Peur D'aimer
La cabine était silencieuse, si ce n’était pour le bruit de la douche qui coulait derrière la porte entrouverte. James était assis sur le lit, les jambes étendues devant lui, à moitié affalé contre le mur. Ses cheveux encore humides du spectacle retombaient en mèches éparses sur son front. Il était fatigué, mais son esprit, lui, était loin d’être calme.
Il entendit Sirius chantonner doucement sous la douche, un vieux tube de David Bowie qu’il massacrait joyeusement, et cela lui tira un sourire. Paddy avait toujours ce don : rendre les pires situations supportables avec son charisme et sa bonne humeur. Mais ce soir, même l’énergie débordante de Sirius ne parvenait pas à étouffer les pensées de James.
Il avait dansé avec Lily, et ça avait été… magique. Une harmonie parfaite. Chaque sourire, chaque geste avait semblé naturel, comme si leur duo était écrit depuis toujours. Mais maintenant que la scène était vide, que les applaudissements avaient cessé, il ne pouvait ignorer la peur qui s’était insinuée en lui.
*Je suis en train de tomber amoureux… et je ne peux pas.*
Il ferma les yeux et posa une main sur son visage, tentant d’effacer cette pensée. Mais elle revenait, encore et encore. Elle le ramenait à une époque qu’il aurait préféré oublier.
La porte de la salle de bain s’ouvrit brusquement, laissant échapper une vague de vapeur. Sirius en sortit, une serviette nouée autour de la taille, secouant ses cheveux mouillés comme un chien.
— Eh bien, Prongs, tu tires une tête d’enterrement. C’est à cause de la prestation, ou tu te fais un film ?
James releva les yeux vers Sirius, qui s’effondrait déjà sur le fauteuil en face de lui, l’air satisfait après sa douche. Il savait que Sirius n’allait pas lâcher l’affaire.
— Rien à voir avec la prestation, répondit James après un moment, en évitant de croiser son regard.
Sirius fronça les sourcils, mais ne dit rien. Il se contenta de le fixer avec cette insistance caractéristique, celle qui poussait toujours James à craquer et à parler.
— C’est Lily, finit-il par avouer, dans un souffle.
Un sourire moqueur étira les lèvres de Sirius.
— Évidemment, c’est Lily. Elle te fait tourner en bourrique, hein ?
James haussa les épaules, le regard toujours fuyant.
— Ce n’est pas que ça… C’est compliqué. Je crois que je suis en train de tomber amoureux d’elle. Et ça me terrifie, Paddy.
Le sourire de Sirius disparut, remplacé par une expression plus douce, presque sérieuse. Il se redressa légèrement dans le fauteuil, posant ses coudes sur ses genoux.
— Pourquoi ça te terrifie ? Lily est incroyable, et toi… toi t’es James Potter, bordel. Qu’est-ce qui te fait peur ?
James se redressa, ses mains tremblant légèrement alors qu’il les croisait sur ses genoux.
— Et si je la perds ? Et si je… si je fais tout foirer ? Je ne sais pas si je peux revivre ça, Paddy.
Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Sirius savait exactement de quoi il parlait.
Il y eut un silence. Un silence qui pesa lourd, rempli de souvenirs qu’ils n’avaient jamais vraiment affrontés.
— Regulus, murmura Sirius, presque inaudiblement.
Le nom flotta dans l’air, comme une vieille blessure qu’on venait de rouvrir.
— Oui, Regulus, répéta James, plus pour lui-même que pour Sirius.
Et comme si un barrage cédait en lui, les souvenirs affluèrent.
C’était une nuit d’été, il y a deux ans. Regulus et lui s’étaient faufilés dans une clairière près du lac, loin de tout, loin du monde. Regulus avait ce sourire timide, celui qui le rendait irrésistible. Ils s’étaient assis sur l’herbe, à observer les étoiles. Et puis, sans prévenir, Regulus s’était penché, posant ses lèvres sur les siennes.
Ce baiser avait été doux, hésitant, mais terriblement sincère. James se souvenait encore de la chaleur qui l’avait envahi, de la manière dont Regulus avait entrelacé leurs doigts. Ce moment avait été parfait.
Mais le souvenir changea, se transforma. Il se retrouva dans son appartement, un an plus tard, le téléphone vibrant sur la table. C’était Sirius. Sa voix tremblait, comme James ne l’avait jamais entendue auparavant.
— Prongs… Reggie… Les pompiers viennent de m’appeler…
James avait su avant même que Sirius ne termine sa phrase. Le monde s’était arrêté, et il n’avait jamais été le même depuis.
De retour dans la cabine, James sentit ses mains trembler à nouveau. Il passa une main dans ses cheveux, essayant de chasser le souvenir.
— Je ne veux pas ressentir ça encore, Sirius. Je ne veux pas aimer quelqu’un pour le perdre.
Sirius le regarda, ses yeux gris emplis de quelque chose qu’il ne montrait que rarement : de la tristesse, et peut-être un peu de culpabilité.
— Prongs, tu ne peux pas vivre comme ça. Je sais que Regulus… que ce qu’il s’est passé t’a brisé. Ça m’a brisé aussi. Mais Lily, elle n’est pas Regulus. Et toi, tu n’es plus celui que tu étais.
James releva enfin les yeux, croisant le regard de Sirius.
— Et si j’échoue ?
Sirius sourit, doucement, presque avec indulgence.
— Alors tu tomberas, et je serai là pour te relever. Comme toujours. Mais tu ne peux pas fuir l’amour juste parce qu’il y a un risque. Ce n’est pas toi, Prongs. Tu as toujours été celui qui se bat, qui ose.
Un sourire, léger mais sincère, naquit sur les lèvres de James.
— Tu fais un sacré discours pour quelqu’un en serviette, tu sais ?
Sirius éclata de rire, brisant enfin la tension qui pesait dans la pièce.
— Eh bien, c’est mon charme naturel, Potter. Mais sérieusement, laisse-toi une chance. Tu le mérites.
James hocha la tête, ses épaules un peu plus détendues. Peut-être que Sirius avait raison. Peut-être qu’il devait s’autoriser à avancer.
Et ce soir-là, alors que la croisière s’endormait, James sentit une petite lueur d’espoir s’allumer en lui. Une lueur qui, il l’espérait, finirait par chasser les ombres du passé.
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