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Le rouge et le blanc - Partie 5

Base américaine nord, 14 mai 842

Cela faisait près de huit mois qu'il s'était envolé. Dès son départ, Angela avait ressenti un grand vide. Il ne lui avait fallu que quelques jours pour détester celui-ci au plus haut point, et le combler en se battant toujours plus fort, toujours plus vite. Pourtant, malgré tous ces efforts afin d'arriver ne serait-ce qu'à la cheville de son frère, et les progrès qu'elle montrait dans la maîtrise de son tout nouveau pouvoir, on répétait dans son dos qu'elle n'en atteignait pas même l'orteil.

Elle s'y était habituée. Michael ayant été détruit par Isaac, elle avait dû s'entraîner contre une Penny précautionneuse. Précautionneuse... Je ne vaux rien. Angela et Ulysse avaient beau se tourner de nouveau vers elle, ils revenaient trop tard. L'au-revoir qu'elle allait leur adresser, ce jour-ci, elle n'en ressentait plus même une once de peine.

On allait l'envoyer dans les Murs en cette nuit claire, sous la supervision de Penny.

Le ciel azur était percé de mille étoiles. La barricade qui protégeait la base des titans et d'attaques extérieures n'était plus qu'un mur noir, insensible à la bise fraîche de cette soirée-ci. Elle et la vétérane étaient plantées là ; la première observait le poignard à la ceinture de son épais pantalon, et la seconde portait un lourd, très lourd sac de provisions. Puisqu'ils ne pouvaient pas s'infiltrer dans les Murs à cheval, elles allaient y aller en titan. Ces mois de pratique intensive allaient peut-être payer.

« Angela... », l'appela doucement sa mère. Elle se retourna machinalement, pour poser ses deux iris noisette sur le visage rond et plat de l'autre. Une larme avait coulé, sur sa peau hâlée. Derrière, le petit dadais blond et barbu lui servant de père. Angela avait hérité de ses taches de rousseur. Probablement la seule chose qu'elle leur trouvait encore en commun, dans ce lien père-fille.

« Viens dans nos bras. » Elle hocha la tête, et obéit. Toutefois, elle hoqueta dès qu'ils l'étreignirent avec force.

« Fais attention à toi, gémit Ayla. Tu vas nous manquer... énormément.

— Tout comme a dit ta mère, murmura Ulysse. »

Leur enfant resta clouée sous la stupeur. Elle s'était attendue à bien des choses, sauf à une telle affection. Elle sentait enfin leurs bras chauds, et leurs mentons durs sur son crâne. On lui caressa même la nuque et le dos : la face souriante et déterminée d'Isaac s'imposa avec violence dans son esprit.

Elle ne lui avait pas même dit proprement au-revoir. Et, tandis que son coeur se tordait brutalement, un sanglot déchiré s'échappa de ses lèvres. On l'enlaça plus fort, elle s'agrippa à leurs vêtements, Penny tapota discrètement l'herbe humide de son pied.

Ulysse soupira dans un sourire audible, et se releva doucement.

« Il est temps que tu y ailles, chuchota-t-il. Avec Penny, tu y arriveras.

— Et Isaac reviendra, appuya sa compagne, tu ne risques rien. »

Mais je suis un titan. Maintenant... « On y va », trancha la grande albinos. ... je peux... me défendre seule... Et pourtant, après tout ce temps, eux-mêmes n'y croyaient toujours pas ? C'était irrémédiable : elle allait rester indéfiniment dans l'ombre de son frère. Ne lui aurait-ils pas donnée naissance que cela n'aurait rien changé.

Depuis le début, elle n'avait pas sa place dans ce monde.

***

Base américaine nord, 15 juin 842

« Penny ?! » s'écria une Ayla stupéfaite. La Penny en question était en haut de la barricade de bois : après un mois entier d'absence... Elle pointait le bout de son long nez. Son visage dur était en sueur ; ses cheveux blancs, ébouriffés, et terreux, glissaient sur ses épaules avec négligence ; et, surtout, ses yeux glace, soutenus par de lourds cernes, témoignaient d'une fatigue incomparable.

Elle s'en laissa tomber, abandonnant l'ombre que le soleil levant étalait sur l'herbe sèche du sud de la base.

Ayla était sortie pour son entraînement quotidien. Personne ne la supervisait, puisqu'on lui offrait le choix de courir, de se muscler, et d'apprendre à se battre. Cet étrange uniforme kaki, elle s'y était faite depuis longtemps déjà. Il était à peine sept heures du matin, elle était bien réveillée : elle bougea donc dans la seconde lorsque l'albinos chuta de cette barrière de dix mètres de haut.

Elle sprinta du plus vite qu'elle le put, le coeur battant à tout rompre. Et, dès qu'elle manqua de se cogner dans les troncs de pin, elle rattrapa enfin l'élite... pour tomber à terre avec elle. La douleur qui perça ses côtes lui arracha un cri. Elle ne tenta pas de l'étouffer. Au moins avait-elle amorti la chute de l'entraîneuse de ses deux enfants. Penny avait beau être un tas de muscles d'un mère quatre-vingt, elle n'aurait pu possiblement survivre à cela.

Un tas de muscles... Non. Ayla écarquilla ses paupières rondes ; elle-même la sentit, sa figure, se déformer sous l'horreur. Elle fit rouler l'autre sur le côté, et s'accroupit en grimaçant sous la souffrance et la peur. Désormais qu'elle voyait cette soldate de près, elle remarquait enfin la maigreur qui avait commencé à l'entamer.

Elle secoua son épaule encore baraquée, la gorge nouée. « Penny. Penny ! » chevrota-t-elle. Comment est-ce que les gardes l'ont ratée ?! Elles se trouvaient certes à l'emplacement le moins surveillé de ce quartier général... Pourquoi Diable l'élite avait choisi d'escalader leur mur ici ? Et, surtout, pour quelle raison était-elle revenue ?

« Ayla... », articula alors Penny. Sa voix rauque secoua un peu plus l'intéressée. Elle la vit se redresser ; ses mèches neige cachaient ses traits carrés. « Angela... j'ai dû... » Le souffle de la métisse se coupa illico. Elle se jeta sur son interlocutrice, et la prit brutalement par le bras.

« Angela ? Que lui est-il arrivée ?! s'écria-t-elle.

— Moins fort... »

Alors, Ayla se tut. La terreur y jouait pour sûr un rôle important. Isaac avait été envoyé loin, si loin, et si longtemps en arrière. Ils savaient que c'était pour le bien du monde, mais dire au-revoir – si ce n'est adieu – à son enfant de huit ans, puis sa petite d'un peu plus de sept... Cela était dur. La suite, elle ne savait pas si elle voulait l'entendre. Elle en tremblait, elle en avait envie de dégurgiter son petit-déjeuner.

Peut-être n'était-elle pas prête à sacrifier sa descendance, réalisait-elle désormais.

« Je l'ai sauvée », énonça difficilement Penny. « Lorsque nous sommes arrivées dans les Murs... » Elle fouilla difficilement dans son vaste sac à dos, jeta un regard circulaire à leur environnement, et montra avec le plus de discrétion possible la seringue vide qu'il contenait. « Elle ne peut pas se battre... pour les américains. Je l'ai vu dès le début. Alors... », s'étrangla-t-elle.

Une toux sèche plus tard, elle planta ses iris ciel dans le noir de ceux d'une Ayla pétrifiée. « Puisqu'elle n'est pas assez forte pour ça... et qu'elle n'en a pas la volonté... j'ai effacé sa mémoire. »

Un silence pesant suivit ces paroles. La noiraude béa longuement, déchirée entre le soulagement, la peur, et le désespoir.

« Effacé... sa mémoire..., souffla-t-elle.

— Je suis désolée, murmura Penny. Elle ne se souvient pas de vous... et j'ai dû ensuite la menacer, alors qu'elle ne gardait aucun souvenir. L'exhorter de porter un faux prénom, et lui déblatérer qu'elle est orpheline et que, si elle ne fait pas profil bas, elle risque la mort. Ce qui est vrai. »

Elle baissa le menton. Ses paupières elles-mêmes s'écarquillèrent, quand bien même elle n'avait été que leur mentor.

« Le commandant Reiss a voulu manipuler Isaac et Angela pour qu'ils idolâtrent notre communauté et cette fameuse jeune fille qui nous sauvera tous... Marion. Cela a parfaitement bien fonctionné sur Isaac, mais Angela a un caractère trop fort. De plus... » Elle manqua de cracher du sang, et agrippa sa chevelure sale et grasse.

« Si on la forçait dans ce rôle... Vous fonctionnez sur la bonne volonté, n'est-ce pas ? Cela n'aurait pas été éthique. Et, si elle n'obéissait pas, on l'aurait exécutée. » Ayla laissa échapper un hoquet d'horreur. Une bile brûlante remonta sa trachée. Pourtant, elle ne vomit rien.

« Alors, à côté, vivre sous un faux nom, et une fausse histoire dont elle n'est pas même consciente...

— Mais ses souvenirs, la coupa la mère, fantomatique. Ses ressentis. Elle les gardera. Rebecca m'a parlée de cette méthode. On ne peut pas tout effacer. Si elle nous revoit...

— Oui et non. Si elle vous revoit, cela fera peut-être ressurgir ses souvenirs d'enfance. Actuellement, elle garde l'amertume dans laquelle elle a grandi.

— ... L'amertume ?

— Elle a toujours été dans l'ombre d'Isaac, jeta abruptement Penny. Ces mécanismes-là ne disparaissent pas. Elle trouvera peut-être son but, mais elle mettra longtemps avant de savoir q'elle a sa place ici.

— Non. Non, nous l'avons toujours bien traitée ! s'écria Ayla.

— Un parent ne réalise pas qu'il fait souffrir son gosse ! tonna Penny. »

La plus petite s'immobilisa, le souffle coupé. Dans les prunelles claires de l'autre venait de passer une fureur sans nom. Laquelle s'éteignit, et laissa la place à cette habituelle impassibilité – et à cette fatigue inédite, aussi.

« Non. Peu importe », murmura froidement l'américaine. « On ne nous entend pas, ici. Il n'y a pas de sentinelle, ni de micro. Seulement des caméras. Et une discussion entre une mère et l'enseignante de sa fille est plus que normale. » Elle se releva en titubant, pour crisper la main sur sa tunique bien différente de son uniforme kaki habituel.

« Je dirai au commandant Reiss que le voyage s'est mal passé et qu'Angela a voulu trahir les américains, en tentant de me tuer sous sa forme titanesque tant elle était brisée par cette enfance dégradante. Que j'ai dû utiliser l'injection d'urgence, mais n'ai pas pu en gérer les conséquences. Que, désormais, Angela est en fuite, sans que je n'aie pu retrouver sa trace avec discrétion. Pas un mot », appuya-t-elle, plus menaçante que jamais. « Je viens de sauver ta fille. Sois gratifiante, et comprends bien mon acte. »

Sur ce, elle boita vers les murs de béton de la base... et manqua de s'étaler par terre. La métisse la retint de justesse, muette comme une tombe. Oui, pensa-t-elle lentement. Des combattants débarquaient déjà avec urgence, et débitaient des paroles dans leur langue qu'elle ne connaissait pas.

Et puisqu'Ayla ne pouvait en comprendre un traître mot, elle fixa simplement le vide. Son corps, son être entiers étaient compressés sous une horreur et une incompréhension totales. Ne rien dire à Ulysse. Garder cela entre elle et Penny. Accepter que Rhys avait fait une erreur grave, et que l'albinos l'avait rectifiée en toute justesse. Personne n'était parfait, et le fonctionnement de cette micro-société paraissait de plus en plus diverger de celui des Divisions.

Justifié par l'urgence de la situation, se martela-t-elle. La guerre était loin d'être une mince affaire. Ces hommes avaient les moyens de vaincre les Murs. Quand bien même sa chair et son sang y était désormais enfermée... Ils ne les tueront pas. Ils les jugeront, mais ils ne les tueront pas. Et là, Angela sera sauve. Elle suivit ses camarades à l'intérieur des bâtiments, l'esprit tant vide que détruit. Lorsque je la reverrai, se répéta-t-elle, elle se souviendra de nous...

Pourtant, elle avait eu beau se le rabâcher encore et encore, elle n'était pas même parvenue à s'en persuader. Là débutèrent les mensonges : et, même en dix ans, l'espoir qu'elle revoie son enfant ne naquit jamais.

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