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I

∎NIGHT ONE
Unbroken by Anna blue

Le tic tac résonne sans jamais s'arrêter, seul frémissement qui brise le silence de la chambre. Et il commence à sincèrement me taper sur le système. Après deux jours affalés comme une loque au milieu de draps qui sentent la lavande, volet fermée, à osciller entre fixer un point vague et comater, avec pour seule compagnie une vieille horloge, je commence à saturer. Ma seule amie ne fait que se répéter inlassablement, me répète que le temps me file entre les doigts autour de moi.

Aucun rayon de soleil ne perce, pourtant il doit faire un temps radieux à l'extérieur. L'été en Australie, c'est l'utopie même du soleil chaleureux, de l'odeur iodée de la mer, des souvenirs aux bords de la plage. Mais même ça, ça ne m'atteint pas.

«–Riki ?»

La voix de ma mère m'appelle de l'autre côté de la porte, barrière qui m'isole du reste du monde. Je ne réponds pas et face à mon silence, ma mère se contente de soupirer. Un tintement de verre claque au sol et je devine le plateau repas qu'elle a laissé derrière ma porte. J'entends ses pas s'éloigner sans qu'elle n'ajoute quoi que ce soit. Ce n'est pas qu'elle en a rien à faire de moi. Elle a bien tenté de me parler, de me comprendre, mais elle s'est heurtée à un mur. Elle a cru que ces vacances dans la maison de ma belle tante me sortirai de ma léthargie mais rien ne change. Dans les ténèbres, le décor reste éperdument le même.

Ce n'est pas nouveau, mais c'était soudain. Du jour au lendemain, ma vie s'est figée. Un matin, je n'ai pas réussi à me lever de mon lit et je suis devenu une épave. Dans mon crâne, je les entends encore, chaque tic et tac appelle ces débris de souvenir. Je ne suis pas triste, du moins, je crois. Le mot qui décrit le mieux ce qui se passe en moi est le néant. Je me sens vide. Détaché de la réalité, plus rien ne m'atteint réellement. Je suis ailleurs, quelque part hors d'atteinte. Les jours sont semblables à des minutes et les minutes à des jours. Mes souvenirs sont flous depuis que je suis immobilisé.

Mais les tic tac incessant réveillent en moi un feu ardent qui me ravage de l'intérieur. L'air est lourd, je suis suspendu au-dessus du vide, ma main reliée à une bombe. Au moindre mouvement, c'est l'explosion. Je jette un regard à ma seule compagne. Elle m'affiche qu'il est minuit passé de dieu sait quel jour. J'esquisse un premier mouvement. Une hésitation me retient. Je la balaie pour quitter les draps. Dans un coin de ma chambre traîne mon skate, celui que ma mère a insisté pour l'embarquer. Le seul qui me voit en dehors de mon lit, lorsque l'air devient lourd, et que la nuit devient mon échappatoire.

D'un main las, je le saisis. Lentement, j'ouvre la fenêtre, puis les volets. L'air chaud frappe mon visage et le jardin se dessine devant moi. Je grimpe par-dessus la frontière entre ma prison et le monde et je pose un pied de l'autre côté. J'inspire l'air salé comme un asmatique à qui on donnerait sa ventoline. J'enjambe la barrière qui me sépare de la grande avenue et mécaniquement, je me hisse sur mon skate et me laisse portée le long de la longue avenue. Ce n'est pas un territoire inconnu, je suis déjà venu plusieurs fois à Brisbane en vacances. Alors mon corps me guide à travers le quartier endormi.

Il n'y a personne pour apercevoir l'âme qui erre dehors.

Après un moment à rouler, je finis par atteindre le skatepark à une trentaine de maisons de vacances. Je m'y faufile, observe les rampes en contreplaqué de bouleau, une chance pour un parc accessible à tous. D'une poussé de pied, je me propulse en haut du quarter-pipe le élévé avec l'intention de m'y installer. Si en pleine journée, c'est impossible de s'asseoir sans gêner, le vide que laisse la nuit m'offre cette liberté.

Lorsque j'atteins la surface plane de la rampe, j'ai la surprise de découvrir que quelqu'un s'y trouve déjà, caché par l'ombre d'un acacia. Le jeune tourne la tête vers moi, et la lumière des lampadaires percute son visage. Une lueur embrase ses yeux noisettes alors qu'il esquisse un sourire.

«–Salut, t'es nouveau ?»

Je reste debout face à lui, le pied sur le bord de mon skate.

«–Tu peux t'asseoir, je vais pas te manger, promis.»

Après quelques secondes d'hésitation, je m'installe au bord de la rampe, les jambes dans le vide. Le jeune homme esquisse un sourire avant de détourner son regard sur le parc vide. Je ne saurais dire si je suis mal à l'aise ou juste perplexe face à la situation. Je ne pensais pas croiser quelqu'un.

«–C'est rare de croiser quelqu'un à cette heure-ci, pourtant je viens ici tous les soirs. Moi aussi j'ai du mal à dormir.»

Pour combler mon silence, il se lance dans un monologue qui divague entre tout et rien. Je l'écoute comme une radio de fond, un bruit ni agréable, ni désagréable. Mais je me demande si lui ne se sent pas un peu con à parler seul. Je rumine à la recherche d'une quelconque manière de m'engager dans la conversation, après des mois sans jamais avoir essayé. Je me racle la gorge et m'agite sur place, inconfortable.

«–Je... Je suis juste en vacances.»

Ma voix grave est tout juste audible, pourtant ces simples mots m'arrachent la gorge.

«–Ah ouais ? C'est cool, tu fais du skate depuis longtemps ?»

D'une main nerveuse, je tapote ma planche du bout des doigts. Pourtant le jeune homme à côté de moi ne semble pas en tenir compte et me laisse le temps de chercher mes mots. Je suis déjà épuisé alors que c'est l'interaction la plus simple qu'il soit. Je me redresse maladroitement et me hisse de nouveau sur ma planche.

«–Dix... Ça fait dix ans.»

Je ne laisse pas le temps à ma rencontre nocturne de me répondre que je dévale la rampe et traverse le parc, le cœur battant. J'hésite à jeter un regard en arrière juste avant de franchir le portail lorsque sa voix criarde résonne dans tout le parc.

«–Je m'appelle Jake ! A une prochaine peut-être !»

Je n'ai pas répondu, et j'ai disparu dans l'obscurité des rues de Melbourne, partagé entre la honte de n'être qu'un fuyard incapable et une sorte de fierté pour avoir réussi à parler malgré le mur infranchissable que ça peu me paraître. C'était nul. Ou pas tant que ça. Je ne sais pas.

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