quatorze ✧ "quelle belle etoile„
➣23h09
Saut, esquive, pirouette, salto, accélération, roulade arrière.
Non je déconne, en vérité je cours juste comme une sombre merde et je suis autant essoufflé qu'après six marathons. Mon petit corps de fragile et moi courrons donc sans nous arrêter jusqu'à l'endroit où Gabriel se trouve. Mes pensées sont dans un désordre, j'oublie même pendant deux secondes le fonctionnement de la respiration. AHHHH FIOU, inspiration, AH FIOUUUUUUU, expiration.
Je cours vite. Je m'en balance pas mal du monde autours de moi, c'est pas mon problème si vous n'avez pas l'intelligence de savoir évitez les gens qui rentre dans vos vies en tapant des sprints.
Après quelques minutes de course intensive, une cheville pété et un poumon en moins; google Maps m'annonce avec sa voix claquée que je suis "ArRiVé À dEsTiNaTiOn". Oui j'ai utilisé un plan pour faire deux kilomètres dans ma ville, c'est quoi votre problème? Il n'y a pas un bruit, en même temps pas grand monde se taperait une petite foulée tard le soir jusqu'au point le plus haut de la ville. C'est quoi la merde?
L'endroit est sans issues, il n'y a que la nuit et son obscurité où arrivent parfois à briller quelques étoiles. J'aime les étoiles, elles me rappellent ma mère: brillante, étincelante, s'éteignant à petit-feu. Plus jeune, on passait des nuits entières à la belle-étoile, ce sont des moments que je refuse qu'on m'enlève, qu'on me dérobe. La nuit a toujours eu l'effet d'une berceuse sur moi, j'y trouve ce confort secret, infini; que je veux garder pour moi et emporter dans ma tombe.
Que ce monde est contradictoire; le soleil m'a rendu frileux, la lune réchauffe mon corps.
Il n'y a rien ici, juste la lumière des étoiles, la lumière des buildings, la lumière d'une cigarette s'embrasant seule au milieu de la nuit. Il est là.
Gabriel me tourne le dos; immobile. Il n'y a personne d'autres que nous, juste moi et ce garçon aux cheveux roses, celui qui a foutu en mon cœur un bordel sans solution. Il se retourne vers moi d'une lenteur à m'achever pour de bon. Nous sommes désormais deux dans cette atmosphère insipide. Je ne bouge pas; comme si j'attendais un signe des étoiles. Je me contente d'observer le peu de silhouette que je peux distinguer à travers la braise.
« - Salut, Aitor. »
Sa cigarette brûle, et mon cœur s'embrase.
« - Pardon, il est tard.
- C'est pas grave. Et puis, il parait qu'on est bien plus sincère la nuit.
- C'est vrai.»
Oh que nous aurions pu survivre dans ce vide inventé de toute pièce par nos âmes en peine.
Nous gardons une certaine distance entre nous, mais lui ne me regarde même pas. A croire que nos regards ne se croiseront jamais.
« - Tu n'étais pas en cours aujourd'hui.
- Ouais. J'ai loupé un truc? Il arrive toujours les meilleurs baills quand je suis pas là putain.
- Ils savent. »
Le ton de sa voix me donne le vertige.
« - Pardon?
- La vérité. Ils savent tous la vérité. »
Ses yeux rencontrent enfin les miens, si je peux encore appeler ça des yeux. Il n'a plus ce regard gris, ce regard de pierre. Il y a de l'émeraude dans les yeux de ce gars.
« - Eugène, Doug, les "random" comme tu les appelles si bien, les profs', et tous les autres. Ils savent la vérité sur moi. Enfin sans rentrer dans les détails, mais ils savent que je ne me suis jamais prostituer. »
J'ai l'impression que c'est pour ce visage que je suis resté en vie jusqu'ici.
« - Et ils t'ont cru?
- Je crois, je ne sais pas. Pourquoi?
- Pour savoir si quelqu'un sur terre peut douter de mots venant de quelqu'un avec ce genre d'expression sur la gueule. »
Il rigole.
« - Décidément, tu restes égal de toi-même. »
Oh que son rire bouleverse chaque morceaux de mon existence.
« - Tu sais, tes mots m'ont fait l'effet d'une bombe. Quand tu es parti, je me les repassais en boucle dans ma tête. En cherchant leur sens, j'ai aussi compris ton point de vue, et je me suis rendu compte que je m'étais foiré sur toute la ligne. »
Ces yeux brillent encore plus que Sirius.
« - J'ai compris à quel point c'était stupide. C'était même très con, j'aurais du contrer les rumeurs dès le début, mais j'ai opter pour la simplicité; la faiblesse. A force, j'aurais même pu croire en mes propres mensonges. J'ai commencé à penser que la vie serait bien plus simple si je me plongeais dans une illusion. Et j'ai réaliser bien trop tard que, chacune de mes actions jusqu'ici étaient comme si j'avais oublié de vivre. »
Ce mec est une étoile.
« - Jusqu'à ce que tu débarques à ma table, toi, et ton insouciance. »
Et putain quelle belle étoile.
« - Ce matin, je suis arrivé au lycée tête haute. J'ai salué des anciens amis, et quand en cours, j'ai entendu deux types blaguer sur la rumeur, je me suis retourné pour leur dire gentiment que je ne me prostituais pas. Ça a tourné si vite! Je ne sais pas si c'est le fait que tout soit faux où que je prononce enfin une phrase qui s'est le plus répandu, mais en deux minutes j'avais d'un coup des excuses de dix mètres d'Eugène. Tout le monde m'a fait des excuses alors que je savais pertinemment que la majorité s'inquiétait pour moi dans le fond. Victor a même engueulé tout le monde en leur sortant qu'il fallait quand même être sacrément cons pour confondre des bleus avec des suçons. Pas mal on gueulé qu'il aurait pu le dire plutôt que de couper les ponts avec moi, et il a rétorqué qu'il "ne m'avait jamais rejeter". Il a faillit me faire pleurer, cet enculé.
- Ce mec joue le chien enragé, mais c'est clairement un Bisounous. La blague. »
Il rigole à nouveau, ces beaux yeux bleus fuyant vers le ciel où s'envole la fumée de sa clope.
« - Je suis rentré chez moi, apaisé. J'ai croisé le regard vide de ma mère, son verre vide toujours en main. Elle m'a dit dans l'ivresse que j'avais l'air heureux, ça faisait longtemps qu'un mot positif n'était pas sorti de sa bouche. Un peu plus loin mon père a dévisagé mon "sourire à-la-con". Il m'a dit que je faisais pitié, je lui ai répondu que c'était sûrement un air de famille. »
Aïe.
« - Mon corps s'en souvient encore. »
Je brise finalement la distance qui s'était interposé entre nous pour lui prendre son bras droit, couvert d'hématomes. Il ne tique même pas quand mon pouce les effleurent doucement, me dire que son corps doit être si "habitué à la douleur" qu'il ne la ressent même plus me donne envie de vomir. Et dire qu'il souri.
« - C'est bizarre. Mais dès que mon père levait la main sur moi, j'avais toujours ce besoin de solitude, cette envie de disparaître de toutes les mémoires, de n'être qu'une source d'amnésie. Ce soir, la seule envie qui traversait mon esprit sans vouloir sortir de ma tête, c'était de te voir. »
Ces battements de cils sont des caresses consolant la torture de ses mots.
« - Parfois j'aimerais avoir la force de tout oublier.
- Ce qu'on oublie ne part pas vraiment, tu sais.
- Je sais. J'en suis incapable de toute façon. Aujourd'hui m'a déjà prit bien trop de force; contrer les rumeurs, rétablir la vérité, reparler avec tout le monde, répondre à mes parents.. Que m'as-tu fais Aitor Cazador?
- Je me pose cette question tous les jours, Gabriel Garcia. »
Je lui arrache encore un de ses fabuleux rires, mes doigts serrant toujours son avant bras alors qu'il porte sa cigarette à ses lèvres.
« - Au fond, je connais la réponse.
- Ah oui?
- Tu l'as connais très bien aussi. »
Son air est joueur; taquin. Je découvre une nouvelle facette du loulou qui ne me déplais en rien. Oh que je vendrais le vrai moi pour les découvrir une par une. Jusqu'à la fin de ma vie.
« - C'est vrai. »
Nos corps sont bien plus proches, nos regards s'accrochent ensemble. Au milieu de la nuit, nos âmes dansent ensemble dans le reste d'étincelle de son mégot s'écrasant au sol.
« - Alors prend tes responsabilités. »
Un instant, j'ai été la victime de cette fameuse amnésie. Oubliant peurs et mélancolie, mon corps entier criant de rencontrer le siens. La lumière des buildings éteintes depuis bien longtemps, j'écrase le mégot pour ne laisser que les étoiles comme unique spectatrice et source de lumière.
Il est tard, et en pleine nuit, au fond nous sommes comme seuls sur la terre. Ces lèvres ont le goût de la cigarette, et moi je l'embrasse pour supprimer cette saveur; pour que mes lèvres deviennent sa nouvelle source d'addiction. On s'embrasse à en oublier les lois du temps, on s'embrasse a s'en faire tourner la tête. J'aurais pu mourir en ce soir étoilé, avec pour unique regret de ne pas avoir profiter de ses lèvres plus longtemps, de ne pas avoir serrer ses doigts plus fort, de ne pas lui avoir prononcer ces trois mots stupides jusqu'à la levée du jour. J'ai abandonné mes angoisses contre les conseils d'Hannah, contre le désir.
Perdus au fond de l'obscurité, ne pouvant rencontrer le vrai nous qu'à la tombée de la nuit, profitant de chaque secondes comme si c'était la dernière avant le jour, condamné à rester ensemble; comme bloqués dans la même constellation.
Qui sait, nous sommes peut-être deux étoiles.
•*¨*•.¸¸☆*・゚
les veilleurs liront ce chapitre à sa sortie haha (;
coucou c'est kiya' eT BORDEL PARDON POUR CE RETARD WOW JE-
ce mois de septembre a été beaucoup trop riches en émotions; et avec tout ça je n'avais ni l'inspiration ni le temps d'écrire.
vu le nombre de fois que le mot « étoile » apparaît dans ce chapitre, peut-être que vous avez compris que je suis une très grande fan d'astronomie lolol.
je sais pas, je voulais une ambiance sincère, à deux. quoi de mieux qu'une nuit étoilée? (;
enfin, je vous laisse mes loulous.
à dans deux ans lol.
(y'a un putain de moustique dans ma chambre, la vie je vais péter un câble.)
❤️
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