un ✧ "dora l'exploratrice„
Lundi
07h45
« - Aitor! Bon sang dépêche toi! En retard un jour de rentrée? T'a pas honte?! »
Non.
Clairement non.
Je m'en fous à un niveau aussi immense que ma flemme en se moment même. J'ignore donc la voix qui me hurle dessus depuis au moins une demie-heure, et me roule dans ma couette, bien décidé à y rester.
Mais visiblement, la dite voix en décide autrement, déboulant dans ma chambre et arrachant ma pauvre petite couverture. Rip.
« - OH!!! CA VA PAS??
- Si tu lèves pas tes fesses dans moins de dix secondes je te coupe en petits morceaux pour le petit déjeuner des autres gamins, compris, Cazador? »
Gloups.
Je m'empresse tout de même de me lever, non sans bailler, me dirigeant tel un robot vers la salle de bain où je me fis couler une douche bien chaude, qui tourna bien vite en une super douche glacé.
« - BORDEL DE
- Tu te les gardes tes mots grossiers, et tu acceptes la punition, point. » fit la même tendre et douce voix maternelle et aimante que tout à l'heure derrière la porte.
Bon sang, Isabelle peut vraiment être effrayante quand elle s'y met.
Je finis ma douche extrêmement rapidement, grelottant même après avoir mis mes vêtements, à savoir un simple jean et un pull gris. C'était les détails inutiles qui servent à rien, c'est cadeau c'est pour moi.
Je descends les marches de la résidence sans me presser, à quoi bon? J'ai déjà dix bonnes minutes de retard, une de plus ou une de moins..
« - Salut gamin! Quand est-ce que tu vas te réveiller à l'heure? On pari tous les matins sur ta nouvelle prouesse horaire tu sais?
- C'est clairement pas mon problème. »
Aitor Cazador, adolescent basique.png dans toute sa splendeur. Flemmard, blasé et je-m'en-foutiste aux petits côtés malicieux et farceur. Magnifique présentation de moi-même par moi-même, encore une fois c'est cadeau.
Je suis d'humeur généreuse aujourd'hui.
Je finis donc de descendre les marches et lance un bonjour général à tout le monde. Oui, tout le monde. Et ouais, à défaut d'être un adolescent totalement banal et sans talents je suis en famille d'accueil. Mon père s'est tiré et ma mère n'était plus capable de s'occuper de moi. Rangez vos violons et vos musiques tristes pourries, je suis bien ici, je suis pas le cliché de l'adolescent dépressif orphelin, un peu de respect.
Je me suis donc retrouvé dans cet incroyable orphelinat rempli d'enfants et d'adultes se comportant plus comme des gosses. Génial. Enfin, peut-importe, j'aime l'ambiance de ces lieux. Mais je leur dirait pas, ils prendraient la grosse tête après. Surtout Claude.
« - Eh, morveux, pas de conneries cette fois. Montre l'exemple aux plus jeunes.
- C'est toi qui dit ça tête brûlé?
- Tu me cherches le glaçon?!
- Et c'est reparti.. » s'indigna Jordan, un habitué de ce rituel quotidien depuis plus de dix ans. Je sais pas comment il fait, je promets de le respecter toute ma vie juste pour ça.
Je m'enfuis donc rapidement du grand salon, volant une tartine de confiture dans l'assiette de Claude visiblement trop occupé à hurler sur Bryce pour s'en rendre compte et part vite dans l'entrée histoire de faire mes lacets.
« - Euh.. Aitor?
- Hm? » dis-je toujours ma tartine dans la bouche, ce qui le fit rire.
« - Je.. Bon! Claude est un idiot mais il n'a pas tort, si tu as des problèmes, cette fois, parles en nous.
- Euh oui, d'accord. »
J'attrape la boîte à goûter coccinelle que Jordan me tend avant de m'engouffrer à l'extérieur. Je suis en terminale, déjà oui j'ai une boîte à goûter, et en cette merveilleuse fin d'année j'ai du changer de lycée après avoir foutu un vrai bordel dans le précédent. Oui, je me suis clairement fait virer, applaudissements s'il vous plait.
J'aime pas vraiment y repenser, j'ai zéros regrets sur mes actes, mais les larmes d'inquiétudes que Jordan a versé à l'hôpital m'ont fait un sérieux choc. Ne parlons même pas du visage peiné de Xavier face aux larmes de son mari. Ces deux là se sont mariés après plus de dix ans d'amour de jeunesse. Je ne sais pas si ils sont niais ou mignons, mais ils s'aiment, et c'est le principal je suppose.
"Ne nous inquiète plus.. d'accord Aitor? Je ne rigole pas, je ne veux pas qu'on t'envoie à nouveaux dans ces fichus draps blancs!"
Et j'ai promis.
Après quelques minutes de marche morose, je fis donc face à ma nouvelle prison, ou dans un langage moins réaliste mon splendide nouveau lycée, youpi.
Je soupire et passe ce foutu portail comme tout les autres élèves. Être nouveau et arriver après la rentrée, c'est chiant. Il faut remplir des papiers, répéter son nom quinze fois et faire bonne impression. Évidemment, on commence à se connaître vous et moi, le troisième point, je m'en balance puissance dix.
Mais le pire de tout, c'est de se repérer. Parce que c'est bien gentil tout ça mais ce bâtiment fait au moins le double de mon ancien lycée !
Je suis donc l'attroupement d'élèves les mains dans les poches. Si Isabelle était là, elle me hurlerait sûrement de me redresser en me donnant des coups dans le dos, cette femme est vraiment folle. Enfin, elle a des côtés remplis de douceurs. Comme la fois ou elle m'a fait un énorme câlin, juste après l'incident. Isabelle ne pourra jamais me le dire de vive voix, mais dans la situation où j'étais elle aurait fait exactement la même chose, et ça je l'ai compris juste avec une étreinte. Nous n'avons jamais vraiment eu besoin de mots pour nous comprendre sur les sujets plus sérieux.
Je tente donc de me repérer pour trouver cette fichu salle 130, déjà que ça m'ennuie d'être là, il faut en plus que je parte à la recherche de ma salle. On m'a prit pour Dora l'exploratrice ou quoi?
Deux filles à ma droite visiblement contente de se retrouver après un simple week-end se mettent à hurler, me brisant les tympans. J'aime pas les filles, ça beugle trop et en plus pour rien. Même les disputes de Claude et de Bryce sont plus douces pour mes oreilles.
Une fois arrivé à destination, je ne peux m'empêcher de me demander si sécher le premier jour est une bonne idée. Puis je repense aux multiples coups de poing d'Isabelle qui m'attendent à l'orphelinat, et l'envie de sécher me passa illico.
« - Aitor Cazador ? »
Une femme d'à peu prêt la trentaine me fait face, une feuille à la main.
« - Ouais?
- Tu es le nouvel élève je suppose? Je suis Madame Shell, ta professeure d'Anglais ainsi que ta professeure principale. »
J'hoche simplement la tête avant que ma chère prof me dise d'attendre à l'extérieur avant d'entrer dans sa salle.
Oh nan, un truc à rajouter sur la liste des trucs chiants quand tu es nouveau, les foutus présentations.
« - Bien. Nous accueillons un nouvel élève aujourd'hui, c'est compliqué d'arriver après tout le monde donc soyez gentils, merci.
Je passe donc la porte sans grande envie. Je pense à ma couette, ma douce petite couette bien chaude qui m'attend à l'orphelinat. Qu'est-ce que je fous ici sérieux.
« - Salut, Aitor Cazador.
- C'est tout?
- J'vois pas d'intérêt à en dire plus vu que le reste tout le monde s'en fout. »
Des rires s'élèvent dans la classe tandis que la prof' cerne mieux à qui elle a à faire.
« - Dans ce cas, va donc t'asseoir à côté de.. Garcia. »
Les rires s'arrêtent net, ils se regardent tous entre eux comme de stupides poissons dans leur bocal, commençant à chuchoter des trucs incompréhensibles. Cette ambiance soudaine me met mal à l'aise. Je me dépêche de m'assoir à ma place indiqué. Le dit "Garcia" est un garçon, aux cheveux roses coiffés en étranges couettes. Il a le même regard que moi, à savoir les yeux de quelqu'un qui veut très vite se barrer d'ici.
Je me cale donc sur ma chaise, sans écouter une seules des phrases que mes chers camarades disent, prêt à faire une petite sieste pour fêter ce premier jour de cours.
« - Merde le pauvre, c'est con pour le nouveau..
- C'est clair, il a pas de chance !
- C'est dommage, il a l'air plutôt cool en plus..
- J'avoue, pas cool pour lui, devoir s'assoir à côté d'une pute.. »
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