Chapitre 2
Dix mois plus tôt :
Lee Minho était très fier du café lecture qu’il avait récemment ouvert. Le bouche à oreille fonctionnait très bien et les clients se faisaient de plus en plus nombreux. Tout d’abord à la tête d’une petite équipe de trois employés, Minho avait rapidement dû embaucher du personnel supplémentaire pour subvenir aux besoins des clients, mais aussi pour laisser aux autres salariés des temps et jours de repos décents. Son affaire tournait bien et il en était très satisfait.
— Minho ? appela Félix depuis la salle des employés. Je peux te parler deux minutes ?
Le gérant laissa sa serveuse se débrouiller et rejoignit son collègue et ami à l’écart.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je viens d’avoir un appel du journal Séoul Lifestyle, ils veulent faire un article sur notre café, expliqua le blondinet.
— Oh, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Mais Minho s’inquiéta en voyant la mine renfrognée de son vis-à-vis.
— Quoi ?
— Ils envoient Han Jisung pour rédiger l’article.
— Han qui ?
— Han Jisung, c’est un vrai connard ce gars, s’il y a une bricole qui lui plait pas il peut écrire un article horrible et nous faire fermer le café.
Le châtain eut un petit rire.
— Ça me parait un peu abusé quand même.
— Je te jure Minho, il a beaucoup d’influence, j’ai pas envie qu’il fiche notre réputation en l’air.
— Pourquoi il le ferait ? On n’a rien à se reprocher à ce que je sache ? Et tous les retours des clients sont bons ? On a déjà amélioré ce qui pouvait l’être, je vois vraiment pas ce qu’il pourrait trouver à redire de si horrible.
Félix croisa les bras en soupirant d’exaspération.
— N’empêche que je préférerais qu’il ne vienne pas.
— Allez, ça va aller. Raison de plus pour être irréprochable quand il sera là.
Minho avait confiance en son établissement, il n’y avait aucune raison pour que ce Han Jisung en dise du mal.
***
Quelques jours plus tard, après des heures de préparations et de vérifications, le “Catfé” était fin prêt à accueillir le journaliste. Il était relativement tôt et quelques clients sirotaient tranquillement leurs boissons en lisant un livre ou le journal du jour. Le café était calme et le personnel loin d’être débordé, et c’était tant mieux, ils allaient pouvoir se concentrer sur leur invité spécial.
La petite clochette retentit et un jeune homme brun avec une veste de costume bleu marine entra. Un petit calepin dépassait de sa poche, ça devait être lui. Minho fit le tour du comptoir et alla l'accueillir.
— Bonjour, bienvenue au “Catfé”.
Le client ne manqua pas de le reluquer des pieds à la tête, un petit sourire étirant ses lèvres.
— Han Jisung, dit-il, je viens rédiger un article sur votre établissement.
Il avait l’air jeune, sans doute plus qu’il ne l’était vraiment, avec sa bouille ronde et son air enfantin. Minho avait du mal à croire qu’il pouvait s'agir d’un journaliste aussi influent que Félix l’avait dit, et il n’avait pas non plus l’air d’un "connard" à première vue.
— Lee Minho, je suis le gérant, je vais vous installer à une table.
Jisung hocha la tête et le suivit. Il regardait partout autour de lui en chemin, analysant chaque détail des lieux pour son article. Le châtain lui indiqua une table un peu en retrait des autres clients et lui tendit la carte des boissons et desserts.
— Qu’est-ce que vous me conseillez ? demanda le journaliste en la consultant.
— Le Soonie Latte est un des préférés des clients, pour ce qui est du dessert, je vous conseille notre cheesecake aux fruits rouges. C’est personnellement mon favori.
Les yeux du journaliste se mirent à pétiller même s’il semblait essayer de garder son sérieux.
— Bien, va pour ces deux-là alors.
Minho acquiesça et s’en alla préparer la commande avec Félix.
— Alors ?
— Rien, il a commandé c’est tout.
— Il pourra jamais dire du mal de nos boissons ni de nos desserts, autrement ça serait vraiment de la mauvaise foi.
Son patron et ami gloussa, mais le blond avait raison. Tout en préparant la commande, Minho jetait de petits coups d’oeil au journaliste, celui-ci s’était levé et il faisait le tour du café, parcourant les bibliothèques et les présentoirs d’un air attentif. Il se permit même d’aller questionner les quelques clients qui se trouvaient là afin de publier leurs témoignages dans son article.
— Votre commande, annonça Minho en déposant le plateau sur sa table.
— Merci, oh et est-ce que vous auriez quelques minutes à m’accorder ensuite ? J’aimerais faire une petite interview de vous.
Le châtain sourit, ce qui déstabilisa le journaliste.
— Oui, bien sûr, vous n’aurez qu’à m’appeler quand vous aurez besoin de moi.
Ils échangèrent un rictus et Minho s’éloigna.
— Il m’énerve avec ses joues de hamster là… fulminait Félix depuis le comptoir.
— Arrête, il a rien dit de mal sur nous pour le moment, et moi je le trouve plutôt mignon…
— Pff, ben si c’est le cas, tu devrais essayer de te le mettre dans la poche pour qu’on ait de bons retours.
— Arrête Lix, y’a pas de raisons qu’il dise du mal de nous. En plus regarde, il a l’air de se régaler.
En effet, Jisung avait déjà englouti la moitié de son cheesecake et il attendait d’avoir fait de la place dans ses joues pour goûter à son latte. Son air hautain avait quitté son visage et il affichait désormais un air enchanté.
— Je suis sûr que c’est dans la poche, dit Minho à Félix en lui adressant un clin d’oeil.
Il se déplaça ensuite pour retrouver le journaliste.
— J’espère que tout se passe bien ?
— Oh oui ! Tout est parfait ! lui répondit Jisung, la bouche à moitié pleine. Installez-vous et parlez-moi de votre concept.
Minho prit place face à lui et lui expliqua comment lui était venu l’idée d’ouvrir ce café lecture. Il avait eu envie de proposer à ses clients un lieu calme et convivial où il était possible de se poser et de se détendre pour faire une coupure avec la pression de la vie quotidienne. Le tout en sirotant une boisson ou en dégustant un gâteau fait sur place avec des produits bio. Jisung devait avouer que le lieu était plein de charme et que c’était en effet reposant d’y passer du temps. Le gérant avait l’air de quelqu’un d’honnête et de passionné, et la façon dont il avait de parler de son projet des étoiles pleins les yeux aurait pu convaincre même les plus dubitatifs. Le journaliste devait aussi admettre que Minho était très charmant…
Jisung termina de déguster sa commande tout en prenant des notes de son interview en plus de l’enregistrement qu’il en faisait avec son dictaphone.
— Il est pas mal ton café, dit-il après avoir pris soin de couper l’appareil.
Minho fit mine de ne pas relever la soudaine familiarité avec laquelle le brun s’adressait désormais à lui.
— Merci, ça me fait plaisir d’entendre ça venant de toi.
Il n’y avait pas de raison pour qu’il ne se montre pas plus familier avec lui aussi. C'eût l’air de beaucoup plaire à son vis-à-vis dont la commissure des lèvres s’étira en un rictus malicieux.
— Bon, je crois que j’ai tout ce qu’il me faut pour rédiger mon article, dit-il en rangeant ses affaires. Un endroit sympa, de la bonne cuisine, un gérant plutôt beau gosse… Je comprends mieux pourquoi ce café est si populaire.
Minho hoqueta de surprise et ne pût s’empêcher de rougir. Il passa une main dans ses cheveux pour les remettre en arrière et laissa filer un petit rire gêné. Est-ce que Jisung était en train de le draguer ?
Le plus jeune sortit son portefeuille pour régler sa consommation mais Minho l’arrêta en lui prenant la main sans vraiment y faire attention.
— Laisse, c’est pour moi.
Jisung papillonna des yeux puis gloussa.
— Tu m’invites dès le premier rendez-vous ? Sympa, j’apprécie.
Minho rougit de plus belle, l’assurance dont le journaliste faisait preuve était plutôt déstabilisante, et particulièrement séduisante.
Jisung rangea son portefeuille et se leva, il laissa le gérant le raccompagner jusqu’à la porte et lui tendit sa carte de visite.
— Merci beaucoup, j’ai passé un agréable moment, dit-il en retenant le bout de carton lorsque Minho s’en saisit. On pourrait peut-être se revoir.
Il avait planté ses yeux pétillants dans ceux du châtain et son léger rictus laissait peu de place au doute quant à ses attentes. Minho jeta un oeil à la carte de visite, ses joues se tintèrent de rouge et il prit soudain un air plus assuré.
— Je t’appelle plus tard alors.
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