Lily se dirigea d'un pas décidé vers James, qui se trouvait un peu plus loin dans les coulisses, où il s'échauffait avec une concentration évidente. Remus, quant à lui, n'avait pas la même urgence. Il s'éloigna tranquillement, appuyé sur sa canne, son regard doré scrutant les lieux avec une curiosité teintée de nervosité. Il n'aimait pas se retrouver dans ces situations où il ne se sentait pas pleinement à l'aise. Mais il avait fait le choix de venir ici, et maintenant, il allait faire avec. D'un autre côté, il savait qu'il pourrait toujours compter sur Sirius pour le sortir de sa propre tête.

Alors qu'il s'avançait lentement vers les gradins, il aperçut Sirius dans un coin, faisant des signes à quelqu'un, probablement à lui, d'un mouvement de la main qui semblait à la fois détendu et impérieux. Remus s'engagea donc dans la direction des sièges, prêt à s'installer à côté de lui. Il avançait tout en écoutant le bruit de la musique de fond, les voix qui se mélangeaient avec l'écho des patins qui glissaient sur la glace. Quand il arriva à côté de Sirius, il remarqua qu'il était en pleine discussion avec une jeune femme, assise quelques rangées plus bas. Ils semblaient avoir une conversation animée, et de là où Remus se tenait, il pouvait voir leur complicité. Sirius semblait totalement absorbé par elle, et ce détail, bien que sans importance, ébranla inexplicablement Remus. Pourquoi est-ce qu'il se sentait ainsi ? Pourquoi un sentiment étrange d'agacement montait-il en lui sans raison ?

Il n'aurait su le dire, mais quelque chose dans la situation semblait le déranger. Peut-être était-ce ce regard que Sirius portait sur elle. Remus le connaissait à peine, mais cette complicité lui semblait un peu trop évidente, trop facile. Ou était-ce juste lui, le problème ? Il se força à détendre son expression, son regard se portant inconsciemment sur l'apparence de Sirius.

Sirius n'était pas du genre à passer inaperçu. Ses cheveux noirs de jais étaient en chignon bas, avec quelques mèches rebelles qui tombaient sur son front d'une manière délibérément négligée. C'était probablement le genre de coiffure qu'il avait passé des heures à façonner sans en avoir l'air. Ses yeux gris, intenses et perçants, brillaient d'une lueur malicieuse. Il portait une chemise blanche, ouverte juste ce qu'il fallait pour ajouter à son côté décontracté, et ses tatouages, visibles sur ses bras musclés et parfois sur son torse, semblaient raconter des histoires, des époques lointaines, des rêves d'aventure. Et bien sûr, ses écarteurs, petites touches de personnalité, complétaient ce tableau.

Remus remarqua aussi ses Doc Martens noires, luisantes sous les lumières tamisées. Elles étaient usées, mais d'une manière qui les rendait encore plus élégantes, comme un reflet de l'homme qu'elles accompagnaient. Sirius n'avait pas besoin de mots pour captiver l'attention, et pourtant il n'était jamais arrogant. Il était juste... lui-même. Et quelque chose dans cette simplicité, dans cette confiance qu'il dégageait sans effort, dérangeait plus Remus qu'il ne l'aurait voulu l'admettre.

Alors qu'il s'attardait sur l'image de Sirius, il se rendit compte que ce dernier avait tourné la tête et le fixait désormais avec un sourire en coin. Le regard perçant de Sirius sembla le transpercer sur place, comme si, pour une fraction de seconde, il avait vu tout ce que Remus pensait sans qu'il n'ait eu à prononcer un mot.

— Alors, comme ça, on me fixe ? demanda Sirius d'une voix espiègle. Tu es tombé sous mon charme, hein ? Je dois t'avouer que je fais cet effet à pas mal de monde.

Remus sentit ses joues s'empourprer aussitôt. Ses yeux dorés se détournèrent rapidement, son cœur battant plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Il détestait être pris au piège dans ce genre de situation. Il détestait même l'idée que Sirius puisse lire en lui comme un livre ouvert.

— Non... non... bafouilla-t-il en détournant le regard. Je... je ne te regardais pas. C'est... c'est pas ce que tu crois.

Sirius éclata de rire, ce rire chaud et franc qui apporta un peu de légèreté dans l'air. Il le regarda d'un œil amusé, comme s'il savait exactement pourquoi Remus était gêné, mais préférait ne pas insister.

— C'est bon, je rigole, dit Sirius en lui tapotant l'épaule d'un geste amical mais taquin. Je te taquine, Peter.

Remus, les joues encore rouges, leva les yeux au ciel en tentant de cacher son embarras.

— Très drôle... répondit-il d'une voix sarcastique, un sourire résigné se dessinant sur ses lèvres. Vraiment, tu devrais songer à faire carrière dans la comédie. T'as un don pour ça.

Sirius haussait un sourcil, un sourire malicieux aux lèvres.

— Oh, tu crois ? Peut-être que je pourrais même te faire rire un peu plus, alors. Mais bon, pour l'instant, je préfère capturer la beauté du monde avec mon appareil photo. C'est bien plus satisfaisant que de raconter des blagues.

Remus tourna doucement la tête et aperçut James, en train de s'échauffer sur la glace. Lily l'aidait, ajustant sa posture avec un sourire, leurs gestes parfaitement synchronisés. Remus observa la scène un instant, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Il n'avait pas besoin de beaucoup de mots pour voir à quel point ils étaient complices, comment chaque mouvement semblait naturel entre eux.

— C'est dingue comme ils sont à l'aise ensemble, non ? Lily et James, je veux dire, dit Sirius avec un ton presque amusé. On dirait qu'ils ne se parlent même pas, mais ils savent exactement ce que l'autre veut faire.

Remus hocha doucement la tête, son regard toujours fixé sur eux.

— Ouais, c'est... c'est impressionnant, avoua-t-il. Comme s'ils avaient toujours été faits pour être dans le même rythme.

Sirius sourit, un air malicieux dans ses yeux.

— T'imagines ? Ils n'ont même pas besoin de réfléchir, c'est presque trop facile pour eux. Moi je trouve ça un peu bizarre, t'avoues ?

Remus tourna lentement son regard vers Sirius, une légère lueur dans ses yeux. Il haussait les épaules tout en faisant mine de réfléchir.

— Peut-être que c'est juste..hum ...l'amour ? . Je pense pas que ce soit si bizarre.

Sirius se laissa tomber contre le dossier de son siège, un sourire taquin aux lèvres.

— T'es sûrement trop romantique pour comprendre, lui lança-t-il en rigolant.

Remus lui lança un regard faussement menaçant, mais son sourire trahissait son amusement.

— Si c'est ça, alors tant mieux. Quelqu'un doit bien garder un peu de douceur dans ce monde de brut, non ?

Sirius éclata de rire, secouant la tête.

— Tu es incorrigible. Bon, tu sais quoi ? Regarde-les bien, James et Lily, je suis sûr qu'ils vont épater tout le monde ce soir. C'est leur moment.

Remus tourna à nouveau son regard vers la patinoire, où James et Lily se préparaient à entrer sur la glace. Il ressentit un étrange mélange de fierté et d'admiration pour eux. Et, en même temps, une pointe de quelque chose d'indéfinissable, qui grandissait à chaque instant. Il se détourna légèrement, comme s'il avait envie de se cacher de ses propres pensées.

— Ouais... Je suis curieux de voir ça. Je ne doute pas qu'ils vont tout déchirer.

Sirius haussait les épaules, ses yeux brillants d'une étincelle de malice.

— Bon, alors, sois prêt à être impressionné. Mais je te préviens, je vais sûrement voler la vedette plus tard avec mes talents de photographe.

Remus roula des yeux, un sourire en coin, amusé par l'assurance de Sirius.

— C'est sûr. Comment ai-je pu oublier à quel point tu es humble ?

Sirius haussait les mains en signe de défense.

— Je me contente de ce que je suis, Remus. Mais si tu veux, je peux t'apprendre l'art du narcissisme. Tu vas adorer.

Remus éclata de rire, secouant la tête.

— Non merci, je crois que je vais passer. Je préfère de loin rester humble, comme d'habitude.

Sirius lui fit un clin d'œil.

— Comme tu veux. Mais un jour, tu vas m'avouer que j'ai raison.

Remus leva les yeux au ciel, mais il n'était pas fâché. Il savait bien que Sirius aimait ce genre de jeu léger, et il se sentait étonnamment à l'aise avec lui, bien plus que ce qu'il aurait imaginé.

Au loin, James et Lily se mirent en place pour commencer leur numéro. Remus les observa, un sentiment étrange se creusant dans sa poitrine. Il aurait bien aimé comprendre ce qui se passait dans sa tête, mais il n'arrivait pas à poser les mots dessus.