douze ✧ "coups de pelle„
12h00
Usain Bolt je te défie en 1v1 de course à pieds demain après le goûter. Sérieusement, j'ai jamais descendu d'un bus aussi vite, avant de taper mon meilleur sprint. Très clairement mes poumons veulent fuir de mon corps.
Je m'inquiète énormément pour Hannah, c'est une fille avec beaucoup de fierté, et même dans les pires galères elle réglait toujours tout toute seule par honte. Elle déteste demander de l'aide, "je me sentirais encore plus faible" dit-elle, raison de plus pour s'inquiéter surtout avec des messages pareils; et cette putain de photo. On raconte que j'ai fais le chemin en position latérale de sécurité bordel.
J'ouvre la porte et me précipite dans la cuisine en moins d'une seconde; record du monde battu par le joueur Cazador. Toute la clique est rassemblée autour de Dave, celui-ci enroulant un bandage autour de l'épaule de ma sœur, assise sur une chaise, dont la moitié du corps est recouvert de bleus et de plaies toujours en sang.
« - Hannah?! »
Je suis à genoux à ses côtés toujours aussi rapidement. Sa lèvre inférieure saigne, et un bleu recouvre sa mâchoire sur le côté droit de son visage, son beau visage. Tout est exactement comme sur le selfie qu'elle m'a envoyé, et qui m'a fait péter un câble, encore plus maintenant.
« - Aitor..
- Donne moi les noms de ceux qui t'ont touchés et appelle l'hôpital qu'on leur réserve une chambre dans moins de cinq minutes.
- L'attention me touche mais il y est déjà en fait.
- Ah merde. »
Donc elle s'est battue et a blessé le mec au point de l'envoyer à l'hôpital, plus jamais j'énerve cette fille, c'est noté. Et je vous jure que je ne suis pas une mauvaise influence. Enfin peut-être un peu du coup, j'ai des doutes.
« - Beyond.
- Pardon?
- Infinity Beyond, c'est avec lui que je me suis battue. »
J'ai la haine. Putain je croyais que je ne pourrais jamais détesté ce mec encore plus. Ce type est une ordure, un connard, le mec que de mon ancien lycée dont je me suis fait viré après m'être battu avec. Il a levé la main sur Hannah, sur ma petite sœur, je vais sérieusement tuer ce mec à coup de pelles. Cet enfoiré, il se fait envoyer à l'hosto' par Vanpelt alors que juste avant c'était par Cazador. On est légèrement des fous à l'orphelinat du soleil.
« - Je me sens nul, il m'a envoyé à l'hôpital moi.
- Je vais sûrement y finir, je crois que je me suis déboîtée l'épaule..
- C'est la seule chose qui te vient à l'esprit Aitor?? »
Jordan est en face de nous, les bras croisés, me fixant avec tristesse et colère, mais la colère est toujours douce sur son visage.
« - Non. La seule chose que j'ai à l'esprit maintenant c'est de tuer ce gars.
- Aitor..
- Non Han', putain regarde dans l'état que tu es! Tu penses sérieusement que je vais laisser passé ça tranquillou?? Et puis, pourquoi tu t'es battue avec ce mec aussi ?? »
Elle baisse les yeux et reste silencieuse un instant, mais ce n'est pas par fierté. Elle réfléchit, sûrement pour trouver une tournure douce à sa phrase comme à son habitude, mais abandonne vite.
« - Il est venu me voir à la sortie des cours, et il l'a répété. J'ai hurlé, et envoyé mon poing dans sa mâchoire quand il m'a demandé des nouvelles du "fils de pute".
Ce mot. Encore ce mot. Celui qui m'a fait le foutre à terre ce jour là, et qui m'a arraché le cœur aujourd'hui. C'est toujours pareil, dès que je l'entend je ne vois que son visage. Elle, et ses courts cheveux blonds décolorés partant dans tous les sens, ses yeux dorés remplis de vie, son sourire et sa clope allumée au bout des lèvres; le visage de ma mère.
Elle vivait le jour, tout comme elle vivait la nuit. En plein divorce dont les négociations ne menait à rien, l'argent était la principale source de problèmes. Elle exerçait deux métiers différents le jour, et un autre la nuit, même chose le week-end avec deux autres différents. C'était une battante, elle ne demandait de l'aide à personne, et donnait son âme entière dans toutes les solutions qui lui permettait de gagner la moindre thune. Elle avait toujours le sourire, peu importe la situation. Jamais elle n'avait été influencée par les autres, et avait fait le serment de ne laisser personne choisir la vie qu'elle devait mener. La générosité, le tact, le charme, la liberté, le respect et l'amour étaient toutes des valeurs que Libra avait apprise à son fils, moi. C'était une femme ouverte, forte, aux paroles philosophiques. Elle était la personne la plus inspirante pour moi, celle qui m'avait tout apprit.
Mais tout n'allait pas bien pour autant, elle travaillait trop sans se reposer une seconde et pourtant les fins de moi était souvent difficiles. Il était hors de question pour elle d'élever son fils dans la misère, j'étais toute sa vie; un bout d'elle même, et si il fallait s'arracher la peau pour supporter le manque de nicotine pour que l'argent destiné à ses cigarettes aillent dans l'éducation de son fils, elle le faisait sans hésiter. Elle avait le teint pale, des cernes noires, mais elle était belle; elle était belle parce qu'elle était libre. Enfant, je l'imaginais danseuse sur les toits des immeubles, presque a touché le ciel. Ma mère était un ange, mon père lui avait arraché ses ailes.
Le manque d'argent devenait bien trop important, et j'étais parfaitement conscient que ma mère mettait en œuvre n'importe quoi pouvant apporter le moindre centime. Elle a tout fait, tout, sauf une chose; même au plus bas et dans les pires galères elle n'a jamais pensé à vendre son corps. Pourtant, dans certains quartiers délabrés, plusieurs lui avait fait ce genre de propositions immondes, et puis beaucoup aurait prit cette décision par désespoir vu la situation dans laquelle on était. Elle avait tout essayé, frôlant parfois l'illégal, mais jamais elle ne s'était abandonnée à la prostitution.
Je me rappellerai toujours de cette nuit d'automne, rentrée à quatre heure du matin de son job' de nuit; elle partait dans deux heures pour son premier job' de la journée. Elle était là, contre la fenêtre à fumer sa cigarette du bout des lèvres, venant à peine d'être abordée par un de ces mecs en chien, elle m'avait dit: "Aitor. Écoute moi bien. Je veux que tu me fasses la promesse de ne jamais vendre ton corps. Ton corps dépend de ta vie, et la vie est bien plus précieuse qu'on ne le pense. Quant-à-toi, aime ton corps, chéris chacune de tes courbes et envoie chier n'importe qui se permettant de juger cette beauté immortelle qui est celle de la vie. Ne le partage qu'avec une personne que tu aimes, une personne en qui tu placeras toute ta confiance, et qui sauras t'aimer en retour. L'amour est cruel, mais il est aussi très beau. Fais-moi la promesse que même quand tu seras dans le plus profond désespoir, que d'échanger ton intimité contre quelques billets semble être la seule solution, que tu ne te laisseras jamais tenter. Mais n'insulte jamais l'un des leurs si tu en croise un le soir au bord d'un trottoir, la prostitution n'est jamais un choix, on est livrés à elle, ce n'est rien d'autre que l'union des sexes sans aucune forme d'amour. Fils, la vie est un combat. Ne laisse personne réduire ce combat à de la prostitution. Ton intimité; ton corps; ta beauté, c'est le bien le plus précieux que t'offre ce monde. Conserve le."
Il pleuvait ce jour là; mais elle, elle brillait, par son sourire et par l'amour qu'elle dégageait. Elle était belle, flottant dans la fumée de sa cigarette. Je la voyais imbattable, mais elle ne l'était pas. Mon père devenait de plus en plus dur, réclamant des sommes toujours plus conséquentes à ma mère, et le jour où elle craqua arriva rapidement: malaise sur son lieu de travail; burn-out. Même dans le pire état elle gardait le sourire, alors qu'à peine réveillée sur ce lit aux draps blancs trempées de sa sueur, elle voulait déjà quitter l'hôpital pour partir travailler. Il ne fallait pas perdre de temps, il ne fallait pas perdre d'argent. J'ai dû supplier qu'il l'a garde. Face à ses yeux cernés, son corps faible et tremblant, j'ai eu peur de la perdre pour toujours. Elle resplendissait par ses valeurs; par sa force, mais je voulais qu'elle se repose. Mais après ça, cette fois c'est elle qui a perdu ma garde.
Ma famille d'accueil fut un couple de deux hommes à la tête d'une grande entreprise mais aussi gérants d'un orphelinat; où je fus installé. J'ai poursuivi mes études, tout en gardant des liens solides avec ma mère, elle qui devait suivre un soutiens psychologique très compliqué nuit et jour à l'hôpital, pourtant elle n'a jamais cessé de sourire. Puis arriva cette année, et ce jour où ce type sorti de nul part pour m'embrouiller. Ce mec n'avait pas la meilleure des réputations, sans jamais lui avoir parlé je savais qu'il était le genre d'ordure s'amusant à brisé une personne à petit feu. Il prenait du plaisir en fouillant la vie de n'importe qui pour trouver sa faiblesse et l'exploité à volonté. Malheureusement pour lui, même après avoir utilisé mon statut d'orphelin, insulter la fille la plus importante pour moi et s'être moqué que mes tuteurs soient un "couple de sale pédés", il se trouvait que je n'en avais strictement rien à foutre. Ce n'était pas avec ce genre de gamineries stupides qu'il allait m'atteindre.
Mais. Il l'avait sorti, "l'insulte de trop", ce jour là, Infinity Beyond m'a traité de fils de pute. En m'insultant avec ces mots, il insultait ma mère, et ses paroles avec. Toute sa vie, son combat, cet enfoiré l'avait réduit à de la prostitution. La colère surpassant la raison, je me suis battu jusqu'au sang pour la première fois. Pour elle, pour Libra, pour ma mère. Si Hannah ressemble à ma mère pour ses paroles, lui, il lui ressemble pour son combat contre la vie, lui; Gabriel. Il souffre en silence dans un climat familial à chier et laisse des connards random l'insulter de pute, tout en continuant de penser que ce n'est pas si grave. À ce moment, je n'ai pas pu retenir ma colère, tout en répétant les mots de ma mère. Il avait le même regard que le sien, des yeux de battants au bord de la défaite, des yeux forts pour cacher une touche de fragilité.
« - Aitor? »
Je relève la tête vers Hannah m'ayant appelé d'une voix inquiète. Logique vu la gueule que je dois tirer depuis cinq minutes. Elle encadre mon visage de ses deux mains, elle n'a pas arrêté de trembler.
« - Écoute moi bien mon petit pote, je m'en moque de l'état de mon corps actuellement. N'importe quelles blessures n'est rien face à ce que j'ai ressenti quand il a prononcé ces mots. Je m'en tape totalement les boobs de qui est ce mec, on ne touche pas à la famille, et surtout pas à toi de cette manière. »
Elle lui ressemble tellement.
« - En plus tu l'as bien niqué ce con, ma gamine c'est la meilleure, putain je suis fier de toi bichette.
- Ta gueule Claude.
- Tu te fous de moi?? Tu l'as applaudis quand elle est arrivée! »
Bryce rougit par gêne, et se venge en tirant les cheveux de Claude; sa plus grande faiblesse.
Tout le monde est prit d'un fou rire qui détend rapidement l'atmosphère; même si Hannah se retient pour éviter de rouvrir une de ses blessures. Je décide donc de la porter, plaçant une main dans son dos et l'autre sous ses cuisses histoire de s'éclipser un peu. On monte les escaliers comme des pros' jusqu'à arriver dans ma chambre où je pose notre blessée préférée sur mon lit de qualité; qui n'est évidemment pas fait.
« - M-
- Merci. »
Je la coupe dans son remerciement; c'est à moi de la remercier. Hannah sait tout de moi, de mes plus grandes faiblesses à l'histoire complète de ma mère. Même si la voir dans cet état me donne envie de maudire ce type sur plusieurs générations, je ne peux qu'être touché face à l'intention de défendre son combat.
Remis de toute ses émotions, mes pensées se tournent directement vers Gabriel. J'ai été très con, je me sens comme une merde de lui avoir hurlé dessus.
« - À quoi tu penses?
- À rien.
- Il a de jolis cheveux roses "rien". »
Je tape ma meilleure crise d'asthme avant de revenir parmi les vivants et de fixer cette chose inhumaine aux dons de clairvoyance posée sur mon lit en bordel.
« - Un problème? »
Sa voix est toujours douce; ses mots sauveront quelqu'un un jour, peut-être moi le premier.
« - Le problème Han', c'est que je viens de lui hurler dessus parce que monsieur laisse tout ce putain de lycée lui inventer une double vie de prostituée. Et puis..
- Tu l'aimes? »
Sujet sensible, elle le sait. Elle sait aussi que j'ai besoin de conseils, de sa présence, alors elle ne pose aucunes questions sur cette histoire de double vie, même si elle doit mourir d'envie de connaître les détails.
« - Peut-être. »
Ses traits s'adoucissent, c'est un sujet à prendre avec des pincettes, elle le sait.
« - De l'ambiguïté entre vous?
- Je crois. Mais ça ne voulait rien dire.
- Peut-être que ça veut tout dire, pour lui. »
L'amour a brisé ma mère, l'amour l'a fait sombrer. Elle est tombée amoureuse d'un homme qui lui a tout prit, ses problèmes n'ont de responsable que ce putain de sentiment. Au fond, l'amour l'a tué. Face à ma mère qui s'écroulait à petit feu, je m'étais juré de ne jamais subir les conséquences de ce sentiment stupide. Me construisant un cœur de pierre, j'ai fermé mon affection au monde. Pourquoi as-tu tout foutu en l'air, Gabriel?
« - Peut-être qu'il t'aime, Aitor. »
L'amour est cruel, mais il est aussi très beau.
•*¨*•.¸¸☆*・゚
coucou ♡
j'espère que ce chapitre un peu plus long que d'habitude vous aura plus. j'y ai mis énormément d'amour haha.
en écrivant le personnage de Libra, je voulais vraiment qu'elle soit inspirante, que ses paroles qui ont marqués Aitor toute sa vie vous touche autant. voilà voilà petite morale de vie le temps d'un chapitre haha. pour ceux qui ont lu "fake", vos retours sur la mère de Caleb étaient vraiment adorables, j'espère que celle d'Aitor vous plaît autant ! et ui j'aime beaucoup faire des mamans pleines de valeurs aghksks
❤️
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