Septembre 1183

La fin de l'été laissait encore les traces d'un soleil brûlant sur les toits en bois, tantôt la vie redeviendrais plus simple pour Makoto qui devait faire passer son refus de se mettre torse nu aux entraînements comme une simple préférence pudique et qui étouffait en dessous de son bandage serré pour camoufler sa poitrine.

Aussi, tantôt, l'équipe de samouraï devrait se rendre au lieu du prochain affrontement pour la bataille de Fukuryuji. Cette fois c'était d'ailleurs eux qui ouvriraient la marche devant l'armée. Ryuk avait reçu une missive il y a peu annonçant qu'un partisan Taira, les aidant beaucoup financièrement se terrait dans sa forteresse. Kaneyasu Seno est l'homme à abattre, la cible de la bataille ainsi que sa possession dont il faut s'emparer. Avec Makoto et quelques conseillers ils avaient développé une stratégie qui, si tout se passait comme prévu, serait infaillible.

Ils partirent à cheval au levé du jour pour se rendre vers la préfecture de Bizen. Le trajet dura un peu moins de deux journées. Une fois sur place ils attendirent la venue du général en charge, Minamoto no Yoshinaka.

Rapidement les affrontements prirent place, plus précisément un échange de flèches de la part des archers. Toute la tension s'installait à l'avant de la forteresse, alors que l'arrière n'était pas surveillé et c'est ce qui sauta aux yeux de Makoto.

- Ryuk. L'arrière, s'il y a une issue notre cible s'échappe.

- Bien vu. Va surveiller, mais prend garde il paraît que Kaneyasu Seno est un fin combattant.

Elle hocha la tête et partit se poster discrètement au fond accompagnée de 2 frères d'armes. Et alors que personne ne s'y attendait, que tout le monde pensait que la cible du jour affronterait son destin avec honneur, il tenta une escapade discrète par l'arrière de la forteresse. Mauvaise surprise quand il tomba nez à nez avec le trio de samouraï. Mauvaise surprise pour eux également quand ils se rendirent compte qu'il était armé, pire, qu'il n'était pas seul.

Les samouraïs sortirent leurs sabres, parés au combat mais c'est Makoto qui s'élança d'abord vers la fameuse proie, couverte par ses équipiers qui se chargeaient des suppos Taira assignés à la protection. Le bruit des lames de métal qui s'entrechoquent résonna avec une force inhabituelle. L'adversaire en face avait une force de frappe redoutable, si fort qu'il repoussa la brune à au moins deux mètres d'un seul bras.

Au lieu de se jeter à corps perdu dans le combat elle se mit en garde et commença à tourner en cercles avec son opposant, aucun n'attaquait le premier, au risque de se mettre en difficulté. N'y tenant plus Makoto céda à la tentation avec l'attaque la plus rapide possible, un coup pointé au niveau de l'estomac. Grâce à sa rapidité elle le toucha mais la blessure était superficielle, il enchaîna immédiatement en déviant sa lame vers le haut et tentant de revenir toucher ses côtes aussitôt, elle parvint à esquiver. Il tourna sa lame et rententa un coup diagonal au niveau du torse, qu'elle esquiva de peu mais trop peu habilement pour conserver son centre de gravité alors elle tomba au sol sur le dos. Il fondit sur elle mais elle réagit juste à temps pour mettre un grand coup de pied dans l'arme qui valsa plus loin. Ce qui n'empêcha pas son adversaire de revenir à la charge en profitant de la position de faiblesse de Makoto pour la désarmer aussi. 

D'un coup de pied au plexus elle le repoussa suffisamment longtemps pour réussir à se relever. S'en suivit un combat à mains nues des plus intenses. Elle avait beau être rapide ça ne suffisait pas. Elle prit un coup, puis un autre, avant d'encaisser difficilement un coup de pied dans le ventre qui envoya claquer son dos contre un arbre. Sur un bref instant de clarté car la douleur était considérable elle se rendit compte qu'un de ses camarades était en mauvaise posture et l'autre hors-combat. 

- Tss. Pas le temps pour ça.

L'équipe avant tout, en surpassant sa douleur elle partit rapidement vers son camarade pour le défendre, profitant de l'avantage de la surprise pour se débarrasser d'un premier et voler son arme alors que Kaneyasu s'attaquait déjà au compagnon qu'elle venait de sauver mais pour se débarrasser des soldats il fallait bien l'occuper. Il ne ferait pas diversion très longtemps alors Makoto se hâta à tuer les éléments perturbateurs. 

A peine eu t-elle fini, à bout de souffle et un genou au sol, que quelqu'un la saisit à la gorge avec son coude pour l'étrangler. Le partisan Taira avait terminé son combat il était revenu pour finir ce qu'il avait commencé. Et elle avait beau se débattre, son manque de force, la fatigue et la douleur était entrain d'avoir raison d'elle. 

Il ne lâchait pas, l'air commençait à manquer, l'instinct de survie prit la place. Elle tâtonna le sol à la recherches d'une arme. Sa main tomba sur une flèche ensanglantée qu'elle prit d'une main, pointa vers elle et s'enfonça, à quelques centimètre de son visage, pile dans celui de Kaneyasu qui lâcha prise en hurlant. La flèche avait finit dans son oeil. 

La respiration haletante, elle se releva, ramassa une lame dans une marre de sang et s'approcha de sa victime avec lenteur. Il était accroupi par terre à se lamenter. Elle prit ses cheveux et tira sa tête en arrière sèchement pour qu'il la regarde. Son regard suppliant la fit sourire. Et c'est la dernière chose qu'il vit avant de se faire trancher la tête. 

Le corps s'écroula au sol, tout était redevenu calme ici. Quand soudain un bruit remit immédiatement Makoto sur la défensive. Elle pointa son arme vers le bruit pour découvrir Ryuk, bouche bée face à la scène. Un cadavre au pied, ses coéquipiers mal en point, des flaques de sang sous les corps, elle même recouverte de ce rouge... Il y avait de quoi prendre cet air béat.

- J'ai finit mon travail. Murmura Makoto en jetant son arme au sol.

Ryuk n'eut pas un mot de plus et il se contenta d'aller s'assurer que les autres étaient en vie. Il demeurait cependant troublé. Il ne soupçonnait pas son apprenti capable d'une telle rage, d'une telle froideur et d'un tel sadisme. Car il avait tout vu de la scène mais ce qu'il avait vu était tout sauf le Makoto qu'il avait entraîné.