avait-il bien lu?

il fallait pourtant se rendre à l'évidence, même au bout de sa quinzième relecture, la phrase écrite au stylo noir n'allait pas changer d'un poil.

la lettre était pourtant de caleb, caleb stonewall, mais c'était quand même à se demander si c'était bien lui qui avait le stylo entre les doigts. peut-être se faisait-il torturer à l'autre bout du monde et qu'il envoyait des signaux de détresse?

"je me suis pointé devant chez toi ce matin pour intercepter ton facteur et lui casser les deux jambes, devine quoi l'intello c'était une idée de merde. donc j'ai secoué ta boîte aux lettres dans tout les sens pour récupérer ma putain de lettre mais ça aussi c'était une idée de merde. t'as intérêt de vite récupérer et sortir de ton état de zombie parce qu'il est hors de question que je continue d'écrire des conneries pareilles."

c'est bon, il retrouvait le caleb qu'il connaissait, on était à la limite du désastre avec toute la police du japon directement sur les lieux.

malgré tout, une fois la surprise passée, ces treize petits mots alignés lui avait tendrement réchauffé le cœur. il ne pardonnerait pour autant pas tout de suite le brun pour ce qu'il avait fait à ses amis, mais c'était un bon début. comme si il avait toujours souhaité secrètement demander à caleb comment il se sentait vis à vis de leur match contre la nouvelle royale académie. mais jamais il n'aurait ne serait-ce que songer à des regrets de la part de son ancien coéquipier.

"sérieux, c'est à se demander avec quelle genre de motivation tu t'es pointé au FFI. si c'était pour même pas profiter de la victoire, ça servait à rien de se donner autant de mal pour y accéder. autant laisser ta place à un autre abruti surexcité drogué au football, c'est pas ce qui manque dans ce pays."

Ô que jude aurait aimé prolonger leur aventure, leur exploit, auprès de toute cette équipe qui lui était chère. ils en avaient tant rêvé. le fruit de tous leurs efforts, de toutes ses nouvelles rencontres qui les avaient poussés jusqu'en haut du monde, matérialisé par cette jolie coupe dorée. cette ivresse, ce bonheur indescriptible, n'avait été que de courte durée, bientôt remplacé par une tristesse saisissante, une détresse affligeante.

"quand on m'a appelé pour les sélections d'inazuma japon, j'étais persuadé que tu t'y pointerais aussi. je m'étais fait quinze scénarios différents de ta réaction en me retrouvant dans votre gymnase puant. mais rassure toi, aucunes d'elles n'étaient positives. je ne suis pas cinglé au point d'imaginer le grand jude sharp me sauter dans les bras ou me serrer fièrement la main avec l'assurance de repartir à zéro. mais quand même, je m'attendais à une réaction plus dramatique dans le sang et les larmes. tu aurais pu claquer la porte du gymnase sans un regard au moins, histoire de rajouter un peu de piquant quoi !"

décidément, caleb était un sacré numéro. pourtant, il pouvait continuer à faire toutes les blagues qu'ils voulaient, une petite part de jude sentait tout de même que le brun avait appréhendé leur rencontre. personne ne pouvait décemment décliner une invitation pareille, jouer sous les couleurs du japon à quatorze ans ça ne se refuse pas. un véritable rêve de gosse, surtout pour caleb ne venant pas du milieu le plus privilégié qui soit. il n'avait pas eu la chance qu'il a eu lui comme d'autre, d'apprendre à jouer au foot dans un joli stade avec des entraîneurs renommés. c'était d'autant plus une fierté d'avoir son nom écrit en toutes lettres sur l'appel du coach travis. hors de question de passer à côté, c'était la première fois que le numéro 7 réussissait quelque chose pour lui et par lui-même.

"franchement, va te faire foutre jude. y'a personne qui sera heureux pour deux, personne qui lèvera ton verre pour toi, personne prendra ta place tu comprends ? t'as autant le mérite de soulever notre trophée que toute l'équipe, voir même plus, alors sort de ta foutue chambre parce que pendant que tu chialeras dans ton coin ces connards vont finir par regretter d'avoir gagner, voir même d'avoir participer. les prive pas de leur moment parce que le seul moyen que t'as trouvé pour aller mieux c'est de pourrir l'ambiance des autres, tocard."

c'était cru, peut-être un peu trop, mais c'était caleb après tout, et bizarrement face à son flot d'insultes jude pu finalement être fier d'eux, peut-être enfin prêt à ne retenir que les plus beaux moments de leur participation au FFI.