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De l'autre côté du front - Partie 1

Shiganshina, Mur Maria, 28 mars 853

Cet uppercut de Marion, Annie allait s'en souvenir jusqu'au restant de ses jours. Comment était-elle parvenue à ne pas l'esquiver ? Sa confusion, son épuisement, son horreur ? Les trois ? Ou car c'était Marion qui lui avait filée ?

Si Armin ou Mike ou Antoine ou Livaï s'y étaient collés, serait-elle parvenue à l'éviter ?

Assise à côté de la chercheuse en face d'une assiette spéciale déjeuner, elle n'arrivait qu'à une conclusion : non. Quiconque lui aurait mis un pain aurait réussi l'œuvre, au vu de l'état dans lequel elle avait été. Tout comme Eren s'était prise une baffe de Marion, après avoir insulté Livaï et Mikasa.

Mikasa. Elle étudia son potage aux quelques bouts de pommes de terre, le regard sombre. L'asiatique était morte au pire moment. Désormais, non seulement avaient-ils une élite en moins et une ambiance de plomb, mais en plus Isaac était-il handicapé, et Livaï... dans l'incapacité de se battre.

Chacun – Eren, Ymir, Antoine, le caporal-chef, Sasha, que savait-elle encore – avaient résumé leurs combats : personne n'avait tué personne. Cependant, en face, tout le monde était « en forme ». N'était-il pas temps de ramener du renfort, à la façon dont Antoine s'était dédoublé dans cette ligne d'univers ? Si les américains relançaient un assaut...

« S'ils relancent un assaut, laissa tomber Antoine, on risque d'être cuits. Puisque tu ne peux plus te battre pour un bout de temps, Livaï...

— C'est déjà un miracle que j'aie survécu seul face au Forgeron.

— Oui..., songea-t-il. Heureusement que Rico en a dans la caboche.

— Cela ne change pas le fait que nous sommes en manque d'effectifs. »

Les lourdes paroles de Hansi leur tombèrent dessus comme une pluie glaciale. Leur tablée était plus exotique qu'auparavant : ils étaient installés dans un coin du réfectoire, derrière une large poutre sombre ; et en face d'Annie étaient assis la major, Kwamboka et le chef d'escouade Mike. Celui-ci réfléchissait déjà à une solution, et la juge étudiait les membres des Divisions d'un œil acéré.

« Nous ne pouvons que nous occuper des titans classiques et des fantassins, posa-t-elle. Les titans intelligents dépendent des élites, même si nous pouvons apporter notre support dans certains cas – comme celui où Ymir a failli mourir.

— Il va encore falloir utiliser les recrues comme chair à canon ? lâcha Livaï. »

Il se prit un regard bien désapprobateur de Kwamboka, qui remit sa courte coupe noire d'un air d'autant plus grave.

« On ne joue pas avec les vies comme ça. Montez une tactique. Marion, Antoine, Hansi, les invita-t-elle. Vous en êtes capables, aux dernières nouvelles.

— Tu penses qu'on est restés les bras croisés, sans penser à l'éventualité que des élites soient blessées ou mortes ? soupira la chercheuse.

— Tu baisserais dans mon estime.

— Toujours est-il qu'il faut un remplaçant, pour Livaï, l'ignora-t-elle. La cheffe d'escouade Rico ?

— Elle est bien occupée, à la Garnison, objecta Hansi. Elle ne peut pas venir vous garder, toi et Livaï...

— Je parlais sur le front, précisa Marion. Elle et son escouade sont capables de beaucoup de choses. Ce Floch a aussi survécu, face à Hannah Steel, même si elle était très fatiguée ; et elle a déjà affronté Grisha.

— De qui ils pourraient s'occuper, alors ? lâcha le caporal-chef. Peak ?

— Comme ça, Ymir pourra librement s'occuper de Porco... C'est un début, approuva Hansi. »

La juge suprême les étudia, les bras croisés. Annie le sentait, elle comptait intervenir : quant à savoir à quel instant elle allait se mêler à la discussion... La semi-géante regarda brièvement Marion, laquelle l'étudiait aussi. Leur échange muet fut bien parlant. Il fallait un garde de plus, jusqu'à ce que Livaï n'ait plus de béquille.

D'ailleurs, je ne l'ai pas remerciée, pour l'uppercut.

« Donc, temporairement..., reprit la borgne. La cheffe d'escouade Rico, et ses subalternes, contre Peak. Ymir contre Porco. Eren contre Gaby, et...

— ... moi contre Hannah Steel, compléta Antoine. »

Ça ne sera pas possible. Si le caporal n'a pas pu tenir face à la capitaine Steel, Antoine risque d'y passer. Il a beau avoir plus de stratégie, il lui faut quelqu'un d'autre...

« Antoine, énonça Hansi d'un ton sombre, tu sais à quel point l'affronter est compliqué.

— Dans ce cas, je peux me mettre en équipe avec Rico.

— Elle est censée affronter Peak, intervint Livaï.

— Je vois où tu veux en venir, souffla Marion. Mike, tu es de garde avec Annie, c'est cela ? Mais tes soldats – Albert, Thomas, et Gelgar – ont déjà affronté un titan quadrupède. Ils peuvent se charger de Peak... Ainsi, Rico sera débarrassée d'elle. Il ne faut pas oublier Sasha et... Floch, c'est ça... ? Il ne faut pas oublier ces deux-là pour du soutien, derrière. »

Son interlocuteur se frotta le menton, l'air impénétrable.

« Gelgar commence à être habitué à guider les autres, réfléchit-il. Il est aussi le plus malin des trois. Il pourra me remplacer.

— Bonne idée que t'as là, approuva Antoine. C'est décidé, donc ? Ton escouade se charge de Peak ; Rico, Sasha et Floch combattent Hannah Steel. Ça convient à tout le monde, ça ?

— Sur le papier, confirma la major. Mais il faudra éventuellement que tu viennes en renfort contre Steel. »

Annie remarqua que ses épaules venaient de légèrement se détendre. Cette situation – non, la position que lui avait confiée Erwin... Tout ça paraissait lui peser.

« Ymir contre Porco, l'escouade de Mike contre Peak, Eren contre Gaby, Rico et son escouade contre Hannah Steel, conclut-elle. Moblit passera le mot à Rico. Maintenant... qui va vous protéger, Marion et Livaï ? Annie et Antoine, vous pensez être capables de vous en charger seuls ?

— Je n'ai été ajouté que car il y avait Isaac, fit remarquer le second. Là, Livaï est dans la même position que lui. Annie et moi, ça me semble suffisant, non ?

— Quand Isaac était là, je pouvais me battre, lâcha son alter-ego.

— Une troisième personne serait la bienvenue, enchaîna la scientifique. On n'est jamais trop prudent.

— C'est bien beau, rétorqua son ami, mais l'escouade de Mike garde les chèvres ; et Ymir reste avec Historia et Rebecca. Mike, tu as aussi besoin d'espace, non ? Un officier pris dans ce rôle, c'est déjà beaucoup.

— Là, je peux vous aider, posa soudain Kwamboka. »

Tous se tournèrent vers elle : ils avaient presque oublié sa présence. Ses prunelles sombres brillaient, derrière ses paupières plissées. « De sacrées perles se sont dévoilées, durant les entraînements au corps-à-corps de mes camarades... surtout chez les Divisions du Moyen-Orient. Je pense précisément à Astrid : elle en a massacré, des américains, sur le champ de bataille. Si elle vous rejoint temporairement, vous serez déjà bien mieux calés, et vos amis explorateurs pourront rester à leur poste. »

L'œil de Marion s'illumina : Annie plissa les paupières. « Je l'ai vue », souffla la première. « Elle était impressionnante. Son maniement de l'épée... » La seconde, elle, se reconcentra sur ce qu'il restait de son repas. Elle avait hâte de voir à quoi ressemblait cette Astrid, et de quoi elle était capable.

***

Trois paires d'yeux trouaient Astrid en pleine face – toutes étaient bleues, et pourtant bien différentes. L'une était glaciale, dont la distance cachait un jugement perçant ; l'autre, d'un intérêt et d'une curiosité bien loin de toute malice ; la dernière... neutre. Annie, Antoine, et Livaï, avait-elle retenu avant de pénétrer leur dortoir aux quatre paillasses doubles.

Paraissait qu'ils avaient encore changé de chambre, après le départ d'Isaac. Et qu'elle avait été appelé car le caporal-chef avait une cuisse déchiquetée, aussi. Mais je ne leur arrive pas à la cheville..., pensa-t-elle avec anxiété. Le titan féminin l'avait soufflée, et elle avait vu du coin de l'œil comment les deux noirauds se battaient : à côté, qu'avait-elle fait ?

« Tu as tranché une cinquantaine de têtes, on voudrait ton aide », résonna la voix de Kwamboka. « Entre », l'invita alors celle du jeune Chaillot. Il avait enfin détaché son regard d'elle, et s'appliquait à refaire sa longue queue-de-cheval corbeau. Elle ne l'avait jamais vu de près. Annie non plus, et elle était impressionnée par la pureté de sa peau de porcelaine et de ses mèches platines, simplement remontées en chignon. L'officier, quant à lui, elle l'avait vu plusieurs fois. Il semblait cependant avoir plus de cernes.

Puis... « Oh, Astrid est là ? » s'éleva un ton pâteux. L'intéressée se raidit ; son armure claqueta au passage. Derrière la blonde était roulée en boule une jeune femme châtaine. Elle manqua de reculer sous l'horreur lorsque l'individue leva la tête vers elle.

Elle avait complètement oubliée sa cicatrice.

« Bonsoir, Astrid, bâilla Marion. Bienvenue. C'est quoi, l'ordre, déjà... ? Antoine, tu...

— ... dors avec ce cher Livaï, confirma-t-il dans une courbette.

— Astrid, lâcha l'intéressé, les matelas du fond sont libres. »

Elle sursauta dans l'instant, pour acquiescer avec nervosité, malmenant ses longues mèches brunes au passage. Ses poings hâlés se serraient convulsivement : cette chambre lui paraissait terriblement étroite, alors même qu'elle avait été habituée à bien pire. Elle s'avança néanmoins sans une complainte vers son lit, et s'y assit en déglutissant.

Quelques mots furent échangés, entre les trois plus jeunes : elle y resta étrangère, ses prunelles émeraude fixées avec fermeté sur les vieilles pierres d'en face. Elles étaient belles, ainsi reflétée par la flamme dansante d'une torche. Un air frais émanait de la fenêtre, et...

« Tu n'enlèves pas ton armure ? » s'étonna Antoine. Et, cette fois-ci, elle ne se raidit pas d'un poil.

Sa question la rendit simplement confuse au plus haut point.

« Enlever mon armure... ?

— Tu as une armure intégrale, et toujours ton épée d'au moins plusieurs dizaines de kilogrammes à la ceinture. Tu ne pas vas dormir avec.

— Si, répondit-elle sur un ton d'évidence. »

À lui de la dévisager : il paraissait perdu pour de bon. Ils s'observèrent ainsi, coincés dans un malentendu littéral. Quelle genre de question lui avait-il posé ? Quitter ses armes relevait de la folie. Personne ne le faisait, dans sa Division : l'ennemi pouvait venir n'importe-quand.

Puis, alors que le jeune Chaillot se frottait le menton, plongé dans une profonde réflexion, Marion s'appuya sur l'épaule d'Annie, pour s'asseoir juste à côté d'elle. « Je pense que c'est dans leur coutume... Non... ? » L'intéressée déglutit avec malaise. Non, elle était pour de bon incapable de regarder en face son visage défiguré, et désormais marqué par un profond épuisement. Elle avait l'impression d'être face à une morte-vivante...

... et la blonde, après avoir lancé une œillade à la scientifique, gratifia Astrid d'un regard plus glacial encore qu'auparavant. Marion ne le rata pas, car elle s'appuya encore sur elle, l'œil plissé.

« Annie, qu'est-ce qu'il y a ? énonça-t-elle d'une voix pâteuse.

— Rien. Retourne te coucher.

— Je voulais savoir, ronchonna-t-elle. »

L'ex-ennemie soupira, plus fatiguée qu'exaspérée... mais sa peau pâle trahit avec brio la façon dont ses joues rosirent un peu, juste un peu.

« Your scar, posa la semi-géante dans une langue étrangère. She's not used to it. Just go to sleep.

— You won't go, right... ? What if you wake up before me, and, like, you're not there when I wake up ? A disaster. Don't do that.

— I won't.

— You'll wait ?!

— Marion, si tu continue de t'agiter, tu vas tomber dans les pommes. »

Mots de Livaï, à la sonorité routinière. Lui répétait-il cela chaque soir ? Pourquoi allait-elle s'évanouir ? Était-ce lié à son ancienne blessure ? Confusion au niveau du cerveau et des sens ? Non : la journée, elle était soit sombre, soit normale, soit en forme ; jamais dans cet état cadavérique.

« Si tu te poses la question », lui lança soudain Antoine, « elle a un traitement sédatif chaque soir. Navré, tu vas devoir côtoyer une extraterrestre. Non seulement a-t-elle un œil en moins », railla-t-il, « mais en plus s'affale-t-elle sur les gens dès que vingt-deux heures a sonné ! Quelle horreur, n'est-ce pas ? »

La membre des Divisions resta à court de mots ; l'officier, lui, lança un regard lugubre à Antoine, puis dur à Astrid. Enfin, il trempa ses lèvres dans sa tasse de thé. Le silence qui suivit fut d'une lourdeur inédite pour la nouvelle venue. Elle avait l'affreuse impression que le moindre de ses mots allait créer des désaccords ; et les désaccords, elle détestait cela.

Alors, elle scella ses lèvres et étudia ses lourdes bottes, plus crispée que jamais. Les flammes de la torche crépitèrent. Un chat miaula, là-dehors. Antoine s'affala sur son matelas, les pas de gardes résonnèrent dans le couloir de l'étage, une chouette se mit à hululer...

« Annie. Chi-fou-mi ? »

Là où la voix traînante de Marion manqua d'éclater à ses tympans, elle ne surprit pas les autres le moins du monde. Le Chaillot du groupe afficha un petit sourire acide ; l'aîné, lui, baissa son thé d'un air indescriptible.

« Ce jeu est de l'ordre du mauvais présage, objecta-t-il.

— Il y a forcément une exception, marmonna Marion. Il faut tester.

— Tu nous as déjà impliqués une fois dans tes délires scientifiques. Arrête-toi là.

— Je..., s'étrangla-t-elle. C'était un accident. Enfin, non... mince, j'ai évolué !

— Elle a évolué, confirma lentement Annie. Chi-fou-mi, puisque je n'ai rien d'autre à faire.

— Pas de chi-fou-mi, lâcha-t-il.

— Est-ce un ordre ? »

Il ouvrit la bouche, Antoine éclata de rire avant qu'il ne parle. Tous le gratifièrent d'une expression stupéfaite – Astrid la première, étant jusque-là restée confuse. « Un ordre », hoquetait-il. « Tu tombes bien bas, si tu décides d'en faire un ordre. » Leur hiérarchie n'est donc pas si sévère que ça... Puis elle se souvint des vouvoiements, saluts, et ordres lancés. Non. Cet Antoine fait figure d'exception, se corrigea-t-elle.

Le regard du caporal-chef, lui, avait tourné à l'exaspéré. « Fais un chi-fou-mi. Je t'observe », jeta-t-il. Le sourire d'Antoine se figea derechef. Il leva une main, bien moins sûr de lui.

« Annie, à toi l'honneur !

— Non, attendez, intervint Marion. J'ai déjà fait des chi-fou-mis avec Livaï, et il ne s'est rien passé. Il en est de même pour Isaac. Ce n'est qu'en y jouant avec Annie que des batailles nous sont ensuite tombées sur le coin du nez. Peut-être ce phénomène est-il lié à elle. Alors, Antoine...

— Avec l'accord de notre cher Livaï, débita-t-il. »

Le regard de ce dernier se fit aiguisé.

« Si ça vous chante.

— Tu voulais me l'interdire ! Pourquoi changer d'avis maintenant ?!

— L'expérience de Marion pourrait s'avérer intéressante, articula-t-il. Je vois presque un lien entre les chi-fou-mis, Leonhart et les batailles. »

La blonde plissa les paupières. C'est une ancienne ennemie... Il vient de l'accuser ? Marion, elle, posa de nouveau son front sur l'épaule de la jeune femme, grommelant de nouveau. Un faible « encore des conflits » sortit de sa bouche : son amie lui tapota le dos d'un geste machinal, sans quitter Livaï des yeux.

En effet, un conflit semblait se profiler. Un désaccord, qu'Astrid avait voulu éviter en se taisant... Cependant, il était tout de même arrivé. Était-ce de sa faute, encore ? Elle prit une inspiration saccadée, et se leva d'un coup. Ils se tournèrent vers elle avec surprise : elle n'en prit pas garde. « Je veux bien », bafouilla-t-elle.

L'œil de Marion s'éclaira dans l'instant. Elle releva encore son visage, la brune se retint encore de reculer, les deux s'étudièrent dans un étrange malaise. Puis, la première tendit son poing.

« Tu connais les règles ?

— ... Non. »

Et ainsi lui expliqua-t-elle que la feuille battait la pierre, que la pierre battait les ciseaux, et que les ciseaux battaient la feuille. La combattante fronça les sourcils.

« Chez nous, on appelle ça un pierre-feuille-ciseaux.

— Parfait, jeta Livaï. Elle le connaissait déjà.

— Chi-fou-mi est plus rapide, objecta Marion. »

À voir l'œillade qu'ils échangèrent, Astrid devina sans mal que ces deux-là s'entendaient bien ; et ce, même si elle le vouvoyait. Il ne semblait pas y avoir de relation de dominance. Ils étaient simplement... paisibles. À côté, Annie ne semblait pas entièrement savoir quelle place prendre tout en restant plus ou moins sobre, et Antoine faisait preuve d'une assurance spéciale jeunesse.

Les deux premiers liens étaient les plus matures. Après tout, cet Antoine ne paraît faire preuve de sérieux qu'au combat...

Ainsi Astrid affronta-t-elle Marion au chi-fou-mi. Trois manches gagnantes : trois contre zéro. La chercheuse resta pantoise. Annie se figea, Antoine béa, Livaï haussa les sourcils. « Une première », commenta-t-il. L'autre noiraud s'étrangla sur place.

« Non, c'est plus que ça ! Quelqu'un vient de la battre... à plat de coutures, comme ça, paf ! Tu vas te contenter de dire « une première » ?!

— J'attends les conséquences de cette partie.

— Quelles... »

Et il s'étouffa de nouveau. « Excusez-moi », murmura Astrid, « mais quelles sont les conséquences ? Pourquoi est-ce un mauvais présage ? » Le visage d'Antoine tourna au grave.

« J'ai ouï dire que, la première fois qu'Annie a fait un chi-fou-mi contre Marion, un ennemi s'est échappé des cachots, et d'autres nous ont assaillis au même instant. Cette bataille a causé la mort d'un haut gradé, et de bien des soldats ; la trahison de deux de nos élites – un titan, et un stratège ; la fuite de cet ancien élite, Isaac ; et, surtout, l'enlèvement de Marion. »

Elle porta une main à sa bouche dans un choc sincère. L'autre croisa les bras, le regard bas et sombre.

« Cependant, personne n'avait fait le lien entre ce chi-fou-mi et cette catastrophe, continua-t-il dans un murmure. Mais, avant-hier, au dîner... Annie a été la seule à accepter de refaire un chi-fou-mi avec elle, et voici comment les choses ont tourné. Alors, qui sait ce qui va suivre, après que tu l'aies affrontée – et aie gagné...

— Je suis désolée ! bafouilla-t-elle illico. Je ne voulais pas...

— Why so serious... ? soupira Annie avec exaspération.

— Why so suspicious ? rétorqua-t-il.

— Why so precious, posa Marion. »

Peut-être était-ce dû à son ton d'évidence, mais la blonde se figea derechef, les oreilles rouges ; Antoine bloqua tout autant. Puis, un rictus s'étala sur sa face.

« Oh ? Who ? Who is precious ?

— You better shut the hell up, articula Annie.

— Well, I don't know, intervint cependant Marion. I can't choose, really. You ? Her ? Him ?

— Him ? demandèrent les deux autres.

Him, appuya-t-elle. »

Elle désigna un Livaï aussi émotif qu'une bûche. Mais puisque le silence suivant traînassait, il leva un sourcil.

« Quoi ?

— No, Marion, se précipita Antoine. He is precius ? You kiddin' me ?!

— If you are, he is.

— You just spoiled Annie.

— What ?

— So you and the captain are the same person, balaya la semi-géante. You weren't very subtle.

— Dammit ! ragea Antoine. We just got uncovered !

— Doesn't matter, reprit l'américaine. They don't understand our discussion.

— Can you keep secrets ? s'affola-til. Can we trust you ?!

— Of course you can, grogna Marion. Annie is like gold. She has blond hair. Can easily be trusted. »

Les deux autres étrangers l'étudièrent avec confusion. Puis, alors qu'Annie allait s'engouffrer dans ses draps, certainement pour dormir, Antoine sourit avec malice.

« Marion, Marion... Look at what you've become. She is like gold ? Do you value such trivial fancy things ? Now you're a rightist ? I'm disappointed.

— I'm more of a communist than you, siffla la borgne.

— Who knows, railla-t-il. »

Ces seuls mots parurent la mettre hors de ses gonds.

« Just ask Kenny. I talked with Shihong, her mother, your grandmother, about communism, and he can swear that the United States didn't fool me. I am not a rightist. Now, fuck off ! I'm going to bed ! Annie, we're going to bed !

— Wait, l'arrêta celle-ci. How did you know Kenny's mother ?

— Antoine is Livaï : Kenny is Antoine's uncle. So, of course I knew Shihong. In short, I knew Antoine's grandmother, and...

— I meant, why Kenny, and not Antoine ? Why didn't Antoine know about your talk with Shihong ? »

Un autre mutisme. Marion ouvrit la bouche, en vain : il n'y eut que son visage pour réagir. Il tourna au fantomatique ; et, face à ce spectacle, son amie ferma les paupières.

« So that's why you called her a monster, Antoine. She knew the USA's Kenny. She was in the USA, in the past.

— Annie..., s'étrangla Marion.

— Don't. I can easily guess that you made some temporal toys or played with our DNA. I may be wrong tho. But why would you feel so guilty, if you didn't work with the USA in the past ? Just go to sleep.

— Annie, wait ! »

L'ex-ennemie tourna à peine la tête vers la chercheuse. « Do you hate me... ? » murmura cette dernière. Annie étudia ses mains, le regard lugubre. « You are the very source of my problems. But I don't know the whole story. And hating you – I... » Courte pause.

« I can't, souffla-t-elle. Anyway, I am no better. Now, let's go to sleep, before Antoine calls you a racist or what.

— Just one thing, énonça celui-ci. Marion. »

L'intéressée ne lui jeta pas une œillade, comme effrayée de voir l'air de son meilleur ami. « I still want to know something. » L'ambiance se tendit avec lenteur. Bien des secondes passèrent, à étudier ses paumes ou son lit ou sa tasse de thé, jusqu'à ce qu'il continua sa phrase.

« What you wanted to say, at the very beginning. » Elle se raidit derechef... « It was that Livaï was precious, right ? » ... pour cligner de l'œil, les lèvres entrouvertes.

« Well, yeah. He is.

— Livaï ! clama dramatiquement Antoine. Marion vient de dire que tu étais... que tu étais précieux !

— Hein ? lâcha-t-il. Si c'est encore une de tes blagues pourries, Leonhart ira te mettre deux ou trois pains dans le couloir.

— Elle a bien dit ça, dit platement la Leonhart en question. »

Et, alors que le caporal-chef les étudiait dans un mélange de stupéfaction, de lugubre et d'horreur, elles partirent se coucher en chœur. Cette révélation allégea d'un coup le cœur d'Astrid. Donc, leur discussion en anglais parlait de ça. J'ai eu peur que ce soit grave – qu'il y ait eu des révélations ou quoi... Bon sang... Elle laissa échapper un long soupir, et s'appuya contre le mur. Ce soulagement était un vrai paradis. Puis, la voix du trentenaire résonna une dernière fois dans le dortoir.

« Dumb. »

Un seul mot d'anglais, et tous béèrent.


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