient vu leur teint hâlé pâlir au fil des mots. « Angela et Ulysse... sont du côté des américains... », articula-t-elle d'ailleurs, fantomatique. Ses courtes boucles noires cachaient presque ses iris ambre. Cependant, son frère devinait sans mal son horreur, puisqu'il la ressentait lui-même. Et elle l'avait vidé de toute pensée parasite.
Il se sentait un avec son environnement, tant son esprit était parti loin de son corps. Il pensait même pouvoir profiter de la jolie lumière de l'aube de début d'automne, qui envahissait la pièce étroite. Entre de beaux murs de pierre, tous étaient debout, exposé à une fenêtre aux carreaux en losange, donnant sur l'une des rues de terre battue de Shiganshina.
Oui. Ymir et Isaac n'étaient pas leur cousine et cousin. Non. Leur oncle et leur tante étaient portés disparus ou morts, et non pas chez leurs ennemis. Tout se passait bien. Son quotidien n'allait pas être bouleversé. Peut-être que l'albinos qui lui avait tapé dans l'œil leur faisait une farce. Seule option... Mais le noiraud tomba à genoux sur les dalles inégales, froissant cette fichue feuille jaunie au passage.
... possible...
« Je n'ai pas une tronche à déconner », articula Ymir avec lenteur. À défaut de la voir, Jules la devina bien désigner le semi-géant, et fixer le juge de ses prunelles aussi brunes que ses cheveux. Elle ressemblait terriblement à un mélange d'Ulysse et d'Ayla. Cela l'avait dérangé dès sa venue.
Un long silence coula, autour d'eux. Les longues mèches du jeune homme glissèrent progressivement devant son visage bronzé et fin. Impossible. C'était impossible, mais bien là. Il n'eut pas la force de regarder Isaac en face. Devait-il le croire sur parole ? Il ne le connaissait pas, après tout.
Néanmoins, il avait hérité du teint pâle d'Ulysse. Leurs traits affreusement similaires confirmaient d'eux-même la lettre ressassant tout le passé d'Ymir et d'Isaac. Et il ne parlait pas de Rebecca, l'ancienne ennemie se tenant à côté. Celle qui avait participé à cette manigance. Qui avait persuadé Ayla et Ulysse à enfanter, et avait modifié le code génétique d'Isaac et d'Ymir pour en faire des monstres. Elle.
Il se leva avec labeur, et se tourna vers la trentenaire aux longues boucles corbeau. Sa mine triangulaire et élégante se tordit aussitôt d'une profonde peur, dont il n'eut cure. Il s'avança vers elle, pas à pas. Et il arriva enfin à sa hauteur. Et il la saisit mollement par le col. Son terrassement se vit chassé par une colère sourde dès qu'elle tressauta, les paupières écarquillées.
« Pourquoi... ? » énonça-t-il. Elle se mit à trembler, au bout de son bras. Pire encore, elle ne dit rien. Elle resta muette, alors qu'elle faisait pleinement partie de cette histoire.
« Notre oncle et notre tante..., chevrota-t-il sous la fureur.
— Jules, murmura Eha.
— On les a cherchés durant des années. On a cru les perdre.
— Eh, le basané, jeta Ymir.
— On a même fait notre deuil, et vous... »
Il serra sèchement les dents, et la secoua comme un prunier, les prunelles exorbitées sous les larmes et l'incompréhension. « Vous en avez fait du bétail ? » gronda-t-il. Elle poussa un cri de terreur. Elle aussi pleurait. Face à cela, le juge contracta le poing. Et, tandis qu'il se souvenait de cette famille disparue, une autre vague haineuse le frappa de plein fouet : il leva la main avec brutalité, brisé au possible.
« Vous les avez juste exploités comme des putains de pions ?! »
Mais alors qu'il n'allait qu'abattre sa paume sur le bureau derrière, Eha se précipita sur lui. Isaac dégaina son couteau, et s'apprêta à l'immobiliser. Quant à Rebecca... Il la regardait, droit dans les yeux. Il vit l'éclat terrorisé qui avait traversé ses pupilles. Elle se saisit de son poignet avec force, se retourna d'un coup, et le balança par-dessus bord dans un cri déchiré.
Son dos rencontra violemment la table en question : à lui de pousser une exclamation de douleur. Rebecca, elle, haleta de longues secondes, suante et cadavérique. Un lourd silence tomba sur eux : Jules n'en comprit la cause que lorsqu'il vit les mines stupéfaites d'Ymir, Mike et Isaac – celui-ci même qui était, d'ordinaire, si fermé. Il était là, le poignard en suspens, immobilisé dans sa course ; sa bouche béait à s'en décrocher les mâchoires.
... D'accord. Qu'est-ce que j'ai fait ? La douleur qui irradiait sa colonne vertébrale lui arracha un gémissement. Il se redressa, assis sur le meuble, et se frotta les reins. Si l'irritation avait remplacé la hargne, cette bonne bousculade lui avait remis les idées en place. Il étudia de nouveau la mine des autres, grimaçant.
Eha ne saisissait pas plus que lui ce qu'il se passait. Elle s'approcha, tant inquiète que choquée. Puis, ils jetèrent un regard à chacun des membres des Murs. Petit à petit, Jules comprit le pourquoi du comment.
Ils ont tous cru que j'allais mettre une torgnole à Rebecca... Mais frapper un autre être humain, il était incapable de faire ça. Même s'il allait manifestement devoir s'y mettre, puisque la bataille ouest était en préparation, et que des volontaires de sa Division allaient venir.
Pour ce qui était de celles d'Okabe, de Fang, d'Oskar, et – surtout – d'Astrid... Chacun de ces juges avaient ramené une centaine de leurs camarades. Ces centaines s'étaient arrêtés en cours de route, et postés hors des Murs, à attendre des propositions de la part de leur responsable respectif. Tous allaient se ramener, incessamment sous peu.
Tous allaient se salir les mains. Et notre famille, à nous, l'a fait depuis longtemps...
Il ferma ses yeux un instant, pour mieux les poser sur Isaac et Ymir. « Dis... », lui demanda-t-il d'une voix ténue. « Tu ne gardes absolument aucun souvenir d'eux... ? » La brune détourna ses petites prunelles. « Exact. J'étais dans le même état que vous deux. Fallait vraiment me filer ça en pleine bière, Isaac ? Et t'es mon frère, en plus. Encore, que ces deux gugusses soient mes cousins, pourquoi pas... »
Elle baissa la tête, l'œil rond. Sa face allongée refléta une horreur palpable. « C'est pour ça que cette mégère m'a dit de changer d'identité... Et je suis née chez ces pourris. Au moins, l'une d'eux a tenté de me faire une grâce », ricana-t-elle avec peu de conviction. Elle passa une main sur son haut front, un sourire tremblotant aux lèvres. « Ouais. Je crois que cette Penny a bien fait. Sinon, j'aurais pété un câble. »
Eha inspira un coup, puis croisa ses bras musclés sur son plastron aux écailles sombres. « Rebecca. Tu étais au courant, qu'on était ses cousins ? » L'intéressée secoua la tête, encore perturbée. Un simple geste, juste ça... ?
« Personne n'est au courant, sauf si Ulysse et Ayla ont parlé de vous deux. Mais ils ne l'ont pas fait, ou on m'en aurait informée.
— Vous saviez, pour Ymir ? questionna subitement Mike. »
Elle sursauta pour de bon : c'était la première fois qu'il prenait la parole, depuis plus d'un foutu quart d'heure. Eha et Jules, eux, échangèrent un coup d'oeil en les entendant se vouvoyer. « Oui », avoua Rebecca. « Mais je n'ai pas pensé à vous parler de leur lien de parenté. Il s'est passé... trop de choses. »
Il hocha simplement la tête, puis posa ses iris au vert pâle sur la porte de pin de la pièce. « D'autres choses à ajouter ? » Le silence qui suivit fut évocateur. Il leur fit signe qu'ils pouvaient disposer. « Jules, Eha. On vous conseille fortement de vous entraîner encore, si vous souhaitez participer à l'assaut de la base américaine ouest. »
Les deux acquiescèrent. « On compte bien le faire... », murmura la jeune femme. Puis, elle prit les devants, suivi par un Jules qui tentait déjà de resserrer sa queue-de-cheval. Le couloir lumineux qui les accueillit ouvrait sur la cour intérieure : le juge repéra sans mal Okabe et Astrid.
Le premier polissait soigneusement son sabre. Assis sur un tabouret, ses courtes bottes de cuir solidement plantées dans la terre battue, il ne laissait aucune poussière perturber le blanc de son haut croisé, ruban, et pantalon large. À sa hanche, un fourreau ; dans son dos, un arc et des flèches. Les gars de sa Division se battent rarement. Comment est-ce qu'il compte y arriver ?
Astrid, à côté, semblait trop bien s'en sortir – et pourtant, elle portait du matériel bien plus lourd, avec sa large épée, son armure quasi-intégrale, et son arbalète solide et sombre. Elle avait pris le soin de ranger ses longues mèches brunes en une couette basse. Jules était incapable de lire son expression, puisque sa frange cachait ses prunelles émeraude et son front bronzé, mais la devinait sans mal.
Malgré tout son manque d'assurance, elle était peut-être bien la plus motivée d'eux tous.
***
Périphéries extérieures de Shiganshina, 1er octobre 852
Carla écoutait avec attention les indications d'un Gelgar monté sur une caisse de bois, papier à la main. Face à lui se rassemblaient bien plus de soixante-dix personnes : dans le tas, des explorateurs, et des membres des Divisions.
Ceux-ci s'étaient regroupés entre camarades. Astrid restait avec ceux habillés d'une armure de fer solide. Un jeune asiatique vérifiait de ses yeux noirs l'état des armes variées de ses compagnons. Jules, Leonid, Eha, et Sara, tassés parmi d'autres, étaient reconnaissables par leurs fourreaux dans le dos et leurs plastrons corbeau. Et cette Kwamboka décidément écrasante, elle, tirait sur la corde de son arc : son visage triangulaire et sombre était quasiment lugubre. Puis, il y avait Eren et Annie, plus loin.
« Hansi, Marion et Antoine ne veulent pas risquer que vous tentiez de vous coordonner maintenant, au sein d'une même escouade... Alors, leur idée est que vous restiez, pour l'instant, dans votre zone de confort. Mais vous devrez observer les membres extérieurs à vos... » Il plissa les paupières. « ... Divisions, oui. Vous serez en face d'humains, et vous avez commencé à vous confronter à d'autres personnes, mais il faut être prêts, pour combattre du titan. Si vous êtes d'accord », parut-il réciter.
Il passa une main dans son pompadour au blond foncé, et attendit. Naturellement, seuls les soldats plaquèrent leur poing contre leur coeur, sous le regard désapprobateur des autres. Mais ces derniers se concentrèrent vite sur leur but : devenir plus forts. Pour preuve, s'entraînaient depuis leur venue, il y avait un peu moins de deux semaines de cela, et Carla avait été soufflée par leurs aptitudes physiques. Ils vivaient à la dure, et cela se voyait à leur résistance et leur endurance.
« Quant aux explorateurs », reprit Gelgar dans un toussotement. « Observez bien leurs mouvements, et adaptez-vous. Nous sommes les seuls, ici, à n'avoir aucune idée de la façon dont les autres se battent contre les titans. Il ne faut pas que ça vous perturbe, sur le champ de bataille. Jäger, Leonhart, vous pouvez y aller. »
Après un « compris » unanime de la part des subalternes du vétéran, les deux s'écartèrent suffisamment du groupe. Peu leur en fallut-il pour qu'un éclair ne frappe la terre, et que leur titan s'élève dans une chaleur et une lumière toujours aussi époustouflantes. Les prunelles ambre de Carla observèrent plus particulièrement le géant du brun. L'incompréhension qui s'insinua chez elle, à ce moment-ci, était peut-être bien le plus étrange, le plus mitigé qu'elle n'ait jamais rencontré.
Mon sang coule dans ses veines... mais ce n'est pas mon enfant. Qu'aurait-il pu se passer, si Grisha était venu dans les Murs ? Si, comme l'alter-ego de la brune, ils avaient rejoint la R2.0, voyagé avant 845, et conçu un enfant ? Elle s'imagina, pendant un court instant, dans une vieille maison de pierres et de pin, aux côtés du médecin. À quoi aurait ressemblé ma vie ?
Néanmoins, elle n'aurait pas été avec Marion. Comment avait-elle pu vivre sereinement, malgré une telle absence ? De plus, elle était morte, pour protéger son enfant et l'humanité. Cela... cela lui ressemblait. Elle serait capable de se sacrifier encore, pour sa sœur.
« Quitte l'armée. » La voix de sa cadette résonna soudain dans son crâne. Elle vit à peine les signaux verts que venait de déclencher Gelgar, et n'entendit pas moins les chevaux élancés et fins des Divisions de Piirissaar s'élancer aux côtés des double-poneys de l'Himalaya. Elle ne comprit qu'à cet instant la raison pour laquelle elle lui avait demandé une telle chose.
Je pourrais mourir pour elle... Elle la revit en train de se tordre au sol, ses mains plaquées contre son visage déchiré et sanguinolent. Mais si elle se sacrifie pour moi... est-ce que je serais capable de continuer... ?
« Carla ! » l'exhorta-t-on. L'intéressée releva brutalement la tête. Les claquements sourds des sabots, le crissement des épées dégainées de leurs fourreaux, les mots criés, tout la heurta d'un coup. C'était Gelgar qui l'avait appelée, et montrait d'un air sévère l'esquisse de bataille se déroulant plus loin. « Bouge ! »
Alors, elle grimpa sur sa monture claire, et bougea.
Le galop de l'équidé et l'air maltraitant sa basse couette noire lui remirent vite les idées en place. Au milieu des herbes dansant telles des vagues sous un soleil timide, l'attendaient des mannequins, deux mastodontes intelligents, et des maquettes bien plus simples. Celles-ci étaient réservées aux détenteurs d'équipement tridimensionnel.
Tandis qu'elle fonçait, elle se souvint des indications de leur supérieur : attaquer avec le plus d'efficacité et de précision possible, et choisir minutieusement ses ennemis. Ses pupilles balayèrent les capes vertes de ses camarades.
Bien plus de monde se dirigeait vers les faux titans, ou Annie et Eren, que ces esquisses d'humains. Seuls quelques combattants dotés d'une armure intégrale et grise, et d'autres, de hauts sobrement blancs, les maltraitaient de leurs épées. Elle devait viser ces bonhommes en mousse, et les imaginait déjà dotés de fusil, leur canon pointés sur elle.
Elle enserra ses mollets contre les côtes de son cheval, et tira deux lames, les dents serrées. Elle crut perdre l'équilibre une ou deux fois sous la course de l'animal, mais s'y habitua vite en restant collée à sa selle. Lorsqu'elle reprit les rennes, elle le talonna de nouveau : et il accéléra la cadence, et elle se dirigea droit vers un buste dur, et elle leva ses épées en criant.
Elles entaillèrent le faux corps dans l'instant.
***
« À gauche ! » cria Eha. Leonid fronça son épais nez noir, et analysa le haut titan musclé d'Eren de ses prunelles tout aussi sombres.
À gauche. Là où ses talons n'étaient pas encerclés. Le semi-géant courait avec lourdeur, et leurs Akha-Teke faisaient de leur mieux pour suivre de toute leur rapidité et adresse. Celui de Leonid, lui, y parvint sous de nombreux ordres. Le sol tremblant sous eux, et l'ombre du monstre, eurent tôt fait de régir leurs attaques.
Et, surtout, le talon de leur adversaire se faisait de plus en plus accessible.
Le trentenaire dégaina de son dos musclé ses deux sabres, effleurant ses mèches mi-longues et rêches au passage. Avance, pensa-t-il, les dents serrées. La façon dont il ôta les pieds de ses étriers signala à son destrier l'exact chemin qu'il devait prendre. Ces bêtes-ci étaient intelligentes, tant et si bien que Leonid les considéraient comme ses égales.
Celle qu'il avait choisie se hâta jusqu'à la hauteur de ce pied destructeur. Aucun des deux n'eut cure de la poussière et de la terre lapidant leur face. À l'instant où ils allaient dépasser leur cible, l'équidé prit un virage serré, et l'homme leva ses sabres avec vivacité. Il entailla puissamment le tendon de son adversaire, et battit aussitôt en retraite, alors que le géant tombait à terre. Il jeta un coup d'oeil derrière lui : Sara venait de faire de même, et du sang tâchait encore sa longue couette rousse.
« Reculez ! » s'exclama Kwamboka. Ils filèrent à contre-sens d'un commun accord. Aux gars de l'Himalaya de poursuivre Eren, à cru sur leurs poneys. Chacun tendit son arc, la juge suprême la première. Trois d'entre eux cavalèrent moins rapidement en face du géant... à l'abri des tirs de leurs camarades. Une nuée de flèches s'abattit sur le monstre. Si celles qui se plantèrent dans son dos ne lui firent aucun effet, il rugit bien lorsqu'on explosa ses yeux en plein galop.
Leonid en fut soufflé. Ils étaient capables de viser si précisément en bougeant à une telle vitesse, alors que lui et les autres membres de Piirissaar pouvait tout juste transpercer des oiseaux qui volaient bas au-dessus d'eux. Comment s'en sortaient les autres ? Quelles méthodes utilisaient-ils ?
Il put voir le titan tout en chair rosée d'Annie n'émettre que quelques nuages de vapeur. Ceux du Moyen-Orient, avec leur unique et lourde épée, n'arrivaient qu'à entailler sa peau, et atteignaient tout juste son visage grâce à leurs solides arbalètes. Ils n'y arriveront pas. Ils ne sont pas taillés pour affronter des titans. Leurs cibles, à eux...
« Laissez-la nous ! » tonna une petite adolescente blonde aux yeux bleus. Les autres reculèrent : elle et ce qu'il reconnut être Sasha s'élevèrent de terre, et foncèrent derrière les genoux d'Annie. Laquelle se retourna vivement, mais ce fut sans compter la façon dont ces deux soldates volaient grâce à leurs câbles.
Elles se mouvaient agilement, autour des jambes du monstre, et tranchaient des bouts de chair par-ci par-là. Mais les choses devinrent bien plus efficaces lorsqu'elles échangèrent une œillade décidée, et prirent deux directions différentes. La brune fondit en bas, sa camarade fila dans le sens opposé.
Droit vers la nuque de son ennemie, réalisa-t-il : celle-ci la couvrit de sa large paume. L'exploratrice planta illico son axe dans son biceps, et pirouetta comme elle le put sous son aisselle, une fois, deux fois, avec tout juste assez de vivacité pour que la semi-géante ne change pas de main à temps. Son bras retomba le long de son corps... et elle tomba à son tour. Sasha avait sectionné son talon durant la manœuvre.
C'est de cette façon qu'ils ont survécu. Mais il reprit vite ses esprits. Eren était toujours en état de se mouvoir : il fallait que quelqu'un le finisse. « Leonid ! » l'appela Jules au-dessus du bazar ambiant. « On y va ?! » Son visage fin et hâlé, ses iris noisette, reflétaient tout de sa détermination. Face à cela, son camarade le suivit jusqu'au mastodonte toujours au sol.
Ils rangèrent leurs lames, et actionnèrent les pics de leurs semelles et bracelets. Dès que le corps immense et brûlant d'Eren se retrouva juste au-dessus d'eux, chacun se jeta sur une cuisse, et l'escalada tels des lézards sur un pauvre muret. Ils espérèrent être assez rapides pour atteindre sa nuque avant qu'il ne bouge. Les choses s'avérèrent bien plus compliquées.
Eren se redressa avec lenteur. Il ne devait qu'à peine les sentir, car il ne leur prêtait aucune attention. En voyant cela, la Kwamboka assistant à la scène parut foncer juste devant le mastodonte pour le distraire, et tirer une nouvelle munition. Maintenant. Ils coururent jusqu'en haut des épaules géantes du bougre, se rattrapèrent parfois à la plateforme brûlante qu'elle formait, et atteignirent enfin sa nuque, leurs longs cheveux au vent.
Mais le brun secoua la tête dès qu'on visa de nouveau son œil : Jules tomba en arrière dans un cri, le coeur de Leonid rata un battement. Il plongea illico sur lui, le rattrapa de justesse, et glissa jusqu'en bas du corps du géant, les dents serrées et les paupières écarquillées. Le pic de son avant-bras droit déchira de justesse la peau du monstre avant qu'ils ne puissent définitivement chuter de cinq mètres.
Jules tenta à son tour de trouver un appui. Leonid observa, l'estomac noué, le sol vert bien en-dessous de leur tête. Sol vert même sur lequel ils avaient failli s'écraser. « Eren ! » hurla quelqu'un. « Leonid et Jules doivent descendre, ne bouge pas ! » Les trois s'y plièrent sans broncher, alors que les autres membres des Divisions échangeaient des œillades perdues.
Ces dernières criaient tous la même évidence : ils pensaient être capables de combattre côte à côte. Mais, au final, allier leur force était purement fatal.
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